LAUREEN KOUASSI-OLSSON Directrice d’investissements
NABIL ZORKOT POUR AM
« Afropolitaine et ivoirienne avant tout » ◗ NE VOUS FIEZ PAS À L’ALLURE fluette de cette jeune femme de 33 ans. Laureen Kouassi-Olsson est bien déterminée ! Une assurance acquise grâce à un parcours solide et sans fausse note, doublé d’une volonté farouche d’agir concrètement sur le destin de l’Afrique, et plus particulièrement de son pays natal. Après une scolarité à Abidjan, quand la ville était encore la vitrine du miracle ivoirien, la jeune femme part étudier en France. D’abord une école préparatoire à HEC, suivie de l’EM Lyon Business School. C’est à cette époque qu’elle trouve de l’intérêt aux finances. Un univers qu’elle a tout le loisir de découvrir et d’approfondir à Londres, où elle est recrutée avant même l’obtention de son diplôme. En 2006, elle rejoint la banque d’affaires Lehman Brothers, qui marque un tournant dans sa vie : « Ce que je suis aujourd’hui, je le dois à cette expérience. » Mais la chute est brutale. Avec la crise des subprimes, la maison ferme boutique en septembre 2008, et Laureen repart avec ses cartons sous le bras. Dès lors, la jeune femme prend conscience de ce qu’elle veut réellement : « Être un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe » en mettant son expertise au service du continent. Encore faut-il le connaître… Elle part donc à sa découverte. « En 2008, l’Afrique était encore un point noir sur la mappemonde qui n’intéressait personne. » Un an plus tard, une rencontre lui permet d’intégrer Proparco, en tant que chargée d’affaires. « Je me suis retrouvée à défendre les intérêts de sociétés africaines auprès d’institutions européennes. Ma vocation ! » Elle rejoint alors le jeune fonds d’investissement Amethis Finance, comme directrice des investissements. À titre d’exemple, c’est elle qui installe à Abidjan Amethis West Africa, la première filiale de l’entreprise sur le continent. « Je me perçois comme un conseil financier, au-delà des sociétés, au profit des entrepreneurs », avance-t-elle. Afropolitaine dans l’âme, mais ivoirienne avant tout, elle croit plus que jamais au pari de l’émergence. « Même si cela reste un défi. Il ne faut pas oublier que le pays sort de dix années de guerre. Pendant ce temps, les écoles, comme les universités, n’ont pas fonctionné. Toute la jeunesse n’étant donc pas formée, on construit l’émergence sur des compétences importées. Ce qui est un problème. » Malgré tout, la jeune femme est catégorique : l’émergence reste possible. « Peut-être pas dès 2020, mais très probablement en 2025. » L.A. HORS -SÉRIE AFRIQUE MAGAZINE
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OCTOBRE 2016
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