

Georges Mathieu
Les années 1960-1970
Galerie Templon 8 septembre – 20 octobre 2018
Georges Mathieu
Les années 1960-1970
1. Clement Greenberg, Art and Culture: Critical Essays, Boston: Beacon Press, 1961, p. 125.
La toute première fois que je suis allé au Musée national d’art moderne (aujourd’hui le Palais de Tokyo), en 1965, j’avais vingt ans. En haut du grand escalier de l’entrée trônait un immense tableau abstrait, violent, lyrique, bouleversant, élégant : c’était Les Capétiens partout ! de Georges Mathieu. Ce fut un vrai choc.
Autodidacte, sans formation en histoire de l’art, sans préalable éducatif, je découvrais la peinture de façon purement instinctive. Le geste de Mathieu était extraordinaire pour moi, dans tous les sens du terme : la vivacité du trait, la liberté dont il faisait preuve, cette abstraction déroutante, presque cinétique dans un format spectaculaire pour l’époque et, surtout, ce titre si étrangement anachronique et provocateur. Six mois plus tard, j’ouvrais ma propre galerie, rue Bonaparte.
Je n’ai jamais rencontré Georges Mathieu, mais le souvenir si vif de cette confrontation visuelle m’a longtemps poursuivi. Il a modelé ma conception de ce que l’on commençait à appeler « la peinture contemporaine ». En ce milieu des années soixante, Paris se rêvait encore la capitale universelle des arts. La deuxième « École de Paris » régnait sans partage et les artistes débattaient obsessionnellement de l’avantgarde, de la supériorité de l’abstraction sur la figuration, et même, déjà, chez certains, les adeptes de l’objet, de la mort de la peinture. Pour moi, Georges
Mathieu était au-delà de ces querelles esthétiques, il incarnait « l’artiste moderne » par excellence.
On ne se souvient plus aujourd’hui de l’engouement considérable que Georges Mathieu a pu susciter dès le début de sa carrière. Célébré chez nous comme un peintre officiel et largement exposé aussi bien en France et en Europe qu’aux États-Unis, au Japon et en Amérique du Sud, il est, dans les années 1950 et 1960, l’un des artistes les plus connus au monde. Le célèbre critique d’art américain Clement Greenberg a même écrit en 1959, dans son ouvrage Art et Culture : « Je le tiens actuellement pour le plus puissant de tous les nouveaux peintres européens. »1
Comme beaucoup de grands créateurs, victimes des engouements de la mode, il a traversé une longue période d’effacement, mais, les années passant, son œuvre fait maintenant l’objet d’une splendide réhabilitation. Sa conception de la « grande peinture » historique mais aussi populaire, instinctive et cultivée, son geste libre, écriture et signe, comme témoignage de la modernité de son époque, lui donnent une place originale et majeure dans l’histoire de l’art du 20e siècle.
C’est avec un immense plaisir que j’expose Georges Mathieu dans ma galerie, 52 ans après l’avoir découvert.
Daniel Templon
The very first time I visited the Musée National d’Art Moderne (now the Palais de Tokyo), in 1965, I was twenty. Towering over the large staircase in the entrance hall was a huge abstract painting, violent, lyrical, overwhelming, elegant: it was Les Capétiens partout ! (Capetians Everywhere!) by Georges Mathieu. It was a real shock.
I was self-taught with no training in art history, no academic background; I learned about painting purely instinctively, without any preconceptions. I found Mathieu’s gesture extraordinary in every sense of the term: the bold exuberance of line, the freedom he displayed, his disconcerting abstraction—almost kinetic in its spectacular scale for that time—and, above all, the strangely anachronistic and provocative title. Six months later, I opened my own gallery on rue Bonaparte.
I never met Georges Mathieu, but the vivid memory of that visual encounter stayed with me for a long time. He shaped my conception of what was starting to be called “contemporary art”. In the mid-1960s, Paris still saw itself as the universal capital of the arts. The second School of Paris reigned supreme and artists obsessively debated the avant-garde, the superiority of abstraction over figuration and even, already, for aficionados of the object, the death of painting. For me, Georges Mathieu transcended these aes-
thetic squabbles, he epitomized the modern artist.
The fervent enthusiasm Mathieu sparked right from the start of his career tends to be overlooked nowadays. Celebrated as a major establishment artist in France where his works were extensively exhibited, as they were throughout Europe as well as in the United States, Japan, and South America, he was one of the world’s most popular artists in the 1950s and 1960s. The renowned American art critic Clement Greenberg even wrote in 1960 in Art and Culture: “Right now I consider him the strongest of all new European painters.” 1
Just like many other great artists who have fallen victim to the shifting winds of fashion, Mathieu went through a long period when he slipped below the radar, but now, with the passage of time, his work is enjoying a remarkable return to favor. His notion of “great” painting, historical but also popular, instinctive as well as cultured, his gesture, wild and free, both language and sign, bearing witness to the modernity of his era, guarantee him a place as an original and major figure in the history of twentieth-century art.
I am delighted to be exhibiting Georges Mathieu’s work in my gallery, fifty-two years after first discovering him.
Daniel Templon
1. Clement Greenberg, Art and Culture: Critical Essays, Boston: Beacon Press, 1961, p. 125.
Georges Mathieu, le pionnier
Georges Mathieu, the pioneer
Édouard Lombard
Directeur du Comité
Georges Mathieu

Georges Mathieu devant La Victoire de Denain, 1963



Ecartèlement de François Ravaillac, assassin du Roi de France Henri IV, 1960
Huile sur toile, 250 x 400 cm Oil on canvas, 98 3⁄8 x 157 1⁄2 in.

Port Royal, 1964
Huile sur toile, 65 x 116 cm Oil on canvas, 25 5⁄8 x 45 5⁄8 in.

Nemours, 1964
Huile sur toile, 89 x 116 cm Oil on canvas, 35 x 45 5⁄8 in.

Agave, 1964
Huile sur toile, 65 x 115 cm Oil on canvas, 25 5⁄8 x 45 1⁄4 in.

Gomène, 1965
Huile sur toile, 180 x 60 cm Oil on canvas, 70 7⁄8 x 23 5⁄8 in.

