
PA R ZYAD LI MAM
PA R ZYAD LI MAM
Nous sommes dans le monde et le retour de Donald Trump au pouvoir est aussi une affaire africaine. Si le continent n’a jamais été réellement une priorité américaine (y compris à l’époque de Barack Obama), il le sera encore moins Le 47e président des États -Unis n’a aucune appétence pour un continent qu’il ne connaît pas, où il n’a pas d’affaires ni de terrains de golf, une terre qu’il considère à valeur zéro On se rappelle aussi la fameuse interjection de janvier 2018, à pr opo s de s « pay s de m… ». Po ur Wa shing to n, stratégiquement, il s’agira donc avant tout de préserver le s inté rêts vi ta ux , de contrer la Ch in e et la Ru ssi e. Probablement de réduire drastiqu ement son réseau diplomatique. Ou de redimensioner Africom, le centre de comman de me nt mi litai re li é à l’Af riqu e. Il y aura certes des « dossiers ». Trump favorise cette approche par silo, où il peut obtenir des gains rapides, comme c’est le ca s pa r exe mpl e da ns le con fl it RD Co ng oRwanda. Il n’a toujours pas de secrétaire d’État adjoint mai s a no mm é un pr och e po ur gé re r le « do ssi er Afrique ». Sans que l’on sache vraiment quel est le poids ré el de Ma ssad Boulos, citoyen am ér icain d’origine libanaise, qui a par ailleurs le mérite d’être le père de Micha el Boulos, époux de Tif fany, la fill e cad et te du président Trump.
C’est sur le plan économique que les dégâts seront conséquents. Les États -Unis veulent se désengager de l’aide au développement. Et de tout financement qui ne contribue pas à leurs intérêts étroits (America First) La liquidation quasi pure et simple de l’Usaid souligne de manière stupéfiante ce virage, qui aura fo rt prob ab le me nt pour corol la ire la disparat io n du Millenium challenge et de l’Agoa Au moment où ces lignes sont écrites, l’administration Trump envisage de mettre fin à la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), le guichet concessionnel de la Banque africaine de développement destiné aux pays à faible revenu [voir p. 80] Parmi les actions prioritaires du FAD, les financements climatiques à destination des pays les plus fragiles. Or le climat, c’est la bête noire des trumpistes En termes de coopération et de développement, l’agenda s’est considérablement
rétréci. La stratégie sera de privilégier les approches bilatérales et transactionnelles, en particulier dans les secteurs minier, énergétique et des infrastructures La seule véritable « nouvelle » idée utile serait de favoriser directement le secteur privé, censé, à lui seul, assurer le progrès.
Il va falloi r agir avec san g-fr oid fa ce à cette situation, qui est là pour durer. Trump peut paraî tre erratique, échevelé, mais il est aussi l’incarnation d’une idéologie illibérale puissante, d’une vision du monde à se ns uniqu e, por té e pa r un ap pa re il re la tivem ent cohérent, et surtout déterminé. Il faudra maintenir des liens réalistes, des canaux de communications, prendre ce qu i es t à prend re, en pa rt ic ul ie r po ur le se cteur privé. Et puis l’Amérique reste un centre incontournable de créa tion, de ri chesses, d’intelli genc e. La ba taille inté ri eure n’es t pa s en core pe rd ue, le s fo rc es et le s résistances anti -Trump vont se réorganiser
Ce pivot américain peut aussi être une opportunité, le moment pour l’Afrique de réinitialiser ses partenariats globaux. Après tout, le commerce entre les États -Unis et le continent ne représentait en 2024 qu’un montant de 71,5 milliards de dollars (et les exportations africaines dans le cadre de l’Agoa ont at teint 9,3 milliards de dollars en 2023). Cela reste bien modeste par rappor t aux poids de l’Union européenne (325 milliards de dollars en volume) et à celui de la Chine (295 milliards de dollars). Il y a d’autres par tenaires possibles, les pays du Golfe, bien sûr, en premier lieu Mais pour l’Afriqu e, l’horizon stratégique majeur devrait surtout s’ écrire aux côtés de Bruxelles et de Beijing. L’Afrique a be so in de par te nair e s so li de s qu i pe uv en t envisa ge r glo ba le me nt un e coop érati on à long te rm e. L’Europe et la Chine sont dans l’urgence de repenser le mon de so us Tr um p, de ré ori ente r un e par ti e de s énergies L’Afrique a des ressources, un marché, des « arguments » démographiques, économiques, sécuritaires Elle peut devenir un des paramètres majeurs de ré équilibrage dans ce monde dystopique. On pourrait alors se prendre à imaginer, à rêver d’une grande coalition trilatérale, Nord -Sud, entre l’Europe, la Chine et l’Afrique. ■
ÉV ÉN EM EN T
NOTR E TERR E SE RACONT E à travers les cl ichés du célèbre photog raphe.
Retour su r une vie de pérég ri nations.
SON APPA REIL LEIC A en bandoulière, le photographe brésilien a sillonné le monde près de cinquante ans, arpenté 130 pays, devenant un témoin éminent de la condition humaine. Ses images en noir et blanc aux délicates nuances de gris, saisissantes, magnétiques, bouleversantes, son engagement et son regard humaniste ont immortalisé les bouleversements sociaux et politiques de notre temps. Réalisée par la Maison européenne de la photographie, et en partenariat avec le centre culturel Les Franciscaines de Deauville, la rétrospective consacrée à l’oeuv re de Sebastião Salgado présente les projets marquants de sa carrière, menés sur plusieurs années, au fil de 166 clichés. La première partie de l’exposition (de 1973 à 1999) retrace ses premiers reportages, en Europe sur la condition des travailleurs immigrés, en Afrique au cœur des guerres en Angola et au Sahara espagnol, au Sahel, ravagé par la sécheresse et la famine, ainsi qu’en Amérique latine auprès des populations autochtones et paysannes. Dans La Main de l’homme, ses portraits des travailleurs manuels dans les industries captent un monde du travail en voie de disparition face à la mondialisation et au règne des machines Avec Exodes, il témoigne des déplacements de populations fuyant les conf lits, la sécheresse, la pauv reté, la dictature.
La seconde partie (de 2004 à 2011) témoigne de sa quête du monde des origines, de terres et de peuples préser vés de la prédation humaine (en Nouvelle-Guinée, en Sibérie, au Brésil…) Le tout immortalisé à travers des clichés sublimes. Un regain d’espoir pour l’artiste, fragilisé par ses reportages au cœur de la violence des hommes, qui a fondé avec son épouse l’institut Terra pour la reforestation, la préser vation et l’éducation environnementale. ■ Astrid Krivian
« SEBASTIÃO SALGADO », Les Franciscai nes, Deauville (France), jusqu’au 1er juin 2025 lesfranciscaines.fr
Unehabitante
retisseles
liensdans un VI LLAGEDECÔT ED’I VOIR E
trau matisé pa rles violences postélectora lesdes an nées 2010.
ELLE aune sacrée volonté, peut-être inspirée de son autre surnom, Tchinmouengnan, qui signifie en guéré, sa langue natale, «loin de moi la colère ». Le cinéaste Joël Akafou asuivi Maman Jo durant plusieurs années, dans son village de Ziglo, dans le Grand Ouest ivoirien. Cinq communautés autochtones et étrangères ycohabitent, sans vraiment se parler depuis les massacres commis pendant la crise postélectorale (elle ya perdu sa grand-mère). Le film n’entre pas dans les détails, et le contexte nous manque parfois. Mais tout l’intérêt réside dans la façon dont cette femme va, àtâtons, aider àsurmonter la haine. Sa méthode ?Faire raconter àchacun ses souffrances, puis mener des actions en commun, «faire la main ensemble », comme elle dit, en créant par exemple des activités de maraîchage qu’elle finance elle-même, achetant bottes et brouettes avec sa modeste pension. Des fils renoués essentiellement par les femmes, qui se retrouvent sous l’apatam autrefois incendié et reconstruit par tous les villageois pour palabrer. Le témoignage précieux d’une réparation, filmé au plus près, récompensé au dernier Fespaco et au Cinéma du réel àParis. ■ Jean-Marie Chazeau
LOIN DE MOILACOLÈR E (Côted’Ivoire, Bu rk ina Faso,France),deJoëlA kafou. Projection of ciel le àZiglo le 10 ma i, pu is en tour néedanstoute la Côte d’Ivoire.
Àécouter maintenant !
TheOriginalSound
Of Mali 2, Mr Bongo.
Àlasuite de l’excellente réception d’un premier volet, la compilation
TheOriginalSound of Mali 2 remet ça,toujours avec cettevolonté de mettre en reliefdes bijoux du catalogued’un despaysles plus musicaux d’Af rique. Au programme, desmorceauxrestaurés d’Ousmane Kouyaté, Allata Brouyale,des MessagersduMali, du Mystère Jazz de Tombouctouetdebiend’autresartistes.
BlackF lower, Kineti c,Sdban Ultra.
En l’espace d’une décennie,cequintette belge mené parlemultiinstrumentiste surdoué NathanDaems (v uchez Echoes of ZooouDjif Sanders) aréussiàimposer le sond’un jazz inventif,àlafoispsychédélique et groovy,adoubépar Gilles Peterson himself.Entémoignece Kinetic aux origines toujours éthio-orientales, mais mâtiné d’influences sy nthétiques et dub.
Selman Fa ris, Kapl an ,voyageversl’E st, Ki ra z/ RocheMusiq ue.
Belleréussiteque ce premieralbum signé parlecompositeur, producteur et multiinstrumentiste français d’origineturqueSelman Faris, quiassuretantderrière le micro qu’auxclaviers, àl’altoouàlaguitare Commeson noml’indique, Kaplan,voyage vers l’Est nous emmène du Bosphore à Tokyo, s’amusedes variations de textures commeder ythmes et brillepar sa chatoyante dextérité. ■ Sophie Rosemont
Ly na Kh ou dri et Fa re s Fa re s dans Le s Aigl es de la Répub liqu e, de Ta rik Sa leh
CA NNE S 20 25
L’Af rique reste encore trop peu présente lors du plus grand fest ival de ci
néma. Avec néan moi ns quelques PÉPI TES à decouv ri r.
UN RECORD de 2 909 films visionnés, venus de 156 pays, « le tiers de la production mondiale du printemps », a expliqué le sélectionneur Thierr y Frémaux Et à l’arrivée, peu d’élus pour cette 78e édition du Festival de Cannes, du 13 au 24 mai… En lice pour la Palme d’or, un seul natif du continent : le sud-africain Oliv ier Hermanus, pour un film tourné aux États-Unis : The Hi stor y of Sound. Il sera notamment en concurrence avec Les Aigles de la République, de Tarik Saleh, dont La Conspiration du Caire avait remporté le Prix du scénario il y a trois ans. Cette fois, le réalisateur suédois d’origine ég yptienne raconte l’histoire d’un acteur adulé en Ég ypte contraint de tour ner un film de commande Avec la Franco -A lgérienne Ly na Khoudr i. Également en compétition : Hafsia Herzi avec La Petite Dernière et sa famille algérienne, et Sirat du Franco -Espag nol Óliver La xe, tour né dans le Sahara à l’ouest de Ouarzazate. De quoi séduire certains membres du jury (présidé par Juliet te Binoche), comme l’écrivaine franco -marocaine Leïla Slimani et le cinéaste congolais Dieudo Hamadi. Dans les autres sélections, et « c’est sans doute une première », selon Thierry Frémaux : un film de Nollywood !
My Father’s Shadow, du Nigérian Akinola Davies Jr., raconte l’histoire de deux frères qui accompagnent leur père à Lagos, en pleine élection présidentielle de 1993… Programmé dans la catégorie Un certain regard, comme deux autres films décrivant les problèmes rencontrés par les migrants dans le nord du continent : dans Aisha Can’t Fly Away, de l’Égyptien Morad Mostafa, tout un quartier du Caire, où vivent de nombreux immigrés africains, est abandonné aux gangs par les autorités. Dans Promis le ciel, de la Tunisienne Erige Sehiri, dont on avait beaucoup aimé Sous les figues (2022), Aïssa Maïga incarne une journaliste et pasteure évangélique ivoirienne, installée depuis une dizaine d’années en Tunisie, qui accueille des femmes en situation difficile (dont une jouée par la comédienne ivoirienne Laetitia Ky). Elles vont s’allier pour faire face aux tensions entre les Subsahariens, les Tunisiens et les forces de l’ordre… La police de Yaoundé sera, elle, au cœur du nouveau film de Thomas Ngijol, Indomptables, sélectionné par la Quinzaine des cinéastes, tourné intégralement au Cameroun, le pays de ses parents. ■ J.- M.C festival -cannes. com
«
Da lila Da ll éas Bouzar, Le s Princesses, 2015 -2 016.
« TATOUAGE : HISTOIRES DE LA MÉDITERRANÉE », Cent re de la Vieille Char ité, Marseille (France), du 17 mai au 28 septembre vieille-charite- marseille.com
MA RSEI LLE célèbre CET
ART CORPOR EL , vieu x comme le monde, en retraçant le lien avec les identités et les imag inai res cu lt urels du pour tour méditerranéen.
LONGTEMPS considéré comme un art réservé aux marginaux, aujourd’hui démocratisé, le tatouage a une histoire vieille comme le monde, notamment dans le pourtour méditerranéen. Au gré des époques, il a eu des usages médicaux, religieux, politiques ou esthétiques, avant de devenir une expression artistique à part entière, alimentée par la pop culture. L’exposition « Tatouage : histoires de la Méditerranée », présentée par les Musées de Marseille, explore toutes ces pratiques mêlant histoire de l’art, archéologie, ethnologie et anthropologie, à travers des peintures, sculptures, photos, vidéos, objets de mode et du quotidien issus de grandes institutions nationales et internationales, du Louv re à la Glyptothèque de Munich L’exposition accorde également une place centrale aux artistes qui ont puisé dans les motifs du tatouage en Algérie, au Maroc, en Tunisie ou en Ég ypte Elle présente des œuvres inédites signées par Choukri Mesli, Samta Benyahia, Farid Belkahia, Lalla Essaydi ou El Meya, ainsi qu’une pièce réalisée pour l’occasion par l’Algérien Denis Martinez, l’un des fondateurs du groupe d’avantgarde Aouchem – littéralement, « tatouages ». ■ Luisa Nannipieri
FI LM
DEU XJ EU NESBERGERS at taqués da ns la montag ne pa rdes terror istes sa ng ui na ires…Und ra me qu iava it sidéré la TU NISI EI LY ADIX ANS, traité avec la bonned ista nce, viales yeux d’un adolescent trau matisé.
LE 15 NOVEMBRE 2015,dansledjebel Mghila, près de la frontière algérienne, un jeuneberger étaitdécapitépar des terroristes, quiavaient forcéson cousin à rapporterlatêteàsafamille… Un drame quiavait bouleversé la Tunisie, médiatisé àoutrance, unejournaliste téléfaisant ouvrir parlamère le réfrigérateur où cette dernière avaitmis le crânedu jeune mart yr en attendantdepouvoir récupérer le reste de soncorps et de l’enterrer dignement… Dans sonfilm,Lotfi Achour,connu pour ses misesenscène de théâtreà traverslemonde et dont c’estle deuxièmelong-métrage [voirson interviewp.60],trouve, lui, la bonnedistancepourracontercette histoire quia braqué lesprojecteurs surune région rurale àl’abandon. D’abordenadoptantlepoint de vuede l’adolescent,qui,à 14 ans, très proche de soncousinàpeine plus âgé, va devoir
en transporterlatête dansunsac de sportbientôt ensanglanté… Ce rouge trancheaveclejaune des montagnesetd’unsoleilimplacable(la photo du film estsuperbe), et nous cueilleaprès lespremières scènes,oùles deux jeunes garçons, solaires et enjoués, font corpsaveccet environnementrude et désertique, rêvantd’unavenir meilleur(«T’as vu la viemoche qu’ona ?»). On ne verrapas les assaillants,maisdanscette montagne trufféede minesantipersonnel,oncraintdeles voir surgir àchaqueinstant.Les réactionsdupetit surv ivant puis de sa familleetdumonde extérieursont troublantes àobser ver. Un dramev iolent et perturbant traité avectact, commeune tragédie antique, mais férocement ancrédanslemonde d’aujourd’hui. ■ J.-M.C LESENFANTSROUGES (France, Belg iq ue,Tun isie), de Lotf iAchou r. Avec Al iHelali, YassineSamou ni,Wided Da bebi. En sa lles
La saga du prol if iq ue Gi lber t Si noué nous entraî ne lors du PROT ECTORAT
AU MA ROC, une politique coloniale spécifique.
APRÈS L’Île du couchant et Le Bec de canard, le troisième volet de la trilogie du conteur franco-égy ptien s’ouvre sur une épopée de près d’un demi-siècle. Le premier volume de cette histoire du Maroc débutait avec l’intronisation de Moulay Ismaïl en 1672. L’affaire nous était contée par un Français, Casimir Giordano, médecin du sultan La deuxième partie relatait la période de 1808 à 1912, avec l’instauration du protectorat français sur le Maroc. Ici, tout commence quand le sultan Moulay Abd el-Hafid, contraint à l’exil, renonce au trône. Le futur maréchal de France, Hubert Lyautey, le conduit à bord du croiseur à destination de Marseille et entame une nouvelle méthode de colonisation : « Surtout ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en Tunisie ou à Madagascar, ou encore en Algérie. » Dans cette fresque, Churchill, Roosevelt, Abd elKrim et même le futur Mohammed V côtoient la destinée de témoins des bouleversements de l’histoire. Jusqu’au 16 novembre 1955, où celui qui deviendra bientôt le père de l’indépendance rentre au Maroc. ■ C.F.
GILBERT SINOU É, Au Couchant, l’espérance, Gallimard, 336 pages, 22 €
CO LL AB
Le prem ier projet en commun mu lt iréférentiel de ces ar t istes ex igea nts, HE ALING VOICES, est une réussite éclata nte. À écouter d’urgence !
DÈS L’OU VERTUR E, « Flowing Keep Flowing » témoigne de la pertinence de cette alliance sonore et patrimoniale. Depuis plusieurs années, on admire le travail d’ESINAM, flûtiste belge d’origine ghanéenne, via ses expérimentations jazz et électro, et dont le premier album, Shapes in Twilights of Infinity, nous avait enchantés Le guitariste virtuose sud-africain Sibusile Xaba, quant à lui, est très remarqué à la fin des années 2010 grâce à un inaugural et copieux Unlearning Explorant les sonorités de leurs origines respectives, ESINAM et Xaba ont confectionné, des mois durant, ce disque à la fois percussif, contemplatif et onirique. En témoignent des titres aussi hybrides que « Yema », « Inner-CosmicImagination » ou le bien nommé « Ready to Love ». Car ce Healing Voices (des voix qui soignent, donc) nous réconforte immédiatement par son pouvoir réconciliant avec l’autre, d’où qu’il soit ■ S.R. ESINAM & SIBUSILE XABA, Healing Voices, W.E.R.F. Records
PÉ RI PÉ TI ES
Ci -c ontre,
Ma rg ue rite Ab ou et
Ci -d es sou s, Izab el la Ma ya et Al bi nd el a Si mone,d ans le srôl es de Ma ch ér ie et Ju li o.
Le genrenar rati ficoniquedelapresses’a muse de lu i-même au travers d’uneH ISTOIR ED’A MOUR aussicom iq ue qu’i nattendue.
QUELES AM ATEURS du genrese réjouissent,leromanphoto fait sonretoursouslahoulettedeMargueriteAbouet, l’autrice ivoirienne renduecélèbrepar lesaventures d’Aya de Yopougon,dontelleavendu un milliond’exemplaires avantdeles porter àl’écran. LesAmoursdeMachér ie,c ’est l’histoire de cetteder nière,qui se fait larguer parBienaimé, soncompag nonadoré. Alorsqu’elle er re commeune âme en peineàParis,ses parents,restésaupays, luimettent la pressionpourqu’elle leurprésenteson amoureux et qu’elle se marie. Pasquestiond’avouerqu’il l’aquittée. Elle a
doncune idéefarfelue: fairepasserpourson compagnon un clochard quifaitlamancheenbas de chez elle.Julio accepteaussitôt le deal et débarque avecsadulcinéeà l’aéroport FélixHouphouët-Boigny.S’ensuitune série de péripéties cocasses, propresaugenre littéraire, avec sonlot de photosdemines figées et de bulles de paroles. Héros du casting: IzabellaMayaetA lbindelaSimone. Avec,évidemment, un happyend ! ■ Emm an ue ll eP on ti é
MARGU ER IT EABOUET, Les amoursdeMachérie, Lesa moursdeMachér ie,Seu il,96pages,19,50 €
MODE
Le s épaules large s et la ta ill e ser ré e sont la sig nat ure de Ro mz y. Le poi ds ins pi ré d’un ma squ e ga bo nai s es t, qu ant à lui, l’emb lè me de la marque
Ce LA BEL GA BONA IS-I VOIR IEN, ba sé au Sénéga l, se dist ingue pa r ses coupes or ig inales et confor ta bles, son choi x des matières et une sy mbol iq ue forte.
POUR CÉLÉBR ER son dixième anniversaire, Romzy s’apprête à ouvrir son premier show room à Dakar, dans le quar tier Jet d’Eau. La marque a été fondée par le st yliste gabonais autodidacte Romeo Moukagny. Arrivé au Sénégal en 2010 pour suiv re des études en gestion, il s’est reconverti dans le milieu de la mode masculine pour laisser libre cours à sa créativité. En 2021, la pandémie étant passée par là, il cherche à se diversif ier et lance sa première collection femme en tandem avec l’Ivoirien Yeane Vanié. La ligne, dédiée à la reine du peuple baoulé, Abla Pokou, est un succès La sy mbolique forte derrière les accessoires, ainsi que les coupes des vêtements, caractérisées par des épaules fortes et structurées, une sy métrie étudiée et des tailles serrées, est devenue depuis l’ADN de la marque Les créateurs sont particulièrement fascinés par les poids baoulé. Traditionnellement utilisés en Côte d’Ivoire pour peser l’or, au fil du temps ils ont été chargés d’une signif ication culturelle et spirituelle et sont devenus des
La ba sket teuse
Gé ra ldi ne Ro be rt au x Le adH er Awards
pièces décoratives. Les designers créent donc leur propre poids à partir d’un masque gabonais, qui devient le sy mbole de Romzy et célèbre leur rencontre et leurs cultures
C’est ce sy mbole qu’on retrouve sérigraphié, en acrylique et avec un trait br ut qui évoque un dessin fait main, sur plusieurs pièces de leur dernière collection, « Dungandzy ». Contemporaine, originale, mais toujours portable, cette ligne est pensée pour étonner et émer veiller en mélangeant des matières négligées, comme le jute, ou plus simples, comme le coton, à des tissus luxueux, nuancés et éclatants tels que le brocar t, le satin de soie ou le mikado
Une esthétique qui a captivé la basketteuse francogabonaise Géraldine Robert, qui leur a commandé une magnif ique robe pour le gala des LeadHer Awards, le 8 mars dernier au Canada Une pièce unique, dont le corset et la couleur évoquent une balle de basket, qui met en avant avec élégance les atouts de la joueuse tout en honorant joyeusement ses origines @rom zystudio ■ L.N.
Ce complexe scolai re dispersé da ns UN BOIS DE NA IROBI, inspiré d’un vi llage MASA Ï, invite les élèves à apprendre chaq ue jour en contact avec la natu re.
L’APPROCHE pédagogique des écoles
Steiner-Waldorf met l’accent sur la relation entre l’homme et la nature. C’est à partir de ce principe essentiel que le cabinet Urko Sánchez, basé à Nairobi et à Madrid, a articulé un projet d’école-village destiné à accueillir des enfants de la crèche au lycée. Nichée dans les bois d’un quartier résidentiel et réalisée
à très bas coût avec un impact moindre sur l’environnement, la Nairobi Waldorf School rappelle la disposition et les formes douces des traditionnels villages des peuples Masaïs L’accès à spirale aux salles de classe reprend la structure des huttes traditionnelles, mais avec des matériaux de construction différents : chaque classe est entourée de « murs
végétaux » créés avec deux lames de polycarbonate remplies de terre, de bois et de feuilles sourcées dans la forêt. Ces parois transparentes permettent aux élèves d’observer la vie qui se développe au fur et à mesure à l’intérieur, transformant la classe en un environnement actif. Les enfants, les parents et les enseignants peuvent facilement modifier la disposition et la forme des salles, qui sont conçues pour être temporaires et disparaîtront le jour où la concession du site arrivera à son terme. urkosanchez.com/ ■ L.N.
DE ST IN AT ION
À la pointe du cont inent, une grande métropole metisse, RICH E D’UN E HISTOI RE COMPLEXE et d’une natu re spectacu la ire.
ELLE A ÉTÉ DÉSIGNÉE comme la ville la plus cool de l’année 2025 par le britannique Time Out, qui, dans son classement, évalue tant le côté culinaire que les activités nocturnes, le volet culturel et le coût de la vie, mais aussi le niveau de bonheur et le sentiment de sécurité des habitants et des voyageurs On parle bien du Cap, en Afrique du Sud, de son impressionnante Table Mountain, qui domine un littoral baigné d’eaux étincelantes, de ses hôtels ultrachics, de ses restaurants gastronomiques pour toutes les poches, de sa scène artistique florissante, de sa diversité culturelle et de son histoire
LES BONNES ADRESSES
Où dormir :
Le Long Street Backpackers, sur l’emblématique rue victorienne, permet de profiter de la vie nocturne dans une ambiance routard longstreetbackpackers.co. za
The Silo Hotel, au-dessus du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa, domine le quartier commercial Victoria & Alfred Waterfront. theroyalpor tfolio.com/the -silo -hotel
Le DoubleTree by Hilton, à deux pas du quartier de Woodstock, vivant et éclectique repère des artistes hilton.com
Où manger :
Une glace africaine maison chez Tapi Tapi tapitapi.co. za
Une expérience exclusive à la Meuse Farm meusefarm.com
Un repas gastronomique chez FYN, La Colombe ou chez Mertia fynrestaurant.com/lacolombe. restaurant/mer tia.co.za
Le mix indo-africain de Vadivelu vadivelu.co. za
Une dégustation de vin à bord du Franschhoek Wine Tram winetram.co.za
«J’ai
grandi en me sentant parfois différent; pourtant, la dimension multiculturelle fait notre force et celle de la France.»
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