JANVIER 2022 - TRIMESTRIEL 1,88 € - ISSN : 0154-8530
MAGAZINE DE PRÉVENTION SANTÉ - N°352
JEAN-DAVID ZEITOUN
« La santé ne progresse que quand il y a une politique de santé »
TÉLÉMÉDECINE Un essor récent
La contraception aujourd’hui
ÉDITO
P
armi les perspectives pour 2022, une nouvelle loi prévention et santé au travail entrera en vigueur et viendra renforcer le suivi médical des salariés, prévenir le risque de désinsertion professionnelle et réorganiser la gouvernance du système (p. 6). Car « la santé ne progresse que quand il y a une politique de santé », affirme Jean-David Zeitoun dans notre interview (p. 10). Les choix sociétaux et les avancées de la médecine ont permis de gagner, au fil des générations, des dizaines d’années de vie. Parmi les combats à mener, ce docteur en épidémiologie cite celui contre le cancer, dont les scientifiques ne maîtrisent pas encore tous les facteurs de risque, comme le souligne notre article sur le sujet (p. 8). Le paysage contraceptif a lui aussi évolué au gré des découvertes scientifiques et des modifications sociétales. Et, si la charge de la contraception pèse encore majoritairement sur les femmes, les hommes commencent doucement à s’emparer de la question, comme le révèle notre dossier « La contraception aujourd’hui » (p. 14). Autre phénomène de notre temps, la télémédecine, qui a explosé avec la crise sanitaire. Mais les premières expérimentations de téléassistance avaient été menées dès les années 1970 par la Nasa (p. 20). En effet, les voyages dans l’espace sont l’occasion de réaliser des expériences scientifiques, lesquelles viennent enrichir la connaissance et nourrir la médecine de demain (p. 13). De retour sur terre, l’astronaute français Thomas Pesquet raconte avoir observé à l’œil nu les conséquences du dérèglement climatique sur la planète. Et justement, notre rubrique environnement vous donne quelques pistes pour agir au quotidien : mieux choisir et recycler ses équipements électriques et électroniques (p. 19) ou valoriser ses biodéchets grâce à des poulaillers urbains en créant du lien social (p. 18). Transmettre un savoir-faire, donner de son temps et échanger… Les initiatives se multiplient aussi bien en ville qu’à la campagne pour instaurer de nouvelles solidarités intergénérationnelles (p. 23). La solidarité face à la crise sanitaire et les gestes barrières restent d’actualité. Parfois, les idées reçues perdurent, notamment sur l’immunité. Démêlons le vrai du faux pour mieux comprendre le fonctionnement de notre système immunitaire (p. 9). Bon à savoir également, le cuivre peut être un allié de choix pour nous préserver des maladies hivernales (p. 22). Enfin, les études le montrent : les optimistes vivent plus longtemps et sont en meilleure santé ! Et si nous protégions notre organisme en cultivant l’optimisme (p. 12) en cette nouvelle année ? La rédaction
Mutualistes, n° 352, janvier, février, mars 2022. Trimestriel d’informations mutualistes et sociales édité par Ciem, Coopérative d’information et d’édition mutualiste, pour Utema (organisme régi par le Code de la mutualité). 12, rue de l’Église, 75015 Paris. Tél. 01 44 49 61 00. Ciem.fr. • Directeur de la publication : Gérard Quittard, président de la Ciem.• Directeur délégué aux publications : Philippe Marchal, administrateur. • Directrice des rédactions : Laurence Hamon, directrice générale de la Ciem. • Rédactrice en chef : Anne-Sophie Prévost. • Secrétaire de rédaction : Samuel Neal • Rédacteurs : Raphaëlle Bartet, Violaine Chatal, Isabelle Coston, Benoît Saint-Sever et Léa Vandeputte. • Réalisation graphique : Delphine Colas. • Impression : Maury Imprimeur SAS, rue du Général-Patton, ZI, 45330 Malesherbes. • Couverture © Shutterstock. Ce numéro 352 de « Mutualistes, Objectif et Action » de 24 pages comprend : une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 7) pour la Mutuelle Saint-Aubannaise ; une couverture et deux pages spéciales (3 et 4) pour Memf ; une couverture et dix pages spéciales (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12) pour MCA ; une couverture et huit pages spéciales (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10) pour MIP. Commission paritaire : 0723 M. 06546. Dépôt légal : janvier 2022. © Mutualistes, Objectif et Action, 2021. Reproduction interdite sans autorisation. Origine du papier : Leipzig (Allemagne) • Taux de fibres recyclées : 100 %. Ce magazine est imprimé avec des encres blanches sur un papier porteur de l’écolabel européen et de l’écolabel allemand Ange bleu (der Blaue Engel). « Eutrophisation » ou « Impact de l’eau » : PTot 0,002 kg/tonne de papier. Prix du numéro : 1,88 €. Abonnement annuel : 7,50 € (4 numéros par an) à souscrire auprès de la Ciem, 12, rue de l’Église, 75015 Paris.
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MUTUALISTES 352
14-17
12
20-21 10-11
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Sommaire 4-5 // ACTUALITÉ 6 // SYSTÈME DE SOINS
Nouvelle loi santé prévention au travail : ce qu'il faut retenir 7 // MÉDECINE
Microkiné :
stimuler les capacités d'autoguérison du corps 8-9 // PRÉVENTION ■ Cinq questions autour de la prévention du cancer ■ Immunité : quel est le vrai du faux ?
Jean-David Zeitoun
« La santé ne progresse que quand il y a une politique de santé »
18-19 // ENVIRONNEMENT ■ Les cocottes débarquent en ville ■ Qu'est-ce que l'indice de réparabilité ?
12 // PSYCHO Cultiver l'optimisme pour protéger l'organisme
Télémédecine :
13 // INNOVATION Quand les voyages dans l'espace font avancer la médecine
22 // NUTRITION
10-11 // ENTRETIEN
14-17 // DOSSIER
La contraception aujourd'hui
20-21 // HISTOIRE
un essor récent
Le cuivre,
un allié de l'hiver ? 23 // S'ENGAGER La solidarité intergénérationnelle : apprendre des seniors
Illustrations : ©Shutterstock
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ACTUALITÉ
650
millions d’euros C’est le financement débloqué par l’État pour sa « stratégie d’accélération en santé numérique », a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran. Cette enveloppe sera dédiée à la formation, à la recherche, à l’expérimentation et à l’accès au marché des innovations.
Les maternités tardives n’entraînent pas de baisse de la fécondité Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’augmentation de l’âge auquel les femmes ont leur premier enfant n’engendre pas une baisse de la fécondité à l’échelle européenne, selon une étude de l’Institut national d’études démographique (Ined) publiée le 18 novembre. Ce phénomène s’explique par les politiques de conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle mises en place dans les différents pays qui encouragent la maternité même tardive.
Bientôt un plan de lutte contre l’infertilité
En France, 15 à 25 % des couples consultent pour des problèmes d’infertilité. Des chiffres en augmentation depuis vingt ans. Comment mieux informer le grand public, mieux former les professionnels et lutter contre ce phénomène ? C’est l’objectif du premier plan national contre l’infertilité qui se prépare, prévu par la nouvelle loi de bioéthique du 3 août 2021 et piloté par le Pr Samir Hamamah, responsable du département de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier.
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Première greffe d’une cornée artificielle Le CHU de Montpellier, qui réalise de nombreuses greffes de cornées, vient de poser pour la première fois, le 10 novembre dernier, une cornée artificielle sur deux patients. « Il s’agit du premier essai clinique chez l’homme », déclare le centre hospitalier dans un communiqué. Cette opération réussie nourrit beaucoup d’espoir. Un des deux patients, atteint de cécité totale, pourrait en effet recouvrer la vue grâce à cette cornée artificielle. « Celle-ci pourrait être dénuée de risque de rejet, avoir une durée de vie supérieure et offrir de meilleures performances optiques que les greffons de donneurs », souligne le CHU, qui précise qu’elle est également plus simple à poser, car elle s’intègre plus facilement et nécessite moins de points de suture. L’enjeu est important, lorsque l’on sait que les maladies de la cornée représentent la troisième cause de cécité dans le monde.
82,9 ans L’impact environnemental des équipements numériques Avec l’épidémie de Covid-19, les téléphones, tablettes et ordinateurs sont devenus incontournables pour travailler, échanger ou encore consommer à distance. Mais le développement de l’usage des outils numériques n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Ils « génèrent des pollutions bien réelles », alerte France nature environnement. Leur fabrication nécessite d’extraire des matières premières non renouvelables à l’aide de procédés néfastes pour la nature et les populations. Arrivés en fin de vie, ils deviennent des déchets difficiles à recycler. L’organisation appelle donc à une évolution des modes de production. Elle souhaite aussi que le grand public soit mieux informé sur le sujet, afin d’aller vers une consommation plus responsable.
Dénutrition : un guide pratique pour les seniors
La population française bénéficie d’un bon état de santé, avec une espérance de vie de 82,9 ans, contre 81 ans en moyenne pour l’ensemble des pays de l’OCDE, selon le « Panorama de la santé 2021 » de l’organisation internationale.
Une deuxième patiente guérie du VIH
La bien nommée patiente Esperanza, du nom de la ville où elle vit en Argentine, aurait éliminé le virus de son organisme naturellement, selon une étude publiée le 17 novembre dans la revue Annals of Internal Medicine. Testée séropositive en 2013, cette femme n’a reçu un traitement antirétroviral que durant quelques mois, à l’occasion d’une grossesse. Les scientifiques qui se sont intéressés à son cas ont recherché la présence du VIH dans plus d’un milliard de ses cellules et ne sont pas arrivés à le détecter. Après une Californienne de 67 ans en 2020, c’est la deuxième fois que les chercheurs constatent une telle guérison. Les deux femmes font partie d’une catégorie de patients appelés « contrôleurs d’élites », dont le système immunitaire semble capable de contrôler, voire d’éliminer le virus. Reste à comprendre quels mécanismes ont permis à l’organisme de lutter, afin de concevoir de futurs traitements ou vaccins.
« Grand âge et petit appétit » est un guide publié par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) destiné aux seniors et aux aidants familiaux. Par des astuces, des recettes et des exemples concrets, il aide à prévenir la dénutrition, un phénomène qui fragilise la santé et « qui touche en France plus de 2 millions de personnes », observe l’institut.
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SYSTÈME DE SOINS La mise en place d’un passeport prévention au 1er octobre 2022 doit permettre de faire figurer toutes les attestations, certificats et diplômes obtenus par le salarié ou le demandeur d’emploi en matière de santé et de sécurité au travail. Enfin, la définition du harcèlement sexuel est harmonisée avec celle donnée par le Code pénal.
Nouvelle loi prévention et santé au travail : ce qu’il faut retenir
Étendre et réorganiser les services de santé au travail
La loi du 2 août 2021 s’organise autour de quatre piliers : renforcer la prévention et le suivi médical des salariés, décloisonner santé publique et santé au travail, prévenir le risque de désinsertion professionnelle et réorganiser la gouvernance du système de santé au travail. Son entrée en vigueur est prévue le 31 mars 2022.
« Pour appuyer la prévention, le législateur a modifié la dénomination des services de santé au travail, qui deviennent des services de prévention et de santé au travail (SPST) », explique Géraldine Amargil. De nouvelles missions leur sont confiées, dont une « offre socle » de services. « Une certification est rajoutée pour couvrir l’intégralité des rôles en matière de prévention, de risques professionnels et de suivi individuel des travailleurs ». La loi renforce également le rôle des infirmiers en santé au travail en leur donnant un véritable statut. Pour décloisonner santé publique et santé professionnelle, le texte incite les médecins du travail à participer à des actions de sensibilisation, de prévention et de dépistage, par exemple pour promouvoir la pratique sportive. Cet acteur a désormais accès au dossier médical partagé (DMP), sous réserve du consentement du salarié, afin d’aller vers une meilleure coordination des soins et une adaptation de l’environnement professionnel à l’état de santé.
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Prévenir la désinsertion professionnelle
Évaluer et prévenir les risques professionnels
La prévention, maître-mot de cette nouvelle loi, passe notamment par le « document unique d’évaluation des risques professionnels » (DUERP). Obligatoire en entreprise lors de l’embauche, ce« répertoire » liste l’ensemble des risques (équipements, produits…) auxquels est exposé le salarié. La loi « demande aux entreprises de plus de 50 salariés d’établir un programme annuel de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail », précise le Dr Géraldine Amargil, médecin du travail et trésorière de la Société de médecine du travail ouest Île-de-France.
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La loi instaure une visite médicale de mi-carrière, vers 45 ans, « pour sensibiliser aux effets du vieillissement au travail, vérifier l’adéquation entre le poste de travail et l’état de santé du travailleur, et évaluer le risque de désinsertion professionnelle », rapporte le Dr Amargil. Un meilleur accompagnement des personnes vulnérables ou en situation de handicap doit favoriser le maintien dans la vie active. Pour cela, le texte prévoit le développement d’une cellule pluridisciplinaire chargée d’accompagner chaque travailleur nécessitant des mesures d’aménagement ou de transformation de son poste de travail. Si le retour à l’emploi s’avère compliqué, des « essais peuvent être faits grâce à une convention de rééducation professionnelle conclue entre le salarié, l’employeur et la caisse primaire d’assurance maladie », précise le médecin. Le salarié continuera à percevoir tout ou partie de ses indemnités journalières. De nombreux décrets d’application précisant ces mesures sont en attente de publication. Raphaëlle Bartet
MÉDECINE
Microkiné : stimuler les capacités d’autoguérison du corps
rechercher un micromouvement normalement présent dans le corps du patient. « Quand il est absent, c’est qu’il y a un problème », explique Éric B., avant de préciser qu’il suit un protocole établi, « permettant de répertorier les zones où ce micromouvement est altéré. » Pour une douleur à l’épaule, par exemple, il inspecte dans un premier temps la région afin de déceler d’éventuelles tensions, puis regarde s’il y a des répercussions ailleurs, car « cette douleur peut être le signe d’un blocage à distance. Je commence toujours par les symptômes avant de réaliser un bilan global, pour m’assurer qu’il n’y a pas d’autres perturbations qui influent sur la zone à traiter ». Cette méthode permet de soigner des traumatismes d’origine physique, émotionnelle, toxique ou même environnementale.
La microkiné est une technique manuelle qui permet de détecter les tensions tissulaires. Celles‑ci peuvent ensuite être éliminées grâce à des palpations spécifiques qui stimulent l'aptitude réparatrice du corps.
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Dysfonctionnements passés ou présents
À
l’orée des années quatre-vingt, deux masseurskinésithérapeutes français, Daniel Grosjean et Patrice Benini, mettent au point une nouvelle méthode : la microkinésithérapie. « C’est une technique manuelle globale, qui fait partie des médecines complémentaires, autrement dit des techniques intégratives non médicamenteuses », indique Éric B., microkiné (Nouvelle-Aquitaine). « Actuellement, la formation n’est ouverte qu’aux kinésithérapeutes, médecins et vétérinaires [les animaux, notamment les chevaux, peuvent être soignés par la microkiné, NDLR] », ajoute-t-il.
Retrouver l’origine d’un traumatisme La microkiné ne nécessite pas de manipulations énergiques ou douloureuses. Au contraire : à l’aide de toutes petites palpations exercées du bout des doigts, le praticien va
« Le corps a la particularité de s’adapter aux agressions, et parfois il en garde des traces qui le perturbent : le mal a disparu, mais certains dysfonctionnements demeurent », souligne-t-il. C’est la raison pour laquelle beaucoup de patients le consultent lorsqu’ils n’ont pas trouvé de réponse à leurs maux. « La microkiné est particulièrement indiquée lorsque l’on connaît des problèmes persistants, tels que des otites ou des angines à répétition », assure-t-il. Migraines ou entorses fréquentes, problèmes de peau, maladies inflammatoires, troubles du sommeil ou encore fatigue chronique : tous types de symptômes peuvent signaler une agression passée que le corps n’a pas réussi à éliminer et dont il garde des traces. Ce sont là des « cicatrices invisibles ». La microkiné permet de soulager les symptômes qui perdurent quand la cause semble avoir disparu. « Quand on stimule les mécanismes de réparation du corps, le blocage disparaît assez rapidement, qu’il soit ancien ou récent », constate le spécialiste. Isabelle Coston
Comment se déroule une séance ?
Après avoir pris connaissance des symptômes, le micro‑ kiné cherche, avec ses mains, des zones de tension afin de localiser les traumatismes et de libérer les blocages. Une séance dure en moyenne entre 30 et 45 minutes. Une ou deux suffisent généralement, mais une troisième peut exceptionnellement s’avérer nécessaire. À l’issue de la consultation, le patient ressent souvent un grand relâchement physique et émotionnel. « Il peut aussi être plus sensible ou douloureux pendant 24 à 48 heures », prévient Éric B., microkiné (Nouvelle‑Aquitaine), avant de préciser : « La microkiné se veut une technique de soins de bienêtre, voire de mieux-être, car il y a une notion d’amélioration des symptômes dans le temps. »
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Cinq questions autour de la prévention du cancer S’il est possible de maîtriser ou d’éviter certains facteurs de risque de cancer, d’autres n’ont pas d’effets prouvés ou font encore l’objet d’une surveillance de la part des scientifiques. Le point sur les interrogations les plus fréquentes.
On estime qu’un cancer sur quatre pourrait être prévenu en modifiant ou en évitant des facteurs de risque liés à nos comportements ou à notre environnement. Mais encore faut-il savoir comment agir.
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Les sels d’aluminium dans les déodorants peuvent-ils provoquer un cancer du sein ?
La question reste débattue au sein de la communauté scientifique. Un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indiquait en 2011 : « Les données épidémiologiques ne permettent pas d’établir un lien concluant entre l’exposition cutanée à l’aluminium et l’apparition d’un cancer. » L’agence précisait toutefois que ses conclusions pouvaient être amenées à évoluer. Elle recommandait également, « afin de limiter le risque », de restreindre la concentration d’aluminium à 0,6 %, et de ne pas utiliser ces produits après le rasage ou sur une peau lésée. En septembre 2021, une nouvelle étude, publiée dans la revue International Journal of Molecular Sciences, pointe le potentiel effet cancérigène des sels d’aluminium in vitro sur les cellules de hamster. Pour autant, il faudra attendre quelques années avant de savoir si ces résultats sont transposables à l’homme.
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Les ondes des téléphones portables sont-elles cancérigènes ?
Les mobiles émettent et reçoivent des ondes électromagnétiques et des radiofréquences que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classées dans la catégorie des agents possiblement cancérigènes pour l’homme. Pour limiter le niveau d’exposition, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
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PRÉVENTION
recommande de téléphoner à l’aide d’un kit mains libres, d’acheter un appareil affichant un débit d’absorption spécifique (DAS) faible et de réduire au maximum son usage par les enfants.
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Certains modes de cuisson augmentent-ils le risque de développer un cancer ?
Les fritures, les grillades ou les barbecues, qui exposent les aliments aux flammes ou à des températures élevées (plus de 200 °C), peuvent entraîner la formation d’acrylamide, une substance reconnue comme cancérigène avérée pour l’animal et possible pour l’homme. Mieux vaut donc ne pas surchauffer sa nourriture, limiter sa consommation de fritures et éviter de manger les zones brunies par la cuisson.
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Quels sont les effets des lignes à haute tension sur le corps ?
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Quels sont les effets des pesticides sur l’alimentation ?
Les lignes à haute tension transportent un courant électrique à extrêmement basse fréquence (50-60 Hz) dont les champs magnétiques sont considérés comme cancérigènes possibles pour l’homme par le Circ. Une association statistique entre l’exposition à ces champs magnétiques et la leucémie infantile a été observée, même si « les études qui ont été conduites pour déterminer un mécanisme biologique de cet effet n’ont pas été concluantes », indique l’Anses. L’agence préconise de ne pas installer ou aménager des établissements accueillant des enfants (écoles, crèches…) à proximité immédiate des lignes à très haute tension.
Pour l’heure, il n’existe pas de preuve définitive que la présence de résidus de pesticides dans l’alimentation provoquerait une augmentation du risque de cancer. Mais l’effet simultané de plusieurs pesticides est encore à l’étude. Par ailleurs, des seuils réglementaires, ou limites maximales de résidus (LMR), sont fixés pour protéger la santé des consommateurs. Par mesure de précaution et pour limiter leur ingestion, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille de laver ou de peler les fruits et légumes avant de les consommer. Benoît Saint-Sever
L’âge n’a aucun effet sur l’immunité
L’hiver, c’est la saison des virus. Pour s’en protéger, il faut renforcer les défenses de votre organisme. Beaucoup d’idées reçues circulent concernant l’immunité… Voici notre éclairage.
Le stress fait baisser l’immunité
Vrai. En présence d’un stress physique ou psychologique, des hormones comme l’adrénaline, la noradrénaline ou le cortisol sont libérées en quantité dans l’organisme. Or l’augmentation du taux de ces hormones du stress provoque, d’une part, une altération de la réaction inflammatoire des cellules immunitaires et, d’autre part, une diminution de leur nombre et de leur activité.
Guéri d’une infection, je suis immunisé à vie
Vrai et faux. Certaines de nos cellules immunitaires conservent en mémoire les infections déjà vaincues. Seul problème, ces cellules mémoires ne sont pas immortelles et leur durée de vie ©Shutterstock
Immunité : quel est le vrai du faux ?
Faux. À partir de 40 ans, mais surtout après 65 ans, le système immunitaire se dégrade naturellement : c’est ce qu’on appelle l’immunosénescence. Après avoir atteint sa taille maximale lors de la puberté, la petite glande située à la base du cou (le thymus), où les lymphocytes T terminent leur maturation, s’atrophie, ce qui ralentit la production de ces globules blancs. Or ces derniers sont responsables de l’immunité cellulaire, car ils sont chargés de détruire les cellules reconnues comme infectées. Avec les années, ils sont moins nombreux. Par ailleurs, les globules blancs dans leur ensemble réagissent moins vite, favorisant les inflammations et les infections, deux des principaux facteurs d’affaiblissement du système immunitaire. Les personnes âgées deviennent donc plus fragiles et développent plus souvent des complications lorsqu’elles tombent malades.
est variable. Si elles reconnaissent le virus de la rougeole, de la varicelle ou des oreillons, elles ne peuvent pas toujours identifier le virus de la grippe ou le coronavirus, qui mutent rapidement. C’est la raison pour laquelle les vaccins contre la Covid-19 ou la grippe doivent être administrés régulièrement.
Le manque de sommeil affaiblit les défenses
Vrai. Le sommeil joue un rôle de régulation du système immunitaire. Des nuits de moins de six heures perturbent la fabrication et la circulation des lymphocytes, qui se dirigent vers les points d’entrée des virus et autres bactéries pendant le sommeil. Une nuit hachée provoque aussi une baisse du taux de certaines interleukines, des protéines dotées de propriétés antivirales. Ces deux éléments combinés favorisent une plus grande fragilité face aux maladies.
Les défenses immunitaires sont moins efficaces pendant la grossesse
Vrai. Les défenses immunitaires des femmes enceintes sont moins efficaces en raison d’un phénomène appelé la « tolérance fœto-maternelle ». Pour être accepté par l’organisme de sa mère, qui le considère comme un corps étranger génétiquement différent à 50 % (puisque la moitié de ses gènes est d’origine paternelle), le fœtus produit des molécules HLA-G qui inhibent le système immunitaire maternel. Pendant neuf mois, les futures mamans présentent donc un plus grand risque de développer des maladies bénignes, mais aussi de faire des complications si elles contractent certaines infections, comme la varicelle ou la listériose. Violaine Chatal
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©Astrid di Crollalanza
ENTRETIEN JEAN-DAVID ZEITOUN Docteur en médecine (hépato-gastroentérologie), diplômé de Sciences Po et docteur en épidémiologie. Son dernier ouvrage, La grande extension. Histoire de la santé humaine, est paru aux éditions Denoël en 2021.
« La santé ne progresse que quand il y a une politique de santé »
Si la santé humaine et l’espérance de vie, son corollaire, se sont améliorées de manière spectaculaire au cours des deux derniers siècles, cela pourrait bien changer. Dans La grande extension, Jean-David Zeitoun raconte les grandes épidémies, les avancées de la médecine, les choix sociétaux et politiques qui ont permis de gagner, au fil des générations, des dizaines d’années de vie en plus. Il démonte au passage grand nombre d’idées reçues et rappelle l’émergence de nouveaux défis. L’homme saura-t-il les relever pour préserver ces acquis ?
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En mettant l’histoire de la santé humaine en relation avec les découvertes scientifiques, les évolutions économiques et sociétales, vous ne restez pas sur un point de vue uniquement médical. Que vouliez-vous démontrer par cette approche plus globale ? ❯ Chaque société produit les conditions pour créer de la bonne ou de la mauvaise santé. Donc, quand vous étudiez son histoire, vous êtes forcément amené à vous intéresser à l’état de la société, de l’économie, de l’environnement. La santé n’est pas un produit isolé dans une société, c’est en interaction avec tout le reste. Les premières améliorations durables d’espérance de vie (vers le milieu du xviiie siècle) ont surtout été permises par des avancées non médicales, mais de santé publique (assainissement, alimentation, vaccination et eau potable). Mais, depuis la Seconde Guerre mondiale, ce sont surtout les progrès de la médecine et de la pharmacie qui ont permis à l’espérance de vie de continuer à s’améliorer.
la découverte la plus importante de toutes. Il y en a eu beaucoup d’autres, mais c’est celle-là qui a tout changé, pour toujours.
Parmi les découvertes scientifiques qui ont vraiment permis d’améliorer la santé, lesquelles citeriez-vous en premier ? ❯ Incontestablement, la théorie des germes. Je pense que c’est
Lorsque vous évoquez dans votre livre les grandes épidémies, et notamment la grippe espagnole, on ne peut s’empêcher de penser à la situation actuelle. Quels enseignements peut-on tirer du passé ?
La santé publique était-elle déjà appliquée avant la théorie des germes ? ❯ On a nettoyé les villes parce qu’on trouvait qu’elles étaient sales et qu’elles sentaient mauvais. C’est seulement après que la théorie des germes a été développée. Hormis les progrès médicaux, quels sont les facteurs qui ont un grand impact sur la santé ? ❯ Le climat, par exemple, a toujours été un déterminant de la santé, par le biais de l’impact sur les récoltes, les microbes et les épidémies, ainsi que sur les comportements sociaux (les guerres, notamment). Il a toutefois été un peu occulté au fur et à mesure que la situation s'améliorait, et il revient maintenant comme une préoccupation. L’environnement et le comportement sont des déterminants très importants, que l’on a dégradés. Or ils sont prioritaires.
❯ Avec 50 à 100 millions de morts, le bilan de la pandémie de grippe espagnole fut l’un des pires de l’histoire. Mais c’était un virus différent du Sars-CoV-2, beaucoup plus agressif. Il n’y avait aucun traitement ni vaccin. On connaissait l’existence des virus, mais l’on n’avait jamais identifié celui de la grippe. Il y a aussi eu plusieurs vagues au cours de l’année 1918 : en été, en automne (la plus mortelle) et en hiver. L’enseignement à en tirer, c’est que l’on ignore encore beaucoup de choses sur ces pandémies. On ne sait pas bien expliquer ce phénomène de vagues, en particulier le facteur de saisonnalité, et pourquoi certaines sont pires que d’autres. La grippe existe depuis au moins 500 ans et des inconnues demeurent. Le VIH depuis 40 ans et nous n’avons toujours pas de vaccin. Il est donc tout à fait normal de ne pas encore bien connaître ce nouveau virus. Avoir réussi à produire plusieurs vaccins efficaces pour le combattre est déjà en soi un exploit. Cette pandémie va-t-elle changer le cours de l’histoire ? ❯ Il est trop tôt pour le dire. Les pandémies répétées de choléra en Angleterre, en particulier à Londres au milieu du xixe siècle, ont engendré ce que l’on a appelé le mouvement sanitaire, c’est-à-dire le nettoyage de la ville et même du pays, et aussi le traitement de la pauvreté. Les Anglais ont ensuite été imités partout dans le monde et cela a tout changé. L’apparition du Sars-CoV-2 est liée au phénomène d’extinction des espèces, causé principalement par les activités humaines, et notamment par la déforestation : les virus se cherchent de nouveaux hôtes et trouvent les humains. La proximité avec les animaux est d’ailleurs à l’origine de toutes les pandémies de l’histoire. Ce n’est pas un hasard si, en dix ans, nous en avons connu quatre : H1N1, chikungunya, Zika et Sars-CoV-2. Celle du Covid est une sorte d’étape supplémentaire dans la confirmation que les humains ont engendré un certain nombre de risques autour d’eux, avec lesquels il faut aujourd’hui se débrouiller.
Avec les vaccins, on dirait que l’histoire se répète. Il y a toujours eu des réticences à l’idée de se faire inoculer un produit « contenant un agent pathogène » ? ❯ Depuis qu’il y a des vaccins, il y a du vaccino-scepticisme. Ça a toujours existé. Mais cela n’a pas empêché les vaccins de gagner, parce que, finalement, il y a eu plus de vies sauvées que de vies perdues. Ce sont les mêmes histoires qui reviennent toujours, avec les mêmes arguments, finalement faux, sur la dangerosité ou l’inefficacité des vaccins. Plus de quatre milliards de personnes se sont quand même fait vacciner à ce jour contre le Sars-CoV-2. Alors, il y a peut-être un problème de confiance, mais tout ne va pas si mal. Le traitement que vous administrez comporte toujours des risques, mais la seule règle en médecine est : tant que les inconvénients sont inférieurs aux bénéfices attendus, le traitement reste légitime et même indiqué. En raison de la dégradation de notre environnement et de nos comportements, l’espérance de vie peut-elle encore progresser ? ❯ Il est impossible de le savoir. Il y a deux écoles : certains pensent que l’on est au maximum et que l’on risque de stagner, voire de régresser, d’autres que ça peut continuer à augmenter. La question la plus intéressante est surtout de savoir comment aborder les grands défis qui sont devant nous, régler les problèmes basiques que l’on a contribué à créer, comme un mauvais environnement et un mauvais comportement. La santé ne progresse que quand il y a une politique de santé. Aujourd’hui, la science effectue son travail, l’économie un peu moins, mais celle-ci étant régulée par le politique, il faudrait des lois fortes pour améliorer l’environnement et aider les gens à changer leur comportement. Depuis le milieu du xxe siècle, en même temps que les humains allongeaient leur espérance de vie, ils ont fait s’accroître
les risques environnementaux et comportementaux dans des proportions jamais vues, qui ont fait s’élever les cas de maladies chroniques : maladies respiratoires, cancers, maladies cardiovasculaires… Certains facteurs ont régressé quand d’autres ont progressé. Le tabagisme, par exemple, a reculé dans les pays industrialisés. En revanche, l’obésité et le diabète ont augmenté. Ce sont des maladies qui se répandent et se développent à tel point qu’on parle de pandémies. Or c’est un sujet politique : si l’on veut supprimer les effets néfastes de l’industrie agroalimentaire (tout en préservant ses effets positifs), on peut le faire. New York l’a fait brutalement il y a une dizaine d’années en interdisant un certain taux d’acide gras saturé dans les restaurations collectives, et l’obésité a baissé dans la ville. Selon vous, quel sera le prochain combat pour la médecine ? ❯ Il y a aujourd’hui énormément de maladies pour lesquelles les traitements sont insuffisants. Il est délicat d’en désigner une seule, mais le cancer, les maladies inflammatoires ou même certaines maladies microbiennes entraînent beaucoup de maux qui résistent aux traitements. Concernant les maladies mentales, également, les progrès à réaliser sont énormes. Les prochains défis ne manquent pas. Propos recueillis par Isabelle Coston
La grande extension. Histoire de la santé humaine, de JeanDavid Zeitoun, éditions Denoël (352 pages, 21 euros).
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PSYCH
Cultiver l’optimisme pour protéger l’organisme Les études le montrent : les optimistes vivent plus longtemps et sont en meilleure santé ! Quelles sont les vertus de l’optimisme ? Comment entretenir un esprit positif ? Conseils d’une psychologue et astuces pratiques.
« J
e suis optimiste depuis que je suis enfant. J’ai pris l’habitude de ne voir que le bon côté des choses, et la célèbre citation de Gide "Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions" est devenue mon mantra. Résultat, je suis beaucoup moins stressée que mes amis, qui me qualifient pourtant d’idéaliste », explique Sarah, 34 ans. Loin d’être une simple qualité, l’optimisme est une sorte de philosophie qui permet de mieux vivre. En effet, selon une étude publiée en juin 2021 dans The Journals of Gerontology, il aurait des effets positifs sur la longévité. Mais ce n’est pas tout. « Les personnes optimistes ont tendance à mieux gérer le stress, les déconvenues, à opter pour une attitude constructive face aux épreuves. Elles sont généralement résilientes. Être optimiste permet donc de faire face aux difficultés, mais aussi de se dépasser. C’est un atout majeur pour remporter un contrat ou une épreuve sportive. Il y a même un impact positif sur la santé, puisque l’optimisme contribuerait à renforcer le système immunitaire », explique Sophie Millot, psychologue, psychothérapeute et clinicienne du travail.
Lien entre santé et optimisme L’optimisme serait biologiquement déterminé pour certains et induirait un comportement sain chez ceux qui voient naturellement les choses du bon côté. Les optimistes ont ainsi tendance à faire du sport, à boire peu d’alcool et à ne pas fumer. Ils améliorent constamment leur cadre
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de vie et résistent facilement au stress. Autant de facteurs qui permettent d’entretenir la joie de vivre. « Les optimistes s’attendent à vivre des expériences positives. C’est parfois une disposition, parfois un travail sur soi. Dans tous les cas, l’optimisme est une force pour soi et pour les autres. Il impulse une dynamique positive, puisque chaque résultat positif, sous-tendu par l’optimisme, vient le nourrir. C’est donc un cercle vertueux », affirme Sophie Millot.
Peut-on devenir optimiste ? « Certaines personnes ont la main verte et d’autres moins. Mais disons que l’optimisme peut se développer en adoptant consciemment un état d’esprit positif en toutes circonstances. Ce qui revient à parfois se forcer à voir les choses sous un bon angle. Concentrez-vous sur les actions à mener et évitez d’anticiper le résultat, considérez les échecs comme des leçons, soyez patient et indulgent, etc. Et surtout, gardez-vous des polémiques vaines », conseille la psychologue. Pour entretenir l’optimisme, il faut aussi s’obliger à être attentif à chaque instant de la vie de tous les jours pour en repérer les bons côtés. Il s’agit aussi de fuir les personnes toxiques, négatives, et de pratiquer des activités en adéquation avec ses envies et apportant un bien-être. C’est ce que les spécialistes appellent la psychologie positive. Tout un programme ! Violaine Chatal
De l’utilité du pessimisme Si le pessimisme est souvent associé à l’échec, il n’a pas que des défauts. Il nous permet de prendre en compte les freins que l’optimisme peut conduire à ignorer. Le pessimisme oblige à être imaginatif pour surmonter les obstacles et mobiliser toutes les ressources. Il ne faut donc pas ignorer cette voix intérieure méfiante, mais tenir compte de ses avertissements… pour rester optimiste !
INNOVATION
Quand les voyages dans l’espace font avancer la médecine Véritables prouesses technologiques, les voyages dans l’espace et les séjours dans la Station spatiale internationale sont l’occasion de réaliser des expériences scientifiques. Leurs résultats viennent enrichir la connaissance et nourrir la médecine du futur.
L
’astronaute Thomas Pesquet, rentré de sa seconde mission à bord de la Station spatiale internationale (ISS) en novembre dernier, a fortement participé à la médiatisation du travail réalisé dans l’espace. Tout au long des six mois qu’a duré sa mission, il a partagé sur ses réseaux sociaux son quotidien, ses travaux de maintenance, mais surtout ses activités scientifiques. Même si tous les astronautes ne sont pas à proprement parler des chercheurs, ils participent activement aux progrès de la science.
L’ISS, un incroyable laboratoire de recherche La Station spatiale internationale (International Space Station – ISS) est conçue pour être un véritable laboratoire de recherche. En vingt ans, 3 000 expériences scientifiques y ont été menées, principalement dans le domaine de la biologie, de la science des matériaux et de l’astronomie. La micropesanteur qui règne à l’intérieur de la station offre un cadre exceptionnel pour réaliser des expériences et tester des théories. L’ISS constitue aussi un avant-poste unique pour observer la Terre (évolution des glaciers, des villes, des barrières de corail, etc.).
Améliorer les connaissances biomédicales Dans l’espace, le corps humain n’est plus soumis à la gravité. Les muscles, les os, les artères, les organes ou le système nerveux souffrent de l’apesanteur, qui ne leur est pas naturelle. Ils doivent alors s’adapter à cette nouvelle situation. Ce contexte particulier fait de l’astronaute un sujet d’étude idéal pour mieux appréhender la biologie de l’homme et le fonctionnement de l’organisme. D’autant que cette absence de pesanteur accélère le vieillissement, notamment artériel. Ces conditions extrêmes sont aussi l’occasion de mener des observations impossibles à réaliser sur terre. Le but est de comprendre la survenue et l’évolution de certaines pathologies, comme les problèmes cardiovasculaires, l’ostéoporose ou encore les troubles du sommeil (lire encadré).
Transmettre et analyser les résultats Les expériences réalisées par notre astronaute français ont été supervisées par le Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (Cadmos), basé au Centre national d’études spatiales (Cnes) à Toulouse. Leurs membres ont préparé les expériences au sol, notamment celles sur la physiologie humaine, et les ont adaptées à l’apesanteur. Ils ont ensuite suivi en temps réel leur réalisation dans l’espace. Une fois la mission terminée, ils assurent le traitement des données recueillies. Ces dernières font avancer la recherche et sont un prélude à la médecine du futur. Benoît Saint-Sever
Étudier le sommeil de Thomas Pesquet Durant sa mission à bord de l’ISS, l’astronaute Thomas Pesquet a participé à l’étude Dreams sur le sommeil. Ce dernier peut en effet être perturbé par la micropesanteur, qui influe sur les paramètres physiologiques, ainsi que par la modification du cycle jour/nuit. Les habitants de la station voient le soleil se lever et se coucher seize fois par jour ! Pour comprendre l’impact de ces changements sur l’endormissement et la qualité des phases de repos, l’astronaute a utilisé un bandeau connecté dont les capteurs mesurent l’activité cérébrale, les mouvements du corps et la fréquence cardiaque. L’objectif est de recueillir des données pour mieux accompagner le sommeil des astronautes lors des futurs séjours spatiaux de longue durée.
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DOSSIER
La contraception aujourd’hui Depuis 1967 et le vote de la loi Neuwirth sur la régulation des naissances, le paysage contraceptif n’a cessé de s'étendre. Les Français disposent actuellement de plusieurs méthodes, dont la meilleure est celle qu’ils jugent la plus adaptée à leur état de santé et à leur mode de vie. Et, si la charge de la contraception pèse encore majoritairement sur les femmes, les hommes commencent doucement à s’emparer de la question. Dossier réalisé par Léa Vandeputte
À chacune sa méthode La pilule reste le contraceptif le plus utilisé (36,5 % des femmes y ont recours). Il en existe deux types : les « combinées » œstroprogestatives et les microprogestatives. Ces hormones, qui ressemblent à celles que fabrique naturellement le corps, suppriment l’ovulation ou la bloquent et épaississent les sécrétions du col de l’utérus afin de barrer le passage des spermatozoïdes. Le dispositif intra-utérin (DIU), ou stérilet, est quant à lui choisi par un quart des femmes. En forme de T, il est inséré dans l’utérus par un professionnel de santé. Il peut être fait de cuivre, dont les ions rendent les spermatozoïdes inactifs, ou contenir une hormone progestative qui empêche la circulation de ces derniers. Même si ce moyen est le plus souvent employé par des femmes ayant déjà des enfants, il est possible d’en bénéficier
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sans avoir jamais accouché (nulliparité). Parmi les méthodes hormonales, les femmes sont 4,3 % à préférer l’implant. Ce bâtonnet en plastique de la taille d’une allumette est inséré sous la peau du bras et délivre en continu de petites quantités d’un progestatif, l’étonogestrel, permettant de supprimer l’ovulation. Le patch, qui se colle sur la peau et contient un estrogène et un progestatif qui passent progressivement dans la circulation sanguine, et l’anneau vaginal, que l’on insère au fond du vagin et qui diffuse des œstrogènes et progestatifs dans le sang à travers la paroi vaginale, ne représentent que 1 % des utilisations. L’usage du préservatif est privilégié par 15,5 % des femmes. Ce sont les 15-19 ans qui s’en servent le plus (plus de 45 %). Il retient le sperme et empêche le contact entre les muqueuses, ce qui en fait aussi
un outil pour se protéger des infections sexuellement transmissibles (IST). Le préservatif masculin est externe et se déroule sur le pénis en érection. Le préservatif féminin, lui, est interne et se place dans le vagin. Il peut être installé plusieurs heures avant le rapport sexuel. D’autres femmes (4,6 %) font le choix des méthodes traditionnelles. Ce terme regroupe différentes pratiques, dont la symptothermie (observation de la glaire cervicale et mesure de la température au réveil), la méthode des températures (calcul de la fertilité en fonction d’une courbe de températures) et le retrait (l’homme se retire avant l’éjaculation). Enfin, elles sont 4,5 % à avoir recours à la contraception définitive (lire encadré p. 17) et 8 % à n’utiliser aucun moyen de contraception.
PILL’OOPS,
L’APPLI QUI VOUS RAPPELLE DE PRENDRE VOTRE PILULE
Avec ou sans hormones Les Françaises sont de plus en plus nombreuses à privilégier les méthodes sans hormones. En cause, entre autres, la « crise de la pilule » de 2012. Cette année-là, une femme, victime d’un accident veineux alors qu’elle utilisait une pilule de 3e génération, a déposé plainte contre un laboratoire pharmaceutique, suscitant des débats dans l’opinion publique. La situation a abouti à un déremboursement des pilules de 3e et 4e générations en mars 2013, lesquelles présentent un risque thromboembolique (phlébite, embolie pulmonaire) supérieur à celui des pilules des générations précédentes. Le risque de thrombose artérielle (accident vasculaire cérébral, infarctus) augmente aussi avec la prise de la pilule « combinée » ainsi qu’avec le tabagisme, l’obésité, un taux élevé de lipides dans le sang, l’hypertension artérielle, une maladie cardiaque ou vasculaire ou encore des antécédents familiaux. Ces éléments expliquent une baisse du recours à la pilule ou un report vers le DIU. Que l’on souhaite ou non utiliser une contraception hormonale, il convient de faire le point avec un professionnel de santé sur les possibles contre-indications, les risques et les éventuels effets secondaires avant de faire son choix.
LA CONTRACEPTION D’URGENCE COMME RATTRAPAGE Après un rapport sexuel mal ou non protégé, il existe deux méthodes de « rattrapage » pour éviter une grossesse. La première est la contraception d’urgence hormonale, appelée aussi pilule du lendemain. Elle se présente sous la forme d’un comprimé unique à prendre le plus rapidement possible et jusqu’à cinq
jours après le rapport. On peut se la procurer en pharmacie avec ordonnance (remboursée à 65 % par l’Assurance maladie) ou sans. Pour les mineures, elle est gratuite et accessible sans ordonnance en pharmacie, à l’infirmerie scolaire, dans les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) et les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). La seconde méthode consiste à poser un dispositif intra-
Développée par le Planning familial, cette application permet de ne pas oublier de prendre sa pilule grâce à un rappel quotidien à l’heure fixée par l’utilisatrice. Pill’Oops délivre aussi des conseils en cas d’oubli. Téléchargeable gratuitement sur l’App Store et Google Play.
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36,5 % DES FEMMES ONT RECOURS À LA PILULE CONTRACEPTIVE
utérin (DIU) au cuivre, ou stérilet, jusqu’à cinq jours après le rapport pour bloquer la fécondation. Pour en bénéficier, il faut consulter un médecin ou une sage-femme en urgence afin d’établir une ordonnance et être remboursée à hauteur de 60 %.
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DOSSIER
interview
©DR
DR ANTOINE FAIX
LA CONTRACEPTION GRATUITE POUR LES MOINS DE 25 ANS À partir du 1er janvier 2022, l’Assurance maladie prend en charge à 100 % et sans avance de frais le coût de la contraception des femmes jusqu’à l’âge de 25 ans, et non plus seulement des mineures. En pratique, elles peuvent désormais accéder gratuitement à différents types de contraception (pilules hormonales de 1re ou de 2e génération, implant contraceptif hormonal, stérilet, contraception d’urgence hormonale) ainsi qu’à une consultation par an (avec un médecin ou une sage-femme) et aux examens ou actes médicaux potentiellement nécessaires.
Urologue et andrologue, ancien responsable du Comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association française d’urologie (AFU).
Et la contraception masculine dans tout ça ? Aujourd’hui, où en est-on de la pilule masculine ?
Dans le monde, il n’y a actuellement aucun moyen de contraception masculine médicamenteuse hormonale ou non hormonale qui a l’autorisation de mise sur le marché. Des études existent sur la contraception hormonale à base de testostérone ou d’une association de testostérone et de progestérone, sur des immuno contraceptifs, sur des vaccins antispermatozoïdes. Mais, à ce jour, aucun n’a prouvé avoir suffisamment d’efficacité et des risques acceptables. En revanche, il existe deux moyens disponibles et validés : le préservatif, qui présente l’avantage d’être un garant contre les infections sexuellement transmissibles, et la vasectomie.
Les slips chauffants et anneaux thermiques sont-ils efficaces ?
Ce sont des moyens de contraception thermiques disponibles, mais qui ne sont pas validés scientifiquement. Le principe de ces méthodes est de chauffer les testicules, éventuellement en les remontant en positon inguinale [entre l'abdomen et le scrotum, NDLR]. Pour 60 à 80 % des hommes qui les utilisent, la qualité du sperme diminue au bout de trois à six mois. Mais ces méthodes sont contraignantes : il faut porter le slip ou l’anneau 15 heures par jour minimum (si possible en évitant la nuit) et attendre 3 à 6 mois pour avoir une baisse du taux de spermatozoïdes. Par ailleurs, le fait de chauffer les testicules peut générer une anomalie des spermato zoïdes, ce qui a pour conséquence, en cas de grossesse en raison de l’échec de la contraception, d’augmenter le risque de malformation fœtale. Et enfin, la réversibilité peut prendre 3 à 6 mois. Il demeure des interrogations et nous manquons encore de recul. Il s’agit donc de méthodes expérimentales.
Quelles sont les évolutions à venir ?
Des mouvements féministes et masculinistes prônent l’égalité de la charge de la contraception dans le couple. C’est une bonne chose, mais nous n’avons pas les mêmes outils chez l’homme et chez la femme. Le sociétal va plus vite que le scientifique. Il faut que des essais avec des volontaires soient menés sur la contraception médicamenteuse et thermique, ce qui prendra quelques années. La vasectomie réversible est aussi une voie de recherche intéressante. Au lieu de couper le canal déférent, on y injecterait un gel qui pourrait se résorber au bout de quelques années ou en instillant un antidote. Ce processus serait peut-être plus rapidement disponible.
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Efficacité théorique, efficacité pratique Entre la théorie et la pratique, il y a parfois un monde. L’efficacité théorique du contraceptif, quand il est parfaitement utilisé et qu’il n’y a ni interaction avec d’autres médicaments ni problème d’utilisation, est le plus souvent supérieure à l’efficacité pratique. Cette dernière se mesure en tenant compte des erreurs du quotidien. C’est un paramètre à garder en tête avant de choisir sa méthode. Efficacité pratique
Efficacité théorique
93 %
99,7 %
• DIU au cuivre
99,2 %
99,4 %
• DIU hormonal
99,8 %
99,8 %
• Implant
99,9 %
99,9 %
• Patch
91 %
99,7 %
• Pilule
91 %
99,7 %
• Préservatif féminin
79 %
95 %
• Préservatif masculin
85 %
98 %
• Retrait
78 %
96 %
• Stérilisation féminine
99,5 %
99,5 %
• Stérilisation masculine
99,8 %
99,9 %
98 %
99,6 %
• Anneau vaginal
• Méthodes symptothermiques (après formation)
Où se renseigner ? Votre médecin traitant, un gynécologue ou une sage-femme peuvent répondre à vos questions sur la contraception. Les associations, comme le Planning familial (Planning-familial.org), les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) ou les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) peuvent également vous renseigner et vous accompagner. En ligne, vous pouvez consulter le site Questionsexualite.fr et sa rubrique « Choisir sa contraception ». Dédié aux ados, Filsantejeunes.com traite de la santé physique et mentale dans son ensemble et dispose d’une partie consacrée à la sexualité et à la contraception.
La contraception définitive encore peu utilisée Les personnes ne désirant pas avoir d’enfants de manière définitive peuvent avoir recours à la stérilisation. Chez les hommes, la vasectomie, intervention chirurgicale lors de laquelle on coupe ou obture les canaux déférents afin d’empêcher le passage des spermatozoïdes vers la verge, peut être pratiquée. Pour les femmes, l’opération consiste à fermer les trompes de Fallope en les
ligaturant, en les coagulant ou en les pinçant à l’aide d’un anneau ou d’un clip, ce qui bloque le trajet des ovules. Aujourd’hui, on estime que seulement 0,8 % des hommes et environ 4,5 % des femmes y ont recours. Pourtant, depuis 2001, toute personne majeure peut demander une intervention chirurgicale à visée contraceptive. Il faut pour cela avoir reçu une information médicale
claire et complète sur les conséquences de cette opération lors d’une première consultation, respecter un délai de réflexion de quatre mois, exprimer sa volonté de manière libre, motivée et délibérée, et enfin donner son consentement par écrit. Un médecin peut refuser de pratiquer l’intervention, il doit alors en informer le patient et l’orienter vers un autre praticien.
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ENVIRONNEMENT
Les cocottes débarquent en ville
Aujourd’hui, une quinzaine de poulaillers sont implantés en Île-de-France et en Normandie. Le Parc des Princes, la mairie du ixe arrondissement de Paris, les communes de Courbevoie, d’Évry-Courcouronnes mais aussi des écoles primaires à Deauville et à Cabourg ont franchi le pas.
Start-up fondée en 2018, Cocott’arium déploie des poulaillers en milieu urbain afin de valoriser nos biodéchets, tout en créant du lien social. Une initiative ludique et écologique qui séduit écoles, collectivités et entreprises.
©Cocott'arium
Des lieux de rencontre et de partage
Bonne nouvelle pour les citadins : des œufs frais toute l’année en provenance directe du poulailler, c’est désormais possible avec Cocott’arium ! Derrière ce nom se cache une entreprise de l’économie sociale et solidaire au concept vertueux. « L’idée, c’est de sensibiliser les habitants
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8 TONNES DE DÉCHETS RECYCLÉS ET 10 000 ŒUFS PRODUITS PAR AN en les impliquant dans le processus de recyclage », explique la fondatrice, Aurélie Deroo, architecte d’intérieur.
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Devançant la loi sur la transition énergétique (qui prévoit la généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici à 2025 pour les particuliers), Cocott’arium innove en installant des poulaillers au cœur même des villes, des entreprises, des campus et des Ehpad.
Clics et collecte
Le principe : vous déposez vos déchets ménagers (épluchures de légumes, restes de repas…) dans des collecteurs prévus à cet effet. Les détritus sont récupérés et triés par des personnes en insertion professionnelle, qui se chargent ensuite de nourrir les poules et de récolter les œufs. Grâce à une application mobile, vous réservez vos œufs frais du jour et venez les chercher dans un point relais. La boucle est bouclée !
Le saviez-vous ? À seulement 18 mois et après un an de ponte intensive, les poules d’élevage sont envoyées à l’abattoir. À ces gallinacés promis à une mort certaine appelés « poules de réforme », Cocott’arium offre une seconde vie. L’entreprise a ainsi permis de sauver une cinquantaine de cocottes, qui recyclent chaque année huit tonnes de déchets et produisent 10 000 œufs. « Les poules sont un modèle d’économie circulaire, elles permettent de mobiliser les habitants, les commerces de proximité et les associations locales », précise Aurélie Deroo, cheffe d’entreprise engagée pour un mode de vie écoresponsable. Cocott’arium propose trois modèles de poulaillers, du « studio » à la « villa », au design contemporain et fabriqués en matériaux recyclables et en bois issu de forêts françaises écogérées. S’inspirant des kiosques à musique d’antan, ils ont pour vocation d’être des lieux de rencontre et de partage afin de sensibiliser les habitants au tri des déchets, au développement durable, mais aussi au bien-être animal et à la citoyenneté. Des ateliers pédagogiques clés en main sont également proposés aux écoles et aux entreprises, histoire de devenir incollable sur les poules et le zéro déchet. Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Objectif pour 2022 : déployer le concept aux quatre coins du territoire puis, à terme, créer une licence de marque à l’étranger via un réseau d’ambassadeurs. Cocorico ! Céline Durr
Qu’est-ce que l’indice de réparabilité ? En France, seuls 40 % des appareils électriques et électroniques en panne sont réparés. L’objectif des pouvoirs publics est de porter, en cinq ans, cette proportion à 60 % grâce un indice de réparabilité affiché sur les produits concernés. Explications.
’ L
indice de réparabilité avait été notamment proposé par l’Ademe (Agence de la transition écologique) dans sa « Feuille de route économie circulaire » en 2018. « Cela a débouché sur la proposition de loi Agec [loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire, NDLR] », indique Erwann Fangeat, expert au sein de la direction Économie circulaire et déchets de l’Ademe. Depuis le 1er janvier 2021, cinq familles de produits doivent afficher cet indice : lave-linge à hublot, smartphones, téléviseurs, ordinateurs portables, tondeuses à gazon électriques.
Comment est-il calculé ?
Cinq critères s’appliquent à l’ensemble des équipements pour déterminer une note sur 10, accompagnée d’un code couleur : documentation technique, disponibilité des pièces détachées, prix de ces dernières, démontabilité (facilité de démontage du produit) et un critère spécifique à chaque catégorie de produit (par exemple, pour les
Donnez une seconde jeunesse à vos appareils Si votre équipement tombe en panne dans les deux ans qui suivent l’achat, la garantie légale de conformité s’applique. Au-delà de cette période, il vous faut faire appel à un réparateur. Vous trouverez des coordonnées de réparateurs sur le site Reparacteurs.artisanat.fr ou sur Longuevieauxobjets.gouv.fr. Ce dernier propose également des conseils d’entretien et de réparation, lorsque cela est possible.
smartphones, l’assistance à distance sans frais et la possibilité de réinitialiser son logiciel). « Cette note donne au consommateur une information simple et lisible sur la réparabilité du produit au moment d’un achat », précise Erwann Fangeat. Plus la note indiquée sur le produit ou sur l’emballage est élevée, plus votre appareil sera facile à réparer. « L’autre objectif de cet indice est que les fabricants puissent améliorer la réparabilité de leurs produits et faire de l’écoconception », ajoute-t-il.
Bientôt un indice de durabilité
L’indice de réparabilité deviendra obligatoire pour de nouveaux équipements d’ici 2023 : lave-linge frontaux, tablettes, aspirateurs, nettoyeurs à haute pression, lave-vaisselle. « La suite de nos travaux, c’est l’indice de durabilité. L’idée est de compléter la partie réparabilité par un critère basé sur la fiabilité, la robustesse et l’évolutivité du produit, notamment sur la partie logicielle », poursuit l’expert de l’Ademe. Il deviendra obligatoire à partir du 1er janvier 2024. Ces deux indices cumulés permettront de faire le choix d’un équipement fiable lors de sa mise en vente, réparable et le plus durable possible. Erwann Fangeat rappelle que la phase de fabrication des équipements est aujourd’hui prépondérante dans leur cycle de vie, entraînant des conséquences écologiques importantes en termes d’utilisation des ressources naturelles et d’émission de gaz à effet de serre. « Plus longtemps nous utiliserons nos produits et moins nous fabriquerons d’équipements neufs, moins il y aura d’impact environnemental », fait-il remarquer. Anne-Sophie Glover-Bondeau
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HISTOIRE
Télémédecine : un essor récent Il y a à peine vingt ans, qui aurait imaginé pouvoir consulter son généraliste par écrans interposés ? Depuis la crise sanitaire, qui a notamment donné un coup d’accélérateur à la téléconsultation, la télémédecine est bel et bien entrée dans les mœurs. Petit retour en arrière…
siècle La téléconsultation… épistolaire
xviiie
Autres temps, autres mœurs… Il était courant, au xviiie siècle, d’échanger par lettres avec son médecin. Le patient décrivait ses symptômes, le praticien lui envoyait en retour un avis, un diagnostic, des indications et des remèdes. Seuls les patients sachant lire et écrire pouvaient alors avoir recours à ces consultations à distance. Ces dernières ne concernaient pas toutes les pathologies, car il fallait parfois compter plusieurs jours avant de recevoir la réponse du médecin. Les longues maladies, surtout, faisaient l’objet de ce type de demande. Cette pratique tombera petit à petit en désuétude et finira par disparaître vers 1820-1840.
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Années 1960-1970 Les États-Unis pionniers L’histoire de la télémédecine débute dans les années 1960 aux États-Unis, notamment avec la mise en réseau de programmes de téléconsultation et de télééducation autour du Nebraska Psychiatric Institute. En 1965 a lieu la première visioconférence en chirurgie cardiaque entre les États-Unis et la Suisse. En 1973, le premier congrès international sur la télémédecine, dans l’État du Michigan, est à l’origine du lancement de nombreux projets. Dans les années 1970, la Nasa développe des programmes de télémédecine pour ses astronautes, et l’armée américaine des systèmes de téléassistance pour apporter les premiers secours aux blessés sur les champs de bataille lors de la guerre du Vietnam.
1989 Création de l’Institut européen de télémédecine L’Institut européen de télémédecine voit le jour en 1989, à Toulouse, à l’initiative du professeur Louis Lareng, qui consacrera toute sa carrière à la télémédecine. Il fut également le fondateur du Samu, créé le 16 juillet 1968.
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EN 2020, TION ONSULTA LA TÉLÉC ULTIPLIÉE A ÉTÉ M OUR PAR 3 P TS N LES PATIE UR PO ET PAR 5 INS* EC LES MÉD
TÉLÉMÉDECINE : DE QUOI PARLE-T-ON ?
La télémédecine englobe toutes les pratiques médicales réalisables à distance par le biais des technologies de l’information et de la communication. Parmi les actes de télémédecine reconnus par la loi figurent :
· la téléconsultation ; · la téléexpertise (le médecin sollicite à distance l’avis d’un spécialiste) ; · la télésurveillance médicale (l’enregistrement et la transmission · ·
des données peuvent être automatisés ou réalisés par le patient lui-même ou un professionnel de santé) ; la téléassistance (un professionnel médical assiste à distance un confrère lors de la réalisation d’un acte) ; la réponse médicale urgente apportée dans le cadre des activités de régulation Samu-Centre 15.
La télémédecine facilite l’accès aux soins, notamment dans certaines régions rurales, où l’hôpital le plus proche se trouve parfois très éloigné. Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les soignants assistent le patient, examiné à distance par le spécialiste d’un service hospitalier, leur épargnant l’hospitalisation et des trajets éprouvants.
1994 Naissance de l’Institut européen de téléchirurgie L’Institut européen de téléchirurgie est créé, toujours à Toulouse. Les projets nationaux concernent la formation aux techniques nouvelles en chirurgie, la médecine en milieu carcéral et, surtout, périnatale et d’urgence. Des réseaux interrégionaux multidisciplinaires commencent à se développer.
2009 Un cadre juridique Le 21 juillet 2009, la loi Hôpital, patient, santé et territoire (HPST) donne pour la première fois en France un cadre juridique et une définition à la télémédecine. Elle distingue cinq actes de télémédecine (voir encadré), qui sont aujourd’hui pris en charge par l’Assurance maladie.
2011 Cinq priorités nationales Le 8 juin 2011, le Conseil des ministres fait reposer le développement de la télémédecine en France sur une stratégie définie selon cinq priorités nationales. Elles devront être déclinées sur le plan local par les agences régionales de santé (ARS) dans un programme obligatoire régional de télémédecine. Ces cinq domaines d’intervention prioritaires sont la permanence des soins en imagerie médicale, la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC), la santé des personnes détenues, la prise en charge de maladies chroniques (insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, diabète, etc.) et, enfin, les soins en structure médico-sociale ou en hospitalisation à domicile. La stratégie nationale de déploiement de la télémédecine est pilotée par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).
2018 La télémédecine enfin remboursée La dernière avancée date du 15 septembre 2018, avec l’entrée de la téléconsultation dans le droit commun. Désormais, celle-ci devient accessible, après 10 ans d’expérimentations, sur l’ensemble du territoire en France : tout médecin, quelle que soit sa spécialité, peut alors proposer à ses patients de réaliser une consultation à distance au lieu d’une consultation en présentiel pour toute situation médicale qu’il jugera adaptée. Les tarifs et modalités sont identiques à ceux des consultations en cabinet (de 25 à 30 euros dans la majorité des cas). Cet accord signe une avancée majeure, en inscrivant ces nouvelles pratiques comme une réalité quotidienne en France. Dans ce cadre, et dans un second temps, la téléexpertise est déployée à partir de février 2019, permettant à un médecin de solliciter l’avis d’un confrère face à une situation médicale donnée.
Isabelle Coston
* Source : Baromètre Odoxa/Agence du numérique en santé (ANS) ©Shutterstock
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NUTRITION
Le cuivre, un allié de l’hiver ? Cet oligoélément est indispensable au bon fonctionnement de l'organisme. Et lorsque les températures baissent, le cuivre aide à lutter contre les maladies hivernales.
L
des lipides », explique Mélissa Ankri, nutritionniste. Elle ajoute : « Le cuivre participe aussi au métabolisme des protéines, contribue à la perception du goût et est indispensable à la synthèse des phospholipides (les constituants des membranes cellulaires) ».
Où le trouver ?
e cuivre (comme le fer, le zinc ou le sélénium) Une alimentation ciblée permet de combler les besoins fait partie de la grande famille des oligoéléen cuivre. « On le trouve dans tous les aliments, à l’état de trace, mais principalement dans le foie de veau ments, ces molécules présentes en très faible (20 mg/100 g), le foie d’agneau (8,5 mg/100 g), la quantité dans l’organisme et cependant nélevure de bière (5,3 mg/100 g) et le cacao (2,7 mg/100 g) », cessaires à son bon fonctionnement. En hiver, explique la nutritionniste. Vous trouverez son rôle est capital. Il possède une action aussi du cuivre dans les oléagineux, comme virucide et renforce les défenses naturelles de « Consommé les noix de cajou (2 mg/100 g) et du Brésil l’organisme en stimulant la synthèse de moléen excès, (1,75 mg/100 g). Les fruits de mer et les cules antibactériennes et antivirales. Il inhibe le cuivre peut engendrer crustacés en contiennent aussi à raison de aussi certaines molécules pro-inflammatoires la production 1,5 mg pour 100 g. Enfin, cette substance responsables de la fièvre. Cet oligoélément est du radical se cache dans les légumineuses, telles que utile pour diminuer le nombre de maladies hydroxyle, les pois chiches, les haricots blancs et rouges, hivernales, comme la rhinopharyngite, la grippe l’un des les lentilles (0,25 mg/100 g en moyenne) ou les angines. Il est également antiallerradicaux libres les plus et les céréales complètes. Faut-il envisager gique. Mais il joue bien d’autres rôles. « Il agressifs », une supplémentation sous forme de coms’agit d’un antioxydant qui permet de lutter contre les radicaux libres, et donc contre le pléments alimentaires, en hiver notamment ? Mélissa Ankri, nutritionniste vieillissement prématuré des cellules de notre « La supplémentation n’est indiquée qu’en corps. Le cuivre est également nécessaire à la cas de signes de déficience. Le cuivre peut formation de l’hémoglobine ainsi qu’à la spermatogénèse. être indiqué pendant les infections, en présence d’une Il facilite l’assimilation du fer et est présent dans plusieurs fatigue ou d’une faiblesse générale, ou chez les personnes enzymes qui participent au métabolisme des glucides et qui souffrent d’ostéoporose, d’arthrose, d’alopécie ou de dermatose », explique Mélissa Ankri. « Une carence importante en cuivre entraîne aussi une augmentation du stress oxydatif. Mais avant de supplémenter, il est préférable d’effectuer un dosage sanguin pour s’assurer d’un réel déficit », complète la nutritionniste. En QUELLE DOSE DE CUIVRE PAR JOUR ? dehors de ces périodes de faiblesse, mieux vaut donc Les apports nutritionnels satisfaisants par jour sont de : faire le plein de cuivre grâce à l’alimentation ! • 1,9 mg/jour pour les hommes ; • 1,5 mg/jour pour les femmes ; • 1,7 mg/jour pour les femmes enceintes ou allaitantes. La dose maximale est de 5 mg/jour pour les adultes, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses).
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MUTUALISTES 352
Violaine Chatal
S'ENGAGER
La solidarité intergénérationnelle : apprendre des seniors Les retraités peuvent parfois avoir peur de se sentir inutiles, alors qu’ils ont énormément à partager. Transmettre un savoir-faire, donner de son temps, échanger, ne pas rester seul… Les ponts jetés entre les générations enrichissent les relations et font tomber les préjugés.
P
our réduire la fracture entre les générations et dépasser les idées préconçues, des initiatives se multiplient un peu partout en France, aussi bien en ville qu’ à la campagne. Des associations œuvrent au quotidien pour instaurer de nouvelles solidarités intergénérationnelles. Elles permettent aux seniors de rester actifs et de se rendre utiles. Les jeunes, eux, s’épanouissent et s’enrichissent à leur contact. Les personnes âgées ont en effet beaucoup à apporter en termes de relations humaines et de transmission des savoirs.
Le partage d’expérience
Artisanat, bricolage, cuisine ou couture : rien de tel que des ateliers pratiques pour apprendre les bons gestes. Né en 1994, L’Outil en main, qui regroupe 180 associations, dispose de véritables ateliers, dans lesquels des enfants âgés de 9 à 14 ans s’initient aux métiers manuels, chapeautés par des artisans retraités. Ce type d’initiative solidaire, imaginé pour revaloriser tous les métiers manuels artisanaux (bâtiment, patrimoine, restauration…), permet en outre de créer du lien social grâce à la relation qui se noue entre les jeunes et les seniors : « Confiance en soi et meilleure intégration scolaire pour les premiers, valorisation et coup de jeune pour les seconds », constate Alain Lehébel, président de L’Outil en main. L’association ECTI s’est spécialisée, elle aussi, dans ce que l’on appelle le bénévolat senior de compétences. L’association dispose d’un réseau de 2 000 adhérents, anciens cadres du secteur public ou privé, chefs d’entreprises, techniciens, artisans, professions libérales… À travers différentes missions, ces retraités
peuvent faire bénéficier des entreprises, des étudiants ou encore des demandeurs d’emploi de leur expérience professionnelle passée.
Des moments de convivialité
Autre façon de cultiver le lien social : les jardins intergénérationnels. Ces espaces cultivés partagés fleurissent un peu partout dans l’Hexagone et ont pour vocation de rapprocher les générations. Ils permettent ainsi à des bénévoles seniors de contribuer au développement et à
l’entretien de parcelles, tout en transmettant aux plus jeunes, généralement des écoliers, leurs connaissances en jardinage. Et, pour rapprocher les générations, rien de tel que de les faire cohabiter. Avec son dispositif Un toit à partager, l’association Générations & cultures propose à des personnes de plus de 60 ans disposant d’une chambre meublée d’héberger un étudiant, un apprenti ou un jeune salarié, en échange d’un loyer modique, de menus services et de moments de convivialité. Ce concept de logement intergénérationnel est à la fois un excellent moyen de lutter contre la crise du logement dans les grandes villes, mais aussi de combattre la solitude. Les seniors ont besoin de se rendre utiles, de rester en phase avec la société (modes, nouvelles technologies, réseaux sociaux…) et de s’enrichir auprès des plus jeunes. Isabelle Coston
Illustrations : ©Shutterstock
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Qu’est ce qui a changé ? Vous ou bien votre vue ?
*Evaluation à but non médical. Demandez conseil à votre professionnel de santé. Visaudio SAS - RCS Paris 492 361 597 au capital social variable. Octobre 2021. Crédit Photo : Getty Images.
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