Le NERICA et le Centre du riz pour l’Afrique
Le ‘Nouveau riz pour l’Afrique’ (NERICA) est un symbole d’espoir pour plus de 30 millions de riziculteurs africains, en majorité de petits exploitants. Il a été développé par le Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) et ses partenaires. Le NERICA est bien adapté à l’environnement agricole difficile d’Afrique subsaharienne où les petits exploitants n’ont pas les moyens d’irriguer et d’appliquer les engrais chimiques ou les pesticides. Il répond même mieux aux intrants plus élevés. Le Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) est une association de recherche intergouvernementale autonome composée d’Etats africains. C’est aussi l’un des 15 Centres internationaux supportés par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI). Pour plus de détails sur le NERICA et l’ADRAO, visiter notre site Internet à www.warda.org
Le secret du Nerica
Conception et rĂŠdaction Savitri Mohapatra Design et illustration Pramod Sahoo
Qui est le meilleur ? “Je suis le meilleur en Afrique, parce que je suis si résistant,” déclare Riz rouge, en hochant fièrement la tête. On l’appelait Riz rouge parce que l’enveloppe qui couvre sa graine est de couleur rouge brun. Il était aussi connu sous le nom de riz africain. Juste à ce moment, un vent se mit à souffler à travers le champ de riz et la plante commença à se balancer dangereusement. “Oh! Oh! Je vais tomber,” se mit-elle à crier.
“Ah la belle blague et avec ça, tu prétends être le meilleur!” s’exclama Riz blanc, qui a une enveloppe de couleur blanc crème. Il était aussi connu sous le nom de riz asiatique. “Tu ne peux même pas te tenir droit et porter les quelques grains que tu as. Je possède plus de grains que toi et ça ne m’empêche pas de me tenir bien droit ! Je suis certainement le meilleur.” Riz rouge réagit en ricanant. “Tu oublies ce que Docteur Riz a dit à Karine l’autre jour? Je suis en Afrique depuis plus de 3000 ans, alors que toi tu es venu d’Asie, il n’y a que quelques 500 ans.”
“Si, mais je me rappelle aussi qu’il a dit que tu es en train de disparaître rapidement d’Afrique parce que très peu de paysans te cultivent encore. Je t’ai remplacé presque partout,” rétorqua Riz blanc. “Hé, vous deux là-bas, arrêtez de vous chamailler,” cria Karine, qui venait d’arriver de l’école. “Qu’est ce qui ne va pas ?” “Je veux participer à la Compétition africaine du riz et montrer à tout le monde que je suis le meilleur riz en Afrique,” répondirent en chœur Riz rouge et Riz blanc.
“Eh bien, pour cela vous n’avez pas besoin de vous quereller,” annonça Karine. “J’ai entendu Maman dire qu’elle vous inscrira tous les deux pour la Compétition.” “C’est vrai ?” s’extasièrent les deux riz tout heureux.
La Compétition Le lendemain, Karine et sa maman rendirent visite au Docteur Riz responsable de l’organisation de la compétition. Elles amenèrent avec elles Riz rouge et Riz blanc pour les présenter. “Merci d’être venues,” commença Docteur Riz. “Je vais vous expliquer les règles de la compétition. Tout d’abord, il n’y aura pas qu’une seule compétition, mais plusieurs. Les plantes de riz vont être testées par rapport à plusieurs qualités.” Là-dessus, Karine demanda, “C’est quoi des qualités, Docteur?”
“N’as tu jamais participé à une compétition de peinture, de danse ou de course avec d’autres enfants, Karine?” s’enquérit Docteur Riz.
“Oh si, j’étais la première dans la compétition de course à l’école, j’ai été aussi bien placée pour la danse, mais je n’ai pas eu beaucoup de succès dans la compétition de peinture,” répondit Karine.
“Bien, de cette même manière, nous allons tester les plantes de riz pour voir la rapidité de leur croissance, la quantité de riz qu’elles produisent et si elles sont assez fortes pour résister aux maladies et aux insectes ravageurs qui les attaquent, etc.,” expliqua Docteur Riz.
Karine sourit et ajouta, “Ah, j’ai bien compris. Comme nous, les autres paysans ont aussi apporté leurs meilleurs riz qui vont être aussi testés pour voir réellement ceux qui sont bons.” “C’est bien cela, Karine,” opina Docteur Riz.
Qui sera le juge ? Karine était curieuse de savoir qui examinerait les plantes de riz pour les noter. “Allez vous être le juge?” demanda-t-elle au Docteur Riz.
“Ah non!” répondit le Docteur. “C’est les paysans qui seront les juges, mais, toi aussi tu pourras donner ton opinion.” “Oh là là!” s’extasia Karine, en applaudissant. “Je dirais à mes amis et je ferais certainement beaucoup d’envieux.”
“Je voulais aussi te dire qu’il y a des chercheurs riz comme moi qui étudient le riz. Nous essayons de réunir les meilleures qualités de différents types de riz pour mettre au point des plantes améliorées. Ces plantes améliorées vont aussi être testées.” “D’accord,” dit Karine. “Est ce qu’on peut commencer tout de suite?” “Pour commencer, les riziculteurs vont cultiver tous ces différents types de riz dans leurs champs et nous vous inviterons à venir juger autant de fois que vous le désirez.” “Formidable!” acquiesça Karine.
“Je suis sûr que vous voudriez voir les plantes aux stades de floraison, de maturation des grains, de transformation, de préparation et surtout de dégustation,” nota Docteur Riz. “C’est vraiment un examen ardu pour les riz,” fit remarquer Karine. “Certainement et à la fin des tests, nous allons voir toutes les notes que vous aurez données et déclarer qui sont les champions,” ajouta Docteur Riz. “Une fois que nous saurons les plantes que vous préférez, nous conseillerons leur culture à un plus grand nombre de riziculteurs.”
Comment juger ? Karine était très enthousiaste. Elle était déjà partie, avec sa maman, à plusieurs reprises examiner les plantes de riz et donner son opinion dans la compétition. Aujourd’hui, c’est le grand jour de la dégustation du riz préparé, épreuve à l’issue de laquelle, les résultats seront proclamés.
“Hé, Karine, est ce que j’ai bien travaillé? Quelle note j’ai obtenu?” chuchota Riz rouge pour que Riz blanc n’entende rien.
“Sottise, les paysans ne t’ont même pas regardé, ils n’avaient d’yeux que pour mes grains,” rétorqua Riz blanc.
Karine ne voulait pas les blesser, elle les aimait bien, mais elle avait entendu sa maman et ses tantes se plaindre qu’elles avaient beaucoup de problèmes et avec Riz rouge et avec Riz blanc.
Riz rouge est capable de survivre dans les pires Riz blanc (riz asiatique)
conditions, mais donne très peu de grains, ses plantes tendent à tomber par terre et ses grains sont si faiblement attachés à la plante qu’ils tombent et s’éparpillent au sol bien avant que les paysans ne les récoltent. Les grains sont aussi
Riz blanc n’est pas satisfaisant pour des paysannes comme maman, parce qu’il a besoin de beaucoup de soins. Bien qu’il produise beaucoup de grains, il ne donne pas bien lorsqu’il n’y a pas assez de pluies et lorsque les sols ne sont pas bons.
Riz rouge (riz africain)
très fragiles et se brisent au cours de la transformation.
Lorsque Karine et sa maman se sont rendues au lieu de la compétition, elles ont vu beaucoup de paysans. Ils étaient en tenue de fête et chantaient et dansaient. A un endroit, des femmes préparaient du riz dans de grosses marmites. “J’espère que vous avez suffisamment faim, car vous aurez à goûter beaucoup de types de riz et vous allez me donner vos préférences,” dit Docteur Riz à tout le groupe.
Karine n’avait jamais goûté autant de types de riz auparavant. Certains grains étaient entiers, d’autres brisés, certains courts, d’autres longs, certains fins, d’autres gras, certains blancs, d’autres bruns, certains sucrés, d’autres moins sucrés, certains parfumés, d’autres pas, certains un peu collants, d’autres pas, certains duveteux, d’autres pas… Oh qu’il était difficile de juger quels étaient les meilleurs riz !
Finalement, tout se termina et ils attendirent la proclamation des résultats.
Qui est le champion ? “C’était très difficile,” commença Docteur Riz. “Un point intéressant à retenir c’est que les riziculteurs et les rizicultrices ont différentes préférences de qualités de
Karine, elle, savait déjà la qualité que les enfants attendaient de leur riz : c’est le bon goût !
“Par exemple, comme les femmes passent de longues heures pour le désherbage, elles préfèrent les plantes qui concurrencent les mauvaises herbes,” poursuivit Docteur Riz.
“C’est quoi les mauvaises herbes, Maman?” interrogea Karine.
Maman montra à Karine des plantes dans le champ de riz. “Regarde ces plantes. Elles interceptent la lumière du soleil, l’eau et la nourriture dont nos plantes de riz ont besoin pour se développer. Donc, il faut qu’on les arrache du champ de riz.” “Merci, Maman,” répondit Karine. Elle piaffait d’impatience pour les résultats de la compétition. “Qui est donc le champion, Docteur?”
“Comme je vous l’ai dit, les paysans ont des préférences différentes. Ils veulent des plantes de riz qui peuvent produire avec peu de pluies ou des sols pas très riches. Pour cela des paysans ont bien noté le riz africain,” indiqua Docteur Riz. Riz rouge jubila et fit un clin d’oeil à Riz blanc.
“Le riz asiatique a aussi eu un bon rendement lorsqu’il a reçu suffisamment d’eau dans de bons sols,” ajouta Docteur Riz. Ce fut au tour de Riz blanc de jubiler et de faire un clin d’œil à Riz rouge. “Mais, le maximum des paysans, qui font la culture sèche du riz, ont préféré les plantes de riz Nerica,” annonça Docteur Riz.
Nerica? Qu’est-ce que c’est? “Nerica? Est-ce le nom de la nouvelle plante de riz que j’ai vue dans la compétition?” demanda Karine. “Oh ! Elle sentait si bon!” “Oui,” répondit Bintu, une amie de sa maman, qui cultivait déjà des Nerica dans son champ. “Il y a plusieurs types de Nerica et nous préférons certains d’entre eux parce qu’ils combinent les meilleures qualités de Riz rouge et Riz blanc.” “Oui,” répliquèrent d’autres paysans qui cultivaient des Nerica. “Ils produisent beaucoup; ils peuvent être cultivés en culture sèche comme le maïs, à la différence de la plupart des riz cultivés en Asie, qui nécessitent beaucoup d’eau. Et lorsque nous prenons bien soin d’eux, nous pouvons avoir assez de riz pour notre consommation et pour la vente.” Entendant cela, tous les paysans acclamèrent et se mirent à danser. “Et par dessus tout, les Nerica se développent vite. On peut récolter le riz environ 3 mois après le semis, à la différence de nos autres plantes de riz qui prennent 5 mois pour arriver à la récolte,” ajouta Bintu.
“Certains Nerica sont aussi bons pour la santé, parce qu’ils contiennent plus de protéines que le riz importé vendu sur nos marchés,” déclara Docteur Riz. Cette déclaration fut suivie d’une grande agitation car tous les paysans se levèrent et réclamèrent des semences de Nerica à semer dans leurs champs. Docteur Riz fournit une petite quantité de semences Nerica à chacun d’eux. Karine aussi en amena à la maison. Elle était curieuse de découvrir le secret du Nerica. “Comment se fait-il qu’il ait autant de bonnes qualités? Est-ce de la magie?” se demanda-t-elle.
Elle mit les graines dans une bouteille et les observait toutes les nuits pour voir si elles s’illumineraient à cause de la magie. Mais, ne constatant aucun changement dans les semences, elle demanda à sa maman si elle connaissait le secret du Nerica. “Je n’en sais rien, Karine. Tu pourras demander au Docteur Riz, lorsqu’il nous rendra visite, la prochaine fois?” conseilla sa maman.
Quel est le secret du Nerica ?
“Ainsi, tu veux connaître le secret du Nerica,” demanda Docteur Riz en souriant. “Mais, une partie du secret se trouve déjà dans ton champ de riz. Tu as un trésor caché, ici.” “Nous avons un trésor dans notre champ?” demanda Karine, les yeux pleins de surprise. Elle voulut immédiatement aller creuser pour découvrir le trésor.
“Oui, il est ici,” dit Docteur Riz en montrant Riz rouge. “Pour nous, le riz africain est un trésor parce qu’il recèle beaucoup de bonnes qualités. Comme il a été cultivé en Afrique pendant des centaines d’années, il a appris toutes les astuces pour combattre les problèmes auxquels font face les plantes de riz en Afrique. C’est un véritable guerrier, tu sais.”
Karine commença à rire tout en caressant Riz rouge, “Vous parlez de notre Riz rouge comme s’il était un champion de karaté. Mais, c’est vrai et c’est pourquoi Maman continue de le cultiver, alors que la plupart de nos voisins l’ont remplacé par Riz blanc,” dit Karine.
“Nous sommes reconnaissants à des paysans comme ta maman, parce qu’ils ont préservé ce riz inestimable,” nota Docteur Riz. “Des gens de notre contrée pensent que c’est un don du ciel et elles continuent de le cultiver pour garder le contact avec les ancêtres. “On aime bien son goût aussi,” indiqua Karine.
“Pour ceux d’entre nous qui étudions le riz pour mettre au point des plantes améliorées, nous essayons de transférer les meilleures qualités du riz africain dans les meilleures plantes de riz asiatique,” expliqua Docteur Riz. “Maintenant, je comprends comment vous êtes parvenus au Nerica. Il combine les meilleures qualités du Riz rouge et du Riz blanc,” s’exclama Karine, heureuse de découvrir enfin le secret du Nerica. “Oui, Karine, et sur plusieurs points le Nerica est meilleur que chacun de ses deux parents,” commenta Docteur Riz. “Mais ce travail a été très difficile parce que le riz africain et le riz asiatique sont très différents. Beaucoup de gens ont essayé de le faire avant, sans succès. Il n’y a que Papa Nerica et son équipe qui ont réussi.” Karine était étonnée qu’il y ait un ‘Papa Nerica’. “Comment a-t-il fait?” demanda-t-elle. “Je t’amènerais là où le Nerica a été mis au point et tu comprendras un peu mieux,” annonça Docteur Riz.
Quel est le lieu de naissance du Nerica?
“C’est le Centre du riz pour l’Afrique,” affirma Docteur Riz. Karine s’émerveilla de voir toutes ces grandes personnes qui étudiaient le riz pour aider des paysans comme sa maman. “Je vais tout d’abord te montrer la banque où nous conservons les semences de riz,” indiqua Docteur Riz. Karine trouvaient ces grandes personnes étranges parce qu’elles conservaient des semences de riz au lieu de l’argent dans leur banque.
“En fait, ça s’appelle une banque de gènes – tu peux l’appeler une banque de semences,” indiqua Docteur Riz, en amenant Karine à un endroit où des milliers de semences de riz étaient stockées. “Il y a beaucoup de types de Riz rouges, ici,” s’exclama Karine. “Oui,” approuva Docteur Riz. “Nous avons collecté toutes ces semences de riz dans différentes régions d’Afrique, dans les forêts, les vallées, sur les collines et surtout dans les champs paysans.”
Karine était heureuse de voir la banque de gènes. “Ainsi, Papa Nerica a utilisé ces semences pour faire son travail ?” demanda-t-elle. “Tu as raison,” acquiesça Docteur Riz. Il parla à Karine du rêve de Papa Nerica d’aider les paysans comme sa maman qui se battent et travaillent si rudement parce qu’ils n’ont pas le type de riz approprié.
“N’est-ce pas formidable qu’il ait pu réaliser ce rêve et mettre au point le Nerica pour nous?” renchérit Karine.
Nerica en Afrique
“Oui ! Bien sûr. Les Nerica sont parvenus aux paysans dans plusieurs pays d’Afrique,” ajouta Docteur Riz. Karine regarda ses semences de Nerica avec une grande admiration. Maintenant, elle sait que le Nerica n’a pas été créé par magie, mais après beaucoup d’étude, un travail laborieux et avec l’aide de paysans comme sa maman.
Est-ce la fin de l’histoire du Nerica ? “Mais, ce n’est pas la fin de l’histoire du Nerica, Karine,” fit remarquer Docteur Riz. “Il y a d’autres comme Papa Nerica, qui continuent à étudier le riz et nous avons maintenant des Nerica qui sont excellents pour les bas-fonds avec eau.” Il montra à Karine les Nerica de bas-fonds. “Ils peuvent produire beaucoup de riz et en Afrique, nous avons de vastes zones de bas-fonds où les nouveaux Nerica peuvent être cultivés. Alors, nous aurons plus de riz et nos gouvernements pourront cesser de dépenser beaucoup d’argent pour l’achat de riz importé.”
“Oh là là!” s’exclama Karine. “Je vais bien travailler à l’école et être comme vous pour pouvoir aider beaucoup de paysans et mon pays.” Docteur Riz caressa la tête de Karine en disant. “Bien sûr, tu peux. Les paysans qui cultivent les Nerica pourront envoyer leurs enfants à l’école et leur acheter des médicaments lorsqu’ils sont malades, parce que les Nerica produisent tellement bien qu’ils peuvent manger et vendre,” ajouta Docteur Riz. Karine était très heureuse parce qu’elle se rappelait combien de fois sa maman se battait pour payer les frais de scolarité et les ordonnances médicales pour elle et ses trois frères.
“Cependant, comme les paysans ont plus d’argent, ils peuvent nourrir plus sainement leurs enfants pour qu’ils ne tombent pas souvent malades,” nota Docteur Riz. “Oh Nerica, tu es mon riz à moi et je suis fière de toi,” conclut Karine, en serrant les semences de Nerica contre sa poitrine.
Le GCRAI Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) est une alliance stratégique de pays, d’organisations internationales et régionales et de fondations privées qui soutient 15 Centres agricoles internationaux qui travaillent avec les systèmes nationaux de recherche agricole et les organisations de la société civile y compris le secteur privé. L’alliance mobilise la science agricole en vue de réduire la pauvreté, améliorer le bien-être humain, promouvoir la croissance agricole et protéger l’environnement. Le GCRAI génère des biens publics mondiaux qui sont disponibles pour tous. www.cgiar.org
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