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Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 3

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N u m é r o

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Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

A v r i l

Economie agricole Série AlpFutur: L’infrastructure en région d’estivage Page 164 Production végétale Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? Page 178 Production animale Indicateurs de l'utilisation de produits ­phytosanitaires (PPS) en Suisse Page 192


La recherche appliquée et le développement doivent être efficaces. Sans connaissances pratiques, la r­ echerche ne peut résoudre aucun problème, et sans diffusion des connaissances, les meilleures découvertes ne servent à rien. Les 7 et 8 juin, vous aurez l’occasion de ­découvrir les activités fascinantes d’Agroscope à Wädenswil, spécialisée dans l’arboriculture, la viticulture, la culture maraîchère, ­l’alimentation et l’analytique. (Photo: idfx, Agroscope) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

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Sommaire Avril 2013 | Numéro 4 163 Editorial 164

Economie agricole – Série AlpFutur

L’infrastructure en région d’estivage: ­témoins historiques et aménagement du territoire Stefan Lauber et Benno Furrer

Environnement – Série AlpFutur Biodiversité précieuse dans les herbages 172

des ­alpages envahis par les broussailles Bärbel Koch et Sarah Schmid Société Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? 178 Stefan Mann et al. 184

Production animale omposition de la ration fourragère dans C

l’élevage de vaches laitières en Suisse Dierk Schmid et Simon Lanz Production végétale Indicateurs de l'utilisation de produits 192

­phytosanitaires (PPS) en Suisse Simon Spycher, Ruth Badertscher et Otto Daniel Eclairage Où en est la recherche en agriculture 200

­biologique? Markus Kellerhals et al. Eclairage La calèche à assistance électrique, un 204

projet ­innovateur d’ALP-Haras Ruedi von Niederhäusern 208 Portrait 209 Actualités 211 Manifestations Encart Enquête de satisfaction


Editorial

Vivre la recherche: agriculture – alimentation – environnement Chère lectrice, cher lecteur,

Lukas Bertschinger, vice-­ directeur – chef du département recherche & développement Agroscope Changins-Wädenswil ACW

La recherche appliquée et le développement d’Agroscope doivent avoir un impact. Pour cela, le dialogue entre les chercheurs, les utilisateurs directs de leurs travaux et la société est important. Sans les connaissances de la pratique, la recherche ne peut résoudre aucun problème, et sans transfert des connaissances, les meilleures découvertes ne servent à rien. Agroscope pratique au quotidien le transfert et l’échange actif de connaissances. Un dialogue continu, totalement ouvert, au service d’une économie agricole et alimentaire durable – Bio et PI. C’est pourquoi Agroscope développe des solutions aux problèmes avec un regard tourné vers le futur et organise aussi sa communication dans l’esprit du temps. Au chapitre de la communication: en plus de l’écrit (publications dans les revues), Agroscope est présent sur YouTube, Facebook, au moyen des apps et des plateformes Web (par exemple Foodle.ch dans le domaine alimentaire). Les revues d’Agroscope sont continuellement améliorées: grâce à vous aussi, chère lectrice, cher lecteur, si vous prenez le temps de répondre au questionnaire annexé. Au chapitre de la recherche et du développement: en intégrant les savoirs pratiques consolidés avec les derniers progrès technologiques et méthodologiques, Agroscope veut permettre un progrès durable. Agroscope fait connaître chaque année ce travail passionnant lors de journées «portes ouvertes» sur l’un de ses sites. Venez vous en convaincre: Les 7 et 8 juin, Agroscope vous donnera l’occasion d’en savoir plus sur ses activités fascinantes à Wädenswil, où les points forts sont l’horticulture (en particulier les cultures fruitières et maraîchères, ainsi que la vigne), les produits alimentaires et l’analytique. Mot d’ordre de ces portes ouvertes: «Vivre la recherche! Agriculture – alimentation – environnement». Une visite guidée permettra de réjouir les yeux, le nez et le palais des visiteurs. Et pour la première fois dans le cadre de portes ouvertes, nous accueillerons les représentants des branches fruitières, maraîchères et viticoles, pour des rencontres professionnelles. Diverses manifestations permettront de thématiser de manière plus approfondie un sujet de la vie quotidienne, par exemple l’atelier «Sélection végétale» organisé en collaboration avec les Plant Science Expeditions du Zürich-Basel Plant Science Center, ou une table ronde sur le thème de l’alimentation végétale, au cours de laquelle les scientifiques d’Agroscope débattront avec un spécialiste de la gastronomie et un historien. La connaissance éprouvée se base sur l’expérience, tout le reste n’est qu’information S’appuyant sur cette citation attribuée à Albert Einstein, les collaboratrices et collaborateurs d’Agroscope se réjouissent de partager avec vous leur expérience de leur travail avec le patrimoine végétal, des aliments et des nouvelles technologies, afin d’enrichir vos connaissances. Cela en vaut la peine, vous pourrez vous en convaincre par un coup d’œil sur www.agroscope-forschungerleben.ch. N’hésitez pas à inviter personnellement votre famille, vos amis et vos connaissances à ces journées de découvertes. Pour cela, il suffit simplement de transmettre le lien web ci-dessus, ou de commander auprès du groupe Marketing d’Agroscope à Wädenswil le flyer de la manifestation. Vivez la recherche!

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E c o n o m i e

a g r i c o l e

Série AlpFUTUR

L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire Stefan Lauber1 et Benno Furrer2 Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, 8903 Birmensdorf, Suisse 2 Étude des maisons rurales de Suisse, 6300 Zoug, Suisse Renseignements: Stefan Lauber, e-mail: stefan.lauber@wsl.ch, tél. +41 44 739 24 83 1

Jänzimatt, commune de Giswil OW. Salle de travail et de séjour dans une cabane de vacher construite en 1837 noircie par la suie. Les couverts plus récents en acier chromé occupent la même place que les anciennes cuillères en bois façonnées à la main. (Photo: Benno Furrer)

Introduction Une gestion rentable des exploitations d’alpage nécessite des infrastructures adaptées. En raison des dispositions transitoires de la loi fédérale sur la protection des animaux, en vigueur jusqu’en 2013, et du renforcement en 2009 des dispositions relatives à l’hygiène, nombre de bâtiments d’alpage doivent subir des aménagements. S’y ajoutent les exigences du personnel appelé à travailler en ces lieux (Mann et Calabrese 2012). Or il devient de plus en plus important de répondre à ces exigences au vu de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Du fait des assainissements et du changement structurel continuel dans l’agriculture et l’économie alpestre, les anciens bâtiments d’alpage sont désormais mis sous pression. Les conserver s’avère souvent difficile. Or, en plus de leur utilisation (résiduelle) par l’économie alpestre, ces bâtiments et installations traditionnels jouent un rôle important comme éléments marquants

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du paysage cultivé. Ils peuvent dès lors être également utilisés à des fins autres qu’agricoles. Toutefois, les bases pour leur évaluation historico-culturelle sont très rares à l’heure actuelle. Le projet partiel 17 «Bâtiments», réalisé dans le cadre du projet intégré AlpFUTUR1, se concentre donc sur des méthodes et des critères visant à évaluer la qualité de témoin historico-culturel des bâtiments alpestres ainsi que leur conservation; il se focalise aussi et surtout sur de nouveaux concepts d’utilisation potentielle adaptés. D’où la question soulevée: comment la complexité des rapports entre économie et histoire de l’architecture est-elle représentée et communiquée, et sous quelle forme ces connaissances peuvent-elles être intégrées dans de nouvelles créations de valeur (Furrer 2012a-c, Glauser 2012)? Les conditions-cadres et les possibilités de financement déterminantes pour les projets d’infrastructure ont été examinées dans le projet partiel 18 «Infrastructures» d’AlpFUTUR. Celui-ci est centré sur différents thèmes clés autour de l’infrastructure alpestre d’aujourd’hui et de demain (Lauber et al. 2012).

Méthodes Dans les quatre régions des études de cas (Basse-Engadine GR, canton de St-Gall, commune de Giswil OW et Vallée de Joux VD), des structures de construction historiques ont été documentées en plusieurs étapes selon les méthodes utilisées pour l’Étude des maisons rurales (Furrer 1985, Furrer 1994, Furrer 2011a-c): •• Inventaires des chalets d’alpage, bâtiments à usage multiple, étables d’alpage, greniers, fromageries, caves à lait, conduites d’eau, chemins de desserte alpins, systèmes d’irrigation, enclos. Documentation des objets à l’aide de photos, d’esquisses de plans et de descriptions. Le tout est complété par une brève appréciation. ••Recherches d’archives et analyses dendrochronologiques pour déterminer l’âge du bois et dater ainsi les voir www.alpfutur.ch

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bâtiments. Fouilles archéologiques pour classer les structures de construction sur l’axe temporel et en fonction de leur utilisation originelle (fig. 1). Évaluation des découvertes d’outils en fonction des indications sur les conditions de vie et de travail, ainsi que sur l’exploitation des alpages et les produits. ••Recherches bibliographiques, en particulier évaluation de cadastres alpestres. ••Enquêtes, entretiens avec des exploitants et des propriétaires d’alpages. Cette documentation a permis d’établir un catalogue de critères visant à mesurer la qualité historicoculturelle. Ce catalogue sert de base à une mise en valeur des bâtiments et des installations. Pour évaluer l’importance historico-culturelle des bâtiments d’alpage, les critères déterminants sont les suivants, selon la période de construction et le régime de propriété: le degré d’originalité des matériaux de construction, la structure spatiale, la fonction et l’équipement, mais aussi l’histoire de l’exploitation axée sur les personnes. Le choix des matériaux (bois, pierre), le travail artisanal, la fonction des bâtiments et des éléments de construction sont liés de façon spécifique à la situation topographique, aux conditions de propriété et aux produits fabriqués. L’état de l’infrastructure n’a pas, volontairement, été retenu comme critère. Il importe certes pour l’utilisation future de l’infrastructure, mais pas pour sa classification historico-culturelle. Bien que prise en compte, l’évolution architectonique récente de l’infrastructure de l’alpage n’a pas pu être recensée ni caractérisée de façon fiable, pour deux raisons: au niveau suisse, il n’existe pas de registre des bâtiments en dehors de la zone à bâtir, et les cartes numériques disponibles ne permettent pas de telles évaluations. C’est pourquoi tous les avis au public concernant les constructions hors zone à bâtir entre 2001 et 2010 ont été évalués à titre d’exemples dans deux régions des Grisons concernées par les études de cas (l’ensemble des 17 communes du district de Moesa, ainsi que sept communes en Basse-Engadine). Afin de classifier ces exemples, des entretiens ont eu lieu entre experts et représentants d’autres régions importantes d’alpage (Diemtigtal BE, canton d’Obwald, Haut-Valais). Le soutien financier alloué par les cantons et la Confédération aux projets d’infrastructures d’alpage a été par ailleurs évalué. La répartition des sommes en fonction du type de mesure et du déroulement dans le temps n’a pas été possible: les données sont saisies de façon différente selon les cantons, et les dépenses destinées aux zones de montagne et à la région d’estivage ne sont pas toujours distinctes.

Résumé

L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire | Economie agricole

Les bâtiments d’alpage traditionnels caractérisent les paysages cultivés de la région d’estivage. Les assainissements nécessaires et le changement structurel agricole ont conduit à mettre sous pression ces témoins historicoculturels. Un catalogue de critères visant à évaluer leur qualité historico-culturelle sert de base à leur valorisation en vue du tourisme alpestre. Celui-ci va de pair avec une définition d’offres touristiques capables de s’imposer sur le marché et prenant fortement en compte ces bâtiments. Le catalogue repose sur des résultats de l’étude des maisons rurales et des villages désertés, qui retrace l’évolution de l’économie alpestre depuis le Moyen Âge. Si la mise en valeur de bâtiments pour le tourisme alpestre nécessite des travaux de transformation, certaines règles spécifiques doivent être respectées dans la région d’estivage. La Confédération et les cantons jouent ainsi un rôle central lors de telles rénovations et de tels ajouts à l’infrastructure alpestre. Mais le tourisme alpestre peut aussi exister sans travaux de transformation, les randonnées thématiques en étant un exemple éloquent.

Figure 1 | Blumenhüttenboden, commune d’Hospental UR. Cabane de vacher d’une pièce, tombée en ruines. Elle a été exploitée au 10 e siècle et était alors protégée par un bloc rocheux. Travaux d’excavation: Werner Meyer. La photo date de 1983. (Photo: Benno Furrer)

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Economie agricole | L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire

Figure 2 | Holenbalm, commune de Silenen UR. Ce simple «chalet d’alpage» (balme) situé sous un bloc rocheux, avec foyer, cave à lait et endroit pour dormir, était encore utilisé par les alpagistes en 1975. La photo date de 1982. (Photo: Benno Furrer)

Une analyse bibliographique a servi de base à l’étude des conditions-cadres en aménagement du territoire. Celles-ci marqueront l’avenir des infrastructures d’alpage. Des entretiens complémentaires avec des collaborateurs des Offices fédéraux et cantonaux ont permis une étude plus approfondie de l’application de la loi sur l’aménagement du territoire dans les cantons de Berne, des Grisons, d’Obwald et du Valais.

Résultats et discussion Témoins du Moyen Âge Les examens des constructions excavées ou existantes par l’Étude sur les villages désertés2 et sur les maisons rurales reflètent l’évolution chronologique d’une économie alpestre, sans grande source écrite, et de ses produits. Des balmes (fig. 2), des abris sous des saillies rocheuses et des cabanes d’une seule pièce, de forme plus ou moins carrée avec parc, sont représentatifs de l’infrastructure du Moyen Âge. Moutons et chèvres sont le plus souvent estivés et, quoique beaucoup plus rarement, bovins et chevaux. Des produits tels que la laine, L’expression villages désertés s‘emploie, en géographie historique et en archéologie, comme équivalent du terme allemand Wüstungen (littéralement désertifications), qui a cependant un sens plus large puisqu’il désigne tout habitat abandonné: rural, mais aussi urbain ou industriel. «Les témoins visibles de tels abandons [...] sont des ruines en divers états de conservation, un sol portant des traces de travail ou la présence de plantes liées à l’habitat humain ([...], la flore typique des parcelles ayant reçu du fumier dans les Alpes), [...] des toponymes (de tradition écrite ou orale) renvoyant à un ancien habitat [...]» (Meyer 2012).

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les peaux d’animaux ou le fromage acide (Sauerkäse en allemand) couvraient les besoins des cloîtres, des seigneuries et des paysans. Les constructions à deux pièces – cabane de vacher et cave à lait – indiquent que la garde d’animaux a évolué depuis le 15e/16e siècle, délaissant les moutons pour privilégier les bovins jugés plus «exportables». Les animaux estivés et le fromage sont vendus dans les villes en plein essor du Plateau suisse et de l’Italie du Nord. En Suisse centrale, une partie des produits laitiers fabriqués, comme le beurre, le fromage maigre ou le sérac, arrive jusqu’aux marchés locaux des principales localités des communautés de vallée. Au cours du 15e siècle en Suisse romande, on réussit à fabriquer avec de la présure un fromage gras apte à l’exportation. Les chalets d’alpage deviennent des constructions à usage multiple avec une cabane de vacher et une étable sous un même toit. Sur les alpages privés de bourgeois citadins, ils offrent ainsi de l’espace aux grands troupeaux de vaches des vachers entrepreneurs. Diversité des formes de construction du 17e au 19e siècle Du 17e au 19e siècle apparaissent diverses formes de construction qui résultent des structures de propriété et d’exploitation de droit privé ou public. Sur les alpages individuels où les paysans font estiver leur propre bétail ou du bétail loué, se dressent au nord des Alpes des chalets d’alpage simples construits selon la


L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire | Economie agricole

Figure 3 | Alp Sura, commune de Guarda GR. Les bâtiments ont été construits en 1921, conformément aux plans de l’Office des améliorations foncières du canton des Grisons. Le canton des Grisons faisait partie des régions qui, grâce à Oscar Good, alors directeur de l’Office cantonal des améliorations foncières, remplaçait les bâtiments d’alpage traditionnels de la façon la plus systématique possible par des bâtiments rénovés et homogènes. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

technique du blockbau (construction en madriers horizontaux). Les cabanes d’une seule pièce édifiées en pierre de taille sans mortier de maçonnerie sont utilisées jusqu’au 20e siècle sur des alpages appartenant à des coopératives, au sud des Alpes et, de façon générale, sur des alpages ou dans des sites au-delà de la limite altitudinale de la forêt. Les étables d’alpage isolées sont quasiment inexistantes. On ne les construit qu’au 19e siècle lorsque la production de nourriture pour les animaux doit être augmentée par des engrais ciblés. Tandis que sur les alpages privés de l’Oberland bernois occidental, les chalets d’alpage sont équipés d’une salle de séjour dès le 17e siècle (Affolter 1990), il faut attendre 1800 pour qu’il en soit de même en Suisse centrale. Au début du 19e siècle, il est fréquent d’effectuer un «remaniement» ultérieur des anciens bâtiments avec la construction d’une chambre de séjour dans le chalet, ou son ajout devant le chalet d’alpage dans un bloc séparé. En parallèle avec la mise en place et l’agrandissement des réseaux routier et ferroviaire au 19e siècle, l’invention de l’hélice jointe à la propulsion à vapeur permet l’utilisation de gros cargos performants. L’importation de quantités considérables de céréales à bas prix devient ainsi possible en Suisse. Sur le Plateau, cette situation entraîne la faillite de nombreuses exploitations agricoles et en contraint d’autres à se réorienter vers l’élevage de bétail et l’économie lai-

tière. L’agriculture de montagne est dès lors concurrencée, les alpages bénéficiant toutefois d’une demande et d’une exploitation accrues. Dans la seconde moitié du 19e siècle, la Société suisse d’économie alpestre (SSEA) crée des inspections au cours desquelles le rendement et les bâtiments d’alpage sont évalués de façon critique. Dans leur rapport, les ingénieurs agronomes, qui ont suivi une formation universitaire, mettent surtout l’accent sur la performance insuffisante, et de ce fait sur l’augmentation souhaitée du rendement. Selon eux, celle-ci va de pair avec l’accumulation et l’épandage conséquents d’engrais et avec une transformation améliorée du lait. Normalisation et croissance au 20e siècle Depuis 1893, des fonds fédéraux sont disponibles pour l’amélioration des alpages et la construction d’étables, d’où un nombre considérable de nouvelles étables d’alpage. Le logement du personnel a quant à lui moins retenu l’attention des inspecteurs. Cette période se caractérise par de nouveaux matériaux – béton, éternit, fer ou tôle notamment – ainsi que par de plus grands volumes de construction. À partir de 1926, des travaux de transformation sur les chalets d’alpage sont aussi subventionnés. À l’initiative de la SSEA apparaît en 1939 un recueil de normes pour les types de bâtiments d’alpage, ce qui permet une construction normalisée à un prix  avantageux (fig. 3).

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Economie agricole | L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire

Au cours des dix dernières années, précisez ce qui a été assaini ou nouvellement construit sur l’alpage: Accès (chemin, route)

231

Approvisionnement en eau

229

Appartement

183

Étable

171

Pâturage (assainissement, amélioration, drainage) Installation de traite/ stand de traite mobile

138 116

Autres

108

Fosse à purin et fumassière

107

Approvisionnement en énergie

100

Installations pour la fabrication de fromage

85

Lactoduc

15

Pas d’assainissements essentiels

153

0

5

10

15

20

25

30

35

Réponses (en %) Figure 4 | Assainissements et nouvelles constructions sur les alpages suisses au cours des 10 dernières années (l’enquête s’est déroulée de décembre 2009 à février 2010). n=667 personnes ont répondu à la question (19 n’ont donné aucune réponse). De nombreuses réponses multiples ont été comptabilisées (nombre de réponses en tout: 1636). Le nombre de mentions est indiqué à l’intérieur des barres. Source: Enquête dans toute la Suisse auprès de 964 exploitants d’exploitations d’estivage, avec 686 questionnaires renvoyés (von Felten 2011).

Des changements de grande envergure affectent les alpages dans la période qui suit la Seconde Guerre mondiale. Les structures de propriété et d’exploitation évoluent de façon radicale, ne serait-ce qu’à la suite de délimitations ou de regroupements de pâturages. Ainsi apparaissent de grands bâtiments d’alpage qui comprennent une surface sept à dix fois supérieure à celle des installations traditionnelles. Évolution récente Ces derniers temps, les modifications de l’infrastructure des bâtiments se sont ralenties. L’évaluation des avis au public concernant les constructions dans les deux régions des études de cas, Moesa et Basse-Engadine, recoupe l’enquête de von Felten (2011) (fig. 4): aujourd’hui sur les alpages, les investissements portent la plupart du temps sur la desserte, l’approvisionnement en eau ainsi que sur les bâtiments résidentiels et les bâtiments d’exploitation. Ces dix dernières années, on ne recense dans les deux régions étudiées qu’un nombre limité de nouvelles constructions notables destinées à l’économie alpestre. Dans le secteur du bâtiment, il s’agit le plus souvent de simples travaux d’assainissement et d’amélioration. Aucune nouvelle desserte par des routes n’a été réalisée; à noter toutefois que les routes forestières

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n’ont pas été prises en compte par les études. Dans la zone d’estivage concernée, on constate néanmoins une intense activité de construction sans lien direct avec l’économie alpestre. C’est en particulier le cas en BasseEngadine où des édifices importants, sur le plan écologique et paysager, s’observent hors de la zone à bâtir: l’infrastructure touristique, par les adaptations, les nouvelles constructions, les agrandissements qu’elle génère, se taille la part du lion dans les demandes de permis de construire. Concentration des moyens sur les exploitations laitières Lorsqu’ils soutiennent des bâtiments d’exploitation d’alpage, les cantons, de nos jours, se concentrent plutôt sur les exploitations laitières. Ils en attendent en effet une création de valeur supérieure à celle d’entreprises tournées vers d’autres catégories d’animaux. Ils privilégient toutefois les solutions interentreprises qui présentent des capacités élevées de transformation. La bonne desserte à Obwald n’a pas été sans conséquence: actuellement, deux tiers environ des exploitants d’alpage ne résident plus sur place, mais font l’aller et retour depuis la vallée; de plus, seul un tiers environ du lait d’alpage est transformé sur place, ce qui amoindrit la création de valeur des alpages.


L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire | Economie agricole

Valorisation de l’infrastructure des bâtiments existants À l’heure actuelle, l’utilisation en net recul des pâturages alpestres d’estivage se traduit par la disparition de certains d’entre eux, la concentration de la transformation du lait dans des fromageries centrales, et le nombre élevé de constructions d’alpage vides ou de vieux bâtiments affectés à d’autres fins. Certains tomberont en ruines, tandis que d’autres seront éventuellement réutilisés en vue du tourisme. Comme les directives sur l’aménagement du territoire limitent fortement les travaux de transformation, la mise en valeur des bâtiments existants peut constituer une alternative. Dans le cadre d’AlpFUTUR, l’Étude des maisons rurales de Suisse a mis au point une randonnée thématique dans la région de Giswil/Jänzimatt OW au but bien précis. Les vieux bâtiments visités servent de référence pour faire apparaître les liens entre l’évolution historique de l’économie alpestre, l’exploitation et les conditions de vie et de travail. La visite de l’exploitation et le repas de midi ont lieu dans une exploitation d’alpage, ce qui fournit des revenus d’appoint à la famille d’alpagistes. Afin que celle-ci puisse effectuer sa journée de travail malgré le tourisme alpestre, les visiteurs sont guidés par des accompagnateurs de randonnée formés à cet effet, et qui peuvent aussi signaler d’autres particularités et découvertes le long du chemin. La préparation de telles randonnées – informations générales à définir, évolution des constructions à mettre en évidence, liens historiques à souligner – s’ap-

La majeure partie du lait provient de vaches laitières. C’est pourquoi les régions bien adaptées à l’économie alpestre, sur lesquelles se concentre la garde des vaches laitières, présentent des activités supérieures de construction et d’assainissement par rapport aux autres régions. Sur les alpages accueillant d’autres bovins et du petit bétail non trait, les besoins d’assainissement sont rares. La mise à l’étable de ces animaux ne se fait quasiment qu’avec l’arrivée de la neige ou qu’en présence d’autres conditions climatiques adverses. Pour la desserte, il faut également distinguer, d’une part, les régions bien adaptées sur le plan de l’économie alpestre et de ce fait exploitées de façon intensive et, d’autre part, les régions à la charge en bétail inférieure à la charge usuelle et aux pâturages de rendement relativement faible. Dans les premières, la densité des routes est élevée, de nouvelles voies étant encore planifiées. Dans les secondes au contraire, aucune n’est programmée, mais les routes existantes sont assainies.

puie sur le catalogue de critères de l’Étude des maisons rurales. Les dossiers, illustrés d’exemples pertinents, sont à la disposition des accompagnateurs de randonnées et des exploitants. Ils sont spécifiques aux régions. Cela signifie que le dossier d’Obwald se distingue fortement de celui de Basse-Engadine au niveau du contenu, les conditions de construction, de propriété et d’exploitation étant nettement différentes. Il serait certes possible de classer par ordre de priorité les divers biens immobiliers selon l’estimation qui en serait faite. Mais ce qui est fascinant dans une randonnée thématique, c’est que chaque bâtiment, au-delà de son bâti individuel spécifique, peut renvoyer à un ou plusieurs domaines de l’économie alpestre historique ou actuelle. Il importe de souligner que c’est justement la diversité des bâtiments intacts et typiques de leur époque qui fait tout l’attrait de l’offre touristique. De ce fait, il est possible d’effectuer des randonnées thématiques dans n’importe quelle région des Alpes ou du Jura, et ce indépendamment de l’âge du bâtiment d’alpage. Étant donné que les randonnées thématiques visent à mettre en avant les bâtiments dans leur état historique et originel, il n’est guère besoin de travaux de transformation. Aucun conflit ne survient donc avec l’aménagement du territoire.

Dimension financière L’instrument le plus important pour la promotion des infrastructures alpestres est l’Ordonnance sur les améliorations structurelles (OAS) qui règle l’octroi de prestations pécuniaires à fonds perdus et de crédits remboursables sans intérêts. Faute de statistiques fédérales plus détaillées, Ringler (2009) estime le total des contributions fédérales dans la zone d’estivage suisse à quelque 30 millions de francs pour l’an 2000. Les cantons doivent apporter un complément de 80 à 100 % à ces contributions, si bien que leur total devrait dépasser 50 millions de francs. Grâce à ces contributions et crédits, ainsi qu’à la répartition des moyens financiers provenant des fonds cantonaux de loterie, les pouvoirs publics jouent un rôle majeur dans le développement des infrastructures. Les cantons qui souhaitent investir des ressources financières limitées de façon ciblée élaborent des plans régionaux d’affectation des zones d’alpage. Ils peuvent ainsi réserver les contributions d’estivage et le cofinancement  des infrastructures aux entreprises (les plus) viables.

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Economie agricole | L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire

Figure 5 | Alpage de L’A Vieille, commune de St-Martin VS, avec des témoins architectoniques de différentes époques. (Photo: Stefan Lauber)

et hébergement sont limités à la période estivale au cours de laquelle les animaux sont sur l’alpage. Aucun agrandissement, aucun nouveau bâtiment n’est autorisé à des fins d’économie touristique (il manque toutefois une législation qui empêche d’indiquer d’abord des objectifs agricoles pour un volume accru de constructions sur l’alpage puis, dans un second temps, après une exploitation relativement brève, d’affecter le nouveau bâti à des fins touristiques alpestres). En revanche, contrairement aux exploitations à l’année, la limite inférieure des unités de main-d’œuvre standard stipulée par le droit foncier rural ne s’applique pas, permettant par là même à de petites exploitations d’alpage de proposer des offres touristiques. Dans ces exploitations dites «centres d’exploitation temporaires», toute activité accessoire autre que le tourisme est interdite.

Conclusions et perspectives Les trois plus grandes fondations actives dans les régions de montagne (l’Aide Suisse aux Montagnards, le Parrainage Coop et le Parrainage suisse pour communes de montagne) injectent aujourd’hui un total d’environ 3 millions de francs par année dans des projets de l’économie alpestre. Elles ne peuvent dès lors intervenir que de façon subsidiaire dans l’amélioration des infrastructures alpestres. Elles offrent en particulier une importante source de cofinancement dans des projets qui ne répondent pas aux critères de contribution étatique (par exemple si le montant total du projet est trop faible, ou si le nombre minimum d’unités de main-d’œuvre standard UMOS3 n’est pas atteint). Ni les pouvoirs publics ni les fondations ne prennent en charge les coûts d’exploitation des projets d’infrastructure. Pour chaque projet, il faut donc veiller à la rentabilité et à des possibilités d’amortissement après le financement. Constructions sur l’alpage: hors de la zone à bâtir En règle générale, dans la zone d’estivage, les dispositions de la procédure d’autorisation de construire hors de la zone à bâtir (HZB) sont les mêmes que pour les exploitations à l’année. Les projets directement liés à l’économie alpestre sont ainsi soumis à des prescriptions identiques à celles régissant l’agriculture en plaine. Mais si ces projets portent sur une activité touristique secondaire, les prescriptions sur l’alpage sont nettement plus strictes que pour les exploitations à l’année: restauration

3 L’unité de main d’œuvre standard (UMOS) permet de saisir les besoins en travail de toute l’exploitation à l’aide de facteurs standardisés. Dans la zone de la SAU (surface agricole utile), seules les «entreprises agricoles» peuvent bénéficier de l’autorisation de travaux de transformation destinés à l’exercice d’une activité accessoire non agricole proche de l’exploitation. Elles ne sont reconnues comme entreprises que si leur besoin en temps de travail s’élève au minimum à 1 unité de main d’œuvre standard.

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Les bâtiments de l’économie alpestre sont des témoins matériels importants des conditions antérieures de vie, de travail et d’exploitation. Bâtiments et installations arrivent toutefois à un certain moment au terme de leur existence. Nombre d’entre eux se délitent, changent d’affectation ou sont démolis. Néanmoins, il reste de nombreux bâtiments d’alpage anciens – souvent complétés par de nouveaux bâtiments devenus nécessaires pour des raisons d’exploitation et d’hygiène (fig. 5). Une diversité architectonique voit alors le jour, qui n’était perçue que de façon très secondaire jusqu’ici. Différentes études sur le développement de l’économie régionale et le tourisme montrent que la culture du bâti offre un potentiel considérable (Siegrist et al. 2002, Caminada 2008, Gantenbein et al. 2010, Schneider et Süess 2011, Furrer 2012b). Il n’est pas question d’icônes de l’architecture, mais du lien entre la nature, le paysage, la gestion, les conditions de vie et les structures des familles, lien dont la diversité s’exprime au niveau des constructions. Les bâtiments historiques reflètent et mettent ainsi en évidence les rapports entre l’économie et l’histoire du bâti. n

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Infrastrutture nelle zone di alpeggio: testimonianze storiche e assetto territoriale Gli edifici tradizionali delle malghe caratterizzano il paesaggio antropizzato nelle zone di alpeggio. Il necessario risanamento dei fabbricati e il cambiamento strutturale dell’agricoltura hanno creato una situazione difficile per queste costruzioni che sono delle testimonianze storico-culturali. Una lista di criteri per misurarne la qualità storico-culturale è il punto di partenza anche per valorizzare questi edifici e queste strutture in un’ottica di turismo in malga ed elaborare quindi delle offerte turistiche interessanti per il mercato, nel quadro delle quali tali fabbricati possano svolgere un ruolo importante. Tali criteri si basano sulla ricerca sulle case rurali e la ricerca archeologica che si occupa di insediamenti abbandonati che consentono di ripercorrere l’evoluzione dell’alpeggio dal Medioevo in poi. Se per valorizzare a fini agrituristici gli edifici sono necessari degli adeguamenti architettonici, nelle zone di alpeggio vigono specifiche regole. La Confederazione e i Cantoni svolgono un ruolo centrale nel quadro dei lavori di restauro e di integrazione delle strutture malghive. Il turismo in malga è possibile però anche senza interventi architettonici, ad esempio organizzando escursioni a tema.

Bibliographie ▪▪ Affolter H. C., 1990. Die Bauernhäuser des Kantons Bern, Band. 1, Das Berner Oberland. Die Bauernhäuser der Schweiz 27. ▪▪ Caminada, G. 2008. Werdet euch bewusst, was ihr seid und was ihr wollt. Stararchitekt Gion A. Caminada zu guter Architektur, zum Wallis und zum Goms. In: Walliser Bote, 31. Oktober 2008. ▪▪ Furrer B, 1985. Die Bauernhäuser des Kantons Uri. Die Bauernhäuser der Schweiz 12. ▪▪ Furrer B, 1994. Die Bauernhäuser der Kantone Schwyz und Zug. Die ­B auernhäuser der Schweiz 21. ▪▪ Furrer B., 2012a. Alpen und Alpgebäude in Graubünden. In: Letzte Jäger, erste Hirten. Hochalpine Archäologie in der Silvretta (Ed. T. Reitmaier). Archäologie in Graubünden Sonderheft 1 (10), 259–285. ▪▪ Furrer B., 2012b. Kulturgebäude Alp: Ihr Nutzungspotenzial im Agrotourismus. Schweiz. Bauernhausforschung, Zug. 28 p. 4 ▪▪ Furrer B., 2012c. Zur Bautypologie und Entwicklung der Alpgebäude in Obwalden. Schweiz. Bauernhausforschung, Zug. 11 p. 4 ▪▪ Gantenbein K., Guetg M. & Feiner R. (éd.), 2010. Himmelsleiter und Felsentherme. Architekturwandern in Gaubünden. 2. Auflage. Rotpunkt­ verlag, Zürich. ▪▪ Glauser D., 2012. Chalets d’alpage du Parc naturel régional Jura vaudois, éd. Favre, Lausanne. 168 p.

Summary

Riassunto

L’infrastructure en région d’estivage: témoins historiques et aménagement du territoire | Economie agricole

Infrastructure for alpine summer farming: historical witnesses and spatial planning Traditional buildings are an important part of the cultural landscape in alpine pasturing areas, serving as historico-cultural witnesses. They are, however, under pressure from structural change in agriculture and often require renovation. To assess their historico-cultural quality, a list of criteria has been drawn up which provides a basis for their agro-touristic development, i.e. for generating market value through tourism, where such buildings may serve as tourist attractions. The list draws on research on abandoned settlements and farmhouses, which can trace alpine summer farming back to the Middle Ages. If buildings need to be modified, renovated or extended to develop such tourist attractions, several federal and cantonal regulations specific to alpine pasturing areas apply. It is, however, also possible to develop agro-tourism without constructional measures, e.g. by creating theme walks. Key words: alpine summer farming, agricultural infrastructure, historical buildings.

▪▪ Lauber S., Büchel J. & Beising E., 2012. Alp-Infrastruktur: Rahmenbedingungen und Herausforderungen im Sömmerungsgebiet. Mit Leitfaden und Checkliste zur systematischen Abwicklung von Infrastrukturprojekten im Sömmerungsgebiet. WSL, Birmensdorf. 139 p. 4 ▪▪ Mann S. & Calabrese C., 2012. Treue ist auf der Alp ein wichtiger Faktor. Die Grüne 2012 (15), 36–37. 4 ▪▪ Meyer W., 2012: Villages désertés. In: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS). Accès: www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F7954.php [03.01.2013] ▪▪ Ringler A., 2009. Almen und Alpen (Langfassung auf CD). Höhenkulturlandschaft der Alpen. Ökologie, Nutzung, Perspektiven. Verein zum Schutz der Bergwelt, Munich. ▪▪ Schneider H. & Süess C., 2011. Auf Kulturwegen zurück zu den Wurzeln. UniPress 148, 24–25. ▪▪ Siegrist D., Stuppäck, S., Mosler H.-J., Tobias R., Bröchin M., Schild P. & Tobler M., 2002. Naturnaher Tourismus in der Schweiz: Angebot, Nachfrage und Erfolgsfaktoren. FTL, Hochschule Rapperswil, und Abteilung Sozialpsychologie I, Universität Zürich. 123 p. ▪▪ von Felten S., 2011. Situation der Alpwirtschaftsbetriebe in der Schweiz. Resultate einer Befragung von Sömmerungsbetrieben. WSL, Birmensdorf. 84 p. 4 4

Ces publications sont disponibles à l’adresse www.alpfutur.ch/publications.php?l=2.

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E n v i r o n n e m e n t

Série AlpFUTUR

Biodiversité précieuse dans les herbages des ­alpages envahis par les broussailles Bärbel Koch et Sarah Schmid Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Bärbel Koch, e-mail: baerbel.koch@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 74 73

Figure 1 | Surface broussailleuse avec du rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) sur l’alpage Pian Doss, près du village de San Bernardino GR. (Photo ART)

Introduction Des siècles d’exploitation agricole ont marqué le paysage alpin en Europe et contribué à la mise en place de zones d’estivage à la biodiversité prééminente (Bätzing 2003). Les pâturages alpestres abritent trois fois plus d’espèces que la forêt qu’ils remplacent (Zoller et Bischof 1980). Mais aujourd’hui, de nombreux pâturages d’estivage ne sont plus rentables et ne sont plus exploités. A l’opposé, les terrains plats, bien situés à proximité du bâtiment d’alpage, sont exploités de manière plus intensive (Baur et al. 2007; Mack et al. 2008). Lorsque la pression exercée par les pâtures sur les surfaces à vocation forestière diminue, au bout de quelques années, la forêt reprend le dessus. Plus de 60 % des surfaces agricoles

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Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 172–177, 2013

laissées à l’abandon en Suisse se situent dans les zones d’estivage (Baur et al. 2006). La présente étude analyse l’impact exercé par l’avancée de la forêt sur la diversité et la composition des espèces végétales dans deux pâturages alpestres subalpins (Pian Doss et Tälli) des deux côtés du col du San Bernardino (GR). Il s’agissait d’étudier la diversité végétale dans les surfaces d’herbacées et de graminées encore exemptes de broussailles, avec une couverture variable d’arbustes nains dans les environs. La diversité des espèces dans ces surfaces a fait l’objet d’une évaluation qualitative à partir des espèces cibles et caractéristiques des objectifs environnementaux pour l’agriculture (BAFU & BLW 2008) et des espèces indicatrices attestant de la qualité écologique de la région d’estivage (Lüscher et Walter 2009).


Biodiversité précieuse dans les herbages des ­a lpages envahis par les broussailles | Environnement

Régions étudiées L’alpage Pian Doss se situe au sud-est du village de San Bernardino à une altitude de 1731 m. L’alpage Tälli, lui, est au nord du col du San Bernardino à une altitude de 1926 m (fig. 2). Sur chacun des deux alpages, on a sélectionné une surface d’environ 5 ha qui n’est plus pâturée et qui se caractérise par une progression des arbustes nains. Les deux surfaces avaient une exposition et une déclivité semblables. Les surfaces étudiées de l’alpage Tälli se situent dans un paysage de tourbières, celles de l’alpage Pian Doss au pied d’un cône d’éboulis asséché. Cartographie de la végétation Sur les deux alpages, quinze surfaces circulaires d’un rayon de 5 m ont été sélectionnées, avec un pourcentage différent d’occupation par les arbustes nains (de 20 à 80 %). Le niveau de progression de la forêt a été représenté pour chaque cercle (fig. 3). Les schémas ont ensuite été traités avec le programme ArcGIS 9.3.1 pour calculer le taux de couverture par les arbustes nains (ESRI 2009). Dans la partie ouverte recouverte d’herbacées et de graminées de chaque surface circulaire, cinq zones de 0,5 m² ont été définies au hasard, nommées ici «surfaces herbagères». Sur ce type de surface, la couverture par les différentes espèces végétales a été relevée selon la méthode de Braun-Blanquet et convertie en pourcentages. Pour chaque surface herbagère, on a donc calculé: 1) le nombre d’espèces et la couverture par toutes les espèces végétales, 2) le nombre et la couverture par les espèces cibles et caractéristique des objectifs environnementaux pour l’agriculture (espèces OEA) selon l’OFEV 

Résumé

Matériel et méthodes

L’exploitation alpestre a une longue tradition en Europe. Les pâturages façonnent le paysage agricole et affichent une grande biodiversité. Pourtant, de plus en plus de pâturages alpestres sont abandonnés et envahis par les broussailles. Avec eux disparaît également la diversité des espèces végétales et animales qu’ils abritaient. Cette étude avait pour but, dans le cadre du projet intégré AlpFutur, de montrer l’influence des arbustes nains avoisinants sur les espèces de graminées et d’herbacées qui méritent d’être préservées dans les surfaces encore exemptes de broussailles. Deux surfaces alpestres abandonnées, situées sur deux alpages des deux côtés du col du San Bernardino (l’alpage Pian Doss et l’alpage Tälli) ont fait l’objet de l’étude. Tandis que le nombre total des espèces végétales et celui des espèces de qualité dépendaient uniquement du site, ce dernier ainsi que le degré d’envahissement par les broussailles exerçaient une influence sur la composition des espèces des surfaces herbagères situées à proximité. Les résultats montrent que de petites aires non envahies par les broussailles au milieu des arbustes nains abritent elles aussi de nombreuses et précieuses espèces herbagères.

Figure 2 | Sites étudiés des deux côtés du col de San Bernardino: alpage Tälli (à gauche) et alpage Pian Doss (à droite). (Photos: Sarah Schmid)

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Environnement | Biodiversité précieuse dans les herbages des ­a lpages envahis par les broussailles

Figure 3 | Les surfaces étudiées en forme de cercle ont été subdivisées en huit secteurs sur la parcelle, afin de mieux e­ stimer la couverture par les arbustes nains. A gauche: exemple d’une surface parsemée de piquets; à droite: représentation schématique d’une surface d’étude avec cinq surfaces herbagères sélectionnées au hasard (cercles rouges), dans ­l esquelles les relevés de végétation ont été effectués. (Photo et schéma: Sarah Schmid)

et l’OFAG (2008) et 3) le nombre d’espèces et la couverture par les espèces indicatrices attestant de la qualité des estivages (espèces IE) selon Lüscher et Walter (2009). Analyses statistiques L’effet de la couverture par les arbustes nains et celui du site sur la moyenne de toutes les espèces de plantes, ainsi que des espèces OEA et des espèces IE présentes dans les cinq surfaces herbagères ont été analysés à l’aide de modèles linéaires généralisés. L’influence de la couverture par les arbustes nains et celle du site sur la composition végétale de toutes les espèces, des espèces OEA et des espèces IE ont été calculées par analyse de redondance (RDA). Cette méthode consistait à calculer le pourcentage de couverture moyen des espèces par cercle dans les cinq surfaces herbagères. Toutes les évaluations statistiques ont été effectuées avec le programme R (R Core Team 2012).

Résultats et discussion Sur l’alpage Pian Doss, 94 espèces végétales ont été dénombrées, dont 34 espèces OEA et 30 espèces IE. Sur l’alpage Tälli, 63 espèces ont été observées au total, dont

23 espèces OEA et 27 espèces IE (tabl. 1). Le nombre inférieur d’espèces de l’alpage Tälli s’explique probablement par les conditions plus humides et plus acides du site luimême par rapport au site plutôt sec de l’alpage Pian Doss. Ces observations concordent avec les résultats obtenus par Müller (2002), qui a mis en évidence un rapport positif entre le nombre d’espèces au mètre carré et le pH sur les alpages glaronnais. Nombre d’espèces végétales L’influence du site était significative pour les trois moyennes du nombre d’espèces (valeur P < 0,05). Avec une augmentation de la couverture par les arbustes nains, le nombre moyen d’espèces ne variait cependant pas de manière de significative (fig. 4), que ce soit pour toutes les espèces (P = 0,81), pour les espèces OEA (P = 0,69) ou pour les espèces IE (P = 0,06). Ces résultats se différencient d’études qui avaient révélé une baisse du nombre d’espèces avec la progression de la couverture boisée (Anthelme et al. 2001; Freléchoux et al. 2007). Ces études n’avaient pas pris en compte la diminution de la surface herbagère avec une augmentation du taux de couverture. Par conséquent, il n’est pas possible de distinguer l’effet de surface (plus les arbustes nains couvrent

Tableau 1 | Nombre de toutes les espèces végétales, nombre des espèces cibles et caractéristiques définies dans les objectifs environnementaux pour l’agriculture (espèces OEA) et nombre des espèces indicatrices de la qualité des régions d’estivage (espèces IE) pour l’alpage Pian Doss (n = 15) et l’alpage Tälli (n = 15). SE = erreur type

Nombre d’espèces Toutes les espèces

174

Alpage Pian Doss Min-Max

Alpage Tälli

Moyenne ± SE

Total

Min-Max

Moyenne ± SE

Total

25–49

37,5 ± 1,9

94

18–33

25,3 ± 1,7

63

Espèces OEA

6–17

12,7 ± 0,7

34

3–12

6,4 ± 0,6

23

Espèces IE

8–18

12,5 ± 0,7

30

5–15

9,5 ± 0,9

27

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Biodiversité précieuse dans les herbages des ­a lpages envahis par les broussailles | Environnement

25

Alpage Pian Doss

20

● ●

15

● ●

50

60

70

80

20

30

40

50

60

70

80

8

10

8

12

40

● ●

30

● ●

20

● ●

● ●

6

●● ●

● ●

● ●

4

0

2

Espèces OEA Nombre d‘espèces 2 4 6

10

Toutes les espèces Nombre d‘espèces 10 15 20

Alpage Tälli

30

40

50

60

70

80

20

40

50

60

70

80

8

10

30

● ●

● ●

● ●

6

● ●

● ●

● ●

4

Espèces IE Nombre d‘espèces 4 6 8

10

20

● ●

2

2

20

30 40 50 60 70 Couverture par les arbustes nains

80

20

30 40 50 60 70 Couverture par les arbustes nains

80

Figure 4 | Moyennes (± erreurs types) des cinq surfaces herbagères par cercle: 1) nombre de toutes les e­ spèces végétales (en haut); 2) nombre des espèces OEA (au centre) et 3) nombre d’espèces IE (en bas) en ­f onction de la couverture par les arbustes nains dans les cercles.

de surface, moins les espèces herbagères trouvent de place pour s’établir) et l’effet de la progression de la forêt qui a conduit à la baisse du nombre d’espèces. On ne peut pas exclure que la baisse du nombre d’espèces végétales mentionnée dans les études citées soit due à la taille des surfaces et non à la progression de la forêt proprement dite, car dans la présente étude, le nombre d’espèces ne continue pas à diminuer même avec un pourcentage élevé de broussailles (50 – 80 %).

Composition des espèces végétales Sur l’alpage Tälli, les espèces dominantes étaient les airelles et les myrtilles des marais (Vaccinium myrtillus, V. uliginosum), et sur l’alpage Pian Doss le genévrier nain (Juniperus communis ssp. alpina) et le rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum). Autant la couverture par les arbustes nains que le site avaient une influence significative sur la composition des espèces des surfaces herbagères (toutes les espèces, les espèces OEA 

Tableau 2 | Décomposition de la variance dans la composition de toutes les espèces végétales, des espèces OEA et des espèces IE, obtenue par analyse de redondance Toutes les plantes

Espèces OEA

Espèces IE

df1

%SC2

df1

%SC2

df1

%SC2

Site

1

11,1***

1

8,8***

1

10,5***

Couverture par les arbustes nains

1

4,6**

1

4,4*

1

5,7**

Résidu

27

84,3

27

86,6

27

83,8

Marges de liberté. 2 SC = somme des carrés; pourcentage de variance expliquée dans les données d’abondance; signifiance par rapport à 999 tests de permutation Monte Carlo: * P < 0,05, **P < 0,01 et ***P < 0,001. 1

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Environnement | Biodiversité précieuse dans les herbages des ­a lpages envahis par les broussailles

Espèces végétales: Achillea millefolium (achmil), ­A grostis capillaris (agrcap), Agrostis schraderiana (agrsch), Androsace obtusifolia (andobt), Antho-

1

1,5

Couverture par les arbustes nains

1,0

Alpage Pian Doss

(caraca), Chaerophyllum villarsii (chavil), Dianthus superbus (diasup), Diphasiastrum alpinum (dipalp),

agrsch +

RDA2 0,0

Euphorbia cyparissias (eupcyp), Festuca rubra

narstr+

­(fesrub), Galium pumilum (galpul), Hieracium ­h oppeanum (hiehop), Homogyne alpina (homalp), Laserpitium halleri (lashal), Leontodon helveticus

Site

0

0,5

tripra++ carsem ++ + + ++ + ++ + + + chavil loipro + + ++ + ++ + leohel + + ++ ++ + + + lashal + potere + ● + + ++ lotcor antodo + homalp + + + ++ + + + + phlalp dipalp+ + arnmon ++ + + fesrub ++ ++ + + avefle phybet + + + + galpum + + + carfri + + hiehop + ligmut + + + ++ ++ + tricae + ++ + + + + diasup + +caraca+ + + achmil + + + andobt+ + potaur + + agrcap+ + + + poacha + + + +

−0,5

(carfri), Carex sempervirens (carsem), Carlina acaulis

vacmyr +

Alpage Tälli

xanthum odoratum (antodo), Arnica montana ­(arnmon), Avenella flexuosa (avefle), Carex frigida

(leohel), Ligusticum mutellina (ligmut), Loiseleuria procumbens (loipro), Lotus corniculatus (lotcor), Nardus stricta (narstr), Phleum alpinum (phlalp), Phyteuma betonicifolium (phybet), Poa chaixii ­( poacha), Potentilla aurea (potaur), Potentilla erecta

eupcyp + troeur +

(potere), Trichophorum caespitosum (tricae), Trifoli-

−1,0

um pratense (tripra), Trollius europaeus (troeur), Vaccinium myrtillus (vacmyr).

−1,5

−1,0

−0,5

0,0 RDA1

0,5

1,0

1,5

Figure 5 | Graphique (établi par analyse de redondance RDA), qui montre la composition de toutes les espèces végétales avec un taux de couverture de ≥ 10 % pour les alpages Tälli (n = 15) et Pian Doss (n = 15). La taille des points correspond à la couverture par les arbustes nains dans chaque cercle.

et les espèces IE; tabl. 2). Les modèles expliquent 15,7 % de la variance dans la composition de toutes les espèces végétales, 13,2 % de celle des espèces OEA et 16,2 % de celle des espèces IE. La figure 5 illustre ces résultats.

Conclusions Le pourcentage de surface occupée par les arbustes nains avait une influence significative sur la composition des espèces, mais pas sur le nombre d’espèces au total, ni sur celui des espèces attestant la qualité du milieu. Cela signifie que la composition des espèces varie, mais que leur nombre reste constant. Lorsque des espèces disparaissent, elles sont remplacées par d’autres: sur l’alpage Pian Doss par exemple, l’euphorbe petit-cyprès (Euphorbia cyparissias) se développait plutôt avec un faible pourcentage de broussailles et le trèfle violet (Trifolium pratense) plutôt avec un fort pourcentage. Tant que les graminées et les herbacées ont suffisamment de place pour pousser, la taille de la surface ouverte semble jouer un rôle secondaire. Pour réussir à retransformer des surfaces totalement envahies par les broussailles en des pâturages d’une grande diversité végétale, les surfaces

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herbagères sont très importantes car elles constituent des réservoirs de semences (Barbaro et al. 2001). Même de petites surfaces ouvertes environnées d’arbustes nains peuvent remplir cette fonction. Par conséquent, les surfaces herbagères ouvertes sont précieuses pour le maintien de la biodiversité des alpages, aussi petites soient-elles. n

Remerciements

L’étude fait partie du sous-projet 5 «Qualité de la biodiversité» d’AlpFutur. Elle a pu être réalisée grâce au soutien financier d’Armasuisse, de l’Office fédéral de l’environnement, de la Fondation Sophie et Karl Binding, de Ricola AG et du canton des Grisons.

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Preziosa biodiversità nelle superfici di prato di pascoli alpestri invasi da cespugli L'alpicoltura vanta una lunga tradizione in Europa. I pascoli d'estivazione caratterizzano il paesaggio coltivo e presentano un'elevata biodiversità. Eppure, un numero sempre più alto di pascoli alpestri viene abbandonato e invaso da cespugli. Con ciò sparisce anche la diversità di piante e animali che li contraddistingue. Il presente studio ha lo scopo di illustrare, nel quadro del progetto congiunto AlpFutur, l'effetto degli arbusti sulle piante erbacee e graminacee degne di preservazione che crescono sulle superfici non ancora invase dai cespugli. Due pendii non piú pascolati appartenenti a 2 alpi su versanti opposti del Passo del San Bernardino, Alp Pian Doss e Tällialp, sono stati esaminati. Mentre per il numero totale di piante come anche quello delle piante indicatrici di qualità è stato trovato soltanto un effetto dell'ubicazione, sia l’ubicazione che il grado di copertura dei cespugli hanno mostrato un effetto sulla composizione vegetale delle superfici di prato. I risultati indicano che anche piccole superfici di prato circondate da cespugli possono ospitare molte specie tipiche delle praterie.

Bibliographie ▪▪ Anthelme F., Grossi J., Brun J. & Didier L., 2001. Consequences of green alder expansion on vegetation changes and arthropod communities removal in the northern French Alps. Forest Ecology and Management 145, 57–65. ▪▪ Barbaro L., Dutoit T. & Cozic P., 2001. A six-year experimental restoration of biodiversity by shrub-clearing and grazing in calcareous grasslands of the French Prealps. Biodiversity and Conservation 10, 119–135. ▪▪ Bätzing W., 2003. Die Alpen – Geschichte und Zukunft einer europäischen Kulturlandschaft. C. H. Beck, Munich. ▪▪ Baur P., Müller P. & Herzog F., 2007. Alpweiden im Wandel. Agrarforschung 14 (6), 254–259. ▪▪ Baur P., Bebi P., Gellrich M. & Rutherford G., 2006. WaSAlp – Waldausdehnung im Schweizer Alpenraum. Eine quantitative Analyse naturräumlicher und sozio-ökonomischer Ursachen unter besonderer Berücksichtigung des Agrarstrukturwandels. Schlussbericht. Eidg. Forschungsanstalt WSL, Birmensdorf, Schweiz. pp. 64. Accès: www.wsl.ch/projects/WaSAlp. ▪▪ ESRI, 2009. Arc-Info Software Version 9.3.1 software program produced by the authors at the ESRI, Redlands, CA, USA. ▪▪ Freléchoux F., Meisser M. & Gillet F., 2007. Succession secondaire et perte de diversité végétale après réduction du broutage dans un pâturage boisé des Alpes centrales suisses. Botanica Helvetica 117, 37–56.

Summary

Riassunto

Biodiversité précieuse dans les herbages des ­a lpages envahis par les broussailles | Environnement

Valuable biodiversity in grassland areas of encroached alpine pastures Europe has a long tradition of alpine grazing. Alpine pastures shape the cultivated landscape supporting a high biodiversity. However, more and more alpine pastures are abandoned and affected by shrub encroachment, leading to the disappearance of plant and animal biodiversity. As part of the «AlpFutur» collaborative project, the aim of this study was to highlight the influence of dwarf shrubs on valuable herb and grass species occurring in open grassland areas surrounded by dwarf shrubs. On two alps on both sides of the San Bernardino Pass, Alp Pian Doss and Tällialp, two abandoned slopes were investigated. Whereas the number of all plants as well as quality plant species were affected by site only, both site and degree of shrub encroachment in the vicinity of the grassland areas had a significant effect on species composition. The results show that even small open areas surrounded by dwarf shrubs harbour many valuable grassland species. Key words: AlpFutur, alpine agriculture, land abandonment, plant diversity, shrub encroachment.

▪▪ Lüscher G. & Walter T., 2009. Indikatoren für Ökoqualität im Sömmerungsgebiet. Agrarforschung 16 (5), 145–151. ▪▪ Mack G., Walter T. & Flury C., 2008. Entwicklung der Alpung in der Schweiz: Ökonomische und ökologische Auswirkungen. In: Yearbook of Socioeconomics in Agriculture 2008, 259–300. ▪▪ Müller P., 2002. Einfluss von Standort und Nutzung auf die Alpweidvegetation und ihre Bedeutung für die nachhaltige Alpnutzung, Ph.D. Thesis, Swiss Federal Institute of Technology, Zurich. ▪▪ OFEV & OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l’agriculture. A partir de bases légales existantes. In: Connaissance de l’environnement, Office fédéral de l'environnement OFEV, Berne. ▪▪ R Core Team, 2012. R: A language and environment for statistical computing software program produced by the authors at the R Foundation for Statistical Computing, Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0, Accès: http://www.R-project.org/. ▪▪ Zoller H. & Bischof N., 1980. Stufen der Kulturintensität und ihr Einfluss auf Artenzahl und Artengefüge der Vegetation. Phytocoenologia 7, 35–51.

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S o c i é t é

Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? Stefan Mann, Ali Ferjani, Albert Zimmermann, Gabriele Mack et Anke Möhring, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Stefan Mann, e-mail: stefan.mann@agroscope.admin.ch, tél. +41 52 368 32 38

Le présent article aborde également la question des implications économiques d’une reconversion généralisée à l’agriculture biologique.

L’engrais vert jouerait aussi un rôle important dans une «Suisse, pays bio».

Introduction D’aucuns se demandent parfois quelles seraient les conséquences d’une reconversion généralisée de l’agriculture à l’agriculture biologique, à l’échelle de certaines régions (pour le Bade-Wurtemberg, cf. Weinschenck et Braun 1996), de pays entiers (pour l’Autriche, cf. Freyer et Dorninger 2008) ou même du monde entier (Bechmann et Maier-Schaidnagel 1996). De telles reconversions à grande échelle s’accompagneraient d’un allègement écologique (Weinschenck et Braun 1996; Bechmann 2003) – ce fait est relativement incontesté. Pour l’Autriche, Freyer et Dorninger (2008) parlent d’une réduction de 30% des gaz à effet de serre émis par l’agriculture. Il est plus difficile de répondre à la question des implications économiques d’une reconversion totale. Acs et al. (2007) identifient par exemple l’amortissement incessant des machines devenues superflues comme source potentielle de manque de rentabilité des exploitations reconverties.

178

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 178–183, 2013

Pourquoi une reconversion totale en Suisse? Il existe en principe de bonnes raisons de reconvertir à l’agriculture biologique non seulement des exploitations individuelles, mais des régions entières. Les consommatrices et consommateurs doutent parfois que l’utilisation des produits agrochimiques s’arrête à la limite des champs. Une reconversion de régions entières résoudrait ce problème, tout comme elle faciliterait la communicabilité entre les régions biologiques et servirait d’argument de vente. Dans le contexte international, d’autres arguments expliquent aussi pourquoi les conditions d’une reconversion totale à l’agriculture biologique sont meilleures en Suisse que dans de nombreux autres pays: 1. Les prix des produits biologiques, plus élevés que les denrées alimentaires produites de façon conventionnelle, ne sont facilement acceptables pour les consommatrices et consommateurs que dans des pays au niveau de vie relativement élevé. 2. En Europe centrale et occidentale, la Suisse est l’un des rares pays non-membre de l’UE dans lequel les dispositions étatiques d’une reconversion totale seraient tolérables en termes de droit de la concurrence. 3. Dans les régions de montagne, le désavantage concurrentiel d’une agriculture biologique est moindre au point de vue économique que dans les régions de grandes cultures où les produits agrochimiques jouent un rôle plus important. En raison de la part élevée d’agriculture de montagne en Suisse, les coûts nationaux d’une reconversion totale en seraient limités. 4. Il en est de même pour les structures agricoles du pays. Les petites exploitations agricoles pourraient mieux surmonter une reconversion à l’agriculture biologique que les grandes exploitations. 5. Les denrées alimentaires suisses bénéficient, aujourd’hui déjà, d’une image de haute qualité (Bolliger et Reviron 2008). Elles offrent ainsi des conditions favorables à l’établissement d’une image Bio Suisse.


Malgré ces avantages, il est improbable qu’une reconversion totale se réalise en Suisse, en raison notamment de l’hostilité de tous les décideurs face aux mesures de contrainte. D’une part, l’esprit de libre entreprise revêt de toute façon une haute importance en Suisse. D’autre part, la politique agricole s’est efforcée, ces dernières décennies, de sensibiliser les agricultrices et agriculteurs à cette liberté de décision en prenant de nombreuses mesures de libéralisation. Dès lors, l’imposition d’une reconversion de l’agriculture suisse serait contraire à l’esprit actuel.

Méthodes Les conséquences d’une reconversion totale de la Suisse à l’agriculture biologique sont appréciées à l’aide du modèle multi-agents SWISSland. Ce dernier représente 3000 exploitations agricoles soumises à un processus annuel d’optimisation et il en extrapole le résultat pour l’ensemble de l’agriculture suisse. Comme le modèle prévoit, dans certaines conditions, d’attribuer des tâches aux exploitations et que les surfaces devenues libres sont transmises à des exploitations voisines, SWISSland émet aussi des hypothèses sur l’évolution des structures. Alors qu’il faut se référer à d’autres publications pour obtenir une représentation détaillée de l’outil prévisionnel SWISSland (Möhring et al. 2010), la modélisation de la forme d’agriculture dans cet outil sera abordée ciaprès de façon ciblée. Les probabilités d’une reconversion ont été nouvellement introduites dans le modèle, dans les deux sens (des PER à bio et inversement), sur la base d’un sondage réalisé auprès des exploitations suisses (Ferjani et al. 2010). Cette reconversion facultative, soumise aux conditions de la politique agricole 2014 – 2017 qui sera poursuivie jusqu’en 2020, a été utilisée comme scénario de référence. Ce dernier a été confronté à un scénario prévoyant que l’agriculture biologique serait la seule forme de production autorisée pour les exploitations agricoles à partir de 2018. Comme l’agriculture biologique impose d’autres exigences liées aux ressources propres et extérieures à l’exploitation, et qu’elle s’accompagne d’un autre niveau de rendement, ces facteurs ont pu être facilement pris en compte dans le modèle. Une reconversion à l’agriculture biologique entraîne généralement des pertes de rendement dans les cultures et des baisses de performance chez les animaux. En outre, les besoins en moyens de production et le volume de travail s’en trouvent modifiés. On assiste souvent à un déplacement des coûts variables (fumure, produits phytosanitaires, fourrages) vers des coûts fixes (entrepôts d’engrais de ferme, coûts de la main-d’œuvre). Les moyens de pro-

Résumé

Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? | Société

Si l’on s’engage dans une reconversion totale de régions entières à l’agriculture biologique, aucun autre pays que la Suisse ne s’y prête aussi bien, grâce à son pouvoir d’achat élevé, aux conditions naturelles du milieu, aux structures agricoles de petite échelle et à son autonomie politique. Le modèle prévisionnel de SWISSland est utilisé afin de simuler une reconversion totale à l’agriculture biologique pour la période 2018–2020 et de la comparer avec une poursuite de la PA 2014–2017. Une telle reconversion élargirait légèrement les cultures aux dépens de la production animale. Le recul de la main-d’œuvre en serait freiné et la production de denrées alimentaires diminuerait de 17 % (céréales) à 50 % (betterave sucrière). Cette baisse de production relativise aussi l’allègement écologique qui l’accompagne, à savoir une économie de 42 % d’énergie utilisée dans le secteur agricole. Sur le plan économique, une reconversion totale de l’agriculture suisse à l’agriculture biologique ne serait acceptable que si les consommatrices et consommateurs la soutenaient en payant des prix plus élevés pour les denrées alimentaires, et non en remplaçant les actuels produits PER par une large consommation de produits importés fabriqués de façon conventionnelle.

duction coûtent souvent plus cher, mais par contre, les exploitations biologiques atteignent des prix de production plus élevés et obtiennent des paiements directs supplémentaires. Les hypothèses de modélisation des rendements, prix et coûts de la production végétale et animale, sont présentées dans les tableaux 1 et 2. Bien que la distinction entre l’Ordonnance fédérale sur l’agriculture biologique et les directives du Bourgeon de Bio Suisse ne soit pas évidente dans le scénario, le modèle admet que le besoin de place des animaux est axé sur les directives de Bio-Suisse dans le scénario bio. Cela signifierait qu’il faudrait élargir la capacité des étables ou limiter le nombre d’animaux. Il a également été supposé que le fourrage utilisé pour les animaux est issu d’une production exclusivement biologique. La prévision du niveau des prix en cas de reconversion couvrant tout le territoire est l’une des questions les plus compliquées. D’une part, il est possible que les consommatrices et consommateurs ne soient guère disposés à passer aux produits d’importation fabriqués de 

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 178–183, 2013

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Société | Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio?

Tableau 1 | Hypothèses sur la production végétale biologique: rendements, prix, besoin en travail et coûts spécifiques (en % des PER) Rendement physique

Prix à la production

Besoin en ­travail

Semences

Fumure

Protection ­phytosanitaire

Autres coûts directs

Céréales panifiables

81 %

179 %

133 %

166 %

13 %

155 %

Céréales fourragères

83 %

239 %

118 %

151 %

12 %

78 %

Colza

68 %

236 %

167 %

109 %

87 %

106 %

Légumineuses

64 %

253 %

323 %

161 %

83 %

83 %

Maïs-grain

66 %

215 %

172 %

144 %

24 %

56 %

113 %

Maïs d’ensilage

85 %

128 %

136 %

15 %

56 %

187 %

78 %

Pommes de terre

72 %

196 %

156 %

119 %

143 %

Betterave sucrière

54 %

250 %

355 %

132 %

150 %

131 %

Fruits

77 %

175 %

133 %

147 %

317 %

112 %

140 %

Légumes

77 %

175 %

152 %

133 %

87 %

86 %

155 %

172 %

Source: Catalogue des marges brutes Agridea, édition 2012.

Tableau 2 | Hypothèses sur la production animale biologique: prestations, prix et besoin en fourrage (en % des PER) Prestations en nature

Prix à la production

Besoin en fourrage ­ de base

Besoin en concentrés

Prix des concentrés

Vache laitière

88 %

133 %

100 %

50 %

134 %

Vache-mère

100 %

102 %

100 %

100 %

130 %

Veaux à l’engrais

77 %

107 %

100 %

97 %

106 %

Bovins à l’engrais

71 %

120 %

185 %

15 %

107 %

Porcs à l’engrais

90 %

214 %

141 %

108 %

Porcs d’élevage

96 %

220 %

100 %

104 %

127 %

Poules pondeuses

90 %

184 %

128 %

111 %

Poulets de chair

80 %

246 %

111 %

108 %

Source: Catalogue des marges brutes Agridea, édition 2012.

façon conventionnelle. Si l’on considère également le manque croissant de produits suisses auquel il faut s’attendre en cas de reconversion, il est concevable que le niveau actuel des prix des produits biologiques soit maintenu. Mais inversement, on peut aussi admettre qu’une large majorité des consommatrices et consommateurs optent pour les produits d’importation fabriqués de façon conventionnelle. Dans ce cas, et en admettant que la protection extérieure reste la même, les agricultrices et agriculteurs devraient s’en sortir avec un niveau de prix correspondant à celui des PER d’aujourd’hui. Pour résoudre ce dilemme, le niveau des prix bios a encore été pris en considération dans le modèle pour 2018, mais il a été supposé que celui des PER baisserait jusqu’en 2020. Il est ainsi possible de représenter les deux conditions ainsi qu’un compromis (vraisemblable). Une reconversion couvrant tout le territoire serait certainement rendue difficile par la situation économique des exploitations reconverties, qui devraient certes remplir les mêmes conditions que les exploitations biologiques, mais sans bénéficier des mêmes prix. Afin d’éviter toute injustice, il a été supposé que l’Etat compenserait finan-

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Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 178–183, 2013

cièrement ce désavantage des exploitations durant la phase de leur reconversion généralisée. Pour le reste, il a été admis que les paiements directs continueraient d’être accordés comme dans la PA 2014 – 2017. Il a donc fallu prévoir des réductions linéaires dans chaque type de paiement direct. Sinon, l’Etat devrait s’attendre à des dépenses supplémentaires à plus long terme encore, car l’agriculture biologique profite davantage des paiements directs à l’heure actuelle. Outre l’analyse économique, les conséquences écologiques d’une reconversion totale ont aussi été comparées à un scénario de référence et définies à l’aide de la méthode décrite par Zimmermann et al. (2011).

Résultats Notons tout d’abord que la reconversion totale ne modifierait pas notablement l’ensemble des terres exploitées. Toutefois, la part de terres ouvertes augmenterait quelque peu aux dépens des pairies artificielles. La figure 1 le montre clairement; elle indique également quelles cultures profitent particulièrement du renforce-


Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? | Société

terres ouvertes

300 250

38 20

200

18

150

52

100 50

86

39

39

38

38

37

35

35

38

34

34

33 18

33 18

33 18

16

16

16

18

19

19

19

19

19

18

18

18

18

17

17

18

18

18

17

17

17

16

39

20

47

47

46

46

46

47

47

48

48

48

48

48

52

80

79

82

82

82

82

82

83

83

83

83

83

86

39

38

38

37

35

35

34

34

19

19

19

19

19

18

18

18

18

17

17

18

18

18

17

17

17

16

autres cultures

35 16

40 15

43

maïs d’ensilage

13

betterave fourragère

17

16

16

53

54

47

47

46

46

46

47

47

48

48

54

80

79

82

82

83

82

82

82

83

82

85

83

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

pomme de terre légumes légumineuses

0

Réf ( -4,8%)

betterave sucrière

tournesol soja colza maïs-grain céréales fourragères

100% Bio (-1,1%)

céréales panifiables

Figure 1 | Résultats du modèle SWISSland: évolution des terres ouvertes (1000 ha).

La figure 2 montre qu’une reconversion totale entraînerait aussi une nette limitation de la production animale. En raison à la fois de la faible productivité à la surface de l’agriculture biologique et des prescriptions plus sévères en matière de protection des animaux, il faudrait plus de surfaces fourragères pour élever moins d’animaux. Concrètement, les effectifs de bétail diminueraient environ d’un quart en cas de reconversion totale. Cette baisse est pratiquement la même dans toutes les catégories d’animaux, bien qu’elle soit plus accentuée dans l’élevage bovin que dans la transformation. Cela se répercute nettement aussi sur la charge en bétail moyenne qui tomberait de 1,26 UGB aujourd’hui à 0,98. Il est évident que la production diminuerait sérieusement lors d’une reconversion totale à l’agriculture biologique. Selon les résultats du modèle, une Suisse totalement reconvertie à la production biologique devrait réduire sa production et se contenter d’un sixième de moins de céréales et de lait, d’un tiers de moins d’oléagineux, de fruits et de légumes, et d’à peu près la moitié 

ment des grandes cultures: tandis que la betterave sucrière occupe moins de place, les surfaces nécessaires pour les céréales fourragères et le maïs d’ensilage s’élargissent nettement. Cette augmentation de la culture fourragère de plein champ compensera partiellement la baisse des rendements à la surface. L’accroissement le plus marquant s’observe dans les cultures de légumineuses dont la surface augmente d’au moins 50  %, même lors d’une évolution défavorable des prix. Etant donné que les grandes cultures biologiques posent des exigences particulières dans la gestion des éléments nutritifs, des adventices et des ravageurs, la hausse modélisée aux dépens des prairies artificielles est surestimée ou alors réaliste uniquement en raison des imposantes prestations de consultations liées à cette gestion. La reconversion totale à des cultures pérennes reflète une image moins positive que celle des grandes cultures. Alors que le scénario de référence indique déjà une diminution de 6% des surfaces cultivées, cette baisse passerait du simple au double dans le scénario bio, selon les prévisions du modèle.

1400

poulets de chair

1200

poules pondeuses truies à l’engrais

1000 800 600

truies d’élevage 137 139 138 137 135 133 129

128 126 125 124 123 122 86 86 86 86 86 86 79 78 78 76 75 75 75

400 200

557 568 561 557 550 542 526 520 513 509 504 497 492

137 139 138 137 135 133 129

128 126 126 113 110 110 86 86 86 86 86 86 79 78 78 76 70 70 70

557 568 561 557 550 542 527 520 513 509

459 446 444

chèvres moutons chevaux bétail à l’engrais veaux à l’engrais élevage

Réf (-12,0%)

100% Bio (-23,9%)

2020

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2017

2016

2015

2014

2013

2011

2012

2010

2009

2008

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

0

jeune bétail vaches-mères vaches laitières

Figure 2 | Résultats du modèle SWISSland: évolution des effectifs animaux (1000 UGB).

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 178–183, 2013

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Société | Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio?

3206 2898 10288

3347 2984

3784 3137 12756

11186

3738 3041

3839 3136 10535

10316

3930 3191

4035 3290 11013

10717

4333 3633

4241 3566

11746

11371

4466 3881

4403 3768

12310

11981

4571 3970 12453

4400 4021 11568

3047 2843

3122 2913 9830

9613

3308 2983

3738 3034 10317

10720

10538

11368

11004

5000

11568

10000

10051

3939 3185

3846 3127

4240 3570

4401 3769

4330 3635

11984

11742

4041 3281

4571 3970

4463 3881

12454

15000

12311

20000

4400 4021

25000

région de montagne région de collines région de plaine

Réf (-22,4%)

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2012

2011

2010

2009

2008

2020

2019

2018

2017

2016

2015

2014

2013

2011

2012

2010

2009

2008

0

100% Bio (-18,0%)

Figure 3 | Résultats du modèle SWISSland: évolution des unités de main-d'œuvre non familiale.

moins de pomme de terre et de betterave sucrière. Dans l’ensemble, la production d’énergie alimentaire baisserait de quelque 30 % par rapport aux valeurs référentielles. Cette baisse de production mérite bien sûr d’être aussi prise en considération si l’on réfléchit aux effets d’une reconversion totale sur l’environnement. Les besoins directs et indirects en énergie de l’agriculture en Suisse, pays bio, sont de 42 % inférieurs à ceux du scénario de référence, selon l’analyse. L’économie par calorie produite est moindre, mais elle compte tout de même encore 16 %. Dans le cas du potentiel d’effet de serre, l’énergie alimentaire passe à un autre rang avec la valeur référentielle: face à une économie absolue de 23 %, on obtient 12 % de gaz à effet de serre en plus par calorie produite. En ce qui concerne les effets toxiques, le résultat du scénario bio est nettement plus favorable, tandis que les effets de l’acidification et de l’eutrophisation sur l’environnement ne changent guère, voire augmentent nettement par calorie. Cela est principalement dû aux émissions d’ammoniac qui augmentent dans l’agriculture biologique lors de l’épandage, notamment en raison du contact de surface plus étendu dans l’étable et de la plus large répartition des surfaces. Il convient en même temps de considérer le fait que l’agriculture biologique implique un travail plus intensif que l’agrosystème prédominant aujourd’hui. Comme le montre la figure 3, la diminution de la main-d’œuvre prévue généralement dans le modèle est beaucoup moins marquée dans le cas d’une reconversion totale. Le modèle est moins qualifié pour émettre des prévisions sur les changements structurels et l’évolution des revenus. Du point de vue économique, le scénario de la reconversion totale n’a pas une influence claire sur le rythme des changements structurels. Mais il est parfaitement concevable que les agricultrices et agriculteurs ne

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soient pas tous prêts aujourd’hui à adopter un mode de production biologique et préfèrent abandonner la gestion de leur exploitation. Le modèle SWISSland ne peut pas prévoir de tels facteurs sans disposer de données issues d’une enquête adéquate. Il est tout aussi difficile de prévoir l’évolution des prix et des revenus. En admettant que les prix bios restent stables après une reconversion totale, le revenu agricole moyen augmenterait d’environ un quart. Cela laisse supposer que les consommateurs achèteraient plutôt des produits biologiques que des denrées alimentaires importées. Dans un scénario inverse, une part des consommateurs non disposés à payer les prix bios d’aujourd’hui préférerait acheter des produits importés. Les prix bios tomberaient alors au niveau actuel des PER, ce qui entraînerait la perte de près de la moitié du revenu d’une exploitation moyenne. Là aussi, le modèle n’est pas en mesure de prendre une décision entre ces scénarios. Mais les résultats montrent qu’une reconversion totale ne serait économiquement judicieuse que si elle était soutenue par une large part des consommatrices et consommateurs.

Conclusions Une Suisse totalement reconvertie à la production biologique serait l’endroit pour une agriculture ayant moins d’animaux et plus de grandes cultures qu’aujourd’hui. La reconversion à une agriculture biologique freinerait le recul de la main-d’œuvre dû aux progrès techniques. On y produirait nettement moins de denrées alimentaires que jusqu’à présent, ce qui ferait baisser le taux d’autosuffisance. La disposition des consommatrices et consommateurs suisses à payer plus pour les denrées alimentaires biologiques du pays est à la clé de la réussite d’une Suisse, pays bio. n


Immaginiamo la Svizzera bio Se si punta a una riconversione globale di intere regioni all'agricoltura biologica, nessun Paese risulta più adeguato della Svizzera che può contare su elevato potere d'acquisto, condizioni locali naturali, strutture agricole di piccole dimensioni e autonomia politica. Mediante il modello di previsione SWISSland si simula un passaggio all'agricoltura biologica sull'intero territorio nazionale negli anni 2018–20 e lo si mette a confronto con un proseguimento della PA 14–17. Se si realizzasse tale passaggio, la campicoltura si estenderebbe leggermente a scapito della detenzione di animali, il calo di manodopera subirebbe un rallentamento e la produzione di generi alimentari si ridurrebbe dal 17 (cereali) al 50 (barbabietole da zucchero) per cento. Tale flessione della produzione ridimensiona anche lo sgravio ecologico sotto forma di un risparmio del 42 per cento dell'energia utilizzata nel settore agricolo. Da un punto di vista economico, una riconversione totale dell'agricoltura svizzera al biologico risulterebbe sopportabile soltanto se i consumatori la sostenessero pagando prezzi più alti per i generi alimentari e non continuassero a consumare merce d'importazione prodotta in maniera convenzionale al posto degli attuali prodotti PER.

Bibliographie ▪▪ Acs S., Berentsen P. B. M. & Huirne R. B. M., 2007. Conversion to organic arable farming in The Netherlands: A dynamic linear programming analysis. Agricultural Systems 94 (2), 405–415. ▪▪ Bechmann A. & Maier-Schaidnagel R., 1996. Global organic farming: a realistic utopia? Ecology and farming 12, 29–32. ▪▪ Bechmann A., 2003. Ökologischer Landbau – die Landwirtschaft der ­Z ukunft. Barsinghausen: Edition Zukunft. ▪▪ Bolliger C. & Reviron S., 2008. Consumer willingness to pay for Swiss chicken meat: an in-store survey to link stated and revealed buying behavior. Presentation at the 12th Congress of the European Association of Agricultural Economists, 24.–29.8., Ghent. ▪▪ Ferjani A., Reissig L. & Mann S., 2010. Ein- und Ausstieg im Biolandbau. ART-Schriftenreihe 13, Ettenhausen.

Summary

Riassunto

Quel serait l’aspect d’une Suisse, pays bio? | Société

What would an organic Switzerland look like? Switzerland‘s high purchasing power, natural site conditions, small-scale agricultural structure and political independence arguably make it more suitable than any other country for a conversion of entire regions to organic farming. The SWISSland forecast model is used to simulate a complete changeover to organic farming for the time period 2018–20, and to compare this with a continuation of Agricultural Policy 2014–17. A complete conversion to organic agriculture would cause a slight expansion in arable farming to the detriment of animal husbandry. The decline in the work force would be slowed, and the production of foodstuffs would drop by 17 per cent (grains) to 50 per cent (sugar beet). This lower production also puts in perspective the reduction of the environmental burden, such as a 42 % savings on energy expended in the agricultural sector. Switzerland’s total switchover to organic farming would only be economically sustainable if consumers supported it by paying higher prices for food rather than by largely replacing current PEP products with the consumption of conventionally produced imported goods. Key words: organic farming, Swiss agriculture, conversion, modeling.

▪▪ Freyer B. & Dorninger M., 2008. Bio-Landwirtschaft und Klimaschutz in Österreich. Wien: Institut für Ökologischen Landbau. ▪▪ Möhring A., Zimmermann A., Mack G., Mann S., Ferjani A. & Gennaio M.-P., 2010. Multidisziplinäre Agentendefinitionen für Optimierungsmodelle. In J.-P. Loy und Müller R.A.E.: Agrar- und Ernährungsmärkte nach dem Boom. Münster: Landwirtschaftsverlag. ▪▪ Weinschenck G. & Braun J., 1996. Flächendeckender ökologischer Landbau löst Umwelt- und Marktprobleme. Ökologie und Landbau 24 (2), 25–28 ▪▪ Zimmermann A., Baumgartner D., Nemecek T. & Gaillard G., 2011. Are public payments for organic farming cost-effective? Combining a decision-support model with LCA. The International Journal of Life Cycle ­A ssessment 16 (6), 548–560.

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 178–183, 2013

183


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse Dierk Schmid1 et Simon Lanz2 1 Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen, Suisse 2 Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse Renseignements: Dierk Schmid, e-mail: dierk.schmid@agroscope.admin.ch, tél. +41 52 638 33 18

Le type d’exploitation Lait commercialisé est celui qui affiche le pourcentage moyen d’herbe le plus élevé dans la ration, avec environ 85 %.

Introduction La Suisse est un pays d’herbages. Près des trois quarts de la surface agricole utile, qui compte 1,05 million d’hectares, sont exploités sous forme d’herbages. Près de 610 000 ha sont des prairies permanentes (OFAG 2012), exploitées exclusivement comme prairies ou comme pâturages. Il faut encore y ajouter les pâturages d’estivage qui représentent encore environ un demi-million d’hectares. La production fourragère de ces surfaces est valorisée sous forme de lait et de viande grâce à l’élevage d’animaux de rente consommant du fourrage. Une part notable de l’affourragement des ruminants est cependant couverte par les cultures fourragères de plein champ et l’importation de concentrés (Baur 2011). Dans le cadre de la politique agricole 2014–2017, le Conseil fédéral propose, dans la logique des contributions au système de production, une contribution pour

184

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 184–191, 2013

la production de lait et de viande basée sur les herbages. Cette mesure doit permettre de limiter l’utilisation des concentrés dans l’alimentation des ruminants et de conserver durablement l’avantage qu’a l’agriculture suisse par rapport à ses concurrents, à savoir de proposer une alimentation des animaux essentiellement à base de fourrage (Conseil fédéral 2012). Dans le contexte du développement de ce nouvel instrument et de son évaluation future, il est important de savoir quelle est la situation actuelle en matière d’affourragement des ruminants en Suisse. Les bilans d’aliments pour animaux fournissent des informations sur la composition des fourrages à l’échelle du secteur agricole (Union suisse des paysans 2011). A l’échelle de l’exploitation, il existe des études sur les systèmes d’affourragement qui s’appuient sur des normes standard ou des exploitations pilotes pour déterminer la composition du fourrage (p. ex. Notz 2012). Il n’existe cependant aucune étude systématique sur la répartition de ces systèmes d’affourragement, notamment dans l’élevage de vaches laitières. Dans le cadre du présent article et à partir des exploitations comptables du Dépouillement centralisé d’Agroscope, on a étudié la composition de la ration fourragère des exploitations de vaches laitières en Suisse aujourd’hui.

Méthode La quantité de fourrage, disponible sous forme d’herbe1, est calculée à partir de la surface des prairies et des pâturages (sur la base des informations du Dépouillement centralisé des données comptables) ainsi qu’à partir d’un rendement moyen spécifique à la surface. Comme il n’existe aucune donnée sur l’exploitation des herbages, il faut procéder par hypothèses. On suppose par exemple que toutes les prairies extensives produisent exclusivement du foin séché au sol. Dans les autres surfaces où plusieurs modes d’exploitation sont possibles, comme les

Dans cet article, le terme «herbe» est utilisé pour simplifier comme synonyme de fourrage frais, ensilé ou séché provenant de prairies et de pâturages.

1


prairies permanentes, on définit des hypothèses quant à la composition des types de fourrage produits. Par rapport aux autres sources comme le Relevé des données relatives aux structures agricoles, les données des exploitations comptables fournissent non seulement des informations sur les surfaces fourragères, mais aussi des données monétaires sur l’achat et la vente de fourrage grossier. Ceci permet, en divisant la valeur monétaire par un prix moyen estimé par quintal de fourrage, de déduire des quantités physiques. La quantité de maïs-ensilage est calculée de la même manière que pour l’herbe, ou le foin, à partir de la surface de maïs-ensilage et d’un rendement moyen à la surface dépendant de la zone de production. Comme la valeur monétaire de l’achat de fourrage grossier n’est pas disponible pour chaque type de fourrage, on admet que la moitié est composée d’herbe et l’autre moitié de maïs-ensilage. Pour les deux types de fourrage, un prix de CHF 40.–/dt de MS a été fixé. Pour les concentrés destinés aux bovins, on est parti d’un prix moyen de CHF.-/ dt et d’une teneur en MS de 88 %. Dans les exploitations biologiques, un supplément de prix de 50 % a été défini pour les concentrés conformément au rapport de prix entre les céréales issues de la production conventionnelle et de la production biologique. Les hypothèses relatives au fourrage disponible pour les différentes surfaces fourragères sont récapitulées pour chaque zone dans le tableau 1. Les données des exploitations sont compilées en groupes pour le dépouillement. Leurs différences font ensuite l’objet d’une analyse. Cette dernière prend en compte tous les types d’exploitation pour lesquels la production laitière est importante (pour la typologie, voir Mouron et Schmid 2012, p. 11): exploitations de lait commercialisé (type 21) et de type combinées lait commercialisé-grandes cultures (type 51) ou combiné transformation (type 53) 

Résumé

Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse | Production animale

Dans le cadre de la politique agricole 2014 – 2017, le Conseil fédéral propose, dans la logique des contributions au système de production, une contribution pour la production de lait et de viande basée sur les herbages. En vue de développer ce nouvel instrument et de l’évaluer, il est important de savoir quelle est la situation actuelle en matière d’affourragement des ruminants en Suisse. A partir des données comptables du Dépouillement centralisé d’Agroscope, la composition de la ration fourragère des exploitations de vaches laitières suisses a été étudiée. La part de fourrage en provenance des herbages est plus faible dans les exploitations mixtes que dans les exploitations spécialisées de lait commercialisé. Les exploitations biologiques, les exploitations avec un rendement laitier plus bas et les exploitations des zones d’altitude affichent une proportion d’herbe plus élevée dans la ration. Dans l’ensemble, la composition de la ration est hétérogène d’une exploitation à l’autre. Toutefois, une grande partie des exploitations remplissent les conditions pour répondre aux exigences du nouveau programme de production de lait et de viande basée sur les herbages.

Tableau 1 | Hypothèses pour les simulations. Fourrage disponible en dt MS/ha Prairie extensive

Prairie peu ­intensive

Prairie ­permanente

Pâturage ­extensif

Pâturage

Prairie ­temporaire

Foin séché au sol extensif

Foin séché au sol peu intensif

3/4 de foin 1/4 d'herbe ensilée

Herbe de pâtures extensives

2/3 d'herbe de pâtures 1/3 de foin

2/3 d'herbe ensilée 1/3 de foin

Zone de plaine

29,0

59,9

94,1

24,0

91,5

94,7

102,0

Zone de collines

27,2

55,9

91,1

22,4

87,0

90,1

95,8

Zone de montagne 1

25,4

52,4

87,3

21,0

81,9

85,5

90,2

Zone de montagne 2

23,7

48,8

81,5

19,5

76,8

80,0

0,0

Type de p ­ rairie Utilisation

Maïs-­ ensilage

Zone de montagne 3

21,2

43,7

69,9

17,5

65,1

70,7

0,0

Zone de montagne 4

16,8

34,7

53,4

13,9

50,5

56,1

0,0

Hypothèses pertes de stockage ensilage 15 %, foin 6 %, Memento Agricole. Sources: rendements: Dietl 1986; pertes au champ: Agridea 2012 (1).

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 184–191, 2013

185


Production animale | Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30%

Part de concentrés

20%

Part de maîs-ensilage

10% 0%

Part d‘herbe 21

51

53

54

Type d'exploitation Figure 1 | Pourcentages moyens des fourrages disponibles (herbe, maïs-ensilage, concentrés) Quelle: Agroscope, Referenzbetriebe der Zentralen Auswertung en matière sèche dans les types d’exploitation Lait commercialisé (21), Combiné lait commercialisé-grandes cultures (51), Combiné transformation (53) et Combiné autres (54) en 2010.

ou encore combiné autres avec élevage de vaches laitières (type 54). Les types d’exploitation avec élevage bovin sans production laitière n’ont pas été analysés (élevage de vaches-mères, engraissement de gros bétail).

Résultats Composition moyenne du fourrage des différents types d’exploitation La figure 1 représente les pourcentages moyens de fourrage disponible répartis par type de fourrage, herbe, maïs-ensilage et concentrés pour les principaux types d’exploitation avec vaches laitières. Les pourcentages

moyens de fourrage disponible correspondent aux normes d’affourragement (Agridea 2011). Dans tous les types d’exploitation, les herbages fournissent la majeure partie de la ration fourragère. La composition des rations fourragères reflète l’orientation des exploitations vers la production végétale ou animale. Le type d’exploitation le plus répandu, Lait commercialisé (type 21; 32 % de la population du Dépouillement centralisé), est celui qui affiche le pourcentage moyen d’herbe le plus élevé dans la ration, avec environ 85 %. Dans ces exploitations, le maïs-ensilage joue un rôle secondaire (<5 %), et la part de concentrés est d’environ 11 %. En revanche, les exploitations qui combinent la production de lait pour la commer-

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30%

Part d‘herbe > 90 %

20%

Part d‘herbe 80-90 %

10%

Part d‘herbe 70-80 %

0%

Part d‘herbe < 70 % 21

51

53

54

Type d'exploitation Figure | Répartition des exploitations en fonctioncentralisé de la part de fourrage disponible en MS (herbe) et des types Source:2Agroscope, exploitations de référence du Dépouillement d’exploitation Lait commercialisé (21), Combiné lait commercialisé-grandes cultures (51), Combiné transformation (53) et Combiné autres (54) en 2010.

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Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse | Production animale

100% 90% 80% 70% 60% Part d‘herbe > 90 %

50% 40%

Part d‘herbe 80-90 %

30% 20%

Part d‘herbe 70-80 %

10% Part d‘herbe < 70 %

0% Zone de plaie

Zone de collines

Zone de mongagne 1

Zone de mongagne 2

Zone de mongagne 3

Zone de mongagne 4

Figure 3 | Répartition des exploitations de type 21 (PER et Bio) en fonction de la part de fourrage disponible en MS (herbe) et de la zone en 2010.

cialisation et les grandes cultures (type 51; 7 % de la population DC), sont celles qui ont la part d’herbe la plus faible dans la ration, soit 62 %. C’est dans ce type d’exploitation que la part de maïs-ensilage et celle de concentrés sont les plus élevées avec 20 %, resp. 18 %. Les exploitations qui combinent les grandes cultures, le lait commercialisé et la transformation (type 53) ainsi que les exploitations «Combiné Autres» (type 54) se situent entre les deux premiers types d’exploitations mentionnées en ce qui concerne la composition du fourrage. La part de concentrés est très semblable dans les deux types d’exploitation avec environ 15 %. Les exploitations de type 53 ont certes un pourcentage plus élevé de terres assolées ouvertes, environ 44 %, que le type 54 avec 37 %, mais ce dernier a les surfaces de maïs-ensilage les plus importantes en valeur absolue (type 53: 1,9 ha, type 54: 2,6 ha). Par conséquent, la part de maïs-ensilage est plus faible dans les exploitations de type 53. En outre, dans le type d’exploitation 51, on note une corrélation entre l’emploi de maïs-ensilage et de concentrés, c’est-àdire que les exploitations qui présentent un fort pourcentage de maïs-ensilage, utilisent également plus de concentrés. Comment les exploitations se répartissent-elles par rapport à la part d’herbe dans la ration? Les moyennes masquent cependant l’hétérogénéité des exploitations avec différentes compositions de la ration fourragère. La figure 2 représente les exploitations classées en fonction du pourcentage d’herbe dans la ration pour les types d’exploitation Lait commercialisé (21), Combiné lait commercialisé-grandes cultures (51),

Combiné transformation (53) et Combiné autres (54). Tandis que près de 70 % des exploitations du type 51 affichent un pourcentage d’herbe de moins de 70 % dans la ration, ce n’est le cas que de 23 % des exploitations du type 21. La part des exploitations ayant 70 à 80 % d’herbe dans la ration est équivalente dans les trois types d’exploitation 21, 53 et 54, elle est de l’ordre de 30 %. La part des exploitations ayant une part d’herbe supérieure à 80 % dans la ration diminue du type d’exploitation 21 au type 54 en passant par le type 53. Inversement, la part des exploitations ayant un faible pourcentage d’herbe (< 70 %) augmente dans le même ordre. Mode d’exploitation En termes de mode d’exploitation, on constate qu’environ 95 % des exploitations de lait commercialisé bio affichent une part d’herbe dans la ration de plus de 80 % et que 53 % d’entre elles distribuent des rations composées à plus de 90 % d’herbe. Ce n’est pas une contradiction par rapport aux directives biologiques, qui prescrivent au moins 90 % de MS de fourrage grossier pour les ruminants, sachant que le maïs-ensilage (ensilage de maïs plante entière) est également comptabilisé comme fourrage grossier (Biosuisse 2011). Dans les exploitations PER, les rations composées d’une part d’herbe de 80 à 90 % sont les plus répandues (40 % des exploitations). Zones agricoles La figure 3 représente le pourcentage d’exploitations en fonction de la part d’herbe dans la ration et de la zone agricole pour le type d’exploitation Lait commercialisé. 

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Production animale | Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30%

Part d‘herbe > 90 %

20%

Part d‘herbe 80-90 %

10%

Part d‘herbe 70-80 % Part d‘herbe < 70 %

0% < 6000 kg

6000 6500 kg

6500 -

7000 -

7500 -

7000 kg

7500 kg

8000 kg

> 8000 kg

Groupes de production laitière Figure 4 | Répartition des exploitations en fonction de la part de fourrage disponible en MS (herbe) et de la production Source: Agroscope, exploitations de référence du Dépouillement centralisé laitière moyenne par vache. Type d’exploitation 21 en 2010.

Les différences entres les zones sont significatives (test Kruskal-Wallis P < 0,01). Toutes les zones confondues, les exploitations affichant un pourcentage d’herbe compris entre 80 et 90 % dans la ration représentent le plus grand groupe. La part des exploitations de ce groupe augmente de la zone de plaine à la zone de montagne 4 de près de 30 % à 58 %. La part des exploitations avec une ration composée à plus de 90 % d’herbe double de la zone de plaine à la zone de montagne 3 pour atteindre 33 %. Dans la zone de montagne 4, la part d’herbe baisse de nouveau à 20 %. La part des exploitations ayant entre 70 et 80 % d’herbe dans la ration est relativement similaire dans la zone de plaine, la zone des collines et le zone de montagne 1 avec près de 28 %. Dans les zones de montagne plus élevées 2 à 4, la part de ces exploitations est plus faible (15 à 19 %). La situation est inverse avec les exploitations dont la ration est composée de moins de 70 % d’herbe, qui sont les plus fréquentes dans la zone de plaine avec près de 23 % et qui jouent un très petit rôle dans les zones de montagne. Il est frappant de constater que la zone de montagne 4 présente une part plus élevée d’exploitations avec un pourcentage d’herbe inférieur à 70 % et moins d’exploitations avec un pourcentage d’herbe supérieur à 90  %. Globalement, la composition de la ration est très semblable dans la zone

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Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 184–191, 2013

des collines et la zone de montagne 1, de même que dans les zones de montagne 2 et 3. Production laitière La composition de la ration en fonction du rendement laitier est conforme aux attentes. Plus la production laitière est élevée, plus la part des exploitations affichant un fort pourcentage d’herbe dans la ration est réduite (Spearmans Roh = –0,49). Tandis que près de 80 % des exploitations avec une production laitière inférieure à 6500 kg par vache distribuent des rations composées à plus de 80 % d’herbe, ce pourcentage n’est plus que de 37 % dans les exploitations dont la production laitière est supérieure à 8000 kg par vache. Cette situation montre toutefois que les exploitations qui ont un pourcentage élevé d’herbe dans la ration peuvent elles aussi atteindre de gros rendements laitiers. Rentabilité La figure 5 représente la répartition des exploitations en fonction de la valeur économique du revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale et de la part d’herbe dans la ration. Dans tous les groupes de revenu du travail, la moitié des exploitations ont toujours une part de fourrage provenant des herbages supérieure à 80 % dans la ration, et l’autre moitié une part inférieure à


Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse | Production animale

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30%

Part d‘herbe > 90 %

20%

Part d‘herbe 80-90 %

10%

Part d‘herbe 70-80 % Part d‘herbe < 70 %

0% V1

V2

V3

V4

Groupes d'exploitations répartis en fonction du revenu du travail par unité de main-d'oeuvre familiale Figure 5 | Répartition des exploitations en fonction de la part de fourrage disponible en MS (herbe) et classeSource: exploitations référence du par Dépouillement centralisé du revenu du travail par unité de main-d’œuvre ment enAgroscope, quatre groupes de de taille égale ordre croissant ­f amiliale. Type d’exploitation 21, région de plaine en 2010.

80 %. On constate que le groupe avec le revenu du travail le plus élevé est aussi celui qui réunit la plus grande part des exploitations avec une petite proportion d’herbe dans la ration (< 70 %) et avec une grande proportion d’herbe, tandis que les exploitations dont la proportion d’herbe dans la ration est comprise entre 70 et 90 % sont les moins représentées. En région de montagne, il y a une corrélation positive entre une forte proportion d’herbe et le revenu du travail. Sinon, il n’a pas été possible d’établir de relation entre la proportion d’herbe et la rentabilité.

3%

Extrapolation Pour estimer la quantité absolue de fourrage et sa répartition totale, les valeurs fourragères (MS) des exploitations ont été extrapolées. On admet que les exploitations de référence représentent toutes les exploitations de l’«univers Suisse». Pour calculer combien d’exploitations sont représentées par une exploitation de référence, les exploitations de référence et les exploitations de l’«univers Suisse» ont été réparties en strates (région, type d’exploitation, catégorie de taille) et divisées par strate. Pour la quantité totale de four- 

1%

11%

22% Zone de plaine Zone de collines

14% 54%

Zone de montagne I

48% 15%

Combiné lait commercialiségrandes cultures

Zone de montagne II 17%

Zone de montagne III Zone de montagne IV

Lait commercialisé

15%

Combiné transformation Combiné autres

Figure 6 | Répartition de l’emploi estimé de concentrés en MS dans les zones agricoles et entre les types d’exploitation étudiés en 2010.

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Production animale | Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse

rage, la quantité moyenne de fourrage des exploitations de référence par strate est multipliée par les exploitations représentées. Il n’est pas possible de couvrir toute la Suisse de cette manière, car premièrement, les petites exploitations ne sont pas prises en compte dans les exploitations de référence et deuxièmement, l’étude ne considère que les types d’exploitation sélectionnés. Or, les vaches laitières sont également détenues, en petits nombres, dans d’autres types d’exploitation. Par conséquent, on peut seulement estimer les parts de la quantité totale de fourrage par zone et par type d’exploitation. La répartition estimée de l’emploi de fourrage (fig. 6) montre que plus de la moitié des concentrés sont utilisés en zone de plaine. La zone de collines et la zone de montagne 1, qui forment ensemble la région de collines, emploient environ 30 % des concentrés. Dans les zones de montagne 3 et 4, l’emploi de concentrés, de l’ordre de 4 %, est peu important. Les exploitations de lait commercialisé utilisent pratiquement la moitié de l’ensemble des concentrés affourragés dans l’élevage de vaches laitières, les trois autres types d’exploitation se répartissent le reste entre un cinquième et un sixième. Ce pourcentage correspond au nombre réel d’exploitation de chaque type, sauf pour les types d’exploitation 21 et 51.

Discussion La méthode appliquée permet d’estimer la composition du fourrage dans l’élevage de vaches laitières en Suisse sur la base des données des exploitations du Dépouillement centralisé. Elle permet aussi d’observer la répartition des systèmes d’affouragement par rapport aux types d’exploitation, aux zones agricoles et à d’autres paramètres comme la production laitière et la rentabilité. En réalité, la composition est sans doute un peu différente pour la plupart des exploitations, car le niveau des rendements physiques tout comme la composition du fourrage acheté dépendent des conditions spécifiques à chaque exploitation. Concernant l’orientation de l’exploitation, la part de fourrage provenant des herbages est plus faible dans les exploitations mixtes que dans les exploitations spécialisées de lait commercialisé. Les exploitations bio, les exploitations avec une faible production laitière et les exploitations de zones d’altitude présentent des proportions d’herbe plus élevées dans la ration. Dans l’ensemble, la composition de la ration est très hétérogène. Il est toutefois possible de distinguer une certaine homogénéité dans chaque zone (zones de collines et zone de montagne 1 ainsi que zones de montagne 2 et 3). Il est frappant de constater que dans la zone de montagne 4, les exploitations qui

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affichent un pourcentage d’herbe élevé sont moins nombreuses. En termes de production laitière et de rentabilité, on reconnaît certes les tendances décrites plus haut, mais il y a quand même des exploitations qui atteignent une production laitière et une rentabilité plus élevées que d’autres avec une faible proportion de concentrés et de maïs-ensilage. Il faut néanmoins ajouter que la production laitière et la rentabilité ne dépendent naturellement pas uniquement de la composition du fourrage, mais aussi d’un grand nombre d’autres facteurs.

Conclusions Pour pouvoir participer au nouveau programme de production de lait et de viande basée sur les herbages, il est nécessaire d’avoir un pourcentage d’herbe de 80 % en région de plaine et de 90 % en région de montagne (OFAG 2012a). L’analyse montre qu’actuellement, environ la moitié des exploitations considérées affichent un pourcentage d’herbe supérieur à 80 %. Ces exploitations présentent donc des conditions favorables pour pouvoir satisfaire aux exigences du nouveau programme de production de lait et de viande basée sur les herbages. Il faut néanmoins retenir qu’étant donné leur hétérogénéité, toutes les exploitations ne pourront pas bénéficier du programme. Le programme incitera toutefois les exploitations à réduire l’emploi de concentrés dans l’affourragement des ruminants ou tout au moins à ne pas l’augmenter. n


Composizione della razione foraggera nelle aziende detentrici di bestiame da latte in Svizzera Nel quadro della Politica agricola 2014-2017, il Consiglio federale propone, nell'ambito dei cosiddetti contributi per sistemi di produzione, un contributo per la produzione di carne e di latte basata sulla superficie inerbita. Al fine di impostare questo nuovo strumento e valutarlo in futuro è interessante conoscere la situazione effettiva relativa al foraggiamento dei ruminanti in Svizzera. Avvalendosi dei dati contabili dell'Analisi centralizzata di Agroscope si analizza la razione foraggera delle aziende svizzere detentrici di bestiame da latte. La quota di foraggio ottenuto da superfici inerbite è inferiore nelle aziende miste rispetto a quelle specializzate nella produzione di latte commerciale. Nella razione somministrata nelle aziende biologiche, in quelle dove la produzione lattiera è inferiore e in quelle ubicate in zone in altitudine si registra una quota di erba maggiore. Nel complesso la composizione della quota di foraggio è eterogenea. Per la gran parte delle aziende sono dati i presupposti per adempiere le esigenze del nuovo programma per la produzione di carne e di latte basata sulla superficie inerbita.

Bibliographie ▪▪ Agridea 2012 (1). RéFlex. Lausanne. ▪▪ Agridea 2012 (2). Mémento agricole, Lausanne. ▪▪ Baur P., 2011. Sojaimporte Schweiz: Möglichkeiten und Grenzen der ­Reduktion/Vermeidung von Sojaimporten in die Schweiz, Agrofutura AG, Frick. ▪▪ Biosuisse 2011. Richtlinien für die Erzeugung, Verarbeitung und den­ Handel von Knospe-Produkten, p. 21, Basel. ▪▪ Conseil fédéral 2012. Message concernant l’évolution future de la ­p olitique agricole dans les années 2014 à 2017. Berne. ▪▪ Dietl W., 1986. Pflanzenbestand, Bewirtschaftung und Ertragspotential von Dauerwiesen, Veröffentlichung Geobotanisches Institut ETH, ­Stiftung Rübel, Zürich 87, 260–274.

Summary

Riassunto

Composition de la ration fourragère dans l’élevage de vaches laitières en Suisse | Production animale

Feed-ration composition on Swiss dairy farms As part of the 2014-2017 agricultural policy, the Swiss Federal Council is proposing a contribution for grasslandbased milk and meat production in the form of the socalled «production-system contributions». With a view to the structuring of this new instrument and its future evaluation, the current situation as regards the feeding of ruminants in Switzerland is of interest. With the help of key bookkeeping figures from Agroscope’s Farm Accountancy Data Network, we are investigating the composition of the feed ration of Swiss dairy farms. The proportion of feed from grassland is lower for mixed farms than for the specialised commercial dairy farms. Organic farms, farms with a lower milk yield and farms in higher-altitude zones have a higher percentage of grass in their rations. All in all, the composition of the feed varies significantly from one farm to another, and a majority of the farms possess the necessary conditions for satisfying the requirements of the new programme for grassland-based milk and meat production. Key words: feed-ration composition, dairy farming, farm type.

▪▪ Mouron P. & Schmid D., 2012. Rapport de base 2011, Agroscope, ­Ettenhausen. ▪▪ Notz Ch. & Alföldi Th., 2012. «Feed no Food» – Den Kraftfuttereinsatz überdenken. bioaktuell 4/2012, 4–7. ▪▪ OFAG 2012. Rapport agricole 2012, Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Berne. ▪▪ OFAG 2012a. Information de l’OFAG dans le cadre de la journée d’information élevage de bétail. ▪▪ Union suisse des paysans USP, 2011. Statistiques et évaluations concernant l'agriculture et l'alimentation. Brugg.

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191


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Indicateurs de l'utilisation de produits ­phytosanitaires (PPS) en Suisse Simon Spycher1, Ruth Badertscher2 et Otto Daniel1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse 2 Office fédéral de l'agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse Renseignements: Simon Spycher, e-mail: simon.spycher@agroscope.admin.ch, tél. + 41 44 783 62 96

1

L'application de produits phytosanitaires est spécifique aux cultures pratiquées. Pour les indicateurs, on a utilisé les ­ onnées relevées dans les exploitations agricoles. (Photo: ACW) d

Introduction Les données concernant l’application de PPS sur différentes cultures sont d’une grande utilité. Des pays comme la Grande-Bretagne et les USA collectent de telles données depuis plus de trente ans et les utilisent pour améliorer le conseil aux agriculteurs, le système d’autorisation de produits phytosanitaires et la protection des eaux (Pesticides Forum 2011). En Suisse également, l’utilisation de PPS a fait l’objet de différents rele-

192

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 192–199, 2013

vés (p. ex. Keller et Amaudruz 2005; Dugon et al. 2010), mais ces données datent maintenant de plus de dix ans. On dispose de chiffres actuels, ainsi que de ceux d’une longue période allant de 1986 à aujourd’hui pour les 50 parcelles du réseau national d’observation du sol NABO (Keller et al. 2005). Dans le cadre du projet DC-IAE, on relève et on exploite chaque année, depuis l’année de récolte 2009, les données concernant l’application de PPS pour plus de 2000 parcelles d’environ 300 exploitations (dont 230 appliquant des produits phytosanitaires).


L’objectif du présent article est de présenter les conclusions qu’il est possible – ou qu’il n’est pas encore possible – de tirer de l’application des PPS après les premières années de relevé des données. Les principales questions qui se posent sont les suivantes: ••Quelles sont les conclusions possibles ou impossibles sur la base de données simples, telles que le nombre d’interventions ou le nombre de kg de PPS par ha? Quels sont les indicateurs les plus pertinents? ••Les indicateurs du projet peuvent-ils être comparés à ceux dégagés par les relevés faits précédemment en Suisse? ••Le projet DC-IAE ne couvre qu’une petite partie de l’agriculture suisse. Y a-t-il des différences systématiques entre les relevés du DC-IAE et l’agriculture suisse dans son ensemble? ••Quels sont les groupes de cultures bien couverts par DC-IAE et où y a-t-il des lacunes? ••Quelles différences les données disponibles peuventelles révéler entre la Suisse et d’autres pays? Les données utilisées pour cet article proviennent d’un rapport plus complet publié simultanément (Spycher et al. 2013).

Matériel et méthode Les exploitations participant au projet DC-IAE saisissent les données concernant leurs mesures phytosanitaires au moyen du logiciel Agro-Tech. Toutes les données documentées concernant les techniques de production (PER, SwissGAP, etc.) sont saisies. Les données concernant l’utilisation de PPS sont ainsi relevées en relation avec les surfaces et les cultures traitées. Les quantités appliquées et le moment de l’application sont également saisis, mais pas la méthode d’application. En 2009, la surface utilisée pour la production végétale dans les exploitations participant à DC-IAE se montait à 2875 ha, sans compter les prairies artificielles ou naturelles, ni les pâturages. La même année, la surface totale utilisée en Suisse pour la production végétale se montait à 307 926 ha (OFAG 2010). Cela signifie que le DC-IAE relève des données pour moins de 1% de la surface utilisée par l’agriculture suisse en 2009 pour la production végétale. Les exploitations participant au DC-IAE sont réparties régulièrement sur le Plateau suisse, où se trouvent les régions de production végétale les plus importantes (fig. 1). La proportion des surfaces consacrées aux divers groupes de cultures végétales dans les exploitations participant au DC-IAE correspond à peu près à celle de l’agriculture suisse dans son ensemble (tabl. 1). Par 

Résumé

Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse | Production végétale

Dans le cadre du «dépouillement centralisé des indicateurs agro-environnementaux» DC-IAE, les données techniques de la production sont collectées depuis 2009 dans les établissements participant au projet. L'indicateur «utilisation de PPS» est constitué de données clés décrivant la pratique agronomique dans le domaine de la protection des plantes. L'indicateur «nombre d'interventions» fournit le nombre de traitements appliqués à chaque groupe de cultures et la ventilation par type de PPS. Le nombre d'interventions peut différer nettement pour une région, mais la moyenne suisse semble assez constante au fil du temps. En comparant les résultats de cette étude avec ceux d'études précédentes, on ne constate pas de grandes différences à l'exception du colza. Même si la présente étude ne couvre jusqu'ici que 1% des surfaces utilisées en Suisse pour la production végétale, la comparaison avec les chiffres des ventes a montré que l'application de PPS est bien recensée pour des substances actives fréquemment utilisées en grandes cultures. Dans le cas des cultures fruitières et de la vigne, la qualité des données est difficile à évaluer et pour le secteur maraîcher il n'est pas encore possible de livrer des estimations. Pour juger de l'influence sur l'environnement des PPS appliqués, des travaux sont en cours pour développer un «indicateur des risques» en plus de l'indicateur «utilisation de produits phytosanitaires».

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 192–199, 2013

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Production végétale | Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse

4 18 4 3

28

18

1

5

15 8

28

52

1

1 1 11 1

1 1

29

Pesticide Indicators sps

1

Figure 1 | Nombre par canton d'exploitations appliquant des PPS et figurant dans le relevé 2009 (la surface des cercles est proportionnelle au nombre d'exploitations).

contre, la vigne et les légumes de plein champ sont en proportion inférieure. Les 143 parcelles du groupe des cultures maraîchères de plein champ comprennent 20 cultures différentes et le groupe «autres» est constitué de 45 cultures très hétérogènes, par exemple les mûres et les arbustes. Lorsque la proportion des surfaces concernées est inférieure ou que les groupes sont faits de cultures hétérogènes, les indicateurs calculés sont difficiles à interpréter; c’est pourquoi on a renoncé à produire les indicateurs pour les légumes de plein champ et pour le groupe «autres». Chiffres clés Les chiffres clés ont pour fonction de résumer à des dimensions pertinentes l’information dissimulée dans de grandes quantités de données. Cela n’est pas possible sans un certain degré de perte d’informations, car on ne connaît pas par exemple celles concernant le climat local, le type de sol et surtout la pression d’infestation des organismes nuisibles et la perte de récolte qui pourrait en résulter. Ces données sont différentes d’une parcelle à l’autre. Pourtant, il y a pour les différents groupes de cultures certains modèles qui peuvent s’exprimer en chiffres clés. Durant la phase de développement de l’indicateur agro-environnemental, une série de chiffres clés ont été estimés puis évalués dans le cadre d’un atelier. On peut

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Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 192–199, 2013

par exemple calculer facilement le nombre d’applications de produits ou de substances actives par parcelle ou par culture. Le chiffre clé le plus pertinent pour le DC-IAE est le nombre d’interventions, comme déjà déterminé dans des études précédentes et utilisé sur le plan international (Dugon et al. 2010; Garthwaite et al. 2011). Le terme d’intervention est utilisé comme syno-

Tableau 1 | Pourcentage des groupes de cultures par rapport au ­t otal de la surface utilisée pour la production végétale. Entre parenthèses: le nombre de parcelles dont les données ont été recensées

Groupe de cultures

Pourcentage de la surface de production végétale Total Suisse

DC-IAE (nombre de parcelles recensées)

Céréales

44,5

49,8 (865)

Maïs

20,6

18,4 (386)

Colza

7,0

8,5 (148)

Raves

6,9

6,7 (121)

Autres

5,9

3,3 (154)

Vigne

4,8

1,5 (126)

Pommes de terre

3,7

4,9 (129)

Légumes plein champ

3,1

2,2 (143)

Cultures fruitières

2,2

2,1 (132)

Légumineuses

1,3

2,7 (58)


Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse | Production végétale

Tableau 2 | Nombre d'interventions par année selon les groupes de cultures. Entre parenthèses, le nombre de parcelles dont les données ont été recensées. F: fongicides, H: herbicides, I: insecticides, PGR: régulateurs de croissance, M: molluscicides, ZR: autres produits, q 0,25: quartile inférieur, q 0,75: quartile supérieur. Dugon et al . (2010): nombre d'interventions au cours de la période de relevés 2002-2004. Origine des données Dugon et al., 2010

DC-IAE, 2009 Groupe de cultures

Légumineuses (58)

Type de PPS H

F

I

PGR

M

ZR

Total1 (q 0,25, q 0,75)

1,3

0,4

0,38

<0,01

1,9 (1, 3)

Total

Pommes de terre (129)

1,9

5,4

0,44

0,2

0,5

7,4 (6, 10)

Fruits à pépins (78)

2,5

12,2

3,4

1,1

0,04

0,6

16,1 (10,3, 21)

7,5

Maïs (386)

1,0

<0,01

<0,01

0,03

0,03

1,0 (1, 1)

1,1

Colza (121)

1,1

0,8

2,20

0,7

0,02

4,4 (3, 5)

2,1

Vigne (126)

1,2

9,3

0,37

0,06

10,6 (9, 13)

Fruits à noyau (39)

0,9

4,5

2,08

0,01

0,1

5,3 (3, 7,8)

Autres céréales (147)

1,0

0,3

0,3

0,01

1,4 (1, 2)

Orge d'hiver (91)

1,1

1,5

1,4

0,03

2,8 (2, 3)

Orge d'hiver Extenso (94)

1,1

1,1 (1, 1)

1,6

Blé d'hiver (223)

1,1

1,4

0,08

1,0

0,02

0,03

2,8 (2, 3)

3,4

2,7

Blé d'hiver Extenso (310)

1,0

1,0 (1, 1)

1,4

Betteraves à sucre (99)

3,8

1,1

0,07

0,3

0,3

5,1 (4, 6)

4,8

S'il y a mélange de différents types de PPS, une seule application est comptée pour le nombre total d'interventions. Cependant, une application est comptée pour chaque cible; ainsi, la colonne «Total» peut comporter un nombre plus petit que la somme des cibles individuelles (Rossberg 2010).

1

nyme de passage d’un appareil. Si une partie seulement d’une parcelle est traitée, l’intervention est comptée proportionnellement (par exemple, si le traitement ne concerne qu’un tiers de la surface cultivée, on ne compte qu’un tiers d’intervention). Un autre chiffre clé calculé pour le DC-IAE est la quantité de substance active appliquée, en kg par hectare. La quantité totale de toutes les substances actives par unité de surface est cependant moins pertinente que le nombre d’interventions. C’est pourquoi, en Allemagne par exemple, on ne compte que le nombre d’interventions et l’indice de traitement qui en découle. Pour les substances actives individuellement, le chiffre clé de kg de PPS par ha est intéressant, car il contribue à clarifier des questions tant agronomiques qu’écologiques. La subdivision des substances actives en domaines cibles des PPS a été entreprise selon les six groupes principaux de l’annexe III de l’Ordonnance de l’UE sur les statistiques des pesticides (1185/2009). L’annexe III distingue les six types de PPS suivants: herbicides (H), fongicides (F), insecticides (I), régulateurs de la croissance végétale (PGR), molluscicides (M) et autres (ZR).

Résultats et discussion Nombre d’interventions Le nombre des domaines cibles des interventions dépend fortement des cultures (tabl. 2). La classification en groupes de cultures s’est appuyée sur la publication de Dugon et al. (2010). Les céréales ont été subdivisées en cinq groupes: blé d’hiver PER, blé d’hiver Extenso, orge d’hiver PER, orge d’hiver Extenso et autres céréales. En cultures Extenso de céréales et de colza, l’application d’herbicides est possible, contrairement à l’application de fongicides, de régulateurs de croissance ou d’insecticides. Les groupes de cultures du tableau 1 ont été subdivisés dans les cas suivants: betteraves à sucre, colza PER, fruits à noyau et fruits à pépins. Les groupes de cultures betteraves fourragères, colza Extenso et arbres fruitiers à haute tige n’ont pas été considérés car il n’y avait pas suffisamment de parcelles. Le plus grand nombre d’interventions concerne en général les cultures spéciales (cultures fruitières, vigne et cultures maraîchères); toutefois, c’est pour ces groupes que la dispersion des données est la plus grande, entraînant aussi un maximum d’incertitude. En grandes 

Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 192–199, 2013

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Production végétale | Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse

cultures, ce sont les pommes de terre qui nécessitent le plus grand nombre d’interventions. La grande dispersion dans les cultures de pommes de terre (la distance entre les quartiles q 0,75 - q 0,25 est de quatre interventions) pourrait être due à des différences régionales de pression d’infestation. Aucune évaluation régionale n’a cependant été faite, car on ne dispose de suffisamment de données que dans des cas particuliers. Comparaison avec des études précédentes La moyenne du nombre des interventions correspond bien aux valeurs de précédentes études (tabl. 2). C’est surprenant, car les relevés étaient géographiquement limités à la Romandie et au Tessin. Le seul groupe de cultures où l’on constate des différences massives avec les estimations de Dugon et al. est le colza, avec un nombre d’interventions insecticides nettement plus important. Cela tient vraisemblablement à la dissémination de races résistantes de méligèthe des crucifères dans toute la Suisse au cours des dix dernières années, nécessitant toujours plus d’applications d’insecticides. Les indicateurs pour 2010 diffèrent de moins de 20 % de ceux de 2009 (détails dans Spycher et al. 2013). Pour les groupes de cultures comme les pommes de terre, des plus grandes variations d’une année à l’autre ne seraient pas surprenantes, car les différences météorologiques peuvent avoir un grand effet. Les expériences qu’apporteront les relevés des années à venir clarifieront cette question. Il n’y a pas encore eu de comparaisons systématiques entre les régions, mais de grandes variations sont parfois constatées; elles se compensent peut-être sur l’ensemble de la Suisse. D’une façon générale, l’indicateur «nombre d’interventions» donne une image sommaire des mesures phytosanitaires appliquées habituellement sur les différentes cultures. La comparaison avec l’étude de Dugon et al. montre que cet indicateur est constant dans la durée, au moins pour les grandes cultures, sauf si de nouveaux organismes nuisibles apparaissent ou que l’on favorise certaines méthodes de culture comme l’Extenso. Évaluation des écarts systématiques Les exploitations participant au DC-IAE couvrent environ 1% de la surface utilisée pour la production végétale. Pour estimer la représentativité des évaluations faites pour les différentes substances actives, la procédure suivante a été choisie: pour chacune d’entre elles et chaque groupe de cultures, on a estimé la quantité moyenne de substance active utilisée par hectare et l’on a multiplié ce nombre par la surface totale de culture de Suisse. La somme de tous les groupes de cultures donne la quantité totale de la substance active utilisée; elle doit être

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Recherche Agronomique Suisse 4 (4): 192–199, 2013

du même ordre de grandeur que la quantité vendue. La corrélation ne peut pas être parfaite, car les ventes sont enregistrées pour l’année civile alors que le calendrier agricole est basé sur l’année de récolte, que les produits peuvent être entreposés et que certaines substances actives sont autorisées pour des applications non agricoles (voir lacunes ou «usages mineurs» au prochain paragraphe). Cependant, cette manière d’établir un bilan permet d’estimer les écarts systématiques. Pour résoudre le problème des applications de PPS non relevées par le DC-IAE, les substances actives qui ne sont autorisées qu’en grandes cultures en cultures fruitières ou en viticulture ont été reprises systématiquement. Toutes les autres substances actives ont été exclues. Un volume de vente d’au moins une tonne par année a été défini comme condition supplémentaire. 22 substances actives satisfaisaient à ces critères pour 2009. La comparaison de l’utilisation estimée et de la quantité vendue permet de tirer les conclusions suivantes: ••Pour les treize substances actives relevées souvent (plus de 30 applications relevées), la quantité utilisée et la quantité vendue sont bien corrélées. En moyenne, la quantité utilisée (estimée) représente 79 % de la quantité vendue et diffère au maximum du facteur 3. ••Pour les neuf substances actives relevées rarement (jusqu’à 30 applications recensées), la quantité utilisée et la quantité vendue ne sont pas bien corrélées. En moyenne, la quantité utilisée (estimée) représente 34% de la quantité vendue. La différence entre l’estimation de la quantité utilisée et la quantité vendue peut atteindre 100 %, car dans le cas extrême la substance active n’a pas du tout été utilisée dans les exploitations DC-IAE. La quantité estimée de substance utilisée est tendanciellement inférieure à la quantité vendue, ce qui est également observé dans d’autres pays (Kruijne et al. 2012). Cette différence pourrait s’expliquer en partie par la perte de données lors du dépouillement, et le reste par une différence avec la moyenne suisse. La corrélation est néanmoins meilleure qu’attendue, surtout si l’on considère que les quantités vont d’une à plus de cent tonnes selon la substance considérée. La corrélation s’améliorera certainement lorsque l’on collationnera à l’avenir les données de plusieurs années de relevés: en effet, il en résultera une réduction de l’effet de l’entreposage durable des produits. D’autre part, le nombre d’exploitations participant au DC-IAE augmentera ces prochaines années. On aura ainsi une plus grande part de substances actives pour lesquelles des estimations fiables seront possibles.


Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse | Production végétale

Tableau 3 | Nombre d'interventions en Suisse, en Grande-Bretagne et en Allemagne pour différents groupes de cultures (CH: 2009, GB 2010 resp. 2008 pour les pommiers, D: 2007, 2009 et 2011) Groupe de cultures

CH

GB

D

Remarques exclusion de 11 parcelles de poiriers (écart au tabl. 2) 2 seulement fruits de table (fruits à cidre 11,5)

1

Pommiers

17,21

18,9

17,62

Pommes de terre

7,53

13,4

8,6

Colza

4,4 4

6,3

5,3

Vigne

10,6

Orge d'hiver

2,05

4,4

3,4

5

Pour CH, en comptant 50 % Extenso en surface

Blé d'hiver

1,9 6

5,9

3,9

6

Pour CH, en comptant 50 % Extenso en surface

Betteraves sucrières

5,1

6,6

4,7

3 4

Sans semenceaux (écart au tabl. 2)

Sans Extenso (trop peu de parcelles)

9,5

Cultures bien couvertes et lacunes (usages mineurs) Les grandes cultures sont en général bien couvertes par le DC-IAE, surtout lorsqu’il s’agit des utilisations habituelles de PPS et des substances actives fréquemment appliquées. Pour les utilisations de PPS peu fréquentes ou limitées régionalement, comme par exemple l’application d’insecticides en céréaliculture, on ne peut faire que des estimations grossières. Pour les cultures fruitières et la viticulture, il est difficile d’estimer la fiabilité des estimations sur la base des données disponibles. Dans le cas des cultures fruitières, peu de parcelles font l’objet de relevés (78 de fruits à pépins et 39 de fruits à noyau). Pour la viticulture, il y a encore des lacunes dans la couverture régionale du DC-IAE. Pour les cultures maraîchères intensives, les cultures fruitières à haute tige et les cultures de baies, les relevés ne couvrent que peu de parcelles. L’utilisation non agricole de PPS représente une lacune importante. On dispose de premières études pour l’horticulture et pour les utilisations par des privés (Krebs et al. 2011, Wittwer & Gubser 2010). Les estimations de la quantité totale utilisée en horticulture vont de 29 à 59 tonnes (relevés 2005 et 2009). Pour l’utilisation de PPS par les privés, un dépouillement des relevés de 2008 a révélé pour les huit principaux herbicides la quantité de 97,5 tonnes. Dans certains pays comme la Grande-Bretagne, l’utilisation non agricole de PPS est estimée à 19 % de la quantité vendue (Pesticides Forum 2011), ce qui est nettement au-dessus des estimations faites jusqu’ici pour la Suisse. Il est souhaitable que l’on dispose d’une meilleure estimation des usages non agricoles de PPS, car cela permettrait de combler la principale lacune. Lorsque toutes les lacunes seront comblées, il sera possible de savoir pour chaque substance active approximativement dans quelles cultures et à quel moment de l’année elle est utilisée.

Comparaison avec des relevés dans d’autres pays Le nombre d’interventions est également relevé en Grande-Bretagne et en Allemagne (tabl. 3). Pour la Grande-Bretagne, un nombre nettement plus élevé d’interventions a été relevé dans toutes les grandes cultures. Les différences entre la Suisse et l’Allemagne restent dans les limites des incertitudes de la méthode d’acquisition des données. La culture céréalière représente une claire exception, avec un nombre nettement inférieur d’interventions en Suisse. La raison principale tient à la production Extenso sur environ 50 % de la surface. Mais le nombre d’interventions est légèrement inférieur même pour la culture céréalière PER (tabl. 2). Ces résultats contredisent à première vue les quantités vendues par hectare constatées en Suisse par Maurer et Maissen (2009). Mais ces résultats ne s’excluent pas mutuellement et peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs: 1. des différences dans le mode d’exploitation des terres, 2. l’utilisation préférentielle de substances actives nécessitant de plus grandes quantités d’application, 3. des dosages supérieurs. La contribution quantitative de chacun de ces facteurs fera l’objet d’analyses plus serrées (Spycher et al. 2013). Un regard sur les données d’utilisation des terres et sur celles des ventes agrégées d’Allemagne suggère cependant une forte influence des deux premiers facteurs. Pour l’utilisation des terres, il apparaît que la part des cultures spéciales est nettement plus élevée en Suisse (par exemple, elle est supérieure d’un facteur 5 pour la vigne). Pour les substances actives, il est frappant de voir que par exemple les ventes d’huiles (somme des huiles minérales et des huiles végétales) en 2009 ont représenté 182 tonnes en Allemagne et 286 tonnes en Suisse. Apparemment, il y a en Suisse une préférence pour ces substances actives. Comme elles nécessitent de grandes quantités à l’application, cela  influence fortement les quantités vendues.

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Production végétale | Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse

Indicateurs agronomiques et indicateurs de risque L’indicateur «utilisation de PPS» est un indicateur agronomique qui livre des informations sur les stratégies de traitement usuelles. On ne peut formuler des conclusions sur le risque écologique que si l’on tient compte des propriétés des substances actives utilisées. Une stratégie de traitement impliquant davantage d’interventions peut tout à fait présenter un risque écologique inférieur. La publication de Dugon et al. (2010) montre que le nombre d’interventions est resté quasiment constant durant de longues périodes dans le réseau d’exploitations étudié. Par contre, la palette des substances actives utilisées a changé rapidement. Quelque 118 substances étaient utilisées au début des relevés, alors qu’après dix ans il n’y en avait plus que 67 de cette liste, auxquelles s’étaient ajoutées 36 nouvelles. Les indicateurs de risque permettent d’évaluer si les nouvelles substances actives des PPS ont un meilleur profil environnemental que les substances abandonnées. Un indicateur de risque devrait prendre en compte la dégradation, la mobilité et l’écotoxicité des substances ainsi que les mesures de réduction des risques disponibles dans le cadre de l’autorisation, il devrait aussi permettre l’évaluation des tendances dans la durée. Des travaux sont actuellement en cours pour introduire en Suisse des indicateurs de risque aquatique. L’OCDE renforcera dès 2013 ses activités dans ce domaine.

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Conclusions Les relevés d’utilisation de PPS donnent des informations précieuses. L’exploitation des relevés des années 2009 et 2010 a montré que le nombre d’interventions dans les divers groupes de cultures du DC-IAE est bien corrélé avec les données relevées précédemment en Suisse. Le nombre d’interventions est comparable à celui des autres pays, ou inférieur à celui des cultures céréalières. Cela signifie qu’en Suisse, les cultures de groupe occupant la plus grande part des surfaces de terres ouvertes sont cultivées avec une basse intensité de protection phytosanitaire. La comparaison des relevés d’utilisation de PPS avec les données de vente a montré que dans le cas des grandes cultures, il est possible de faire des estimations fiables pour les substances actives les plus fréquentes. L’augmentation prévue du nombre d’exploitations participant au DC-IAE permettra d’augmenter le nombre de substances pour lesquelles on disposera d’estimations plus sûres. Certains groupes tels que les cultures maraîchères intensives, les cultures fruitières à haute tige, les baies ou l’utilisation non agricole ne sont pas couverts actuellement par le DC-IAE. Le comblement de ces lacunes nécessite des relevés spéciaux. n


Indicatori per l’uso di prodotti fitosanitari in Svizzera Dal 2009 si procede alla raccolta di dati tecnici di produzione delle aziende che partecipano al progetto «Analisi centralizzata degli indicatori agro-ambientali» (AC-IAA). L’ indicatore «uso di prodotti fitosanitari» contiene indici che descrivono la prassi agronomica in ambito fitosanitario. L’indice «numero di interventi» indica per ogni coltura il numero totale di trattamenti e il numero suddiviso per campi d’azione. Il numero di trattamenti è variabile a livello regionale, ma lo sviluppo nel tempo della media svizzera sembra rimanere relativamente costante. Rispetto a studi precedenti si sono osservate solo piccole differenze, ad eccezione della colza. Malgrado il progetto AC-IAA copra al momento solo l’1 % dell’area coltivata in Svizzera, nell’ambito della campicoltura i dati raccolti collimano con i dati di vendita, almeno per le sostanze attive più frequenti. Per la frutticoltura e la viticoltura la stima dei dati risulta difficile, mentre per quellirelativi all’orticoltura non è, al momento, possibile esprimersi. Per valutare il potenziale impatto ambientale dei prodotti fitosanitari utilizzati, un secondo indicatore dirischio è attualmente in fase di sviluppo.

Bibliographie ▪▪ Dugon J., Favre G., Zimmermann A. & Charles R., 2010. Pratiques phytosanitaires dans un réseau d'exploitations de grandes cultures entre 1992 et 2004, Rercherche Agronomique Suisse 1 (11–12), 416–423. ▪▪ Garthwaite D. G., Barker I., Parrish G., Smith L., Chippindale C. & Pietravalle S., 2011. Pesticide Usage Survey Report 235, Arable Crops in the United Kingdom 2010. Accès: http://www.fera.defra.gov.uk/scienceResearch/science/lus/documents/arable2010.pdf ▪▪ Keller A., Rossier N. & Desaules A., 2005. Bilans des métaux lourds sur les parcelles agricoles du réseau national d'observation des sols en ­Suisse NABO – Réseau national d'observation des sols. Cahiers de la FAL 54, 61 p. ▪▪ Keller L. & Amaudruz M., 2005. Evaluation Ökomassnahmen Auswertung der Pflanzenschutzmittel-Verbrauchsdaten 1997 – 2003 in drei ausgewählten Seengebieten, Schlussbericht (Rev. 24.01.05). ▪▪ Krebs R., Hartmann F. & Wächter D., 2011. Einsatz von Pflanzenschutzmitteln im Schweizerischen Gartenbau: Datenübersicht – indikatorbasierte Risikobeurteilung – Monitoringkonzept, ZHAW Wädenswil, 17. März 2011. ▪▪ Kruijne R., van der Linden A. M. A., Deneer J. W., Groenwold J. G., Wipfler E. L., 2012. Dutch Environmental Risk Indicator for Plant Protection Products. Wageningen, Alterra-Report 2250.1. Accès: http://edepot.wur. nl/199114

Summary

Riassunto

Indicateurs de l'utilisation de produits ­p hytosanitaires (PPS) en Suisse | Production végétale

Indicators for pesticide usage in Switzerland Since 2009 agricultural data are collected within the framework of the project Farm Accountancy Data Network Agro-Environmental Indicators (AEI FADN). The indicator «pesticide usage» consists of key figures characterizing the practice of chemical plant protection. The crop specific number of spray rounds quantifies both the total number of times a crop has been treated, and also the number of treatments according to the major pesticide group. While there is a substantial regional variability, the mean number of spray rounds seems relatively stable. Differences to earlier surveys are minor, except in the case of oilseed rape. Although the survey currently covers only 1% of the area used for crop production in Switzerland, there is a fair agreement between the projected usage and the sales in the case of frequently used active ingredients. The estimates are uncertain for orchards and vines. In the case of vegetables there are not sufficient data available. In order to assess the potential environmental impacts, an ecotoxicological risk indicator based on the pesticide usage data is currently developed. Key words: plant protection products, usage surveys, estimation of bias, agri-environmental indicators.

▪▪ Maurer H., Maissen V., 2009. Vergleich der Umweltbestimmungen im Landwirtschaftsrecht der EU und ausgewählter Mitgliedstaaten sowie der Schweiz – Bericht vom 24. Februar 2009. ▪▪ Rossberg D., 2010. NEPTUN 2009 – Weinbau, Berichte aus dem Julius Kühn-Institut 151. Accès: http://www.jki.bund.de/fileadmin/dam_uploads/_veroeff/berichte/151_NEPTUN_Weinbau_2009.pdf ▪▪ Pesticides Forum, 2010. Pesticides in the UK – The 2010 report on the impacts and sustainable use of pesticides. Accès: http://www.pesticides. gov.uk/Resources/CRD/Migrated-Resources/Documents/F/FINALPFAR2010pdfforwebsite.pdf ▪▪ Spycher S., Baur R. & Daniel O., 2013. Agrarumweltindikatoren für Pflanzenschutzmittel Auswertungen Agrarumweltmonitoring 2009 – 2010 für den Indikator «Einsatz von Pflanzenschutzmitteln». Accès: http://www. agroscope.admin.ch/pflanzenschutzmittel/06096/index.html?lang=fr ▪▪ Wittwer A. & Gubser C., 2010. Umsetzung des Verbots von Pflanzenschutzmitteln. Untersuchung zum Stand der Umsetzung des Anwendungsverbots von Unkrautvertilgungsmitteln auf und an Strassen, Wegen und Plätzen. Umwelt-Wissen 1014. Bundesamt für Umwelt, Bern.

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Où en est la recherche en agriculture ­biologique? Markus Kellerhals1, Stephan Pfefferli2, Fredy Schori3, Ueli Bütikofer4, Raphaël Charles5, Thomas Alföldi6 et Fredi Strasser2 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse 3 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux, Suisse 4 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 3003 Berne-Liebefeld, Suisse 5 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse 6 Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse Renseignements: Stephan Pfefferli, e-mail: stephan.pfefferli@agroscope.admin.ch, tél., +41 (0)52 368 32 02

Stephan Pfefferli (Agroscope) dirige le groupe de coordination Recherche en agriculture biologique.

Quels sont les résultats de la recherche en agriculture biologique depuis 2006, où nous trouvons-nous aujourd’hui et quelles sont les exigences futures? Ces questions étaient au centre de la 7e journée d’information sur la recherche bio du 15 novembre 2012 à l’Inforama Rütti à Zollikofen. Cette rencontre était organisée par le groupe de coordination bio Agroscope-FiBL, mandaté depuis 1995 par l’Office fédéral de l’agriculture OFAG pour coordonner la recherche en agriculture bio-

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logique en Suisse. Quatre thèmes principaux ont été abordés: grandes cultures et herbages, cultures spéciales, animaux et produits animaux, socio-économie. Ces thèmes ont été discutés intensivement lors de conférences plénières, une session de posters, des ateliers et une séance de conclusion. Quelque 90 personnes ont participé à la journée, démontrant que les attentes envers la recherche sont élevées, mais les capacités de recherche restent limitées.


Où en est la recherche en agriculture ­b iologique? | Eclairage

Cette journée d’information visait les objectifs suivants: 1. Analyser les résultats obtenus à la suite des propositions de recherche identifiées lors de la 3e journée d’information sur la recherche bio, en 2006 à Frick; 2. Analyser les exigences actuelles en recherche bio; 3. Définir les conclusions qui serviront de base pour la planification des programmes d’activité 2014 – 2017 d’Agroscope et du FiBL. Les exposés présentés par les chercheurs d’Agroscope et du FiBL ont démontré la grande richesse des sujets actuels et les besoins futurs. Marcel van der Heijden (ART) a présenté des travaux concernant les cultures alternatives (millet, lin, pavot, lentille), la protection phytosanitaire et le travail du sol. Pour Paul Mäder (FiBL), des progrès ont été atteints dans les domaines des cultures associées, de la fixation de l’azote à l’échelle de l’exploitation agricole, de la fertilité du sol, des méthodes de sélection adaptées au bio, ainsi que de l’examen du potentiel du génie génétique. La recherche en production fourragère a été analysée par Andreas Lüscher (ART). En amélioration des plantes, les premières variétés obtenues en bio par ART sont commercialisées et d’autres candidates sont prêtes. La régulation des crucifères toxiques par des mesures biologiques est en bonne voie. Pour le rumex, davantage de développements sont encore nécessaires pour ce qui concerne la lutte thermique et celle avec des organismes auxiliaires. Benno Graf (ACW) a repris les sujets prioritaires de 2006 pour les cultures spéciales: qualité des aliments et sécurité alimentaire, recherche sur le sol et la durabilité de son utilisation, intégration des besoins des clients, bas intrants, semences bio et qualité des légumesracines. Le développement de ces thèmes était illustré de résultats actuels de recherche. Les attentes pour le futur concernent les maladies, les ravageurs, la flore accompagnatrice et les adventices, la qualité alimentaire et la sécurité, ainsi que l’amélioration des plantes. Selon Franco Weibel (FiBL), la plupart des lacunes identifiées en 2006 dans la recherche en cultures spéciales ont été prises en considération entretemps. De nouveaux problèmes clés sont apparus, comme par exemple le feu bactérien. Les chercheurs se sont retrouvés pris entre les besoins de la pratique et les capacités de financement de la recherche. La recherche bio en production animale des cinq dernières années a été présentée par Christophe Notz (FiBL) et Fredy Schori (ALP). Ils ont analysé 181 publications spécifiques produites par Agroscope, ETH, HAFL et FiBL, et en ont extrait 498 termes clés pour former deux nuages de mots. Le terme «vache laitière» était dominant, suivi de «profil des acides gras», «pâture»,

«porc», «affourragement» et «tannins». Beaucoup de travaux ont été consacrés à la santé des animaux, à la santé du pis, aux parasites et à la volaille. Un catalogue répertorie les exigences futures pour la recherche, comprenant notamment l’autonomie de la Suisse dans l’approvisionnement en protéines (substitution au soja importé). Stefan Mann (ART) et Matthias Stolze (FiBL) ont commenté des thèmes de socio-économie. Des objectifs clés ont été atteints en économie d’entreprise. En revanche, l’agro-sociologie n’a pas bénéficié du même succès. Dans le cadre de l’évaluation de l’impact des politiques, les principaux objectifs atteints concernent l’efficacité des coûts pour la promotion du bio et les réseaux politiques en agriculture biologique. Par contre, les objectifs n’ont pas été atteints dans les domaines de l’évaluation de la durabilité de la politique agricole et de l’analyse de la durabilité. Des concepts de marketing ont été établis avec succès, tandis que la consommation durable nécessite encore des besoins élevés en recherche. Atelier grandes cultures et herbages Environ 30 personnes ont identifié et priorisé des sujets d’avenir sous la direction de Josy Taramarcaz (Agridea), Niklaus Messerli (Inforama Rütti) et Niklaus Steiner (Biofarm). Les questions relatives à la fumure ont été jugées de loin comme les plus importantes (N, P, rotation des cultures, engrais de ferme, engrais bio, engrais vert, mélanges légumineuses-graminées pour prairie). En deuxième priorité figurait l’adaptation des directives bio en vue d’une agriculture se développant en un système dynamique et efficace, avec un haut degré d’écologie pour les régions de plaine et de montagne. La sélection était considérée également comme essentielle. Il s’agit de faire en sorte que les variétés produisent des rendements élevés et une qualité supérieure, grâce à une utilisation efficace de symbioses avec les microorga­ nismes du sol, et malgré une disponibilité limitée en éléments nutritifs. La protection phytosanitaire garde toujours un intérêt élevé pour de nombreux problèmes: méligèthe, mildiou, corneilles, campagnols, effet global des méthodes bio. Les questions relatives aux systèmes sont clairement mises sur le devant de la scène, comme par exemple l’augmentation de l’efficience en poly­ culture – élevage, mais également les perspectives des exploitations sans bétail, de l’agroforesterie et de l’autoapprovisionnement en protéines. La régulation des adventices demeure un souci récurrent (chardon, rumex, liseron, chiendent, folle avoine, agrostide jouet du vent), de même que la conservation de la fertilité du sol (humus, exsudats racinaires, organismes du sol, travail de conservation du sol, travail minimum, réduction des gaz à effet 

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Eclairage | Où en est la recherche en agriculture ­b iologique?

Secteurs en amont

Production agricole

Transformation

Commerce et distribution

Consommation

Recyclage

Figure 1 | Filière alimentaire. (Source: OFAG 2010, p. 34, adapté)

de serre, effet des changements climatiques). Dans les herbages, l’importance des soins aux prairies a été relevé pour les régions de montagne. Atelier cultures spéciales Jakob Rohrer (BBZ Arenenberg), Andi Häseli (FiBL) et Walter Koch (Strickhof) ont animé l’atelier consacré aux cultures spéciales, suivi par une trentaine de personnes. La sélection a pris une place importante dans la discussion. L’agriculture bio a des exigences spécifiques. L’amélioration des plantes et l’étude variétale conduites en conditions bio ont été jugées importants pour l’arboriculture, la culture des petits fruits, l’horticulture et la viticulture (fig. 2). Des forums interactifs pourraient jouer un rôle pour encourager les échanges entre les sélectionneurs et la pratique. La sélection d’espèces maraîchères reste plutôt un souhait au vu de la grande diversité des cultures. Les maladies constituent un problème permanent dans les cultures spéciales. Les diagnostics moléculaires et les outils de prévision pourraient apporter une aide. La robotique et les technologies smart ont été jugées importantes. Cela démontre que le bio veut aussi profiter des technologies les plus modernes. En culture maraîchère, la régulation des mauvaises herbes reste un grand problème à résoudre, notamment en matière d’efficacité énergétique. D’autre part, il a été jugé important d’inclure les parties prenantes, y compris la pratique, dans les activités de recherche. Cet atelier a vu une forte participation de la ZHAW comme nouveau partenaire. Finalement, il apparaît pertinent de financer une recherche stratégique bio aux côtés de la recherche appliquée. Atelier animaux et aliments d’origine animale Cet atelier était conduit par Beat Bapst (Qualitas), Urs Brändli (BioSuisse) et Bettina Springer (Strickhof). La quinzaine de participants issus de différentes institu-

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tions ont discuté une large gamme de sujets. L’approvisionnement en protéines à base de matière première indigène constitue un défi pour toutes les productions animales. La problématique s’accentue chez les monogastriques, comme la volaille, en prévision d’un affouragement 100 % bio. Une approche novatrice consisterait en un affouragement d’insectes, nourris de déchets organiques non problématiques. L’augmentation de la demande de poisson et la réduction des stocks rend la recherche fondamentale d’autant plus nécessaire en ce qui concerne la sélection piscicole, la détention et l’affouragement, afin notamment de réduire les besoins en additifs. La recherche des causes de la mort des abeilles ainsi que l’élaboration de mesures efficaces sont urgentes. Les méthodes alternatives de production comme la poule «à deux fins» ou l'engraissement de verrats ont été discutées notamment par rapport à leur mise en œuvre et aux obstacles rencontrés. En production bovine, les besoins de recherche ont été examinés par rapport à des objectifs de prolongation de la durée de vie de la vache laitière, d’utilisation efficace des herbages et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, l’intégration de la sélection génomique pour la sélection du bétail a été considérée. Enfin, une synthèse des connaissances et leur mise en œuvre ont été envisagées dans la lutte contre les parasites chez les petits ruminants (détention, affouragement et sélection). De façon général, des efforts doivent être entrepris pour que les connaissances gagnent la pratique et soient appliquées. Atelier socio-économie Bernadette Oehen (FIBL) et Christine Rudmann (Strickhof) ont réfléchi avec onze participants aux besoins de recherche sur les thèmes de l’économie d’entreprise, des filières alimentaires, et de l’évaluation politique et sociale. Les résultats de la recherche en économie d’en-


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Figure 2 | Dans l’atelier Cultures spéciales, l’amélioration des plantes en conditions bio a été considérée comme très importante.

treprise fournissent de bonnes bases pour les discussions avec les partenaires commerciaux et les autorités. Des analyses approfondies sont souhaitées pour les nouvelles formes d’entreprise, pour les exploitations à temps partiels (facteurs internes / externes à l’exploitation) et pour des méthodes d’optimisation. Les connaissances sur la production et la consommation sont considérées comme bonnes et bien fondées. Des lacunes demeurent dans l’évaluation globale des filières alimentaires. Les influences de la société et de l’écologie sur le développement des chaînes de création de valeur sont en particulier mal connues, ainsi que les défis spécifiques du bio. L’évaluation ex ante des mesures de la politique agricole par des modèles sectoriels1 atteignent leurs limites lorsque les conditions-cadres changent fortement. Les valeurs d’élasticité pour les produits bio manquent dans les modèles de marché2. Les facteurs éthiques et sociaux ont tendance à être sous-valorisés. Les méthodes globales (considération des systèmes) et les problématiques sociales gagnent en importance.

Bibliographie ▪▪ Alföldi Th., Bütikofer U., Charles R., Pfefferli S., Samietz J., Schori F. & Strasser A., 2010. Übersicht zur Bioforschung von Agroscope und FiBL 2008-2011. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich. 18 p. ▪▪ OFAG, 2010. Agriculture et filière alimentaire 2025. Document de discussion élaboré par l’Office fédéral de l’agriculture en vue d’une orientation stratégique de la politique agricole (août 2010). Accès:http://www.blw. admin.ch/themen/00005/01170/index.html?lang=fr

Conclusions La journée d’information sur la recherche bio 2012 a permis une analyse des résultats de recherche obtenus depuis 2006, de l’état actuel de la recherche et des besoins pour les prochaines années. L’interaction entre recherche, vulgarisation, enseignement et pratique était enrichissante et permettra de formuler les thèmes de futures recherches. n

Modèles mathématiques en économie comme FARMIS (Sanders et al. 2008) et SILAS (Mack et Flury 2006), qui reproduisent le secteur agricole suisse. Modèles mathématiques en économie, qui reproduisent des marchés de produits agricoles particuliers ou très importants pour des pays ou groupes de pays (p. ex. Ferjani 2008).

1

2

▪▪ Ferjani A., 2008. Agricultural policy (AP-2011) Reform and the WTO: ­P otential Impacts on Swiss Agriculture. 107th EAAE Seminar «Modelling of Agricultural and Rural Development Policies». Seville, Spain, January 29th-Februrary 1st, 2008. ▪▪ Mack G. & Flury C., 2006. Auswirkungen der Agrarpolitik 2011. Accès: http://www.srva.ch/files/bericht.pdf. ▪▪ Sanders J., Stolze M., Offermann F., 2008. Das Schweizer Agrarsektor­ modell CH-FARMIS. Agrarforschung 15 (3), 138–143.

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La calèche à assistance électrique, un projet ­innovateur d’ALP-Haras Ruedi von Niederhäusern, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1580 Avenches, Suisse Renseignements: Ruedi von Niederhäusern, e-mail: ruedivonniederhauesern@agroscope.admin.ch, tél.+ 41 26 676 62 39

Prototype de calèche à assistance électrique devant l'Hôtel-de-ville d'Avenches. (Photo: Agroscope)

A l’heure où dans les pays en voie d’industrialisation les animaux de trait sont de plus en plus souvent remplacés par des engins motorisés, dans certains pays industrialisés, le cheval revient en force, en particulier dans les travaux communaux. Symbole du développement durable dans les espaces urbains, le cheval acquiert ainsi une nouvelle fonction. Il ne s’agit cependant pas d’une démarche traditionaliste, mais plutôt d’une recherche de solutions innovatrices, pertinentes d’un point de vue écologique, économique et social, et respectueuses des animaux. C’est à la France que l’on doit ce retour en force du cheval dans les communes. Depuis plusieurs années, certaines villes et communes françaises misent en effet sur la traction animale. De nombreux véhicules hippomobiles innovateurs, destinés aux travaux de la voirie, ont déjà été mis au point et adaptés aux exigences des diverses tâches à effectuer: ramassage des déchets, entretien des espaces verts, arrosage des massifs de fleurs, transport scolaire, etc. La technologie utilisée est adaptée à la conformation des villes actuelles, des facteurs tels que la largeur des véhicules, les pneus, l’éclairage et des paramètres d’ergonomie jouant un rôle déterminant dans l’utilisation du cheval en ville. L’assistance électrique à la rescousse du cheval Pour des raisons de sécurité et de ressources, il est difficile de travailler avec plusieurs chevaux en milieu urbain.

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Or, les lourdes charges, combinées au dénivelé, ne permettent pas l’utilisation de la traction hippomobile dans toutes les communes, en particulier dans celles avec un fort dénivelé. Ce sont ces réflexions qui ont amené la société Meterus Sàrl d’Estavayer-le-Gibloux (FR) à développer un prototype de calèche à assistance électrique. En cas de nécessité, un moteur électrique auxiliaire piloté manuellement ou automatiquement aide le cheval dans son effort de traction. Son fonctionnement est le suivant: le cheval doit tirer une certaine charge sur un terrain donné. La force de traction est enregistrée par des capteurs intégrés dans le palonnier (fig. 1) et transmise à un ordinateur central (fig. 2). Si la charge dépasse la valeur de consigne enregistrée préalablement par l’utilisateur dans l’ordinateur, celui-ci envoie un signal au moteur électrique qui s’enclenche automatiquement.

Figure 1 | Transmission à l’ordinateur central de la force de traction par le biais de capteurs situés dans le palonnier. (Source: www.equishop.ch)


La calèche à assistance électrique, un projet ­i nnovateur d’ALP-Haras | Eclairage

Figure 2 | L’ordinateur central de la calèche à assistance électrique. (Source: www.equishop.ch)

Dans les descentes, l’ordinateur transmet l’ordre au moteur, selon le même principe, de freiner l’équipage. L’énergie produite par le freinage est emmagasinée dans l’accumulateur lithium-ion (48 V). Autrement dit, le cheval tirera toujours la même charge sur l’ensemble du parcours, que ce soit en montée, à la descente ou au plat. Hypothèse de travail et cadre de l’essai La société principalement urbaine des pays industrialisés occidentaux est très sensible au bien-être des animaux et à leur protection. Les conditions de travail des animaux de trait, en particulier des chevaux tirant des calèches dans les régions touristiques, sont donc sous haute surveillance et les voituriers en ligne de mire des organisations de protection des animaux. Or, à ce jour, il n’existe encore aucune norme scientifique pour évaluer le bien-être des chevaux de trait au travail. La calèche électrique peut contribuer à combler cette lacune: d’une part, l’appareillage de la calèche offre de nombreuses possibilités techniques pour relever divers paramètres physiques; d’autre part, elle peut, selon sa conception de base, alléger considérablement le travail du cheval utilisé à des travaux de traction. C’est pourquoi le Haras national suisse a défini les hypothèses de travail suivantes et mis sur pied un premier essai pilote: Thème d’essai 1: Test pratique de la calèche électrique: vérification de l’ensemble des fonctionnalités du système. Hypothèse: la calèche électrique est-elle adaptée à une utilisation en milieu urbain? Thème d’essai 2: Bien-être du cheval de trait: définition de paramètres pour déterminer le bien-être du cheval pendant le travail. Hypothèse: le bien-être du cheval est-il mesurable pendant le travail? C’est la commune d’Avenches qui a défini la tâche à effectuer au moyen de la calèche électrique. Par ailleurs,

elle a mis un collaborateur de la voirie à disposition. Dans la planification de l’essai, il était prévu de vider pendant un mois, trois fois par semaine, les poubelles publiques d’Avenches. Sur le parcours défini avant le début de l’essai, six étalons de la race des Franches-Montagnes ont été utilisés en essais croisés. Lors de la première utilisation, ils ont travaillé sans assistance électrique, lors de la deuxième avec assistance électrique. La société Meterus Sàrl a mis à disposition la calèche électrique avec l’avant-train et la remorque pour le container à déchets (au total 900 kg avec le personnel). ALP-Haras a quant à elle mis à disposition les chevaux, le meneur et la collaboratrice scientifique chargée de relever les données. Afin de calculer la capacité de traction moyenne de chaque étalon pour un travail optimal, la méthode de E. Lavalard1 (1839 – 1916) a été utilisée. Sur la base du périmètre thoracique et de la hauteur au garrot, une force de traction ponctuelle de 73 kgF pour les six étalons a été calculée. Une valeur de consigne de 40 kgF a ensuite été fixée pour le réglage de base de l’ordinateur de bord.

Matériel et méthodes Les paramètres suivants ont été relevés: Mesures physiques Le force de traction ponctuelle (kgF) de même que la puissance totale (KJ) fournie par le cheval au cours de toute la durée du parcours ont été enregistrées par l’ordinateur de bord de la calèche électrique. Mesures comportementales Le comportement des chevaux a été relevé tout au long du parcours, au démarrage, au pas et durant les pauses. Au pas, la tension du cheval, la position de ses oreilles, la position de sa queue et sa disponibilité à coopérer avec le meneur ont été relevées toutes les 30 secondes. Par ailleurs, à chaque démarrage après un arrêt, la motivation du cheval à tracter l’attelage a été évaluée, de même que la fréquence de certains comportements pendant toute la durée du parcours: mouvements de tête violents, sursauts, ruades, cabrements, piaffements, bâillements, lâchés de crottins et d’urine, hennissements ainsi que la fréquence des aides particulières données par le meneur. Mesures physiologiques La fréquence cardiaque (FC) a été relevée sur l’ensemble du parcours au moyen d’appareils Polar Equine RS 800 et RS 800 CX. Ces appareils ont enregistré éga-  http://www.france-trait.fr/fr/materiel-traction-animale/preambule.html

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Eclairage | La calèche à assistance électrique, un projet ­i nnovateur d’ALP-Haras

Travail du cheval en fonction du temps lors des essais avec et sans assistance électrique des 13 et 18 septembre 2012 Travail du cheval au départ de la voirie sans assistance [KJ]

Travail du cheval au départ de la voirie avec assistance [KJ]

1400

Travail en Kilojoule [KJ]

1200 1000 800 600 400 200 0 00:00:00

00:08:38

00:17:17

00:25:55

00:34:34

00:43:12 00:51:50 01:00:29 Temps [Heure:Minute:Seconde]

01:09:07

01:17:46

01:26:24

01:35:02

Figure 3 | Puissance de traction fournie par l’étalon Lordon. (Source: Agroscope)

lement la position géographique exacte de l’attelage au moyen d’un GPS. Le cortisol salivaire est considéré comme un indicateur fiable du stress, raison pour laquelle un échantillon de salive a été prélevé dans la bouche des chevaux au terme du parcours. La fréquence respiratoire a été relevée manuellement: en phase de repos avant le départ, pendant le travail (à chaque arrêt) de même qu’à la fin du travail (en même temps que le prélèvement de l’échantillon de salive). La température corporelle a été mesurée avant le départ en phase de repos de même qu’en fin de parcours au moyen d’un thermomètre rectal.

Résultats des mesures comportementales Les paramètres comportementaux relevés ne laissent ressortir aucune différence de comportement entre les deux modes. On peut en conclure que la baisse soudaine de la force de traction lors de l’enclenchement du moteur électrique ne provoque aucune irritation ni comportement de défense chez le cheval. De même, aucun accroissement de la motivation à tirer la charge, aucune baisse de la tension corporelle pendant le travail, aucune disposition accrue à la coopération ­ n’ont été constatés. Apparemment, l’assistance électrique n’a déclenché aucune réaction comportementale mesurable.

Des tendances se dessinent L’ensemble des données relevées a été évalué avec le programme NCSS. Le nombre de données assez restreint récolté pendant cet essai pilote n’a pas permis, dans la plupart des cas, de formuler des énoncés significatifs du point de vue statistique au sujet des divers paramètres. Par contre, des tendances se sont clairement dégagées dans certains domaines.

Résultats des mesures physiologiques La représentation graphique des données relatives à la fréquence cardiaque (fig. 4) montre des différences sensibles entre les modes avec et sans assistance électrique. Prenons encore une fois l’exemple de l’étalon Lordon: ses valeurs moyennes (avec/sans) se situent à respectivement 80 et 90 battements par minute (bpm), les valeurs maximales à respectivement 163 et 203 bpm. La mise en valeur des données relatives à la fréquence respiratoire et à la température corporelle montre aussi des différences marquées, dues à la réduction de l’effort lors du travail avec assistance électrique. Les valeurs de cortisol salivaire, indicateur du stress, font également ressortir des différences entre les modes avec et sans assistance électrique. Ces différences ne sont cependant pas significatives (fig. 5).

Résultats des mesures physiques De nettes différences ont été constatées pour l’ensemble des étalons entre le travail avec et sans assistance électrique. En guise d’exemple, prenons la figure 3: celle-ci montre la puissance cumulée (KJ) de l’étalon Lordon au cours de toute la durée du parcours. Sans assistance, il a fourni 1360 KJ. Avec assistance, la puissance fournie s’est réduite de 34 %, soit 900 KJ.

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La calèche à assistance électrique, un projet ­i nnovateur d’ALP-Haras | Eclairage

Fréquence cardiaque en battements par minute [bpm]

Fréquences cardiaques de Lordon en fonction du temps de parcours lors des essais avec et sans assistance des 13/09/12 et 18/09/12 FC sans assistance (bpm) FC avec assistance (bpm)

FC moyenne sans assistance (bpm) FC moyenne avec assistance (bpm)

FC maximale sans assistance (bpm) FC maximale avec assistance (bpm)

200 180 160 140 120 100 80 60 40 20

Temps de parcours [Heure:Minute:Seconde]

Figure 4 | Fréquence cardiaque de l’étalon Lordon. (Source: Agroscope)

Confirmation des hypothèses Cet essai pilote confirme donc la première hypothèse, à savoir la possibilité d’utiliser un véhicule hippomobile à assistance électrique en milieu urbain. Après quelques petits désagréments en début d’essai, la calèche a fonctionné à la pleine satisfaction des utilisateurs. La seconde hypothèse «Mesurabilité du bien-être du cheval pendant le travail» ne peut pas être confirmée de façon formelle. Il a été certes possible de séparer les paramètres déterminants (fréquences cardiaque et respiratoire, température corporelle, cortisol salivaire et puissance de traction) des paramètres non fiables (l’ensemble des paramètres comportementaux), mais le faible nombre de données récoltées a conduit le plus souvent à des résultats non significatifs du point de vue statistique. Concentration cortisol dans la salive 8,0

nmol/l

6,0

Poursuite du projet au printemps 2013 Le présent travail doit être considéré comme une approche et une base pour d’autres études dans le domaine de l’utilisation de chevaux de trait en milieu urbain pour des travaux communaux. Il est prévu de poursuivre le projet dès le printemps 2013 pour récolter davantage de données. La commune d’Avenches fait œuvre de pionnière et de modèle en la matière. La planification et le design de l’essai seront affinés sur la base des expériences faites lors de la phase pilote, le nombre de données à relever sera notamment accru. Cette seconde phase bénéficiera de davantage de temps, il sera donc possible d’approfondir les données paramétriques dans le domaine du bien-être du cheval et d’en ajouter (par exemple la variabilité de la fréquence cardiaque). Par ailleurs, des thèmes non encore traités comme la rentabilité, l’écobilan ainsi que les aspects sociaux de cette forme d’utilisation des chevaux, nouvelle en Suisse, seront aussi pris en compte et analysés, notre objectif final consistant à mettre au point un outil de conseil à disposition des communes intéressées par l’utilisation de chevaux dans les travaux communaux. n

4,0

2,0

0,0 Sans_Assist_E

Avec_Assist_E

Parcours Test Figure 5 | Concentration de cortisol salivaire [nmol/l] des six é­ talons à la fin du parcours avec/sans assistance électrique. (Source: Agrosocpe)

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P o r t r a i t

Irmi Seidl, une économiste de l'environnement à l'Institut de ­recherches WSL Quand on pénètre sur le site de l’Institut de recherches sur la neige, la forêt et le paysage WSL, on serait tenté de dire qu’il devrait plutôt s’appeler «Institut de la forêt», tant celle-ci est encore bien présente à Birmendsdorf, petite localité du canton de Zurich faisant désormais partie de l’agglomération zurichoise. Par ailleurs, sur le site même se trouve un arboretum avec 189 essences d’arbres et d’arbustes différentes et le bâtiment principal abrite une magnifique collection de coupes d’arbres. Irmi Seidl explique que l’on cherche dans les anneaux d’arbres du monde entier des indices sur les conditions de croissance afin d’identifier les modifications climatiques passées. Irmi Seidl ne s’occupe pas directement de la forêt, de la neige ou du paysage, mais des rapports économiques et du comportement des êtres humains avec ces trois éléments. D’origine bavaroise, Irmi Seidl a fait des études d’économie à Munich, puis à Aix-en-Provence, où elle a obtenu sa licence. Après une maîtrise à Paris suit un doctorat à l’Université de St-Gall (HSG). C’est là que son intérêt pour les questions environnementales est devenu le thème central de ses recherches. Au cours de son travail de thèse, elle s’est interrogée sur les incitations et sur la culture d’entreprise nécessaires pour qu’une grande firme mette au point et produise des produits respectueux de l’environnement. Son étude de cas a porté sur le secteur Produits phytosanitaires de Ciba à Bâle. Au terme de sa thèse, Irmi Seidl a travaillé pendant deux ans d’abord à Leipzig, puis à Munich dans des domaines liés aux bilans écologiques, au développement régional et au nouveau concept d’«économie prévoyante», qu’elle a elle-même développé avec d’autres spécialistes de la branche. De retour en Suisse, Irmi Seidl a obtenu son habilitation comme chargée de cours à l’Université de Zurich. La même année, elle a été engagée au WSL où, depuis 2006, elle dirige l’unité de recherche Sciences économiques et sociales. Projet AlpFUTUR «Depuis quelques années, les spécialistes en sciences économiques et sociales sont de plus en plus fréquemment impliqués dans des projets importants de recherche sur l’environnement. Souvent, ce sont les bailleurs de fonds eux-mêmes qui l’exigent», commente Irmi Seidl pour expliquer sa contribution à des projets de recherche

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interdisciplinaires comme AlpFUTUR. Ce projet d’interconnexion regroupe des chercheurs et chercheuses d’Agroscope et du WSL qui se sont penchés sur l’avenir des pâturages d’estivage en Suisse en collaboration avec 13 autres institutions actives dans la recherche, la vulgarisation et la mise en pratique. AlpFUTUR dégage des perspectives pour l’utilisation future des alpages et énonce les mesures nécessaires au niveau politique. Le projet se termine en 2013. La revue Recherche Agronomique Suisse a publié et publiera encore des articles concernant les divers sous-projets d’AlpFUTUR. Une société de la post-croissance Dans la vie d’Irmi Seidl, il n’y a pas de séparation nette entre vie privée et vie professionnelle: elle entreprend régulièrement de lointains voyages, au cours desquels elle s’intéresse en particulier aux rapports qu’entretiennent les sociétés humaines avec la nature et l’environnement. Depuis trois ans, elle travaille à l’un de ses thèmes fondamentaux: nos économies et sociétés sontelles condamnées à croître? N’y a-t-il aucun futur pour elles en dehors de la croissance économique? «Bien sûr que si!», résonne la réponse très engagée d’Irmi Seidl, qui a publié en 2010, en collaboration avec Angelika Zahrnt, un essai intitulé «Postwachstumsgesellschaft». Cet ouvrage, qui aborde des thèmes centraux, tels que le bonheur, les biens publics, l’utilisation des ressources ou l’argent, a suscité un grand intérêt auprès du public. Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras


A c t u a l i t é s

Actualités Réseau de recherche équine en Suisse: 40 nouvelles études Des chercheurs, spécialistes du cheval, se sont penchés sur de nombreux thèmes d’étude et ont fait bon nombre de découvertes. Celles-ci seront présentées lors de la 8e réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse, le 25 avril prochain à Avenches. La Journée de recherche aura pour thème le futur, ou quelles sont les grandes tendances actuelles et comment influencent-elles le milieu du cheval? Les sujets seront présentés de manière à pouvoir les intégrer dans

la pratique de tous les jours. Par exemple, certaines études ont tenté de démontrer les conséquences des charges sur les articulations et le dos des chevaux. Comment les chevaux apprennent-ils et comment peut-on mesurer leurs performances d’apprentissage? D’autres thèmes seront proposés, génétiques notamment, par exemple sur la manière de stimuler le cycle d’une jument et d’augmenter ses chances de gestation. La question de la détention des chevaux du point de vue économique intéressera certainement les personnes qui en vivent. Ou encore le cheval comme élément du patrimoine artistique et historique sera également un des nombreux thèmes abordés et qui devrait captiver le public. Ariane Sotoudeh, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, Avenches

Femmes à la campagne – Potentiels et perspectives La conférence «Femmes à la campagne – Potentiels et perspectives» qui s’est tenue du 7.2 au 9.2 2013 à Vienne faisait suite à la manifestation «Femmes dans l’agriculture» qui avait eu lieu à l’Université de Berne en 2011. Le concept de la conférence, qui consistait à mettre science et pratique en contact, a continué à porter ses fruits et a débouché sur des échanges intéressants et des débats captivants. Par rapport à la manifestation organisée en Suisse, le thème de cette conférence était plus large. La conférence s’adressait ainsi également aux autres femmes des régions rurales, en plus des paysannes et des agricultrices. Cela a permis une discussion approfondie du contexte des femmes à la campagne. 180 femmes de l’espace germanophone ont participé à la manifestation. Hormis les exposés, il y

avait également des débats et une «place du marché» sur laquelle des projets pratiques ont été présentés. Les questions de répartition des rôles entre hommes et femmes ont également été thématisées dans l’optique du développement régional, de la mobilité, du marché du travail, de l’agriculture et des perspectives d’avenir en milieu rural. Ruth Rossier et Christine Jurt, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen

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Actualités

M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 21.03.2013 Mélanges standard à base de luzerne: riches en protéines et conçus pour durer Dans les régions à faible pluviosité, les mélanges à base de luzerne et de graminées fournissent des fourrages à très hauts rendements en protéines par hectare. Actuellement, il existe trois différents mélanges standard (Mst) contenant de la luzerne. Sur la base d’essais en bandes et en petites parcelles, Agroscope a modifié la composition du Mst 325 lors de la dernière révision des mélanges standard, pour mieux l’adapter aux régions séchardes en plaine.

18.03.2013 La recherche équine en Suisse – Quarante nouvelles études et des hôtes étrangers de renom Que puis-je faire pour que ma jument soit plus facilement portante? Comment les chevaux apprennent-ils et comment mesurer leurs performances pour ensuite faciliter leur apprentissage? De jeunes chercheuses et cher-

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

cheurs suisses se sont penchés sur ces questions et sur de nombreuses autres. Leurs découvertes seront dévoilées à l’occasion de la 8e réunion du Réseau de recherche équine en Suisse, le 25 avril prochain à Avenches. Par ailleurs, des chercheuses réputées de France et d’Allemagne enrichiront la journée par la présentation des résultats de leurs études passionnantes.

15.03.2013 Les maladies du sol, une menace insidieuse pour les cultures de baies La productivité des cultures de baies, surtout les fraises et les framboises, peut être fortement amoindrie par les maladies du sol dont l’impact, en l’absence de symptômes visibles sur les parties aériennes, est souvent sousestimé. Lors d’un essai au champ, Agroscope a montré que le rendement d’une culture de fraises peut diminuer de moitié sans qu’apparaisse le moindre symptôme sur feuilles, fleurs et fruits. Afin de mieux contrer les maladies du sol, l’utilisation d’engrais verts est proposée.

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société

Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

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Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Actualités

Liens Internet

Manifestations

Journées portes ouvertes d’Agroscope à Wädenswil www.agroscope-forschung-erleben.ch Les 7 et 8 juin prochains, le site d’Agroscope à Wädenswil ouvrira ses portes au public. De nombreux événements sont prévus à l’intention des visiteurs de tous horizons, notamment 18 stands d’information qui leur feront découvrir les travaux de recherche d’Agroscope en faveur de l’agriculture et des consommateurs suisses.

Avril 2013 25. April 2013 8e réunion annuelle du réseau de recherche équine en Suisse Haras national suisse HNS Avenches 28.04. – 01.05.2013 GCIRC technical meeting 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Nyon Mai 2013

Vo D a rnssc h l ea up r o c h a i n n u m é r o Mai 2013 / Numéro 5 Consommation énergétique de l’agriculture suisse. Des chercheurs d’Agroscope ­présentent l­ ’indicateur environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture». Celui-ci fournit des chiffres qui pemettent de représenter et d’évaluer aussi bien la situation actuelle que les ­tendances d’évolution de la consommation énergétique dans l’agriculture. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

••Série AlpFUTUR: Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages, Manuel Schneider et al., ART et Université de Freiburg (Allemagne) ••Série AlpFUTUR: Détention d’animaux de rente à l‘alpage – un aperçu de la littérature, Sabrina Imfeld-Mueller, ETH et WSL ••Analyse de cycle de vie de deux systèmes de production laitière (garde au pâturage vs garde à l’étable), Michael Sutter et al., HAFL et ART ••Lutte contre le mildiou de la pomme de terre sans cuivre en culture biologique?, Heinz Krebs et al., ART

07.05.2013 Frühjahrstagung: Sind hohe Leistungen «Bio-kompatibel»? Herausforderungen für die Tierernährung Manifestation commune de ETH Zurich, Vetsuisse Berne et Zurich, et d‘Agroscope ETH Zentrum, Zurich 22. – 23.05.2013 Fachtagung Düngerkontrolle MARSEP-/­ VBBo-Ringversuche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et OFAG Berne 30.05.2013 AGFF-Tagung AGFF / Agroscope / Inforama Innereriz BE Juin 2013 07. – 08.06.2013 Journées porte ouverte 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil 19. – 20.06.2013 Agrartechniktage Tänikon Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen

••Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle d’Incarnat, Rainer Frick, ACW ••Consommation énergétique de l’agriculture suisse – L’énergie grise pèse de plus en plus lourd dans la balance, Annett Latsch et al., ART ••Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2014, Jürg Hiltbrunner et Didier Pellet, ART et ACW

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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harasnational.ch

8e réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse

Achte Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung Schweiz

25 avril 2013 9 h - 17 h, Théâtre du Château, Avenches -

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Journée ouverte à tout public avec exposés et posters Echange et transmission d’un savoir scientifique aux personnes qui détiennent, montent, mènent et élèvent des chevaux Thèmes: Prévention et maladies ; Elevage et génétique ; Bien-être et détention ; Définition des besoins Prix (y. c. les repas): Tarif normal CHF 120.- (€ 100.-) CHF 100.- (€ 85.-) Participant-e-s Equigarde® Etudiant-e-s et doctorant-e-s CHF 40.- (€ 35.-) Inscription* obligatoire

25. April 2013 9 - 17 Uhr, Théâtre du Château, Avenches - Öffentliche Tagung mit Vorträgen und Ausstellung - Wissenschaftlicher Austausch und Wissenstransfer zu Personen, die Pferde halten, reiten fahren und züchten - Themen: Prävention und Krankheiten; Zucht und Genetik; Wohlbefinden und Haltung; Definition der Bedürfnisse - Tagungsgebühren (inkl. Verpflegung): Normaltarif CHF 120.- (€ 100.-) CHF 100.- (€ 85.-) Equigarde®- Reduktion Studierende, Doktorierende CHF 40.- (€ 35.-) - Anmeldung* obligatorisch *Anmeldungen und Infos: / * Inscriptions et renseignements : Tel. 026 676 63 75 Fax: 026 676 63 05 katja.sprenger@haras.admin.ch

Dienstag, 7. Mai 2013

Sind hohe Leistungen „ Bio-kompatibel “ ? Herausforderungen für die Tierernährung

Themen:

Anmeldung:

• Wie können hohe Leistungen „ erfüttert “ werden ?

Bis spätestens Donnerstag, 25. April 2013 an die folgende Adresse:

• Hohe Leistungen – schlechte Fruchtbarkeit ? • Highlights aus der Forschung

Ort: Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude, Rämistrasse 101 Auditorium Maximum (HG F 30)

ETH Zürich Institut für Agrarwissenschaften Sekretariat / LFW B 58.1 8092 Zürich Schweiz E-Mail: tiziana-lanzini@ethz.ch

Universität Zürich UZH


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