Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 4

|

N u m é r o

2

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

F é v r i e r

Production végétale Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Page 44 Production animale Valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Page 52 Eclairage Série ProfiCrops: Agriculture urbaine: le projet FUI Page 60


La santé des abeilles est au coeur des préoccupations des chercheurs du Centre de recherche apicole (CRA). Un groupe d’experts, dont fait partie Peter Gallmann (voir portrait, p. 71), ancien responsable du CRA, est en train d’élaborer un catalogue de m ­ esures destinées à protéger la santé des abeilles dans notre pays. (Photo: BGD/SSA)

Sommaire Février 2014 | Numéro 2 43 Editorial Production végétale Effets à long terme d’une conversion à 44

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

l’agriculture biologique Adrian Honegger et al. Production animale Estimation de la valeur nutritive 52

­ ’ensilages de mélanges protéagineux d et céréales immatures Yves Arrigo Eclairage – Série ProfiCrops Agriculture urbaine: le projet FUI 60 Katja Heitkämper et al. Eclairage– Série ProfiCrops Win4 dans l'agriculture: améliorations 64

­écologiques, sociales et économiques Otto Daniel et al. Eclairage Femmes et hommes dans l’agriculture 68 Hermine Hascher et Esther Thalmann 71 Portrait 72 Actualités 75 Manifestations Listes variétales Encarts Liste recommandée des variétés de soja

Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00

pour la récolte 2014

Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58

Liste recommandée des variétés de maïs ­

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Raphaël Charles et Jürg Hiltbrunner

pour la récolte 2014 Jürg Hiltbrunner, Ulrich Buchmann, Alice Baux, Jean-François Collaud, Pierre Pignon et Mario Bertossa


Editorial

Appliquer concrètement les ­acquis communs Chère lectrice, cher lecteur, Quels éléments clés permettent à un sujet, une question ou à de nouveaux acquis d’attirer l’attention et d’être traité dans un intérêt pratique? Des personnes très engagées, des conseillères et des conseillers expérimentés, un réseau de partenaires performant ou simplement des moyens financiers suffisants? Deux conditions sont essentielles: la volonté de tous les participantes et participants de faire évoluer la situation, ainsi que la mise à disposition de ressources.

Ulrich Ryser, directeur AGRIDEA

Échanger, comprendre, progresser La centrale de vulgarisation agricole AGRIDEA favorise l’échange de connaissances et d’expériences entre représentantes et représentants de la vulgarisation, de la recherche, du terrain, de l’administration et de la politique. Parmi les tâches majeures, il faut citer la mise en contact des acteurs du système de connaissances agricoles et donc la création et l’appui de réseaux. D’entente avec leurs partenaires, les collaboratrices et collaborateurs d’AGRIDEA fixent des objectifs et aident à les atteindre. Si les résultats sont très divers, tous contribuent d’une manière ou d’une autre à assurer aux zones rurales un avenir plein de promesses. Effort en faveur de la cause des femmes L’article sur la campagne nationale «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véritable partenariat» (p. 64) décrit comment l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales, l’Union suisse des paysans, le Forum la Vulg Suisse et AGRIDEA ont abordé ensemble ce projet concret. Leur collaboration, soutenue par l’Office fédéral de l’agriculture, est venue donner un nouvel élan à la thématique. Le mot d’ordre de la campagne est «Ensemble»: organiser ensemble l’entreprise constituée de la ferme et de la vie commune, agir ensemble pour soutenir les femmes dans leurs revendications. Informer pour induire un changement des mentalités Les exploitations familiales ont besoin des femmes et les femmes ont besoin d’un soutien à leur cause. Si l’on évoque les «femmes dans l’agriculture», c’est souvent pour souligner l’insuffisance de leur couverture sociale et juridique ou pour mettre en évidence leur manque de visibilité et leur faible contribution au succès de l’exploitation. Pour provoquer une évolution positive et favoriser cette visibilité, il faut par exemple fournir des statistiques sur les femmes vivant dans des exploitations. Leur contribution au revenu agricole est reconnue. Elles participent activement aux réflexions engageant l’avenir de l’exploitation. Leur droit d’être associées à la décision en matière d’investissements va de soi. Je souhaite plein succès à cette campagne et me réjouis de perspectives plus riantes pour les femmes et les hommes vivant en milieu rural!

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Adrian Honegger, Raphaël Wittwer, Django Hegglin, Hans-Rudolf Oberholzer, Anne de Ferron, Philippe Jeanneret et Marcel van der Heijden Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Marcel van der Heijden, e-mail: marcel.vanderheijden@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Une des parcelles étudiées. (Photo: Raphaël Wittwer, Agroscope)

Introduction En Suisse, l’agriculture biologique prend une place toujours plus importante (Bio Suisse 2013). Les conditions actuelles du marché entraînent des marges brutes par hectare plus élevées pour un grand nombre de cultures conduites selon les techniques biologiques (Zihlmann et al. 2010), ce qui peut inciter à la conversion. Cependant, la question de l’évolution à long terme des rendements et des facteurs de rendement reste ouverte. Les rende-

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Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

ments pourraient-ils fléchir, par exemple à cause d’une moins bonne fertilité du sol? La pression des adventices pourrait-elle être accentuée par les pratiques bio? Une enquête récente révèle que de nombreux exploitants en mode conventionnel renoncent à se convertir au bio, craignant les problèmes de mauvaises herbes (Ferjani et al. 2010). Par ailleurs, on ne sait pas, faute de recherches approfondies, si l’agriculture biologique favorise et augmente la biodiversité sur le long terme, notamment parce que l’utilisation de pesticides y est prohibée.


Pour répondre à ces questions, l’évolution des rendements du maïs d’ensilage et du blé d’automne ainsi que des facteurs de rendement a été étudiée durant deux ans (2011 et 2012) dans 34 exploitations. Les effets à long terme d’une agriculture biologique sur la fertilité des sols, la microflore du sol, la pression et la diversité des adventices ainsi que les populations d’araignées dans les cultures de maïs ont également été examinés (fig. 2).

Résumé

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

Matériel et méthodes Pendant deux ans, Agroscope a conduit des investigations dans 34 exploitations des cantons d’Argovie, de Zurich et de Thurgovie sur des parcelles de grandes cultures (fig. 3). Les exploitations ont été réparties en quatre groupes, dont trois en fonction du nombre d’années depuis leur conversion à l’agriculture biologique (tabl. 1). Les exploitations étudiées étaient de type mixte, les grandes cultures occupant une part importante. Echantillonnage dans les champs et questionnaires Dans chaque exploitation et pour chacune des deux années, tous les relevés ont été effectués sur la même parcelle et au même endroit de celle-ci. La plupart des parcelles se trouvaient sur des sols mi-lourds, profonds, de type sol brun, le plus répandu sur le Plateau suisse. Dans la plupart des cas, la rotation des cultures était la suivante: 1) prairie temporaire, 2) maïs, 3) blé d’automne (fig. 2). Les prises d’échantillons et les observations étaient concentrées dans un cercle d’un rayon de 10 m repéré par GPS. Parallèlement, toutes les informations concernant l’exploitation, la rotation des cultures ainsi que l’itinéraire technique des parcelles concernées ont été relevées grâce à un questionnaire. Les calculs sur les apports d’éléments nutritifs (genre d’engrais et quantités) ont été effectués d’après les informations fournies par les exploitants. Les teneurs en éléments nutritifs 

Toujours plus d'exploitations agricoles conventionnelles (PER) étudient la possibilité d'une conversion à la production biologique. Se pose alors la question de l'évolution des rendements et des prestations écologiques. Les effets d'une longue pratique des techniques biologiques sur l'évolution des rendements, de la flore adventice, de la biodiversité et de la fertilité des sols ont été peu étudiés jusqu'ici. Afin de répondre à ces questions, 34 parcelles ont été choisies, réparties en quatre groupes d'exploitations: conventionnelles (PER), converties récemment au mode de production biologique, «jeunes» et «anciennes» exploitations biologiques. Cette étude montre que la pratique des techniques biologiques à long terme fournit des rendements en blé d'automne plus faibles qu'en exploitation PER; les rendements n'ont toutefois pas fléchi au cours des années. La pression des mauvaises herbes n'a pas systématiquement augmenté, même après plus de 15 ans d’agriculture biologique. Cependant, la situation malherbologique varie beaucoup d'une parcelle à l'autre et, sur certaines parcelles, des mauvaises herbes particulièrement résistantes posent problème. L'étude montre qu’après une conversion, dans les conditions suisses, les pratiques biologiques de longue durée dans des exploitations mixtes n'ont pas d'effets négatifs ni sur les rendements ni sur la fertilité des sols.

Tableau 1 | Description des groupes étudiés Nombre d'exploitations 2011

Nombre d'exploitations 2012

Description des groupes

Année de ­conversion au bio

Durée de l'exploitation bio au 31.12.2012

PER

9

7

groupe témoin (conventionnel)

Co

9

8

conversion BIO récente

2009 – 2011

2 – 4 ans

BIO1

7

6

exploitations BIO «jeunes»

1999 – 2003

10 – 14 ans

BIO2

9

8

exploitations BIO «anciennes»

1980 – 1997

16 – 33 ans

Groupe

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Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

Rendement

Rotation des cultures

Population d'araignées Pression des mauvaises herbes / Espèces de mauvaises herbes Champignons du sol (mycorhyzes) Biomasse microbienne

Précédent cultural 2010: Prairie temporaire

Culture principale examinée en 2012: blé d'automne

Disponibilité des éléments nutritifs

Culture principale examinée en 2011: maïs d'ensilage

Figure 2 | Rotation des cultures et paramètres étudiés à l'exemple de la culture du maïs d'ensilage de 2011.

dans les engrais organiques ont été calculées sur la base des Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages 2009 (DBF, Flisch et al. 2009).

exploitations BIO et exploitations conventionnelles (tabl. 2). En revanche, les rendements du blé d’automne dans les parcelles PER dépassaient de 15 dt/ha en moyenne ceux des parcelles BIO, soit 20 % de moins en parcelles BIO par rapport aux parcelles PER. Ces résultats concordent avec ceux de deux autres expériences suisses, soit l’essai de systèmes DOK dans le canton de Bâle (Jossi et al. 2009) et l’essai de systèmes culturaux de Burgrain dans le canton de Lucerne (Zihlmann et al. 2010). Outre le niveau des rendements, leur stabilité sur la durée est aussi un élément déterminant. Dans cette étude, aucun fléchissement des rendements de maïs et de blé d’automne n’a été constaté en relation avec la durée des pratiques biologiques. Ceci démontre qu’avec

Résultats et discussion Aucune baisse des rendements Le rendement est un des éléments clés de la production agricole et constitue un facteur de décision déterminant pour les chefs d’exploitation. Différentes études montrent qu’en agriculture biologique, les rendements sont plus faibles (Seufert et al. 2012). Cependant, leur évolution sur la durée est encore incertaine. Aucune différence de rendement du maïs n’a été constatée entre

Tableau 2 | Rendements moyens* de maïs d'ensilage (MS) et de blé d'automne (PER = 100 %) Groupe

Maïs d'ensilage 2011

Blé d'automne 2012

MS (dt/ha)

(%)

(dt/ha)

(%)

PER

209

100

74,9

100

Co

207

99

58,5

78,1

BIO1

201

96,2

58,7

78,4

BIO2

208

99,5

61,5

82,1

*Les échantillons de maïs d’ensilage et de blé d’automne ont été récoltés à la main sur de petites parcelles (rectangle de 60×40 cm). Les rendements en matière sèche (MS) ont ensuite été calculés par parcelle puis extrapolés pour obtenir un rendement à l’hectare. On estime que dans la pratique, les rendements effectifs sont inférieurs d’environ 10 à 25 % (dus principalement aux pertes lors de la récolte, des passages de tracteur ou des bords de champs).

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Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

PER Co BIO1 BIO2 Figure 3 | Situation des parcelles étudiées (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1).

une fumure minérale réduite et une utilisation rationnelle des engrais de ferme, la fertilité du sol n’est pas altérée, ce qui permet de maintenir durablement un bon niveau de rendement (tabl. 2). La pression des adventices reste stable Bien que de nouvelles méthodes de régulation de la flore adventice soient continuellement développées pour l’agriculture biologique, les mauvaises herbes restent un des problèmes majeurs inhérents à ce système

de production. Si les exploitations PER disposent d’herbicides de synthèse efficaces applicables en post-levée, ces produits sont évidemment interdits en culture biologique, pour lesquelles on ne peut recourir qu’au désherbage mécanique ou manuel. Comme on pouvait s’y attendre, la pression des adventices augmente rapidement dès que l’on doit renoncer aux herbicides lors de la conversion à l’agriculture biologique (fig. 4). Cependant, les exploitations du groupe BIO2 («anciens» BIO) n’ont pas plus de problèmes 

50,0

Couverture du sol par les adventices [%]

45,0 40,0 35,0 30,0 25,0 20,0 b

15,0

b

b

10,0 5,0 0,0

a PER

a Co

BIO1

Maïs d‘ensilage 2011

BIO2

PER

b

b

b

Co

BIO1

BIO2

Blé d‘automne 2012

Figure 4 | Couverture moyenne du sol par les adventices, en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences ­s ignificatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

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Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

Tableau 3 | Quantités d'éléments nutritifs (moyennes) apportées aux cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne. Des lettres différentes dans la même colonne signalent des différences significatives entre les moyennes (p < 0,05) selon le test de Tukey Maïs d'ensilage 2011 Ndisp (kg/ha)

Blé d'automne 2012 P2O5 (kg/ha)

K 2O (kg/ha)

Ndisp (kg/ha)

P2O5 (kg/ha)

K 2O (kg/ha)

Normes selon DBF

110

80

220

140

60

100

PER

152a

102

226

118a

27a

58a

Co

115ab

124

286

87ab

75b

157b

BIO1

ab

91

107

289

62

ab

61

187b

BIO2

85b

103

216

60 b

67ab

210 b

de mauvaises herbes que les exploitations récemment converties (Co). En 2011, une légère augmentation, toutefois non significative, de la couverture par les adventices a été observée au fil des années après une conversion (fig. 4). Cette tendance ne s’est toutefois pas confirmée en 2012. Cependant, les erreurs-types calculées révèlent des différences importantes de la couverture du sol par les adventices sur les parcelles BIO (Co, BIO1, BIO2). Ainsi, dans les parcelles du groupe BIO2, le taux de couverture se situait entre 9 et 73 % dans les cultures de maïs et entre 4 et 60 % dans les cultures de blé d’automne. Certaines parcelles BIO rencontrent des problèmes importants avec des mauvaises herbes vivaces ou des graminées. Mais il existe aussi des exploitants BIO qui ont plus de 15 ans de pratique et qui contrôlent très bien la pression des mauvaises herbes sur la durée. La régulation manuelle des vivaces dans les cultures biologiques de blé d’automne ne requiert qu’à peine deux heures par hectare en moyenne, principalement lorsqu’on a affaire à des rumex ou à des chardons. En cas de forte présence, cela peut toutefois nécessiter jusqu’à 5½ heures par hectare. Il faut considérer que la situation

b

malherbologique varie fortement d’une parcelle à l’autre selon les particularités du site, mais aussi en fonction de la stratégie de désherbage appliquée par l’exploitant ainsi que sa tolérance vis-à-vis des mauvaises herbes. L’enquête montre d’ailleurs que la tolérance des exploitants augmente avec les années de pratiques BIO. Fumure élevée et disponibilité des éléments nutritifs Le maintien de la fertilité des sols est un principe de base en production végétale. En agriculture biologique, le maintien des réserves d’éléments nutritifs à long terme est une question très controversée, particulièrement pour les exploitations qui disposent de peu d’engrais de ferme, voire pas du tout. Quelques études montrent que la réduction des fumures, et surtout le renoncement aux engrais minéraux dans les parcelles BIO, peuvent entraîner une réduction des disponibilités en éléments nutritifs comme le phosphore et le potassium (Gosling et Shepherd 2005). La fumure azotée, calculée en azote disponible (Ndisp)1, était généralement plus élevée dans les cultures conventionnelles (PER) de maïs et de blé d’automne que dans les mêmes cultures BIO (tabl. 3). En revanche, les constituée d'ammonium et partiellement de nitrate.

1

Tableau 4 | pH du sol, teneurs moyennes en éléments nutritifs et nombre d'exploitations par classe de fertilité selon DBF (Flisch et al. 2009) pH

P

Classe

K

Classe

Mg

Classe

(mg P2O5/kg)

(Nombre)

(mg K 2O/kg)

(Nombre)

(mg Mg/kg)

(Nombre)

A

B

C

D

E

A

B

C

D

E

A

B

C

D

E

PER

6,7

3,9

0

0

4

2

1

27ab

0

0

6

1

0

139

0

2

2

1

2

Co

6,5

2,7

0

1

5

1

1

20a

0

4

3

0

1

152

0

0

3

3

2

a

0

2

2

2

0

186

0

1

3

0

2

0

0

1

5

2

175

0

1

2

3

2

BIO1

6,5

3,5

0

0

4

2

0

18

BIO2

6,8

4,3

0

0

5

0

3

52b

Minimum

5,6

0,9

8

57

Maximum

7,9

8,8

103

469

Les classes de fertilité (A=pauvre, B=médiocre, C=satisfaisant, D=riche, E=très riche) correspondent aux disponibilités en éléments nutritifs dans le sol. Des lettres différentes dans la même colonne signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

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1000 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0

a

PER

a

Co

a

BIO1

a

BIO2

Colonisation par les mycorhizes [%]

Biomasse microbienne [mg C/kg Boden]

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

60 50 40 30 b

20 10 0

b ab

a

PER

Co BIO1 Blé d‘automne 2012

BIO2

Figure 5a | Biomasse microbienne moyenne des mycorhizes (avec ­e rreur-type) dans les quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

Figure 5b | Colonisation moyenne par les mycorhizes en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

cultures BIO ont reçu en général plus de phosphore et de potassium. L’apport de phosphore était particulièrement important sur les parcelles recevant des engrais de déchets provenant d’une installation de méthanisation, du fumier de volaille, du fumier de bovins ou du lisier de porcs. Dans la plupart des exploitations BIO, la norme de fumure a été clairement dépassée au cours des deux années considérées, tant pour le phosphore que pour le potassium (Flisch et al. 2009). On constate que les quantités d’éléments nutritifs épandus varient beaucoup d’une exploitation à l’autre, ainsi qu’au sein d’un même groupe. Ainsi, en 2011, la fumure des parcelles de maïs d’ensilage variait entre 32 et 239 kg Ndisp/ha, entre 36 et 228 kg de P2O5/ha et entre 69 et 445 kg de K 2O/ha. Les grandes différences dans le nombre d’unités de gros bétail par hectare entre les exploitations expliquent en partie ces écarts. Les disponibilités en éléments nutritifs dans le sol (phosphore, potassium et magnésium) ne présentent des différences significatives entre les groupes que pour le potassium (tabl. 4). Le groupe BIO2 présente des valeurs nettement plus élevées que celles des autres groupes. Cette différence se reflète dans les classes de fertilité définies dans les DBF (Flisch et al. 2009; tabl. 4). Aucune des parcelles en production biologique ne se situe dans la classe de fertilité A (pauvre), indépendamment de la durée après une conversion à ce type d’exploitation. Le bon niveau de fertilité de ces sols est à mettre en relation avec les apports d’engrais organiques riches en éléments nutritifs (fumier de bovins, purin de bovins et lisier de porcs, fumier de volailles et boues résiduelles de méthanisation). Ainsi, aucune valeur limitante dans le sol, tant pour P, K que Mg, n’a été constatée même après plus de 25 ans d’exploitation biologique.

Une microflore du sol riche Les microorganismes du sol jouent un rôle important dans la libération des éléments nutritifs, fournissant ainsi une importante contribution à la fertilité du sol. Pour cette raison, leur abondance et leur activité sont de bons indicateurs du niveau de fertilité du sol (Oehl et al. 2011). La biomasse microbienne (mesurée selon la méthode SIR) fait bonne figure par rapport à la moyenne suisse, tous groupes confondus. La plupart des parcelles atteignaient des valeurs supérieures à la moyenne, quelquesunes atteignaient même des valeurs très élevées. Aucune différence significative n’a été constatée entre les groupes d’exploitations (fig. 5a), ni une quelconque tendance en relation avec une augmentation de la durée de l’exploitation biologique. Ces résultats contredisent partiellement les expériences acquises à l’étranger. Ils confirment cependant les résultats de comparaisons par paires effectuées dans des parcelles suisses (Oberholzer et Mäder 2003) ainsi que les résultats des essais de longue durée DOK et Burgrain (Oberholzer et Zihlmann 2011), dans lesquels aucune différence n’a été observée entre systèmes culturaux pour les valeurs clés concernant la microbiologie. Ces différences par rapport aux données étrangères s’expliquent principalement par le fait qu’en Suisse, les exploitations PER entretiennent une rotation des cultures diversifiée et elles valorisent bien les engrais de ferme, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays. Les champignons du genre mycorhizes arbusculaires (champignons MA) sont des champignons du sol qui peuvent coloniser les racines de la plupart plantes cultivées et y vivre en symbiose, reprenant en partie la fonction des poils absorbants. Les champignons MA soutiennent l’absorption des éléments nutritifs par les 

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Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

Nombre d'espèces d'adventices

25 20 15 10

b

b

Co

BIO1

b

5 a 0

Figure 6 | Racine sous le microscope (agrandissement de 150 fois) avec des mycorhizes (colorés en bleu).

plantes, surtout le P, mais aussi N, K et Zn. Une étude hollandaise a montré qu’à la longue, l’exploitation biologique favorisait le développement et la diversité de ces champignons du sol très utiles (Verbruggen et al. 2010). Ce phénomène est probablement à mettre en relation avec des rotations de cultures longues et diversifiées, une fumure réduite reposant principalement sur les engrais organiques, le renoncement aux herbicides de synthèse et une densité de mauvaises herbes plus élevée en culture biologique. Les examens des racines des cultures ont mis en évidence la présence de champignons MA utiles dans toutes les parcelles (fig. 6). L’effet positif de l’agriculture biologique a été particulièrement marqué en 2012 où les racines des céréales en parcelles PER présentaient moins de mycorhizes que dans les parcelles Co et BIO1 (fig. 5b). Diversité des adventices et araignées Les données de la littérature montrent que, d’une manière générale, l’agriculture biologique exerce un effet positif sur la biodiversité (Bengtsson et al. 2005). La présente étude le confirme en ce qui concerne le nombre d’espèces d’adventices. Dans les parcelles BIO et pour les deux années d’observations (nombres d’espèces cumulés), on comptait en moyenne trois fois plus d’espèces d’adventices que dans les parcelles PER (fig. 7). La diversité des adventices se corrèle positivement avec la couverture du sol, la différence entre BIO et PER étant inhérente à l’utilisation d’herbicides dans les parcelles PER. Cependant, le nombre moyen d’espèces d’adventices dans les parcelles BIO ne tend pas à augmenter avec les années d’exploitation (fig. 7). Les araignées sont des prédatrices des ravageurs bien connues. Leur nombre et leur diversité dépendent avant tout de la structure de leur habitat (Samu et Szinetar 2002). En 2011, 72 espèces et 981 individus ont été captu-

50

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PER

BIO2

Figure 7 | Nombre moyen d'espèces d'adventices (avec l'erreur-­ type) sur les deux ans pour chaque groupe d'exploitations. Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

rés à l’aide d’un système d’aspiration dans les 31 parcelles de maïs d’ensilage des quatre groupes d’exploitations. La couverture du sol par les adventices et le nombre d’espèces exerçaient un effet positif significatif sur le nombre d’araignées dans tous les groupes d’exploitations (P<0,05). En revanche, aucune différence significative n’a été relevée entre cultures BIO et cultures PER tant au niveau du nombre d’espèces que du nombre d’individus.

Conclusions L’exploitation biologique se différencie de l’exploitation PER surtout par une plus forte pression des adventices, et par une plus grande diversité de celles-ci; on observe également dans l’exploitation BIO une plus grande stimulation des champignons utiles du sol. Ces deux facteurs entraînent une biodiversité plus élevée. L’étude montre qu’avec de bonnes stratégies de conduite des cultures, il est possible de maîtriser les mauvaises herbes même après de nombreuses années d’agriculture biologique. Quant au niveau des éléments nutritifs dans les sols et à la microbiologie des sols, les différences entre exploitations biologiques et exploitations PER sont généralement non significatives. De plus, l’étude démontre qu’un mode d’exploitation biologique qui ménage les ressources est praticable sur la durée. Il est vrai que le niveau des rendements des parcelles BIO est plus faible que celui des parcelles PER. Cependant, les rendements des parcelles BIO n’ont pas fléchi sur le long terme. Les indices de fertilité n P et K des sols n’ont pas baissé non plus. Remerciements

Nos vifs remerciements vont à tous les exploitants qui ont participé à l'étude, à Philipp Weber pour sa collaboration aux travaux de terrain, ainsi qu'à Fredi Strasser et Franz Bender pour les discussions et leurs remarques. L'étude sur l'importance des organismes utiles du sol est poursuivie dans le cadre du Programme national de recherche «Utilisation durable des ressources du sol» (PNR 68).


Effetti dell'agricoltura biologica praticata a lungo termine Un numero sempre maggiore di aziende agricole decide di passare dalla produzione convenzionale a quella biologica. Quali cambiamenti subiscono le prestazioni dal profilo della resa e dell'ambiente? Ancora poco studiato, in particolare, è l'effetto della gestione biologica a lungo termine sulle rese, sulle popolazioni di malerbe, sulla biodiversità e sulla fertilità del suolo. Per approfondire questo aspetto sono state messe a confronto 34 particelle ripartite tra quattro gruppi di aziende (aziende convenzionali, aziende appena riconvertite e aziende biologiche «giovani» e «vecchie»). Lo studio mostra che le rese e la fertilità del suolo sono rimaste costanti con il protrarsi della gestione biologica. Nemmeno l'invasione di malerbe è aumentata. Tuttavia la situazione relativa alle malerbe variava sensibilmente da particella a particella e in alcune l'invasione raggiungeva livelli problematici. Dallo studio emerge che la durata della gestione biologica non incide negativamente sulle rese e sulla fertilità del suolo nelle aziende miste a condizioni svizzere.

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Summary

Riassunto

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

Effects of many years of organic agriculture More and more farmers consider to switch from conventional to organic production. What effect, then, does this have on yield and environmental performance? In particular, the question of how the duration of organic management affects plant yield, weed populations, biodiversity and soil fertility has rarely been investigated. To investigate this question, we compared 34 plots distributed over four farm categories – conventional, recently converted, and «new» and «old» organic farms. Our study shows that crop yield and soil fertility remain constant as length of time under organic management increases. Similarly, weed pressure has not increased along with duration of organic management. Weed abundance did, however, vary strongly among fields, with problematic weeds being highly abundant at specific field sites. This study demonstrates that duration of organic management does not have a negative impact on either plant yield or soil fertility on mixed-economy farms under Swiss conditions. Key words: Organic agriculture, time since conversion, yield, soil quality, weed cover.

senschaft und Praxis. Beiträge zur 11. Wissenschaftstagung Ökologischer Landbau, Giessen, 15.–18. März 2011, Band 1 (Hrsg. G. Leithold et al.). Verlag Dr. Köster, Berlin. 46–49. ▪▪ Oehl F., Jansa J., Ineichen K., Mäder P. & van der Heijden M.G.A., 2011. Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses. Recherche Agronomique Suisse 2, 304–311. ▪▪ Samu F. & Szinetar C., 2002. On the nature of agrobiont spiders. The Journal of Arachnology 30, 389–890. ▪▪ Seufert V., Ramankutty N. & Foley J.A., 2012. Comparing the yields of ­o rganic and conventional agriculture. Nature 485, 229–232. ▪▪ Verbruggen E., Röling W.F.M., Gamper H., Kowalchuk G.A., Verhoef H.A. & van der Heijden M.G.A., 2010. Positive effects of organic farming on belowground mutualists – large scale comparison of mycorrhizal communities in agricultural soils. New Phytologist 186, 968–979. ▪▪ Zihlmann U., Jossi W., Scherrer C., Krebs H., Oberholzer H., Albisser ­Vögeli G., Nemecek T., Richner W., Brack E., Gunst L., Hiltbrunner J., van der Heijden M., Weisskopf P., Dubois D., Oehl F., Tschachtli R., Nussbaumer A., 2010. Comparaison entre production intérgrée et production biologique – essai de Burgrain: Résultats de l’essai sur les systèmes de production à Burgrain de 1991 à 2008. Rapport ART 722, 1–16.

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

51


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Yves Arrigo, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: yves.arrigo@agroscope.admin.ch

Culture de protéagineux et céréales immatures au moment de la récolte. (Photo: Agroscope)

Introduction Utilisés il y a une cinquantaine d’années déjà, les mélanges protéagineux et céréales immatures (MPCI) ont été délaissés au fil du temps au profit de cultures plus énergétiques comme celle du maïs. Sous la dénomination de méteil, ces mélanges ont persisté en agriculture biologique, car ils nécessitent peu d’intrants, peu de fumure (30 à 70 unités d’azote) et pas de traitements phytosanitaires. Non seulement ils tirent profit de la fixation symbiotique de l’azote par les légumineuses, mais s’affranchissent en plus des sécheresses estivales, car ils sont semés en automne et récoltés sous forme d’ensilage au début de l’été. Cet atout engendre un regain d’intérêt pour les MPCI pour sécuriser le système fourrager en assurant un stock de fourrage en cas de pénurie. Les mélanges avec trois à quatre composants sont les plus recommandés en raison de leur simplicité de mise en œuvre et leur faible coût (Herman 2007). Le

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Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

triticale, avec son apport énergétique relativement bon, est la céréale incontournable comme plantetuteur pour les protéagineuses. L’avoine est citée pour son appétence et, comme protéagineux, le pois fourrager est censé combler l’apport en matière azotée. L’utilisation de la vesce est déconseillée, car elle hiverne mal dans nos contrées et sa semence est onéreuse. Que valent ces fourrages et comment en estimer la valeur nutritive à partir d’éléments simples et abordables? Pour y répondre, Agroscope Posieux a déterminé la digestibilité in vivo des nutriments et la dégradabilité in sacco de la matière azotée (deMA) pour en calculer la valeur nutritive. A partir de la composition botanique à la récolte et des teneurs en nutriments analysées dans les ensilages, différentes approches ont été abordées pour estimer la valeur nutritive. Ce travail compare les résultats estimés avec les valeurs déterminées par expérimentation animale.


Résumé

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

dMO digestibilité de la matière organique dCB digestibilité de la cellulose brute dADF digestibilité de la lignocellulose dNDF digestibilité des parois dEB digestibilité de l’énergie brute deMA dégradabilité de la matière azotée PAIE protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie ­disponible PAIN protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée NEL énergie nette pour la production ­laitière

Animaux, matériel et méthode Fin octobre 2011, trois mélanges (tabl. 1) composés de triticale, d’avoine et de pois ont été semés à Posieux (alt. 660 m). A fin mars, les cultures ont reçu 55 unités d’azote par hectare sous forme de nitrate d’ammoniac. Aucun autre apport ou traitement n’a eu lieu par la suite. Le fourrage a été ensilé le 28 juin 2012 dans des cuves de 700 litres fermées par un film plastique lesté de sable. Pour les essais d’alimentation, nous avons utilisé les trois mélanges ensilés avec un agent de conservation (Kofasil BALE à raison de 4,7 l/1000 kg matière fraîche) et le premier mélange A/90/40/30 sans agent d’ensilage. Les essais de dégradabilité ont été réalisés selon la méthode in sacco avec un taux de passage de 6 % (Dohme et al. 2007) avec trois vaches taries fistulées de la race Holstein (719 ± 60 kg) recevant une ration expérimentale composée de 35 % de foin, 35 % d’ensilage de maïs et 30 % de concentré. Les ensilages incubés dans la panse ont été prélevés par sondage à l’ouverture des cuves, puis ­lyophilisés et moulus à 3 mm. Les essais de digestibilité 

Trois mélanges protéagineux/céréales immatures composés de triticale (90 kg/ha), d’avoine (40, 30 et 20 kg/ha) et de pois fourragers (20, 30 40 kg/ha) ont été semés à Agroscope Posieux (FR) en octobre 2011 et ensilés fin juin 2012. La dégradabilité in sacco a été déterminée avec des vaches fistulées et la digestibilité in vivo des nutriments avec des béliers castrés. Les compositions botaniques à la récolte n’étaient pas celles souhaitées au semis, les parts escomptées en pois (20, 25 et 30 %) n’ont pas été atteintes (9,3, 9,5 et 14 %). La digestibilité de la matière organique (dMO) in vivo était faible (63,6 ± 1,8 %) et ne se distinguait pas entre les mélanges (p=0,5). L’estimation de la dMO par la méthode in vitro était très bonne pour deux ensilages (<1 point), mais a obtenu également le plus grand écart -4,8 points de l’essai. A l’aide de l’analyse botanique à la récolte, la pondération des dMO des composants des mélanges éditées dans la base suisse de données des aliments pour animaux a permis une bonne approche. La dégradabilité de la matière azotée moyenne était faible avec 61,2 ± 1,5 %. La valeur nutritive moyenne des ensilages se situe au niveau d’un ensilage d’herbe issue d’une prairie riche en graminées au stade tardif. Ce type de fourrage offre, en cas de pénurie, un apport aux animaux moins exigeants permettant de réserver les fourrages de haute valeur à ceux en production.

Tableau 1 | Composition des mélanges et quantités semées, en kg/ha Triticale Triamant

Avoine Wiland

Pois Arkta

Agent de conservation

A /90/40/30

90

40

30

avec

B /90/30/40

90

30

40

avec

C /90/20/50

90

20

50

avec

D /90/40/30

90

40

30

sans

Mélange

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Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

90 80 70

en % MF

60 50 40 30 20

Triticale

10

Avoine Pois

0 A/90/40/30 semé

récolté

B/90/30/40 semé

récolté

C/90/20/50 semé

récolté

Figure 1 | Composition botanique estimée au semis et à la récolte en % de matière fraîche (MF).

in vivo ont été conduits avec des béliers de la race Oxford (n: 4/traitement; 4,3 ± 0,8 ans; 83,4 ± 8,8 kg). Les animaux ont été rationnés selon l’usage, soit 0,380 MJ énergie métabolisable par kg métabolique, majoré de 10 %. Pour comparaison, la digestibilité de la matière organique des ensilages a fait l’objet d’une détermination in vitro (incubation avec jus de panse, Tilley et Terry 1963). La dMO a été estimée au travers de différentes démarches: détermination in vitro; pondération avec la composition botanique à la récolte des dMO disponibles dans la base suisse de données des aliments pour animaux pour les ensilages de triticale, d’avoine et des pois fourragers (Agroscope [a] 2013); prédiction avec les équations de la dMO basées sur la cellulose brute pour les ensilages d’herbe riche en graminées et pour mélanges indéterminés, éditées dans les apports et recommandations pour les ruminants (Agroscope [b] 2013, voir encadré).

Résultats et discussion Les mélanges ont atteint des rendements en matière sèche (MS) de 9000 kg MS/ha pour le mélange A/90/40/30, de 9905 kg pour le B/90/30/40 et de 8790 kg pour le C/90/20/50. Les proportions en protéagineux à la récolte

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Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

Equations de prédiction de la digestibilité de la matière organique (dMO) avec la cellulose brute ou avec la lignocellulose

Ensilage type G: prairies riches en graminées dMO = 26,3 + 0,1653 MAMO + 0,2041 CBMO – 0,000241 MA 2MO – 0,000419 CB2MO dMO = 10,8 + 0,1652 MAMO + 0,2793 ADFMO – 0,000240 MA 2MO – 0,000484 ADF2MO Ensilage type I: prairies dont la composition botanique est indéterminée dMO = 51,8 + 0,1275 MAMO + 0,1116 CBMO – 0,000219 MA 2MO – 0,000333 CB2MO dMO = 45,7 + 0,1145 MAMO + 0,1661 ADFMO – 0,000199 MA 2MO – 0,000390 ADF2MO MA matière azotée; CB cellulose brute; ADF lignocellulose. MAMO; CBMO; ADFMO nutriments exprimés dans la matière organique.


Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

Figure 2 | Analyse botanique d’un m2 avec une part de pois nettement inférieure à celle souhaitée. (Photo: Agroscope)

ne correspondaient pas aux attentes faites au semis (fig. 1), les parts croissantes en pois prévues dans les mélanges n’ayant pas été atteintes (9,3, 9,5 et 14 %). Selon Coutard (2010), «Avec les associations, on sait ce que l’on sème et on constate ce que l’on récolte». Toujours selon lui, pour réaliser une augmentation de la densité en protéagineux récoltés, il faudrait semer plus de 20 grains/m². Dans notre essai, même avec 45 grains/ m², la part en pois est restée modeste. A souligner l’absence d’autres plantes dans les cultures. La composition chimique des ensilages figure dans le tableau 2. De par leur similitude botanique, les valeurs varient peu entre les mélanges. Le faible taux en protéagineux des mélanges n’a pas influencé les teneurs en MA qui sont basses. Le mélange C, qui comprend le plus de pois, a des teneurs en constituants pariétaux légèrement inférieures aux autres. Les teneurs des ensilages issus du même mélange (90/40/30) conservé avec ou sans agent de conservation sont identiques - exception faite des sucres, l’ensilage traité avec l’agent de conservation ayant des teneurs légèrement supérieures à celui conservé sans agent.

Dégradabilité La dégradabilité de la matière azotée moyenne était de 61,2 ± 1,5 %, ce qui est assez faible et la situe au niveau d’un ensilage de ray-grass au stade tardif (tabl. 3). En pondérant les deMA données dans la base suisse de données des aliments pour animaux (Agroscope [a] 2013) des constituants du mélange, on obtient une valeur plus élevée de 13,5 points. Cette différence a pour conséquence une sous-évaluation des protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible (PAIE) de 11 % et des protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée (PAIN) de 4 %. Digestibilité Les digestibilités de la matière organique (dMO) obtenues sont faibles (tabl. 4) et correspondent à celles des ensilages d’herbe aux stades tardifs. Au vu des compositions chimiques proches, les digestibilités in vivo des nutriments ne se distinguent pas entre les mélanges (p = 0,5). Par ailleurs, l’ajout d’agent de conservation n’a eu  aucune influence sur la digestibilité (p = 0,9).

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

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Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

Tableau 2 | Composition chimique des ensilages Ensilages A/90/40/30

B/90/30/40

C/90/20/50

D/90/40/30

35,3

35,4

34,5

35,0

Matière azotée (MA)

87

92

83

87

Cellulose brute (CB)

293

296

276

290

Lignocellulose (ADF)

328

327

309

329

Parois (NDF)

518

517

486

520

Matière sèche (MS), % g/kg MS

Cendres (CE)

47

49

76

46

Sucres WSC (hydrosolubles)

111

110

103

96

Sucres ESC (solubles à l’éthanol)

92

83

73

76

Amidon

116

113

129

120

Graisse

16

15

15

18

Energie brute (EB)

18,2

18,2

17,6

18,4

Calcium (Ca)

3,5

3,4

3,3

3,4

Phosphore (P)

3,0

3,2

3,4

3,2

Magnésium (Mg)

1,4

1,4

1,5

1,4

Potassium (K)

8,1

8,6

8,7

8,5

Acides aminés totaux

68

67

66

69

Lysine

3,6

3,4

3,5

3,3

Méthionine

1,2

1,2

1,1

1,3

Mélanges semés/triticale/avoine/pois: A/90/40/30; B/90/30/40; C/90/20/50; D/90/40/30 sans agent de conservation.

Tableau 3 | Coefficients de dégradabilité (en %) A/90/40/30

B/90/30/40

C/90/20/50

D/90/40/30

p

SX

deMA in sacco

60,6b

62,9a

60,1b

< 0,01

0,4

deMA pondérée

74,8

74,6

74,7

Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. p = seuil de signification; SX = erreur standard de la moyenne. deMA = dégradabilité de la matière azotée; deMA pondérée obtenue par pondération des deMA éditées pour les ensilages de triticales, d’avoine ou de pois.

Tableau 4 | Coefficients de digestibilité déterminés in vivo et estimés (en %) A/90/40/30

B/90/30/40

C/90/20/50

D/90/40/30

p

SX

dMO in vivo

65,1 ± 1,3

61,7 ± 2,0

62,4 ± 2,7

65,1 ± 5,6

0,5

2,0

dMOin vitro

60,3

62,4

65,2

64,6

dMOpondérée

64,1

63,9

64,3

64,1

dMOens équ. G

62,6

63,0

62,8

62,7

dMOens équ. Ind.

64,5

64,6

65,2

64,7

dMA

49,6 ± 4,2

47,5 ± 5,5

47,9 ± 1,1

51,1 ± 3,0

0,6

2,1

dCB

60,3 ± 4,5

54,8 ± 3,2

51,0 ± 4,2

59,2 ± 8,2

0,2

3,2

dADF

53,4 ± 5,0

49,7 ± 1,9

51,2 ± 7,4

53,8 ± 8,9

0,8

3,7

dNDF

57,6 ± 5,4

50,6 ± 3,2

49,6 ± 4,3

54,9 ± 9,2

0,4

3,6

dEB

62,2 ± 1,2

59,5 ± 1,8

59,6 ± 2,1

62,4 ± 5,4

0,6

1,9

p = seuil de signification; SX =erreur standard de la moyenne. dMOin vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo; dMOin vitro selon Tilley et Terry; dMO pondérée: obtenue par pondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois; dMO ens. équ. G: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées; dMO ens équ. Ind.: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé. dMA: digestibilité de la matière azotée; dCB: digestibilité de la cellulose brute; dADF: digestibilité de la lignocellulose; dNDF: digestibilité des parois; dEB: digestibilité de l’énergie brute.

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66

90

65

80

64

70

63

60

62

50

61

40

60

30

59

20

58

10

57

0 A/90/40/30 ens. avec conservateur

B/90/30/40 ens. avec conservateur

C/90/20/50 ens. avec conservateur

comp. botanique, % dans la MF

dMO, %

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

dMO in vivo dMO in vitro dMO pondérée dMO ens. équ. G dMO ens. équ. Ind. Triticale Avoine Pois

D/90/40/30 ens. sans conservateur

dMO in vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo; dMO in vitro déterminée par la méthode Tilley et Terry; dMO pondérée obtenue par ­p ondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois; dMO ens. équ. G selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées; dMO ens équ. Ind. selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé.

Figure 3 | Digestibilité de la matière organique déterminée in vivo vs estimée par méthode in vitro, par pondération ou par équations de prédiction pour ensilage d’herbe.

Les estimations obtenues approchent les valeurs dMO in vivo entre 4,8 et −0,4 points. Les dMO des ensilages A/90/40/30 et D/90/40/30 ont été sous-estimées par les quatre méthodes alors que celles des traitements B/90/30/40 et C/90/20/50 ont été surestimées. Au vu des résultats, il est difficile de prétendre qu’une méthode est meilleure qu’une autre (fig. 2). En effet, si les valeurs obtenues avec la méthode microbiologique sont proches dans deux cas de la valeur in vivo, c’est aussi par celle-ci que l’on a obtenu la plus grande différence de l’essai. De même, si l’estimation avec l’équation pour l’ensilage d’herbe de mélanges indéterminés offre deux bonnes approches (A/90/40/30 et D/90/40/30), elle est moyenne pour les deux autres ensilages.

Valeurs nutritives Les valeurs nutritives des mélanges protéagineux/ céréales immatures étudiés offrent des valeurs énergétiques et azotées modestes, les situant au stade tardif des ensilages d’herbe issus de prairies riches en graminées. Dans le tableau 5, les valeurs énergétiques NEL et azotée PAIE et PAIN obtenues avec les digestibilités in vivo et les dégradabilités in sacco sont comparées à celles obtenues: ••avec la dMO in vitro et la deMA in sacco, ••par pondération des dMO et deMA des composants du mélange éditées dans la base suisse des aliments  pour animaux,

Tableau 5 | Valeurs nutritives déterminées vs estimées, dans la matière sèche A/90/40/30

B/90/30/40

C/90/20/50

D/90/40/30

calcul avec

NEL MJ

PAIE/PAIN g

NEL MJ

PAIE/PAIN g

NEL MJ

PAIE/PAIN g

NEL MJ

PAIE/PAIN g

dMOin vivo et deMA in sacco

5,3

77/57

5,0

74/60

4,9

70/54

5,3

75/56

dMOin vitro deMA in sacco

4,9

72/57

5,0

74/60

5,2

72/54

5,3

75/56

dMO édit. pondérées

5,2

67/54

5,2

68/58

5,1

63/52

5,2

66/54

Pondération des valeurs NEL, PAIE éditées

5,1

56/52

5,1

55/50

5,1

56/52

5,1

56/52

dMO et deMA équation ensilage herbe G

5,1

67/55

5,1

68/58

4,9

63/52

5,1

68/55

dMO et deMA équation ensilage herbe ind.

5,3

69/55

5,3

70/58

5,2

65/52

5,3

69/55

NEL = énergie nette lactation; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

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Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

••par pondération des valeurs NEL et PAIE, PAIN des trois composants des mélanges, valeurs issues de la base suisse (sans tenir compte des teneurs analysées), ••avec les valeurs analysées et les dMO et deMA prédites pour l’ensilage d’herbe de prairie type G et indéterminée. Les valeurs estimées avec la dMO in vitro obtiennent le plus grand écart (−8,7 %) pour les NEL au traitement A/90/40/30, alors qu’elles s’approchent des valeurs obtenues expérimentalement pour le même fourrage sans agent de conservation. Selon les ensilages, les autres prédictions s’écartent différemment pour l’énergie ou la valeur azotée. De manière globale, l’estimation de la dMO a engendré des variations de −0,04 à + 0,47 MJ NEL. Les ensilages obtiennent des rapports MA/NEL de 17 g/MJ, ce qui les situe en-dessous des recommandations pour vaches taries (18 g MA/NEL). Ces valeurs sont au niveau d’un ensilage de ray-grass au stade tardif.

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Conclusions ••La valeur nutritive obtenue uniquement par une analyse chimique n’en garantit pas la justesse: en effet, la digestibilité de la matière organique (dMO) prise en considération ne sera pas forcément ciblée au fourrage. ••A l’aide de la composition chimiques et de la composition botanique à la récolte, qui permet de pondérer les dMO publiées dans la bases suisse de données des aliments pour animaux, il est possible d’obtenir des valeurs nutritives proches des valeurs déterminées expérimentalement. ••Les écarts relevés, dont le plus grand est inférieur à 7 %, sont tolérables pour des fourrages dont la valeur nutritive est faible. Ces fourrages sont plutôt destinés aux animaux à l’entretien (vaches taries, génisses). n


Stima del valore nutritivo degli insilati di miscele di piante proteiche e cereali immaturi Presso Agroscope Posieux sono state seminate nell’ottobre 2011 e insilate a fine giugno 2012 tre miscele di piante proteiche e cereali immaturi composte da triticale (90 kg/ha), avena (40, 30 e 20 kg/ ha) e piselli da foraggio (20, 30 40 kg/ha). La loro digeribilità in vivo è stata determinata su montoni castrati, mentre la degradabilità in sacco su vacche fistulate. Le composizioni botaniche alla raccolta non hanno soddisfatto quanto previsto alla semina , in quanto le parti previste in pisello (20 %; 25 %; 30 %) non sono state raggiunte (9,3 %; 9,5 %; 14 %). La digeribilità della sostanza organica (DSO) in vivo è risultata mediamente debole ovvero 63,6 ± 1,8 % e non si distingueva tra le miscele (p=0,5). La stima della DSO con il metodo in vitro è risultata molto buona per i due insilati (<1 punto), ottenendo, però, lo scarto maggiore della prova (-4,8 punti). Con l'ausilio dell'analisi botanica al momento della raccolta, la ponderazione delle DSO delle componenti delle miscele pubblicate nella banca dati svizzera degli alimenti per animali ha permesso un buon approccio. La degradabilità media della sostanza azotata era debole, ovvero 61,2 ± 1,5%. Il valore nutritivo medio degli insilati si situa al livello di un insilato d'erba pro­veniente da un prato ricco in graminacee allo stadio tardivo. In caso di penuria, questo tipo di foraggio offre un apporto agli animali meno esigenti, consentendo di preservare i foraggi a elevato valore per quelli in produzione.

Bibliographie ▪▪ Agroscope (a), 2013. Base suisse de données des aliments pour animaux. Accès: www.feedbase.ch ▪▪ Agroscope (b), 2013. Daccord R., Chapitre 15: Formules et équations de prédiction. In: Apports alimentaires recommandés et tables de la v­ aleur nutritive pour les ruminants (Livre vert). Accès: http://www.agroscope. admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr ▪▪ Coutard J. P., 2010, Valeur nutritive des associations céréales – protéagineux cultivées en agriculture biologique et utilisées pour la complémentation des ruminants, 17e Renc. Rech. Ruminants, 285–288

Summary

Riassunto

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

Estimating the nutritional value of silages composed of protein plant and immature cereal mixtures Three immature whole plant pea-cereal mixtures composed of triticale (90 kg/ha), oats (40, 30 and 20 kg/ha) and field peas (20, 30 and 40 kg/ha) were sown at Agroscope Posieux in October 2011 and ensiled in late June 2012. In vivo digestibility was determined with wethers, and in sacco degradability with rumen fistulated cows. Botanical compositions at harvest were not as hoped for at the time of sowing: the shares of peas (9.3, 9.5, 14 %) fell short of the intended (20, 25, 30 %). At 61.2 ± 1.5 %, average degradability of crude protein was low. At 63.6 ±1.8 %, in vivo digestibility of organic matter (DOM) was low, and scarcely differed between the mixtures (p=0.5). Estimation of the DOM via the in vitro method was very good in two cases (<1 %point), but also produced the highest discrepancy of the test (4.8 % points). Using the botanical analysis at the time of the harvest, the weighting of the DOM of the components of the mixtures published in the Swiss animalfeed database allowed a good approach. The average nutritional value of the silages stands at the level of a grass silage from a meadow rich in later-stage grasses. In the case of shortages, this type of forage offers a contribution for the less-demanding animals, allowing the high-value forages to be reserved for those in production. Key words: digestibility, degrability, immature cereals, peas.

▪▪ Dohme F., Graf C. M., Arrigo Y., Wyss U. & Kreuzer M., 2007. Effect of ­b otanical characteristics, growth stage and method of conservation on factors related to the physical structure of forage – An attempt toward a better understanding of the effectiveness of fiber in ruminants, Feed ­S cience and Technology 138, 205–227. ▪▪ Herman A., 2007, Observatoire méteil Calvados et essai inter-culture. Accès:http://www.webagri14.com/iso_album/rapport_unip_2006.pdf, Chambre d’Agriculture, F14500 Vire, a.herman@calvados.chambagri.fr ▪▪ Tilley M. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of British Grassland Society 18, 104–111.

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Série ProfiCrops

Agriculture urbaine: le projet FUI Katja Heitkämper1, Anna Crole-Rees1, Therese Haller2, Michel Dumondel3 et Lukas Bertschinger1 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse 2 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse 3 Agri-food & Agri-environmental Economics Group AFEE, Institute for Environmental Decisions IED, ETHZ, 8092 Zurich, Suisse Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: anna.crole-rees@agroscope.admin.ch

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La «Food Urbanism Initiative» (FUI) se base sur l’idée d’une production de certaines denrées alimentaires en milieu urbain qui pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie en ville ainsi que le développement durable de celle-ci. Ainsi, le projet FUI se positionne dans la tendance au développement de l’agriculture urbaine que l’on peut observer dans différentes villes du monde et aussi en Suisse (fig. 1). Ce projet a duré trois ans et s’est terminé fin 2013. FUI (www.foodurbanism.org) est un projet interdisciplinaire dans lequel collaboraient des architectes, des urbanistes, des designers en informatique, des spécialistes en économie agraire ainsi que des agronomes. Le projet FUI était piloté par le bureau d’architectes privés Verzone Woods Architects (VWA) à Rougemont, avec la participation de l’équipe de recherche du programme ProfiCrops d’Agroscope (voir encadré), de l’Institut pour les décisions environnementales de l’EPF de Zurich, d’Agridea à Lausanne et du Laboratoire de Design et Media (LDM) de l’EPF de Lausanne.

Figure 1 | Agriculture urbaine: production de légumes livrés à ­ omicile à Lausanne. (Source: Therese Haller, HAFL) d

Au cours des dernières années, on constate un intérêt général grandissant pour l’agriculture urbaine. Le projet «Food Urbanism Initiative» (FUI) – un des éléments du Programme national de recherche «Nouvelle qualité urbaine» (PNR 65) – a étudié les possibilités et limites de la production urbaine de denrées alimentaires en prenant la ville de Lausanne comme exemple.

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Nouvelle qualité urbaine FUI est l’un des cinq projets du Programme national de recherche «Nouvelle qualité urbaine» (PNR 65). Le descriptif fourni par le Fonds national suisse précise le but du projet comme suit: «Etablir et développer des concepts et des stratégies pour une nouvelle qualité urbaine et en vérifier la faisabilité. Ils doivent tracer des pistes novatrices et réalisables à long terme pour le développement et la transformation des villes de Suisse. Le projet FUI examine le construit urbain suisse actuel et ses potentialités dans la perspective de l’intégration d’une production de denrées alimentaires. Il doit en résulter des concepts stratégiques à plusieurs niveaux (bâtiments, voisinage, ville) et des directives pour la planification urbaine dans la perspective d’une combinaison heureuse de la qualité de vie avec la production de denrées alimentaires par des solutions acceptables tant sur le plan économique que sur le plan écologique» (www.pnr65.ch).


Agriculture urbaine: le projet FUI | Eclairage

Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé, et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions-cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires, sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible en avril 2014. En considérant l'intérêt du public et le questionnement de ProfiCrops quant aux perspectives de la production végétale, en tenant compte des conditions-cadres actuelles, il était logique d'associer FUI à ProfiCrops. L'article «Agriculture urbaine: le projet FUI» donne un aperçu du projet dans lequel différents types d'agriculture urbaine ont été définis et les dispositions légales actuelles analysées.

Deux questions essentielles étaient à la base des objectifs du projet FUI: une agriculture urbaine peut-elle contribuer à la qualité de la vie en ville et si oui, de quelle manière? Comment peut-on planifier l’agriculture urbaine pour qu’elle contribue à une nouvelle qualité du construit urbain? Les réponses à ces questions ont été élaborées par différents groupes de travail. Les concepts et stratégies pour une nouvelle qualité urbaine doivent si possible être définis sur la base de structures urbaines existant en Suisse et dans le cadre d’études de cas exemplaires et vérifiables. Pour l’étude de cas dans le projet FUI, la ville de Lausanne a été choisie. Les récents développements urbains, particulièrement orientés sur les aspects de la qualité de vie, ainsi que, pour des raisons pratiques, les facilités d’accès et la langue, prédestinaient cette agglomération à une étude de cas. A Lausanne, il existe des projets de jardins urbains qui fournissent déjà une amorce à cette étude. Depuis 1996, la commune exploite des «jardins communaux», soit des surfaces situées à l’intérieur du périmètre de la ville sur lesquelles les voisins proches peuvent louer des lopins de 20 – 30 m2 pour y cultiver des légumes, des fruits et des herbes aromatiques. Les autorités municipales se sont montrées intéressées et disposées à coopérer en matière d’agriculture urbaine. Les méthodes et stratégies élaborées ont tout d’abord été appliquées sous forme de modèles, à différents petits sites à Lausanne, mais aussi à un site de plusieurs hectares. Typologies de culture: qui cultive quoi, où et comment? Une équipe de projet ProfiCrops s’est chargée de deux tâches dans le cadre du projet FUI. D’une part, elle a développé des «typologies FUI» en fonction de critères agronomiques (fig. 2), c’est-à-dire des types culturaux avec des critères définis et décrits, ainsi que des recommandations pour une mise en culture durable d’espèces maraîchères et fruitières adaptées. Dans le contexte FUI, les grandes cultures et le bétail n’ont pas été pris en considération; en effet, ces branches de production ne correspondent pas aux conditions-cadre d’une zone urbaine. Les typologies ont été caractérisées notamment d’après les cultivateurs potentiels (p. ex. jardiniers amateurs, collectifs de jardiniers, jardiniers professionnels, etc.), d’après les sites possibles (jardins en toiture, jachères industrielles, bordures végétalisées dans les rues, etc.) et d’après le modèle de gestion (privée, collective ou publique) (Crole-Rees et al. 2012). L’objet de la seconde tâche assumée par ProfiCrops concernait les bases légales régissant la production, la transformation et la commercialisation de denrées alimentaires en zones urbaines. En complément des aspects urbanistiques et

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Eclairage | Agriculture urbaine: le projet FUI

Voies ferrées

Voie publique Accès à la rue

Machine agricole

Couvert végétal intégral

Chemin de service périphérique

Semis de printemps

Parking aux étages ­i nférieurs

Figure 2 | La typologie FUI «ferme en toiture»: exemple d’une stratégie d’intervention en vue d’une nouvelle qualité urbaine dans un petit site de Lausanne. (Graphique: VWA)

géographiques, ces bases légales constituaient le fondement d’une simulation et d’une évaluation de scénarios et la mise en évidence de types de cultivateurs, de sites potentiels et d’unités de productions en vue d’initiatives de production alimentaire urbaine. L’analyse du potentiel urbain dans le cas de Lausanne a révélé de nombreux sites possibles en vue d’une production alimentaire. La plupart d’entre eux sont de petites surfaces appartenant à des privés. Dans les zones urbaines, l’installation d’une agriculture professionnelle traditionnelle rencontre de nombreuses restrictions, tant sur les aspects économiques que sur les techniques de production. Ces restrictions font que la production de denrées alimentaires en milieu urbain ne permet potentiellement qu’une production essentiellement à but non lucratif. L’application modélisée des typologies à de petites villes comme Lausanne ainsi que les expériences acquises dans d’autres projets d’agriculture

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urbaine montrent qu’il y a d’autres possibilités de concrétisation en matière d’agriculture urbaine, mais il faut encore les étudier de manière approfondie. Cadre légal Une recherche étendue a permis une analyse approfondie et documentée des bases légales régissant la production de produits alimentaires en ville. Si l’on fait exception des fermes en zone urbaine qui sont exploitées par des professionnels, ainsi que des unités de production intensive que sont les fermes verticales, les fermes d’aquaponie et d’hydroponie sous serre, les typologies FUI ne sont pas des unités de production qui tombent sous le sens de la loi sur l’agriculture. Hormis les lois et ordonnances régissant notamment l’aménagement du territoire et la protection de l’environnement, qui concernent tous les citoyens, toutes les administrations et toutes les entreprises, il n’existe aucune disposition


Agriculture urbaine: le projet FUI | Eclairage

légales précise qui concerne l’agriculture urbaine. Ce vide légal est partiellement compensé par la mise au point de chartes (p. ex. à Bâle et à Lausanne). Toutefois, la multiplication des projets de production alimentaire en zone urbaine poussera à l’élaboration de dispositions légales adéquates. Les dispositions actuelles reposent implicitement sur les bases de la production intégrée et celles de la production biologique.

Conclusions FUI a permis le développement de méthodes et d’instruments de travail systématiques, à même d’étayer les travaux de divers milieux intéressés aux possibilités de mise en œuvre et à la planification de l’agriculture urbaine, en vue d’améliorer la qualité de vie en ville. Cela peut concerner les milieux de la politique, de l’administration communale, de l’aménagement du territoire, ainsi que les professionnels de l’agriculture, qu’elle soit urbaine ou non. La modélisation des nombreuses typologies disponibles montre que la production urbaine de denrées alimentaires peut avoir un effet positif sur la qualité sociale et écologique d’une ville. Indépendamment de la production alimentaire, cette évaluation peut inclure des effets sur des aspects sociaux, par exemple des fonctions pédagogiques et intégratives. Des milieux de l’agriculture professionnelle se sont aussi montrés intéressés à certaines formes d’agriculture urbaine dans la mesure où il existe un marché potentiel.

Le projet a aussi montré que la collaboration de spécialistes venant de domaines de recherche très différents pose des exigences très élevées. Une démarche interdisciplinaire méthodique avec une mise en valeur systématique des résultats obtenus est une formule à recommander. Fin 2013, une équipe de l’Université de Lausanne a créé le réseau Swiss Urban Agriculture Network (SUAN) dont le but est de relier les activités de recherche des différents organismes actifs dans le domaine de l’agriculture urbaine en Suisse. Un résumé des résultats du Programme de recherche national «Nouvelle qualité urbaine» sera publié par le Fonds national suisse sur la page web www.pnr65.ch n

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope

Bibliographie ▪▪ Crole-Rees A., Heitkämper K., Bertschinger L., Dumondel M., Haller Th. & Verzone C., 2012. Urban agriculture: an opportunity for farmers? A Swiss case study. Paper presented at the SHE conference, Angers, July 2012.

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E c l a i r a g e

Série ProfiCrops

Win4 dans l'agriculture: améliorations ­écologiques, sociales et économiques Otto Daniel1, Anna Crole-Rees1, Lukas Bühler1, Flavia Geiger1, Hans-Ulrich Gujer2 et Lukas Bertschinger1 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8020 Wädenswil, Suisse 2 Office fédéral de l'environnement, Berne, Suisse Renseignements: Otto Daniel, e-mail: otto.daniel@agroscope.admin.ch

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Érosion, phosphore

Exploitation A

Exploitation B

Nitrate, produits phytosanitaires

Utilisation optimale du sol Biodiversité

Flux de substances

La réduction des flux de substances en provenance du système agro-écologique permet d'optimiser l'utilisation du sol agricole et d'augmenter la biodiversité.

Le concept Win4 est destiné à promouvoir des synergies par l’optimisation de toutes les dimensions de la durabilité: écologique (flux de substances et biodiversité), économique et sociale. Win4 part de l’hypothèse que l’agriculture suisse dispose d’un potentiel considérable d’optimisation dans l’utilisation des multiples synergies. Ces dernières permettent d’augmenter considérablement et à peu de frais l’efficience des ressources et la rentabilité de la production agricole. La réalisation de ce potentiel est indispensable

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Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

si l’on veut préserver la compétitivité de l’agriculture suisse dans un environnement international toujours plus sélectif. Un des facteurs prépondérants de cette évolution, dans un marché national caractérisé par un pouvoir d’achat élevé, sera le maintien et le renforcement de la confiance des consommateurs suisses dans la production locale. Win4 a pour but de développer une production agricole profitable et compatible avec les objectifs de la protection de l’environnement.


Win 4 dans l'agriculture: améliorations é ­ cologiques, sociales et économiques | Eclairage

Win4 en tant que projet de recherche Destiné à définir des objectifs réalisables par les exploitations agricoles, un projet de recherche a été lancé dans le cadre de ProfiCrops et financé par l’Office fédéral de l’environnement OFEV. Il s’est d’abord focalisé sur le rôle des «surfaces contributrices» dans le cadre de la diffusion des produits phytosanitaires (PPS) dans les eaux de surface, en raison de son importance relative parmi les objectifs du projet. Les questions suivantes ont été abordées: 1. La coopération entre entreprises agricoles peut-elle amener une meilleure exploitation des «surfaces contributrices»? Cette question a fait l’objet d’une analyse bibliographique et d’interviews. 2. Comment déterminer les «surfaces contributrices», et comment diminuer concrètement les flux de PPS? Il conviendra de développer des outils et des procédures à cet effet.

ProfiCrops Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé, et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions-cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires, sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et Agriculture urbaine FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible en avril 2014.

Situations win-win par la coopération interentreprise En agriculture, les formes d’organisation interentreprises peuvent catalyser des optimisations pluridimensionnelles (Geiger et al. 2011). Diverses formes de coopération interentreprises sont susceptibles de réduire les frais fixes et variables, et d’améliorer la productivité du travail: par exemple, les associations d’exploitations ou secteurs d’exploitation, ou l’utilisation partagée de machines (Mann et Muziol 2001). Une conséquence sociale importante peut être la diminution des risques et de la charge de travail. Une réduction du temps de travail entraîne une augmentation du temps libre et des L'article «Win4 en agriculture: améliorations moments disponibles pour la vie familiale (Pavillard 2005). Cependant, la coopération augmente la dépen- écologiques, sociales et économiques» présente le projet Win4 qui vise à optimiser ces dance réciproque des chefs d’exploitation, la nécessité dimensions de la durabilité. L'article fait le de négociations et le risque de conflits. point sur le manque actuel de connaissances Il existe peu d’études scientifiques approfondies portant sur l’effet de l’organisation interentreprises sur et d'outils, et décrit les premiers résultats du la durabilité écologique des exploitations. Dans le passé, projet concernant les flux de substances l’agrandissement des exploitations et surtout des par- contenues dans les produits phytosanitaires. celles a souvent entraîné une diminution de la biodiversité dans les exploitations agricoles (Belfrage et al. 2005). Cependant, il faut aussi considérer le facteur important des flux de substances en provenance des parcelles. Dans cette optique, on constate l’influence souvent importante des «surfaces contributrices», c’est-à-dire des surfaces contribuant de manière plus que proportionnelle aux pertes de substances d’une parcelle (Frey et al. 2011). En principe, l’utilisation du sol dans le cadre d’une association des terres permet d’utiliser de manière mieux adaptée les «surfaces contributrices», car l’on dispose alors d’une meilleure flexibilité dans le choix du mode d’utilisation que dans une exploitation  gérée isolément.

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Eclairage | Win 4 dans l'agriculture: améliorations é ­ cologiques, sociales et économiques

Lützelmurg

Légendes: Löhrenbach

Eaux Route avec évacuation des eaux

Dorfbach

Surface drainée Puits collecteur Ligne d'écoulement Prairie ou pâturage permanents Surface de compensation écologique

0

200

400 m

Figure 1 | Raccordements possibles des parcelles du domaine expérimental de Tänikon aux eaux de surface voisines. L'eau de pluie peut parvenir aux eaux de surfaces voisines par les drainages, ou en surface par les lignes d'écoulement, les puits et les rigoles d'évacuation d'eau des routes. (Carte © swisstopo)

Mis à part les engrais, les produits phytosanitaires (PPS) sont les facteurs de production les plus susceptibles de causer des dommages à la flore et à la faune aquatiques lorsqu’ils parviennent dans les eaux de surface, sous forme d’un flux de substances, en provenance d’une parcelle agricole (Schäfer et al. 2007). Les consommateurs sont très sensibles aux informations fréquemment diffusées concernant la présence de PPS dans les eaux souterraines et potables. Il pourrait en résulter une perte durable de confiance dans l’agriculture suisse. La réduction des apports de PPS dans les eaux de surface pourrait être une des principales exigences posées à l’agriculture suisse dans les prochaines années. Ce projet a pour objectif d’apporter une contribution pratique à la réduction de PPS dans les eaux de surface, en montrant comment les «surfaces contributrices» peuvent être détectées et en déterminant si ces apports peuvent être réduits de manière ciblée, par exemple par la délimitation de surfaces écologiques de compensation. Situations win-win par détection des «surfaces contributrices» Des essais de procédures de détection des «surfaces contributrices» permettant de réduire les apports de PPS dans les eaux de surface ont été conduits sur différentes

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Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

exploitations pilotes (Daniel et Bühler 2013). Il est apparu qu’une bonne appréciation des conditions locales et de la situation sur une exploitation dépendait de l’utilisation efficace des sources d’informations disponibles telles les cartes de risques d’érosion, les cartes pédologiques, les plans de drainage, etc. (fig. 1). On a constaté également l’importance d’un entretien avec le chef d’exploitation et de la visite des lieux (fig. 2). Ces démarches étaient indispensables à la prise en compte de l’utilisation des parcelles et à l’évaluation globale du potentiel d’apports de PPS dans les eaux de surface en provenance des différentes parcelles. Des mesures susceptibles de réduire les apports de PPS dans les eaux de surface ont été proposées pour les parcelles critiques. Parmi ces mesures, le choix d’une rotation appropriée, le placement adéquat de surfaces écologiques de compensation et de bandes tampons ainsi que le choix de méthodes idoines de travail du sol. Les études menées sur les exploitations pilotes ont montré que les outils et procédures développés dans le projet constituent une bonne base d’optimisation de la gestion des exploitations agricoles dans l’optique d’une réduction des apports de PPS dans les eaux de surface. Les chefs des exploitations pilotes avaient déjà pris d’eux-mêmes des mesures propres à minimiser les apports de PPS dans les eaux de surface. Les outils et


Win 4 dans l'agriculture: améliorations é ­ cologiques, sociales et économiques | Eclairage

Figure 2 | Visite de terrain visant à vérifier et à compléter les cartes de sol et de risques d’érosion, les plans de drainage, etc. (Photo © Lukas Bühler, Agroscope)

procédures fournis par le projet permettent d’évaluer d’autres exploitations et de proposer des mesures adaptées spécifiquement aux parcelles dont il s’agit de réduire les apports de PPS aux eaux de surface. Il est apparu qu’une grande partie des mesures possibles sont de la compétence décisionnelle d’un exploitant agricole, à l’échelle de son exploitation. Cependant, les outils proposés s’appliquent au niveau de la parcelle. Si l’on veut améliorer la qualité des eaux de surface, il sera nécessaire de vérifier l’adéquation des mesures sous leurs aspects sociaux et économiques afin de les intégrer dans la stratégie d’une exploitation ou d’une organisation interentreprises, et de les coordonner dans le cadre de projets régionaux de mise en réseaux. Win4 dans le contexte global de l’exploitation Win4 se propose de soutenir la viabilité à long terme de l’agriculture suisse par des projets interdisciplinaires «onfarm». Les connaissances actuelles dans les différentes

Bibliographie ▪▪ Anonyme, 2005. Millenium Ecosystem Assessment. Accès: http://www.maweb.org/en/index.aspx. [Novembre, 2011]. ▪▪ Belfrage K., Björklund J. & Salomonsson L., 2005: The effects of farm size and organic farming on di-versity of birds, pollinators, and plants in a Swedish landscape. Ambio 34, 582–588. ▪▪ BLW, 2011. Klimastrategie Landwirtschaft. Klimaschutz und Anpassung an den Klimawandel für eine nachhaltige Schweizer Land- und Ernährungswirtschaft. 46 p. ▪▪ Daniel O. & Bühler L., 2013. Pflanzenschutzmitteleintrag aus ackerbaulich genutzten Parzellen in Oberflächengewässer: Analyse und Reduktionsmassnahmen auf Ebene Betrieb. Studie im Auftrag des BAFU. 51 p. ▪▪ Frey M., Konz N., Stamm C. & Prasuhn V., 2011. Machbarkeitsstudie. ­K artierung beitragender Flächen. Studie im Auftrag des BAFU. 91 p.

dimensions de ce projet doivent être capitalisées en concepts applicables, qui puissent être développés en projets «on-farm» sous forme d’atelier permanent. Actuellement, les connaissances et méthodes acquises sont mises à profit et développées dans deux projets consécutifs. Le projet «Win4: mise en œuvre dans des exploitations pilotes», conduit par Agrofutura et Agridea, vise à éliminer les points faibles des mesures actuelles d’écologisation prescrites par la politique agricole. En effet, celles-ci sont basées sur des mesures prises isolément et il s’agit de prendre en compte l’ensemble de l’exploitation. La démarche est centrée sur un processus de consultation au cours duquel est analysé le potentiel concret d’optimisation des prestations de l’exploitation en faveur de l’environnement. Des mesures appropriées à la réalisation du potentiel sont alors validées. Le deuxième projet pilote, qui concerne des surfaces étendues, est implanté à Alberswil-Mauensee aux confins de la plaine de Wauwil (LU). Conduit par l’entreprise Ö+L GmbH, il est accompagné par la fondation Agrovision et le canton de Lucerne. Son objectif est d’appliquer à des exploitations individuelles les méthodes développées pour la détection et la gestion de surfaces contributrices, ainsi que de développer les bases d’une mise en œuvre à l’échelle régionale. Le projet Win4 a permis de mettre à disposition les premières bases d’application pratique dans le cadre de ProfiCrops, et de donner une impulsion forte à la mise en place de projets tels la recherche on-farm et la mise en œuvre dans la pratique. n

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope

▪▪ Geiger F., Crole-Rees A. & Daniel O., 2011. Zwischenbericht Vorprojekt Win 4 . Studie im Auftrag des BAFU. Wädenswil. 27 p. ▪▪ Mann K. H. & Muziol O., 2001. Darstellung erfolgreicher Kooperationen und Analyse der Erfolgsfaktoren. Betriebsgesellschaften in der Landwirtschaft – Chancen und Grenzen im Strukturwandel. Frankfurt/M., Rentenbank. ▪▪ Pavillard N., 2005. Innovative Bewirtschaftungsformen und Strukturanpassungen in der Schweizer Landwirtschaft. Institut für Agrarwirtschaft. Zürich, Eidgenössische Technische Hochschule Zürich. ▪▪ Schäfer R. B., Caquet T., Siimes K., Mueller R., Lagadic L. & Liess M., 2007. Effects of pesticides on community structure and ecosystem functions in agricultural streams of three biogeographical regions in Europe. Science of The Total Environment 382, 272–285.

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Femmes et hommes dans l’agriculture Hermine Hascher et Esther Thalmann AGRIDEA, 8315 Lindau, Suisse Renseignements: Hermine Hascher, e-mail: hermine.hascher@agridea.ch Esther Thalmann, e-mail: esther.thalmann@agridea.ch

La campagne s’adresse aux femmes et aux hommes, dans les champs d'action «qualité de vie et vivre ensemble», «droit et couverture s­ ociale», ­a insi que «défense professionnelle».

Des organisations agricoles se sont associées pour réaliser la campagne «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véritable partenariat» et par là donner plus de visibilité à ce sujet. Il faut en effet mettre en pratique les connaissances concernant les femmes dans l’agriculture, citées dans le rapport agricole 2012 de l’Office fédéral de l’agriculture et les besoins des membres des organisations agri-

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coles. Les organisations impliquées ouvrent de nouvelles pistes en coordonnant et en regroupant leurs activités; elles visent aussi bien les femmes que les hommes. La cohabitation sur l’exploitation, en particulier le rôle et la position de la femme, sont depuis longtemps un thème très débattu au sein des organisations profession-


Femmes et hommes dans l’agriculture | Eclairage

nelles, de la formation et de la vulgarisation, ainsi qu’en politique. Depuis le postulat de Maya Graf du 15 juin 2011, ce sujet a également gagné la scène publique. L’Office fédéral de l’agriculture OFAG a publié dans le rapport agricole 2012 d’intéressants résultats d’une étude de Ruth Rossier (Agroscope): Toujours plus nombreuses à exercer une activité lucrative Depuis dix ans, les activités rétribuées des femmes dans l’exploitation augmentent. Lorsqu’elles exercent une activité indépendante, elles sont par exemple responsables d’une branche d’exploitation, telle la vente directe ou l’agritourisme, et contribuent pour une part notable au revenu total de l’exploitation. Près de la moitié des femmes ont une activité lucrative en dehors de l’exploitation et 28 % des femmes interrogées contribuent pour plus d’un quart au revenu total grâce à leur activité extra-agricole. Peu conscientes de leur statut juridique Peu de femmes gèrent une exploitation agricole à titre indépendant. La plupart d’entre elles ont épousé un exploitant. En règle générale, il n’y a aucune inscription au registre foncier faisant état d’une copropriété avec l’épouse. Pourtant, la plupart des femmes se disent copropriétaires ou co-exploitantes. Peu préoccupées par leur faible couverture sociale Près de 80 % des femmes constituent leur couverture sociale. Comme elles ont généralement une activité lucrative à temps partiel, leur couverture est souvent modeste. Pourtant, la plupart de ces femmes, généralement mariées, se préoccupent peu de leur couverture sociale. Une initiative commune «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véritable partenariat» est une campagne commune de l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales USPF, de l’Union suisse des paysans USP, du Forum la Vulg Suisse FVS et d’AGRIDEA. La campagne, lancée le 15 mai 2013, se base sur les questions et les attentes de ses membres tout en se référant au chapitre «Les femmes dans l’agriculture» du rapport agricole 2012. Ces quatre organisations travaillent depuis longtemps sur le sujet. Depuis mai 2013, elles ont uni leurs forces et bénéficient d’un soutien financier et des conseils de l’OFAG. Elles ont pour objectif de mettre en évidence les acquis et de combler les lacunes constatées. Elles ont pour priorité de coordonner leurs activités, d’exploiter les synergies et d’organiser des activités communes.

Gestion de l’exploitation en partenariat «Ensemble»: c’est le mot d’ordre que s’est donné la campagne «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véritable partenariat». Gérer l’exploitation et vivre ensemble: aménager ensemble l’entreprise «ferme et vie commune» – travailler ensemble, vivre ensemble, cohabiter, c’est ce que veut favoriser la campagne. Il s’agit donc de concilier les intérêts et les défis de l’entreprise, ainsi que les besoins, les souhaits et les talents des personnes qui la composent. Cela n’est pas toujours évident. Cet équilibre est toutefois essentiel pour la satisfaction à long terme des protagonistes, pour leur qualité de vie et pour un développement durable de l’entreprise agricole, et prend toute son importance lorsque les temps sont durs. Les organisations qui ont lancé la campagne estiment que focaliser leur action sur les femmes ne peut engendrer que des changements modestes. Vivre et travailler ensemble implique que toutes les personnes concernées connaissent leur rôle respectif et leur statut, sont informées de leurs droits et de leurs devoirs. Au plan juridique, les possibilités ne sont pas toujours exploitées au mieux, ce sont souvent les normes sociales et la tradition qui l’emportent. Ainsi, un nombre bien plus élevé d’exploitations sont remises aux fils plutôt qu’aux filles, alors que les hommes et les femmes disposent des mêmes possibilités au niveau de la formation et du droit. Le sujet intéresse aussi les pays voisins. Le colloque «Frauen am Land – Potenziale und Perspektiven», qui s’est tenu du 7 au 9 février 2013 à Vienne (Autriche), a réuni des représentantes venues d’Allemagne, d’Autriche, de Haut-Adige et de Suisse. Lors du débat final, le vœu a été exprimé d’intégrer davantage les hommes lors d’une éventuelle prochaine réunion. Dans l’Arc jurassien, les participantes du projet FARAH (Femmes en Agriculture: Responsables et Autonomes en complémentarité avec les Hommes) sont parvenues aux mêmes conclusions. La «gestion en partenariat» est de plus en plus d’actualité. Agir ensemble Les organisations qui ont lancé la campagne veulent à l’avenir encore mieux coordonner leurs efforts et donner plus d’importance aux questions concernant les femmes et les hommes dans l’agriculture. Leur but: entrer dans chaque domaine agricole, sensibiliser la vulgarisation et la formation, les prestataires de services et les organisations à l’importance de cette question. La mise en réseau de l’ensemble des acteurs et le regroupement des ressources sont la force de cette campagne. Cette collaboration fruc tueuse a déjà permis de mener à bien divers projets:

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Eclairage | Femmes et hommes dans l’agriculture

••Atelier national «Femmes dans l’agriculture», décembre 2012: durant la période précédant le lancement de la campagne, on y a jeté les bases d’un consensus sur les besoins et les questions à résoudre; plus de 50 personnes représentant diverses organisations et le monde politique ont participé à cet atelier. ••Publication du flyer «Femmes et hommes de la campagne – des clés pour vivre en harmonie», avril 2013: ce document renvoie au site Internet de l’USFP, où l’on peut trouver une liste de documents et de liens intéressants. ••Publication en collaboration avec la revue UFA d’un numéro spécial «Les paysannes ont des droits», septembre 2013 (tirage: 74 600 exemplaires, 12 950 en français et 61 650 en allemand). Des webinares avec des personnes expertes ont été proposés pour approfondir des sujets tels que le droit matrimonial, le droit successoral et le droit foncier rural, ainsi que la couverture sociale des paysannes. Trois champs d’action prioritaires La campagne veut poser des jalons pour l’avenir et poursuivre ses travaux dans trois domaines. Champs d'action l – Qualité de vie et vivre ensemble La campagne s’adresse aux exploitantes et exploitants ainsi qu’aux responsables de la formation et de la vulgarisation. Les offres de formation/perfectionnement doivent accorder l’importance qui lui est due au thème femme et homme dans l’agriculture. Un des principaux objectifs est d’approfondir systématiquement certains sujets (comme celui des investissements) et d’analyser leur influence sur la qualité de vie de la famille. Ces questions ne concernent pas la production animale ou végétale, mais ont un impact considérable sur la marche de l’exploitation. La prise de conscience doit se faire à tous les niveaux, de la formation initiale au perfectionnement et à la vulgarisation. Champs d'action ll – Droit et couverture sociale Un inventaire des documents existants a été établi. Son analyse a mis en évidence des lacunes dans certains domaines:

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••Lors de la remise de l’exploitation, le régime matrimonial des parents doit être étudié. Il faut, par exemple, déterminer le capital investi dans l’exploitation par chacun des parents et définir les possibilités de compensation. ••Les décisions engageant l’exploitation doivent être prises en commun et, par exemple, l’état des fonds propres doit être transparent dans la comptabilité. ••Les femmes qui épousent un exploitant devraient disposer des informations indispensables les concernant. Par ailleurs, de nouveaux sujets à étudier ont été identifiés: ••Le revenu souvent insuffisant dans l’agriculture et ses conséquences. ••L’homme et la femme dans les rapports de coopération inter-exploitations. De nouvelles fiches techniques d’AGRIDEA et d’agriexpert sont prévues, ainsi que des articles dans la presse professionnelle. Un portail thématique sur Internet permettant d’accéder facilement au thème et aux informations correspondantes est souhaité. Champs d'action lll – Défense professionnelle La campagne n’oublie pas non plus de s’adresser aux associations et aux interprofessions. Comment inciter les femmes à s’engager dans ces structures? La sensibi­ lisation à ces questions doit être poursuivie, même si elles intéressent aujourd’hui plus qu’il y a quelques années. Un exemple réjouissant est l’élection de C ­ hristine Bühler, présidente de l’USPF, à la vice-présidence de l’USP. Elle est la première femme nommée à ce poste exigeant. Ancrer durablement les acquis dans les milieux concernés sera le défi futur. Il s’agira de continuer à développer et à promouvoir les activités en cours et déjà esquissées au-delà de la campagne, dont la fin est prévue en mai 2014. Les bases de la collaboration future étant posées, les organisations initiatrices continueront à s’impliquer ensemble pour les femmes et les hommes n dans l’agriculture.


P o r t r a i t

«Chez les abeilles, j’ai réussi à faire bouger les choses» Chercheur de profession et apiculteur par passion – la vie de Peter Gallmann suit depuis de nombreuses années le sillage des abeilles. Fin février 2014, celui qui dirige le Centre de recherche apicole d’Agroscope à Liebefeld BE depuis 2004 partira à la retraite. Mais avant, flashback! Né en 1952 et originaire de Sils GR, Peter Gallmann a «sévi» comme enseignant primaire à Safien avant de se lancer dans des études d’agronomie, puis de sciences alimentaires à l’ETH de Zurich. Sa thèse a porté sur les processus biochimiques dans la maturation du fromage. En 1987, il prend la direction de la section Produits laitiers à la station fédérale de recherches laitières FAM à Liebefeld, dont faisait partie la section de recherche apicole. La recherche apicole débute en Suisse au début du 20e siècle avec une épidémie de loque américaine, la découverte par des chercheurs du secteur agricole de la bactérie à l’origine de la maladie et la création en 1907 de la section apicole. La méthode d’estimation de la force des colonies de Liebefeld ou le diffuseur d’acide formique de la FAM sont deux inventions de la recherche apicole suisse. Bien que celle-ci ait toujours joui d'une excellente réputation à l'étranger et soit connue pour sa proximité avec la pratique, elle a été négligée sur le plan politique dans les années 1990. En 2004, c’est le tournant: la conseillère nationale grisonne Brigitta Gadient – que Peter Gallmann connaît depuis son enfance – dépose la motion «Promouvoir l’apiculture en Suisse», qui va ouvrir la voie à la revalorisation de l’abeille mellifère. Le règlement pour le contrôle du miel en 2005, le centenaire de la recherche apicole et l’ancrage de l’abeille dans la Loi sur l’agriculture en 2007, le lancement du projet de portée mondiale Coloss en 2008, la tomographie assistée par ordinateur de colonies entières ainsi que les programmes de recherche européens Beedoc et Step sur la mortalité des abeilles en 2009, la création d’une chaire de santé des abeilles en 2012, sans oublier la mise en place du service apicole sanitaire en 2013 font partie des moments forts de la carrière de Peter Gallmann. «Je suis heureux d’avoir atterri chez les abeilles. J’ai pu faire bouger les choses.» Et Peter Gallmann d’ajouter: «Ce que j’ai fait n’a été possible qu’avec la collaboration engagée des principales sociétés d’apiculture.» Peter Gallmann a déjà remis les rênes du Centre de recherche apicole à son successeur (Jean-Daniel Charrière) pour se consacrer à son dernier grand mandat:

Peter Gallmann. (Photo: Agroscope)

l’élaboration d’un catalogue de mesures par un groupe d’experts pour protéger la santé des abeilles. Il se réjouit de cette fin de carrière en beauté. «C’est une chance immense de pouvoir œuvrer en faveur des abeilles, de tous les insectes pollinisateurs et de l’agriculture.» Débordé de travail, Peter Gallmann aimerait parfois avoir davantage de temps pour lui, pour aller en montagne, pour ses 20 colonies et ses deux ruchers dont il s’occupe depuis 2004 par passion de l’apiculture, pour la formation continue et pour ses nombreuses visites de l’étranger. Sa retraite commence officiellement en mars 2014. Du repos? Sûrement pas! Il y a deux ans, ce père de deux garçons adultes a fondé en Ethiopie une société locale d’apiculture. Une miellerie pour 40 apiculteurs est déjà en construction. La fondation Learning for Life, dont il est membre du conseil de fondation, soutient le projet. Il est prévu d’y produire du miel pour l’exportation et des produits apicoles destinés à la médecine locale. Christine Caron-Wickli, Agroscope

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A c t u a l i t é s

Actualités

Cérémonie de clôture ProfiCrops le 9 avril 2014 Le programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope touche à sa fin. L’objectif de ce programme de recherche était l’élaboration, la mise en oeuvre, l’évaluation et le transfert des connaissances, afin d’assurer un avenir pour la production végétale en Suisse dans un marché largement libéralisé. Il s’agissait également de renforcer la confiance des consommatrices et des consommateurs envers les produits indigènes. Un comité de rédaction, composé des coordinateurs de ProfiCrops, a rédigé un rapport de synthèse, qui met en évidence les expériences réalisées et les conclusions du programme. Ce rapport sera présenté et publié au cours de la cérémonie de clôture, qui se tiendra dans la région de Berne le 9 avril prochain. Des thèmes tels que l’efficience, l’innovation et la différenciation des produits y seront abordés, ainsi qu’une liste de solutions possibles pour renforcer la compétitivité. Des représentantes et représentants du secteur de la production végétale suisse, les membres du forum ProfiCrops, les coordinatrices et coordinateurs de ProfiCrops et les médias seront invités à participer à cette cérémonie de clôture.

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Le rapport de synthèse sera disponible après l’événement à l’adresse suivante: Agroscope, «ProfiCrops», Schloss 1, Postfach, 8820 Wädenswil ou www.agroscope.admin.ch. Voir aussi www.proficrops.ch

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope


A c t u a l i t é s

Nouvelles publications

ART-Schriftenreihe 19 | December 2013

Water Demand in Swiss Agriculture –

Sustainable Adaptive Options for Land and Water Management to Mitigate Impacts of Climate Change Authors: Jürg Fuhrer, Danielle Tendall, Tommy Klein, Niklaus Lehmann, and Annelie Holzkämper

Water demand in Swiss agriculture – ­sustainable adaptive options for land and ­water management to mitigate impacts of ­climate change

tion durable de l’eau» (PNR 61), était donc d’élaborer des recommandations en faveur d’une gestion optimale de l’eau qui préserve à la fois la rentabilité et l’environnement dans différents scénarios climatiques, financiers et politiques. Un deuxième objectif était l’identification de moyens pour réglementer la mise en oeuvre des mesures à prendre. Deux niveaux de décision ont été considérés: le niveau régional, qui nécessite des stratégies de planification de l’utilisation du sol et des eaux, et le niveau de l’exploitation, dont la gestion doit être adaptée. Les recherches ont été menées dans la vallée de la Broye et dans le bassin-versant du Greifensee, deux régions différentes au niveau du climat et de l’utilisation du sol. En conclusion, augmenter l’irrigation pour une production maximale alors que l’eau est de plus en plus limitée a des effets négatifs sur l’environnement dans certaines régions sensibles et met sous pression les réserves naturelles telles que les lacs et les rivières. Les résultats du projet AGWAM montrent des stratégies d’adaptation possibles, qui soient robustes et durables; ils présentent aussi des variantes purement techniques, comme la construction de réservoirs ou de grosses conduites permettant d’augmenter l’alimentation en eau sous l’effet du changement climatique. Cette publication est disponible en anglais uniquement. Jürg Fuhrer et al., Agroscope

Cahiers d’ART 19 L’augmentation des températures et la diminution des précipitations en été, telles que prévues par les modèles climatiques pour ces prochaines décennies, vont accroître le besoin en eau des cultures et réduire les réserves d’eau disponible. Il faudra donc davantage irriguer afin de garantir un rendement stable des cultures agricoles de grande valeur. Cependant, la disponibilité en eau sera plus fortement limitée là où les débits sont faibles; dans de telles situations, des stratégies sont nécessaires afin de réduire le besoin impératif d’eau supplémentaire pour la production agricole. L’objectif du projet AGWAM*, du Programme national de recherche «Ges*Water demand in Swiss agriculture – sustainable adaptive options for land and water management to mitigate impacts of climate change («Demande d’eau dans l’agriculture suisse et options adaptatives durables pour la gestion du territoire et de l’eau, dans le but d’atténuer les effets du changement climatique»)

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Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 27.01.2014 Conférence de presse Agroscope Le regroupement de tous les sites d'Agroscope sous une seule et même enseigne, depuis le début de 2014, renforcera la recherche agronomique et alimentaire. En novembre 2013, le Conseil fédéral a approuvé le mandat de prestations d‘Agroscope pour les années 2014 à 2017. Six pôles thématiques y sont définis, selon lesquels Agroscope organisera ses recherches de manière stratégique. Le but de cette nouvelle orientation est d'obtenir un profit maximum pour la Suisse. Le nouveau slogan «une bonne alimentation, un environnement sain» résume cet objectif en quelques mots.

07.01.2014 Réduire les besoins en eau, maintenir la ­productivité En raison du réchauffement climatique, nombre d’exploitations agricoles en Suisse seront contraintes d’irriguer davantage leurs cultures à l’avenir, alors même que de nombreuses rivières verront leur débit diminuer. La production agricole ne connaîtra toutefois pas de baisse sensible si l’augmentation des besoins en eau parvient à être contenue, comme le démontrent des modélisations effectuées dans le cadre du Programme national de recherche «Gestion durable de l’eau» (PNR 61).

06.01.2014 Agroscope surveille le ravageur Drosophila suzukii La drosophile du cerisier, ou drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii), a été signalée en Suisse pour la première fois en 2011. La dangerosité de ce ravageur est désormais avérée et menace aussi bien les jardiniers amateurs que les professionnels. Les petits fruits sont particulièrement touchés. Fonctionnel, le réseau national de surveillance par piégeage mis en place par Agroscope permet de suivre semaine par semaine l’évolution du ravageur et de réagir en conséquence. Les mesures préventives d’hygiène dans les cultures et le piégeage de masse permettent de réduire ou de retarder efficacement les attaques du ravageur.

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23.12.2013 Le nombre de chevaux continue de croître en Suisse Le nombre de chevaux, poneys et ânes continue d'augmenter en Suisse. Fin 2012, on y comptait un total de 103 010 équidés, dont 75 % détenus dans des exploitations agricoles. Les activités de l’ensemble de la filière équine regroupent près de 12 900 emplois et ont généré un chiffre d’affaire de 15 % supérieur à celui de 2010. Ces chiffres sont révélés aujourd’hui dans une étude publiée par le Haras national suisse d’Agroscope.

10.12.2013 Peu de soucis avec la tordeuse orientale du pêcher en 2013 Présente en Suisse depuis plusieurs décennies, la tordeuse orientale du pêcher a été à l’origine de dégâts importants dans les pêchers et poiriers de Romandie en 2012. Cette année par contre, la pression du ravageur a été plus faible, grâce notamment à la stratégie de lutte proposée par Agroscope. Il est cependant recommandé aux producteurs de rester vigilants et de privilégier les mesures de lutte durables, telles que la confusion sexuelle et les traitements biologiques à base de virus.


Actualités

Liens internet

Manifestations

Emprunter des livres numériques ­(e-books) par voie électronique est ­désormais possible! www.library.ethz.ch/de/Dienstleistungen/ Ressourcen-nutzen-bestellen/PilotversuchE-Lending-Wissenschaftliche-E-Bookselektronisch-ausleihen Dans le cas d’un essai pilote, il est pour la première possible d’emprunter par voie électronique une sélection de livres numériques scientifiques du fonds de la bibliothèque de l’ETH de Zurich. Elle est ainsi la première bibliothèque scientifique de Suisse à offrir ce service. Les pages Internet de la bibliothèque de l’ETH sont en allemand et en anglais.

D oa rnssc h l ea up r o c h e i n n u m é r o V Mars 2014 / Numéro 3 Les méligèthes du colza peuvent occasionner de gros dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Agroscope a procédé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. (Photo: ­Gabriela Brändle, Agroscope)

••Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit naturel Surround, Werner Jossi et al., Agroscope et ETH Zurich ••Sensibilité au champ de la pomme de terre à la maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp., Brice Dupuis et al., Agroscope et Université de Haute Alsace

Février 2014 06.02.2014 1ère Journée Nationale Grandes cultures Agroscope, le Forum Ackerbau, swissgranum, Agridea et PAG-CH Inforama Rütti, 3052 Zollikofen Avril 2014 10.04.2014 Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse Haras national Avenches Mai 2014 06.05.2014 Brauchen Nutztiere Antibiotika? Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich et Bern, Agroscope ETH Zentrum, Zurich 06. – 07.05.2014 Landtechnik im Alpenraum Agroscope et BLT Wieselburg Feldkirch, Österreich 21.05.2014 AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der ­Berglandwirtschaft AgriMontana / Agroscope Landquart Juillet 2014 06. – 10.07.2014 AgEng 2014 Zurich International Conference of Agricultural Engineering Agroscope, ETH Zürich Zurich

••Quel est l’effet des nouvelles contributions d‘alpage? Gabriele Mack et Christian Flury, Agroscope ••Série Proficrops: Caractérisation des innovations en production végétale: l’exemple du colza HOLL, Camille Aouinaït et al., Agroscope et HES-SO Sierre ••Série Proficrops: Le point sur l’efficience, l’efficacité et la valeur-ajoutée, Anna Crole-Rees et Lukas Bertschinger, Agroscope ••Comme le millet réagit-il à l’azote? Samuel Knapp et al., Agroscope

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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Donnerstag bis Sonntag, 20. – 23. Februar 2014

Energiesparen in der Landwirtschaft Tier&Technik, St. Gallen

Am Stand des Schweizerischen Verbands für Landtechnik (SVLT) informieren Sie Fachleute von Agroscope und SVLT über • Methoden zur Erzeugung und zur Einsparung von Energie auf Landwirtschaftsbetrieben • Methoden zur Wärmerückgewinnung • Energieeffiziente Heutrocknung • Energieeffiziente Traktoren

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Ort:

Besuchen Sie uns am Stand des SVLT in der Halle 1.1, Standnummer 1.1.11 www.agroscope.ch

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société

Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch


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