Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2014

Page 1

RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 4

|

N u m é r o

3

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

M a r s

Environnement Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround Page 80 Economie agricole Quel est l’effet des nouvelles ­contributions d’alpage? Page 88 Production végétale Série ProfiCrops: C aractérisation des innovations, l’exemple du colza HOLL Page 104


Les méligèthes du colza peuvent occasionner de gros ­dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Agroscope a procédé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. (Photo: G ­ abriela Brändle, Agroscope)

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Sommaire Mars 2014 | Numéro 3 79 Editorial Environnement Lutte contre le méligèthe du colza avec le 80

produit naturel Surround Werner Jossi, Clay Humphrys, Brigitte Dorn et Jürg Hiltbrunner Economie agricole Quel est l’effet des nouvelles 88

­contributions d’alpage?

Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Gabriele Mack et Christian Flury Production végétale Sensibilité de la pomme de terre à la 96

­maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange et al. Production végétale – Série ProfiCrops Caractérisation des innovations en 104

­production végétale: l’exemple du colza HOLL

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00

Camille Aouinaït, Bernard Jeangros, Vincent Nassar et Anna Crole-Rees 112

Production végétale – Série ProfiCrops

rofiCrops: le point sur l’efficacité, P l’efficience et la valeur ajoutée Anna Crole-Rees et Lukas Bertschinger

Eclairage Réactions du millet aux apports d’azote 118 Samuel Knapp, Rosalie Aebi et Jürg Hiltbrunner

Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58

122 Portrait

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch

127 Manifestations

ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

123 Actualités


Editorial

Projets phares d’Agroscope: les programmes de recherche Chère lectrice, cher lecteur,

Paul Steffen, responsable de ­l ’Institut des sciences en durabilité agronomique IDU et responsable de la Corporate Research Agroscope CRA.

La recherche interdisciplinaire par programme occupe une place importante sur la scène nationale et internationale. Depuis 1975, le Fonds national suisse propose des programmes de recherche et depuis le milieu des années 1990, différentes institutions de recherche suisses ont complété leurs activités en y ajoutant leurs propres programmes. En 2008, Agroscope a lancé pour la première fois trois programmes de recherche qui s’achèveront au premier semestre 2014: AgriMontana, NutriScope et ProfiCrops. Nos expériences confirment que la recherche pluridisciplinaire a tout le potentiel nécessaire pour résoudre les problèmes majeurs actuels. Grâce à des compétences diversifiées, Agroscope réunit les conditions idéales sur ce plan. Certes, la recherche interdisciplinaire par programme suscite aussi des critiques, mais elle est devenue de plus en plus importante et le restera à l’avenir. Deux nouveaux programmes de recherche Agroscope Les programmes de recherche sont les projets phares d’Agroscope. C’est pourquoi au printemps 2014, Agrocope lancera deux nouveaux programmes de recherche. Ils traiteront de thèmes orientés à moyen et long terme et permettront de mettre sur pied de nouveaux domaines de recherche et de développement: le programme «Biodiversité microbienne» analysera le patrimoine génétique de microorganismes appartenant à des écosystèmes choisis dans l’agriculture et la filière alimentaire. Ces données serviront à exploiter les microorganismes naturels au profit d’une agriculture durable et de produits agricoles sûrs et de première qualité. Quant au programme «REDYMO: Réduction et Dynamique des Microorganismes persistants et résistants aux antibiotiques tout au long de la chaîne alimentaire», il soutiendra les efforts de la pratique agricole, de l’industrie alimentaire et des offices concernés dans leur lutte contre les résistances aux antibiotiques. Les nouveaux programmes de recherche ont été élaborés sur le mode «bottom-up» par au moins deux instituts d'Agroscope. Au total, neuf propo­ sitions ont été déposées, parmi lesquelles un groupe d’experts externes appuyé par le groupe stratégique Recherche Agroscope a sélectionné les deux programmes cités. Ceux-ci ont ensuite été autorisés par le Comité de direction Agroscope. Pour la période de 2014 à 2018, les programmes seront financés par les fonds d’Agroscope à raison de 0,8 millions de francs par an. Ces fonds peuvent être employés pour la gestion des programmes, les travaux de synthèse ainsi que les thèses et les postdocs. Les deux programmes se sont fixé des objectifs ambitieux. Une des clés de la réussite tient sans doute dans le succès de la collaboration interdisciplinaire, surtout si l’on considère que les solutions à de nombreux problèmes cruciaux de société et d’environnement doivent être développées en commun par des disciplines scientifiques multiples.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 79, 2014

79


E n v i r o n n e m e n t

Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­produit naturel Surround Werner Jossi1, Clay Humphrys1, Brigitte Dorn2 et Jürg Hiltbrunner1 1 Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse 2 EPF Zurich, Département des sciences de l’environnement, 8092 Zurich, Suisse Renseignements: Werner Jossi, e-mail: werner.jossi@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Les boutons floraux mangés par les méligèthes meurent. (Photo: Werner Jossi, Agroscope)

Introduction Malgré une demande importante pour un colza cultivé autant que possible sans pesticides pour la production d’huile, la superficie de colza bio reste faible. Les exigences élevées du colza d’automne en substances nutritives et en protection des plantes en sont les principales raisons. Selon les directives IP-Suisse, aucun insecticide n’est permis pour la culture du colza extenso. Les plus grandes pertes de rendements sont surtout dues à Meligethes aeneus et M. viridescens. Leur résistance de plus en plus forte aux substances actives des pyréthroïdes contraint les agriculteurs cultivant du colza de manière conventionnelle à se tourner vers des produits contenant d’autres groupes de substances actives.

80

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Lutter contre les méligèthes de manière naturelle Agroscope entreprend depuis quelques années déjà des recherches pour trouver des alternatives dans la lutte contre les méligèthes par la lutte microbienne (p. ex. Kuske et al. 2011). Dans le même temps, Agroscope a testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles en laboratoire et en plein champ. Les effets de bioinsecticides connus, comme NeemAzal® et Pyrethrum®, ne sont pas suffisants. Par contre, l’infestation de méligèthes sur les boutons floraux a pu être réduite après application pendant quelques jours de produits en poudre comme la poudre de roche et la cendre de bois (Dorn et al. 2013). Les substances comme la poudre de roche étant difficiles à appliquer, d’autres types de poudre de roche en suspension dans de l’eau ont été testés en plein champ. Le


produit phytosanitaire Surround® (Stähler Suisse SA, Zofingen), qui contient de la kaoline, est particulièrement adapté. De plus, il est déjà utilisé en Suisse dans la lutte contre le psylle commun du poirier (Cacopsylla pyri) et peut s’appliquer à l’aide d’un pulvérisateur traditionnel. Ce produit présente également une bonne adhérence sur les plantes de colza lorsqu’il est combiné à un agent mouillant; il persiste même pendant quelques jours sous la pluie. La kaoline – également appelée argile blanche – est une roche naturelle essentiellement constituée d’une argile minérale, la kaolinite. En plus des poudres de roches et du Surround, d’autres substances naturelles ont été testées, comme la poudre Silico-Sec, qui contient de la silice (Humphrys et Jossi 2010), et le Klinospray (Daniel 2013), qui contient de la clinoptilolithe. Ces deux produits, combinés à un agent mouillant, peuvent s’épandre avec un pulvérisateur. Lors de nos essais sur trois ans, l’efficacité du Surround sur les méligèthes et sur le rendement en graines a été comparée à celle d’insecticides conventionnels et avec une parcelle-témoin (sans traitements). Un temps frais stoppe les méligèthes Dans les parcelles d’expérimentation, les méligèthes du colza ont été capturés de 2009 à 2011 à l’aide de pièges jaunes en forme de cuvette. Les populations se composaient à 91 % de Meligethes aeneus et à 9 % de M. viridescens. Au printemps, dès que la température dépasse 15 °C, les méligèthes s’envolent et gagnent les champs de colza. Ils s’attaquent aux jeunes boutons floraux lorsque ces derniers atteignent le stade de développement BBCH 51. Ils détruisent le bouton floral pour atteindre le pollen, ce qui réduit la production de siliques (fig. 1). Les dégâts diminuent dès le début de floraison, car les coléoptères préfèrent les fleurs épanouies. Les femelles déposent les œufs dans les boutons floraux. Les larves grandissent dans les fleurs en se nourrissant de pollen aussi, sans toutefois causer de grands dégâts. Les dommages potentiels dépendent des conditions météorologiques printanières. Les méligèthes, thermophiles, se nourrissent davantage dès que les températures dépassent 15 °C. En dessous de 10 °C, ils restent immobiles, comme en hibernation. Le colza étant moins sensible au froid, il se développe aussi par des températures plus basses. Les conditions météo printanières en 2011, 2012 et 2013 ont été diverses sur les parcelles expérimentales. Le printemps 2011 a surtout été sec et chaud. En 2012, après une courte période de chaud de fin mars à début avril, une période fraîche et pluvieuse a duré jusqu’à la floraison du colza. En 2013, la période de végétation a débuté tard, ce n’est que vers fin avril qu’il

Résumé

Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround | Environnement

Les méligèthes du colza (Meligethes spp.) peuvent occasionner de gros dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Les possibilités de traitements non chimiques pourraient à l’avenir prendre de l’importance également dans les cultures conventionnelles de colza, à cause de l’augmentation de la résistance des méligèthes. Agroscope a procédé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. Le produit Surround – qui contient de la kaoline – a montré une bonne efficacité et une utilisation pratique satisfaisante lorsqu’il est appliqué avec un agent mouillant contenant de l’huile de colza. Le Surround a été utilisé de 2011 à 2013 en respectant les exigences PER dans dix parcelles; son efficacité a été comparée avec celle des insecticides conventionnels et une parcelle témoin non traitée. Le Surround a montré un effet statistiquement significatif de 50–70 % par rapport à la parcelle témoin. L’effet a duré environ cinq jours. Avec un traitement de Surround, le rendement en graines a augmenté de 10 % en moyenne. Avec les insecticides chimiques de synthèse, le rendement a augmenté de 17 % en moyenne. Un deuxième traitement, appliqué 6–10 jours après le premier, a encore amélioré le rendement de 7 % en moyenne avec chacun des deux moyens de lutte. Dans les champs de colza riches en substances nutritives, l’utilisation du Surround est économiquement intéressante dès que le seuil de 3–5 méligèthes par plante est atteint.

a fait plus chaud, mais les précipitations étaient alors plus abondantes. Les températures élevées durant le stade du bouton floral en 2011 et 2013 ont fortement favorisé les méligèthes. Les dégâts ont par contre été nettement moindres en 2012, grâce au temps frais d’avril jusqu’à la floraison du colza. Le taux d’infestation moyen pendant ces trois années était de 5–7 méligèthes par plante, ce qui dépasse nettement le seuil de tolérance économique de 3–5 (seuil d’intervention 2012). Grâce aux grandes parcelles expérimentales, la dispersion tardive des méligèthes depuis les parcelles non traitées et  les parcelles ayant subi des dégâts, a pu être réduite.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

81


Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround

Méligèthes du colza par plante

8 7 6 5 4 3 2

1 jour… 3 jours… 5 jours après le traitement

1 0

Non traité

Effet sur les coléoptères: Rendement (dt/ha): Rendement relatif: Test Tukey:

Telmion uniquement 0 22,0 100 c

Surround uniquement

11 23,0 104 bc

17 22,6 103 bc

Surround + Telmion Insecticide (Talstar) 56 25,4 116 abc

62 % 28,4 dt/ha 129 % a

Figure 2 | Nombre de méligèthes du colza par plante 1, 3 et 5 jours après traitement avec l’agent mouillant Telmion uniquement, avec du Surround uniquement, avec du Surround et du Telmion, ainsi qu'avec l'insecticide Talstar, comparé à la parcelle témoin non traitée (valeurs moyennes ± écart type). Sous le graphique: efficacité moyenne contre les coléoptères s­ elon Abbott, rendement (dt/ha) et rendement relatif (non traité = 100 %). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05). Expérimentation 2011, variété Aviso.

Matériel et méthodes De 2011 à 2013, dix parcelles expérimentales randomisées, avec chacune 4  –  6 répétitions, ont été aménagées à Agroscope Reckenholz-Tänikon en respectant les exigences PER. Les parcelles mesuraient 80–120 m2. Les traitements ont été effectués, comme lors de l’utilisation d’insecticides, aux stades de boutons floraux BBCH 53–59, c’est-à-dire avant la floraison du colza. Lorsque cela a été possible, un deuxième traitement est intervenu 6–10 jours après le premier sur la moitié de chaque parcelle. Le Surround a été appliqué avec un dosage de 25 kg pour le premier traitement et 20 kg pour le deuxième dans 400 l d’eau, par hectare. Pour obtenir une adhérence convenable et régulière sur les plantes, le liquide de traitement a été mélangé au produit Telmion (Omya AG, Oftringen), un agent mouillant biocompatible, à raison de 4 l/ha. L’application s’est faite avec un pulvérisateur automoteur pour petites parcelles muni d’un malaxeur et à une pression de 5 bars. Les rampes d’épandage, d’une largeur de 6 m, étaient munies de 12 buses antidérive Lechler (IDK 120 – 02). Le nombre de coléoptères par plante a été déterminé avant l’application, ainsi que un, trois et cinq jours après l’application. Les coléoptères ont été comptés une seule fois après la deuxième application, car le développement des pousses latérales rendait le décompte plus difficile. Les coléoptères ont été comptés sur cinq plantes côte à côte à trois endroits sur chaque parcelle. Dès le stade BBCH 55, les décomptes se sont restreints à l’axe principal. Les variétés recommandées de colza Aviso, Adriana, Sammy, ainsi que les variétés hybrides Visby et Compass, ont été utilisées (Hiltbrunner & Pellet 2010 et 2013).

82

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

En 2011 et 2012, un essai split-plot supplémentaire (facteur principal: traitement) a été effectué avec deux concentrations d’azote: 70 et 120 kg N/ha. Chaque parcelle de 180 m2 a été divisée en 2 demi-parcelles de 90 m2. Le premier apport d’azote de 70 kg/ha s’est fait début mars sur l’entier de la parcelle avec un épandeur à engrais, sous la forme de nitrate d’ammoniaque boriqué (27,5 % N; 0,5 % B). Le deuxième apport (50 kg/ha) a eu lieu début avril uniquement sur une demi-parcelle, sous forme de nitrate d’ammoniaque (25 % N, 5 % Mg, 8 % S), à la main. Un décompte des siliques sur l’axe principal et sur les pousses latérales a été fait fin mai 2011 sur les deux demi-parcelles, et en 2012 uniquement sur la demiparcelle ayant reçu le moins d’azote.

Résultats et discussion Effet suffisant uniquement avec un agent mouillant En 2011, lors d’une expérimentation avec du Surround uniquement, trois comptages ont mis en évidence un effet sur les coléoptères supérieur de 17 % en moyenne (fig. 2), par rapport à la parcelle-témoin non traitée. Avec l’apport du mouillant Telmion, l’effet s’est renforcé; il est le même qu’avec l’utilisation du Talstar, un insecticide chimique de synthèse (fig. 2). Les tests en laboratoire d’Agroscope ont montré que seulement 30 % environ des coléoptères directement aspergés de Surround meurent (Dorn et al. 2013). On peut donc supposer que, sur le terrain, la plupart des coléoptères survivent au traitement mais ne peuvent plus se nourrir à cause du dépôt du produit recouvrant les boutons floraux.


Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround | Environnement

160 140

117

110

124

117

Pourcentage

120 100

95

96

92

95

80 60 40 20

Rendement en graines PMG

0 Surround+Telmion

Insecticide

1 traitement

Surround+Telmion

Insecticide

2 traitements

Figure 3 | Rendement en graines et poids de mille grains (PMG) pour un et deux traitements avec Surround + Telmion et avec des insecticides chimiques de synthèse, comparé à la parcelle témoin non traitée (= 100 %). Valeurs moyennes (± écart type) pour dix essais au champ (2011–2013). Significations voir tabl. 1.

Après l’application du Surround, la couche blanchâtre de kaoline reste visible quelques jours sur les plantes. Elle résiste assez bien à la pluie. Dans les essais, aucune influence négative de l’application n’a été observée sur les plantes de colza. Cependant, le poids de mille grains dans les parcelles traitées était légèrement inférieur au poids de mille grains dans les parcelles non traitées (fig. 3). Cette diminution est aussi constatée lors de l’utilisation de produits chimiques de synthèse. Le poids de mille grains plus élevé dans les parcelles non traitées ayant subi le plus de dégâts est vraisemblablement dû à une réaction de compensation des plantes de colza. Les résultats de rendement de l’essai à Tänikon en 2013 confirment aussi cela (fig. 4). En raison de l’infestation importante et durable (en moyenne huit coléoptères par axe principal), les parcelles expérimentales ont été traitées trois fois à des intervalles d’une semaine. L’application du Surround + Telmion a permis d’augmenter statistiquement le rendement de 17 %, contre 13 % avec les insecticides Plenum, Biscaya et Audienz. Aucune différence significative n’a été relevée en ce qui concerne le poids de mille grains. Résultats de tous les essais L’application du Surround avec 1 % de Telmion a entraîné, dans les cinq jours après le traitement, une réduction significative de coléoptères dans tous les essais (tabl. 1). L’efficacité selon Abbott se monte en moyenne à 65 % par rapport à la parcelle-témoin non traitée, à 81 % avec les insecticides. Les différences de rendement n’étaient pas statistiquement significatives dans tous les essais. Dans les dix essais, les rendements fluctuaient entre 20 et

40 dt/ha. En raison de la forte variation et parce qu’un deuxième traitement n’était pas nécessaire pour tous les essais, les rendements sont exprimés en valeurs relatives moyennes, pour une meilleure comparabilité avec la parcelle-témoin non traitée (tabl. 1; fig. 3). Le premier traitement au Surround+Telmion des dix essais de 2011 à 2013 a permis une augmentation moyenne du rendement de 10 % par rapport à la parcelle-témoin; avec les insecticides conventionnels, le rendement est augmenté de 17 %. En 2012, le deuxième traitement n’a pas pu être appliqué sur tous les essais en raison d’un temps frais. Il a toutefois permis une augmentation moyenne du rendement de 7 %, avec les deux procédés de pulvérisation. Dans quelques essais en 2013, l’effet du Surround sur les coléoptères et le rendement était comparable à des insecticides peu efficaces comme Plenum et Audienz (fig. 4). Les plantes de colza compensent en partie les dégâts Les méligèthes du colza commencent à se nourrir des jeunes boutons floraux aux stades de développement BBCH 51 – 53. Les premiers touchés sont les boutons qui formeront plus tard l’axe principal. Lors d’une forte infestation, les siliques de l’axe principal manquaient ou s’atrophiaient. Les plantes bénéficiant d’un bon apport en substances nutritives sont capables de réduire plus ou moins fortement les dégâts en développant davantage de pousses latérales. Selon les conditions météorologiques et l’état de santé des plantes, cette compensation se faisait de manière diverse et occasionnait parfois dans les essais un décalage entre les dégâts attendus et le ren dement (Weymann et al. 2013).

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

83


Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround

Tableau 1a | Nombre de méligèthes du colza avant, ainsi que 1, 3, 5 et 7–10 jours après le premier traitement; rendement relatif (non traité = 100 %) et poids de mille grains (PMG). Moyennes sur dix essais au champ (2011–2013). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas ­s ignificativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05) Expérimentations avec un traitement 1 jour après traitement

Procédé

3 jours après trait.

5 jours après 1er trait.

7–10 jours après 1er trait.

Rendement ­relatif (%)

Rendement relatif (%)

PMG

Non traité

6,0

a

6,6

c

6,2

c

5,4

c

4,9

a

100

b

4,8

a

Surround+Telmion

6,0

a

2,2

b

2,3

b

2,2

b

3,9

a

110

a

4,5

b

Insecticide

5,5

a

1,3

a

1,1

a

1,2

a

3,8

a

117

a

4,6

b

Tableau 1b | Nombre de méligèthes du colza après le premier et le deuxième traitement; rendement relatif (non traité = 100 %), ainsi que poids de mille grains (PMG). Moyennes sur sept essais au champ (2011–2013). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05) Expérimentations avec deux traitements 1 jour après traitement

Avant ­traitement

Procédé

3 jours après trait.

5 jours après 1er trait.

1 jour après 2e trait.

Rendement relatif (%)

Non traité

5,5

a

5,8

b

5,5

b

6,2

c

4,5

b

100

b

4,8

a

Surround+Telmion

5,8

a

1,8

a

2,0

a

2,5

a

2,0

a

117

a

4,6

b

Insecticide

6,7

a

2,7

a

2,2

a

3,8

b

1,9

a

124

a

4,4

c

Dans deux essais en 2011 et 2012, le nombre moyen de siliques par plante a augmenté de 15 % avec le Surround et de 22 % avec un insecticide, par rapport à la parcelletémoin non traitée (fig. 5). Avec deux traitements, le nombre de silique augmentait de 29 % (Surround), et 33 % (insecticide). Les effets sur les rendements étaient similaires: augmentation de 13 % avec un traitement au Surround, 22 % avec un insecticide, 20 % avec deux traitements au Surround et 41 % avec deux traitements à l’insecticide, par rapport à la parcelle-témoin non traitée. b 100

Lors du comptage des siliques, on a constaté que l’augmentation de rendement se traduisait surtout par la formation de nouvelles siliques sur les pousses latérales. Dans quelques essais sur les parcelles non traitées, une légère augmentation du poids de mille grains (P < 0,05, tabl. 1; fig. 3) a aussi pu être observée. Il existe des différences au niveau du type de rendement selon les variétés de colza: certaines produisent plus de graines, d’autres produisent des graines plus grosses. Il existe également des formes intermédiaires (Hiltbrunner et Pellet 2013).

a 113

a 117

35

dt/ha resp. g

30 25 20 15 10

a 100

0

a 92

a 103

5

Rendement en graines PMG Non traité

Surround+Telmion 1%

Dosages: 1er traitement 2e traitement 3 e traitement Efficacité contre les coléoptères: 0 %

25 kg/ha 20 kg/ha 20 kg/ha 64 %

Insecticide Plenum 0,15 kg/ha Biscaya 0,4 l/ha Audienz 0,2 l/ha 34 %*) (Abbott)

*Efficacité probablement trop faible car les coléoptères inactifs restés sur les plantes ont aussi été comptés.

Figure 4 | Rendement en graines (dt/ha) et poids de mille grains (PMG, en g) après trois traitements avec Surround + Telmion et avec des insecticides chimiques de synthèse, comparé à la parcelle témoin non traitée. Valeurs moyennes (± écart type) de l'expérimentation 2013 (variété Compass). Les procédés avec les mêmes lettres ne sont pas significativement différents statistiquement (test Tukey-HSD, P < 0,05). Sous le graphique: dosages des produits de traitement et efficacité contre les coléoptères selon ­A bbott (moyenne de quatre contrôles coléoptères).

84

PMG

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014


Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround | Environnement

140

Pourcentage

120 100 80 60 40 20 0

* 95

115 113

Surround+Telmion

* 122 122

* 94

Insecticide

* * 129 120

* 93

* * 133 141

Surround+Telmion

1 traitement

* 88

Nombre de siliques Rendement PMG

Insecticide

2 traitements

Figure 5 | Valeurs relatives pour le nombre de siliques par plant de colza, rendement en graines et poids de mille grains (PMG) en % (non traité = 100 %). Valeurs moyennes (± écart type) de deux essais (2011: variété Aviso; 2012: variété Visby). *Différences significatives par rapport à la parcelle-témoin non traitée (test Tukey-HSD, P < 0,05).

La baisse du poids de mille grains causée par les méligèthes peut être compensée par le choix d’une variété de colza appropriée. Lors des essais, le meilleur poids de mille grains sur la parcelle-témoin est surtout obtenu avec les variétés Aviso et Visby (fig. 5). Influence d’une fumure azotée On a voulu savoir, avec les deux essais Split-plot de fumure, si la capacité de compensation du colza pouvait être améliorée par un bon apport en azote. Sur une moyenne des cinq procédés, l’apport supplémentaire de 50 kg N/ha a permis une augmentation du nombre de siliques de 24 % et une augmentation de rendement de 13 %; le poids de mille grains a par contre diminué de 4 % environ (fig. 6). L’augmentation de rendement grâce au deuxième apport d’azote (13 % en moyenne) était à peu près identique avec tous les procédés et correspondait plus ou moins à l’augmentation moyenne de rendement après utilisation d’un insecticide dans les dix essais (fig. 6). L’apport supplémentaire de 50 kg N/ha occasionne à peu près les mêmes coûts qu’un traitement à l’insecticide.

Le traitement au Surround est-il économique? Un traitement au Surround dosé à 25 kg/ha, avec un apport de Telmion de 4 l/ha, revient à CHF 210.–/ha (y compris les coûts d’épandage de CHF 75.–/ha). Pour couvrir ces frais, et en se basant sur un prix au producteur de CHF 80.–/dt de graines de colza, il faut augmenter le rendement de 2,6 dt/ha. Avec deux traitements au Surround, chacun dosé à 20 kg/ha, les coûts reviennent à CHF 380.–/ ha, ce qui correspond à une augmentation de rendement de 4,8 dt/ha. Un traitement au Surround serait rentable à partir d’un rendement de 25 dt/ha, si l’on vise une augmentation de rendement de 10 %. Avec deux traitements et une augmentation de rendement de 15–20 %, il faut un rendement d’au moins 30 dt/ha. De 2011 à 2013, sur une moyenne des dix essais, un traitement au Surround dosé à 25 kg/ha aurait été économiquement rentable. Les primes extenso n’ont pas été intégrées aux calculs. Pour les exploitations bio, avec un prix au producteur de CHF 220.–/dt de graines de colza, l’utilisation serait déjà rentable avec un rendement plus bas: entre 10 et 15 dt/ha. Toutefois, une augmentation de rendement 

30

dt/ha

25 20 15 10 70 kg N/ha 120 kg N/ha

5 0 Non traité

Surround 1x

Insecticide 1x

Surround 2x

Insecticide 2x

Changement avec 2 e apport d'azote: Siliques: + 21 + 14 + 32 + 16 + 39 % Rendement: + 14 + 13 + 13 + 14 + 11 % PMG: -4 -7 -3 -6 -1 %

Moyenne: + 24 % + 13 % -4 %

Figure 6 | Rendements en graines (dt/ha) avec différentes concentrations de fumure. Valeurs moyennes (± écart type) de deux essais (2011 et 2012). Sous le graphique: efficacité (%) avec le 2e ­a pport d'azote de 50 kg/ha sur le nombre de siliques, le rendement et le poids de mille grains (PMG).

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

85


Environnement | Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround

Figure 7 | Floraison plus luxuriante: effet visible d'un traitement au Surround sur les méligèthes du colza. (Photo: Werner Jossi, Agroscope)

avec utilisation de Surround ne serait envisageable que si le colza dispose de suffisamment de substances nutritives. Pour les cultures bio et extenso de colza, il faudrait donc en premier lieu assurer un bon approvisionnement en substances nutritives, afin que les dégâts puissent être compensés par la formation de nouvelles siliques.

Recommandations pour la pratique L’utilisation de moyens alternatifs de lutte contre le méligèthe du colza, comme le Surround, ne permet généralement pas une protection efficace des siliques de l’axe principal. Il ne faut donc pas appliquer le produit trop tôt, car son efficacité est de courte durée; la période optimale se situe aux stades de développement BBCH 53–59. Ainsi, les pousses latérales – les plus importantes pour un bon rendement – peuvent être protégées efficacement. Lors d’une infestation soutenue de coléoptères, une deuxième application de Surround améliore la protection des plantes. Dans les cultures conventionnelles de colza, deux ou trois pulvérisations d’insecticides sont souvent nécessaires lors de fortes infestations. En se basant sur les résultats des essais à Tänikon en 2013 (fig. 4), il apparaît que le Surround aurait probablement pu remplacer l’insecticide, ceci afin d’éviter le développement d’une résistance toujours plus marquée des coléoptères aux insecticides.

86

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

Il faut d’abord favoriser le développement des plantes en assurant une structure du sol intacte et un apport suffisant de substances nutritives, car les plantes robustes compensent mieux les dégâts que celles souffrant de malnutrition. C’est pourquoi l’utilisation de Surround n’est rentable que lorsque le seuil d’intervention est atteint par temps chaud et que le colza est en bonne santé. Pour l’heure, la procédure d’homologation de l’utilisation du produit Surround contre les méligèthes du colza est encore en cours. L’Office fédéral de l’agriculture pourrait l’autoriser avec l’indication « efficacité partielle contre les méligèthes du colza ». Une utilisation éventuelle en culture extenso ne serait pas autorisée, selon les conditions en vigueur (Ordonnance sur les paiements directs, art. 69). Pour les cultures bio, son utilisation ne serait possible que si le produit est ajouté à la liste des intrants du FiBL. Son utilisation comme méthode permettant de ralentir la résistance des méligèthes – dans le cadre de la culture PER du colza – serait possible immédiatement après l’homologation. n

Remerciements

Nous remercions Bio Suisse et IP-Suisse pour leur participation financière aux expérimentations.


Lotta al meligete della colza mediante la sostanza naturale Surround I meligeti della colza Meligethes spp. possono causare ingenti danni a queste colture. Particolarmente a rischio sono le coltivazioni estensive e biologiche, nelle quali è vietato l'impiego di insetticidi. A causa del crescente sviluppo di resistenze nei meligeti della colza, però, in futuro modalità di trattamento non chimiche potrebbero rivelarsi preziose anche nella coltivazione convenzionale. Agroscope ha testato, in esperimenti sul campo, l'efficacia di numerose sostanze naturali contro tale meligete. Si è dimostrato efficace e facilmente applicabile nella pratica il prodotto Surround contenente caolino, combinato con un umidificante contenente colza. Dal 2011 al 2013, tale prodotto è stato applicato in condizioni PER su un totale di dieci grandi particelle sulle quali venivano impiegati insetticidi convenzionali ed è stato messo a confronto con una particella di controllo, non trattata. Il risultato ha rivelato, per Surround, un effetto statistico garantito del 50–70 % rispetto alla finestra di controllo non trattata. L'efficacia si è protratta per circa cinque giorni. Con un trattamento si è potuta aumentare la resa, in media, del 10 %. Nelle particelle trattate con insetticidi chimico-sintetici la crescita della resa è stata, in media, del 17 %. Con un secondo trattamento, a distanza di 6–10 giorni, per entrambe le procedure di lotta si è registrato un ulteriore aumento medio della resa del 7 %. Nei campi di colza ricchi di sostanze nutritive un trattamento con Surround risulta redditizio, dal profilo economico, se la soglia di lotta raggiunge i 3–5 meligeti per pianta.

Bibliographie ▪▪ Bekämpfungsschwellen, 2012. Bekämpfungsschwellen für Massnahmen gegen Schadorganismen im Feldbau (ÖLN). Arbeitsgruppe für Bekämpfungsschwellen im Feldbau. Datenblätter Ackerbau, Agridea, 1.0.3–8. ▪▪ Daniel C., 2013. Résultats des essais de contrôle des méligèthes du colza en 2012. Rapport FiBL. Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Accès: http://orgprints.org/22174/ [09.01.13]. ▪▪ Dorn B., Jossi W., Humphrys C. & Hiltbrunner J., 2013. Screening of natural products in the laboratory and the field for control of pollen beetles. Journal of Applied Entomology, publication online [3.10.2013]. ▪▪ Hiltbrunner J. & Pellet D., 2010. Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2011. Recherche Agronomique Suisse 1 (5), encart. ▪▪ Hiltbrunner J. & Pellet D., 2013. Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2014. Recherche Agronomique Suisse 4 (5), encart.

Summary

Riassunto

Lutte contre le méligèthe du colza avec le ­p roduit naturel Surround | Environnement

Controlling pollen beetle with the natural agent «Surround» Meligethes spp. (pollen beetles) can cause major damage to oilseed rape crops. Organic and extensively farmed stands are especially at risk, since the use of insecticides on them is prohibited. Moreover, the pollen beetle’s increasing resistance means that non-chemical treatment options could also become important for conventional oilseed rape cultivation in future. Agroscope has tested numerous natural agents in field trials for efficacy against the pollen beetle. The kaolin-containing product Surround showed good efficacy and usability in practice when used in combination with a wetting agent containing rapeseed oil. From 2011 to 2013, Surround was compared under PEP conditions with conventional insecticides and an untreated control in a total of 10 large-plot trials, where it exhibited a statistically significant efficacy of 50–70 % vis-à-vis the untreated control. The duration of effect was approx. five days. With one treatment, the use of Surround increased grain yield by an average of 10 %, whilst the chemical-synthetic insecticides produced an average increase in yield of 17 %. A second treatment after a gap of 6–10 days improved the yield for both methods of control by an additional 7 % on average. In oilseed rape fields that are well supplied with nutrients, a treatment with Surround is worthwhile in economic terms as soon as the control action threshold of 3–5 beetles per plant has been reached. Key words: kaolin, pollen beetle, Meligethes spp., oilseed rape.

▪▪ Humphrys C. & Jossi W., 2009. Control of pollen beetle in organic farming with plant protecting agents. In: Werte – Wege – Wirkungen: Biolandbau im Spannungsfeld zwischen Ernährungssicherung, Markt und Klimawandel. Beiträge zur 10. Wissenschaftstagung Ökologischer Landbau , 11–13 février 2009, ETH Zurich, Vol. 1, 312–313. ▪▪ Kuske S., Schweizer C. & Kölliker U., 2011. Lutte microbienne contre les méligèthes du colza: premières expériences suisses. Recherche Agronomique Suisse 2 (10), 454–461. ▪▪ Weymann W., Böttcher U., Sieling K. & Kage H., 2013. Einfluss von Witterungsbedingungen auf die Ertragsbildung. Raps – Die Fachzeitung für Spezialisten 4, 32–34.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 80–87, 2014

87


E c o n o m i e

a g r i c o l e

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? Gabriele Mack et Christian Flury Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse Renseignements: Gabriele Mack, e-mail: gabriele.mack@agroscope.admin.ch

Figure 1 | L’estivage des vaches, des génisses et du petit bétail encourage le maintien des pâturages alpestres, un élément important du paysage alpin. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

Introduction L’alpage et l’exploitation des pâturages d’estivage jouent un grand rôle en Suisse, sachant que l’économie alpestre contribue de manière importante à la multifonctionnalité de l’agriculture (Calabrese 2012). Selon Mack et al. (2008), l’économie alpestre génère plus de 10 % du revenu de l’agriculture. En région de montagne, ce pourcentage est même supérieur à 30 %. En outre, des services publics et des prestations d’intérêt pour la collectivité sont également liés à l’économie alpestre, qu’il s’agisse d’exploiter et d’entretenir les pâturages qui constituent un élément marquant du paysage rural (Baur et al. 2007), ou de préserver la culture associée à l’économie alpestre.

88

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

L’importance de l’économie alpestre se reflète dans la politique agricole, à travers une série de mesures d’encouragement. Les contributions d’estivage notamment, accordées aux exploitantes et exploitants d’alpages, sont très importantes pour promouvoir et assurer l’occupation des alpages (Mack et Flury 2008; Lauber et al. 2011). Les contributions ont été augmentées à plusieurs reprises dans le passé et seront à nouveau réajustées dans le cadre de la politique agricole 2014–2017. Les pronostics sur l’évolution de l’estivage semblent toutefois indiquer que l’occupation de la région d’estivage va diminuer (Lauber et al. 2011), parce que, avec un effectif de bétail globalement en baisse (Mann et al. 2012; Flury et al. 2012), les contributions d’estivage ne suffisent pas à maintenir l’effectif actuel d’animaux esti-


vés. L’introduction de contributions d’alpage a pour but d’enrayer ce processus. Ces contributions seront attribuées aux exploitations à l’année qui estivent leurs bêtes et remplaceront l’ancien supplément d’estivage qui disparait avec la suppression des paiements directs liés aux animaux. A l’avenir, il est prévu d’allouer plus de 200 millions de francs suisses (CHF) sous forme de contributions d’alpage et d’estivage, soit le double des moyens mis à disposition jusqu’ici. Pour compléter, des contributions à la biodiversité et à la qualité du paysage seront également octroyées pour la région d’estivage. Cet article étudie l’effet des nouvelles contributions d’alpage sous forme d’une évaluation ex ante. Trois questions sont au centre de la réflexion: •• Dans les conditions-cadres de la politique agricole 2014–2017, comment les effectifs des animaux consommateurs de fourrages grossiers évoluent-ils dans l’ensemble et comment le nombre d’animaux estivés évolue-t-il? ••Dans quelle mesure les contributions d’alpage encouragent-elles l’estivage des animaux et contribuent-elles à l’exploitation des pâturages alpestres? ••Les contributions d’alpage et d’estivage sont-elles en mesure de maintenir le taux d’occupation au niveau nécessaire pour l’exploitation et l’entretien des pâturages alpestres sur tout le territoire? Il sera répondu à ces questions à l’aide de simulations réalisées avec le modèle multifactoriel SWISSland.

Evolution des effectifs d’estivage jusqu’ici Les effectifs des animaux estivés sont en légère baisse depuis 2000 (fig. 2). Tandis qu’on estivait encore 302 490 pâquiers normaux1 en moyenne en 2000/01, on n’en comptait plus que 293 280 en 2011/12, soit une baisse de 3 %. Plus encore que la légère baisse de l’effectif des animaux estivés, les différentes fluctuations par catégorie d’animaux sont décisives. Les effectifs de vaches laitières estivées (–13 %) et d’autre bétail bovin (–8 %) ont accusé un recul très net. Cet effet est en partie compensé par la conversion de l’estivage de vaches laitières à l’estivage de vaches-mères, due à l’évolution structurelle générale, puisque les pâquiers normaux des vaches-mères estivées ont fortement augmenté (+141 %). Cette hausse a même entraîné une légère augmentation de l’effectif total des Un pâquier normal (PN) correspond à l’estivage d’une unité de gros bétail consommant des fourrages grossiers (UGBFG) pendant 100 jours. La définition du pâquier normal tient compte d’une part de l’espèce et de l’âge des animaux et d’autre part de la durée de séjour à l’alpage. Les fluctuations des pâquiers normaux ne sont donc pas seulement le fait de la variation des effectifs animaux, mais peuvent être influencées par les conditions météorologiques et la croissance du fourrage.

1

Résumé

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

La politique agricole 2014–2017 introduit de nouvelles contributions d’alpage pour les exploitations à l’année. Leur but est d’inciter les exploitations de base à estiver leurs animaux. Des calculs réalisés avec le modèle multifactoriel SWISSland montrent que, si on les associe aux contributions d’estivage déjà existantes, les contributions d’alpage soutiennent largement l’occupation des pâturages. Néanmoins, les contributions d’alpage et d’estivage ne suffisent pas à enrayer la baisse des effectifs d’animaux dans la région d’estivage. Des reculs supérieurs à la moyenne sont attendus pour les moutons et les chèvres, tandis que le nombre de vaches-mères, vaches laitières et autre bétail bovin diminue de manière moins prononcée. La principale raison de la baisse des chiffres de l’estivage est la réduction de l’effectif animal dans les exploitations à l’année suite à l’application de la politique agricole 2014–2017. On ne sait pas encore à quel point les nouvelles mesures de promotion de la biodiversité et de la qualité du paysage pourront encourager l’exploitation et l’entretien des pâturages alpestres.

vaches-mères et des vaches laitières estivées. Une évolution contrastée se dessine également avec le petit bétail, puisque les pâquiers normaux ont baissé pour les moutons (–12 %) et augmenté pour les chèvres (+18 %). Etant donné que l’objectif des contributions d’estivage est d’assurer l’ouverture des pâturages alpestres, le recul du nombre de moutons estivés et de l’autre bétail bovin doit être considéré comme critique. Ces animaux sont utilisés spécialement pour le pâturage des parcelles pentues, éloignées ou situées à haute altitude, qui ne sont pas accessibles aux vaches. Un recul des moutons estivés et de l’autre bétail bovin entraînerait sans doute une sous-exploitation voire un abandon de l’exploitation de ces sites marginaux. Inversement, les sites avantageux de la région d’estivage sont de plus en plus intensifiés et surexploités. Les contributions d’estivage liées aux animaux ne peuvent pas vraiment lutter contre cette évolution bipolaire (Lauber et al. 2012). Il n’empêche que les contributions d’estivage qui ont une influence déterminante sur 

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

89


350000

105

300000

90

250000

75

200000

60

150000

45

100000

30

50000

15

0

0 2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Contributions d’estivage en millions de CHF

Animaux estivés (en PN)

Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

vaches laitières vaches-mères autre bétail bovin moutons chèvres contributions d’estivage

2012

Figure 2 | Evolution des animaux estivés de 2000–2012. (Sources: statistiques d’estivage OFAG [div. années]).

la rentabilité de cette activité (Mack et al. 2008), sont considérées comme essentielles pour préserver l’estivage (Lauber et al. 2012). Aujourd’hui, près de CHF 101 millions par an sont consacrés au paiement des contributions d’estivage. En 2000, le montant était de CHF 81 millions (fig. 2). Cette différence vient de l’adaptation du barème de contributions qui, suite à la baisse des effectifs d’estivage jusqu’en 2004, a été augmenté à deux reprises au cours des dix dernières années.

Méthode L’évaluation ex ante des contributions d’estivage se fait à l’aide du modèle multifactoriel du secteur agricole SWISSland conçu par Agroscope (Möhring et al. 2010 et 2011). Le modèle reproduit environ 3000 exploitations agricoles à l’année et 675 exploitations d’alpage soumises à un processus d’optimisation annuel; il extrapole les résultats à l’échelle de l’ensemble de l’agriculture suisse. La représentation des exploitations à l’année est basée sur les 3300 exploitations de référence saisies dans le Dépouillement centralisé des données comptables, qui représentent environ 50 000 exploitations en Suisse. La description des 675 exploitations d’alpage repose sur une enquête (Calabrese 2012). Le modèle SWISSland décrit des processus autant de croissance que d’évolution structurelle, dans la mesure où les agents orientés croissance reprennent les surfaces libres des exploitations voisines qui abandonnent l’exploitation dans certaines circonstances. SWISSland tire dans la foulée des

90

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

conclusions correspondantes sur l’évolution structurelle. Tous les calculs prennent appui sur les conditions-cadres de la politique agricole 2014–2017. Les paiements directs reposent sur les barèmes fixés dans la nouvelle ordonnance sur les paiements directs. Suivant la catégorie animale, les contributions d’estivage varient entre CHF.(moutons sur le solde des pâturages) et 400.– (vaches traites, brebis et chèvres laitières, moutons gardés en permanence par un berger). La contribution d’alpage s’élève à CHF 370.– par pâquier normal estivé et par an. Pour estimer plus précisément l’influence des contributions d’alpages sur le nombre d’animaux estivés, les simulations envisagent quatre montants de contribution (CHF 0.–, 185.–, 370.– et 555.–).

Coûts des agents de production et prix agricoles L’évolution du prix des agents de production et des produits est indiquée de manière exogène dans SWISSland. Jusqu’en 2012, ces données correspondent à l’évolution réelle des prix; à partir de 2013, ce sont les estimations ou pré-estimations des experts du modèle européen de marché et de l’offre (CAPRI) qui ont été reprises. Pour la politique agricole 2014–2017, d’ici à 2021, ces calculs indiquent une baisse du prix du lait de 1,8 % par rapport à 2012. D’ici à 2021, les prix de la viande de bœuf seront plus élevés d’environ 4 % par rapport à 2012. Tandis que les prix resteront pratiquement constants dans l’ensemble durant la période considérée de 2013 à 2021, on suppose que les coûts augmenteront en continu du fait du renchérissement de ces dernières années.


Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

Tableau 1 | Evolution des effectifs d’animaux consommant des fourrages grossiers et du nombre d’animaux estivés jusqu’en 2021 Effectif animal (en UGB) Catégorie ­animale

2012

Estivage (en UGB)

Evolution par rapport à 2012 2017

Evolution par rapport à 2012

2012

2021

Pourcentage d’estivage

2017

2021

Evolution par rapport à 2012

2012

2017

2021

Vaches laitières

596801

-6,10 %

-9,20 %

101601

-3,30 %

-9,00 %

16,90 %

2,90 %

0,20 %

Vaches-mères

88837

-9,30 %

-11,00 %

23673

-5,00 %

-6,10 %

26,10 %

4,80 %

5,50 %

Autre bétail bovin

257693

-6,20 %

-10,00 %

104714

-4,20%

-8,40 %

40,40 %

2,10 %

1,70 %

Moutons

41748

-16,50 %

-25,70 %

27283

-7,60 %

-14,90 %

65,10 %

10,70 %

14,40 %

9393

-15,50 %

-21,30 %

6285

-11,10 %

-15,90 %

63,50 %

5,30 %

6,90 %

994473

-6,90 %

-10,40 %

263556

-4,40 %

-9,40 %

26,30 %

2,70 %

1,20 %

Chèvres Total

Source: simulations SWISSland.

Evolution de l’estivage jusqu’en 2021 Dans les conditions-cadres de la politique agricole 2014– 2017, il faut s’attendre à une baisse des animaux estivés ces prochaines années. L’augmentation des contributions d’estivage et les nouvelles contributions d’alpage ne parviennent pas à compenser totalement le recul des animaux estivés découlant de la réduction de l’effectif total d’animaux consommant des fourrages grossiers (effectif UGBFG) (fig. 3). Dans l’ensemble, l’effectif total d’animaux aura baissé de 10,4  % d’ici à 2021 par rapport à 2012 (jusqu’en 2017: –6,9 %), le nombre d’unités de gros bétail estivées de 9,4 % (jusqu’en 2017: –4,4 %). Le recul des effectifs UGBFG est d’une part une conséquence du passage des paiements directs liés aux animaux à des paiements directs liés à la surface dans le cadre de la politique agricole 2014–2017 (Mann et al. 2012; Flury et al. 2012); d’autre part, les effectifs ani-

maux reculent, parce que certaines exploitations abandonnent la production agricole à cause du changement structurel et parce que les exploitations restantes n’augmentent pas suffisamment leurs troupeaux, à cause de la hausse des coûts des moyens de production et des biens d’investissement. Suivant la catégorie animale, les effectifs d’estivage évolueront de manière très variable jusqu’en 2021 (tabl. 1): il faut s’attendre à des reculs supérieurs à la moyenne chez les chèvres et les moutons, tandis que le nombre de vaches-mères estivées, du reste du bétail bovin et des vaches laitières diminuera de façon moins marquée. Dans l’ensemble, le nombre des vaches laitières estivées baissera de 9,0 % jusqu’en 2021, soit un peu moins que l’effectif total de vaches laitières. Par conséquent, si l’on se réfère à l’effectif total, en 2021, on estivera proportionnellement un peu plus de vaches laitières qu’aujourd’hui. Les effectifs d’estivage de l’autre bétail bovin (–8,4  %) et surtout des vaches-mères 

100%

300000

90%

Animaux estivés (en UGB)

250000

80% 70%

200000

60% 50%

150000

40%

100000

30% 20%

50000 0

10% 2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

0%

Evolution de l’effectif animal et de l’effectif d’estivage (2012 = 100 %)

Résultats

chèvres moutons autre bétail bovin vaches-mères vaches laitières contributions d’estivage au total effectif animal au total

Figure 3 | Evolution de l’effectif animal des exploitations à l’année et évolution des animaux estivés. (­ Source: simulations SWISSland)

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

91


Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

Tableau 2 | Influence des contributions d’alpage sur l’évolution des effectifs d’animaux et des effectifs d’estivage et sur les paiements ­d irects par région Evolution des UGBFG estivées et du total de l’effectif UGBFG jusqu’en 2021 par rapport à 2012 Sans contribution d’alpage

Avec contribution d’alpage CHF 185.–

Avec contribution d’alpage CHF 370.–

Avec contribution d’alpage CHF 555.–

UGBFG est.

UGBFG tot.

UGBFG est.

UGBFG tot.

UGBFG est.

UGBFG tot.

UGBFG est.

UGBFG tot.

-17,50 %

-10,40 %

-14,80 %

-10,20 %

-11,90 %

-10,00 %

-9,50 %

-10,00 %

Région de collines

-14,10 %

-10,50 %

-11,00 %

-9,50 %

-8,30 %

-9,50 %

-8,30 %

-9,30 %

Région de montagne

-13,70 %

-11,50 %

-11,20 %

-12,10 %

-8,80 %

-11,80 %

-6,20 %

-11,40 %

Total

-14,40 %

-10,80 %

-11,80 %

-10,50 %

-9,40 %

-10,40 %

-7,20 %

-10,20 %

Région de plaine

Contributions d’alpage (millions de CHF)

43,5

89,4

137,8

Contributions d’estivage

98

99,5

100,9

102,4

Source: simulations SWISSland.

(–6,1 %) baissent moins que les effectifs animaux, ce qui conduit à une hausse du pourcentage d’animaux estivés. C’est également le cas pour les moutons et les chèvres, pour lesquels le nombre d’animaux estivés à l’avenir sera plus important qu’aujourd’hui, si l’on se réfère à l’effectif total.

Animaux estivés (en UGB)

Effet de différentes contributions d’alpage Les nouvelles contributions d’alpage pour les exploitations à l’année introduites par la politique agricole 2014–2017 influeront considérablement sur le nombre d’animaux estivés (fig. 4). En 2017, sans les contributions d’alpage, l’effectif d’animaux estivés se limiterait à 234 954 UGB (–10,1 % par rapport à 2012). Sans les contributions d’alpage, le recul des animaux estivés serait supérieur à 14,4 % d’ici à 2021.

Avec les contributions d’alpage prévues de CHF 370.– par pâquier normal, les effectifs d’estivage diminueront de 4,4 % (2017) et 9,4 % (2021) comme mentionné plus haut. Avec un montant de CHF 555.– par pâquier normal, les effectifs d’estivage baisseront seulement de manière marginale jusqu’en 2017 (de 2,3 %), mais reculeront par contre de 7,2 % jusqu’en 2021. Même avec une augmentation des contributions d’alpage de 50 %, le déclin de l’estivage dans les dix prochaines années serait supérieur à celui de la dernière décennie. Ce phénomène est dû en premier lieu à la baisse des effectifs d’animaux consommant des fourrages grossiers dans les exploitations à l’année. L’évaluation avec des contributions d’alpage plus élevées montre que l’effet incitatif des contributions évolue de manière constante. En 2017, le nombre des animaux estivés augmenterait de 7280 à 6750 pâquiers

275000 250000 225000 200000 175000 150000 125000 100000 75000 50000 25000 0

chèvres moutons autre bétail bovin vaches-mères vaches laitières 0 2012

2013

185

370

Contributions d’alpage 2017

555

0

185

370

555

Contributions d’alpage 2021

Figure 4 | Influence des différents barèmes de contributions d’alpage sur les animaux estivés. (Source: simulations SWISSland)

92

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014


Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

Variation des effectifs d’estivage par rapport à 2012

0% -5% -10% -15%

vaches laitières vaches-mères autre bétail bovin moutons chèvres total

-20% -25% 0

185

370

555

Contributions d’alpage 2017

0

185

370

555

Contributions d’alpage 2021

Figure 5 | Variation des effectifs d’estivage avec différentes contributions d’alpage par catégorie animale. (Source: simulations SWISSland)

normaux, soit une hausse de 2,7 %, si les contributions étaient étendues par paliers de CHF 185.– par pâquier normal. En 2021, l’effet incitatif est environ de 6820 pâquiers normaux (+2,6 %) pour une augmentation de la contribution de CHF 185.–. En revanche, l’effet incitatif se différencie davantage par catégorie animale: tandis que les vaches laitières estivées s’accroissent de plus de 3 % en cas d’augmentation des contributions d’alpage de CHF 185.–, la hausse est nettement moins marquée pour l’autre bétail bovin, avec moins de 2 % (fig. 5). Chez les vaches-mères, le nombre d’animaux estivés augmente à chaque fois de 2,8 % en cas de passage des contributions d’estivage de CHF 0.– à 185.– et de 185.– à 370.-. En cas d’augmentation des contributions de CHF 370.– à 555.– par contre, la hausse du nombre de vaches-mère n’est plus que de 2,2 %. L’effet incitatif le plus important en valeur relative a été enregistré avec les moutons (+4 %). Dans l’hypothèse que la baisse des animaux estivés jusqu’en 2017 puisse être maintenue à moins de 5 %, les contributions d’alpage prévues de CHF 370.– par pâquier normal suffiront pour le bétail bovin, mais pas pour le petit bétail. Pour les moutons, un montant de CHF 555.– suffirait à atteindre cet objectif. Pour les chèvres, même un montant de ce type ne suffirait pas.

raient de près de 17,5  % d’ici 2021 par rapport à aujourd’hui. En région de collines, la baisse serait de 14,1 % et en région de montagne de 13,7 % (tabl. 2). Par rapport à ces chiffres, les contributions d’alpage prévues permettront de maintenir le déclin des animaux estivés dans des pourcentages de 11,9 % (région de plaine), de 8,3 % (région de collines) et de 8,8 % (région de montagne). L’effet incitatif des contributions d’alpage consiste à faire augmenter la part des animaux estivés. L’effectif animal proprement dit ne fluctue pratiquement pas avec les différentes contributions d’alpage. Suivant le montant des contributions d’alpage et le nombre d’animaux estivés, les coûts ne sont pas les mêmes pour les pouvoirs publics. Avec les tarifs prescrits par l’ordonnance sur les paiements directs, les coûts pour les contributions d’alpage s’élèveraient à 89 millions de CHF en 2021, ceux des contributions d’estivage à 101 millions. En 2017, les contributions d’alpage se monteraient à 93 millions de CHF et les contributions d’estivage à 105 millions. Une majoration des contributions d’alpage de CHF 185.– entraînerait une variation de coûts d’environ 44 à 48 millions de CHF pour la Confédération en 2012, et d’environ 1,5 millions pour les contributions d’estivage.

Discussion et conclusions Evolution des effectifs par région Dans toutes les régions, les contributions d’alpage apportent une contribution essentielle à l’encouragement de l’estivage. Sans contributions d’alpage, les effectifs d’animaux de région de plaine estivés baisse-

Les prévisions réalisées avec le modèle multifactoriel SWISSland montrent que l’introduction des contributions d’alpage et l’augmentation des contributions d’estivage ne parviennent pas à stopper la tendance à la 

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

93


Economie agricole | Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage?

baisse du nombre d’animaux estivés. Il faut au contraire se préparer à ce que, par rapport à aujourd’hui, les effectifs d’estivage diminuent de 4,4 % jusqu’en 2017 et de 9,4 % jusqu’en 2021. La baisse des chiffres d’estivage est due au recul de l’effectif des animaux consommant des fourrages grossiers, qui sera une conséquence de la politique agricole 2014–2017, et à l’extensification qui s’ensuivra dans les exploitations à l’année. Selon les simulations, les effectifs animaux baisseront de 6,9 % (2017) à 10,4 % (2021). La charge d’animaux consommant des fourrages grossiers par hectare de surface agricole utile baissera en moyenne de 6 % (2017) à 8 % (2021). Tandis que la tendance actuelle à la baisse des effectifs se poursuit chez les vaches laitières et l’autre bétail bovin, les changements politiques conduisent à un renversement de tendance chez les vaches-mères et les chèvres. Les effectifs qui avaient connu une forte hausse de 2000 à 2012 sont supposés baisser de nouveau dans les années à venir. Chez les moutons, le recul marqué pronostiqué pour les prochaines années est nettement supérieur à la hausse enregistrée de 2000 à 2012. L’analyse de l’impact des contributions d’alpage montre qu’elles ont une influence essentielle sur le nombre des animaux estivés. Sans les contributions d’alpage, le nombre des animaux estivés baisserait encore plus qu’avec les contributions prévues. L’important pour évaluer les contributions d’alpage est aussi qu’elles n’incitent pas à une intensification dans les exploitations de base. Inversement, c’est aussi ce qui limite l’effet des contributions en vue d’une occupation maximale des alpages. Une enquête réalisée en 2010 auprès d’exploitations suisses pratiquant l’estivage a confirmé que les facteurs structurels comme les réductions d’effectifs avaient une grande influence sur l’estivage. Les exploitations interrogées ont indiqué qu’elles estivaient essentiellement leurs animaux par manque de surfaces fourragères suffisantes et à cause des capacités de main-d’œuvre limitées. Les exploitations ayant abandonné l’estivage ont indiqué que la principale raison de leur choix était la disponibilité suffisante de surfaces

94

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

fourragères dans l’exploitation de base (von Felten et al. 2012; Fischer et al. 2012). Les contributions d’alpage de CHF 370.– par pâquier normal permettent donc surtout d’empêcher le recul disproportionné de l’estivage suite à la réduction de l’effectif d’animaux consommant des fourrages grossiers. Les conséquences de la baisse du nombre d’animaux estivés sur l’abandon des pâturages d’estivage dépendent aussi d’autres facteurs. Outre les contributions simulées, la nouvelle ordonnance sur les paiements directs contient trois éléments supplémentaires qui devraient permettre d’enrayer de façon ciblée l’abandon de l’exploitation, mais qui n’ont pas pu être représentés à l’aide du modèle à ce stade: 1. Les cantons sont désormais tenus d’exiger un plan de gestion des pâturages lorsque le mode d’exploitation est trop intensif ou trop extensif. Cette mesure est censée lutter contre la mise en place d’une exploitation bipolaire (intensification des surfaces favorables et extensification des surfaces marginales). 2. Les nouvelles contributions à la biodiversité pour les surfaces herbagères et les surfaces à litière riches en espèces de la région d’estivage incitent, en plus des contributions d’estivage, de manière ciblée, à entretenir les surfaces biologiquement précieuses et à empêcher l’abandon de l’exploitation. 3. Les nouvelles contributions à la qualité du paysage peuvent également être versées à la région d’estivage pour des prestations contribuant à l’entretien du paysage. Contrairement aux contributions d’alpage et d’estivage liées aux pâquiers normaux, les contributions à la biodiversité et à la qualité du paysage sont liées à l’utilisation des surfaces concernées et contribuent donc spécifiquement au maintien de pâturages alpestres ouverts. Il faut attendre pour savoir si toutes ces contributions réunies parviendront à empêcher l’abandon de surfaces précieuses. n


Effetti dei nuovi contributi di alpeggio Con la Politica agricola 2014–2017 vengono introdotti contributi di alpeggio per le aziende annuali, nell'obiettivo di fornire un ulteriore incentivo, per le aziende di base, a estivare i propri animali. Dai calcoli con il modello basato sugli agenti SWISSland emerge che i contributi di alpeggio, combinati agli esistenti contributi d'estivazione, favoriscono notevolmente il carico degli alpi. Né gli uni né gli altri, tuttavia, consentono di arrestare il calo degli effettivi di animali nella regione d'estivazione. E previsto un calo superiore alla media per pecore e capre, mentre sarà meno accentuato il calo del numero di vacche madri, vacche da latte e altri bovini estivati. La causa principale di tale flessione delle estivazioni è la riduzione, conseguente all'attuazione della Politica agricola 2014–2017, della densità di animali nelle aziende annuali. Non si sa ancora, invece, in che misura l'utilizzo e la cura dei pascoli d'estivazione potranno essere sostenuti mediante le nuove misure di promozione della biodiversità e della qualità del paesaggio.

Summary

Riassunto

Quel est l’effet des nouvelles contributions d’alpage? | Economie agricole

What is the impact of the new alpine ­pasturing subsidies? Alpine pasturing subsidies are now being introduced under the 2014–2017 Agricultural Policy. These subsidies are meant to offer lower-altitude farms a further incentive to move their livestock to alpine pastures during the summer season. Calculations made with the agent-based model SWISSland show that the alpine pasturing subsidies in combination with the previous summer pasturing subsidies strongly support the stocking rate. Despite this, the summer- and alpine pasturing subsidies are not sufficient to halt the decline in livestock population in the summer pasturing areas. Above-average decreases are to be expected for sheep and goats, whilst the number of summer-pastured suckler cows, other cattle and dairy cows is decreasing to a lower extent. The main reason for the decline in summer-pasturing numbers is the reduction in the livestock population on the farms, which goes hand-in-hand with the implementation of the 2014–2017 Agricultural Policy. It remains to be seen just how strongly the use and upkeep of summering pastures can be supported by the new measures for the promotion of biodiversity and landscape quality. Key words: summer pasturing, animals put to summer pastures, alpine pasturing subsidies, summer pasturing subsidies.

Bibliographie ▪▪ Baur P., Müller P. & Herzog F., 2007. Alpweiden im Wandel. ­A grarforschung 14 (6), 254–259. ▪▪ OFAG, 2013. Rapport agricole 2013. Office fédéral de l’agriculture, ­B erne. 262 p. ▪▪ Calabrese C., 2012. Evaluation of political control instruments for a ­sustainable de-velopment of the Swiss alpine regions and analysis of the labor market. Dissertation ETH Zurich, Zurich. 117 p. ▪▪ Fischer M., von Felten S. & Lauber S., 2012. Surface fourragère dans l’exploitation agricole de base – Paramètre clé de la demande d’estivage. Recherche Agronomique Suisse 3 (4), 194–201. ▪▪ Flury C., Zimmermann A., Mack G. & Möhring A., 2012. Auswirkungen der Agrarpolitik 2014–2017 auf die Berglandwirtschaft. Bericht ­F orschungsprogramm AgriMontana. Agroscope, Zurich. 16 p. ▪▪ Lauber S., Calabrese C., von Felten S., Fischer M. & Schulz T., 2011. ­Evaluation der Sömmerungsbeitragsverordnung (SöBV) und alternativer Steuerungsinstrumente für das Sömmerungsgebiet: Befragungsgestützte ex post- und ex ante-Analysen der Sömmerungsnachfrage. Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, Birmensdorf & Agroscope, Ettenhausen. 46 p.

▪▪ Mack G., Flury C., 2008. Wirkung der Sömmerungsbeiträge. ­A grarforschung 15 (10), 500–505. ▪▪ Mack G., Walter T. & Flury C., 2008. Entwicklung der Alpung in der Schweiz. Yearbook of Socioeconomics in Agriculture 1, 259–300. ▪▪ Mann S., Zimmermann A., Möhring A., Ferjani A., Mack G. & Lanz S., 2012. Quelles sont les conséquences de la réallocation des paiements ­d irects liés aux animaux? Recherche Agronomique Suisse 3 (6), 284–291. ▪▪ Möhring A., Mack G., Zimmermann A., Gennaio M. P., Mann S. & ­F erjani A., 2011. Modellierung von Hofübernahme- und Hofaufgabeentscheidungen in agentenbasierten Modellen. Yearbook of Socioeconomics in Agriculture 2011, 163–188. ▪▪ Möhring A., Zimmermann A., Mack G., Mann S., Ferjani A. & Gennaio M., 2010. Multidisziplinäre Agentendefinitionen für Optimierungsmodelle. Schriften der Gesellschaft für Wirtschafts- und Sozialwissenschaften des Landbaues e.V. 45, 329–340. ▪▪ von Felten S., Fischer M. & Lauber S., 2012. Economie alpestre en Suisse: enquêtes sur la situation et le choix des exploitations d’estivage. R ­ echerche Agronomique Suisse 3 (4), 186–193.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 88–95, 2014

95


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Sensibilité de la pomme de terre à la ­maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange1, David Gerardin2, Gaétan Riot1, Etienne Thévoz1, Isabelle Kellenberger1, Santiago Schaerer1 et Brice Dupuis1 1 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse 2 UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: brice.dupuis@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Vue d’ensemble de l’essai portant sur la sensibilité variétale. (Photo J. Rouffiange)

Introduction Les bactéries pectinolytiques des genres Pectobacterium et Dickeya, anciennement regroupées dans le genre Erwinia, peuvent conduire au développement de plusieurs maladies de la pomme de terre, comme des pourritures aériennes de tiges communément appelées «jambes noires» et des pourritures de tubercules qualifiées de «pourritures molles». Ces symptômes sont responsables de pertes importantes dans la plupart des pays producteurs et utilisateurs de semences (Laurila et al. 2010; Pritchard et al. 2013; Rousselle et al. 1996). Après infection de la plante via les racines, les stolons ou les lenticelles des tubercules (Czajkowski et al.

96

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

2010; Pérombelon et Lowe 1974; Scott et al. 1996), les bactéries peuvent coloniser l’ensemble du système vasculaire de la plante (Pérombelon et al. 1988). Il en résulte alors, en cas de faible humidité relative du sol (Pérombelon et al. 1988), un flétrissement de la plante pouvant entraîner un dessèchement des feuilles dans les cas les plus sévères (Laurila et al. 2010). Ces flétrissements sont dus à une réduction de la circulation de la sève brute dans le xylème (Helias et al. 2000b). En cas de hausse de l’humidité relative, les bactéries peuvent pénétrer dans les tissus parenchymateux et provoquer par la suite des pourritures de tiges, communément appelées jambes noires (Helias et al. 2000a; Laurila et al. 2010).


Le producteur de plants sera le plus affecté, car le symptôme de jambe noire peut entraîner un déclassement de son lot lors des visites de cultures effectuées deux fois par an pendant la période de végétation. En Suisse, la maladie de la jambe noire est la première cause de déclassement de lots de pomme de terre au champ (tabl. 1). Les symptômes de flétrissement et de jambe noire sont observés lors des visites de culture. L’observation des flétrissements est cependant difficile à interpréter car d’autres maladies et facteurs abiotiques (dartrose, verticilliose, phyto-toxicité due à un herbicide, carence en potassium, carence en eau) peuvent également provoquer ce type de symptômes (FN3PT et al. 2008). De précédentes études ont montré que l’importance des pertes induites par les bactéries pectinolytiques dépend largement de la sensibilité variétale (Helias et al. 2000a). Des différences ont notamment été constatées sur tranches de tubercules en laboratoire (Gerardin et al. 2013) ainsi que sur tiges lors d’essais en pots (Rouffiange et al. 2013). Afin de limiter le risque de refus de parcelles de plant, il serait donc intéressant de promouvoir la culture des variétés moins sensibles. Peu de données sont cependant disponibles sur la sensibilité des variétés lorsque les plantes sont cultivées en plein champ. Des différences d’agressivité entre isolats bactériens ont été observées dans différentes études réalisées sur tranches de pommes de terre et sur plantes entières (Gerardin et al. 2013; Haynes et al. 1997; Laurila et al. 2010; Rouffiange et al. 2013). Deux espèces du genre Dickeya sont principalement présentes aujourd’hui en Europe: Dickeya dianthicola et Dickeya solani. Une étude réalisée sur tranches de tubercules montre que les isolats de D. solani sont particulièrement agressifs (Gerardin et al. 2013). En revanche, un test de pathogénicité 

Résumé

Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Les bactéries pectinolytiques des genres Pectobacterium et Dickeya peuvent conduire au développement de plusieurs maladies de la pomme de terre, comme des pourritures de tiges communément appelées «jambes noires» et des pourritures de tubercules qualifiées de «pourritures molles». Le symptôme de jambe noire est la première cause de rejet de lots de plants de pomme de terre en Suisse. Les essais réalisés lors de cette étude visaient d’une part à identifier d’éventuelles différences de sensibilité à Dickeya spp. parmi les variétés Agria, Victoria, Charlotte et Innovator et, d’autre part, à étudier l’agressivité de trois isolats de D. solani et de deux isolats de D. dianthicola sur la variété Agria. Des essais ont été réalisés pour suivre le développement au champ des symptômes de flétrissement et de jambe noire sur des plantes issues de tubercules préalablement inoculés par les bactéries. Des différences de sensibilité variétale ont été constatées. La variété Agria s’est montrée plus sensible que les autres variétés testées. A titre d’exemple, Agria a développé deux fois plus de symptômes de jambe noire que la variété Charlotte. Parmi tous les isolats testés, l’un des deux isolats de D. dianthicola a été le plus agressif et le second le moins agressif, ce dernier étant 26 fois moins agressif que le premier. Les trois isolats de D. solani ont présenté des niveaux d’agressivité intermédiaires. Le risque de développement de symptômes au champ lié à l’isolat semble donc plus important que celui lié à la variété. Enfin, une relation linéaire a pu être établie entre les symptômes de flétrissement et ceux de jambe noire au champ.

Tableau 1 | Causes et surfaces (en ha) des retraits de cultures de plants de pomme de terre après les visites de cultures en Suisse de 2005 à 2012. (Henri Gilliand, communication personnelle) Enroulements et mosaïques

Jambes noires

Mildiou du feuillage

Isolement de la parcelle

Présence de ­repousses

2005

11

48

0

0

0

11

2006

8

39

0

0

0

56

Divers

2007

68

85

2

3

1

8

2008

10

31

3

0

0

13

2009

16

13

0

0

0

8

2010

0

72

0

0

0

4

2011

2

21

0

0

0

1

2012

2

39

0

0

0

3

14,6

43,5

0,6

0,4

0,2

13,0

Moyenne

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

97


Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

Encadré 1 | Concept de lutte intégrée contre les bactéries pectinolytiques dans la production de pommes de terre Dans le cadre d’un projet international (2010– 2014), un concept de lutte intégrée est développé contre Dickeya spp., Pectobacterium ­carotovorum subsp. carotovorum et Pecto­ bacterium atrosepticum. Ce projet est soutenu par la Commission pour la technologie et ­l’innovation CTI. Objectifs: •D évelopper une méthode d’analyse de routine des ­infections latentes des tubercules lors du processus de certification des plants de pomme de terre. • I dentifier et quantifier les principaux facteurs ­responsables de la contamination des lots de pomme de terre. •D évelopper un concept de lutte intégrée en collaboration avec les représentants de tous les niveaux de la branche de la pomme de terre. Partenaires: •H aute école spécialisée bernoise BFH - Zollikofen (­ direction du projet pour la Suisse) • Agroscope, Institut des sciences en production ­végétale IPV • BIOREBA AG – Reinach • Swisssem, organisation faitière des multiplicateurs de semences de toute la Suisse • Swisspatat, organisation de la branche, responsable de l’économie de la pomme de terre • Institut national de la recherche agronomique INRA - Rennes (direction du projet pour la France) • Groupement national interprofessionnel des ­semences et plants (GNIS) • Fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre (FN3PT)

98

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

réalisé avec les mêmes isolats sur plantes en pots ne confirme pas les observations réalisées sur tranches (Rouffiange et al. 2013), puisque c’est un isolat de D. dianthicola qui se montre le plus agressif. Les essais au champ, réalisés dans le cadre de cette étude, ont deux objectifs principaux: d’une part, identifier d’éventuelles différences de sensibilité variétale face à Dickeya spp. parmi les principales variétés de pomme de terre cultivées en Suisse; d’autre part, étudier l’agressivité de plusieurs isolats de Dickeya dianthicola et Dickeya solani afin de décrire leur pathogénicité en plein champ. Le profil de pathogénicité obtenu pourra alors être comparé à celui obtenu avec les mêmes souches dans les essais réalisés sur tranches de pomme de terre (Gerardin et al. 2013) ainsi que sur plantes en pots (Rouffiange et al. 2013).

Matériel et méthodes Un premier essai (A) a permis d’étudier la sensibilité des variétés Agria, Charlotte, Innovator et Victoria. Ces quatre variétés sont inoculées avec la souche D. dianthicola 8823. Dans un second essai (B), l’agressivité des cinq isolats suivants de Dickeya a été suivie sur la variété Agria: D. dianthicola 980, D. dianthicola 8823, D. solani 2222, D. solani 05026 et D. solani 07044. L’inoculation des tubercules se fait à une concentration de 105 ufc/ml et se déroule sur une période de 48 heures et en quatre étapes (Rouffiange et al. 2013). Chaque essai comprend un procédé témoin sans inoculation (trempage uniquement dans de l’eau) pour déterminer le degré de contamination latente du lot de départ. Ce pourcentage de jambes noires est soustrait du pourcentage final afin de pouvoir comparer les variétés indépendamment de la contamination de départ. L’essai portant sur la sensibilité variétale a été répété trois années de suite (2011 – 2013), tandis que l’essai portant sur l’agressivité des isolats a été répété durant deux ans (2012 – 2013). Les deux essais sont réalisés en bloc aléatoire complet (Dagnelie 2003) avec quatre répétitions, chaque parcelle étant constituée de quatre lignes de vingt-cinq plantes (33 cm entre les plantes et 75 cm entre les lignes). Dès l’apparition des premiers symptômes de flétrissement, deux observations par semaine sont effectuées jusqu’à la fin de l’essai. Le nombre de plantes flétries est compté ainsi que le nombre de plantes présentant des symptômes de jambe noire. Enfin, un calcul de l’aire sous la courbe de progression de la maladie (AUDPC.rel) est effectué (Bonierbale et al. 2007). Cette aire permet de considérer le développement des symptômes sur l’ensemble de la saison culturale.


Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

0,6

D

AUDPC.rel

0,5

h

C B

0,4 A

0,3

g

g

g

0,2 0,1 0

f

e cd

ab

a

Charlotte

cd

d

bc

Innovator

Victoria

2011 2012 2013

Agria

Figure 2 | Aire sous la courbe de progression du flétrissement (AUDPC.rel) pour les quatre variétés testées et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes de variétés de même sensibilité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

Résultats

L’analyse statistique est réalisée avec le logiciel STATISTICA® (StatSoft, Tulsa, USA). Pour chaque essai, une analyse de la variance (ANOVA) est effectuée (α =0,05). Le premier facteur correspond à la répétition de l’essai dans le temps. Le deuxième facteur est l’objet de l’étude, c’est-à-dire l’isolat bactérien pour l’essai portant sur l’agressivité des isolats de Dickeya spp. ou la variété pour l’essai portant sur la sensibilité variétale. L’interaction entre les différents facteurs est également testée. Si pour l’un des facteurs de l’étude une différence significative est décelée, un test de comparaison de moyennes est effectué (test de Newman & Keuls).

Essai A: sensibilité variétale L’analyse de l’aire sous la courbe de développement des symptômes de flétrissement (fig. 2) montre d’une part que l’importance de ces symptômes varie d’une année à l’autre (p<0,001), avec un nombre plus important de plantes flétries pour l’ensemble des variétés en 2013 et, d’autre part, que des différences entre les variétés testées existent (p<0,001). On observe pour la variété Agria en moyenne trois fois plus de plantes flétries que pour la  variété Charlotte.

0,6 0,5 B AUDPC.rel

0,4 0,3

A

0,2

e d

cd

0,1 0

f

A

A

a

a Charlotte

a

a Innovator

bc ab

a Victoria

a Agria

2011 2012 2013

Figure 3 | Aire sous la courbe de progression des symptômes de jambe noire (AUDPC.rel) pour les quatre variétés testées et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes de variétés de même sensibilité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

99


Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

0,8

D

0,7

d

AUDPC.rel

0,6

C

0,5

0,3

A

A

0,2 0,1 0

c

B

0,4

b

b a D. dianthicola 980

b

b

b

b

2012 2013

a D. solani 2222

D. solani 05026

D. solani 07044

D. dianthicola 8823

Figure 4 | Aire sous la courbe de progression du flétrissement (AUDPC.rel) pour les cinq isolats testés et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes d’isolats de même agressivité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

100

Une interaction apparaît cependant entre les facteurs année et variété (p<0,001), preuve que, pour chaque variété, l’expression des symptômes de flétrissement varie d’une année à l’autre. L’analyse des données d’AUDPC.rel concernant les symptômes de jambe noire (fig. 3) révèle un effet significatif de l’année (p<0,001), l’année 2013 ayant montré davantage de symptômes de jambe noire que les deux autres années. D’autre part, des différences de sensibilité variétale sont observées (p<0,001) et deux groupes de sensibilité sont mis en évidence. Le premier comprend la variété Agria et le second les autres variétés testées. Ainsi, Agria a développé en moyenne trois fois plus de symptômes que la variété Charlotte. Une interaction entre les facteurs année et variété est mise en évidence par l’analyse (p<0,001). Cette interaction est principalement due à un développement plus important de symptômes de jambe noire sur la variété Charlotte en 2013. Lorsqu’on considère le pourcentage de jambes noires toutes variétés confondues, 27,5 % de jambes noires ont été observées en 2013, contre 13,2 % en 2011 et seulement 4,6 % en 2012. Enfin, une relation linéaire a pu être établie entre les symptômes de flétrissement et les symptômes de jambe noire (r2=0,94; p<0,001).

groupes d’agressivité sont identifiés. Le premier comprend les isolats les moins agressifs, à savoir D. dianthicola 980 et D. solani 2222. A l’opposé, on retrouve D. dianthicola 8823, isolat le plus agressif avec en moyenne six fois plus de plantes flétries que l’isolat le moins agressif (D. dianthicola 980). Entre ces deux groupes, on retrouve l’isolat D. solani 05026 et l’isolat D. solani 07044. Une interaction apparait cependant entre les facteurs années et isolats (p<0,001). Celle-ci est principalement due à l’isolat D. solani 05026 avec une différence moins marquée entre les deux années d’essai que celle observée pour les autres isolats. Si l’on observe l’AUDPC.rel des symptômes de jambe noire (fig. 5), des différences apparaissent entre les années (p<0,01) ainsi qu’entre les isolats testés (p<0,001). D. dianthicola 8823 s’est montré le plus agressif, tandis que D. dianthicola 980 est l’isolat le moins agressif avec 26 fois moins de symptômes de jambe noire. Une interaction est observée entre les années et les isolats (p<0,001), D. dianthicola 980 et D. solani 05026 ayant entraîné moins de jambes noires en 2013, contrairement aux autres isolats. Une relation linéaire a également pu être établie entre le flétrissement et l’apparition de jambes noires (r2=0,86; p<0,001).

Essai B : agressivité des isolats Après analyse des données d’AUDPC.rel des symptômes de flétrissement (fig. 4), des différences entre les deux années d’essais (p<0,001) ainsi qu’entre les isolats testés (p<0,001) sont mises en évidence par l’analyse. Quatre

Discussion

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Ces essais ont permis de mettre en évidence des différences de sensibilité variétale face à Dickeya spp. Parmi les quatre variété testées dans ces essais, Agria est la plus


Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

0,8 0,7

AUDPC.rel

0,6 D

0,5 C

f

0,4 0.3 0,2 ab

d

A

A

0,1 0

e

B

a

D. dianthicola 980

a

abc

D. solani 2222

bc

abc

D. solani 05026

c 2012 2013 D. solani 07044

D. dianthicola 8823

Figure 5 | Aire sous la courbe de progression des symptômes de jambe noire (AUDPC.rel) pour les cinq isolats testés et pour les années 2011, 2012 et 2013. La variabilité est représentée par l’écart type. Les groupes ­d ’isolats de même agressivité sont indiqués, au sommet des barres d’erreur, par des lettres minuscules pour chaque année et par des lettres majuscules pour la moyenne des trois années.

sensible avec en moyenne 27 % de plantes atteintes de jambe noire à la fin des essais, contre moins de 10 % pour la variété Charlotte, ce qui confirme les essais réalisés précédemment sur tranches de pommes de terre et en serre (Gerardin et al. 2013; Rouffiange et al. 2013). Le comportement de Charlotte en 2013 est singulier vu que cette variété s’est montrée plus sensible que les variétés Innovator et Victoria, contrairement à ce qui avait été observé en 2011 et 2012. Concernant l’agressivité des isolats, des différences ont également été observées et les isolats ne sont pas regroupés par espèce, contrairement à ce que mentionne la littérature (Toth et al. 2011) qui décrit les isolats de D. solani comme étant plus agressifs que les isolats de D. dianthicola. Ceci semblait se confirmer lors de nos essais sur tranches de tubercules (Gerardin et al. 2013), mais était infirmé par nos essais sur plantes entières cultivées en pot (Rouffiange et al. 2013). Lors de ces derniers essais comme lors de ceux décrits dans cet article et réalisés au champ, l’isolat le plus agressif est un isolat de D. dianthicola (8823), le moins agressif appartenant aussi à cette espèce (D. dianthicola 980). Entre les deux isolats de D. dianthicola, on retrouve les trois isolats de D. solani. La relative homogénéité de pathogénicité que présentent les isolats de D. solani est probablement due au caractère clonal de ces derniers (Czajkowski et al. 2012; Pritchard et al. 2012; Pritchard et al. 2013). Les interactions isolat x année peuvent quant à elles être dues à une variabilité de l’agressivité des isolats. Cette variabilité peut provenir de repiquages successifs des souches bactériennes, susceptibles de provoquer une perte de virulence.

Ceci démontre une fois de plus l’importance de l’expérimentation au champ, qui demande des moyens considérables en surfaces et en main d’œuvre, pour valider ou invalider des processus observés dans des essais en laboratoire ou en serre, plus simples et moins coûteux. Si l’on compare les résultats obtenus avec les mêmes isolats et les mêmes variétés au champ, en pot et sur tranches de pommes de terre, les essais au champ montrent des résultats différents de ceux obtenus sur tranches de pommes de terre (Gerardin et al. 2013) et le test au champ s’avère plus sensible que le test en pots (Rouffiange et al. 2013). Le développement de symptômes de flétrissements et de jambes noires est éminemment variable d’une année à l’autre. L’expression des symptômes de jambe noire variant en fonction des conditions de température et d’humidité du sol (Scott et al. 1996; Toth et al. 2002), ces différences peuvent être attribuées aux variations importantes de l’hygrométrie du sol et de la température lors de la saison 2013, caractérisée par un printemps froid et humide, suivi d’un été chaud et sec. Ces conditions particulières ont vraisemblablement affaibli et stressé les plantes, les rendant plus vulnérables face aux bactéries. Enfin, une relation linéaire a pu être établie entre les flétrissements et le développement de symptômes de jambes noires, ce qui confirme le lien étroit entre ces deux manifestations de la maladie. Le flétrissement résulte de la colonisation et de l’obturation partielle du système vasculaire de la plante par les bactéries (Czajkowski et al. 2013; Helias et al. 2000b), étapes préalables et nécessaires au développement de pourritures aériennes, suite à la migration et à la prolifération bactérienne dans les tiges. 

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

101


Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.

Les flétrissements peuvent donc être considérés, sous certaines conditions pédo-climatiques, comme des signes avant-coureurs d’un développement ultérieur de jambes noires. Lorsque de nombreux symptômes de flétrissement sont observés dans un champ de production de plants, il conviendra d’en suivre attentivement l’évolution. L’apparition de jambes noires prouvera que le lot planté était infecté par des bactéries du genre Dickeya ou Pectobacterium.

••L’agressivité des isolats de D. dianthicola semble plus variable que celle des D. solani. Un isolat de D. dianthicola est le plus agressif de tous les isolats testés. ••Le développement des symptômes de flétrissement et de jambe noire est très variable d’une année à l’autre. ••Il existe une relation linéaire entre les symptômes de flétrissement et les symptômes de jambe noire au n champ.

Conclusions ••Des différences de sensibilité variétale à Dickeya spp. existent et la variété Agria est la plus sensible dans cet essai.

Bibliographie ▪▪ Bonierbale M., de Haan S. & Forbes A., 2007. Procedures for standard evaluation trials of advanced potato clones. An International Cooperators' Guide. I. P. C. (CIP). International Potato Center (CIP), Lima. 126 p. ▪▪ Czajkowski R., De Boer W.J. & Van der Wolf J.M., 2013. Chemical desinfectants can reduce potato blackleg caused by Dickeya solani. Plant Pathology 136, 419–432. ▪▪ Czajkowski R., de Boer W. J., Velvis H. & van der Wolf J. M., 2010. Systemic Colonization of Potato Plants by a Soilborne, Green Fluorescent ProteinTagged Strain of Dickeya sp Biovar 3. Phytopathology 100 (2), 134–142. ▪▪ Czajkowski R., De Boer W. J., Van der Zouwen P. S., Kastelein P., Jafra S., De Haan E. G., Van den Bovenkamp G. W. & Van der Wolf J. M., 2012. ­V irulence of Dickeya solani en Dickeya dianthicola biovar-1 end -7 strains on potato (Solanum tuberosum). Plant Pathology 62, 597–610. ▪▪ Dagnelie P., 2003. Principes d'expérimentation. Les Presses Agronomiques de Gembloux ASBL, 397. ▪▪ FN3PT, GNIS & ARVALIS, 2008. Maladies, ravageurs et désordres de la pomme de terre. 192 p. ▪▪ Gerardin D., Rouffiange J., Kellenberger I., Schaerer S. & Dupuis B., 2013. Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par ­D ickeya spp. Recherche Agronomique Suisse 4, 288–295. ▪▪ Haynes K. G., Potts M. J. E. & Goth R. W., 1997. Evaluation of the reliability of determining soft rot resistance in potatoes by the tuber slice ­m ethod. American Potato Journal 74 (4), 265–275. ▪▪ Helias V., Andrivon D. & Jouan B., 2000a. Development of symptoms caused by Erwinia carotovora ssp atroseptica under field conditions and their ­e ffects on the yield of individual potato plants. Plant Pathology 49 (1), 23–32. ▪▪ Helias V., Andrivon D. & Jouan B., 2000b. Internal colonization pathways of potato plants by Erwinia carotovora ssp atroseptica . Plant Pathology 49 (1), 33–42. ▪▪ Laurila J., Hannukkala A., Nykyri J., Pasanen M., Helias V., Garlant L. & Pirhonen M., 2010. Symptoms and yield reduction caused by Dickeya spp. strains isolated from potato and river water in Finland. European Journal of Plant Pathology 126 (2), 249–262.

102

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

Remerciements

Les auteurs remercient Swisssem, Swisspatat, Bioreba et la Commission pour la technologie et l’innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude, ainsi que la Haute école spécialisée bernoise (BFH), partenaire de ce projet.

▪▪ Pérombelon M. C. M. & Lowe R., 1974. Studies on the initiation of bacterial soft rot in potato tubers. Potato Research 18, 64–82. ▪▪ Pérombelon M. C. M., Lopez M. M., Carbonell E. & Hyman L.J., 1988. ­Effects of contamination by Erwinia carotovora subsp. carotovora and E. carotovora subsp. atroseptica of potato seed tubers and of cultivar ­r esisitance on blanking or non-emergence and blackleg development in Valencia, Spain. Potato Research 31, 591–599. ▪▪ Pritchard L., Humphris S., Saddler G., Parkinson N. M., Bertrand V., ­Elphinstone J. G. & Toth I. K., 2012. Detection of phytopathogens of the genus Dickeya using a PCR primer prediction pipeline for draft bacterial genome sequences. Plant Pathology, 587–596. ▪▪ Pritchard L., Humphris S., Saddler G. S., Parkinson N. M., Bertrand V., ­Elphinstone J. G. & Toth I. K., 2013. Detection of phytopathogens of the genus Dickeya using a PCR primer prediction pipeline for draft bacterial genome sequences. Plant Pathology 62 (3), 587–596. ▪▪ Rouffiange J., Gerardin D., Kellenberger I., Schaerer S. & Dupuis B., 2013. Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Recherche Agronomique Suisse 4, 432–439. ▪▪ Rousselle P., Robert Y. & Crosnier J. C., 1996. La pomme de terre. Vol. 1. INRA, Paris606 p. ▪▪ Scott R. I., Chard J. M., Hocart M. J., Lennard J. H. & Graham D. C., 1996. Penetration of potato tuber lenticels by bacteria in relation to biological control of blackleg disease. Potato Research 39, 333–344. ▪▪ Toth I. K., van der Wolf J. M., Saddler G., Lojkowska E., Helias V., Pirhonen M., Tsror L. & Elphinstone J. G., 2011. Dickeya species: an emerging problem for potato production in Europe. Plant Pathology 60 (3), 385–399. ▪▪ Toth I. K., Sullivan L., Brierley J. L., Avrova A. O., Hyman L. J., Holeva M., Broadfoot L., Pérombelon M. C. M. & McNicol J., 2002. Relationship between potato seed tuber contamination by Erwinia carotovora ssp. atroseptica, blackleg disease development and progeny tuber contamination. Plant Pathology 52, 119–126.


Sensibilità della patate alla malattia della gamba nera causata da Dickeya spp. I batteri pectinolitici del genere Pectobacterium e Dickeya possono portare allo sviluppo di diverse malattie della patata, come, p. es., i marciumi degli steli comunemente chiamati «gambe nere» e dei marciumi dei tuberi definiti «marciumi molli». Il sintomo della gamba nera è la prima causa di rifiuto dei lotti di piante di patate in Svizzera. Le prove realizzate durante questo studio miravano da un lato a identificare eventuali differenze di sensibilità verso Dickeya spp. mediante le varietà Agria, Victoria, Charlotte e Innovator e, dall’altro, a studiare l’aggressività di tre isolati di D. solani e di due isolati di D. dianthi­ cola sulla varietà Agria. Si sono realizzate delle prove per seguire lo sviluppo in campo dei sintomi di avvizzimento e di gamba nera su delle piante ottenute da tuberi precedentemente inoculati con i batteri. Si sono constatate delle differenze di sensibilità varietale. La varietà Agria si è mostrata più sensibile delle altre varietà testate, sviluppando due volte più sintomi di gamba nera della varietà Charlotte. Tra tutti gli isolati testati, uno dei due di D. dianthicola è risultato 26 volte più aggressivo del secondo. I tre isolati di D. solani presentavano dei livelli d’aggressività intermedi. Il rischio di sviluppo di sintomi in campo legati a l’isolato sembra dunque più importante di quello legato alla varietà. Infine, si è potuto stabilire una relazione lineare tra i sintomi d’avvizzimento e quelli della gamba nera in campo.

Summary

Riassunto

Sensibilité de la pomme de terre à la ­m aladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp. | Production végétale

Potato susceptibility to blackleg disease caused by Dickeya spp. Pectin lytic bacteria belonging to the genera Pectobacterium and Dickeya can cause several diseases on potato, such as stem rots, commonly named «blacklegs», and tuber rots, which are referred to as «soft rots». The blackleg symptom is the primary cause for the rejection of potato seed lots in Switzerland. The field trials conducted in this study had two main objectives. On the one hand, to identify potential differences in the susceptibility of the cultivars Agria, Victoria, Charlotte and Innovator to Dickeya spp. and, on the other hand, to study the aggressiveness of three isolates of D. solani and two isolates of D. dianthicola on cv. Agria. For these purposes, the development of blackleg symptoms was followed in the fields, on plants whose mother tubers had been previously inoculated with the bacteria. Differences in susceptibility were recorded between cultivars, Agria being the most susceptible and producing twice as many blackleg symptoms as Charlotte. Of the two D. dianthicola isolates tested, one was the most aggressive of all isolates tested, while the other was the least aggressive: the latter being twenty six times less aggressive than the former. D. solani isolates presented intermediate aggressiveness. The risk of developing symptoms in the field seems therefore more closely related to the isolates than to the cultivars. Furthermore, a linear relationship was found between plant wilting and blackleg symptoms in the fields. Key words: Dickeya, blackleg, potato, aerial stem rot, Pectobacterium.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 96–103, 2014

103


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Série ProfiCrops

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL Camille Aouinaït1, Bernard Jeangros1, Vincent Nassar2 et Anna Crole-Rees1 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse 2 HES-SO, Institut for Entrepreneurship & Management, 3960 Sierre, Suisse Renseignements: Bernard Jeangros, e-mail: bernard.jeangros@agroscope.admin.ch

1

Le colza HOLL est un bel exemple d’innovation à laquelle Agroscope a directement contribué.

Introduction Un nouveau contexte économique, social, environnemental et politique se dessine depuis quelques décennies, en Europe notamment. La libéralisation économique et les pressions constantes sur les ressources environnementales, de même que la mise en place de la nouvelle politique agricole 2014 – 2017, ont des conséquences sur la compétitivité de la production végétale suisse. La nouvelle politique agricole promeut l’innovation dans la filière alimentaire et soutient de manière plus ciblée les prestations d’intérêt public. Par ailleurs, les innovations développées par la recherche visent à

104

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

améliorer l’efficience de la production végétale, la préservation de l’environnement, la confiance des consommateurs envers les produits suisses et le revenu des producteurs (OFAG 2012). Le programme de recherche ProfiCrops lancé par Agroscope en 2008 comprend un module consacré à l’innovation. Dans le cadre d’un travail de mémoire de fin d’études (Aouinaït 2013), un outil de caractérisation des innovations a été construit afin de i) décrire les innovations développées par Agroscope et ii) faciliter l’orientation du portefeuille des recherches futures. Cet article présente cet outil et montre son application concrète sur le colza HOLL.


Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

Résumé

Elaboration de l’outil et définition des critères Caractériser une innovation signifie définir ses attributs intrinsèques, sa valeur ajoutée et, dans la mesure du possible, mesurer son succès. Une recherche bibliographique a permis d’établir une liste de critères de caractérisation, avec leurs modalités. Trois types de critères ont été retenus: critères intrinsèques à l’innovation, critères relatifs au processus de l’innovation (entre l’idée et l’adoption) et critères mesurant les effets et impacts de l’innovation après son adoption par la pratique. Le tableau 1 présente les critères choisis et leurs modalités. Types d’innovation Les critères intrinsèques ont pour but de préciser les attributs de l’innovation. Le premier critère concerne le type d’innovation pour le premier utilisateur. Cela donne une indication sur l’objectif de l’innovation. Une innovation de type produit est un nouveau produit ou service proposé sur le marché permettant de satisfaire de nouveaux clients ou de maintenir sa clientèle. L’innovation de type processus concerne la mise en œuvre d’une méthode de production nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des changements significatifs dans les techniques, le matériel et/ou le logiciel. Une innovation de type organisation signifie qu’une entreprise met en place une nouvelle organisation pour répondre à de nouveaux besoins (attentes des clients, introduction d’un service qualité, amélioration de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, etc.). Un nouvel emballage, un nouveau mode de distribution ou un nouveau débouché, comme la vente directe à la ferme, sont des innovations de type marketing avec pour objectif d’augmenter le potentiel de développement ou de satisfaire de nouveaux besoins de la clientèle (Crole-Rees  2010).

Dans un contexte de libéralisation économique, le secteur de la production végétale suisse cherche à rester compétitif. Le programme de recherche ProfiCrops s’intéresse aux innovations développées en production végétale car elles deviennent un passage obligé pour maintenir la compétitivité du secteur agricole. A partir d’une recherche bibliographique, un outil permettant de caractériser les innovations en production végétale a été élaboré. Une dizaine de critères décrivant les caractéristiques intrinsèques de l’innovation, le processus qui a permis de passer de l’idée à l’innovation ainsi que ses effets et impacts sur les bénéficiaires sont proposés. L’outil a été testé sur un nouveau produit au développement duquel la recherche agronomique a directement contribué: le colza HOLL. Cette évaluation a mis en évidence les avantages de cet outil ainsi que quelques difficultés liées à l’approche proposée. L’évaluation des effets et des impacts requiert l’identification précise des bénéficiaires d’une innovation et la prise en compte de leur comportement. L’outil proposé pourrait être utilisé pour obtenir une vue synthétique de l’ensemble du portefeuille des innovations développées par la recherche et, à terme, servir à l’élaboration de mesures permettant d’améliorer leur taux d’adoption et, par extension, l’efficience de la recherche.

Tableau 1 | Critères et modalités de l'outil de caractérisation Critères

Intrinsèques à l’innovation

Processus d’innovation

Effets et impacts

Modalités Type d’innovation (pour le premier utilisateur)

Produit (ou service), processus, organisation, marketing

Mode d’innovation

Radical, incrémental, architectural, modulaire

Degré de nouveauté (selon l’échelle)

National, international, culture, parcelle ou exploitation agricole

Premier utilisateur

Parmi les acteurs de la chaîne de production végétale

Origine de l’idée

Externe, interne

Stade de l’innovation

Idée, en cours, diffusée

Durée du processus

Mois ou années

Taux d’adoption

Selon type d’innovation

Economiques, sociaux et environnementaux

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

105


Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Modes d’innovation Le mode d’innovation le plus fréquent est incrémental. Une telle innovation permet une amélioration par étape d’un produit ou d’une méthode, elle vise à améliorer certaines caractéristiques (Afuah et Bahram 1995), comme par exemple des variétés avec une meilleure résistance aux maladies. Les changements induits par l’innovation incrémentale sont peu contraignants pour le bénéficiaire et la prise de risque est moindre. Pour le producteur par exemple, son adoption exige moins d’adaptations économiques, organisationnelles ou environnementales qu’une innovation radicale. Cette dernière provoque une véritable rupture car elle modifie les conditions d’utilisation et/ou provoque des changements technologiques et organisationnels radicaux au sein de l’entreprise qui l’adopte (Kaine et al. 2008). On peut citer comme exemples l’introduction du semis sans labour, du GPS dans les travaux au champ (fig. 1) ainsi que des camions réfrigérés et des mets préparés dans la chaîne de commercialisation. Dans une innovation modulaire, les liens entre les composants d’un produit ou d’un service restent inchangés, mais certains composants sont modifiés. Autrement dit, les sous-systèmes sont modifiés sans création de nouveaux liens entre eux (Gotteland et Haon 2004). Le remplacement des téléphones analogiques par les téléphones digitaux est un exemple d’innovation modulaire. Ce genre d’innovation peut modifier les rôles et responsabilités dans les organisations et renforcer les compétences (transformation industrielle modifiée, nouveaux savoirs et savoir-faire) (Kaine et al. 2008). Le mode architectural se caractérise par une modification de l’architecture globale du produit, sans modification de son utilisation (Belz 2010). Une plus forte intégration au sein d’une chaîne de valeur est de nature architecturale car, pour le consommateur, l’utilisation des aliments ne change pas. La montre à cristaux liquides est une innovation architecturale du modèle précédent, l’horloge à quartz. Il y a une modification des liens entre les sous-systèmes (Gotteland et Haon 2004). Degré de nouveauté Le critère sur le degré de nouveauté indique si le produit, le service ou la méthode est une première internationale ou nationale et à quel niveau se situe la nouveauté (culture, parcelle ou exploitation agricole). Premier utilisateur En agriculture, le premier utilisateur de l’innovation appartient à la chaîne de valeur agroalimentaire. Celle-ci est constituée par la production en amont, le consom-

106

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

ProfiCrops Le programme de recherche Agroscope ­ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé, et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions-cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée ces derniers mois dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible début 2014. L’article «Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL», lié au module Innovation*, présente un outil de valorisation des innovations, c’est-à-dire des produits, services et méthodes développés pour renforcer la compétitivité du secteur de production végétale. L’élaboration de cet outil et son évaluation dans une étude de cas montrent que son utilisation permet de mieux communiquer sur les innovations et d’avoir une meilleure vue globale des portefeuilles au sein du processus de l’innovation. *( http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05365/index.html?lang=fr)


Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

Figure 1 | La technologie GPS en cultures de pleine terre est une innovation radicale.

mateur en aval et la transformation et la distribution entre deux. Le pouvoir du consommateur est non négligeable. Bien que certaines innovations proviennent d’une demande en amont de la chaîne de valeur, si le consommateur en aval ne l’adopte pas, ces innovations ne vivront que peu de temps. En fait, tous les acteurs de la chaîne doivent accepter la nouveauté pour qu’un nouveau produit ou une nouvelle méthode devienne une innovation. Origine de l’idée et stade de l’innovation L’origine de l’idée permet de mieux connaître les sources d’inspiration, de création. Est-ce que l’idée vient de la pratique, de la littérature ou du scientifique lui-même ? Le stade de l’innovation indique si l’idée est en cours d’implémentation ou s’il s’agit déjà d’une véritable innovation utilisée par la pratique ou diffusée sur le marché. Pour chaque organisme de recherche, l’objectif est d’avoir un ratio optimal entre les projets au stade de l’idée, en développement et déjà terminés. La durée entre l’idée et la mise sur le marché ou la diffusion vers la pratique est aussi un critère important. Cette durée permet de suivre l’efficacité du processus.

Effets et impacts Les critères d’effets et d’impacts sont primordiaux pour mesurer les effets sur les premiers utilisateurs de l’innovation et les impacts sur le secteur, voire la société en général, suite à l’adoption d’une innovation. Ces critères couvrent les trois piliers de la durabilité, soit l’économie, l’environnement et le social. Les effets économiques peuvent se mesurer sur la productivité et le rendement, le revenu économique, la compétitivité de la filière, etc. Les critères sociaux se rapportent à l’organisation du travail (gestion du temps de travail et des activités personnelles), l’apprentissage de nouvelles techniques et connaissances, les échanges avec d’autres intervenants de la profession, la santé, la gouvernance de la filière, etc. Les critères environnementaux portent notamment sur l’entretien du paysage et de la biodiversité ainsi que sur la préservation des ressources naturelles non renouvelables. Le succès d’une innovation peut se mesurer par son taux d’adoption. Celui-ci peut être apprécié de plusieurs façons (nombre de bénéficiaires, volume de production, etc.), mais n’est pas toujours aisé à mesurer précisément. Le taux d’adoption dépend de nombreux facteurs que la 

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

107


Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Tableau 2 | Caractérisation du colza HOLL Critères

Modalités Type innovation Mode d’innovation

Intrinsèques à l’innovation

Externe

Stade de l’innovation

Diffusée

Degré de nouveauté

National et international Cultures de colza Exploitations agricoles et huileries

Durée de l’idée à l’innovation Taux d’adoption

Economiques Effets et impacts

Environnementaux

Sociaux

recherche ne maîtrise souvent pas. Les facteurs économiques sont généralement les principales motivations à l’adoption d’une innovation. L’acceptation sociale et l’opinion publique peuvent aussi peser dans la prise de décision de rejet ou d’adoption. La pression institutionnelle et les normes collectives jouent aussi un rôle (Den Ban 1984), de même que le cadre structurel et politique (conditions-cadres). Une adaptation au contexte local s’avère souvent utile, voire essentielle pour évoluer. Enfin, les facteurs sociaux (le prestige, l’éthique) et technologiques sont parfois des freins, parfois des motivations à l’adoption d’une innovation. L’exemple du colza HOLL L’outil décrit ci-dessus a été appliqué et évalué sur le colza HOLL, produit récemment développé par Agroscope avec les partenaires de la filière. Le colza HOLL (High Oleic Low Linolenic) donne une huile caractérisée par une forte teneur en acide oléique et une faible teneur en acide linolénique, deux acides

108

Modulaire

Origine de l’idée

Premier utilisateur Processus innovation

Produit

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

Producteur 7 à 8 ans (de 1999 à 2006–2007) 7000 ha en 2013, soit 30 % des surfaces de colza en Suisse • Nouveau produit avec valeur ajoutée (moins de formation d’acides gras trans) • Diversification du portefeuille produit • Rendement légèrement plus bas pour le producteur compensé par un prix plus élevé • Réduction des coûts de raffinage grâce à la suppression d’une étape de transformation industrielle (hydrogénation) • Augmentation des surfaces cultivées avec du colza • Segmentation du marché • Nécessité de séparer les filières colza conventionnel et colza HOLL à toutes les étapes Pas ou peu d’effet • Santé : réduction de la consommation des acides gras trans • Organisation du travail : apprentissage de nouvelles méthodes de travail et réorganisation du travail • Gouvernance : pas de changement

gras insaturés. Au contraire de l’huile de colza conventionnelle, l’huile de colza HOLL supporte la friture sans hydrogénation préalable, procédé industriel qui génère des acides gras trans, indésirables pour la santé humaine. Le colza HOLL est une innovation de type produit bénéficiant d’améliorations de caractéristiques spécifiques, à savoir une qualité de l’huile différente (tabl. 2). Cette innovation est modulaire; le produit n’a pas été modifié dans son architecture, l’utilisation reste la même et aucune rupture n’est créée au niveau de la filière, de l’utilisation ou de la production. Le colza «HOLL» a été développé en 7 – 8 ans, sur la base de variétés récemment sélectionnées. Les premiers contacts entre les industriels et la recherche ont eu lieu en 1999. Des essais informels ont ensuite été réalisés, en collaboration avec la transformation, la recherche et la production agricole. La première huile de colza HOLL suisse a été disponible sur le marché en 2006 – 2007.


Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

En 2013, 30 % des surfaces de colza en Suisse étaient cultivées avec du colza HOLL. L’argument santé a favorisé l’acceptation de cette nouvelle huile sur le marché (Baux et Pellet 2010). L’introduction de ce nouveau colza a permis une différenciation par rapport aux autres huiles végétales indigènes. Cette segmentation du marché profite aux industriels qui peuvent offrir un produit novateur et sain. Au niveau de la production et de la transformation, le coût supplémentaire engendré par la séparation des filières est couvert par un prix plus élevé. Toute l’exploitation est touchée par l’implémentation de la nouvelle variété. Le producteur doit tenir compte de certaines mesures visant à séparer le colza HOLL du colza conventionnel, à tous les niveaux de la production, du semis (éviter les mélanges de semences) à la récolte (nettoyage préalable de la moissonneuse-batteuse). Si une erreur est commise à l’une des étapes de culture, le produit final n’aura pas la qualité attendue. La valeur ajoutée recherchée initialement ne sera pas réalisée. C’est donc la gestion de toute l’exploitation qui est modifiée suite à l’adoption du colza HOLL. Les impacts sur la santé humaine n’ont jusqu’ici pas été mesurés en Suisse, mais on attend une baisse significative de la consommation d’acides gras trans. Concernant les impacts économiques, les résultats ont été chiffrés en termes financiers (marges dégagées, ratio coûts/ bénéfices), de production (surface cultivée, tonnages produits) et de consommation (quantité d’acides gras trans consommée). L’analyse coûts/bénéfices indique que le colza HOLL a permis de générer un flux financier 45 fois supérieur aux coûts de la recherche et du développement, sans tenir compte du coût de la création des variétés HOLL (Pellet 2011). En définitive, le colza HOLL a permis de stimuler la filière du colza, en proposant un nouveau produit permettant de surmonter certaines contraintes du colza conventionnel. Le colza HOLL a été adopté par les différents acteurs de la filière qui ont largement bénéficié de cette innovation.

Discussion Grâce aux nombreux critères utilisés, l’outil de caractérisation proposé permet de donner une image synthétique d’un nouveau produit, méthode ou service développé par Agroscope. Les critères de type qualitatifs et les modalités associées permettent de décrire les innovations. Pour le colza HOLL par exemple, le processus de sa création est clarifié et les retombées économiques et sociales sont mises en évidence. En décrivant les différents attributs des innovations, cet outil facilite aussi les échanges de connaissances et la communication.

L’attribution d’une modalité pour chacun des critères n’est toutefois pas toujours aisée. Compléter le tableau de caractérisation exige de suivre l’idée jusqu’à sa mise en œuvre et son utilisation par le destinataire de l’innovation, le producteur de colza dans le cas d’étude du colza HOLL. Des informations complémentaires doivent souvent être recherchées auprès des différents acteurs (initiateurs, développeurs, utilisateurs). En effet, si la recherche contribue à générer et à développer des innovations, elle n’est pas seule responsable de leur diffusion, elle n’est pas la seule courroie de transmission. La difficulté d’apprécier et surtout de collecter certains critères constitue un point faible de l’outil. Un élément important relevé lors des entrevues avec des producteurs et des chercheurs concerne l’origine des innovations. La paternité d’une innovation est parfois difficile à établir car les idées proviennent souvent non pas d’une seule personne, mais d’échanges intra- et inter-organisations, publiques et privées, ainsi que de sources d’information diverses. Les critères d’effets et d’impacts, potentiels ou réalisés, soulignent les résultats induits par la mise en pratique des innovations. Leur évaluation est souvent complexe car l’adoption d’une innovation entraîne des effets à différents niveaux (économique, environnemental et social). Dans d’autres cas, en particulier lorsque les bénéficiaires de l’innovation sont clairement identifiés comme dans le cas du colza HOLL, le taux d’adoption peut être plus facilement mesuré. L’outil de caractérisation peut être utilisé pour obtenir une vue synthétique de l’ensemble des innovations. Il est utile à tout développeur ou chercheur travaillant sur de nouveaux produits ainsi qu’aux gestionnaires du portefeuille des projets, pour les aider à visualiser et à anticiper les retombées des innovations en cours de développement. Appliqué sur une liste d’innovations, cet outil permet des comparaisons et pourrait faciliter l’identification des principaux facteurs de succès, respectivement d’échec. A terme, il pourrait fournir des informations utiles pour élaborer des mesures d’accompagnement visant à augmenter le succès des innovations développées par la recherche. Ce succès dépend toutefois aussi de facteurs que la recherche ne maîtrise guère. Ainsi, les conditions-cadre, déterminées par exemple par la nouvelle politique agricole 2014 – 2017, jouent un rôle déterminant dans l’adoption des innovations. D’autre part, les innovations qui s’appuient sur les techniques et savoir-faire locaux et traditionnels rencontrent généralement davantage de succès que les innovations radi cales qui bouleversent les habitudes de travail.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

109


Production végétale | Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL

Conclusions ••Les innovations en production végétale peuvent être caractérisées à l’aide d’une dizaine de critères qui décrivent les caractéristiques intrinsèques de l’innovation, le processus qui a permis de passer de l’idée à l’innovation ainsi que ses effets et impacts. ••L’attribution d’une modalité pour chacun de ces critères requiert de bonnes connaissances sur le produit, service ou méthode à caractériser, ainsi qu’un suivi du produit de sa création à son utilisation par les différents acteurs. ••Ce suivi des effets et impacts d’une innovation est impératif pour apprécier le succès ou non d’une recherche ou d’un développement. Celui-ci requiert un grand nombre d’informations, dont certaines sont difficiles à collecter, en particulier lorsque les bénéficiaires sont mal identifiés. ••L’outil proposé pourrait être utilisé pour obtenir une vue synthétique de l’ensemble du portefeuille des innovations développées par la recherche et, à terme, servir à l’élaboration de mesures permettant d’augmenter leur taux d’adoption et, par extension, l’efficience de la recherche. n

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope

110

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014


Caratterizzazione delle innovazioni nella produzione vegetale: l’esempio della colza HOLL In un contesto di liberalizzazione economica, il settore della produzione vegetale svizzera cerca di rimanere competitivo. Il programma di ricerca ProfiCrops è interessato alle innovazioni sviluppate nella produzione vegetale, poiché esse diventano un passaggio obbligato per mantenere la competitività del settore agricolo. Partendo da una ricerca bibliografica, è stato elaborato uno strumento che permette di caratterizzare le innovazioni nella produzione vegetale. Sono proposti una decina di criteri che descrivono le caratteristiche intrinseche dell’innovazione, il processo che ha permesso di passare dall’idea stessa all’innovazione, così come gli effetti e impatti sui beneficiari. Lo strumento è stato testato su un nuovo prodotto al cui sviluppo la ricerca agronomica ha direttamente contribuito: la colza HOLL. Questa valutazione ha evidenziato i vantaggi di questo strumento e qualche difficoltà legata all’approccio proposto. La valutazione degli effetti e degli impatti richiede la precisa identificazione dei beneficiari di un’innovazione oltre alla considerazione del loro comportamento. Lo strumento proposto potrebbe essere utilizzato per ottenere una visione sintetica dell’insieme del portafoglio delle innovazioni sviluppate dalla ricerca e, a termine, servire all’elaborazione di misure in grado di migliorare il loro tasso d’adozione e, per esteso, l’efficacia della ricerca stessa.

Bibliographie ▪▪ Afuah A. & Bahram N., 1995. The hypercube of innovation. Research ­p olicy 24 (1), 51–76. ▪▪ Aouinaït C., 2013. Caractérisation des innovations dans la production ­végétale suisse. Mémoire de fin d’études. Innovations dans les Systèmes Agroalimentaires du Monde, Montpellier SupAgro. 96 p. ▪▪ Baux A. & Pellet D., 2010. Production de colza à faible teneur en ­o mega-3 en Suisse: Une innovation pour un nouveau segment de marché. Poster présenté à l’Assemblée annuelle de la société suisse d’agronomie. ▪▪ Belz L., 2010. Note de lecture. Henderson H., Clark K., 1990. Architectural innovation: The reconfiguration of existing product technologies and the failure of established firms. Administrative Science Quaterly, 1–8. ▪▪ Crole-Rees A., 2010. Innovation. Atelier Innovation du 8 juin 2010, Berne. ▪▪ Den Ban A. W., 1984. Les courants de pensée en matière de théorie de la diffusion des innovations. Économie rurale 159, 31–36.

Summary

Riassunto

Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL | Production végétale

Innovation mapping in plant production: the case of HOLL rapeseed The Swiss plant production sector aims at maintaining its competitiveness, even in a liberalized economy. The research program ProfiCrops takes a look into innovations generated for the plant production sector. Innovations are a requisite for maintaining the competitiveness of the agricultural sector. A tool allowing to map innovations in the plant production sector has been created based on a literature review. A dozen criteria are hence proposed. They describe intrinsic characteristics of the innovation, the innovation process from the idea to the final product and the outcomes and impacts on the various groups of beneficiaries. This tool has been tested with HOLL rapeseed, a new product to which Agroscope has directly contributed. The results highlight some of the advantages and constraints of this tool and its use. The evaluation of outcomes and impacts requires a clear identification of the direct and indirect beneficiaries and of their behavior. The proposed tool allows to gain a synthetic overview of the innovations’ portfolio generated by research. It could then be used to formulate recommendations aiming at enhancing the adoption rate of innovations and also research efficiency. Key words: plant production, innovation mapping, criteria, impact assessment, HOLL rapeseed.

▪▪ Gotteland D. & Haon C., 2004. Développer un nouveau produit. Méthodes et outils. PearsonEducation. Accès: http://books.google.fr/books?id=ufDMAjbtUdkC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=innovati on%20incr%C3%A9mentale&f=false [24.09.2013]. ▪▪ Kaine G, Hill M. & Rowbottom B., 2008. Types of agricultural innovations and the design of extension programs. Working paper September 2008. Accès: http://www.dpi.vic.gov.au/agriculture/about-agriculture/publications-resources/horticulture/types-of-agricultural-innovations-and-the [05.08.2013]. ▪▪ OFAG, 2012. Politique agricole 2014-2017, 1-4. Accès: http://www.blw. admin.ch/themen/00005/00044/01178/index.html?lang=fr [05.08.2013]. ▪▪ Pellet D., 2011. Impact économique et financier du projet CTI 7101.1 (2004-2008) «Production de colza à faible teneur en acide gras alpha-linolénique». Rapport final complémentaire, 14 p.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 104–111, 2014

111


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Série ProfiCrops

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée Anna Crole-Rees et Lukas Bertschinger Institut des Sciences en Production Végétale IPV, Agroscope, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: anna.crole-rees@agroscope.admin.ch

Méthode

Collaboration animée entre les membres du Forum ProfiCrops et les scientifiques lors de la dernière séance du Forum ProfiCrops.

Introduction ProfiCrops, avec NutriScope et AgriMontana, fait partie de la première génération de programmes de recherche Agroscope, mis en place en 2008. La «recherche programme» se différencie de la «recherche projet» par un objectif commun à plusieurs acteurs et par la coordination de leurs activités en vue d’atteindre cet objectif (ACW 2008). L’introduction de l’approche «programme» au sein d’Agroscope avait pour objectif d’analyser des problématiques prioritaires pour générer des solutions à court et moyen terme pour les secteurs de la production végétale, des denrées alimentaires et de l’agriculture de montagne avec des efforts concertés des scientifiques d’Agroscope et de partenaires. Une deuxième génération de programme de recherche sera mise en place en 2014. Cet article présente des éléments de bilans de ProfiCrops, dans un cadre différent des évaluations par des pairs, et en tire des enseignements pouvant contribuer à renforcer la prochaine génération de programmes de recherche Agroscope.

112

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

Que l’on parle de bilan, de revue ou d’évaluation de programme de recherche, son objectif peut être de nature différente: i) plaidoyer pour valoriser la recherche, ii) redevabilité pour démontrer son efficience, iii) effectivité afin de tirer un bilan concernant la mise à disposition de solutions et de recommandations et, iv) avec un but d’optimiser l’allocation des ressources mises à la disposition de la recherche (Guthrie et al. 2013). Dans la pratique, les objectifs de bilan, revue ou évaluation de programme de recherche sont généralement multiples. L’objectif de ce bilan transitoire est de tirer quelques enseignements concernant le processus et les résultats du programme, de manière rétrospective. Pour ce bilan ProfiCrops, les critères suivants ont été sélectionnés: l’efficacité, l’efficience, la pertinence et la valeur ajoutée ProfiCrops. Ces critères font partie de ceux exigés pour les évaluations mandatées par le Secrétariat général de la Communauté européenne (Secrétariat-Général CE 2013). L’efficacité vise à observer dans quelle mesure les objectifs ont été atteints en comparant les résultats attendus et ceux obtenus. L’efficience vise à mettre en rapport l’efficacité avec les moyens engagés au sein du programme. La question de la pertinence consiste à interroger l’adéquation des objectifs et les résultats atteints par rapport aux besoins actuels. La valeur ajoutée ProfiCrops interroge sur la plus-value du programme par rapport à un projet. Efficacité L’objectif principal de ProfiCrops était de «mettre au point, préparer, évaluer et transférer les connaissances acquises, afin de contribuer à un avenir de la production végétale suisse dans un marché de plus en plus libéralisé et de renforcer la confiance des consommateurs dans les produits suisses». Une approche interdisciplinaire incluant des partenaires était requise pour atteindre ces objectifs (ACW 2008, voir www.proficrops.ch). Une liste de solutions développées par Agroscope a été élaborée. Elle comprend des solutions en cours de


développement ou de test, ainsi que des solutions déjà mises sur le marché. Ces solutions ont toutes été vérifiées scientifiquement. Toutefois, faute de ressources suffisantes, elles n’ont pas pu être testées simultanément et de manière interdisciplinaire dans une région «étude de cas», comme cela avait d’abord été prévu par Agroscope au moment du lancement du programme. La liste de solutions a été essentiellement élaborée de manière pragmatique - sur la base des communiqués de presse Agroscope liés à la thématique, et complétée par des résultats d’ateliers de travail et des success stories rédigées durant le programme. Cette manière de faire a été choisie parmi d’autres, essentiellement pour des raisons de ressources. A noter que le résultat final n’est pas représentatif de l’ensemble des travaux des différents départements et groupes de recherche. La liste comporte actuellement plus de 300 solutions concrètes – en grande majorité des solutions pour la pratique, mais aussi des solutions pour la recherche. Les solutions ont ensuite été réparties selon les quatre thèmes des modules de ProfiCrops (efficience, innovation, différenciation et conditions-cadres). Cette liste (fig. 1) met en évidence un important pourcentage de solutions (50 %) visant à améliorer l’efficience de la production. Les pourcentages de solutions visant à renforcer la différenciation (par la qualité) des produits et pour l’optimisation des conditions cadres sont moins élevés: 19 % et 15 % respectivement. Cette liste comprend également des solutions en cours de développement et/ou de test, ou déjà diffusées. L’ana-

Résumé

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

ProfiCrops, comme les deux autres programmes de recherche Agroscope (AgriMontana et NutriScope), a débuté en 2008 et se termine en mars 2014. En guise de clôture, différents événements ont été organisés et une série de huit articles de synthèse ont été publiés depuis juillet 2013 dans Recherche Agronomique Suisse. Ce dernier article présente un bilan de ProfiCrops, selon les critères usuels lors des revues de projets: efficacité, efficience, pertinence et valeur ajoutée et les enseignements importants tirés de la mise en œuvre du programme de recherche ProfiCrops. Il s’agit toutefois d’un bilan partiel, ceci par manque de critères. L’ampleur des objectifs stratégiques au départ du programme a compliqué l’évaluation de l’efficacité. L’efficience de la mise en œuvre a été fortement influencée par l’inadéquation des objectifs et des ressources, comme, en particulier, le temps à disposition des scientifiques et son allocation aux activités spécifiques du programme. Toutefois, des résultats tangibles ont été obtenus, comme une liste de plus de 300 solutions, des échanges interdisciplinaires en faveur des projets participants et du programme, un état d’esprit renforcé vis-à-vis de l’interdisciplinarité, une meilleure compréhension de ce que signifie l’innovation au sein d’Agroscope ainsi que la formation de nouveaux partenariats. La majorité de ces résultats n’aurait pas été générée sans l’existence du programme.

Solutions par thème (%)

16%

15%

50%

Efficience 19%

Différenciation Conditions-cadres Innovation

Figure 1 | Répartition des solutions (n=308) pour la production v­ égétale, selon les quatre thèmes ProfiCrops (%).

lyse de leur impact global sur la compétitivité du secteur de production végétale ne peut donc pas être faite. Elle n’était pas prévue par le programme. Le document de programme (ACW 2008) ne définissait pas avec précision les résultats attendus et les attentes concernant la mise en œuvre de l’approche interdisciplinaire, les partenariats et la communication. La notion d’interdisciplinarité a été définie en cours de programme (Crole-Rees 2012) et diffusée. Le choix des coordinateurs des modules et des projets intégrés (unités d'organisations de ProfiCrops) a tenu compte de l’interdisciplinarité. Les ateliers de travail et les journées ont toujours inclus différentes disciplines des sciences naturelles et sociales et, pour la plupart, des experts externes de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, d’Agridea, de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

113


Production végétale | ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 nov. 11

janv. 12

mars 12

mai 12

juillet sept. 12 12

nov. 12

janv. 13

mars 13

mai 13

juillet sept. 13 13

nov. 13

Figure 2 | Nombre de visiteurs de la page actualités de ProfiCrops (hits journaliers moyens/mois), novembre 2011–13.

ETHZ, de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, et d’autres institutions. La recherche de partenariats, autant en interne à Agroscope qu’en externe, a permis la participation d’institutions pertinentes aux travaux, comme le montre, entre autres, la liste des auteurs de la série d’articles ProfiCrops dans cette revue. Des partenariats ont été formalisés, comme par exemple, celui au sein du projet intégré (centre de compétence) «Feu bactérien» avec des séances bi-annuelles de coordination entre Agroscope, l’ETHZ et l’Institut de recherche sur l’agriculture biologique FiBL. De nouveaux partenariats pour Agroscope ont aussi pu être créés, par exemple avec l’Institut de l’entreprenariat et de management de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale Sierre et avec le Centre international d’études supérieures en sciences agronomique SupAgro à Montpellier. Concernant la communication, plusieurs outils ont été mis en place: newsletter bi-annuelle commune aux trois programmes, page internet, logo ProfiCrops sur les posters et documents liés au programme, articles, événements, etc. La figure 2 montre que la rubrique «actualité» de la page internet ProfiCrops a attiré près de 50 visiteurs par jour entre novembre 2011 et 2013, ou environ 1’300 hits par mois en moyenne. Efficience L’efficience met en rapport l’efficacité avec les moyens engagés au sein du programme. Il s’agit donc de passer en revue les moyens mis à disposition par rapport aux résultats attendus du programme et aussi l’engagement des scientifiques vis-à-vis des résultat obtenus. Certains des thèmes présentés initialement dans le descriptif du programme (ACW 2008) exigeaient des compétences inexistantes ou peu disponibles au sein

114

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

d’Agroscope, particulièrement concernant les aspects économiques, d’analyses de marchés et de chaînes de valeur. La recherche de partenariats et de financements tiers pour l’acquisition de ces compétences a mis en évidence l’exigence en temps, en ressources et en crédibilité. Le programme n’a pas pu acquérir toutes les compétences souhaitées pour remplir les objectifs. Toutefois, des moyens financiers ont été acquis: l’Office fédéral pour l’environnement OFEV a financé le projet associé Win4 et le Fonds national suisse FNS le projet associé FUI dans le cadre du Programme national de recherche 69 (PNR 69). Les procédures administratives ont été simplifiées autant que possible pour faciliter l’accès au programme pour les scientifiques. Aucune procédure additionnelle pour le reporting n’a été requise. La participation des scientifiques a été variable durant le programme. Elle a été négativement influencée par plusieurs facteurs. Le premier, particulièrement lors de la première phase, a été l’introduction du programme juste après la formulation des projets de recherche financés par le budget ordinaire d’Agroscope (programme d’activités 2008  –  2011 des stations Agroscope). Leurs ressources temps avaient donc déjà été allouées. La participation à ProfiCrops exigeait donc soit des heures supplémentaires, soit une réduction des activités prévues pour les projets du programme d’activités 2008 – 2011 d’Agroscope. En outre, l’allocation des projets et de leurs résultats entre ProfiCrops et le programme d’activité Agroscope n’était pas toujours facile. Cela a aussi été un facteur limitant pour la participation des scientifiques comme pour la communication. Le deuxième facteur était la formulation très large des thèmes transversaux, les modules. Il est possible que l’envergure des thèmes ait contribué à réduire la moti-


ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

ProfiCrops Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé, et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions-cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires, sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions-cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, P ­ rofiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et Food Urbanism Initiative (FUI). La série d’articles «ProfiCrops» publiée dès août 2013 dans Recherche Agronomique Suisse a permis de diffuser une sélection de résultats et de solutions pouvant contribuer au maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. L’article «ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur-ajoutée» fait usage de critères standard, comme efficacité, efficience, pertinence et valeur ajoutée ProfiCrops pour évaluer ce programme de recherche. Il met en évidence les enseignements tirés de cette première expérience de «recherche programme» Agroscope.

vation des scientifiques. A noter toutefois que des thèmes trop spécifiques peuvent aussi influencer négativement la motivation, comme cela a été montré dans certains projets européens (Guthrie et al. 2013). Il est généralement admis que la recherche scientifique est motivée par la curiosité et l’utilité. Or, ces deux facteurs de motivation n’ont pas toujours été perçus comme réunis par les scientifiques. Les trois stations de recherche Agroscope ont mis en place des stratégies de mise en œuvre des programmes de recherche différentes. Ces différences ont aussi induit des niveaux de participations des scientifiques différents selon les stations, rendant la coordination d’un programme inter-stations plus difficile (Crole-Rees et Bertschinger 2013). Les problèmes de motivation et de satisfaction des scientifiques ont été reconnus officiellement, après enquête menée par Agroscope à miparcours des programmes de recherche. Ce constat a incité une reformulation des objectifs par modules à la fin 2010 et a entraîné une augmentation de la motivation des scientifiques. Pertinence Le thème de la compétitivité du secteur de la production végétale est pertinent et il le restera à l’avenir, après ProfiCrops. Preuves en sont les attentes suscitées par ProfiCrops dès 2008. Les quatre thèmes des modules sont pertinents et le resteront. Pour exemple, l’OFAG s’appuie sur la qualité et l’efficience pour établir sa stratégie de politique agricole (OFAG 2012). L’approche «recherche programme» est encore et toujours pertinente pour traiter la problématique complexe de la compétitivité de ce secteur. La compétitivité dépend d’un grand nombre de facteurs techniques, sociaux, économiques et légaux. L’analyse et la recherche de solutions pour renforcer la compétitivité du secteur requièrent donc une approche pluridisciplinaire et programmatique. Valeur ajoutée ProfiCrops a permis de valoriser les résultats de la recherche en les présentant sous forme d’une liste de solutions. Certaines de ces solutions ont été développées spécifiquement dans le cadre du programme. Celles-ci sont, entre autres: une méthode de caractérisation des solutions pour la production végétale (Aouinaït et al. 2014), une méthode pour identifier les surfaces contributrices (surfaces contribuant de manière plus que proportionnelle aux pertes de substances d'une parcelle; Daniel et al. 2014), une typologie de la différenciation des produits (Crole-Rees et al. 2013), un guide pour l’installation de serres sur les toits en zone urbaine (Joly et

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

115


Production végétale | ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée

Praz 2013), une banque de données céréales (ProfiVar 2012) et un guide pour réussir la coopération d’assolement (Keiser et al. 2011). Le projet intégré Feu bactérien présente ses résultats, dont ceux liés à une coordination renforcée de tous les projets concernés en Suisse, sur sa page web (www.feubactérien.ch). Ces solutions n’auraient pas vu le jour sans le programme et sont donc de réelles valeurs ajoutées. La mise en œuvre du programme, et particulièrement de sa dimension interdisciplinaire, a contribué à des synergies entre les projets en cours des programme d’activité 2008 – 2011 et 2012 – 2013 et à la promotion de nouveaux contacts et partenariats au sein d’Agroscope. Enfin, des approches novatrices et essentielles pour le développement de la production végétale ont été introduites, comme la différenciation des produits et le concept d’innovation, et ont été internalisées par plusieurs scientifiques dans le cadre de leurs travaux. ProfiCrops a aussi contribué à former la relève. Quatre stagiaires diplômés et deux étudiantes en MSc ont été suivis durant les deux dernières années du programme, sur les thèmes novateurs de l’innovation, la différenciation des produits, l’agriculture urbaine et la durabilité «Win4». Une des étudiantes MSc va continuer dans son domaine, l’innovation, au sein d’Agroscope dès début 2014 avec un travail de doctorat. Les personnes en formation ont réellement contribué à l’élaboration de méthodes et de connaissances, et donc à une plus-value ProfiCrops.

Conclusions Les éléments de bilan ont permis d’obtenir des informations utiles sur le processus et les résultats du programme, de tirer des enseignements et d’élaborer des recommandations pour la recherche de demain. L’analyse d’une liste de plus de 300 solutions développées pour renforcer la compétitivité de la production végétale en Suisse a permis d’avoir une vue globale frag-

116

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

mentaire de la productivité de ProfiCrops. Ces solutions étaient regroupées selon leur effet attendu sur la production végétale, soit une amélioration de son efficience, une augmentation de sa valeur ajoutée par une différenciation qualitative et une optimisation des conditions cadres. Une analyse détaillée des critères d’efficacité, d’efficience et de pertinence n’a pas été possible, en raison d’objectifs stratégiques trop amples au début du programme, sans indications claires de mise en œuvre, et d’un manque d’indicateurs de succès clairement définis. La formulation d’objectifs clairement définis est donc importante au moment de lancer un programme. Les résultats de l’analyse montrent aussi que les moyens disponibles, en particulier le temps mis à disposition par les scientifiques, doivent être définis depuis le début d’un programme et être en adéquation avec les thèmes et les objectifs fixés. Cette leçon a été prise en compte dans l’élaboration des nouveaux programmes de recherche Agroscope. L’expérience ProfiCrops montre que l’application de l’approche interdisciplinaire au sein de la recherche est pertinente, mais nécessite un effort considérable en temps et en compétences. Renforcer la compétitivité de la production végétale suisse est essentiel pour son avenir. Agroscope a inscrit cette compétitivité comme pôle thématique de sa recherche et développement pour les années 2014 – 2017. En conséquence, la compétitivité devrait prendre une place plus importante dans le portefeuille de recherche. L’outil de caractérisation des solutions (ou innovations) développé par ProfiCrops (Aouinaït et al. 2014) pourrait aider à cette orientation. n

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope


ProfiCrops: il punto sull’efficienza, l’efficacia e il valore aggiunto ProfiCrops, come gli altri due programmi di ricerca Agroscope (AgriMontana e NutriScope) ha iniziato nel 2008 e terminerà nel marzo 2014. In dirittura d’arrivo sono stati organizzati diversi avvenimenti e da luglio 2013 una serie di otto articoli di sintesi sono stati pubblicati su la Recherche Agronomique Suisse. Quest’ultimo articolo presenta un bilancio di ProfiCrops, secondo i consueti criteri durante le revisioni di progetti: efficienza, efficacia, pertinenza e valore aggiunto, come pure le lezioni importanti tratte dall’attuazione del programma di ricerca stesso. Tuttavia, si tratta di un bilancio parziale, dovuto alla mancanza di dati. L’ampiezza degli obiettivi strategici all’inizio del programma ha complicato la valutazione dell’efficacia. L’efficienza della sua realizzazione è stata fortemente influenzata dall’inadeguatezza degli obiettivi e delle risorse come, in particolare, il tempo a disposizione per gli scienziati e l’assegnazione alle attività specifiche del programma. Si sono comunque ottenuti dei risultati tangibili, come una lista di oltre 300 soluzioni, degli scambi interdisciplinari in favore dei progetti partecipanti, uno stato di spirito rafforzata di fronte all’interdisciplinarietà, una migliore comprensione di ciò che significa l’innovazione all’interno di Agroscope e nuovi partenariati. Senza l’esistenza del programma non si sarebbe ottenuto la maggior parte di questi risultati.

Bibliographie ▪▪ Aouinaït C., Jeangros B., Nassar V. & Crole-Rees A., 2014. Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL. ­Recherche Agronomique Suisse 5 (3), 104–111. ▪▪ Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 2008. ProfiCrops: Neue Wege für einen zukunftsfähigen Pflanzenbau in der Schweiz unter liberalisierten Marktbedingungen. Programmbeschrieb, Forschungsanstalt Changins-­ Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil. 15 p. ▪▪ Secrétariat-Général EC, 2013. Public consultation on Commission Guidelines for Evaluation. Draft. Novembre 2013. Accès: http://ec.europa.eu/ dgs/secretariat_general/evaluation/docs/20131111_guidelines_pc_ part_i_ii_clean.pdf. ▪▪ Crole-Rees A. & Bertschinger L., 2013. Interdisciplinarity: lessons learnt from ProfiCrops. Poster présenté lors de la Swiss Inter- and Transdisciplinary Day 2013, Berne, 22 octobre 2013. ▪▪ Crole-Rees A., Spörri M., Rösti J. & Brugger Ch., 2013. La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits ­suisses. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 402–405.

Summary

Riassunto

ProfiCrops: le point sur l’efficacité, l’efficience et la valeur ajoutée | Production végétale

ProfiCrops: the status of efficiency, effectiveness and added-value As with the other two research programmes Agroscope (AgriMontana and NutriScope), ProfiCrops began in 2008 and will end in March 2014. To bring the programme to a close, several events were organised and a series of articles were published in Recherche Agronomique Suisse from July 2013 onwards. This last article presents an assessment of ProfiCrops, based on standard project review criteria: efficiency, effectiveness, relevance and added-value. Important lessons-learnt are drawn from the implementation of the research programme. It is, however, a partial assessment, due to the lack of sufficient data. The scope of the strategic objectives formulated at the beginning of the programme made the evaluation more complex than anticipated. Efficiency has been impacted by the mismatch between objectives and resources. A notable example of this is the availability of scientists’ time and its allocation across specific programme activities. However, several tangible results were obtained, such as: a list of more than 300 solutions, interdisciplinary exchanges in favour of project participants and the programme, a reinforced state of mind towards interdisciplinarity, an improved understanding of the meaning of innovation for Agroscope and the creation of new partnerships. Most of these results would not have been produced without the programme. Key words: programme research, review, efficiency, effectiveness, added value.

▪▪ Daniel, O., Crole-Rees, A., Bühler, L., Geiger, F., Gujer H.-U. & Bertschinger, L., 2014. Win 4 dans l’agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques. Recherche Agronomique Suisse 5 (2), 64–67. ▪▪ Guthrie S., Wamae W., Diepeveen S., Wooding S. & Grant J., 2013. Measuring research: A guide to research evaluation frameworks and tools. RAND Europe. Juillet 2013. Accès: http://www.rand.org/pubs/monographs/MG1217.html [22.11.2013] ▪▪ Keiser A., Durgiai B., Steingruber E., Bregy M., Fischer R., Vonlanthen I., Lips M., Mouron P., Crole-Rees A., Bezençon M. & Pavillard N., 2011. De l'idée à la réalisation – grâce à une bonne planification. La coopération inter-exploitation. Fiche technique. UFA Revue 12, 2011, 51–56.OFAG, Agroscope. 2013. Rapport de gestion 2012. Berne. ▪▪ OFAG, 2012. Message concernant l’évolution future de la politique ­a gricole dans les années 2014 à 2017 (Politique agricole 2014–2017). 1.2.2012. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00005/00044/ 01178/01591/index.html?lang=fr [7.1.2014] ▪▪ ProfiVar, 2012. Compte-rendu de séance. Séance interne de projet. ­A groscope. 16.1.2012.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 112–117, 2014

117


E c l a i r a g e

Réactions du millet aux apports d’azote Samuel Knapp, Rosalie Aebi et Jürg Hiltbrunner Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Jürg Hiltbrunner, e-mail: juerg.hiltbrunner@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Le millet convient à la fois pour l’alimentation humaine et pour celle des animaux. En outre, sa culture est intéressante en terme d’assolement. (Photo: Rosalie Aebi, Agroscope)

Le millet est devenu une culture de niche intéressante dans l’agriculture biologique. Mais on manque encore de recommandations fondées quant au mode de culture. Des essais de plusieurs années dans les conditions de l’agriculture biologique ont permis d’étudier l'effet des apports d’azote sur le rendement ainsi que sur la teneur en paille et en grains du millet. L’optimum économique a été atteint avec une fumure à base d’azote Biorga d’environ 23 kg par hectare. Lorsque l’engrais utilisé est meilleur marché, il est recommandé d’apporter une quantité d’azote légèrement plus élevée. Par rapport à la paille du blé de printemps, la paille du millet contient environ trois fois plus d’azote, de phosphore et de magnésium, et quatre fois plus de potassium. Les toponymes (p. ex. Hirslanden, de «Hirse», le millet en allemand) et les coutumes témoignent de la culture du millet en Suisse autrefois. Mais hélas aujourd’hui, il reste peu d’expérience et de connaissances sur la culture de cette plante. Les besoins de la Suisse en millet sont en grande partie couverts par les importations et la faible

118

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

protection frontalière se traduit par une culture indigène très limitée. Pourtant, le millet est précieux du point de vue nutritionnel et serait très intéressant pour les assolements (fig. 1). Le millet ne transmet aucune maladie du pied, ce qui est un atout notamment pour les assolements à base de céréales. Comme toute plante C4, le millet est également en mesure de survivre avec peu d’eau. C’est une plante qui semble parfaitement adaptée aux étés chauds et secs qui se multiplieront si l’on en croit les prévisions (Fuhrer et Jasper 2009). Du fait de sa courte période végétative d’environ 100 jours, il est aussi envisageable de semer du millet au printemps après avoir fauché une prairie temporaire. Semé à cette saison, le millet peut encore arriver à maturité sans problème. Le millet convient à la fois pour l’alimentation humaine et animale (Humphrys 2005). Il a un intérêt nutritionnel, car il est riche en minéraux, a une forte teneur en acide silicique et ne contient pas de gluten. Le millet peut donc être une céréale intéressante pour les personnes qui souffrent de maladie cœliaque. Autant les grains que la paille peuvent servir d’aliments pour animaux. Les grains ont une teneur en énergie et en protéines similaire à celle de l’orge. Des essais préalables ayant permis de clarifier la question des variétés, la phase suivante s’est concentrée sur la technique culturale. Cet article présente les résultats obtenus en ce qui concerne l’effet de la fumure azotée sur le rendement en grains ainsi que sur les teneurs dans le grain et la paille. Dispositif d’essai Comme le millet n’est en ce moment cultivé en Suisse que dans les conditions de l’agriculture biologique, les essais ont été effectués dans des exploitations certifiées et titulaires du label du bourgeon à Dietikon (2010), Sulzbach (2011), Seebach (2012) et Schlieren (2012). La densité de semis était de 500 grains aptes à germer/m2 pour des parcelles de 25 m2. La maîtrise des adventices était gérée selon les pratiques de l’exploitation (généralement deux passages, avec la sarcleuse ou la herseétrille – le premier passage au stade foliaire 3 à 4 et le second au stade 6 à 8).


Réactions du millet aux apports d’azote | Eclairage

Les essais ont été organisés sous forme de plan expérimental en blocs randomisés complet à deux facteurs avec quatre répétitions. Premier facteur: deux variétés russes Quartett et Krupnoskoroje, qui sont multipliées en Suisse par la coopérative Sativa (Rheinau) depuis 2006 et sont recommandées pour la production sous contrat avec la coopérative Biofarm (Kleindietwil). Deuxième facteur: cinq degrés d’apport d’azote (0, 30, 60, 90 et 120 kg N/ha). Lors du semis et au stade foliaire 3 à 4, la moitié de la quantité d’azote correspondante a été apportée sous forme Biorga-Quick 12 % (Hauert HBG Dünger AG, Grossaffoltern). Avant le semis (échantillon composite de toute la surface d’essai) et après la récolte (échantillon composite par procédé), la teneur en Nmin a été déterminée à une profondeur de 0–90 cm. Les essais ont permis d’étudier le rendement en grains et en paille, la teneur en eau au moment de la récolte, ainsi que la teneur en éléments nutritifs (procédé chimique par voie humide: azote, phosphore, potassium et magnésium). Comme pour l’élaboration des Données de base pour la fumure des grandes cultures (Richner et al. 2010), différentes fonctions ont été calculées pour déterminer les fonctions de production et la fumure azotée optimale sur le plan économique (Bélanger et al. 2000). Ces fonctions ont ensuite été sélectionnées sur la base d’une évaluation visuelle et statistique. Le calcul de l’optimum économique est basé sur les prix suivants: CHF 2.– /kg d’azote pour les engrais azotés conventionnels, CHF 8.–/ kg d’azote pour les engrais Biorga, CHF 170.– /dt de millet (prix à la production Coopérative Biofarm, Kleindietwil). Rentabilité de la fumure azotée De grandes différences ont été constatées entre les essais (P < 0,001). Les rendements moyens en grains oscillaient entre 11,0 (Schlieren 2012) et 39,9 dt/ha (Seebach 2012; tabl. 1). A l’exception de l’essai réalisé à Schlieren, tous les essais étaient de qualité moyenne (coefficient de

variation entre 7,3 et 12,3 %). Sur les sites de Dietikon et Schlieren, la levée au champ du millet était irrégulière et la pression des adventices plus élevée que dans les essais de Sulzbach et Seebach. Avec 25,9 dt/ha, la variété Quartett a réalisé un rendement plus élevé que la variété Krupnoskoroje qui a atteint 23,4 dt/ha (P < 0,001). Cependant, les deux variétés ont réagi de manière similaire à l’apport d’azote. Bien que l’analyse de variance n’ait pas permis d’identifier un effet marquant de la fumure à l’échelle des sites, cet effet s’est avéré significatif dans l’évaluation globale (P < 0,05). Avec les données disponibles, c’est la fonction de production quadratique qui convient le mieux pour expliquer l’effet des différents apports d’azote sur le rendement (fig. 2). Il n’y a que pour le site de Sulzbach qu’aucune fonction de production n’a pu être déduite (tabl. 1). Le rendement maximal est de 25,5 dt/ha pour une fumure de 92,6 kg N/ha. Des apports d’azote plus importants entraînent des baisses de rendement. Ces résultats confirment les observations faites par Hoffmann-Bahnsen (2003) dans des essais similaires dans le nord de l’Allemagne. Avec un prix des engrais de CHF 2.– /kg N, l’apport d’azote optimal sur le plan économique se situe à 75,8 kg N/ha, soit juste en dessous du maximum et avec un prix des engrais de CHF 8.– /kg (Biorga) à seulement 25,2 kg N/ha. Cet apport permettrait d’obtenir un rendement d’à peine 24 dt/ha. Même si on adapte une fonction de production pour chaque essai, la fumure azotée optimale ne varie quasiment pas pour un prix de CHF 2.– / kg malgré les différents niveaux de rendement (tabl. 1). Il n’y a qu’avec un prix de CHF 8.– /kg de N que la fumure azotée optimale varie considérablement entre les essais. La comparaison entre Biorga et l’engrais azoté de synthèse prouve que le prix des engrais influence fortement la fumure azotée optimale. La figure 3 montre comment, à partir de la fonction de production donnée, les varia- 

Tableau 1 | Vue d’ensemble des essais avec apports croissants d’azote dans les cultures de millet (2010–2012): teneur en N min dans le sol (kg de N/ha) avant le semis ainsi que rendement moyen en grains (dt/ha avec 14 % de H2O). «N (rendement) Maximum» resp. «N (rendement) Optimum» sont les valeurs de fumure azotée (kg de N/ha) calculées à partir des fonctions de production avec le rendement obtenu entre parenthèses (dt/ha). Optimum économique indiqué pour un prix d’engrais de CHF 2.– et 8.– /kg de N

Site Dietikon

Année

Nmin avant semis (kg N/ha)

Ø des rendements (dt/ha)

CV1 (%)

N (rendement) Maximum

N (rendement) Optimum (2 CHF/kg N)

N (rendement) Optimum (8 CHF/kg N)

2010

36,7

18,9

12,3

81,8 (18,4)

63,4 (18,3)

8,1 (16,7)

2011

61,8

28,3

12,3

Seebach

2012

148,6

39,9

7,3

85,1 (39,9)

70,5 (39,8)

26,8 (38,5)

Schlieren

2012

80,9

11

56,9

74,8 (12,2)

69,6 (12,2)

54,0 (11,8)

Sulzbach

2

CV = coefficient de variation. 2 Aucune fonction de production n’a pu être déduite pour Sulzbach en 2011. 1

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

119


Eclairage | Réactions du millet aux apports d’azote

100

y=22,5+0,065x−0,00035x²

130 150 170 190 210

20

22

60

Rendement (dt/ha)

● ●

Optimum économique (kg de N/ha)

26

24

Produit du millet (CHF/dt)

80

Prix de l’azote 2 CHF/kg N 8 CHF/kg N

40

28

0

20 0

20

40 60 80 Fumure azotée (kg de N/ha)

100

120

0

2

4 6 Prix de l’azote (CHF/kg de N)

8

Figure 2 | Rendement en grains du millet comme fonction de la ­f umure azotée. Ligne grise: rendement maximal, lignes en pointillés: fumure azotée optimale sur le plan économique pour des prix de l’azote de CHF 2.– /kg N (engrais de synthèse) et CHF 8.– /kg N ­( Biorga), les barres d’erreur correspondent aux erreurs-types.

Figure 3 | Optimum économique d’apport d’azote pour le millet en fonction du prix des engrais et du prix à la production.

tions du prix des engrais et du prix du millet à la production se répercutent sur la fumure azotée optimale. Les calculs d’un prix indicatif des engrais de ferme (fumier de stabulation, lisier complet, précédent cultural et culture intermédiaire) sont très complexes. Dans la littérature, on trouve des valeurs comprises entre 4.– et 7.– CHF/kg de N (Klöble 2009). A partir de la fonction de production donnée, cela représenterait une fumure optimale sur le plan économique de 60 et 35 kg de N/ha (fig. 3).

sentes dans le sol avant le semis, car dans presque tous les essais, le rendement maximal a été obtenu avec près de 80–90 kg d’azote par hectare (tabl. 1). Il faudrait faire d’autres essais pour savoir dans quelle mesure les autres propriétés du sol ou du site peuvent expliquer ces résultats. Sur la base des données disponibles, un rapport direct ne peut être établi ni entre le niveau de fertilisation et la quantité d'azote dans la biomasse aérienne du millet (fig. 4), ni entre le niveau de fertilisation et le niveau de fertilisation relevé dans le sol après la récolte (fig. 5). Cela peut venir du fait que le reste de l’azote apporté par les engrais est encore fixé dans les racines du millet ou qu’il s’est déposé dans des couches du sol à plus de 90 cm de profondeur. Dans les essais de Dietikon et Schlieren notamment, il est probable que de l’azote fertilisé ait également été assimilé par les adventices.

Valorisation de l’azote A l’exception de celui de Schlieren (2012), tous les essais ont permis d’identifier un effet des réserves d’azote minéral (Nmin) avant le semis sur le niveau de rendement (tabl. 1). Toutefois, l’effet de l’azote apporté en supplément sur le rendement du millet est indépendant des réserves pré-

Tableau 2 | Teneurs (g/kg de matière fraîche) d’azote (N), de phosphore (P), de potassium (K) et de magnésium (Mg) dans le grain et la paille de blé et d’avoine de printemps (Sinaj et al. 2009) par rapport au millet. Moyennes (minima et maxima) Culture Millet Blé de printemps Avoine de printemps

120

10

Produit

N (min.; max.)

P (min.; max.)

K (min.; max.)

Mg (min.; max.)

Grains

16,6 (15,2, 18,4)

2,8 (2,4, 3,2)

2,4 (1,8, 2,7)

1,2 (0,9, 1,4)

Paille

10,7 (9,3, 11,6)

2,4 (1,3, 3,3)

18,8 (12,6, 25,3)

2,4 (1,8, 2,7)

Grains

20,2 (18,0, 26,0)

3,6 (3,1, 4,4)

3,6 (2,5, 4,2)

1,2 (1,0, 1,4)

Paille

3,1 (3,0, 7,0)

0,8 (0,4, 1,3)

8,9 (6,6, 11,6)

0,7 (0,3, 0,7)

Grains

16,5 (13,0, 19,0)

3,5 (3,1, 3,9)

4,2 (3,3, 5,0)

1,0 (0,9, 1,3)

Paille

4,1 (3,0, 7,0)

1,2 (0,9, 1,7)

17,4 (14,9, 19,9)

1,2 (0,6, 0,9)

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014


60 40

2010 Dietikon 2011 Sulzbach 2012 Seebach 2012 Schlieren

0

20

Nmin après la récolte (kg de N/ha)

80

200 150 100 50 0

Prélèvement d’azote, paille et grain (kg de N/ha)

Réactions du millet aux apports d’azote | Eclairage

0

30 60 90 Fumure azotée N (kg de N/ha)

120

0

30

60 90 Fumure azotée N (kg de N/ha)

120

Figure 4 | Quantité d’azote dans la biomasse aérienne du millet (paille et grain) sur quatre sites différents avec un niveau de ­f umure azotée variable. Légende cf. fig. 5.

Figure 5 | Teneur en N min dans le sol après la récolte de millet sur quatre sites différents en fonction de la fumure azotée.

Teneurs en éléments fertilisants Dans l’évaluation globale, on constate un effet hautement significatif du site de l’essai sur les teneurs en éléments nutritifs des grains et de la paille. Une influence de l’apport azoté n’a été observée que pour la teneur en phosphore et en magnésium de la paille: lorsque les apports d’azote augmentent, ces teneurs augmentent elles aussi. En outre, il a également été observé que la variété exerçait une influence sur les teneurs, notamment celles du grain. La variété Quartett affiche par exemple des teneurs légèrement supérieures à la variété Krupnoskoroje. Par rapport à deux autres espèces de céréales de printemps qui peuvent servir d’alternative au millet dans l’assolement et pour lesquelles les chaumes sont comptabilisés dans le bilan de fumure, la teneur élevée en azote de la paille de millet est particulièrement remarquable (tabl. 2). La teneur en magnésium, presque deux fois plus élevée que celle de l’avoine de printemps, est elle aussi frappante. Il faut cependant savoir que le rendement du blé et de l’avoine de printemps est souvent supérieur à celui du millet.

Conclusions

Bibliographie ▪▪ Bélanger G., Walsh J. R., Richards J. E., Milburn P. H. & Ziadi N., 2000. Comparison of three statistical models describing potato yield response to nitrogen fertilizer. Agronomy Journal 92 (5), 902–908. ▪▪ Hoffmann-Bahnsen R., 2003. Wie viel Stickstoff braucht Rispenhirse ­( Panicum miliaceum). Untersuchungen zum Stickstoffbedarf und der ­D ynamik in der Pflanze. Mitteilungen der Gesellschaft für Pflanzenbauwissenschaften 15, 304–305. ▪▪ Fuhrer J. & Jasper K., 2009. Besoins en irrigation en Suisse. Rapport final de l'étude «Besoins en irrigation en Suisse (BI-CH)». Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Zurich. 74 p. ▪▪ Humphrys C., 2005. Anbau von Rispenhirse in der Schweiz: Unkrautbekämpfung und Perspektiven einer alten Kulturpflanze. Publié dans:

Les rendements en grains ont varié considérablement d’un essai à l’autre, preuve qu’ils dépendent des conditions locales et saisonnières. L’apport d’azote optimal du point de vue économique dépend beaucoup du prix des engrais et du prix à la production. Dans l’agriculture biologique, il est donc conseillé d’opter pour des apports d’azote à base d’engrais de ferme aux coûts avantageux. Dans les différents essais réalisés, les apports d’azote plus élevés n’ont pas conduit à des teneurs en Nmin plus élevées dans le sol après la récolte, ce qui peut s’expliquer en partie par la présence d’adventices et par leur absorption d’azote. Les teneurs en éléments nutritifs du grain et de la paille dépendent davantage des conditions saisonnières et locales que de la fumure azotée. Par rapport aux autres variétés de céréales de printemps, la teneur élevée de la paille de millet en azote doit être prise en compte pour le bilan de fumure. n Remerciements

Nous remercions la fondation Hauser (Weggis) et BioSuisse pour leur soutien financier.

­ nkrautbekämpfung. Neue Technologien, reduzierter Herbizideinsatz U und Alternativen, FAL-Tagung, Zurich. ▪▪ Klöble U., 2009. Bewertungsansätze für interne Leistungen im ökologischen Landbau (Workshop). Accès: http://orgprints.org/14334/ [11.12.2013]. ▪▪ Richner W., Flisch R., Sinaj S. & Charles R., 2010. Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures. Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12), 410–415. ▪▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. DBF-GCH 2009 – Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 1–98.

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 118–121, 2014

121


P o r t r a i t

Bernard Lehmann: de profondes racines ­paysannes Bernard Lehmann, aujourd’hui directeur de l’OFAG, a grandi avec ses deux frères et sa sœur dans une exploitation agricole du canton de Vaud. Il participe aux travaux de la ferme dès sa plus tendre enfance: «C’était l’usage quand on était l’aîné comme moi.» C’est donc tout naturellement qu’il commence un apprentissage agricole et entre à l’école agricole de Schwand. Ce séjour d’un an en Suisse alémanique lui ouvre de nouveaux horizons: «J’étais fasciné par le travail des agronomes. Je voulais, moi aussi, réaliser des expériences.» Encouragé dans cette voie par le directeur de son école, le jeune homme interrompt sa formation pour rattraper les années de gymnase et passer sa maturité à Lausanne. Economie agraire et politique agricole Bernard Lehmann revient à ses premières amours: l’agriculture. A l’automne 1973, il part faire des études d’économie agraire à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Il les achève en 1977 puis consacre les années suivantes à la recherche agronomique et à sa thèse de doctorat, au titre prémonitoire: «Wirkungsanalyse agrarpolitischer Massnahmen» (analyse des effets des mesures de politique agricole). En 1984, Bernard Lehmann entre à l’Union suisse des paysans (USP), d’abord en qualité de collaborateur scientifique, puis en tant que directeur suppléant. Il y fonde le groupe Economie agraire et dirige diverses études. Certaines d’entre elles portent sur le dépouillement centralisé des données comptables, assuré aujourd’hui par Agroscope. Il met au point avec ses collaborateurs un modèle de simulation pour l’orientation de la production. Retour à la recherche En 1991, Bernard Lehmann est nommé professeur ordinaire d’économie agraire à l’EPFZ. Il dirige pendant vingt ans l’Institut d’économie agraire avant de devenir chef du Département des sciences agronomiques et alimentaires. Les dix premières années de sa charge de professeur sont axées sur la Suisse: «Nous menions des études sur la compétitivité du secteur agricole. La suppression du contingentement laitier était un sujet brûlant. Nous concevions des modélisations de la situation actuelle et de l’avenir de l’agriculture, allant des excédents d’azote à l’agriculture en 2050.» Les dix années suivantes sont nettement orientées vers l’international, en particulier l’Afrique, le Sri Lanka et la Mongolie. «Les sujets de

122

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 122, 2014

recherche concernaient le développement de l’espace rural, de l’autosuffisance au marché, la création de valeur ajoutée et la surexploitation des ressources.» La boucle est bouclée Bernard Lehmann est nommé à la tête de l’OFAG en 2011, succédant ainsi à Manfred Bötsch. Aujourd’hui âgé de 59 ans, il se souvient de cette période: «La Politique agricole 2014 – 2017 avait déjà été mise en route. La tâche qui m’attendait était titanesque mais passionnante. J’avais la possibilité de faire avancer les choses. J’étais plus proche des décideurs.» Les débuts ne sont pas faciles. Il connaît le domaine par ses précédentes activités, mais la perspective est différente. Qui plus est, il continue à suivre quelques doctorants pendant la période de transition. Bernard Lehmann est donc aujourd’hui d’autant plus heureux que la PA 14 – 17 puisse être mise en œuvre dès 2014. «Ce fut une expérience très instructive pour moi. J’aime beaucoup travailler avec l’équipe de l’OFAG et le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.» Pour se ressourcer, Bernard Lehmann passe son temps libre avec sa femme et ses trois enfants. Il aime le jardinage et possède une petite serre: «Rien de tel pour garder les pieds sur terre», ajoute-t-il avec un sourire. Karin Bovigny-Ackermann, Office fédéral de l’agriculture OFAG


A c t u a l i t é s

Nouvelles publications

VOLUME

L A VIGN E

1

Une introduction substantielle En ouverture sont présentés les stades phénologiques et une classification systématique de la vigne pointant sur les sources de résistance naturelles aux maladies fongiques, nécessaires à une viticulture plus écologique, car la réduction significative des intrants passe par la création de cépages plus résistants. Pour cela, une connaissance approfondie de la systématique actuelle des champignons est requise et l’introduction se termine avec un important chapitre sur la lutte contre les maladies fongiques. Description des maladies Un nouvel éclairage, moitié texte moitié illustration, est donné de l’ensemble des pathologies fongiques, à l’échelle macro- et microscopique. Les caractères morphologiques des espèces fongiques sont détaillés en hors-texte à l’intention des experts en mycologie. Chaque chapitre se termine par une bibliographie choisie.

OLIVIER VIRET KATIA GINDRO

Facilités de lecture Tous les chapitres se déclinent en deux niveaux de lecture: les informations de base peuvent être enrichies à la guise du lecteur par des textes plus pointus, qui donnent accès à de nombreux travaux originaux d’Agroscope ou d’autres instituts spécialisés dans la recherche viticole. Un glossaire, un tableau de correspondance des noms des maladies fongiques de la vigne en français, latin, allemand, italien et anglais sont proposés en fin d’ouvrage, ainsi qu’un index thématique pour faire une recherche précise.

Agroscope | Amtra

MALADIES FONGIQUES

La Vigne volume 1. Maladies fongiques Maladies fongiques est le premier volume de la collection La Vigne, qui se composera à terme de quatre tomes sur les aspects sanitaires (champignons, ravageurs et auxiliaires, virus et phytoplasmes) et physiologiques de cette plante, dont la culture occupe une place considérable dans le monde. Ce premier volume, de près de 270 pages, devrait combler les attentes des scientifiques, formateurs, étudiants, vulgarisateurs et du public averti par sa ligne claire, son format bien pensé et son iconographie exclusive. Les maladies fongiques exigent des traitements répétés durant toute la saison, faisant de la viticulture un secteur agricole très visé par la protection de l’environnement, la réduction des intrants et la qualité de la récolte. Ce livre tente notamment de répondre à ces questions cruciales.

Le livre existe en version française. Disponible à mi-mars, il coûte CHF 65.– et peut être commandé à: AMTRA, Mme Antoinette Dumartheray route de Duillier 50 1260 Nyon 1 tél. 079 659 48 31 antoinette.dumartheray@agroscope.admin.ch www.revuevitiarbohorti.ch. Judith Auer et Eliane Rohrer, Agroscope et AMTRA

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

123


Actualités

Nouvelles publications

Mesurer la hauteur d’herbe des pâturages et prairies

ALP actuel

Mesurer la hauteur d’herbe des pâturages et prairies Fiche technique destinée à la pratique

nº 48 | 2013

Auteur

Fredy Schori, Agroscope

Fredy Schori Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras Tioleyre 4 CH-1725 Posieux fredy.schori@agroscope.admin.ch Impressum Editeur: Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras www.agroscope.ch Rédaction: Christine Caron-Wickli, Agroscope Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur.

Les systèmes de production laitière basés sur la pâture sont intéressants du point de vue économique, pour autant qu’une proportion élevée d’herbe soit valorisée. La mesure régulière de la hauteur d’herbe pour évaluer le potentiel fourrager d’une parcelle ou de l’exploitation permet de confronter l’offre en herbe avec les besoins estimés du bétail laitier. De telles données aident à prendre des décisions en matière de gestion des herbages: adaptation des surfaces pâturées, complémentation avec du fourrage et/ou des concentrés et utilisation des parcelles, etc. La comparaison des valeurs relevées avec des valeurs de référence pour une hauteur optimale peut aussi s’avérer utile dans la gestion des pâturages.

Cette fiche technique présente les différentes méthodes de détermination de la hauteur d’herbe des pâturages et prairies. Bien que la mesure et l’utilisation de la hauteur d’herbe des pâturages soient au premier plan, la présente fiche donne aussi quelques recommandations pour les pâturages à gazon court et les systèmes de pâture tournante en abordant les questions suivantes: • Comment et avec quelle méthode mesurer la hauteur d’herbe? • Les hauteurs d’herbe sont-elles comparables? • A quoi sert la mesure de la hauteur d’herbe? • Comment évalue-t-on la masse fourragère?

ISSN 1660-7589

alp actuel 48_fr.indd 1

04.11.13 09:33

ALP actuel no 48 Les systèmes de production laitière basés sur la pâture sont intéressants du point de vue économique, pour autant qu’une proportion élevée d’herbe soit valorisée. La mesure régulière de la hauteur d’herbe pour évaluer le potentiel fourrager d’une parcelle ou de l’exploitation permet de confronter l’offre en herbe avec les besoins estimés du bétail laitier. De telles données aident à prendre des décisions en matière de gestion des herbages: adaptation des surfaces pâturées, complémentation avec du fourrage et/ou des concentrés et utilisation des parcelles, etc. La comparaison des valeurs relevées avec des valeurs de référence pour une hauteur optimale peut aussi s’avérer utile dans la gestion des pâturages. Cette fiche technique présente les différentes méthodes de détermination de la hauteur d’herbe des pâturages et prairies. Bien que la mesure et l’utilisation de la hauteur d’herbe des pâturages soient au premier plan, la présente fiche donne aussi quelques recommandations pour les pâturages à gazon court et les systèmes de pâture tournante en abordant les questions suivantes: • Comment et avec quelle méthode mesurer la hauteur d’herbe? • Les hauteurs d’herbe sont-elles comparables? • A quoi sert la mesure de la hauteur d’herbe? • Comment évalue-t-on la masse fourragère? Fredy Schori, Agroscope

124

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014


Actualités

Echauffement des ensilages: causes et prévention Animaux Agroscope Transfer | no 1

Echauffement des ensilages: causes et prévention

Janvier 2014

Auteur

Ueli Wyss, Agroscope

Ueli Wyss

Les échauffements ou post-fermentations représentent l’un des problèmes les plus fréquents dans la production d’ensilages. Ce sont en particulier les ensilages de maïs, de bonne qualité et riches en énergie, et d’herbe préfanée qui sont les plus touchés. Le processus d’échauffement n’étant pas toujours visible à l’œil nu, il passe souvent inaperçu et est sous-estimé. Les post-fermentations provoquent des pertes d’énergie et une consommation réduite de fourrage, elles coûtent donc cher aux producteurs. Ce sont les levures qui en sont les premières responsables. Sous l’action de l’air qui pénètre dans l’ensilage lors du prélèvement, elles se multiplient fortement provoquant un échauffement. Un compactage insuffisant de l’ensilage favorise la pénétration d’air, mais la quantité prélevée ou le prélèvement quotidien joue aussi un rôle important.

La présente fiche technique porte sur • l’origine des post-fermentations • les facteurs principaux: mauvais compactage et prélévement journalier trop faible • l’échauffement ou la chaleur résiduelle • les mesures en cas d’ensilages chauds • les mesures de prévention des post-fermentations • conclusions

Agroscope Transfer no 1 Les échauffements ou post-fermentations représentent l’un des problèmes les plus fréquents dans la production d’ensilages. Ce sont en particulier les ensilages de maïs, de bonne qualité et riches en énergie, et d’herbe préfanée qui sont les plus touchés. Le processus d’échauffement n’étant pas toujours visible à l’oeil nu, il passe souvent inaperçu et est sous-estimé. Les postfermentations provoquent des pertes d’énergie et une consommation réduite de fourrage, elles coûtent donc cher aux producteurs. Ce sont les levures qui en sont les premières responsables. Sous l’action de l’air qui pénètre dans l’ensilage lors du prélèvement, elles se multiplient fortement provoquant un échauffement. Un compactage insuffisant de l’ensilage favorise la pénétration d’air, mais la quantité prélevée ou le prélèvement quotidien joue aussi un rôle important. La présente fiche technique porte sur • l’origine des post-fermentations • l es facteurs principaux: mauvais compactage et prélévement journalier trop faible • l’échauffement ou la chaleur résiduelle • les mesures en cas d’ensilages chauds • les mesures de prévention des post-fermentations • conclusions Ueli Wyss, Agroscope

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

125


Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 25.02.2014 NABO goes Cuba: réseau d’observation des sols sur le modèle suisse

17.02.2014 Apparition du vecteur de la flavescence dorée au cœur du vignoble valaisan

A Cuba, des émissions de polluants organiques provenant de l’industrie et du trafic routier mettent en danger les sols agricoles. Aujourd’hui, dans le cadre d’un projet de recherche commun, le centre de recherche cubain CENSA et Agroscope mettent en place un réseau d’observation sur le modèle de l’observatoire national NABO qui existe en Suisse. Les données sont censées permettre de déterminer la teneur des sols en substances nocives de manière systématique, dans deux provinces de Cuba pour commencer.

Pour la première fois, la cicadelle Scaphoideus titanus, vecteur de la flavescence dorée, a été capturée dans le vignoble valaisan durant la campagne de surveillance 2013 menée par Agroscope et les services cantonaux de la viticulture.

20.02.2014 A la recherche des gènes oubliés au cours de l’évolution du blé Le blé tendre est issu de l’addition spontanée et successive des génomes de trois espèces sauvages. En additionnant à nouveau les génomes du blé dur avec celui d’une graminée sauvage (Aegilops tauschii), on reproduit un événement qui a probablement eu lieu il y a 10 000 ans. On peut ainsi recréer des blés tendres primitifs qui constituent des sources potentielles de gènes disparus au cours de l’évolution du blé.

18.02.2014 Vidéo «Un fourrage de bonne qualité pour les chevaux» – un outil précieux pour les détenteurs-trices de chevaux La ration du cheval devrait être composée principalement de fourrage de qualité irréprochable et riche en structure. Les détenteurs-trices de chevaux doivent donc connaître les caractéristiques d’un bon fourrage et pouvoir évaluer sa qualité. Le Haras national suisse d’Agroscope a conçu une vidéo qui illustre à quoi il faut faire attention afin de pouvoir nourrir les chevaux avec un fourrage sain. Dès aujourd’hui, Agroscope met ce film à disposition des détenteurs-trices de chevaux sur leurs réseaux sociaux.

126

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

13.02.2014 Une résistance durable grâce au cumul de gènes La résistance aux maladies des céréales est un domaine de recherche important à Agroscope. Les groupes de pathologie et de marquage moléculaire apportent leur soutien aux sélectionneurs afin de créer des variétés naturellement résistantes. Ces variétés permettent de réduire les apports de produits phytosanitaires, contribuant ainsi à l’essor d’une agriculture plus écologique en Suisse et à l’étranger.

13.02.2014 Aliments pour animaux: étiquetage à améliorer Agroscope est mandatée pour contrôler les aliments pour animaux de rente et de compagnie (petfood) commercialisés en Suisse. Elle représente ainsi le premier maillon de la sécurité dans la chaîne alimentaire. Durant l'année écoulée, Agroscope a prélevé et analysé 1423 échantillons. La proportion d'aliments pour animaux de rente non conformes a légèrement augmenté par rapport à l'année précédente et la situation s'est améliorée en ce qui concerne le petfood.


Actualités

Liens internet

Manifestations

Vidéos documentaires d'Agroscope http://www.youtube.com/agroscopevideo Les films vidéo documentaires d'Agroscope présentent de manière informative et divertissante différents aspects de la recherche et du développement d'Agroscope pour des produits alimentaires savoureux, une agriculture compétitive et un environnement sain.

V Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o Avril 2014 / Numéro 4 Le nouveau rapport «Impact économique, social et environnemental du cheval en Suisse 2013» du Haras national suisse d’Agroscope fournit des chiffres intéressants sur la filière suisse du cheval. (Photo: Carole Parodi, Agroscope)

••La filière suisse du cheval, Lea Schmidlin et al., ­Agroscope ••Sécurité alimentaire et efficience des ressources – ­synergies et conflits d’objectifs, Birgit Kopainsky et al., Flury & Giuliani GmbH, Millennium Institute et OFAG ••Sécurité alimentaire globale – conclusions pour la Suisse, Barbara Becker et al., ETH Zurich, EPER et OFAG

Avril 2014 10.04.2014 Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse Haras national Avenches Mai 2014 06.05.2014 Brauchen Nutztiere Antibiotika? Fachtagung ETH Zurich, Vetsuisse Zurich et Berne, Agroscope ETH Zentrum, Zurich 06. – 07.05.2014 Landtechnik im Alpenraum Agroscope et BLT Wieselburg Feldkirch, Autriche 21.05.2014 AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der ­Berglandwirtschaft AgriMontana / Agroscope Landquart 21.05.2014 Fachtagung Düngerkontrolle MARSEP-/­­ VBBo-Ringversuche Agroscope OFAG, Berne 25.5.2014 Breitenhof-Tagung 2014, Treffpunkt der Steinobstbranche Agroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen Juillet 2014 06.  – 10.07.2014 AgEng 2014 Zurich International Conference of Agricultural Engineering Agroscope, ETH Zürich Zurich

••Les pulpes des betteraves plus riches en matière sèche présentent une bonne qualité d’ensilage, Ueli Wyss et Catherine Metthez, Agroscope et Sucreries d‘Aarberg et de Frauenfeld ••Régulation mécanique de la flore adventice du millet, Rosalie Aebi et al., Agroscope

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 5 (3): 123–127, 2014

127


harasnational.ch

9ème réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse 10 avril 2014 9 h - 17 h, Théâtre du Château, Avenches -

-

Journée ouverte à tout public avec exposés et posters De la science à la pratique Thèmes comme p. ex. Prévention et maladies, Elevage et génétique, Bien-être et détention, La branche équine en chiffres Prix (y. c. les repas): Tarif normal CHF 120.- (€ 100.-) Participant-e-s Equigarde® CHF 100.- (€ 85.-) Etudiant-e-s et doctorant-e-s CHF 40.- (€ 35.-) Inscription* obligatoire

* Inscriptions : www.reseaurechercheequine.ch

Neunte Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung Schweiz 10. April 2014 9 - 17 Uhr, Théâtre du Château, Avenches - Öffentliche Tagung mit Vorträgen und Ausstellung - Von der Wissenschaft in die Praxis - Themen wie z.B. Prävention und Krankheiten, Zucht und Genetik, Wohlbefinden und Haltung, Die Pferdebranche in Zahlen - Tagungsgebühren (inkl. Verpflegung): Normaltarif CHF 120.- (€ 100.-) Equigarde®- Reduktion CHF 100.- (€ 85.-) Studierende, Doktorierende CHF 40.- (€ 35.-) - Anmeldung* obligatorisch *Anmeldungen : www.netzwerkpferdeforschung.ch Renseignements : / Infos: Tel. 026 676 63 75 katja.sprenger@agroscope.admin.ch

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société

Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.