Recherche Agronomique Suisse, numéro 1, janvier 2015

Page 1

RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 5

|

N u m é r o

1

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL

J a n v i e r

Production végétale En quête de variétés tolérantes – ­pour une ­gestion durable du feu bactérien Page 4 Production végétale Enjeux de la production de pommes sans résidus Page 12 Environnement

Recul des prairies à fromental ­Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité Page 20


Sommaire Janvier 2015 | Numéro 1 Le feu bactérien est un sérieux problème pour la culture de fruits à pépins en Suisse. Pour éviter de recourir aux antibiotiques, les chercheurs et chercheuses d’Agroscope explorent intensivement des approches alternatives. De nouveaux ­principes actifs, stratégies de protection phytosanitaire et mesures sont testés afin d’assainir les arbres atteints et ­d’obtenir des variétés de pommes et de poires robustes pour la culture de fruits à cidre. (Photo: Gabriela Brändle, Aroscope) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch b Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org Rédaction Direction et rédaction germanophone Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00 Rédaction francophone Sibylle Willi Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57 Suppléance Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

3 Editorial 4

Production végétale En quête de variétés tolérantes – ­pour

une g ­ estion durable du feu bactérien Anita Schöneberg, Sarah Perren et Andreas Naef Production végétale Enjeux de la production de pommes sans 12

résidus Michael Gölles, Esther Bravin, Stefan Kuske et Andreas Naef Environnement Recul des prairies à fromental 20

­ rrhenatheretum et conséquences A sur la biodiversité Andreas Bosshard Production animale Croisements entre races laitières et à 28

viande pour optimiser la performance bouchère Arlène Müller, Alexander Burren et Hannes Jörg Eclairage Plantes cultivées en Suisse – 36

cinq monographies Peer Schilperoord 39 Actualités 40 Interview 43 Manifestations


Editorial

AGROSCOPE – un regroupement pour davantage d’efficacité Chère lectrice, cher lecteur,

Michael Gysi, chef Agroscope

Agroscope a gagné en visibilité et en efficacité depuis sa réorganisation début 2014. C’est ce que montrent de nombreuses réactions issues de l’agriculture et du secteur agroalimentaire ainsi que de la politique et de l’administration. Fin 2012, le Conseil fédéral a décidé de réunir les trois stations de recherche en une seule, Agroscope. Au travers de cette réorganisation, le Conseil fédéral poursuivait différents objectifs: uniformiser et améliorer la structure de direction et la gestion administrative d’Agroscope de manière à séparer la conduite opérationnelle et la conduite stratégique; n’utiliser plus qu’une seule marque en Suisse; mettre en place une culture d’entreprise commune. Il importait en outre de positionner Agroscope de manière optimale pour l’avenir et de renforcer ainsi son efficience. La conduite d’Agroscope, basée sur six pôles stratégiques, a engendré un rapprochement des différents sites. Je constate qu’après une année déjà, la collaboration au sein d’Agroscope s’est renforcée et améliorée. Pour la conduite et en particulier pour les comités d’institut, l’indépendance par rapport aux sites représente certes un grand défi, mais elle est mise en œuvre avec succès et beaucoup d’engagement par les personnes concernées. Vivre au sein de cette nouvelle structure a permis aux collaborateurs-trices de percevoir leur entreprise sous un autre angle: il s’agit de la première étape vers une culture d’entreprise commune. L’actuel mandat de prestations d’Agroscope de 2014 à 2017 se base déjà sur la nouvelle structure organisationnelle. Lors de la consultation des milieux politiques, il a été reconnu qu’Agroscope a rempli sa mission de réorganisation interne et est désormais parée pour affronter l’avenir. Du point de vue stratégique, Agroscope est dirigée par le Conseil Agroscope, présidé par Bernard Lehmann. L’an dernier, le Conseil Agroscope et le comité de direction d’Agroscope ont élaboré les nouveaux outils suivants pour la conduite stratégique d’Agroscope: ••Les séances du Conseil Agroscope, qui ont lieu six fois par an, dont une sous forme de séance spéciale sur deux jours; ••Les dialogues d’institut, qui ont un caractère informatif, offrent la possibilité aux instituts d’Agroscope de présenter les défis actuels; ••Le «processus du portefeuille» et le dialogue thématique, qui ont lieu chaque année, permettent au Conseil Agroscope d’examiner l’orientation de la recherche et de mettre en œuvre sa fonction de pilotage. ••L’association des quatre groupes consultatifs externes (parties prenantes, système de connaissances agronomiques, autres offices fédéraux, Conseil de la recherche agronomique). Bien qu’après une année nous soyons visiblement sur la bonne voie quant à la mise en application de la gouvernance d’Agroscope, je pars du principe que les outils précités peuvent encore être optimisés. Je suis convaincu qu’avec cette nouvelle gouvernance, Agroscope utilise ses ressources restreintes de manière optimale et oriente ses travaux de recherche sur les domaines où l’agriculture et le secteur agroalimentaire ont le plus besoin de solutions. Agroscope est ainsi mieux armée que jamais pour relever les défis qui l’attendent.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 3, 2015

3


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

En quête de variétés tolérantes – ­pour une ­gestion durable du feu bactérien Anita Schöneberg, Sarah Perren et Andreas Naef Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Anita Schöneberg, e-mail: anita.schoeneberg@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Parcelle d’essai pour les tests de sensibilité au feu bactérien après inoculation des fleurs de variétés de fruits à pépins. (Photo: Agroscope)

Introduction Le feu bactérien est apparu pour la première fois en Suisse à la fin des années 80. Depuis, il a régulièrement fait des ravages, récemment en 2007 et 2012. L’année dernière également, la maladie causée par la bactérie Erwinia amylovora a fait des apparitions isolées. Depuis 2008, l’application strictement réglementée de l’antibiotique streptomycine est autorisée dans les vergers en Suisse afin de lutter contre E. amylovora. L‘utilisation est limitée à la situation locale et au maximum une application par année est autorisée. L’utilisation de la streptomycine n’étant pas une solution à long terme de gestion du feu bactérien, la station de recherche Agroscope à

4

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

Wädenswil s’emploie à trouver des alternatives. Le projet Herakles, financé par des fonds externes, teste de nouvelles substances actives et stratégies de protection phytosanitaire, ainsi que des variétés de pommes et de poires à cidre tolérantes au feu bactérien. Des mesures adaptées d’assainissement des arbres atteints sont également à l’essai. Le but du projet est de contribuer à une gestion efficace et durable du feu bactérien. Suite à des tests effectués par Agroscope sur plus de 800 variétés de pommes et de poires, quelques variétés tolérantes au feu bactérien ont pu être identifiées (Perren et al. 2012, Szalatnay et al. 2008). En cas de forte attaque de la maladie, les variétés tolérantes sont quand même atteintes. Mais puisque le développement des symptômes est plus


lent, l’assainissement est plus efficace que pour les variétés sensibles (Aldwinckle et Preczewski 1976). Des variétés de fruits à pépins aptes à la commercialisation et 100 % résistantes n’ont pas encore été trouvées. Deux méthodes sont utilisées afin de tester la sensibilité des variétés au feu bactérien; l’inoculation des pousses en serre de quarantaine, qui permet de tester la variété sur une durée relativement courte. Cependant, la porte d’entrée principale en plein champ pour l’agent pathogène du feu bactérien est la pleine fleur. La bactérie est transmise par des pollinisateurs tels que les abeilles, ou par la pluie (Thomson 2000). L’autre méthode, l’inoculation artificielle des fleurs en plein champ, est proche des conditions retrouvées dans la pratique, mais elle est aussi plus onéreuse et plus exigeante que l’inoculation des pousses. Les essais peuvent être menés depuis 2013 au domaine d’essai fruits à noyau du Breitenhof sur une parcelle test d’Agroscope unique en Suisse et entièrement recouverte de filets. Des premiers résultats ont déjà été obtenus. Une comparaison des deux méthodes expérimentales devrait permettre de conclure si les résultats de la sensibilité au feu bactérien sont fiables.

Matériel et méthodes Inoculation des pousses Lors de l’inoculation des pousses, les greffons des variétés à tester ont été greffés sur le porte-greffe M9 T337 et placés dans des pots rosier (hauteur 35,5 cm, diamètre 7 cm). Ils ont ensuite été cultivés quatre à cinq semaines sous serre en conditions optimales (17 – 25 °C, 70 % d’humidité relative). Lorsque les pousses atteignaient les 10 cm de longueur, seule la pousse la plus robuste était 

Résumé

En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien | Production végétale

Les variétés de pommes et poires tolérantes au feu bactérien sont un facteur important dans la gestion de cette maladie. Deux méthodes sont utilisées afin d’évaluer la sensibilité au feu bactérien d’une variété de fruits à pépins suite à l’inoculation artificielle: l’inoculation des pousses et l’inoculation des fleurs. Depuis 2013, Agroscope peut procéder à des inoculations artificielles de fleurs en plein champ sur une parcelle d’essai unique en Suisse. Une analyse de corrélation a permis de comparer les deux méthodes. Une faible corrélation positive a été constatée, qui n’était toutefois pas significative. Les variétés qui se montraient déjà peu sensibles lors de l’inoculation des pousses sous serre étaient plutôt tolérantes lors de l’inoculation des fleurs. Toutefois, comparée à l’inoculation des fleurs, la sensibilité de certaines variétés lors de l’inoculation des pousses était fortement sur- ou sous-estimée. Ainsi, afin d’assurer une meilleure reproductibilité des résultats dans la pratique, les variétés prometteuses lors de l’inoculation des pousses devraient encore être testées en plein champ par inoculation artificielle des fleurs. Les deux méthodes expérimentales, additionnées aux autres observations de la sensibilité des variétés tirées de la pratique, permettent de prodiguer des conseils fiables concernant la culture de variétés de fruits à pépins tolérantes au feu bactérien en Suisse.

Figure 2 | Inoculation de l’extrémité des pousses avec Erwinia amylovora . La solution bactérienne est injectée dans l’extrémité de la pousse à l’aide d’une seringue médicale. (Photo: Agroscope)

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

5


Production végétale | En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien

Figure 3 | Longueur de lésion visible trois semaines après l’inoculation artificielle avec Erwinia amylovora . Variété sensible de référence «Gala Galaxy» (à gauche) et variété tolérante de référence «Rewena» (à droite). (Photo: Agroscope)

conservée et placée sous serre de quarantaine en blocs aléatoires complets (10 plants par variété). La bactérie E. amylovora (souche FAW610Rif, concentration = 109 cfu/ml) a été directement injectée dans la pousse à l’aide d’une seringue (Rezzonico et Duffy 2007). L’injection a été faite 0,5 cm en dessous de la dernière feuille, de façon à ce qu’une goutte de la solution bactérienne adhère à la tige (fig. 2). Les plants ont encore été cultivés trois semaines dans les mêmes conditions climatiques que précédemment. Les bactéries se propagent et se multiplient dans la pousse à partir du point d’inoculation, provoquant des symptômes vert-gris à noirs. La longueur de la lésion visible (LL) depuis l’extrémité de la pousse a été mesurée chaque semaine pendant trois semaines. Les variétés «Gala Galaxy» (sensible) et «Rewena» (tolérante)

ont servi de référence (fig. 3). La sensibilité de la pousse a été déterminée en calculant le pourcentage de la LL par rapport à la longueur totale de la pousse trois semaines après l’inoculation artificielle (LL3) (selon Le Lezec et Paulin 1984). En rapprochant ce résultat avec celui obtenu pour la variété sensible de référence, il est possible de comparer les résultats de séries d’essai indépendantes et sur plusieurs années (tabl. 1). Inoculation des fleurs L’inoculation des fleurs a été réalisée au domaine d’essai fruits à noyau du Breitenhof à Wintersingen (canton de Bâle-Campagne) sur une parcelle d’essai d’Agroscope recouverte entièrement de filets. Le filet anti-insectes empêche le transit de vecteurs indésirables. Il n’est pos-

Tableau 1 | Evaluation de la sensibilité au feu bactérien des pousses de variétés de pommiers, trois semaines après l’infection artificielle de l’extrémité de la pousse (LL3). Evaluation de la sensibilité des pommiers au feu bactérien après inoculation des pousses

6

Très faible

Longueur de lésion (LL3) < 25 %

Faible

Longueur de lésion (LL3) 25–40 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»

Moyenne

Longueur de lésion (LL3) 40–60 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»

Elevée

Longueur de lésion (LL3) 60–100 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»

Très élevée

Longueur de lésion (LL3) > 100 % comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

comparée à la LL3 de «Gala Galaxy»


En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien | Production végétale

Figure 4 | Inoculation des bouquets floraux avec une solution d‘ Erwinia amylovora sur des arbres en pot de trois ans en plein champ. (Photo: Agroscope)

sible de pénétrer dans la parcelle que par un sas. Le matériel qui en ressort est décontaminé afin d’éviter la propagation du feu bactérien. Une fois l’essai terminé, une procédure de contrôle des plantes-hôtes du feu bactérien est effectuée annuellement sur un périmètre de 500 m.

Les variétés en essai ont été greffées sur le porte-greffe M9 T337 avec «Golden Delicious» comme greffe intermédiaire. Les scions de deux ans ont été mis en pot (volume de pot: 10 l), cultivés une année supplémentaire puis disposés sur la parcelle au printemps. Les arbres de la première série de tests de l’année commencent à 

Tableau 2 | Echelle d’évaluation de l’infection des fleurs après inoculation artificielle en plein champ. (Photos: Agroscope) Catégorie

Parties atteintes

Description

Photo

1

Pas de symptômes

• Aucun symptôme visible • Flétrissement des fleurs typique de la variété

2

Symptômes diffus

• Etamines et/ou carpelles brun-noir • Réceptacle, pédoncule et sépales verts • Ne pas forcément attribuer ces symptômes au feu bactérien

3

Infection des fleurs < 1/3

• Sépales et/ou réceptacle orange à noir • Tige sans nécrose ou < 1/3 de sa longueur

4

Infection des fleurs > 1/3

• Tige entièrement nécrosée ou > 1/3 de sa longueur • Pédoncule vert, nette séparation

5

Bouquet floral et pédoncule

• Coloration foncée du pédoncule, sépales sains

6

Bouquet floral, pédoncule et jeune pousse

• Jeunes pousses malades • Pas de jeunes pousses, tout le bouquet floral est malade (y.c. les sépales) •Pas de nécrose visible du bois

7

Nécrose du bois < 5 cm

• Nécrose du bois visible (< 5 cm)

8

Nécrose du bois > 5 cm

• Nécrose du bois visible (> 5 cm)

9

Nécrose du bois > 10 cm

• Nécrose du bois visible (> 10 cm)

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

7


Production végétale | En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien

Tableau 3 | Evaluation de la sensibilité au feu bactérien de variétés de pommiers après inoculation des fleurs, quatre semaines après l’inoculation artificielle Evaluation de la sensibilité des pommiers au feu bactérien après inoculation des fleurs Très faible

< 25 %

bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»

Faible

25–40 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»

Moyenne

40–60 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»

Elevée

60–100 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»

Très élevée

> 100 % bouquets floraux > catégorie 5 comparés à «Gala Galaxy»

débourrer. En revanche, la floraison de la deuxième série a été retardée: les arbres ont été entreposés en chambre froide puis sortis en temps voulu afin de permettre le débourrement en été. Par variété, douze plants de trois ans (trois répétitions de quatre plants) ont été placés sur la parcelle en blocs aléatoires complets. Les arbres étaient irrigués par un système d’irrigation goutte-àgoutte. En période de floraison, deux ruches ont permis la pollinisation des arbres de la parcelle entièrement recouverte de filets. Pour l’inoculation, dix ­bouquets floraux par arbre au stade pleine floraison (BBCH65) ont été marqués puis inoculés en vaporisant manuellement une solution d’E. amylovora (souche suisse, FAW610Rif, concentration = 3,5 × 108 cfu/ml) (fig. 4). Des sachets plastiques ont été placés autour des bouquets de l’année 2013 pendant six jours afin d’assurer une protection contre les intempéries et d’offrir des conditions d’infection favorables aux bactéries. En 2014, les sachets plastiques n’ont pas été utilisés puisqu’en 2013 les résultats liés aux dégâts ne présentaient aucune différence statistiquement significative entre les fleurs avec ou sans plastique (données non présentées ici). L’importance des symptômes sur les bouquets floraux a été évaluée 7, 14, 21 et 28 jours après l’inoculation. Les variétés «Gala Galaxy» (sensible) et «Enterprise» (tolérante) ont servi de référence. L’échelle d’évaluation des symptômes comprend neuf catégories, allant de l’absence de symptômes ou symptômes diffus jusqu’à des nécroses du bois d’intensité différente, en passant par des infections de fleurs isolées ou de bouquets floraux (tabl. 2). La sensibilité au feu bactérien après l’inoculation des fleurs est déterminée 28 jours après l’inoculation, en comparant le pourcentage des bouquets floraux > catégorie 5 à celui obtenu par «Gala Galaxy» (tabl. 3). Statistiques Pour effectuer l’analyse de corrélation, la moyenne de la LL3 de chaque variété a été comparée à «Gala Galaxy», et ceci pour toutes les inoculations de pousses de 2008 – 2014. Les résultats du précédent projet «Sélection

8

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

des variétés pour une stratégie intégrée contre le feu bactérien dans la culture suisse des pommes à cidre – SOFEM» et du projet «Description des ressources génétiques fruitières – BEVOG I et II» ont ainsi été intégrés à l’analyse. Toutes les variétés (à l’exception de «Grauer Hordapfel») ont été testées au moins deux fois dans des séries d’essai indépendantes. En revanche, pour l’inoculation des fleurs, seuls les résultats d‘une année par variété sont disponibles actuellement (exceptions: variétés de référence «Gala Galaxy» avec trois séries et «Enterprise» avec deux séries). Les données ne suivant pas une distribution normale, une corrélation de Spearman suivie d’un test t ont été appliqués à l’aide du programme XLSTAT 2011 sur Microsoft Excel 2010 afin de déterminer le seuil de signification (α = 0,05).

Résultats La sensibilité au feu bactérien de plus de 150 variétés de pommes et de poires a été testée de 2012 – 2014 dans le cadre du projet Herakles. Seuls les résultats des variétés ayant déjà généré des données sur la sensibilité des fleurs sont présentés ici. Inoculation des pousses et des fleurs Les variétés ayant déjà présenté une faible sensibilité lors de l’inoculation des pousses et / ou d’une grande importance en arboriculture ont été privilégiées pour l’inoculation des fleurs. Il n’est donc pas surprenant de constater qu’une grande partie des variétés testées n’était que très peu voire moyennement sensible au feu bactérien lors de l’inoculation des fleurs. Au cours de deux séries d’essais indépendants, aucun bouquet ­floral de la variété témoin «Enterprise» ne présentait de symptômes supérieurs à la catégorie 5. Les variétés «Rubinola» et «Rewena» ne montraient pas non plus de nécroses du bois (fig. 5). Les cultivars «Dalinette», «Empire» et «Grauer Hordapfel» ainsi qu’un peu plus loin «Santana» ont été classés «très peu sensibles». Quatre autres variétés ont été classifiées «peu sensibles»:


En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien | Production végétale

Inoculation des pousses

Inoculation des fleurs 100 20 91 34 50 50 98 52 38 71 62 38

0 0 7

57 7 96 3 55 0 68 100

80 60 40 20 % bouquets floraux > catégorie 5 vs «Gala Galaxy»

100

Gala Galaxy Reglindis Santana Natyra® Heimenhofer Golden Orange Rubin Sauergrauech Bohnapfel Opal® Bittenfelder Maunzenapfel Ariane Rubinola Ingol Rewena Grauer Hordapfel Relinda Empire Liberty Dalinette Boskoop S.H. Enterprise René

31

0

69 62 56 53 53 45 34 29 29 26 24 22 22 21 17 17 17 16 16 13 12 11 9 0

20 40 60 80 100 Longueur de lésion (en % de la longueur totale de pousse) vs «Gala Galaxy»

Figure 5 | Résultats de l’inoculation des fleurs (à gauche) en % de bouquets floraux > catégorie 5 comparés à la variété sensible de référence «Gala Galaxy», quatre semaines après l’inoculation. Résultats de l’inoculation des pousses (à droite), indiqués selon la longueur de lésion (en % de la longueur totale de pousse) comparés à «Gala Galaxy» trois semaines après l’inoculation.

«Reglindis», «Heimenhofer», «Bittenfelder» et «Ingol». Les cultivars «Rubin», «Golden Orange», «Opal», «Boskoop S.H.» («Boskoop rouge») et «Relinda» ont présenté une sensibilité moyenne. Seules huit des 24 variétés testées ont été considérées comme «très sensibles». Parmi celles-ci les variétés «Ariane», «René» et «Maunzen­ apfel» étaient nettement moins sensibles que «Natyra», «Liberty» et «Bohnapfel» qui présentaient une sensibilité équivalente à la variété témoin «Gala Galaxy». La variété «Sauergrauech» («pomme raisin») était légèrement plus sensible que «Gala Galaxy». Il s’agit toutefois de tenir compte que ces résultats de l’inoculation des fleurs ne proviennent que d’une seule série d’essais. Corrélation entre l'inoculation des pousses et des fleurs Le coefficient de corrélation de Spearman de 0,3 révèle une faible corrélation positive entre l’inoculation des pousses et des fleurs. Le résultat est non significatif (p = 0,231) et le coefficient de détermination est de 0,06. En représentant les données graphiquement, il est aisé de constater que le rapport entre les résultats des deux méthodes de test n’est pas un rapport linéaire standard mais plutôt une tendance avec quelques écarts. Quelques variétés - p. ex. «Liberty» et «René» - présentaient une forte sensibilité lors de l’inoculation des fleurs alors qu’elles s’étaient montrées peu sensibles lors de l’inocu-

lation des pousses. Cependant, la majorité des variétés moyennement sensibles lors de l’inoculation des pousses étaient aussi moyennement voire très sensibles lors de l’inoculation des fleurs. «Santana» et «Reglindis» faisaient toutefois exception en obtenant une sensibilité «très faible» et «faible» lors de l’inoculation des fleurs, alors qu’elles étaient «très sensibles» lors de l’inoculation des pousses.

Discussion La méthode de l’inoculation des pousses permet de tester en un temps limité la sensibilité au feu bactérien de plusieurs variétés. Au verger, la fleur est la voie d’infection principale (Thomson 2000). La méthode d’inoculation des fleurs correspond donc mieux aux conditions naturelles d’infection trouvées dans la pratique. La préparation des arbres requiert cependant trois années de culture et la réalisation des essais prend beaucoup de temps. En raison de la forte influence des conditions météorologiques sur les attaques du feu bactérien, la répétition des essais est indispensable. Le risque d’infection pour les variétés dont la floraison se situe en période de conditions optimales d’infection est plus grand que pour les variétés dont la floraison s’effectue en période  plus fraîche.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

9


Production végétale | En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien

Même en l’absence de répétitions pour une variété donnée lors du test de l’inoculation des fleurs, l’analyse de corrélation permet déjà de tirer quelques conclusions sur les différences entre les deux méthodes expérimentales. D’après l’analyse des deux méthodes, la sensibilité au feu bactérien d’une variété n’est que faiblement corrélée et non significative. D’un côté, cette faible corrélation positive indique que les variétés très sensibles lors de l’inoculation des pousses se montrent également très sensibles lors de l’inoculation des fleurs. D’un autre côté, nos essais ont aussi démontré que quelques variétés étaient clairement plus tolérantes lors de l’inoculation des pousses que lors de l’inoculation des fleurs. Lors d’essais similaires, Persen et al. (2011) et Horner et al. (2014) ont fait des observations identiques. Ainsi, en plein champ, la tolérance au feu bactérien d’une variété peut facilement être sur- ou sous-estimée, si seule la méthode d’inoculation des pousses est appliquée. Les résultats d’évaluation de la sensibilité au feu bactérien étant différents selon la méthode utilisée, Horner et al. (2014) proposent une explication: la base génétique (Quantitative Trait Loci, QTLs) des mécanismes de résistance est différente qu’il s’agisse de la sensibilité des pousses ou des fleurs.

10

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

Conclusions L’inoculation des pousses est une méthode facilement applicable et peu coûteuse pour la préselection du matériel variétal à disposition. Une variété évaluée «très sensible» lors de l’inoculation des pousses obtiendra rarement une meilleure évaluation lors de l’inoculation des fleurs. Toutefois, l’évaluation de la sensibilité au feu bactérien des variétés prometteuses devrait aussi passer par le test de l’inoculation des fleurs. L’évaluation de la sensibilité au feu bactérien d’une variété en verger est plus pertinente avec la méthode d’inoculation des fleurs. La combinaison des deux méthodes expérimentales et des observations tirées de la pratique, permet de formuler des recommandations fiables sur les variétés tolérantes au feu bactérien, au bénéfice de la culture des fruits à pépins en Suisse. n Remerciements

Les auteurs remercient la Coopérative CAVO, la Quality Juice Foundation et les cantons d’Argovie, Lucerne, Saint-Gall, Thurgovie et Zurich pour le financement du projet Herakles. Les équipes du domaine d’essai fruits à noyau du Breitenhof et de l’exploitation arboricole à Wädenswil pour le soutien technique et la réalisation des essais. Les collaborateurs du projet BEVOG I et II (Description des ressources génétiques fruitières) pour la transmission des données de l’inoculation des pousses.


La ricerca di varietà tolleranti per una gestione sostenibile del fuoco batterico Le varietà di mele et pere tolleranti sono uno strumento importante nella gestione del fuoco batterico. Per classificare la sensibilità al fuoco batterico di una varietà di frutta a granella vengono impiegati due metodi: l'inoculazione nei germogli e l'inoculazione nei fiori. Dal 2013, per la prima volta Agroscope è in grado di eseguire inoculazioni artificiali nei fiori in pieno campo, su un lotto sperimentale unico in tutta la Svizzera. La comparabilità dei due metodi è stata testata tramite un'analisi di correlazione. Si è potuta osservare una debole correlazione positiva, comunque non significativa. Le varietà che con l'inoculazione dei germogli in serra erano già poco suscettibili alla malattia, si sono spesso rivelate resistenti anche con l'inoculazione nei fiori. Nel caso di alcune varietà, la suscettibilità alla malattia con l'inoculazione nei germogli è stata tuttavia notevolmente sotto- o anche sopravvalutata rispetto all'inoculazione nei fiori. Per meglio trasferire i risultati nella pratica, le varietà candidate più promettenti sottoposte all'inoculazione nei germogli dovrebbero dunque essere anche testate in pieno campo per mezzo dell'inoculazione artificiale nei fiori. Combinando entrambi i metodi di test e anche osservando nella pratica la propensione alla malattia delle varietà, è possibile raccomandare in maniera attendibile le varietà più tolleranti al fuoco batterico da impiegare nella coltivazione della frutta a granella.

Bibliographie ▪▪ Aldwinckle H. S. & Preczewski J. L., 1976. Reaction of terminal shoots of apple cultivars to invasion by Erwinia amylovora. Phytopatholgy 66, 1439–1444. ▪▪ Horner M. B., Hough E. G., Hedderley D. I., How N. M. & Bus V. G. M., 2014. Comparison of fire blight resistance screening methodologies. New Zealand Plant Protection 67, 145–150. ▪▪ Le Lezec, M. & Paulin, J. P., 1984. Shoot susceptibility to fireblight of some apple cultivars. Acta Horticulturae 151, 277–281. ▪▪ Perren S., Egger S. & Kellerhals M., 2012. Mit robusten Sorten dem Feuerbrand trotzen. Landfreund 12, 32–35. ▪▪ Persen U., Gottsberger R. & Reisenzein H., 2011. Spread of Erwinia amylovora in apple and pear trees of different cultivars after artificial inoculation. Acta Horticulturae (ISHS) 896, 319–330.

Summary

Riassunto

En quête de variétés tolérantes – ­p our une ­g estion durable du feu bactérien | Production végétale

The search for robust varieties for ­sustainable fireblight management Robust apple and pear varieties are an important tool in sustainable fireblight management. Two artificial inoculation methods are used for assessing a pome-fruit cultivar’s susceptibility to fireblight: shoot inoculation and blossom inoculation. Since 2013, Agroscope has for the first time been in a position to conduct artificial blossom inoculation tests on an outdoor trial plot that is unique in Switzerland. A correlation analysis was used to test both methods as to their comparability. A weakly positive correlation was detected, which was nevertheless not significant. Cultivars with low susceptibility in the shoot inoculation in the greenhouse also often proved to be robust in the blossom inoculation. With some cultivars, however, susceptibility in the shoot inoculation was markedly under- or overestimated compared to susceptibility in the blossom inoculation. For better transferability of the results to practice, the most promising candidate cultivars from the shoot inoculation should therefore also be tested outdoors by means of artificial blossom inoculation. The combination of the two test methods and the additional observations on the susceptibility of the cultivars from practice will allow us to make reliable recommendations of fireblight-tolerant varieties for Swiss pome-fruit production.

Key words: Erwinia amylovora, fire blight susceptibility, robust varieties, shoot inoculation, blossom inoculation.

▪▪ Rezzonico F. & Duffy B., 2007. The role of luxS in the fire blight pathogen Erwinia amylovora is limited to metabolism and does not involve quorum sensing. Mol Plant-Microbe Interact 20, 1284–1297. ▪▪ Szalatnay D., Hunziker K., Kellerhals M. & Duffy B., 2008. Triebanfälligkeit alter Kernobstsorten gegenüber Feuerbrand. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 9, 8–10. ▪▪ Thomson S. V., 2000. Epidemiology of fire blight. In: Fire blight: The ­d isease and its causative agent, Erwinia amylovora. (Ed. J. L. Vanneste). CAVI Publishing, Wallingfort UK, 9–37.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 4–11, 2015

11


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Enjeux de la production de pommes sans résidus Michael Gölles, Esther Bravin, Stefan Kuske et Andreas Naef Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Andreas Naef, e-mail: andreas.naef@agroscope.admin.ch

La variété de pomme résistante à la tavelure Ariane.

Introduction Dans la pomiculture, la lutte contre les agents pathogènes d’origine fongique et animale joue un rôle central, car une infestation de faible ampleur suffit à causer des pertes économiques aux arboriculteurs. Dans la production intégrée de pommiers, jusqu’à vingt traitements environ sont pratiqués contre les agents pathogènes, suivant les conditions météorologiques. Les produits phytosanitaires les plus fréquemment utilisés sont les fongicides. La procédure d’autorisation des produits phytosanitaires fixe pour chaque principe actif des limites maximales de résidus et des délais d’attente entre la dernière application et la récolte, afin de garantir une consommation sans risque des produits. Jusqu’à présent, les autorités d’homologation ne publient aucune limite concernant le nombre de principes actifs identi-

12

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

fiables sur le produit. Différents grands distributeurs européens ont cependant mis en place des systèmes de management de la qualité pour réduire la quantité de résidus dans les denrées alimentaires, mais aussi le nombre de principes actifs utilisés pour la protection des plantes. En Suisse, un consensus a été trouvé au sein de SwissGAP entre production et commerce des denrées alimentaires: en plus des limites légales de résidus, le nombre toléré de principes actifs identifiables sur les produits de récolte a été fixé pour chaque espèce fruitière. Il est difficile aux arboriculteurs qui pratiquent la production intégrée de satisfaire ces exigences. Au cours de la saison, différents agents pathogènes d’origine animale et fongique sont combattus de manière ciblée à l’aide de produits phytosanitaires sélectifs. Par ailleurs, pour éviter l’apparition de résistances, différents principes actifs sont souvent utilisés contre le même agent


Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale

Résumé

pathogène. C’est pourquoi Agroscope a étudié quelles stratégies de protection des plantes permettaient de minimiser les résidus sur les pommes et si ces stratégies étaient économiquement rentables.

Méthode En 2008, un essai de plusieurs années a été mis en place dans une plantation fruitière existante à Wädenswil. Cette publication présente les résultats des années 2009 à 2012. Variétés L’essai a porté sur la variété Golden Delicious (0,3 ha) et les variétés résistantes à la tavelure Ariane, Otava et Topaz (0,75 ha). La taille des blocs d’essais a été conçue de manière à permettre de cultiver les variétés comme dans la pratique (tabl. 1). Stratégies phytosanitaires Trois stratégies phytosanitaires différentes ont été comparées: la production intégrée (PI), la production biologique (BIO) et la production Low Residue (LR) (fig. 1). La stratégie LR consistait en une combinaison de la stratégie PI et de la stratégie BIO. Durant la première moitié de la saison (du débourrement jusqu’à mi-juin environ), les cultures ont été traitées à l’aide de fongicides selon le standard PI, pour lutter au mieux contre la tavelure et l’oïdium. Puis, les cultures ont été traitées à l’aide de fongicides biologiques, Armicarb (principe actif: bicarbonate de potassium) et Myco-Sin (principes actifs: argile sulfurée et extrait de prêle), tous deux combinés avec du 

Dans la lutte contre les ravageurs, les maladies et les adventices, la production fruitière moderne mise avant tout sur des produits phytosanitaires sélectifs et respectueux des auxiliaires. Cela suppose l’emploi d’un grand nombre de principes actifs qui peuvent laisser des résidus dans les fruits. Différents grands distributeurs européens ont mis en place des systèmes de management de la qualité pour réduire la quantité totale de résidus, mais aussi pour réduire le nombre de produits phytosanitaires utilisés. Dans le cadre d’un essai de plusieurs années sur les pommes, Agroscope a étudié si la production sans résidu était faisable d’un point de vue agronomique et économique. Les résultats montrent qu’il est possible de produire des pommes sans résidu en adaptant les stratégies actuelles de protection des plantes contre les maladies fongiques. L’application d’une telle stratégie dans la pratique permettrait de répondre à une attente importante de la part des consommateurs. Cependant, sans différenciation de prix par rapport à la production intégrée, cette stratégie n’est pas rentable sur le plan économique.

Tableau 1 | Description des systèmes de production PI, LR et BIO Système Blocs de variétés Régulation des ­rendements Fumure Protection ­phytosanitaire Maladies fongiques Feu bactérien Carpocapses de la pomme Autres ravageurs Adventices

PIAgroscope

LR

BIO

Golden Delicious: variété sensible à la tavelure, année de plantation 1999, porte-greffes FLeuren 56, 1 bloc de 4 rangées par système Ariane: variété résistante à la tavelure (Vf), année de plantation 2006, porte-greffes Lancep, 2 blocs de 2 rangées par système Otava: variété résistante à la tavelure (Vf) , année de plantation 2004, porte-greffes J-TE-E, 2 blocs de 2 rangées par système Topaz: variété résistante à la tavelure (Vf), année de plantation 2004, porte-greffes J-TE-E, 2 blocs de 2 rangées par système Eclaircissements chimique et manuel

Eclaircissements chimique et manuel

Eclaircissements mécanique et manuel

Selon les directives PI

Selon les directives PI

Selon les directives BIO

Stratégie selon les recommandations Agroscope

Stratégie visant à minimiser les résidus de pesticides

Stratégie BIO usuelle dans la pratique

Cf. fig. 1 1–2 traitements à la streptomycine contre le feu bactérien

1–2 traitements de Myco-Sin-contre le feu bactérien

Filet de protection sur toute la parcelle (barrière pour les abeilles contaminées) Technique des phéromones pour semer la confusion sur l’ensemble de la parcelle 1–2 traitements insecticides contre les pucerons et les autres ravageurs selon le seuil de tolérance

1–2 traitements insecticides contre les pucerons et les ­­autres ravageurs selon le seuil de tolérance

1–2 traitements herbicides dans les rangées d’arbres

Lutte mécanique contre les adventices dans les rangées d’arbres

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

13


Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus

Post-floraison

Eté

2x Strobilurine (QoI)

LR

1x Delan

2x Anilinopyrimidine

1x Triazol (SSH)

1x cuivre

3–4x Alumine + soufre

2x Triazole (SSH)

5–6x Bicarbonate + soufre

5–6x Bicarbonate + soufre

4 - 6x Captan

2–3x Alumine + soufre

1x Bicarbonate

2–3x Alumine + soufre

1x Bicarbonate

Récolte

2x Anilinopyrimidine

Tavelure – Saison des infections secondaires (conidies) 3 semaines

PI

1x Delan

BIO

Tavelure – Saison des infections primaires (ascospores)

Fin

8 jours

Floraison

8 jours

Débourrement Pré-floraison

uniquement Golden Del.

Figure 1 | Stratégies fongicides contre les maladies fongiques dans les variantes PI, LR et BIO.

soufre mouillable. Il n’existe pas de limites supérieures pour ces principes actifs qui ne sont d’ailleurs pas non plus répertoriés dans les screenings de résidus de pesticides. Les traitements en été et avant la récolte visent à lutter contre la tavelure et l’oïdium, mais aussi à réduire les infections dues à des agents de pourriture, qui entraînent des pertes lors du stockage. L’ensemble du dispositif expérimental a été protégé par un filet anti-grêle. Les côtés et les bouts de parcelles ont également été fermés par des filets anti-grêle afin d’empêcher le passage des insectes. De plus, des distributeurs de phéromones ont été répartis sur toute la surface afin de semer la confusion parmi les carpocapses. Avec les stratégies LR et IP, la lutte contre les ravageurs, la régulation de la charge, la fumure et la lutte contre les adventices se déroulaient de la même manière. Avec la variante BIO, les cultures étaient traitées selon les directives de l’agriculture biologique. La figure 1 présente les stratégies fongicides et le tableau 1 les autres mesures d’entretien et de protection des plantes. Relevé des données Les données relevées sur la parcelle concernaient la présence de maladies, l’infestation par les ravageurs et le temps de travail investi. Après la récolte, le rendement et la qualité des fruits ont également été enregistrés. Les fruits stockés ont été contrôlés pour déterminer les maladies dues au stockage et les dommages physiologiques. Pour les stratégies LR et PI, les analyses de résidus ont été effectuées sur des échantillons de 2,5 kilos de pommes Golden Delicious et Topaz fraîchement récoltées. Ces échantillons ont été testés à l’aide de la méthode Multi (UFAG Laboratories, 6210 Sursee) afin d’identifier les principes actifs polaires et apolaires.

14

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

Tri et stockage Après la récolte, tous les fruits ont été triés selon les directives de la Fruit-Union Suisse (FUS) pour les pommes de table. Un échantillon de 100 kg de pommes produites selon les différents procédés et de 20 kg de pommes provenant de la parcelle témoin non traitée a été stocké pendant six mois en entrepôt CA (controlled atmosphere, 1 °C, 1,5 % CO2, 1,5 % O2). Evaluation économique Le calcul du cash-flow a été réalisé à l’aide du modèle Arbokost (Agroscope 2013). Le cash-flow correspond à la somme des recettes et des amortissements annuels de la plantation de pommiers. Pour chaque variété et chaque procédé, le nombre réel d’heures de machines et d’heures de main-d’œuvre a été comptabilisé ainsi que les quantités de produits phytosanitaires et d’engrais. Les coûts de machines sont basés sur les tarifs d’Agroscope (Gazzarin et Lips 2012), les coûts de maind’œuvre sur les tarifs de la Fruit-Union Suisse et les coûts d’infrastructure sur ceux d’Arbokost. Les temps de récolte n’ont pas pu être enregistrés précisément car les parcelles (variétés x procédé) étaient trop petites. C’est pourquoi les heures de récolte ont été calculées sur la base d’un débit de récolte de 120 kg/ MOh (heures de main-d’œuvre) et du volume de récolte final. Le calcul des revenus se base sur la part de pommes de catégorie I (selon les directives de la FUS). Les prix mentionnés sont les prix indicatifs publiés par la FUS (Agridea 2011, 2013). Pour les stratégies PI et LR, les prix indicatifs sont les prix PI, pour la stratégie BIO par contre, les prix indicatifs sont ceux de la production BIO. Les fruits à cidre et les fruits destinés à l’industrie n’ont pas été pris en compte dans le calcul des revenus.


Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale

90 80 70

Fréquence [%]

60 50 40 30 20 Tavelure de la feuille Tavelure du fruit Oïdium

10 0 Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Del. Del. Del. Del. BIO

PI

LR

non traité

Figure 2 | Pourcentage de feuilles ou de fruits infestés par la tavelure et l’oïdium dans les différents procédés (moyenne de 2009 à 2012).

Résultats et discussion Bons résultats contre la tavelure et l’oïdium La stratégie LR a permis de lutter efficacement contre la tavelure et l’oïdium. En moyenne des années d’essai, avec les stratégies PI et LR, la fréquence des infestations de Golden Delicious par la tavelure de la feuille était inférieure à 0,5 % en été et celle des infestations par la tavelure du fruit au moment de la récolte inférieure à 1 % (fig. 2). Des infestations nettement plus élevées ont été observées dans le procédé BIO, à un point tel qu’il ne serait plus acceptable dans la pratique. Les mauvais résultats des cultures BIO peuvent s’expliquer par le fait

que les traitements n’ont été appliqués que de manière préventive et qu’aucune pulvérisation n’a eu lieu pendant la phase de germination des ascospores. Les résultats confirment que, dans le cas de la tavelure, il est important de lutter de manière optimale contre les infections causées par les ascospores en début de saison. Les résultats montrent également qu’il est difficile de maîtriser la tavelure avec les variétés sensibles dans la pomiculture biologique. La situation de l’oïdium est semblable à celle de la tavelure quel que soit le procédé. L’infestation par l’oïdium dans les différents procédés n’a cependant eu aucun impact sur le résultat écono mique.

90 80 70

Fréquence [%]

60 50 40 30 20 Elevée Moyenne Légère

10 0

Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Del. Del. Del. Del. BIO

PI

LR

non traité

Figure 3 | Pourcentage de fruits atteints de rouille et intensité de la rouille au moment de la récolte dans les différents procédés (pourcentage dans la catégorie concernée, moyenne de 2009 à 2012).

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

15


Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus

10 9 8 Fréquence [%]

7 6 5

Autres

4

Hoplocampes

3

Petites tordeuses des fruits

2

Carpocapses de la pomme

1

Tordeuses de la pelure

0

Ariane

Golden Del.

Otava

Topaz

Ariane

Golden Del.

BIO

Otava PI

Topaz

Ariane

Golden Del.

Otava

Topaz

Voracité des chenilles au stade précoce

LR

Figure 4 | Pourcentage de fruits endommagés par les ravageurs animaux dans les différents procédés (moyenne de 2009 à 2012).

BIO Golden Delicious plus sensible à la rouille Afin d’évaluer l’effet des traitements sur la rouille des fruits, ces derniers ont été classés en trois catégories (infestation légère, moyenne, élevée). Les fruits légèrement atteints par la rouille ont été classés dans la catégorie de fruits de table. Les fruits des deux autres catégories ne peuvent plus être vendus comme fruits de table. Comme le montre la figure 3, les différences entre les procédés étaient minimes. Seuls les pommiers Golden Delicious avaient plus de fruits atteints de rouille moyenne à élevée dans la parcelle témoin non traitée ainsi que dans la parcelle BIO. Les ravageurs ne posent pratiquement aucun problème Dans l’ensemble, les ravageurs étaient peu nombreux au fil des années, quel que soit le procédé ou la parcelle. Généralement, il suffisait de faire un traitement contre les hoplocampes, un contre les pucerons et un contre les tordeuses de la pelure. Dans tous les procédés, l’infestation des fruits par les ravageurs a été relevée avant la récolte (fig. 4). Les principaux dommages étaient dus à la voracité des chenilles, mais les tordeuses de la pelure et les hoplocampes ont également causé de gros dégâts. Les pertes les plus importantes ont été constatées dans le procédé BIO. Suivant la variété, 1,5 à 7,5 % des fruits étaient abimés. Les procédés PI et LR ne présentaient pas de différences en ce qui concerne l’infestation par les ravageurs. La parcelle de pommiers Golden-Delicious, plus ancienne, a enregistré des dommages nettement plus lourds que les autres variétés, quel que soit le procédé considéré, sans doute du fait du volume plus important des arbres. La variété Ariane semble être peu attrayante pour les insectes ravageurs du fait des propriétés de ses fruits; en effet, on n’a constaté ici que de très faibles dommages, avec le procédé BIO également.

16

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

Pertes de stockage avec les variantes BIO et Low Residue L’évaluation des fruits après le stockage n’a pas permis de mettre en évidence des différences significatives entre les procédés en ce qui concerne les dommages physiologiques liés au stockage. Des taches amères et des cas d’échaudure ont parfois été constatés, mais les pertes restaient très limitées. Seule la variété Ariane s’est montrée particulièrement sensible à Soft Scald, ce qui, certaines années, a entraîné des pertes importantes allant jusqu’à 20 %. Des différences nettes entre les procédés et les variétés ont par contre été constatées au niveau des maladies de conservation (fig. 5). Tous les procédés confondus, les plus grandes pertes ont été causées par les gloeosporioses (Gloeosporium). Les variétés Otava et Topaz notamment se sont montrées très sensibles à cette maladie fongique. Avec ces deux variétés, aucune différence n’a été observée entre le témoin non traité et les procédés BIO et LR. Ariane en revanche semble être très résistante aux pourritures dues à la conservation. Quant à Golden Delicious, les procédés PI et LR étaient équivalents en ce qui concerne les pourritures, alors que les pommiers du procédé BIO affichaient une infestation légèrement plus importante. L’important est de savoir que chaque relevé n’a pris en compte que les dommages principaux, c’est-à-dire l’agent pathogène qui attaquait la plus grande proportion du fruit. Cette méthode explique pourquoi l’infestation de Golden Delicious par les pourritures dues à la conservation est plus faible dans le témoin non traité que dans les procédés LR et BIO. Dans la plupart des cas, la tavelure de conservation (Venturia inaequalis) était responsable de la majorité des dommages. Les résultats montrent que les fongicides employés dans les procédés LR et BIO n’étaient pas en mesure d’empêcher l’infection des fruits sur le terrain par les agents pathogènes responsables des pourritures de conservation, ni de garantir la santé des fruits pendant leur stockage.


Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale

100 90 80

Fréquence [%]

70 60 50

Brûlure des lenticelles Venturia Penicillium Pourriture de l'oeil Botrytis Monilia Gloeosporium

40 30 20 10 0 Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz Ariane Golden Otava Topaz BIO

PI

LR

non traité

Figure 5 | Pourcentage de fruits atteints de pourritures de conservation au bout de six mois en entrepôt CA dans les différents procédés (moyenne 2009–2012).

Pas de résidus avec Low Residue Les échantillons du procédé LR étaient exempts de résidu de 2010 à 2012 (tabl. 2). En 2009, un résidu d’un principe actif non appliqué (dérive) a été découvert dans l’échantillon LR. Le fait de restreindre l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques de synthèse à la première moitié de la saison a donc eu le succès escompté. Des résidus ont été identifiés toutes les années dans les échantillons des parcelles PI. Les traitements contre les pourritures de conservation et les pucerons en été ont notamment laissé des traces de principes actifs dans les pommes. Les résidus étaient nettement en dessous des limites maximales fixées par la loi pour Captane (3 mg/kg), Trifloxystrobine (0,5 mg/ kg) et Pirimicarbe (1 mg/kg).

Evaluation économique En moyenne des années 2009 à 2012, les rendements des parcelles PI (38 032 kg/ha) étaient plus élevés que ceux des parcelles LR (37  103 kg/ha) et des parcelles BIO (20 657 kg/ha). Le pourcentage de fruits de catégorie I lors du déstockage ou pack out était plus élevé pour le procédé PI (77 %) que pour le procédé LR (68 %) ou encore le procédé BIO (62 %). Le pack out des Golden Delicious BIO était particulièrement bas avec seulement 38 %, tandis qu’Ariane et Otava ont atteint un pack out de 70 % même avec le procédé BIO. Le tableau 3 présente le cash-flow des années 2009 à 2012 pour les quatre variétés de pommes et les trois stratégies. Le cash-flow doit être positif pour qu’il soit possible de faire des réserves en vue de prochains investissements. 

Tableau 2 | Analyses de résidus des échantillons issus de la stratégie PI et LR (méthode Multi)

Année

Variété Golden Delicious

2009 Topaz Golden Delicious 2010 Topaz 2011 2012

Golden Delicious

Résidus en mg de principe actif /kg de récolte PI

LR

Captane 0,07 Trifloxystrobine 0,03 Captane 0,12 Trifloxystrobine 0,07 Captane 0,32 Trifloxystrobine 0,02 Captane 0,58 Trifloxystrobine 0,03 Pirimicarbe 0,05 Captane 0,12 Trifloxystrobine 0,03

Aucun résidu Trifloxystrobine 0,01 (Dérive!) Aucun résidu Aucun résidu Aucun résidu

Golden Delicious

Captane 0,18

Aucun résidu

Topaz

Captane 0,20

Aucun résidu

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

17


Production végétale | Enjeux de la production de pommes sans résidus

Tableau 3 | Cash-flow de 2009 à 2012 par variété et par procédé (fr./ha) BIO

PI

Ariane

Golden D.

Otava

Topaz

Ariane

Golden D.

Otava

Topaz

Ariane

Golden D.

Otava

Topaz

2009

1574

4324

8646

113

-8636

-4105

-6862

-5660

-7905

2226

-4284

-5663 -4549

2010

5642

-9512

-7397

9958

-5238

-7750

-9024

-3773

-8242

-13 214

-10 083

2011

-539

x

7643

17 200

-5941

-625

-2481

-854

-6679

-179

-3591

-1858

2012

1545

-27 400

-8388

2574

-6383

-12 129

-5795

-2916

-6909

-16 087

-9141

-11 417

Suite à une erreur de relevé, les chiffres de Golden Delicious ne sont pas disponibles pour la stratégie BIO en 2011. En dépit de rendements plus faibles et d’un pack out bas, la production BIO affiche un cash-flow supérieur à celui des stratégies PI et LR. Ce résultat s’explique par le prix plus élevé des fruits (+ 100 %) et par les contributions à la surface (+ 1200 fr./ha) plus élevées pour la production BIO (Agridea, 2011, 2013). Le cash-flow des pommes Topaz BIO et Ariane BIO était toujours positif, sauf en 2011 pour Ariane. En 2012, les pommes Golden Delicious BIO affichaient un cash-flow fortement négatif en raison d’un rendement bas (15 000 kg/ha). De 2010 à 2012, suite à un meilleur pack out, le cash-flow du procédé PI était plus élevé que celui du procédé LR, pour toutes les variétés à l’exception d’une seule. Malgré tout, la stratégie PI a elle aussi conduit à un cash-flow négatif. En effet, des analyses antérieures ont déjà montré que les revenus de la PI ne couvraient pas les coûts de production avec des coûts de main-d’œuvre standard (35 fr./MOh pour les chefs d'exploitations), 24 fr./MOh pour la main-d’œuvre interne et 21 fr./ MOh pour la main-d’œuvre externe) (Bravin et al. 2011). Cela signifie d’une part que les salaires internes sont inférieurs au niveau standard et d’autre part qu’il n’est pas possible de constituer des réserves.

Conclusions Les résultats du présent essai permettent de dégager plusieurs options pour le développement de la production intégrée. La combinaison de produits phytosanitaires chimiques de synthèse et produits phytosanitaires autorisés pour la production Bio et de méthodes de lutte alternatives comme la mise en place de filets sur les cultures, permet de bien maîtriser la tavelure de la pomme et l’oïdium ainsi que de nombreux ravageurs. Parallèlement, cette stratégie va aussi dans le sens de ce qu’attendent les consommateurs, à savoir des fruits avec peu ou pas de résidus de produits phytosanitaires. Toutefois, pour qu’une stratégie Low Residue soit également intéressante pour les producteurs, le succès économique doit être garanti. Dans l’essai, les rendements et la qualité de la récolte étaient comparables à ceux de la

18

LR

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

stratégie PI, mais les pertes importantes pendant le stockage, notamment de Golden Delicious, Otava et Topaz, n’ont pas permis d’avoir une production rentable. Quelle que soit la stratégie, Ariane était la variété la plus résistante aux maladies, mais n’a pas non plus obtenu un résultat positif avec la stratégie LR. C’est pourquoi Agroscope étudie d’autres variétés résistantes, à la recherche de pommes qui conviendraient pour une production rentable et sans résidu. Le traitement des fruits à l’eau chaude après la récolte pourrait être une solution aux problèmes de pourriture durant le stockage. Des essais parallèles ont étudié l’efficacité d’un tel traitement. Un bon résultat a été obtenu sur les variétés sensibles Topaz et Otava, notamment contre la gloeosporiose (Gloeosporium), le principal agent pathogène dans cet essai (Good et al. 2012). Cependant, le traitement à l’eau chaude revient cher à cause de la consommation d’énergie et le prix des pommes issues de la production intégrée ne suffit pas à couvrir les coûts supplémentaires. La méthode doit encore être optimisée avant de pouvoir être rentable dans la pratique. Enfin, il faut aussi se demander si une production de pommes sans résidu apporte un plus pour l’environnement. Dans le cadre du projet ENDURE de l’Union européenne terminé en 2010, la durabilité de différentes stratégies de protection des plantes a été étudiée dans la production de pommes (Naef et al. 2011). On a constaté que les variétés résistantes et les méthodes alternatives de protection des plantes, comme la mise en place de filets sur les cultures et la technique de lutte par confusion, permettaient de réduire considérablement l’écotoxicité. Un système cultural qui vise en plus à réduire les résidus de produits phytosanitaires a certes permis de mieux préserver les auxiliaires, mais n’a pas apporté d’améliorations en matière d’écotoxicité, de toxicité humaine et de consommation des ressources. C’est la preuve que le développement de systèmes de cultures fruitières novateurs doit être précédé de l'évaluation de durabilité, afin de pouvoir garantir une plus-value pour la branche fruitière, n les consommateurs et l’environnement. Remerciements

Nous remercions Heinrich Höhn, Maxie Hubert, Franz Gasser, Claudia Good, Reto Leumann et toute l’équipe de l’exploitation expérimentale pour leur soutien.


Sfide nella produzione di mele senza residui Per contrastare parassiti, malattie e malerbe, i moderni sistemi di produzione della frutta puntano su prodotti fitosanitari selettivi e non nocivi per gli insetti utili. Ciò presuppone l’impiego di un maggior numero di principi attivi diversi, che possono essere rintracciati sui frutti sotto forma di residui. Vari operatori europei della grande distribuzione hanno avviato sistemi di gestione della qualità volti a ridurre non solo la quantità complessiva di residui sugli alimenti, ma anche il numero dei diversi prodotti fitosanitari utilizzati. Quanto alle mele, Agroscope ha condotto un test pluriennale allo scopo di analizzare le possibilità di una produzione senza residui dal punto di vista tecnico-produttivo ed economico. I risultati mostrano che la produzione di mele da tavola senza residui è possibile purché si adegui l'attuale strategia di protezione dei vegetali dalle malattie fungine. L'attuazione di una simile strategia nelle pratiche colturali consentirebbe di rispondere a un'importante esigenza dei consumatori. Tuttavia, senza una differenziazione dei prezzi della produzione integrata, questa strategia non è redditizia dal punto di vista economico.

Summary

Riassunto

Enjeux de la production de pommes sans résidus | Production végétale

Challenges of the residue-free apple production Crop protection in general and apple crop protection in particular rely on pesticides, but consumers demand a reduction of pesticide use and ideally an elimination of pesticide residues in order to minimize the impact on the environment and the risk for human health. Producers need information and advice to establish sustainable production systems that reduce the use and the residues of pesticides. Wholesalers in Europe introduced quality management systems in order to reduce residues and the used plant protection products. Agroscope tested during several years from a technical and economic point of view a lowresidue strategy. The production of residue-free apples is possible. Alternative measures such as insect exclusion netting, mating disruption against codling moth (Cydia pomonella), mulching with leaves to reduce scab (Venturia inaequalis) inoculum, and modern storage techniques were applied. The production of low-residue apples meets consumer demand. However, economic calculation showed that the low-residue strategy is not profitable because of storage diseases. A price premium for low-residue production might be justified by environmental advantages. Key words: pesticide residues, apple production, scab, Gloeosporium, economic evaluation.

Bibliographie ▪▪ Agroscope (édit.), 2013. Arbokost, Verschiedene Versionen, Wädenswil, Schweiz. ▪▪ Agridea (édit.), 2011. Produzenten- Richtpreise 2009 und 2010, Lindau, Schweiz. ▪▪ Agridea (édit.), 2013. Produzenten- Richtpreise 2011 und 2012, Lindau, Schweiz. ▪▪ Bravin, E., Carint. D., Dugon J., Hanhart J. & Steinemann B., 2011. La production de fruits à pépins en Suisse sous la loupe.

▪▪ Bravin E., 2012. Investieren in Obst – Apfel ist nicht Birne. Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 12/12, 10–13. ▪▪ Gazzarin, C. & Lips M., 2012. Coûts-machines 2012, Rapports ART 753, Tänikon, Schweiz. ▪▪ Good C., Gasser F. & Naef A., 2012. Heisswasserbehandlung von Kernobst. Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 24/12, 10–14. ▪▪ Naef A., Mouron P. & Höhn H., 2011. Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires, Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8), 334–341.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 12–19, 2015

19


E n v i r o n n e m e n t

Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité Andreas Bosshard Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH, 8966 Oberwil-Lieli, Suisse Renseignements: Andreas Bosshard, e-mail ab@agraroekologie.ch

Chaque exploitation de plaine devrait exploiter de belles prairies à fromental riches en espèces sur au moins 10–25 % de sa surface fourragère. Le fourrage est idéal pour une utilisation pendant la phase de tarissement et pour l'élevage.

Les prairies à fromental hier et aujourd’hui Dans une monographie de phytosociologie, Schneider (1954) a caractérisé les prairies de fauche de basse altitude à fromental s.s. (Arrhenatheretum) ainsi: prairies permanentes fertilisées, fauchées et parfois pâturées, de plaine et jusqu’à une altitude d’environ 800 m. Selon l’exposition et les conditions climatiques, ce type de prairies peut se trouver en Suisse jusqu’à environ 1000 m d’altitude, quasiment relayé plus haut par les prairies de fauche de montagne à avoine dorée (Trisetetum).

20

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

Les prairies à fromental étaient les «prairies grasses» de l’agriculture dans la période de rotation triennale et la «bataille des champs» après la Seconde Guerre mondiale. On les trouvait essentiellement dans les sites les plus productifs. Elles étaient habituellement légèrement fertilisées avec une fumure, et en plus un peu de purin et scories de Thomas dès la fin du 19e siècle. Les prairies à fromental étaient généralement fauchées deux fois par an et souvent pâturées avant et/ou après. Selon les endroits et la fertilisation, leur rendement en substance


sèche se situait entre 5 et 10 t/ha (Klapp 1965, Dietl 1986). En plaine et jusqu’au milieu du siècle dernier, les prairies à fromental en Suisse n’étaient pas seulement «le type de prairies dominantes, mais aussi celles aux plus hauts rendements; elles rapportaient bien la moitié du fourrage produit en Suisse par les prairies naturelles» (Stebler et Schröter 1892). Avec la disponibilité pratiquement illimitée d’engrais chimiques et de ferme, la mécanisation toujours croissante de l’exploitation et l’apparition de mélanges de semences plus productifs, l’intensité de l’exploitation des prairies après la Deuxième Guerre mondiale a beaucoup augmenté; à tel point que la plupart des prairies à fromental sont désormais classées parmi les prairies extensives ou peu intensives et non plus dans les zones particulièrement tournées vers la production. A cause de l’intensification, il n’y a plus que des reliquats de peuplements de prairies à fromental et souvent dans des lieux «atypiques» comme les talus ou surfaces résiduelles en règle générale exploités comme prairies écologiques. Là où les prairies à fromental dominaient autrefois sont apparues des «prairies intensives» qui ont perdu la plus grande partie de la biodiversité d’autrefois, surtout la diversité en fleurs, graminées et petits animaux. Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’évaluation du recul des prairies à fromental. Kuhn et al. (1992) ont parlé d’un recul estimé de 55 000 ha en 1949 à juste 500 ha au début des années 1990 dans le canton de Zurich. La majorité de ces 500 ha – qui représentent à peine 0,7 % de la surface agricole utile du canton de Zurich – ne se trouve pas vraiment sur le Plateau mais dans des régions plus en altitude. Dietl (1995) évalue la part restante pour le Plateau suisse à 2 – 5  % des surfaces herbagères et Klötzli et al. (2010) estiment qu’il ne reste que 1 – 5 % des peuplements d’autrefois pour l’Europe centrale. Le recul des prairies à fromental est ainsi bien plus important en surface et en pourcentage que presque toutes les autres associations végétales depuis le 19e siècle. Il dépasse même le recul des prairies humides et marais en Suisse (Gimmi et al. 2011). Bosshard (1999) a donc décrit les prairies à fromental s.s. comme un des milieux les plus menacés de Suisse. Hutter et al. (1993) les ont classées «menacées d’extinction» en Allemagne, à l’exception des prairies en sous-association cirse maraîcher et fromental classées «seulement» fortement menacées. Sur la liste de rouge des milieux de Suisse, elles sont provisoirement classées «vulnérables».

Résumé

Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement

Une comparaison des relevés de végétation historiques et actuels de prairies intensives montre un recul dramatique de la diversité spécifique dans les prairies des régions de plaine en Suisse. En 1920, on ne trouvait pratiquement que des prairies dépassant largement le niveau de qualité de biodiversité QII. En 1950, au minimum 85 % des prairies les plus intensives atteignaient encore ce niveau QII sur les meilleurs sols, dont un tiers bien en-dessus. Ces prairies grasses d’autrefois étaient décrites comme des prairies à fromental et formaient encore dans les années 1950 le type dominant et répandu de prairies. Comme le montre une cartographie actuelle, les prairies à fromental ont depuis été remplacées presque entièrement par des herbages pauvres en espèces suite à une forte intensification. Elles représentent aujourd’hui au maximum 2 % de la surface agricole utile dans leur forme à peu près typique – et sont exploitées le plus souvent comme prairies écologiques. Mais même les reliquats de prairies à fromental restantes se sont nettement appauvris. Le nombre moyen d’espèces de plantes a passé de 38 dans les années 1950 à 27 aujourd’hui (-30 %). Le nombre d’espèces caractéristiques des prairies à fromental a même reculé de 25 à 9 (-64 %). 71 % des prairies à fromental relevées aujourd’hui n’atteignent pas le niveau QII. Le recul de la biodiversité faunistique est encore plus marqué, comme le montre une recherche bibliographique. Dans ce contexte, une conservation stricte et un soutien efficace des prairies à fromental revêtent une grande importance.

Projet prairies à fromental Arrhenatheretum Le recul rapide des prairies à fromental a été négligé par les milieux agricoles et de la protection de la nature. Ces derniers ont longtemps classé toutes les prairies à fro- 

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

21


Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité

mental comme des prairies grasses et se sont concentrés sur les prairies maigres et prés à litière et leurs espèces rares. Avec les facilités d’intensification, les prairies à fromental ne sont plus non plus attractives pour l’agriculture depuis le milieu du siècle dernier. Outre les quelques estimations mentionnées plus haut, plusieurs paramètres n’ont pratiquement pas été étudiés jusqu’ici: l’étendue du recul des prairies à fromental, la manière dont la qualité de ces prairies restantes s’est modifiée, ou encore les conséquences sur la biodiversité du paysage cultivé de la disparition importante de ce milieu autrefois dominant. Le but de cette étude comparative dans le cadre du «Projet prairies à fromental», réalisé grâce au soutien de Bristol-Stiftung, de Pro Natura et d’autres sponsors1, était de combler une partie de cette lacune et de faire des propositions pour la conservation des prairies à fromental qui subsistent. Relevés de végétation: comparaison avec 1950 L’agronome Johann Schneider a étudié en 1949 et 1950 les prairies de fauches de basse altitude de Suisse orientale, en se concentrant sur le canton de Zurich, du point de vue phytosociologique et de la localisation. Sa thèse de doctorat a été publiée en 1954 sous l’instigation de Friedrich Traugott Wahlen, autrefois professeur directeur de l’Institut pour la production végétale de l’ETH Zurich. Depuis le travail de Stebler et Schröter (1892) offrant une vue d’ensemble sur les prairies et pâturages de Suisse, le travail de Schneider a été la première étude – et aussi la dernière de cette ampleur – sur ce qu’il reste des prairies à fromental de Suisse. L’ensemble des données de la thèse comprenait 116 prairies qui ont été caractérisées par à un relevé de végétation détaillé et au moyen d’analyses de sol. Pour sa recherche, Schneider surtout a choisi des «peuplements bien développés et importants du point de vue économique». L’un des volets du projet prairies à fromental avait pour objectif de répéter les relevés de végétation de Schneider et de les comparer avec les prairies à fromental encore existantes. Les prairies étudiées par Schneider ont été localisées grâce aux noms des lieux-dits et le bref descriptif de la situation et du site. Bien que les coordonnées ou données précises manquent, 90 des 116 surfaces relevées ont pu être clairement identifiées. Des prairies à fromental se trouvent encore sur 15 de ces 90 sites. En considérant un rayon de 250 m autour des lieux de releNos remerciements s’adressent non seulement aux sponsors, mais aussi aux collaborateurs de Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH, qui ont participé aux relevés de végétation et à leur évaluation, Lina Kamleitner, qui a contribué aux données sur la répartition actuelle des prairies à fromental dans le cadre d’un travail de diplôme, et l’ancien Institut des Sciences de l’environnement de l’Université de Zurich qui a suivi ce travail.

vés les plus probables de Schneider, 63 prairies à fromental d’une surface de plus de 5 a ont été identifiées. Un relevé de végétation a été réalisé en leur centre selon la méthode de Schneider. Changements de la composition botanique Schneider a enregistré en moyenne 37,5 espèces végétales par are dans les prairies à fromental étudiées, dans une fourchette comprise entre 32 et 43 espèces, dont en moyenne 11 de graminées, 3 de légumineuses et 23 d’herbes. La formation autrefois la plus courante des prairies à fromental, le type avec renoncule bulbeuse, comportait 40 espèces caractéristiques dans au moins 60 % des relevés. Ce chiffre est plusieurs fois supérieur au nombre d’espèces représentatives, c’est-à-dire de véritables espèces prairiales, qui est inférieur à 10 dans les prairies intensives actuelles. La composition botanique des prairies à fromental encore existantes2 diffère aussi foncièrement des relevés de végétation de Schneider. Le nombre moyen d’espèces a passé de 38 à l’époque à 27 aujourd’hui, ce qui représente un recul d’environ 30 % au sein de ce type de prairie. Le nombre d’espèces caractéristiques des prairies à fromental, soit les espèces végétales qui avaient selon Schneider une probabilité d’au moins 80 % d’être présentes dans une prairie à fromental, s’est même réduit de 25 à 9 espèces, soit une réduction de 64 %. «Qualité botanique» autrefois et aujourd‘hui Schneider a identifié en moyenne 8,4 espèces (ou groupes d’espèces) dans les 116 prairies à fromental identifiées – exploitées intensivement pour l’époque – qui comptent aujourd’hui parmi les indicateurs de qualité pour la biodiversité des prairies écologiques (niveau de qualité QII). Ce sont plus de deux espèces de plus que le minimum de six espèces de qualité QII nécessaires pour déclarer une prairie comme «précieuse du point de vue écologique» et prétendre aux contributions à la qualité pour la biodiversité (SPB-QII) dans le cadre de l’ordonnance fédérale sur les paiements directs. De ces 116 prairies, 85 % atteignaient le niveau minimum QII. Le nombre le plus bas d’indicateurs QII était de 3, le plus haut de 17. Plus d’un tiers des prairies à l’époque intensives avaient dix espèces indicatrices QII ou plus, ce qui n’est atteint aujourd’hui qu’exceptionnellement en plaine même parmi les prairies écologiques avec la qualité QII.

1

22

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

2 Pour différencier les prairies à fromental d’autres types de prairies, une clé de végétation quantitative a été développée sur la base de la littérature. Elle permet une classification reproductible des peuplements de végétation trouvés.


Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement

Les 63 prairies à fromental actuelles relevées – généralement exploitées extensivement comme prairies écologiques – présentent en moyenne à peine quatre espèces QII, donc moins de la moitié en comparaison avec les données de Schneider concernant ces prairies alors exploitées «intensivement». 71 % des prairies à fromental actuelles relevées n’ont pas atteint le niveau de qualité QII. Alors que l’exploitation autrefois considérée comme «intensive» conduisait généralement à la «qualité écologique», deux tiers des prairies à fromental actuelles n’atteignent pas le niveau de qualité QII, même en étant exploitées de manière extensive. Et cela même si les peuplements actuels sont exploités en général dans l’optique de conserver autant que possible ou de relever la diversité spécifique, ce qui est le but des contributions écologiques. De plus, environ la moitié des peuplements étudiés se situaient sur des reliques de surfaces qui pourraient être à peine intensifiées ou des sites peu productifs, qui favorisent une plus grande diversité en espèces en comparaison avec les sites de Schneider. Le nombre le plus bas d’espèces indicatrices QII dans les relevés de prairies à fromental actuelles se situait à 0 et le plus haut à 10. Appauvrissement en 1950 déjà Scherrer (1925) a fait des douzaines de relevés de végétation de prairies à fromental dans la vallée de la Limmat environ 25 ans avant la thèse de Schneider. Le nombre moyen d’espèces pour la qualité se situait >10.3 Seule une prairie relevée «un an après l‘ensemencement», où domine le dactyle et avec ≥5 espèces, atteindrait tout juste3 la qualité écologique selon les standards actuels. Les autres, avec ≥7 à ≥13 espèces pour la qualité, rempliraient donc nettement les critères minimaux actuels pour QII. Même une prairie à fromental «moyennement humide, fortement fertilisée (fumier et lisier)» atteignait encore ≥7 espèces. Deux prairies avec des engrais chimiques (superphosphate) et une exposition nord-est à nord-ouest comportait même ≥11 espèces – ce qu’atteignent encore juste quelques petites prairies maigres dans la vallée de la Limmat qui occupent bien moins de un pour mille de la surface agricole utile (cartographie dans le cadre de Bosshard 2014). Ces chiffres indiquent que les prairies à fromental étaient en 1925 encore nettement plus riches en espèces qu’environ 25 ans plus tard, au moment des relevés de 3 Seules les espèces présentes très régulièrement ont été introduites dans les tables de végétation. Des espèces plus rares, dont 19 autres espèces (ou groupes d’espèces) pour la qualité, n’ont pas été classifiées. Il devrait donc y avoir en réalité dans la plupart des prairies quelques espèces pour la qualité de plus que dans les chiffres présentés ici.

Schneider (1954). Autrefois se trouvaient peu d’indicateurs typiques de la présence de lisier et de charge en nutriments, comme le cerfeuil des prés ou le ray-grass d’Italie, mais par contre la présence d’indicateurs d’apports en éléments nutritifs moyens ou maigres était bien plus marquée. Répartition actuelle des prairies à fromental Pour pouvoir mieux quantifier ce recul massif de prairies à fromental selon les estimations jusqu’alors à disposition, une cartographie des prairies et de l’exploitation a été réalisée dans le cadre du projet prairies à fromental sur un total de 2250 ha de surface agricole utile et dans 23 communes de Suisse orientale choisies au hasard (travail de diplôme Kamleiter 2009). Onze communes se situent dans le canton de Zurich, quatre dans le canton de Saint-Gall, trois dans le canton d‘Argovie, deux dans les cantons de Thurgovie et Glaris et une dans chacun des cantons d’Uri, Lucerne et Schaffhouse. La cartographie a eu lieu dans chaque commune le long de transects déterminés selon des critères homogènes dans le but d’atteindre toutes les altitudes et une répartition équilibrée d’expositions du sud au nord. Au total, 174 prairies à fromental ont été identifiées. Les prairies à fromental représentaient 4 % de la SAU, et 5 % des herbages permanents. Dans la région biogéographique est du Plateau, elles représentaient la part la plus petite avec 3,4 % des herbages. Dans les Préalpes et Alpes du Nord une part de 4,4 %, et la plus grande part dans la région du Haut-Rhin avec 8,8 %. Sur les transects de l’est du Plateau, ces prairies à fromental formaient près de la moitié des prairies écologiques. La taille moyenne des prairies à fromental identifiée était de 33 ares. En comparaison, la taille moyenne des prairies à dactyle – exploitées plus intensivement – était de 88 ares, soit presque le triple, et dans la région des Préalpes même cinq fois supérieure. Les prairies à fromental se trouvaient «souvent comme des bordures étroites le long de routes ou chemins, à la limite de parcelles ou sur des talus». La raison la plus souvent évoquée par les agriculteurs est justement la qualité moindre de la surface exploitée en tant que prairie extensive ou peu intensive (Jurt 2003). On ne trouve pratiquement plus de grandes prairies à fromental typiques sur de bons sols, comme celles qui dominaient autrefois. Les prairies à fromental d’aujourd’hui ne peuvent finalement plus être comparées avec les types de prairies d’autrefois du site. Quelque 22 % des prairies à fromental identifiées le long des transects atteignent le niveau QII. Cela représente 37 % de la surface – à peine 2 % de la surface agricole utile (fig. 1). Cette proportion devrait être nette- 

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

23


Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité

NNO NO

ONO

O

18% 16% 14% 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0%

N NNE NE

ENE

E

OSO

ESE

SO

SE SSO

riche en graminées (sans QII) avec qualité QII

SSE S

100%

100%

90%

90%

80%

80%

70%

70%

60% 50%

89

82

71

60% 40%

30%

30%

20% 0%

11 Nord des Alpes

18

! 3

7

18 12

14

34 1

50%

40%

10%

11

18 Est du plateau

29

riche en graminées (sans Q II) avec qualité Q II

57

67

Prairie à fromental avec sauge 58

20% 10%

Prairie à fromental avec alchémille Prairie à fromental avec lvraie vivace

0%

Haut-Rhin

Prairie à fromental avec cirse maraîcher

Nord des Alpes

Est du plateau

Haut-Rhin

Figure 1 | En haut: Répartition de l’exposition des prairies à fromental répertoriées selon le type riche en graminées (pas de qualité biologique QII pour surfaces de promotion de la biodiversité SPB) et le type avec la qualité QII. Les prairies à fromental précieuses de qualité encore disponibles se trouvent généralement dans des endroits secs plutôt exposés au sud. En bas: Qualité floristique (à gauche) et types de formations selon le lieu (sous-associations, à droite) des prairies à fromental identifiées, distribuées selon les régions biogéographiques Préalpes et nord des Alpes, est du Plateau et Haut-Rhin. Source: Kamleiter 2009, adapté

ment plus basse que dans le pays voisin où les herbages de plaine tendent à être exploités moins intensivement, sauf dans l’Allgäu. Dierschke et Briemle (2002) ont par exemple estimé en 2000 la proportion de prairies à fromental encore existantes en Allemagne à 14 % par rapport à 1950. Biodiversité faunistique: recul encore plus grand La transformation presque totale des prairies à fromental dans les herbages intensifs, et dans une moindre mesure des terres arables (entre autres cultures de maïs) ainsi que l’urbanisation depuis les années 1950 ont conduit à des pertes dans la faune encore plus dramatiques que parmi les plantes. Les groupes d’organismes spécialisés et typiques des herbages, qui caractérisaient le paysage de manière visuelle et sonore, colonisaient en

24

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

Suisse les prairies à fromental, donc les herbages exploités intensivement, encore dans les années 1950 sur l’ensemble du territoire et avec de grandes densités de population. C’est ce qui ressort entre autres des relevés actuels de prairies à fromental (Bosshard & Kuster 2001). Par contre, sur les prairies intensives d’aujourd’hui, plus aucune espèce parmi les papillons diurnes, les sauterelles ou les oiseaux nicheurs au sol, des ordres du règne animal souvent riches en espèces, ne peut terminer un cycle de vie (cf. par ex. Kohli et al. 2003, SBN 1989, Schneider et Walter 2001). Les surfaces les plus riches en espèces botaniques ont régressé de 98 % et ne forment plus que de petits îlots, sur lesquels on peut considérer que les densités de population de ces espèces typiques des prairies ont fortement diminué, ou ont même totalement disparu, comme pour les oiseaux des prairies. En compa-


Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement

riche appauvri habitat plus disponible population actuelle 1950 diversité botanique et faunistique

Aujourd’hui diversité botanique

Aujourd’hui diversité faunistique et taille de population restante (en vert)

Figure 2 | Comparaison de la répartition spatiale de la richesse en espèces dans les prairies de plaine en Suisse en 1950 et aujourd’hui. Une prairie est décrite ici comme «riche» quand elle remplit les exigences de qualité botanique QII pour les surfaces de promotion de la biodiversité SPB (végétation) ou possède au moins une espèce cible ou caractéristique (papillons diurnes). Pour la faune, non seulement le nombre d’espèces par surface a reculé, mais aussi la taille des populations, dans des proportions dramatiques: d’après les estimations actuelles, il ne reste qu’environ 1 % du nombre de papillons diurnes dans les herbages par rapport à 1950 (petit cercle vert à droite proportionnel aux autres cercles). La situation est similaire pour les autres groupes d’animaux des milieux prairiaux (par ex. oiseaux nicheurs au sol, sauterelles, punaises) (voir texte pour les détails).

rant les tailles de populations avec 1950, il en reste aujourd’hui moins de 1 % dans ces groupes d’espèces des prairies de plaine en Suisse (fig. 2 à droite, cercle vert). Cela correspond à peu près aux estimations de SBN (1989) qui parlent d’un recul des populations de papillons diurnes à environ un centième de celles du début du siècle dernier sur le Plateau. Les efforts pour favoriser les prairies à fromental grâce à de nouveaux semis ces quinze dernières années en Suisse devraient tout de même avoir amené un retournement de tendance. Même si les chiffres manquent pour une vue d’ensemble, on peut penser que bien plus de 1’000 ha de prairies à fromental ont été depuis lors réensemencées, dont bien 80% pourraient remplir les exigences pour la qualité QII selon les estimations.

Conclusions Un véritable effondrement de la biodiversité des régions agricoles de plaine se cristallise en Suisse dans la disparition à grande échelle des prairies à fromental, qui étaient jadis un des habitats dominants du paysage rural. Pendant des décennies, cette perte a été acceptée presque sans broncher comme le prix de l’augmentation de la productivité. De fait, le rendement des herbages a presque doublé, aussi grâce à l’intensification des prai-

ries à fromental. Dans le même temps, la puissance des machines dans l’exploitation des prairies s’est multipliée, si bien qu’on peut exploiter aujourd’hui, par unité de main d’œuvre, une surface plusieurs fois plus grande. Mais les coûts de ce développement vont bien audelà de la destruction de la diversité spécifique (Bosshard et al. 2011): l’augmentation de la productivité s’est payée cher avec en parallèle un effondrement sans précédent et toujours en cours des exploitations et structures paysannes, avec d’innombrables dommages environnementaux aux eaux, sol, air et climat. Mais aussi, la consommation croissante d’énergie non renouvelable dépasse maintenant de loin les calories produites et a transformé l’agriculture de productrice primaire d’énergie en consommatrice nette. Les conséquences sociales sont tout aussi dramatiques que les conséquences écologiques. La production en Suisse ne réalise même plus aucun revenu à cause des coûts de production hauts et des prix bas dus à la production de masse. Sans le soutien de l’Etat, les familles paysannes enregistreraient en moyenne des pertes financières pour chaque heure de travail investie dans la production agricole des herbages. Dans le contexte de cette évolution qui mérite réflexion, il devrait être évident que les dernières prairies à fromental restantes, autrefois largement répandues, devraient être absolument conservées et favorisées autant que possible dans le cadre de formes de produc- 

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

25


Environnement | Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité

26

tion économiquement plus durables. Comme le montrent les calculs, les réflexions économiques et écologiques vont de pair dans de nombreux domaines, comme en production fourragère (Bosshard et al. 2011, Bosshard & Meierhofer 2014). Mais aussi au vu des objectifs environnementaux pour l’agriculture à atteindre, les prairies à fromental font figure d’habitat à favoriser en priorité dans le paysage rural (Walter et al. 2013). Les nombreuses possibilités qui existent pour cela seront montrées dans un prochain article. Sous l’angle de la gestion d’exploitation dans une approche globale,

avec une exploitation nuancée, adaptée au lieu et avec une alimentation du bétail bovin appropriée pour les animaux, les prairies à fromental ont une place importante encore aujourd’hui, non seulement du point de vue écologique, mais comme élément productif dans une exploitation agricole respectueuse des ressources et n économiquement durable.

Bibliographie ▪▪ Bosshard A., 1999. Renaturierung artenreicher Wiesen auf nährstoffreichen Böden. Ein Beitrag zur Optimierung der ökologischen Aufwertung der Kulturlandschaft und zum Verständnis mesischer Wiesen-Ökosysteme. Dissertationes Botanicae Band 303 Stuttgart. 201 p. ▪▪ Bosshard A., 2014. Projekt Landschaftsqualität und Vernetzung Limmattal –Evaluation Pilotphase 2011-2013. Bericht i.A. Kanton Aargau. Ö+L GmbH Oberwil-Lieli. ▪▪ Bosshard A. & Kuster D., 2001. L`importance de prairies à foin extensives nouvellement crées pour papillons diurnes et sauterelles. Agrarforschung 8 (7), 252–257. ▪▪ Bosshard A., Schläpfer F. & Jenny M., 2011. Weissbuch Landwirtschaft Schweiz. Analysen und Vorschläge zur Reform der Agrarpolitik. Haupt, Bern. 2. Auflage. ▪▪ Bosshard A. & Meierhofer U., 2014. Entwicklungsmöglichkeiten von Landwirtschaftsbetrieben unter der neuen Schweizer Agrarpolitik AP 2014–17. Vision Landwirtschaft, Oberwil-Lieli. ▪▪ Dierschke H. & Briemle G., 2002. Kulturgrasland: Wiesen, Weiden und verwandte Staudenfluren. Ulmer, Stuttgart. ▪▪ Dietl W., 1986. Pflanzenbestand, Bewirtschaftungsintensität und Ertragspotential von Dauerwiesen. Schweizerische landwirtschaftliche ­M onatshefte 64, 241–262. ▪▪ Dietl W., 1995. Wandel der Wiesenvegetation im Schweizer Mittelland. Zeitschrift für Ökologie u. Naturschutz 4, 239–249. ▪▪ Gimmi U., Lachat T. & Bürgi M., 2011. Reconstructing the collapse of wetland networks in the Swiss lowlands 1850–2000. Landscape Ecol. 26, 1071–1083. ▪▪ Herzog F. & Walter T. (éd.), 2005. Evaluation der Ökomassnahmen ­B ereich Biodiversität. Schriftenreihe der FAL 56, 185–201. ▪▪ Hutter C. P., Briemle G. & Fink C., 1993. Wiesen, Weiden und anderes Grünland. Weidbrecht, Stuttgart, Wien.

▪▪ Jurt L., 2003. Bauern, Biodiversität und ökologischer Ausgleich. ­D issertation Universität Zürich. ▪▪ Kamleiter L., 2009. Verbreitung und Zustand der Fromentalwiesen in der Nordostschweiz. Diplomarbeit an der Hochschule Weihenstephan-Triesdorf, Fakultät Umweltsicherung, Betreuung durch U. Asmus und A. Bosshard. ▪▪ Klapp E., 1965. Grünlandvegetation und Standort. Nach Beispielen aus West-, Mittel- und Süddeutschland. Parey, Berlin. ▪▪ Klötzli F. et al. 2010. Vegetation Europas. Das Offenland im vegetationskundlich-ökologischen Überblick. Ott, Berne. ▪▪ Kohli, L. & Birrer S., 2003. Verflogene Vielfalt im Kulturland – Zustand der Lebensräume unserer Vögel. Schweizerische Vogelwarte Sempach. ▪▪ Kuhn, U. et al., 1992. Naturschutz-Gesamtkonzept für den Kanton Zürich. Entwurf im Auftrag des Regierungsrates, Zürich. ▪▪ SBN (éd.), 1987. Tagfalter und ihre Lebensräume. Schweizerischer Bund für Naturschutz, 516 p. ▪▪ Scherrer M., 1925. Vegetationsstudien im Limmattal. Veröff. Geobot. Inst. Rübel, 2. Heft. Zurich. ▪▪ Schneider J., 1954. Ein Beitrag zur Kenntnis des Arrhenatheretum elatioris in pflanzensoziologischer und agronomischer Betrachtungsweise. Hans Huber, Bern. ▪▪ Schneider K. & Walter T., 2001. Fauna artenreicher Wiesen: Zielarten ­P otential und Realität am Beispiel der Tagfalter ( Rhopalocera und Grypocera) und Heuschrecken (Saltatoria). FAL - Schriftenreihe 38. ▪▪ Walter T. et al., 2013: Operationalisierung der Umweltziele Landwirtschaft – Bereich Ziel- und Leitarten, Lebensräume (OPAL). ART-Schriftenreihe 18, Zurich-Reckenholz-Tänikon. ▪▪ Stebler F. G. & Schröter C., 1892. Versuch einer Übersicht über die Wiesentypen der Schweiz. Landwirtschaftliches Jahrbuch der Schweiz 6.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015


Diminuzione di arrenatereti e conseguenze per la biodiversità Un confronto tra rilievi della vegetazione storici e attuali indica una drammatica diminuzione degli arrenatereti nelle pianure svizzere. Mentre nel 1920 difficilmente esistevano prati che non avessero un grado di qualità della biodiversità di molto al di sopra del QII; nel 1950, ancora 85 % dei prati gestiti più intensivamente sui suoli migliori raggiungeva ancora il livello QII, un terzo dei quali con una qualità molto elevata. Questi prati pingui vengono definiti prati dell’associazione Arrhenaterion (arrenatereti) e nel 1950 costituivano ancora il tipo di prato più diffuso. Come dimostrato da un’attuale comparazione di rilievi botanici, gli arrenatereti sono stati quasi tutti sostituiti da prati poveri di diversità vegetale a causa di una forte intensificazione dell’agricoltura. Oggigiorno questi prati – perlopiù gestiti come prati ecologici – ricoprono, nella loro formazione tipica, al massimo il 2 % della superficie agricola utile (SAU). Purtroppo anche gli arrenatereti rimasti sono enormemente impoveriti. Il numero medio di specie di piante è diminuito, dal 1950 a oggi, da 38 a 27 (-30 %). Le piante caratteristiche dei prati di questa associazione hanno subito un calo ancora più drastico, scendendo da 25 a 9 (-64 %). Il 71 % degli arrenatereti rilevati attualmente non raggiunge il livello QII. Ancora più marcata è la diminuzione della diversità faunistica, come dimostrato da una ricerca della letteratura. In questo ambito sono di grande importanza una rigorosa conservazione e un’efficiente promozione degli arrenatereti.

Summary

Riassunto

Recul des prairies à fromental Arrhenatheretum et conséquences sur la biodiversité | Environnement

The decline of Arrhenatherum meadows in the Swiss lowland and its consequences for biodiversity A comparison of historic and current vegetation surveys of intensively managed meadows reveals a dramatic decline of species diversity in Swiss lowland grassland. In the 1950s, the most intensively managed meadows were Arrhenatherum meadows. Over 85 % of these achieved the QII standard defining meadows with «high biodiversity value», and more than a third significantly surpassed the QII threshold. A current inventory shows that since the 1950s, Arrhenatherum meadows have been almost completely replaced by species-poor, highly intensified grassland. The remaining Arrhenatherum meadows – nearly all managed and funded as «ecological compensation areas» – make up less than 2 % of the permanent grassland area in the Swiss lowlands. These remaining Arrhenatherum meadows have impoverished species richness. On average, it has declined by 30 % from 38 plant species per 100 m2 in 1950 to 27 today. The number of species characteristic of the Arrhenatherum grassland communities has declined by 64 % from 25 to 9. Today 71 % of the few remaining Arrhenatherum meadows fail to reach the QII standard. The loss of animal diversity in Swiss lowland grassland is even more severe than the plant diversity decline, as shown by a literature review. Key words: Swiss lowland, permanent grassland, biodiversity decline, Arrhenatherum meadow, historic comparison.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 20–27, 2015

27


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère Arlène Müller, Alexander Burren et Hannes Jörg Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Alexander Burren, e-mail: alexander.burren@bfh.ch

Holstein Friesian

Brune

Fleckvieh

Simmental

Montbéliarde

Charolaise

Angus

Hérens

Piémontaise

Blonde d'Aquitaine

Blanc-bleue Belge

Limousine

Les races laitières et à viande avec lesquelles les éleveurs suisses effectuent des croisements. Photos: Holstein Friesian: G. Soldi, Holstein Switzerland; Brune: Braunvieh Schweiz; Fleckvieh: C. Burri, Swissherdbook; Simmental: R. Alder Montbéliarde: M. Killewald, Swissherdbook; Charolaise, Angus, Piémontaise, Blonde d’Aquitaine et Limousine: Mutterkuh Schweiz; H ­ érens: Eva Moors; Blanc-Bleu Belge: Sambraus 2011

Introduction Selon diverses études, des croisements appropriés entre race à viande et race laitière peuvent améliorer la performance bouchère des animaux F1 (Damon et al. 1960; Aass et Vangen 1998; Huuskonen et al. 2013). A l’heure actuelle, il n’existe pas, en Suisse, de recommandations pour l’accouplement entre race laitière et race à viande. Dans le cadre d’un travail de semestre réalisé à la HAFL, nous avons donc étudié pour quatre races laitières – Brune (BR), Fleckvieh (FL), Holstein Friesian (HO) et Simmental (SI) – quels croisements donnent les meilleurs résultats pour la catégorie, le poids mort, la charnure et la couverture graisseuse. Nous avons considéré pour ce faire des croisements entre les races laitières susmentionnées, ainsi que des croisements avec

28

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

les races Angus (AN), Charolaise (CH), Limousine (LI), Blonde d’Aquitaine (BA), Blanc-Bleu Belge (BB), Piémontaise (PI), Hérens (HR) et Montbéliarde (MO). En fonction de l’âge et du sexe, les animaux de boucherie sont classés dans les catégories suivantes: veaux (KV), jeune bétail (JB), taureaux sans dents de remplacement (MT), taureaux plus âgés (MA), bœufs jusqu’à 4 pelles (OB), génisses jusqu’à 4 pelles (RG), génisses dès 5 pelles/jeunes vaches jusqu’à 4 pelles (RV) et vaches (VK) (Harder 2000). Dans chaque catégorie, les carcasses sont réparties dans les classes de charnure C (très bien en viande), H (bien en viande), T (charnure moyenne), A (charnure faible) et X (très décharné) (Christen, s.d.). La classe de charnure est fixée en fonction du développement musculaire par rapport à la carcasse entière; elle est détermi-


Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale

Résumé

née par une estimation visuelle sur l’animal vivant ou mort (Harder 2000). L’animal est alors attribué à l’une des classes de charnure du système CH-TAX. Les classes T et X sont encore divisées en sous-classes: la classe T+ se situe entre T et H (satisfait partiellement aux exigences prévues pour H), tandis que la classe T- se situe entre A et T. La classe de charnure X est subdivisée en sousclasses 1X, 2X et 3X, 3X correspondant à la charnure la plus faible (Christen, s.d.). Le persillage de la viande (filaments graisseux) détermine sa jutosité et sa saveur. Il est directement lié à la présence d’indésirables dépôts de graisse sous-cutanés. Un bon persillage implique en effet une grande quantité de graisse sous-cutanée. On cherche aujourd’hui à obtenir une répartition régulière de la couverture de graisse à la surface des muscles. La couverture de graisse détermine la classe de tissu gras: 1 (absence de couverture), 2 (couverture partielle), 3 (couverture régulière), 4 (forte couverture), 5 (exagérément gras) (Harder 2000).

Matériel et méthodes La Banque de données sur le trafic des animaux (BDTA) a mis à notre disposition les données de 601 669 animaux de croisement nés entre 2000 et 2012 et issus d’un croisement (race laitière x race à viande ou race laitière 1 x race laitière 2). Pour l’analyse, nous nous sommes seulement intéressés aux races utilisées pour le croisement, sans nous préoccuper de laquelle était la mère et laquelle le père. La population étudiée de race FT est très hétérogène. Comme la série de données inclut très peu d’animaux Red Holstein, nous supposons que certains sujets ont été saisis par erreur comme de race Fleckvieh. Jusqu’en 2014, la Fleckvieh était en outre définie par de nombreux pourcentages de sang différents (Meier 2013); il en résulte une race hétérogène, difficile à synthétiser. Les données de la BDTA ne font par ailleurs pas de différence, pour la Simmental, entre les sujets à dominante laitière et ceux à dominante bouchère; seule la race est consignée dans la BDTA, pas le type de production. La charnure, la couverture graisseuse et le poids mort étaient au cœur de notre analyse. Pour les deux premiers critères, nous avons comparé les distributions de fréquences des différents animaux de croisement. À des fins de comparaison, les poids morts ont été corrigés selon des modèles linéaires mixtes, à l’aide du logiciel R et des paquets nlme (Pinheiro et al. 2013), lmmfit (Maj 2013) et car (Fox et Weisberg 2011). Les données ont été analysées séparément pour chaque catégorie (MT, OB, RG, RV et KV). Nous n’avons pas tenu compte des catégories MA et VK, car les gains journaliers des sujets âgés

Le croisement entre une vache laitière et un taureau de race à viande ne garantit pas forcément une bonne performance bouchère. Un travail de semestre réalisé à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) montre quels croisements donnent les meilleurs résultats pour le poids mort, la charnure et la couverture graisseuse. L’analyse porte sur les données de 601 669 animaux nés entre 2000 et 2012 et issus d’un croisement (race laitière × race à viande ou race laitière 1 × race laitière 2), mises à disposition par la Banque de données sur le trafic des animaux (BDTA). Les croisements entre la Brune et la Blonde d’Aquitaine ou la Charolaise permettent d’obtenir un poids mort élevé, une bonne charnure et une bonne couverture graisseuse. Le croisement entre la Brune et la Blanc-Bleu Belge donne des poids morts élevés et une excellente charnure pour les veaux et les taureaux à l’engrais. Dans toutes les catégories, la Blonde d’Aquitaine et la Charolaise donnent aussi de bons résultats avec la Fleckvieh et la Holstein Friesian. Les croisements entre la Fleckvieh et la Montbéliarde conviennent plutôt pour les veaux et les taureaux à l’engrais. Enfin, les croisements entre la Simmental et les races laitières Brune, Fleckvieh et Holstein Friesian se prêtent bien à l’engraissement des veaux, tandis que pour l’engraissement des bœufs, des génisses et des taureaux, un croisement entre Simmental et Charolaise est recommandé.

n’évoluent pas linéairement (Künzi et Stranzinger 1993), et nous avons également mis de côté la catégorie JB, car elle n’inclut que peu de sujets croisés. Composition du modèle : Poids mort = moyenne + exploitation + sexe1 + mois de naissance + taille de la portée + année d’abattage + race + zone + âge à l’abattage + couverture graisseuse +  charnure + reste La covariable «sexe» n’est pas présente dans les catégories MT, OB, RG et RV, car celles-ci comprennent uniquement des mâles, des femelles ou des sujets castrés.

1

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

29


Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère

Le degré de précision varie entre 48 et 75 % selon la catégorie. Le poids à la naissance étant inconnu pour de très nombreux animaux et le poids vif à l’abattage n’étant pas enregistré, nous avons remplacé le gain journalier par un gain à l’abattage calculé selon la formule suivante:

Il résulte de cette formule une faible surestimation du gain à l’abattage, car il n’est pas possible de soustraire le poids à la naissance du poids mort. Cette erreur étant commise pour toutes les races, elle ne pose pas de problème lors de la comparaison. Pour le calcul du poids mort standardisé, nous avons utilisé les effets des modèles linéaires et avons appliqué la formule suivante: Poids à l'abattage standartisé

Le but ultime étant d’étudier les différences conditionnées par la race, nous avons corrigé le poids mort selon le mois de naissance, l’année d’abattage, le sexe, la taille de la portée, la zone, la couverture graisseuse et la charnure, mais pas selon la race. Le degré de précision des modèles indique qu’il existe encore d’autres facteurs influant sur le poids mort qui n’ont pas pu leur être intégrés. Pour la comparaison des animaux de croisement, nous avons utilisé le poids mort moyen standardisé, intervalle de confiance à 95 % inclus. Selon les races croisées et la catégorie, ces deux paramètres se fondent sur

un nombre de sujets se situant entre 11 et 90 675, d’où un grand ou un petit intervalle de confiance. Lorsque le nombre était inférieur à 10, nous n’avons pas présenté les résultats.

Résultats et discussion Croisements avec la race Brune Croisées avec la Brune, trois races sont particulièrement intéressantes pour un poids mort élevé, une bonne charnure et une couverture graisseuse régulière. La BlancBleu Belge, connue pour son effet culard (Herdbook Blanc-Bleu Belge, s.d.), présente de très bons poids morts dans les catégories KV et MT lorsqu’elle est croisée avec la Brune (tabl. 1). Dans les catégories OB, RG et RV, dont l’élevage est généralement extensif (MLR, s.d.), ce croisement ne produit que des résultats médiocres. Même si l’on observe une tendance à une couverture partielle des carcasses, c’est avec la Blanc-Bleu Belge que l’on obtient, de loin, la meilleure charnure (fig. 1 et fig. 2). La Blonde d’Aquitaine et la Charolaise sont également bien adaptées au croisement avec la Brune. Contrairement à la Blanc-Bleu Belge, leur utilisation est plus vaste, car elles offrent de très bons poids morts dans toutes les catégories. La charnure est bonne dans l’ensemble, bien que ces races ne puissent rivaliser avec la Blanc-Bleu Belge. Concernant la couverture de graisse, la Blonde d’Aquitaine convainc plus que les deux autres races. Petrič et al. (2010) ont obtenu des résultats semblables lors d’une analyse comparative portant sur des croisements entre la Brune slovène et la Blanc-Bleu Belge, la Charolaise et la Limousine. Les poids morts les plus élevés ont été observés, dans la catégorie des veaux, pour le croisement avec la Blanc-Bleu Belge et, dans la catégorie des taureaux, pour le croisement avec la Cha- 

90 80 fréquence [%]

70 60 50 40 30 20 10 0 C BR x AN

H BR x BA

T+ BR x BB

BR x CH

T classe de charnure BR x FT

BR x HF

TBR x HR

A BR x LI

X BR x PI

BR x SI

Figure 1 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Brune.

30

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015


170,05ab ± 17,16

Fleckvieh

Simmental

175,89ab ± 21,67

Brune

159,92a ± 33,37

174,61a ± 4,77

Simmental

Holstein Friesian

126,92cfg ± 4,86

141,91h ± 2,51

Fleckvieh

Holstein Friesian

160,34 e ± 2,79

Brune

179,47d ± 4,18

Simmental

170,05d ± 3,12

Fleckvieh

161,83abe ± 8,45

171,56g ± 2,67

Brune

Holstein Friesian

197,71cd ± 4,86

Simmental

184,83a ± 1,27

Fleckvieh

189,41g ± 1,92

194,69e ± 1,43

Brune

Holstein Friesian

71,64 d ± 3,30

Simmental

78,61d ± 0,15

86,01g ± 0,71

77,22a ± 0,59

Fleckvieh

78,82a ± 0,81

80,37 ± 0,13

88,67 ± 0,51

78,75 ± 0,58

Brune

Holstein Friesian

d

a

160,59 b ± 6,05

172,61b ± 5,84

191,10 ab ± 33,84

169,32ab ± 19,22

176,32a ± 24,65

177,07a ± 11,38

200,70 c ± 1,28

214,73b ± 3,86

132,48 bc ± 1,35

142,53h ± 0,69

168,44 a ± 2,75

145,47a ± 3,43

158,84 e ± 0,74

172,54 a ± 2,44

201,35b ± 1,03

174,82b ± 0,95

193,60 a ± 3,03

210,31a ± 3,42

175,47f ± 0,79

187,89a ± 2,39

160,01b ± 2,36

207,67b ± 1,76

225,09a ± 6,80

170,84 a ± 5,89

189,39 g ± 0,52

187,07d ± 0,30

201,69 bc ± 1,73

198,38gh ± 1,56

189,50 b ± 0,33

76,40 e ± 0,86

81,17e ± 4,56

198,68d ± 1,33

81,11c ± 0,24

87,91ef ± 0,83

gh

Limousine

Charolaise

Angus

Les lettres indiquent des différences significatives (p<0,05).

RV

RG

OB

MT

KV

catégorie

race père/mère

Tableau 1 | Poids morts moyens standardisés, par croisement [kg]

181,65ab ± 17,93

179,93ab ± 34,14

138,05ab ± 4,72

154,12b ± 3,36

158,47e ± 3,12

152,83bd ± 9,13

182,45c ± 4,80

175,79 bfg ± 4,17

208,83a ± 2,04

204,20 b ± 1,43

206,97c ± 1,24

95,34 b ± 0,82

93,48 b ± 0,70

96,09 ± 0,45 b

Blonde d'Aquitaine Piémontaise

Fleckvieh

Holstein Friesian

124,99 deg ± 5,69

123,01de ± 4,18

141,32c ± 4,15

138,70 cd ± 10,20

143,17fg ± 9,03

167,60 eg ± 6,21

194,12ef ± 2,66

197,82 fg ± 2,12

204,72c ± 1,96

85,42g ± 1,29

85,54fg ± 0,93

89,06g ± 0,70

184,30 a ± 29,76

178,04 ab ± 27,55

114,97d ± 4,80

128,33ef ± 3,72

152,64 e ± 6,88

139,54 cd ± 10,75

157,57f ± 6,83

184,92ab ± 7,20

199,29cd ± 2,37

198,01gh ± 1,63

194,22ef ± 2,64

86,11fg ± 1,14

83,93f ± 0,77

86,32e ± 0,94

179,39a ± 15,61

177,26 a ± 8,70

189,65a ± 6,19

190,21a ± 14,66

128,56d ± 4,32

118,50 d ± 3,90

125,43b ± 5,26

148,83c ± 9,63

135,87g ± 7,72

144,66c ± 9,55

204,14 c ± 1,59

190,68e ± 1,84

197,68de ± 2,05

89,49c ± 0,71

86,50 gh ± 0,50

88,18 fg ± 0,65

189,65a ± 6,19

186,30 a ± 8,92

138,18e ± 3,69

118,50 df ± 3,90

135,36cd ± 3,42

177,12d ± 5,11

135,87c ± 7,72

155,68cd ± 5,39

195,90 d ± 1,26

190,68 fg ± 1,84

195,15e ± 1,23

86,57b ± 0,66

86,50 g ± 0,50

87,38ef ± 0,46

Poids moyen à l'abattage standardisé ± 95 % limite d'erreur [kg]

Blanc-Bleu Belge

race père/mère

179,39a ± 15,61

177,26 ab ± 8,70

181,19a ± 13,96

128,56ce ± 4,32

138,18gh ± 3,69

133,50 d ± 2,16

148,83bc ± 9,63

177,12bcd ± 5,11

159,60 de ± 3,97

204,14 b ± 1,59

195,90 fg ± 1,26

197,64 df ± 0,78

89,49 d ± 0,71

86,57gh ± 0,66

87,93fh ± 0,34

Simmental

181,19a ± 13,96

190,21a ± 14,66

186,30 ab ± 8,92

133,50 de ± 2,16

125,43ef ± 5,26

135,36fg ± 3,42

159,60 c ± 3,97

144,66cde ± 9,55

155,68 f ± 5,39

197,64 d ± 0,78

197,68de ± 2,05

195,15f ± 1,23

87,93a ± 0,34

88,18de ± 0,65

87,38eh ± 0,46

Brune

170,97ab ± 34,42

97,91c ± 4,97

131,68 bcd ± 12,58

132,05eg ± 9,96

164,28cefg ± 11,73

168,79c ± 2,67

168,23a ± 4,32

69,83c ± 0,97

68,18c ± 1,23

Hérens

178,45ab ± 16,55

92,70 c ± 8,39

109,51e ± 13,15

194,74 efh ± 3,41

89,95e ± 2,23

Montbéliarde

Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

31


Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère

fréquence [%]

Fettgewebe der Kreuzungen mit Braunvieh 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

1

2

BR x AN BR x HF

3 classe de tissu gras BR x BA BR x BB BR x CH BR x LI BR x HR BR x PI

4

5

BR x FT BR x SI

Figure 2 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Brune.

rolaise. Chez les veaux comme chez les taureaux, le croisement avec la Blanc-Bleu Belge produit des sujets mieux en viande, mais avec une plus faible couverture graisseuse. Le croisement entre la Brune et les races Hérens ou Angus ne permet pas d’obtenir des poids morts élevés ni des animaux bien en viande. Dans toutes les catégories, on observe des poids moyens à l’abattage faibles à moyens. La charnure de ces animaux est par ailleurs médiocre. Le croisement avec les races à dominante laitière Fleckvieh et Holstein Friesian donne toutefois une encore plus mauvaise charnure. Concernant le poids mort, ces sujets peuvent tout au plus rivaliser avec les races à viande dans la catégorie KV. À noter que pour le croisement avec la Holstein Friesian, le poids mort est un peu plus élevé, mais la charnure nettement moindre. Croisements avec la race Fleckvieh Pour la Fleckvieh, deux croisements présentent dans toutes les catégories des poids morts standardisés élevés, de très bonnes charnures et une bonne couverture graisseuse (tabl. 1, fig. 3 et fig. 4). La Charolaise et la Blonde Fleischigkeit der Kreuzungen mit Fleckvieh

d’Aquitaine convainquent en effet pour les trois paramètres de la performance bouchère. La Blonde d’Aquitaine permet surtout d’obtenir des poids morts élevés dans les catégories KV et MT, tandis que la Charolaise s’en sort mieux dans les catégories OB et RG. Or, dans ces catégories, l’alimentation est généralement plus extensive que dans les catégories KV et MT (MLR, s.d.). Une analyse complémentaire de l’aptitude à l’engraissement de ces deux croisements dans des conditions extensives d’une part et intensives d’autre part apporterait ici plus de clarté, car la Blonde d’Aquitaine et la Charolaise sont considérées comme des races adaptées à l’élevage extensif (CONVIS s.c., s.d.; Bundesverband Blonde d’Aquitaine, s.d.). Abstraction faite du mode de détention et de la catégorie, ces deux races offrent de très bonnes charnures et une bonne couverture graisseuse en croisement avec la Fleckvieh. Le croisement avec la Blanc-Bleu Belge promet certes des charnures record, mais il ne convainc pas en matière de poids à l’abattage et de couverture graisseuse. De même, les croisements avec les races Hérens et Angus sont peu concluants: le poids mort est faible, les charnures sont médiocres et, pour l’Angus, la couverture de graisse est tendanciellement trop marquée. En croisement avec la Fleckvieh, les races à finalité moins bouchère (Brune, Holstein Friesian, Montbéliarde et Simmental) ne peuvent pas rivaliser avec les races à viande. Ces croisements produisent les meilleurs poids morts dans la catégorie KV. La Brune donne aussi de bons résultats dans la catégorie RG. Croisée avec la Fleckvieh, la Simmental (une race à deux fins typique) présente des poids morts tendanciellement plus élevés. Kögel et al. (2000 a, b et 2001 a, b), cités par Fürst-Waltl (2005), ont fait une analyse comparative de croisements entre la Fleckvieh allemande et les races Angus allemande, Blanc-Bleu Belge, Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine et Piémontaise. Ils ont eux aussi observé

70

fréquence [%]

60 50 40 30 20 10 0 C

H

T+

BR x FT

FT x AN

FT x HR

FT x LI

T classe de charnure FT x BA FT x MO

T-

FT x BB

FT x CH

FT x PI

FT x SI

A

X

FT x HF

Figure 3 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Fleckvieh.

32

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015


Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale

fréquence [%]

Fettgewebe der Kreuzungen mit Fleckvieh 80 70 60 50 40 30 20 10 0

1

2

3 classe de tissu gras

4

BR x FT

FT x AN

FT x BA

FT x BB

FT x CH

FT x HR

FT x LI

FT x MO

FT x PI

FT x SI

5 FT x HF

Figure 4 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Fleckvieh.

que les animaux les mieux en viande sont issus du croisement entre la Fleckvieh et la Blanc-Bleu Belge; viennent ensuite les croisements avec la Charolaise, la Blonde d’Aquitaine et la Limousine. Ce classement correspond à celui de la présente analyse. Nous n’avons pas étudié les poids morts et la couverture de graisse, mais les gains journaliers révèlent la supériorité des croisements entre la Fleckvieh et la Charolaise ou la Blonde d’Aquitaine. Croisements avec la race Holstein Friesian De tous les croisements étudiés pour la Holstein Friesian, deux sont particulièrement adaptés à la production de carcasses lourdes et charnues, présentant une couverture graisseuse régulière (tabl. 1, fig. 5 et fig. 6). Dans les catégories KV, MT, OB et RG, les croisements entre la Holstein Friesian et la Blonde d’Aquitaine ou la Charolaise se démarquent par des poids morts standardisés élevés. Ils donnent aussi de bonnes charnures, même si la Blanc-Bleu Belge fait encore mieux pour ce critère. Par rapport à la Blonde d’Aquitaine, le croisement avec la Charolaise donne une charnure tendanciellement plus élevée. La couverture graisseuse des carcasses est plutôt

faible, mais un peu plus régulière avec la Charolaise. Le croisement entre Holstein Friesian et Simmental est concluant pour la couverture graisseuse et, dans les catégories KV et MT, le poids mort peut rivaliser avec la Charolaise. Toutefois, la Simmental étant une race à deux fins, les sujets sont moins charnus. Huuskonen et al. (2013) parviennent à des résultats comparables. Chez les bovins finlandais, le croisement avec la Charolaise a produit les poids morts les plus élevés, suivi du croisement avec la Blonde d’Aquitaine, qui donne la meilleure charnure, mais la plus faible couverture de graisse. On constate encore d’autres recoupements pour le croisement avec l’Angus. Huuskonen et al. (2013) ont montré que celui-ci produit de faibles poids morts et une forte couverture des carcasses. C’est ce que confirment les résultats: dans les catégories KV et MT, le croisement avec l’Angus produit les poids morts standardisés les plus faibles et, toutes catégories confondues, 1 sujet sur 5 est fortement couvert. Croisements avec la race Simmental Pour le croisement avec la Simmental, on constate que les races à dominante laitière Brune, Fleckvieh et Holstein Friesian se prêtent bien à la production de veaux d’étal (tabl. 1, fig. 7 et fig. 8). Dans la catégorie KV, ils donnent en effet des résultats significativement meilleurs que les croisements avec des races à viande et présentent dans l’ensemble la couverture graisseuse la plus adaptée. Dans les autres catégories, les croisements (successifs) avec des races d’engraissement l’emportent. Il semble donc avantageux d’utiliser les sujets issus d’un croisement entre la Simmental et la Brune, la Fleckvieh ou la Holstein Friesian pour la production de veaux d’étal, tandis que les croisements avec des races à viande  conviennent plutôt à la production de bétail d’étal.

Fleischigkeit der Kreuzungen mit Holstein Friesian 60

fréquence [%]

50 40 30 20 10 0 C BR x HF

H FT x HF

HF x AN

T+ HF x BA

T classe de charnure HF x BB

HF x CH

T-

A HF x LI

X HF x PI

HF x SI

Figure 5 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Holstein Friesian.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

33


Production animale | Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Fettgewebe Fettgewebe der der Kreuzungen Kreuzungen mit mit Simmental Simmental

fréquence fréquence[%] [%]

fréquence [%]

Fettgewebe der Kreuzungen mit Holstein Friesian

1

2

3 classe de tissu gras

4

BR x HF

FT x HF

HF x AN

HF x BA

HF x CH

HF x LI

HF x PI

HF x SI

5 HF x BB

90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 00

11

22 BR BR xx SI SI

Figure 6 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Holstein Friesian.

FT FT xx SI SI

33 classe classe de de tissu tissu gras gras HF HF xx SI SI

SI SI xx AN AN

44 SI SI xx CH CH

55 SI SI xx LI LI

Figure 8 | Distribution de fréquences de la couverture graisseuse, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Simmental.

fréquence [%]

Fleischigkeit der Kreuzungen mit Simmental 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

Conclusions

C

H

BR x SI

T+

FT x SI

T classe de charnure HF x SI

SI x AN

T-

X

A

SI x CH

SI x LI

Figure 7 | Distribution de fréquences des classes de charnure, toutes catégories confondues, pour les croisements avec la Simmental.

La comparaison entre les races à viande Angus, Charolaise et Limousine montre que croisée avec la Simmental, la Charolaise est la plus adéquate pour améliorer le poids mort et les caractéristiques bouchères. Ce croisement produit les poids morts les plus élevés dans les catégories d’étal MT, OB et RG, et la meilleure charnure toutes catégories confondues. Les sujets de race pure Charolaise sont tendanciellement peu charnus (CONVIS s.c, s.d.), ce que l’on remarque aussi en croisement avec la Simmental. Les carcasses sont moins bien couvertes qu’avec les races laitières étudiées ainsi qu’avec la Limousine; la classe de couverture graisseuse 2 y est en outre légèrement mieux représentée. Après la Charolaise, c’est la Limousine qui donne les poids morts standardisés les plus élevés dans les catégories MT, OB et RG; elle produit en outre globalement une très bonne charnure. Concernant la couverture graisseuse des carcasses, le croisement avec la Limousine donne tendanciellement les meilleurs résultats. Enfin, le croisement entre la Simmental et l’Angus ne donne pas d’excellents résultats en matière de poids mort standardisé, de charnure et de couverture graisseuse.

34

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

Pour les races Brune, Fleckvieh, Holstein Friesian et Simmental, la présente analyse a permis d’identifier des partenaires d’accouplement adéquats, qui permettent d’obtenir des poids morts élevés, une bonne charnure et une couverture graisseuse régulière des carcasses. La Blonde d’Aquitaine et la Charolaise sont de bons partenaires pour la Brune, cela dans toutes les catégories. Par ailleurs, le croisement entre la Brune et la Blanc-Bleu Belge donne des poids morts élevés et une excellente charnure pour les veaux et les taureaux à l’engrais. Croisées avec la Fleckvieh et la Holstein Friesian, la Blonde d’Aquitaine et la Charolaise donnent de bons résultats pour toutes les catégories. S’agissant de l’engraissement de veaux et de taureaux, les croisements entre la Fleckvieh et la Montbéliarde sont particulièrement adaptés. Ceux entre la Simmental et les races à dominante laitière Brune, Fleckvieh et Holstein Friesian se prêtent bien à l’engraissement des veaux. Enfin, pour les taureaux, les bœufs et les génisses à l’engrais, un croisement entre la Simmental et la Charolaise est indiqué. Les recommandations pour les croisements entre races se fondent uniquement sur leur aptitude à fournir des poids morts élevés, une bonne charnure et une couverture régulière des carcasses. D’autres facteurs importants, par exemple le déroulement du vêlage, la rusticité et l’aptitude à l’engraissement extensif, n’ont pas pu être considérés dans la présente étude. Enfin, nous n’avons pas non plus tenu compte de l’hétérogénéité des populations Fleckvieh et Simmental. n


Resa alla macellazione ottimale grazie all'accoppiamento mirato di razze bovine da carne e da latte Dall'incrocio tra una vacca da latte e un toro di una razza da carne non sempre si ottengono capi con una buona resa alla macellazione. In una tesina semestrale realizzata dalla Scuola universitaria di scienze agronomiche, forestali e alimentari si è pertanto studiato quali incroci presentano le migliori rese relativamente a peso morto, muscolatura e copertura di grasso. Le analisi si fondano sui dati, messi a disposizione dalla Banca dati sul traffico di animali (BDTA), riguardanti 601 669 capi nati tra il 2000 e il 2012 da un incrocio (razza da latte x razza da carne o razza da latte 1 x razza da latte 2). Per la razza Bruna, gli incroci con la Blonde d'Aquitaine e la Charolaise si dimostrano molto adatti in tutte le categorie di animali da macello per raggiungere valori elevati in quanto a peso morto, muscolatura e copertura di grasso. Per la produzione di vitelli e tori da ingrasso, anche la razza Blu Belga si distingue per l'elevato peso morto e l'eccezionale muscolatura. Per gli incroci con la Fleckvieh e la Holstein Friesian, a mostrare buoni risultati in tutte le categorie di animali da macello sono anche le razze Blonde d'Aquitaine e la Charolaise. Gli incroci della Fleckvieh con la Montbéliarde sono più adatti per vitelli e tori da ingrasso. Negli incroci con la Simmental, le razze lattifere Bruna, Fleckvieh e Holstein Friesian si rivelano particolarmente adatte per produrre vitelli da ingrasso, mentre per la produzione di buoi, manzi e tori da ingrasso si raccomanda un incrocio con la Chaloraise.

Summary

Riassunto

Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère | Production animale

Identifying ideal beef and dairy crossbreeds to optimise slaughter yields Not every beef and dairy breed cross results in equally high slaughter yields. In Switzerland, however, no recommendations on the ideal pairings of beef and dairy breeds are available. This study aims to demonstrate which crossbreeds produce the best returns in terms of carcass weight, conformation and fat cover. The data set consisted of 601 669 cross­ breeds drawn from the Swiss TVD AG Database on Animal Movements, with the individuals in question being born between 2000 and 2012 and resulting from a cross (dairy breed x beef breed or dairy breed 1 x dairy breed 2). Results showed that Blonde d'Aquitaine and Charolais are suitable breeding partners for Braunvieh in all slaughter categories, while Belgian Blue crosses with Braunvieh are characterised by high carcass weights and excellent conformation in the fattening calf and bull slaughter categories. Fleckvieh and Holstein Friesian crosses with Blonde d'Aquitaine and Charolais individuals produce good results across all slaughter categories. Fleckvieh crosses with Montbéliarde are particularly well suited for producing fattening calves and bulls. Simmental crosses with Braunvieh, Fleckvieh and Holstein Friesian dairy breeds show good potential for producing fattening calves. For bull, oxen and cattle fattening, it is recommended to cross Simmental with Charolais. Key words: crossbreeding, carcass traits, beef bulls, dairy x beef.

Bibliographie Les références bibliographiques sont disponibles auprès de l'auteur.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 28–35, 2015

35


E c l a i r a g e

Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies1 Peer Schilperoord Biologiste, Voia Gonda 1, 7492 Alvaneu Dorf, Suisse Renseignements: Peer Schilperoord, e-mail: schilperoord@bluewin.ch, www.berggetreide.ch

Figure 1 | De gauche à droite: deux grains de blé compact ( Triticum aestivum subsp. aestivum), d'épeautre ( T. aestivum subsp. spelta) et d'amidonnier ( T. turgidum subsp. dicoccum). (Photo: Peer Schilperoord)

L’épeautre, le blé, l’orge, la pomme de terre et le maïssont au cœur d’une série de cinq monographies, «Plantes cultivées en Suisse». Publiée en 2013 et 2014, cette série décrit les ressources génétiques conservées dans leur contexte historique. Elle détaille la morphologie de la plante, explique comment la diversité est apparue et thématise le pourquoi et le comment de la collecte d’une espèce. Elle rappelle qu’une variété locale est un instantané dans l’existence d’une plante cultivée. Les plantes cultivées font partie du patrimoine culturel suisse. Les activités de conservation des variétés anciennes et locales ont commencé vers 1900 en Suisse, lorsque les chercheurs de la Station fédérale d’essais La série de cahiers put être réalisée grâce au soutien financier de, entre autres: la Loterie du canton de Zurich, la Loterie Romande, l’Office de l’agriculture et géoinformation (ALG) des Grisons.

agricoles de Mont Calme (Lausanne) ont commencé à collecter des variétés locales de blé et d’orge. Aujourd’hui, plus de10 000 échantillons sont conservés par Agroscope sur le site de Changins. Depuis 1999, le Plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (PAN2) permet conjointement d’assurer la conservation et d’assurer une caractérisation et une évaluation agronomique des variétés conservées. Les données collectées sont mises à disposition du public par une base de données (www.bdn.ch). Les monographies sur l’épeautre, le blé, l’orge, la pomme de terre et le maïs, brièvement présentées ciaprès, ont été publiées entre novembre 2013 et juillet

1

36

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015

http://www.blw.admin.ch/themen/01623/01627/01694/index.html?lang=fr

2


Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies | Eclairage

2014. Elles montrent ce qui a été collecté et de quelle manière ainsi que ce qui a été perdu. Elles renseignent sur la première apparition de la plante en Suisse et sur l’évolution de sa diversité. La description morphologique fixe un cadre que complètent les découvertes archéologiques. Chaque variété de plante cultivée a sa propre histoire, sa propre biographie. Cette série de publications est issue d’une initiative de l’Association pour la culture de céréales de montagne (Verein für alpine Kulturpflanzen). De nombreuses personnes en lien étroit avec les plantes cultivées, chercheurs, praticiens, mainteneurs ou commerçants ont soutenu ce travail pour son contenu et par la mise à disposition d’illustrations. La série est parue en allemand et a été également publiée en français. Extraits de l’avant-propos, monographie sur l’épeautre Arnold Schori, chef du département de recherche en amélioration des plantes et ressources génétiques à Agroscope Changins, a rédigé l’avant-propos de la première monographie (épeautre). Il écrit: «La valeur culturelle des plantes, et parmi elles, celle de l’épeautre, ressort ici magnifiquement, tout autant que sa valeur génétique. La lecture de la plante que nous propose Peer Schilperoord est aussi intéressée que celle du sélectionneur souhaitant améliorer l’espèce et l’adapter aux besoins du moment.» Et encore: «Cette monographie est un solide plaidoyer pour la préservation de notre diversité agricole et contribue à nous faire comprendre et aimer une autre espèce agricole […]». Histoire des plantes cultivées L’histoire des plantes cultivées témoigne d’une dynamique dans le spectre des variétés existantes. Hormis dans les zones marginales d’une espèce cultivée, où la sélection naturelle est si rude que seules quelques variétés peuvent être cultivées, les plantes cultivées ont fait l’objet d’essais et d’expérimentations incessants au cours des 500 dernières années afin d’en repérer les meilleures, mieux adaptées aux conditions climatiques. Evidemment, les parcelles produisant la meilleure semence étaient connues et leur semence principalement diffusée localement, dans la partie de vallée concernée. Un exemple qui illustre cette dynamique de renouvellement variétal est la substitution, au cours de la première moitié du 19e siècle, des variétés de pommes de terre originaires du Pérou par des provenances issues de l’archipel de Chiloé, situé au sud du Chilipar, à environ 42° de latitude. Autre exemple: sans exception, les variétés d’orges nues et vêtues étaient à l’origine toutes à 6 rangs. Or les variétés à 6 rangs sont à peine représentées dans la collection de la banque de gènes.

Figure 2 | Couverture de la monographie «Plantes cultivées en S­ uisse – L'orge».

Bref survol des cinq monographies Épeautre L’épeautre cultivé en Europe occupe une place unique parmi les céréales. C’est la seule céréale née en Europe occidentale. L’épeautre et le blé tendre appartiennent à la même espèce. Bien que l’épeautre paraisse plus primitif que le blé, il est apparu plus tard. L’épeautre apparaît de manière assez soudaine en Suisse à partir de 2300 ans avant J.-C. Il est issu de croisements entre le blé tendre et l’amidonnier (fig. s1). L’épeautre est un blé présentant des caractères de l’amidonnier. Dans de nombreuses régions, il était encore au 19e siècle la principale céréale. La collection primaire d’épeautre en Suisse est d’importance mondiale. Blé Les variétés locales originelles et les variétés locales ­améliorées n’ont pas suivi l’évolution de l’agriculture des 100 dernières années. La fertilité du sol s’est accrue et la technique de récolte a radicalement évolué. La plupart de ces variétés locales versent trop facilement et ne  peuvent dès lors plus être cultivées dans la pratique.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015

37


Eclairage | Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies

Figure 3 | Grains de maïs, respectivement fruits et grains du maïs sauvage (téosinte). De bas en haut: Zea mays subsp. mexicana (téosinte); Zea mays subsp. parviglumis (téosinte); Zea mays subsp. mays (maïs cultivé). Le maïs cultivé dérive de la sous-espèce parviglumis aux fruits plus petits. Les fruits du téosinte sont comme des petits cailloux, le péricarpe est extrêmement dur. Sur le bord droit de la photo, des «grains» ­d écortiqués sont visibles, après extirpation des fruits.

Orge L’orge a été cultivée en Suisse de façon ininterrompue durant 7000 ans (fig. 2). Les semences se sont transmises d’une génération à l’autre. Grâce à sa précocité et sa capacité d’adaptation, elle a pu être cultivée aux attitudes les plus basses comme aux altitudes élevées des vallées alpines reculées. Mais une rupture avec cette tradition est survenue il y a 50 ans. La culture a été abandonnée dans les régions périphériques et, dans les zones propices, les variétés suisses ont été remplacées par des variétés étrangères. Les variétés locales suisses ne jouent aucun rôle dans la sélection de l’orge en Europe. En revanche, elles ont été très importantes dans la sélection de l’orge aux Etats-Unis. Une variété locale issue de la région du lac de Sempach a même sauvé la culture des orges brassicoles du Midwest américain. Pomme de terre Peu de variétés locales de pommes de terre ont été conservées. Les viroses réduisant les rendements, les anciennes variétés ont eu de la peine à se maintenir durablement. Les nouveaux plants assainis de pomme de terre, exempts de virus, sont plus productifs que des anciennes variétés affectées. Dans certaines régions,au

38

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 36–38, 2015

20e siècle, les exploitations de plaine s’approvisionnaient toujours en plants de pomme de terre auprès de mayens cultivant des pommes de terre. Maïs L’histoire de l’origine du maïs est extraordinaire. Elle illustre de façon exemplaire la capacité de métamorphose des plantes. Les petits fruits (caryopses) d’environ 6 mm du téosinte ressemblent à des petites noix, l’épicarpe est dur comme pierre et sillonné de silice (fig. 3). En revanche, les grains du maïs ne sont pas vêtus. À l’origine, le téosinte était utilisé comme légume, pour sa moelle douce et ses jeunes épis femelles sucrés. n

Bibliographie ▪▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – L'épeautre. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 36 p. ▪▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – Le blé. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 40 p. ▪▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – L'orge. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 39 p. ▪▪ Schilperoord P., 2014. Plantes cultivées en Suisse – Pomme de terre. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 41 p. ▪▪ Schilperoord P., 2013. Plantes cultivées en Suisse – Le Maïs. Editeur Verein für alpine Kulturpflanzen, Alvaneu. 40 p.


A c t u a l i t é s

Actualités

Recherche Agronomique Suisse arrive sur vos tablettes Recherche Agronomique Suisse est désormais accessible par tablette et smartphone, grâce à la nouvelle App «Publications Agroscope». Cette App offre non seulement la version électronique des articles, mais aussi des informations complémentaires sur des thèmes sélectionnés. Elle permet également de consulter toutes les archives de la revue. L’abonnement à ce nouveau service est attractif: l’accès à la version tablette revient à CHF 61.–, soit autant que l’édition imprimée. Si vous souhaitez lire la revue aussi bien sur la tablette que sous forme papier, il ne vous en coûtera pas beaucoup plus (CHF 71.–). La nouvelle App permet également de s’abonner à la revue Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau ainsi qu’à la Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture à des conditions avantageuses. Vous trouverez plus de détails sur le prix des abonnements sur les sites Web des différents magazines: ••www.rechercheagronomiquesuisse.ch ••www.obstundweinbau.ch ••www.revuevitiarbohorti.ch

L’application permet en outre de télécharger gratuitement les autres publications Agroscope: les Agroscope Transfer et les fiches techniques Agroscope, qui s’adressent tous deux à la pratique, Agroscope Science, qui contient des résultats pour la science et différentes autres publications spécialisées. Pour que les lecteurs et les lectrices puissent s’y retrouver plus facilement, les publications sont classées en sept rubriques thématiques: plantes, animaux, denrées alimentaires, environnement, économie, technique et aspects sociaux. Les liens pour télécharger l’App (iOs et Android) sont disponibles sur: www.agroscope.ch > Publications > Apps.

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 39, 2015

39


I n t e r v i e w

Susanne Ulbrich, professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich bovins qui seront mis à disposition de l’ETH Zurich dès 2017 dans le cadre du vaste projet Agrovet-Strickhof. Madame Ulbrich représente les intérêts des étudiants et des chercheurs de l’ETH dans la planification et la mise sur pied de la ferme expérimentale Agrovet-Strickhof. Madame Ulbrich, vous avez été nommée professeur de physiologie animale. Quel est l’objet de vos recherches? Qu’est-ce qui vous fascine dans ces recherches? La physiologie est l’enseignement du fonctionnement naturel du corps. En font partie les cellules individuelles, mais aussi l’organisme tout entier qui peut atteindre un poids de plusieurs tonnes. Les différents organes remplissent des tâches différentes très spécialisées. La physiologie décrit ces tâches et explique leurs interactions – ce qui sert de base pour comprendre à quelles exigences les animaux peuvent être soumis, quelles sont les exigences des animaux par rapport à leur environnement et quelles sont les approches possibles pour éviter les maladies.

En septembre 2013, Madame Susanne Ulbrich a été nommée professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich. Auparavant, elle menait des recherches et enseignait à l’Université technique de Munich en Allemagne. Ses recherches, qui portent en priorité sur la physiologie de la reproduction et l’influence du métabolisme sur celleci, se trouvent au carrefour entre l’agronomie, la biologie et la médecine vétérinaire. Madame Ulbrich utilise des techniques de biologie moléculaire et des méthodes biomédicales ultramodernes pour ses recherches sur les animaux de rente. Elle travaille essentiellement avec des

40

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 40–41, 2015

Vous menez des recherches sur les rapports entre les processus du métabolisme et de la reproduction chez les animaux de rente. Sur quoi vos recherches sont-elles axées exactement? Ce qui me fascine, c’est de voir comment la vie apparaît. Comment, à partir de quelques cellules identiques, un être vivant se développe avec une multitude de cellules, tissus et organes différents ayant chacun des tâches très différentes, et comment ces tâches interagissent avec l’environnement. J’essaie de découvrir pourquoi une nouvelle vie réussit si souvent et si bien à se former dans le corps de nos animaux de rente, bovins ou porcs. Au cours de l'évolution, il s'est révélé avantageux pour le fœtus d’être protégé dans l’utérus contre l’environnement. Pour la vache ou la truie, cela signifie répartir les ressources alimentaires entre la mère et le fœtus et se préparer à la lactation. C’est une simple tâche régulatrice. A votre avis, quels sont les plus grands défis dans ce domaine de recherche dans le monde entier et quelles sont les possibilités pour les relever? En agronomie, le plus grand défi global est d’assurer à une population mondiale croissante l’accès à des denrées alimentaires en suffisance. Une augmentation durable de la productivité de denrées alimentaires de


Susanne Ulbrich, professeure de physiologie animale à l’ETH Zurich | Interview

qualité doit se faire tout en minimisant l’utilisation des ressources. Les produits animaux constituent pour l’homme une source appropriée de protéines alimentaires de grande qualité, et en raison de leur valeur biologique élevée, leur potentiel est incontesté. Les performances animales peuvent certes être augmentées, mais elles montrent toujours des limites. Des problèmes de fécondité sont souvent le premier signe indiquant que les limites de performances ont été atteintes. Un défi particulièrement important est de comprendre les paramètres d’un métabolisme efficient qui transforme en protéines animales les fourrages végétaux que l’homme ne peut pas utiliser lui-même pour se nourrir. Chez l’animal en bonne santé règne un équilibre physiologique qu’il s’agit d’utiliser de manière habile pour produire des denrées alimentaires d’origine animale. Dans les recherches que vous menez, quels sont les thèmes particulièrement importants pour l’agriculture suisse? Le lait est un des principaux produits agricoles de la Suisse qui, depuis des siècles, est traditionnellement transformé en fromage. Cette transformation du lait permet d’obtenir une importante valeur ajoutée. La reproduction constitue une condition indispensable pour qu’il y ait une lactation; elle constitue un grand défi pour la vache laitière et il faut en comprendre les bases pour pouvoir répondre de manière adéquate aux besoins des animaux et produire à long terme des denrées alimentaires saines. Quel impact votre recherche aura-t-elle sur l’agriculture suisse? Les nombreux sites d’enseignement et de recherche dans le domaine des animaux de rente en Suisse se complètent très bien au niveau technique de par leurs différentes manières de procéder. Cela convient bien à la branche interdisciplinaire qu’est l’agronomie. Je considère que pour la physiologie animale à l’ETH Zurich, ce dialogue étroit est une grande chance d’aborder des problématiques importantes en pratique et de les traiter en recourant aux sciences fondamentales. J’aimerais ainsi contribuer à ouvrir des voies entièrement nouvelles pour résoudre les problèmes rencontrés. Votre déménagement en Suisse et à l’ETH Zurich aura-til un impact sur votre recherche et sur l’enseignement? A l’ETH Zurich, je trouve un positionnement clair en matière de recherche et d’enseignement des fondements de l’agronomie. Dans les sciences animales, cela se voit par exemple dans la réalisation de la nouvelle ferme expérimentale Agrovet-Strickhof. Les recherches sur les

grands animaux sont certes très fastidieuses et coûteuses, mais elles tiennent compte de la complexité de l’animal tout entier. Des mécanismes de régulation redondants (qui se renforcent mutuellement) ou compensatoires (contraires) se produisent et peuvent avoir des effets ou empêcher certains effets. Ces effets ne peuvent être prédits dans des expériences simplifiées sur des cultures de cellules. C’est la raison pour laquelle on ne peut, ni ne devrait, renoncer aux connaissances que l’on peut acquérir directement au travers de nos animaux de rente. Qu’apprendront exactement les étudiants dans vos cours? J’aimerais susciter chez les étudiants de l’enthousiasme pour la physiologie et leur démontrer l’ancrage de cette branche dans les sciences agronomiques et environnementales. Les connaissances du mode de fonctionnement du corps permettent de répondre à des questions actuelles et futures auxquelles les diplômés sont confrontés. Ces questions concernent par exemple la qualité, les performances et les limites des performances de la chaîne de valeur animale. Pour pouvoir relever les critères appropriés, il faut comprendre ce qui se passe dans un corps en bonne santé. Madame Ulbrich, vous coordonnez à l’ETH Zurich les intérêts des étudiants et des chercheurs dans le projet Agrovet-Strickhof. En quoi ce projet consiste-t-il exactement? Quels en sont les participants? Quelles seront les recherches menées au futur centre Agrovet-Strickhof et qu’y enseignera-t-on? Le Centre de formation et de recherche Agrovet-Strickhof permettra une étroite collaboration entre les trois institutions que sont le Centre de compétences agricoles et agroalimentaires de Strickhof, l’Université de Zurich et l’ETH Zurich. Un centre pour animaux de rente sera construit, avec des étables pour du bétail laitier et l’engraissement de bovins ainsi qu’une étable pour animaux de rente pour la formation des étudiants. Un centre métabolique avec des chambres de respiration constitue le point fort de nos recherches sur une détention d’animaux de rente efficiente et pauvre en émissions. Le projet constitue un grand défi au niveau de la coordination des intérêts. La culture de dialogue ouvert des participants montre leur volonté et leur capacité à aborder ensemble les différentes approches de manière profitable. L’avantage est sans aucun doute l’établissement durable des recherches menées sur les animaux de rente en mettant en commun de manière exemplaire les compétences et les ressources. n Brigitte Dorn, ETH Zurich

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 40–41, 2015

41


Actualités

Communniqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 11.12.2014 Des chercheurs du monde entier unis dans la lutte contre les bactéries pathogènes de la pomme de terre Agroscope et la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL ont organisé la seconde conférence internationale du projet Euphresco II Dickeya & Pectobacterium qui s’est tenue à Berne du 23 au 25 novembre. Les chercheurs présents ont pu constater la complémentarité de leurs travaux et partager leurs résultats concernant l’épidémiologie du pathogène et les moyens de le contrôler.

08.12.2014 Bilan de la drosophile du cerisier dans les vignes A la fin de l’été, la drosophile du cerisier a suscité une grande inquiétude parmi les viticulteurs et viticultrices suisses. L’insecte était plus présent que jamais et la pourriture acide gagnait du terrain dans les vignes. Les experts d’Agroscope estiment que la maladie a détruit jusqu’à 10 % de la récolte suisse et entraîné des charges supplémentaires considérables lors des vendanges. La drosophile du cerisier n’est cependant pas la seule à avoir contribué à la propagation de la pourriture acide. Un été pluvieux et plusieurs chutes de grêle y sont également pour beaucoup. La mouche a donc été parfois rendue responsable des dommages à tort.

28.11.2014 Le Chasselas, champion de la diversité génétique En raison de son importance économique et historique, la biodiversité du Chasselas est sous la loupe d’Agroscope depuis 1923. Les travaux conduits jusqu’en 2013 ont permis d’identifier et de sauvegarder 283 biotypes aux caractéristiques spécifiques. Ce patrimoine permettra de maintenir une diversification des clones proposés, favorisant le potentiel qualitatif des vins produits.

42

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 42–43, 2015

24.11.2014 Nouvelles variétés de luzerne toujours plus performantes La luzerne est une légumineuse très appréciée pour les prairies temporaires, dans les régions chaudes et plutôt sèches. Entre 2011 et 2013, Agroscope a évalué les aptitudes agronomiques de 36 nouvelles variétés. Quatre cultivars ont été ajoutés à la liste des variétés recommandées et la variété Vanda, inscrite depuis 2001, en a été retirée.

21.11.2014 AgriMontana: mesures de préservation et d’entretien du paysage rural en région de montagne Quelles sont les perspectives de l’agriculture en région de montagne et quelles stratégies, les exploitations de montagne doivent-elles suivre à l’avenir? Dans le cadre du programme de recherche AgriMontana, Agroscope a notamment évalué différents procédés d’exploitation minimale comme le mulchage, qui exige un travail peu intensif ou le pâturage avec des races robustes dans le but de préserver l’ouverture du paysage cultural. Le débat qui porte sur les perspectives de l’agriculture de montagne et l’exploitation des surfaces est axé essentiellement sur le contexte régional et sur le développement de stratégies d’exploitation globales.


Actualités

Liens Internet

Manifestations

2015: Année internationale des sols

Janvier 2014

www.fao.org/soils-2015

22.1.2014 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 «Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft» Agroscope INH 8046 Zurich

L’année 2015 a été déclarée Année internationale des sols par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette action s’inscrit dans le cadre de la décennie des Nations unies pour la lutte contre la désertification. Avec l’année internationale des sols, la FAO entend sensibiliser la société à l’importance des sols pour l’écosystème naturel et l’agriculture. Il s’agit également d’attirer l’attention sur les dangers liés à l’imperméabilisation des sols, à la désertification et à la salinisation et d’aborder les problèmes concomitants et leurs solutions.

Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o V Février 2015 / Numéro 2 Les produits phytosanitaires permettent de garantir le rendement et la qualité de la production ­végétale. Toutefois ils entraînent aussi des effets indésirables sur l’environnement. Dans le cadre du monitoring agroenvironnemental suisse, différents indi­ cateurs agro-environnementaux sont relevés chaque année depuis 2009. Agroscope présente des ­résultats relatifs à l’utilisation des produits phytosanitaires en Suisse entre 2009 et 2012.

Février 2015 02. – 03.02.2015 2èmes Journées Nationales Grandes cultures Agroscope (Institut des sciences en production végétale), AGRIDEA, Forum Ackerbau et Swiss granum Centre Loewenberg, 3280 Morat 20.02.2015 Schweizer Obstkulturtag 2015 Agroscope, Agridea, NWW, Obstverbände SG und TG, SKOF, SOV, Swisscofel St. Gallen im Rahmen der Messe Tier & Technik Mars 2015 14. 3.2015 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 18. – 19.3.2015 5. Tänikoner Melktechniktagung Tänikon, 8356 Ettenhausen

••Utilisation des produits phytosanitaires en Suisse de 2009 à 2012, Laura de Baan et al., Agroscope et Ö+L GmbH, Oberwil-Lieli ••L’arboriculture face à la sécheresse − Enquête auprès des agriculteurs dans le nord-est et le nord-ouest de la Suisse, Sylvia Kruse et Irmi Seidl, WSL ••Production de foin et de haylage de deux mélanges avec graminées, Ueli Wyss et al., Agroscope ••Bases génétiques de l’absence de cornes chez les bovins, Alexander Burren et al., HAFL et Université de Berne ••Listes recommandées des variétés de soja et maïs pour la récolte 2015

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 6 (1): 42–43, 2015

43


Agroscope et bien plus encore Retrouvez le contenu de la revue Recherche Agronomique Suisse sur iPad, iPhone et Android. Régulièrement mis à jour, des articles, des images et des vidéos viennent compléter et soutenir les publications d’Agroscope Agroscope dans leur mission d’information. information.

Lundi 2 et mardi 3 février 2015

| Centre Löwenberg, 3280 Morat

La qualité en grandes cultures, une nécessité à tous les échelons ? 2èmes Journées Nationales Grandes cultures Organisées par Agroscope (Institut des sciences en production végétale), le Forum Ackerbau, swiss granum, AGRIDEA et la PAG-CH Objectif des journées Offrir une plateforme d’échanges ainsi que des informations de première main à tous les acteurs des filières de production dans les grandes cultures Programme et inscription (jusqu’au 19 janvier 2015) www.agridea.ch/fr/cours/cours_par_date

Forum Ackerbau

Programme 2 février 2015 : diverses manifestations en parallèle sur invitation, suivies de l’assemblée générale de la PAG-CH et d’une conférence ouverte à tous «Food trends» – Perception «qualité» des consommateurs pour les productions agricoles. 3 février 2015 : journée plénière consacrée à la qualité en grandes cultures. Ouverte à toutes les personnes intéressées : conseiller(ère)s et enseignant(e)s du domaine des grandes cultures, chercheur(euse)s, membres de la PAG-CH, représentant(e)s du commerce agricole, agriculteur(trice)s, membres d’organisations agricoles et services cantonaux, entrepreneur(euse)s agricoles et autres personnes intéressées.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.