Addiction Valais_rapport statistique

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Rapport statistique Les données, une plus-value à tous les niveaux Rédaction : Février 2020 – Annick Clerc Bérod, PhD, Statisticienne


Table des matières LES DONNÉES, UNE PLUS-VALUE À TOUS LES NIVEAUX

RÉSUMÉ

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INTRODUCTION

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1 – L’ADDICTION ET SON ACCOMPAGNEMENT, CONTEXTE NATIONAL ET CONTEXTE CANTONAL

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L’addiction 30 L’accompagnement de l’addiction 31 Contexte national actuel 32 • Les tendances de consommation • La stratégie nationale Addictions • Les offres de prises en charge Contexte valaisan 37 • Les tendances de consommation • Les mandats d’Addiction Valais

2 – EFFECTIFS ET CARACTÉRISTIQUES DE LA CLIENTÈLE ADMISE 44

Effectifs des admissions et des accompagnements 48 • La clientèle des proches Description de la clientèle admise pour ses propres problèmes 50 • Les caractéristiques socio-démographiques principales • Les principales instances impliquées dans l’initiation des accompagnements • Les problèmes de consommation à l’admission • La consommation au cours des 30 derniers jours • Les années de consommation régulière • Le degré de préoccupation face aux problèmes et la gravité estimée des problèmes

3 – TYPOLOGIE DESCRIPTIVE ET GROUPES SPÉCIFIQUES

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Typologie descriptive 68 • Le collectif retenu et la méthode • Les caractéristiques des six groupes retenus Focus sur des groupes cibles spécifiques 76 • Les clients présentant des troubles psychologiques et/ou des problématiques existentielles • Les clients de 18 ans à 25 ans • Les clients âgés de 65 ans et plus • Les clients admis sous contrainte judiciaire

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Table des matières 4 – LES TRAJECTOIRES DES CLIENTS DANS LES UNITÉS 90

La rechute dans le processus de changement 94 Utilisation antérieure des services d’Addiction Valais 95 • Le collectif considéré • Résultats Utilisation potentielle des prestations d’Addiction Valais 101 • Le collectif considéré • La description des trajectoires potentielles • L’opportunité de recourir à des prestations dans une unité résidentielle • Le nombre d’heures de prestations ambulatoires

5 – ÉLÉMENTS SUR LES SORTIES ET LES RÉSULTATS DES PRESTATIONS FOURNIES 112

La situation du client à la sortie 116 • Les modalités de fin de d’accompagnement • La durée des accompagnements L’évolution de la situation entre l’admission et la sortie 119 • Evolution du niveau de gravité des domaines de problèmes • Evolution du degré de préoccupation face aux problèmes

6 – CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

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Le modèle de développement d’Addiction Valais 127 • L’intégration des prestations dans un modèle de type stepped care • Le case management L’adaptation des instruments d’évaluation 129 • La mise à jour de l’IGT • La mesure des effets des prestations • Une communication des résultats en continu


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Rapport statistique

La plus-value pour le positionnement institutionnel

DR IOAN CROMEC Président du Conseil de Fondation

DANIELA DUNKER-SCHEUNER Membre du Conseil de Fondation

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L’addiction est un enjeu majeur de santé publique par sa prévalence élevée, la diversité des formes qu’elle prend et son impact sur l’individu dans tous les domaines de sa vie. Elle pose un véritable défi de prévention et d’accompagnement. Etant un trouble lié à de multiples facteurs sociétaux, familiaux et individuels, la prise en charge doit se faire en étroite collaboration avec tous les partenaires. Mandatée par le Canton pour accompagner les problèmes d’addiction, la Fondation Addiction Valais est un des maillons importants de la santé mentale en Valais. L’addiction présente de multiples liens avec la santé psychique. Les données scientifiques et celles d’Addiction Valais montrent que l’association troubles psychiques – troubles addictifs est fréquente. Afin de garantir durablement la qualité et l’efficacité du système d’accompagnement des personnes souffrant d’addiction, Addiction Valais doit coopérer efficacement, tout particulièrement avec les acteurs du domaine médical, notamment avec la psychiatrie de l’Hôpital du Valais.

Les profils de la clientèle d’Addiction Valais illustrent dans le contexte valaisan que chaque individu en proie avec un comportement addictif a des besoins spécifiques. La rémission face à un problème d’addiction est un processus qui va bien au-delà du sevrage. Elle implique un accompagnement à différents niveaux durant lequel l’individu doit être considéré et respecté dans sa globalité. C’est ce que vise l’approche novatrice proposée par Addiction Valais, avec de multiples avantages : au niveau organisationnel, incluant une continuité dans ses structures adaptées ; au niveau de l’accompagnement interdisciplinaire, respectant la plus-value de chaque collaborateur ; au niveau de l’entourage des clients, proposant des prestations pour les proches. Elle reflète également la volonté de donner une priorité aux programmes scientifiquement validés et celle d’offrir des activités répondant aux besoins de réinsertion professionnelle et sociale, ce qui marque le professionnalisme et l’humanité de la Fondation.


Les données, une plus-value à tous les niveaux

Regard de l’expert externe

La plus-value pour le développement des prestations et leur qualité

PROF. DR PHIL. FRANZ MOGGI EMBA, Chef psychologue

Le rapport statistique présenté par Addiction Valais concernant des groupes empiriques de clients et les prestations qu’ils utilisent est sans égal dans la recherche appliquée sur les addictions. De telles analyses font défaut dans la recherche sur les offres de fournitures de soins et d’accompagnement qui, premièrement, enregistrent intégralement les données d’une offre de prestations spécifique de toute une région, deuxièmement, répartissent les clients en groupes homogènes sur la base d’un instrument d’évaluation empirique avec des méthodes statistiques appropriées, et troisièmement, évaluent leurs utilisations des prestations et leurs améliorations sur le plan de variables cliniquement pertinentes. Ainsi, Addiction Valais a non seulement réussi à décrire et à évaluer son offre de traitement et de conseil de manière différenciée, mais aussi, sur une base bien fondée, à développer cette offre en un «stepped care model» intégré et moderne et à améliorer continuellement sa qualité. Mais le développement de la qualité nécessite de poursuivre la recherche « institutionnelle » compétente, présentée par Addiction Valais avec ce rapport impressionnant, afin de réaliser un mangement de la qualité au meilleur sens du terme, car elle seule permet des traitements d’un haut niveau de qualité et fondés empiriquement. Tout le reste n’est qu’opinion personnelle.

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Rapport statistique

La plus-value pour le savoir-être institutionnel

PASCUAL PALOMARES Directeur général

CÉLIA ROBYR Responsable RH

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L’ADN d’Addiction Valais s’appuie sur les deux composantes du savoir qui sont la compréhension et la connaissance. Elles constituent des ressources stratégiques immatérielles qui permettent à notre organisation de s’adapter à des contextes changeants, à des environnements dynamiques et complexes. Manager les savoirs, adopter la posture particulière qui permet de les réviser, de les actualiser, ou d’en créer des nouveaux est capital pour notre institution, afin qu’elle puisse continuer à se positionner comme la référence cantonale en matière d’addiction et à assurer la qualité de ses prestations.

Le travail dans le champ des addictions est complexe. Il requiert de disposer de connaissances et compétences professionnelles spécifiques, mais également un solide engagement, de la confiance en soi, ainsi que des aptitudes à travailler en équipe et dans un milieu interdisciplinaire. Offrir à nos clients le meilleur accompagnement au meilleur moment exige de pourvoir avoir le bon collaborateur à la bonne place, et de faire aussi en sorte que ce collaborateur soit dans les meilleures dispositions possibles pour assurer sa mission.


Les données, une plus-value à tous les niveaux

La plus-value pour le savoir-faire professionnel

THOMAS URBEN Responsable du secteur ambulatoire

CHRISTIAN RIEDER Responsable du secteur résidentiel

Retrouver l’autonomie par rapport à un produit ou à un comportement est un processus qui peut s’avérer long et complexe, avec une temporalité propre aux caractéristiques et à la motivation de chaque personne. La description des parcours de la clientèle suivie à Addiction Valais l’illustre. Aider à formuler un projet de vie personnalisé et librement consenti, apporter le support et le soutien au changement passe alors par la reconnaissance des besoins et des ressources spécifiques de la personne, à un moment de sa trajectoire de vie, exigeant de l’intervenant d’Addiction Valais qu’il adopte une posture adaptée.

La complexité des problèmes rencontrés peut nécessiter d’introduire un cadre d’intervention en milieu résidentiel. Ce cadre permet des expériences de vie en communauté qui vont permettre à la personne de développer ses compétences sociales, d’éclairer ses ressources, ses difficultés. Il représente une opportunité de stabilisation de l’addiction, que les objectifs poursuivis incluent ou non l’abstinence. Le résidentiel ne représente qu’une étape dans le parcours de la personne, il y a un avant et un après. Le savoir-faire institutionnel est aussi de faciliter le passage entre les différentes séquences de la vie d’une personne.

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Rapport statistique

La plus-value pour les connaissances

DR ANNICK CLERC BÉROD Statisticienne

VÉRONIQUE GRANGES Responsable de Formation

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L’objectif premier de la recherche scientifique est l’avancement des connaissances. Appliquée dans un contexte institutionnel comme Addiction Valais, elle sert au développement de stratégies d’accompagnement plus efficaces pour les personnes concernées par un problème d’addiction. Elle vise à obtenir une meilleure définition et compréhension des problématiques traitées, avec comme objectif principal l’amélioration de la pratique, et par ricochet, de la qualité des services offerts. La recherche appliquée doit permettre de conforter les intervenants quant à leur choix d’interventions, d’apporter des réponses à leurs questions. Dans cette perspective, il importe que les résultats d’analyses spécifiques soient diffusés auprès des intervenants et que ces intervenants puissent s’approprier ces résultats.

Addiction Valais est une Fondation composée de plusieurs équipes de professionnels qui fournissent de multiples prestations spécialisées. Pour assurer au client un accompagnement cohérent au plus près de l’évolution des problématiques rencontrées ainsi que des exigences de qualité de l’institution, le développement et le renforcement continus des compétences des collaborateurs sont essentiels. Les collaborateurs bénéficient pour ce faire durant l’année d’intervisions d’équipes et de formations internes relatives à des thématiques, des approches, des méthodes ou des outils d’intervention relatifs au domaine des addictions. En outre, la plateforme Forum Addiction offre un espace d’échanges et de réflexion interdisciplinaire autour d’une thématique d’actualité.


Les donnĂŠes, une plus-value Ă tous les niveaux

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Résumé

La consommation de substances psychoactives ou les conduites addictives sont considérées comme un facteur inhérent aux sociétés modernes. Ayant pour but d’accroître notamment les performances, la créativité et l’attention du consommateur, d’atténuer la douleur ou encore de modifier des états émotionnels déplaisants, ces conduites peuvent représenter une activité récréative ou évoluer vers l’addiction. L’addiction s’intéresse à la relation d’ensemble entre l’individu et l’objet de sa conduite addictive (substance, produit, comportement) et son environnement, à la nature de cette relation dans une approche qualitative, afin de comprendre pourquoi l’individu n’est plus autonome face à son projet de vie et/ou à ses relations sociales. Le phénomène de l’addiction a de multiples conséquences négatives, en premier lieu pour la personne elle-même (péjoration de la santé physique et/ou psychologique, difficultés professionnelles, familiales et financières), ensuite pour ses proches, pour l’employeur (absentéisme, perte de productivité) et pour la société dans laquelle elle évolue (accidents de la route, vols, coûts de la santé). Les parcours de réhabilitation des personnes dépendantes sont divers, parfois longs et sinueux, et adapter l’offre de traitement aux besoins de ces personnes, à coûts raisonnables, devient un défi permanent. Pour le relever, il s’agit moins de savoir si tel traitement va pouvoir résoudre tous les problèmes de la personne, que de pouvoir connaître quand et comment un projet d’accompagnement peut s’inscrire dans la dynamique du processus d’amélioration de sa situation. La conduite d’un accompagnement cohérent et efficace de toute personne nécessite non seulement d’avoir une bonne collaboration et articulation entre les acteurs du réseau, les services et les prestations à fournir, mais aussi de connaître précisément les profils de la clientèle admise en traitement, ainsi que les résultats des interventions menées au sein des institutions spécialisées. La Fondation Addiction Valais est l’organisme faîtier dans le canton du Valais de la prise en charge spécialisée des problématiques liées aux addictions. Contrairement à l’organisation mise en place dans la majorité des cantons suisses, Addiction Valais est au bénéfice d’une convention-cadre de collaboration avec l’Etat du Valais et regroupe sous le même toit l’ensemble des services spécialisés en addiction du canton. L’offre thérapeutique comprend des services de conseil et d’aide ambulatoire (à Monthey, Martigny, Sion, Sierre, Viège), un centre d’évaluation et de prestations de jour (à la Villa Flora) et des unités de traitement résidentiel (François-Xavier Bagnoud (FXB), Jardin des Berges, Via Gampel) qui sont répartis sur l’ensemble du territoire valaisan. L’évolution de l’organisation et de l’offre de prestations de la Fondation se confondent notamment avec l’émergence de problématiques supplémentaires (nouveaux modes de consommation et conduites addictives), révélant de nouveaux besoins des personnes concernées. Aujourd’hui, les accompagnements spécialisés, qui englobent en particulier des mesures de conseil et de traitement psychosocial et/ou socio-thérapeutique et/ou médical et des traitements avec prescription de produits de substitution, visent à améliorer la qualité de vie du client aux niveaux de sa santé physique ainsi que de son état psychique, et de son insertion professionnelle et sociale. La capacité d’adapter en continu l’offre de ses services aux besoins de la population valaisanne est un élément essentiel dans le développement d’Addiction Valais. Les connaissances liées aux tendances de consommation, aux problématiques de la clientèle sollicitant les prestations spécialisées d’Addiction Valais ou étant orientée vers ses services, ainsi qu’à l’utilisation faite de ces prestations doivent par conséquent être régulièrement actualisées, ce qui constitue le but du présent document.

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Rapport statistique

Addiction Valais au carrefour d’une prise en charge interdisciplinaire Addiction Valais assume son mandat en partenariat avec un réseau performant d’acteurs professionnels du canton. Selon les besoins du client et de la source de signalement ayant participé à l’initiation de l’accompagnement, Addiction Valais collabore avec le monde médical somatique et psychiatrique (public et/ou privé), les services administratifs et/ou judiciaires, les institutions pénitentiaires, les offices régionaux de placement, les offices AI, les centres médico-sociaux, les institutions spécialisées dans les domaines de l’occupation et de l’intégration au logement, les lieux de formation.

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Par exemple, les services administratifs et/ou judiciaires participent à un quart des admissions ambulatoires (26%) et à un tiers des placements aux unités FXB/Jardin des Berges (36%). Plus d’un suivi ambulatoire sur cinq est activement initié par le monde médical (somatique et/ou psychiatrique, hospitalier et/ou en pratique privée), et un tiers des clients débutant un séjour à Via Gampel sont orientés par un médecin et/ou un psychiatre. La famille et/ou le conjoint jouent un rôle relativement important, en particulier pour les placements dans les unités François-Xavier Bagnoud/Jardin des Berges (32%) et dans celle de Via Gampel (36%).


Résumé

Profil de consommation à l’admission Chaque année, Addiction Valais admet environ 900 personnes (90% dans le secteur ambulatoire et 10% dans le secteur résidentiel). À l’exception de FXB/Jardin des Berges où le cannabis arrive en première place (74%), l’alcool constitue la substance la plus présente à l’admission, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Le cannabis représente la substance illégale problématique la plus fréquemment indiquée par le client à l’admission, suivie de la cocaïne. À l’admission des unités FXB/Jardin des Berges, la problématique liée aux drogues de synthèse est autant présente que celle liée à l’héroïne. La problématique liée aux benzodiazépines est très présente à l’admission de l’unité de Via Gampel et est deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes (différence entre les sexes qui peut être également observée au niveau national).

Les âges d’entrée en consommation régulière dépendent de la substance et du secteur où le client est admis. Au sein des unités résidentielles, le cannabis est la substance qui a été consommée régulièrement le plus précocement, avec un âge moyen allant de 16.6 ans pour les hommes à 17.7 ans pour les femmes admises. L’alcool jusqu’à intoxication est la substance qui a été consommée de manière régulière le plus tardivement, avec un âge moyen allant de 25.4 ans pour les hommes admis dans une unité ambulatoire à 30.8 ans pour les femmes admises dans une unité résidentielle. Le nombre d’années de consommation régulière avant l’admission varie fortement d’une substance à l’autre. Les durées les moins élevées se rapportent à la cocaïne (2.9 ans pour les femmes admises dans une unité ambulatoire), les durées les plus élevées à l’alcool toute utilisation (17.4 ans pour les hommes admis en résidentiel).

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Typologie clinique des problématiques L’évaluation de la situation du client à l’admission des services de la Fondation, faite à l’aide de l’Indice de Gravité d’une Toxicomanie (IGT), aborde sept domaines de problèmes, à savoir la consommation d’alcool, la consommation de drogues, l’état de santé physique, les relations familiales et interpersonnelles, l’état psychologique, l’emploi et les ressources et la situation judiciaire. Pour chaque domaine, la gravité des problèmes est estimée par le professionnel d’Addiction Valais selon cinq catégories allant de Pas de problème réel à Problème extrême. Les profils de la clientèle admise peuvent être décrits via une typologie basée sur la construction de groupes homogènes (semblables) sur le plan de la gravité des problèmes à l’admission. La typologie retenue montre des groupes développant une complexité graduelle des problématiques d’addiction et des problématiques associées, complexité qui va appeler des contextes d’intervention et des niveaux d’intervention différents et/ou combinés. Les groupes de cette typologie sont :

• le premier groupe (qui représente 21% de la clientèle admise) comprend les clients dont les domaines de la consommation d’alcool, de la consommation de drogues et de la situation judiciaire sont légèrement touchés ; • le deuxième groupe (15% de la clientèle admise) inclut les clients où les problèmes de consommation d’alcool sont importants et s’accompagnent de problèmes dans les domaines de l’emploi et des ressources et de la santé physique ; • le troisième groupe (13% de la clientèle admise) est caractérisé par d’importants problèmes de consommation d’alcool, associés à une gravité des problèmes élevée dans les domaines de l’état psychologique et des relations familiales et interpersonnelles ;

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Résumé

• le quatrième groupe (19% de la clientèle admise) comprend les clients n’ayant pas de problèmes réels de consommation d’alcool, mais ayant d’importants problèmes liés à la consommation de drogues. Le premier domaine problématique associé est l’état psychologique, les domaines des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources se révélant également touchés de façon importante. L’état de santé physique peut également être péjoré ;

• le dernier groupe (13% de la clientèle admise) comprend les clients dont les domaines de la consommation d’alcool et de la consommation de drogues sont touchés de façon considérable, associés à des problèmes très importants dans les domaines de l’état psychologique, des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources. Tous les domaines sont touchés puisque l’état de santé physique et la situation judiciaire sont atteints.

La méthode permet d’informer de façon simple sur la structure et le mélange de la clientèle accompagnée au sein d’Addiction Valais. Ces informations sont une aide à la planification et à l’organisation des ressources et les prestations à mettre en place afin d’apporter la réponse thérapeutique spécialisée la plus adaptée aux besoins des clients et d’offrir aux clients l’accompagnement adéquat et le mieux indiqué pour atteindre leurs objectifs et réaliser leur projet de vie.

• le cinquième groupe (18% de la clientèle admise) englobe les clients ayant un problème de consommation d’alcool considérable. Ces problèmes sont associés à des problèmes très importants dans les domaines de l’état psychologique, des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources. L’état de santé physique est également péjoré ;

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Trajectoires dans les services associées à la gravité des problèmes et au degré de préoccupation du client face à ses problèmes La rechute étant la norme et non l’exception dans le traitement des addictions, une grande part des clients la connaîtra un jour ou l’autre, en cours ou après la sortie de l’accompagnement spécialisé. Dans ce dernier cas de figure, le client pourra entrer une nouvelle fois dans une démarche d’accompagnement et accéder à des prestations spécialisées pertinentes pour son processus d’évolution et de changement. L’accompagnement d’un client ne se résume dès lors pas à une seule intervention épisodique, et la mesure de la demande et le besoin en ressources spécialisées ne doivent pas, par conséquent, être restreints à un moment particulier de la vie du client. Plusieurs clients entrant dans une démarche d’aide au sein d’Addiction Valais ont ainsi déjà fait appel à divers moments aux services de la Fondation, finalisant ou non leur démarche. Environ soixante pourcents (58% pour 2018) de la clientèle admise sont inconnus des services d’Addiction Valais et vivent leur 1re admission. Pour près d’un client sur cinq, il s’agit de leur 2e recours à des prestations d’Addiction Valais (17% en 2018), et plus d’un client sur dix (16% en 2018) vit au moins sa 4e admission. Le secteur ambulatoire constitue la porte d’entrée principale dans les services d’Addiction Valais. Le passage dans une unité résidentielle va concerner un client valaisan sur six (15% des hommes et 18% des femmes) dans les cinq à huit ans suivant sa première admission dans la Fondation Addiction Valais. Le niveau de gravité des problèmes du client au moment de sa 1re admission au sein de la Fondation est associé à la probabilité de recourir ensuite à des prestations en milieu résidentiel. Un haut niveau de gravité sur le domaine de la consommation d’alcool, relativement à un bas niveau de gravité, multiplie le risque d’un facteur de 2.3. Le risque est augmenté d’un facteur de 1.6 pour le domaine de problèmes liés à l’emploi et les ressources, et de 1.5 pour celui des relations familiales.

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Le degré de préoccupation face à ses problèmes au moment de la 1re admission au sein de la Fondation est également associé à la probabilité de recourir à des prestations en milieu résidentiel. Ainsi un haut degré de préoccupation face à son état psychologique, relativement à un bas degré de préoccupation, multiplie le risque d’un facteur de 1.8. En moyenne, à la suite de sa première admission au sein d’Addiction Valais, un client valaisan bénéficiera de 31.6 heures de prestations ambulatoires. Les trois facteurs associés de façon statistiquement significative au nombre d’heures de prestations ambulatoires reçues sont le genre (les femmes recevront, à la suite de leur première admission, un nombre d’heures de prestations plus important que les hommes), l’âge (les clients des classes d’âge 25-34 ans et 35-44 ans sont ceux qui bénéficieront d’un accompagnement ambulatoire plus important) et le problème de consommation principal (l’héroïne est associée à un nombre d’heures plus élevé). Le nombre moyen d’heures de prestations est associé au niveau de gravité des domaines de problèmes de consommation de drogues (en moyenne 44 heures de prestations pour un haut niveau de gravité contre 30 heures pour un bas niveau), à celui des problèmes liés aux relations familiales/interpersonnelles (respectivement 38 heures contre 31 heures), liés à l’état psychologique (39 heures contre 31 heures) et liés à l’emploi et aux ressources (41 heures contre 30 heures). Le degré de préoccupation du client face à ses problèmes est associé au nombre d’heures de prestations pour les domaines de problèmes de consommation de drogues (44 heures pour un haut degré contre 30 heures pour un bas degré), les problèmes liés à l’état psychologique (41 heures contre 29 heures) et à l’emploi et aux ressources (39 heures contre 30 heures).


Résumé

Amélioration de la situation au moment de la sortie

Poursuite du développement d’Addiction Valais

En moyenne, la durée de l’accompagnement ambulatoire s’élève à 359 jours pour les hommes et à 329 jours pour les femmes. Il augmente avec l’âge (138 jours en moyenne pour les clients âgés de moins de 18 ans contre 436 jours pour les clients âgés entre 45 et 54 ans). La consommation problématique d’héroïne à l’admission induit une durée moyenne deux fois plus longue que la consommation problématique d’alcool.

Addiction Valais a la mission cantonale de répondre aux besoins de l’ensemble de la population valaisanne confrontée à une problématique d’addiction. Conduite par le souci de remplir cette mission de façon cohérente et efficiente, en mettant le client au centre de son système et en répondant aux bonnes pratiques en la matière, la Fondation déploie un modèle d’accompagnement intégrateur des prestations. Le stepped care modèle Addiction Valais reprend la gradation des complexités mise en évidence par la typologie clinique présentée dans ce document. Il retient cinq catégories de gravité de la problématique de consommation associées à un niveau de complexité des risques bio-psycho-sociaux. Il associe ces catégories à un cadre d’intervention et à un niveau d’intensité des prestations, en tenant compte des besoins et des ressources du client, ainsi que de sa motivation. Le stepped care modèle Addiction Valais intègre également un processus de case management.

La durée moyenne du séjour résidentiel s’élève à 209 jours pour les hommes et à 124 jours pour les femmes. Dans chaque secteur de prestations, et pour quasiment tous les domaines de problèmes, la grande majorité des clients avec un bas degré de préoccupation/perturbation face aux problèmes à l’admission restent avec un bas degré de préoccupation/perturbation au moment de la sortie. Dans le secteur ambulatoire, entre trois-quarts (74% pour le domaine Emploi et ressources) et près de la totalité (97% pour le domaine Alcool) des clients qui avaient un haut niveau de préoccupation/perturbation au moment de l’admission sont descendus à un bas degré de préoccupation/ perturbation face aux problèmes au moment de leur sortie (évolution positive). Au sein du secteur résidentiel, entre la moitié (56% pour le domaine Emploi et ressources) et plus de neuf dixièmes (97% pour le domaine Drogue) des clients qui avaient un haut degré de préoccupation/perturbation au moment de l’admission sont descendus à un bas degré au moment de leur sortie.

Addiction Valais dispose d’outils de recueil de données permettant de fournir des indicateurs sur la situation du client au moment de son admission, durant sa trajectoire au sein des unités, ainsi qu’au moment de sa sortie. Avec l’introduction du stepped care modèle et du case management, ces outils sont à améliorer et à adapter afin de pouvoir mesurer les plus-values pour le client qui découlent de cette double introduction.

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1 Evaluation de la clientèle et des approches thérapeutiques au sein de la Fondation d’Addiction Valais. Connaissances actuelles d’Addiction Valais sur la clientèle admise, son exposition au traitement et sur les effets des traitements effectués. Fondation Addiction Valais, Mai 2012 2 Le terme de services se rapporte à l’ensemble des unités de prestations d’accompagnement de la Fondation Addiction Valais 3 Toute désignation de personne, de statut ou de fonction dans le présent document vise indifféremment la femme et l’homme 4 Le terme client est utilisé dans l’ensemble du document pour qualifier les personnes qui font appel aux services d’Addiction Valais, le terme patient relevant plus spécifiquement du monde médical

En 2012, Addiction Valais a publié le rapport Evaluation de la clientèle et des approches thérapeutiques au sein de la Fondation d’Addiction Valais1. Le document mettait notamment en exergue un portrait détaillé de la clientèle admise dans les institutions de la Fondation et du recours aux prestations ambulatoires et résidentielles offertes L’évolution de la Fondation, de son organisation et de son offre de prestations se confondent avec d’une part, la perception et la représentation de l’addiction qu’ont la population, la société et les pouvoirs publics, et d’autre part, avec l’émergence de problématiques supplémentaires (nouveaux modes de consommation et conduites addictives), révélant de nouveaux besoins des personnes concernées. En 2018, la Fondation Addiction Valais a accompagné quelque 1’800 clients. La Fondation met le client au centre de sa mission cantonale. La bonne articulation de ses services2 et de ses prestations est alors capitale pour obtenir un accompagnement spécialisé cohérent et efficace. La capacité d’adapter en continu l’offre de ses services aux besoins de la population valaisanne devient un élément essentiel dans le développement d’Addiction Valais. Les connaissances liées aux tendances de consommation, aux problématiques de la clientèle sollicitant les prestations spécialisées d’Addiction Valais ou étant orientée vers ses services, ainsi qu’à l’utilisation faite de ces prestations doivent par conséquent être mises à jour. Ces connaissances doivent permettre à Addiction Valais, en collaboration avec les pouvoirs publics, d’établir une planification des services, de leur nature, de leur forme et de leur intensité, afin d’assurer la meilleure qualité de ses prestations. L’objectif de ce document est de faire suite au rapport de 2012 en présentant une sélection de résultats actuels des activités d’Addiction Valais, placés dans la perspective du développement présent et futur de la Fondation. Après avoir décrit au chapitre un les contextes national et valaisan, le chapitre deux établit le profil détaillé des clients3/4,admis au sein de la Fondation au cours des trois dernières années. Le chapitre trois développe la typologie de la clientèle admise qui en offre une description utile à la mise en place du modèle d’accompagnement global choisi et mis en pratique dans tous les secteurs de la Fondation. Il met également l’accent sur des groupes spécifiques de clients. L’observation de l’utilisation des prestations d’Addiction Valais fait l’objet du chapitre quatre en étudiant les trajectoires des clients au sein des services. Le chapitre cinq fournit plusieurs éléments sur la situation des clients à la sortie ainsi que leur évolution depuis leur admission, alors que le chapitre six clôt ce rapport par la présentation des développements actuels et futurs d’Addiction Valais.

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Résumé

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L’addictio accompag contexte n contexte

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on et son gnement, national et cantonal

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Rapport statistique

L’addiction 5 faits-chiffres.addictionsuisse.ch/fr/ 6 Par substance psychoactive on entend une substance qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère les processus mentaux, comme les fonctions cognitives ou l’affect (who.int/substance_abuse/terminology/fr) 7 Les conduites addictives concernent aussi bien les substances psychoactives que les comportements (liés au jeu excessif, aux écrans et/ou aux jeux vidéo) 8 who.int/substance_abuse/terminology/ definition1/fr 9 grea.ch/addiction 10 inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/addictions 11 who.int/substance_abuse/terminology/ definition4/fr/ 12 Position du Conseil fédéral sur les problèmes actuels liés à la drogue. 7 septembre 1994, Berne 13 Soulet M-H. Addictions et société. Actes du colloque des 50 ans du GREA (2014)

En Suisse, neuf personnes sur dix consomment de l’alcool, 222’000 ont fumé au moins une fois du cannabis au cours du dernier mois, 295’000 ont consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de l’année précédente et 192’000 ont une pratique de jeu excessif 5. La consommation de substances psychoactives 6 ou les conduites addictives 7 sont considérées comme un facteur inhérent aux sociétés modernes. Ayant pour but d’accroître notamment les performances, la créativité et l’attention du consommateur, d’atténuer la douleur ou encore de modifier des états émotionnels déplaisants, ces conduites peuvent représenter une activité récréative ou évoluer vers l’addiction. Le concept d’addiction élargit celui de dépendance qui est un syndrome. La dépendance est définie par la Classification statistique internationale (CIM-10) comme un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels l’utilisation d’une substance psychoactive spécifique ou d’une catégorie de substances entraîne un désinvestissement progressif des autres activités 8. Elle se caractérise par un désir souvent puissant, parfois compulsif, de consommer de l’alcool ou de prendre une drogue (y compris un médicament prescrit). C’est un trouble lié à l’usage d’une substance qui correspond à une approche médicale, basée sur des critères diagnostics. L’addiction s’intéresse à la relation d’ensemble entre l’individu et l’objet de sa conduite addictive (substance, produit, comportement) et son environnement, à la nature de cette relation dans une approche qualitative, afin de comprendre pourquoi l’individu n’est plus autonome face à son projet de vie et/ou à ses relations sociales. Elle cherche ainsi à déterminer quelle est la part de souffrance et d’aliénation dans le rapport que l’individu entretient avec l’objet de sa dépendance 9. Elle vise à identifier, mettre en évidence et comprendre les facteurs de vulnérabilité entremêlés de l’individu, en intégrant également des aspects issus des neurosciences. Maladie chronique des systèmes cérébraux de la récompense, de la motivation, de la mémoire et des circuits associés, l’addiction se caractérise spécialement par une difficulté à s’abstenir durablement, une altération du contrôle comportemental ou une altération des réponses émotionnelles 10. Les critères permettant de définir le passage d’un comportement de consommation récréative à faible risque vers un comportement de consommation problématique puis vers un comportement addictif ou une dépendance reposent sur des bases scientifiques 11. L’addiction a de multiples répercussions sur la santé physique, sur l’état psychique ainsi que sur la situation sociale, professionnelle et financière de la personne. Elle provoque également des effets délétères sur l’entourage.

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L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

L’accompagnement de l’addiction La mise en place par la Confédération, dès les années 1990, de la Politique des quatre piliers (  prévention, traitement, réduction des risques, répression ) 12 a profondément modifié la place de l’abstinence dans le traitement de l’addiction. Longtemps l’abstinence a été jugée comme la clé de voûte du traitement de l’addiction et présentée comme absolue et seule issue possible. Cette position a évolué, et de nos jours, l’abstinence n’est plus considérée comme un objectif unique à viser, mais comme un moyen ou une étape qui peut participer à une prise de conscience de la consommation excessive et à l’établissement d’un processus de responsabilisation incluant une reprise de soi dans la société 13.

Aujourd’hui, les accompagnements spécialisés englobent des mesures de conseil et de traitement psychosocial et/ ou socio-thérapeutique et/ou médical, en milieu ambulatoire ou résidentiel, des offres de suivi postcure ou encore des traitements avec prescription de produits de substitution. Ils visent à améliorer la qualité de vie du client aux niveaux de sa santé physique ainsi que de son état psychique, et de son insertion professionnelle et sociale.

Iris Theux, intervenante en addiction – Unité ambulatoire de Martigny

Les accompagnements dans le champ des addictions se sont passablement développés ces dernières années. L’évolution des profils des consommateurs, l’apparition d’addictions sans substances (par exemple jeux, écrans,

troubles alimentaires), la prise en compte des comorbidités psychiques, l’intégration des connaissances scientifiques (neurosciences), le développement de la médicalisation des addictions et la prise en compte de la dimension bio-psycho-sociale sont les principaux facteurs à l’origine des développements. Etablir une collaboration interdisciplinaire et reconnaître le client comme acteur de son processus d’accompagnement et de son projet de vie sont aussi devenus des éléments indiscutables.

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Rapport statistique

Contexte national actuel LES TENDANCES DE CONSOMMATION 14 suchtmonitoring.ch/fr.html 15 Regroupe la consommation chronique à risque (plus de 20 grammes d’alcool par jour pour les femmes et plus de 40 grammes d’alcool par jour pour les hommes) et la consommation épisodique à risque (quatre verres ou plus en une occasion au moins une fois par mois pour les femmes et cinq verres ou plus en une occasion au moins une fois par mois pour les hommes) 16 Rapport annuel act-info 2017. Prise en charge et traitement des dépendances en Suisse Résultats du système de monitorage. Office Fédéral de la santé publique OFSP 17 l n’est pas mention ici de cannabis légal, dans la mesure où le changement législatif en Suisse est trop récent pour pouvoir faire la distinction 18 Les résultats liés aux drogues et médicaments sont principalement issus de l’enquête CoRolAR de 2016. Le volet principal du Monitorage suisse des addictions est une enquête téléphonique permanente auprès de la population (Continuous Rolling Survey of Addictive Behaviours and Related Risks) qui a été mis en place dès janvier 2011. Cette enquête a pour but de combler le manque de données sur l’évolution des comportements face aux addictions. Chaque année, environ 11’000 personnes de 15 ans et plus domiciliées en Suisse sont ainsi contactées par téléphone (téléphone fixe et portable) pour une interview d’environ 25 minutes (suchtmonitoring.ch/fr/page/2.html#study8) 19 Seules les données des institutions qui ont participé de manière continue au monitorage entre 2006 et 2017 sont ici considérées, ce qui correspond à 78% des cas enregistrés entre 2006 et 2017, pour une participation globale des institutions de 62%. 20 La cocaïne sous toutes ses formes est ici considérée. Seules les données des institutions qui ont participé de manière continue au monitorage act-info entre 2006 et 2017 sont intégrées, ce qui correspond à 77.9% des cas enregistrés entre 2006 et 2017, pour une participation globale des institutions de 62.4%.

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Le Monitorage suisse des addictions est un système de surveillance, basé sur les données épidémiologiques disponibles sur l’addiction au niveau national, qui permet de suivre les nouvelles tendances de consommation, mais aussi l’évolution des comportements et des problématiques associés 14.

ALCOOL En 2016, environ neuf personnes sur dix âgées de 15 ans et plus (85.8%) consomment au moins occasionnellement de l’alcool. Environ une personne sur dix consomme quotidiennement de l’alcool (9.4%  ; hommes 12.5%, femmes 6.5%), part ayant régulièrement diminué depuis 1992 (20.5% ; hommes 30.1%, femmes 11.5%). La consommation quotidienne augmente avec l’âge : elle s’élève à 0.3% chez les 15-19 ans et à 28.7% chez les personnes de 75 ans et plus. Certaines personnes ont une consommation d’alcool chronique et/ou excessive, et/ou en consomment de façon inadaptée à la situation (par exemple durant la grossesse ou au volant d’un véhicule motorisé). Selon les estimations, environ 250’000 personnes en Suisse sont alcoolodépendantes. Plus d’une personne âgée de 15 ans et plus sur cinq (21.6%) présente une consommation d’alcool à risque (chronique et/ou épisodique)15. De manière générale, la consommation épisodique à risque est plus répandue parmi les jeunes (26.3% chez les 15-19 ans contre 15.2% chez les 65-74 ans) et la consommation chronique à risque augmente avec l’âge (2.1% chez les 15-19 ans contre 7.1% chez les 65-74 ans). Selon les données de la statistique des traitements du monitorage actinfo16, la demande d’accompagnement auprès d’institutions spécialisées en raison d’un problème principal d’alcool reste importante et surpasse nettement celle liée aux drogues illégales ou à l’usage abusif de médicaments.


L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

CANNABIS

OPIOÏDES

COCAÏNE

Le cannabis17 est de loin la substance la plus consommée parmi les substances illicites en Suisse. Plus d’un tiers des personnes âgées de 15 ans et plus a déjà expérimenté le cannabis et 3.1% de la population rapporte un usage au cours des 30 derniers jours (4.6% des hommes et 1.8% des femmes), ce qui correspond par extrapolation à environ 222’000 personnes 18.

La catégorie des opioïdes comprend les substances naturelles et synthétiques aux propriétés similaires à la morphine, dont l’héroïne est la plus largement répandue en tant que drogue.

C’est l’usage de cocaïne en poudre qui semble rester de loin le plus largement répandu en Suisse.

La majorité des consommateurs actuels de cannabis se trouve parmi les moins de 35 ans, en particulier parmi les 20-24 ans (10.2%). Parmi les personnes ayant rapporté une consommation de cannabis au cours des 30 derniers jours, 36.0% (41.0% chez les hommes et 22.9% chez les femmes) indiquent une fréquence d’utilisation de 10 jours au moins, ce qui peut être considéré comme une consommation problématique. Cela représente environ 1.1% de la population suisse âgée de 15 ans et plus, soit par extrapolation quelque 79’000 personnes. Contrairement à la situation relativement stable observée concernant les prévalences, la demande d’accompagnement psychosocial pour un problème principal de cannabis est en nette augmentation depuis 200619 (550 demandes d’accompagnement en 2016, 436 hommes et 114 femmes ; 1’082 demandes en 2017, 879 hommes et 203 femmes). Depuis 2010, le nombre de demandes se situe même en première position des problèmes liés aux substances illégales, dépassant les demandes liées à l’usage d’opioïdes.

Au sein de la population âgée de 15 ans et plus, moins d’un pourcent (0.7%) a déjà pris de l’héroïne au cours de sa vie. La proportion la plus élevée d’usagers à vie se trouve au sein des 45-54 ans (1.6%), et les hommes sont plus touchés que les femmes (1.0% chez les hommes et 0.4% chez les femmes). Jusqu’en 2009, l’usage d’opioïdes a été, parmi les substances illicites, le plus fréquemment indiqué comme problème de consommation principal par les personnes entrant dans les institutions spécialisées participant au réseau de monitorage actinfo. Parmi les institutions participant de manière continue au monitorage depuis 2006, le nombre d’admissions associées à cette problématique principale a légèrement augmenté jusqu’en 2009 (901 demandes, 660 hommes et 241 femmes), puis a diminué de plus de la moitié jusqu’en 2017 (365 demandes, 286 hommes et 79 femmes), pour passer derrière l’usage problématique de cocaïne.

La part des consommateurs au cours de la vie s’élève à 4.2%, ce qui représente environ 295’000 personnes. Les proportions sont cependant nettement moins élevées lorsqu’il s’agit de l’usage récent ou actuel (0.7% au cours des 12 derniers mois et 0.1% au cours des 30 derniers jours). Les personnes âgées entre 20 et 54 ans représentent le groupe le plus concerné par l’usage de cocaïne durant la vie, avec un maximum de consommateurs se trouvant dans la catégorie des 25-34 ans (8.4%). Les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à rapporter un usage de cocaïne au cours de leur vie (6.2% contre 2.4% chez les femmes). Les admissions pour un problème principal lié à la cocaïne auprès des institutions ayant participé de manière continue au monitorage act-info entre 2006 et 2017 ont diminué entre 2007 (394 admissions, 308 hommes et 86 femmes) et 2012 (295 admissions, 224 hommes et 71 femmes), et ont depuis lors augmenté nettement (433 en 2017, 350 hommes et 83 femmes) 20.

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Rapport statistique

21 On parle de speed lorsqu’il s’agit d’amphétamines fabriquées dans les laboratoires clandestins

AMPHÉTAMINES, ECSTASY ET STIMULANTS SIMILAIRES

SOMNIFÈRES ET TRANQUILLISANTS DE TYPE BENZODIAZÉPINES

Les amphétamines, l’ecstasy et/ou les stimulants similaires sont principalement consommés pour augmenter des performances en sport ou pour résister à la fatigue (lors de soirées festives ou lors de période de travail intense).

Les somnifères et tranquillisants de type benzodiazépines constituent des médicaments indiqués, mais dont l’usage peut être détourné et devenir problématique.

Le nombre des usagers récents d’ecstasy (au cours des 12 derniers mois) représente environ 22’000 personnes (0.3% de la population des 15 ans et plus), et celle des usagers récents de speed 21 et autres amphétamines environ 55’000 personnes (0.8%). Cet usage est le plus élevé chez les 20-24 ans (speed  : 3.0%, ecstasy  : 2.5%). Les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à indiquer un usage de ces substances au cours des 12 derniers mois. Les résultats du monitorage act-info montrent un taux très faible d’admissions en traitement pour un problème principal lié à l’usage d’ecstasy ou d’amphétamines (2017 : 0.6%), en comparaison avec d’autres substances illégales comme la cocaïne ou l’héroïne.

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Parmi les personnes âgées de 15 ans et plus, le nombre de celles ayant pris des somnifères et/ou des tranquillisants au cours des 30 derniers jours s’élève à 7.4% (9.5% chez les femmes et 5.3% chez les hommes). Cette part augmente fortement avec l’âge, passant de 1.8% chez les 15-19 ans à 18.4% chez les 75 ans et plus. L’usage problématique lorsqu’il est défini par un usage (quasi) quotidien depuis une année ou plus, concerne 2.7% de la population. Selon le monitorage act-info, il est estimé que les médicaments psychotropes constituent le problème principal d’environ 1% des personnes admises dans une institution spécialisée.


L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

LA STRATÉGIE NATIONALE ADDICTIONS 22 bag.admin.ch/bag/fr/home/strategie-und-politik/nationale-gesundheitsstrategien/strategie-sucht.html

La Stratégie nationale Addictions 2017-2024 22 place la qualité de vie et la santé de la personne au centre de son action. Elle part du principe que l’individu est responsable de ses choix de vie et de son comportement individuel, y compris en matière de santé. L’individu, son entourage, ses conditions de vie et sa capacité à agir sur le monde qui l’entoure sont au cœur de la question de l’addiction. C’est pourquoi le renforcement des ressources et des capacités individuelles en matière de santé revêt une importance stratégique. Certaines personnes ne parviennent pas à garder le contrôle de leur consommation de substances ou de leur comportement. Une idée maîtresse de la stratégie est donc d’apporter aide et soutien aux personnes qui deviennent malades ou qui ont une consommation à risque. Il s’agit à cet égard d’améliorer l’état de santé, les conditions et la qualité de vie des personnes souffrant d’addiction et de leurs proches grâce à des offres d’accompagnement adéquates. Les objectifs principaux de la stratégie sont les suivants : • prévenir l’émergence des addictions ; • fournir aux personnes présentant une addiction l’aide et les traitements dont elles ont besoin ; • réduire les dommages sanitaires et sociaux ; • diminuer les conséquences négatives de l’addiction pour la société. Dans le champ d’action Thérapie et conseil, la Stratégie nationale Addictions 2017-2024 relève que le conseil et le traitement s’adressent aux personnes ayant une addiction ou une consommation à risque ainsi qu’à leur entourage qui cherche de l’aide. Ils visent une gestion maîtrisée de l’addiction ou, dans la mesure où cela est réaliste, une sortie durable de l’addiction. Cela comprend non seulement la restauration et la promotion de la santé physique et psychique, mais aussi le regain et le maintien de la qualité de vie des personnes concernées ainsi que leur intégration sociale. Il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’accessibilité de l’offre, qui doit atteindre toutes les personnes concernées, sans distinction de sexe, d’âge ou d’origine socio-culturelle. Outre des consultations avec le médecin de famille, des prestations psycho-sociales, de psychiatrie ou socio-thérapeutiques, le conseil et la thérapie peuvent également comporter des offres comme l’entraide, le suivi postcure ou l’aide bénévole.

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Rapport statistique

LES OFFRES DE PRISE EN CHARGE 23 bag.admin.ch/bag/fr/home/gesund-leben/sucht-und-gesundheit/ suchtberatung-therapie.html 24 bag.admin.ch/bag/fr/home/ gesund-leben/sucht-und-gesundheit/suchtberatung-therapie/ suchthilfestatistiken-act-info.html

Selon l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) 23, le secteur ambulatoire de l’aide psychosociale en matière de dépendance englobe près de 200 services de consultation. Dans le secteur résidentiel, la Suisse comprend 20 institutions spécialisées pour l’alcoolo-dépendance et 50 institutions pour le traitement résidentiel de la toxicomanie (principalement drogues illégales). Elle compte 22 centres ambulatoires habilités à distribuer de l’héroïne 24.

Jovita Biaggi, MSP – Via Gampel

En Suisse, environ 25’000 personnes bénéficient actuellement d’une prise en charge ambulatoire en raison de problèmes de dépendance, 17’000 personnes sont en traitement de substitution à la méthadone et 1’400 personnes suivent un traitement avec prescription d’héroïne.

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L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

Contexte valaisan LES TENDANCES DE CONSOMMATION 25 ovs.ch/fr/domaines/etat-desante/dependances/index/ 26 Un risque moyen à élevé correspond à la consommation d’au moins 4 verres par jour d’une boisson alcoolisée standard (10 grammes d’alcool, p. ex. une bière) pour les hommes, 2 verres pour les femmes.

L’Observatoire Valaisan de la santé rend compte de l’évolution de la consommation d’alcool et de drogues illégales en Valais, en se basant sur les données issues des enquêtes suisses sur la santé (ESS) et des enquêtes sur la santé des écoliers (HBSC) 25.

ALCOOL En Valais en 2017, 19% des hommes et 8% des femmes déclarent consommer quotidiennement de l’alcool. Chez les hommes, la prévalence est supérieure à celle de l’ensemble de Suisse où elle s’élève à 17%. Ces proportions ont fortement diminué depuis 1992, année où elles se montaient respectivement à 38% et 15%. La proportion de la population valaisanne âgée entre 15 et 74 ans présentant une consommation à risque moyen ou élevé 26 est de 7% chez les hommes et de 6% chez les femmes. Rapporté aux effectifs de la population résidante au 31.12.2018, cela représente par extrapolation respectivement 10’150 hommes et 8’350 femmes. La part observée est plus importante que dans l’ensemble de la Suisse (respectivement 6% et 4%).

DROGUES ILLÉGALES En 2017, une personne entre 15 et 64 ans sur vingt rapporte avoir consommé du cannabis au moins une fois au cours de l’année (10% des hommes et 3% des femmes, ce qui représente par extrapolation respectivement 8’000 hommes valaisans et 3’350 femmes valaisannes). Comme pour l’ensemble de la Suisse, la prévalence de la consommation du cannabis est plus importante chez les 15-34 ans qu’à un autre âge (11%). La part des personnes ayant consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie est inférieure en Valais (27% ; 31% en Suisse). Chez les 15-64 ans en 2017, la prévalence de la consommation au moins une fois dans la vie d’une substance psychotrope illégale autre que le cannabis est de 6% (8% pour la Suisse), ce qui représente par extrapolation 13’600 personnes pour le Valais. Cette prévalence diminue fortement avec l’âge : elle s’élève à 6.4% chez les 15-34 ans et à 0.2% chez les 65-74 ans (chiffres de 2012).

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Rapport statistique

LES MANDATS D’ADDICTION VALAIS 27 grea.ch/addiction 28 Depuis le 1er août 2019, l’offre résidentielle de la Villa Flora se transforme en offre de centre de jour ambulatoire, comprenant notamment des prestations thérapeutiques, de suivi à domicile et de job coaching.

La Fondation Addiction Valais se positionne comme la référence en matière d’addictions en Valais. Elle est active dans les domaines de la prévention et de l’accompagnement des personnes. Elle répond, selon ses ressources et compétences, à toute demande liée aux addictions, en se fondant sur les bonnes pratiques et les connaissances scientifiques actuelles, traduites et adaptées au contexte valaisan. Pour Addiction Valais, la définition de l’addiction est celle retenue par le Groupement romand d’études des addictions (GREA), à savoir la perte de l’autonomie du sujet par rapport à un produit ou un comportement. Elle se caractérise par la souffrance de la personne et des changements de son rapport au monde. L’addiction résulte d’une interaction entre une personne, des produits et un contexte. Elle ne se résume pas à un problème individuel, mais concerne l’ensemble de la société 27. Le Conseil d’Etat du Canton du Valais a défini dans son Ordonnance sur les addictions du 30 mai 2012, le mandat général de la Fondation qui comprend notamment : • la coordination des différents établissements et institutions engagés dans le canton en matière d’addiction ; • la fourniture de prestations de thérapie, de prévention, d’assistance, de limitation des risques et conséquences pour la société. Les objectifs à atteindre ainsi que la contribution financière de l’Etat du Valais sont réglés annuellement. Le financement est complété par les revenus tirés des prestations propres de la Fondation, par des sources de financement nationales (par exemple l’Office fédéral des assurances sociales) et d’autres fonds contrôlés par les pouvoirs publics. Addiction Valais est en mesure d’assumer ses mandats dans les piliers de la prévention et du repérage précoce, de la thérapie et du conseil, ainsi que de la réduction des risques et des dommages en concluant des partenariats avec d’autres acteurs professionnels du Canton. Au fil des années, elle a ainsi développé et entretenu un réseau performant dont les conditions de collaboration sont fixées par le biais de diverses conventions et directives.

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L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

LES OFFRES THÉRAPEUTIQUES D’ADDICTION VALAIS La Fondation Addiction Valais comprend l’ensemble des services ambulatoires et résidentiels ainsi que les structures de jour spécialisés en addiction du canton. Elle garantit la diversité des offres thérapeutiques et des cadres d’intervention. De type socio-thérapeutique et socioprofessionnel, les prestations d’Addiction Valais sont dispensées en français et en allemand dans des unités réparties sur l’ensemble du territoire valaisan : • cinq unités de conseil et d’accompagnement ambulatoires à Viège, Sierre, Sion, Martigny et Monthey, • un centre de jour spécialisé ambulatoire, la Villa Flora 28, • trois unités résidentielles, l’unité Via Gampel, le Jardin des Berges et l’unité François-Xavier Bagnoud.

Cette répartition garantit une proximité avec toute personne qui a besoin de soutien et d’accompagnement pour un problème de consommation ou de comportement addictif, favorisant ainsi l’accessibilité aux prestations de la Fondation. De plus, les frontières entre les prestations ambulatoires, les prestations résidentielles et les prestations de centre de jour devenant de plus en plus perméables, cette organisation favorise : • la transversalité et la coopération entre les spécialistes des unités dans l’accompagnement du client (qu’il s’agisse du client dépendant lui-même, de ses proches ou d’un mandant) ; • l’adéquation et la cohérence des prestations fournies à l’évolution de la situation du client et de son système de référence en se reposant sur un processus d’évaluation et d’indication ; • la continuité des prestations délivrées au sein de la Fondation tout au long de l’accompagnement socio-thérapeutique et/ou socioprofessionnel.

Villa Flora

Jardin des Berges

Via Gampel

François-Xavier Bagnoud

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Rapport statistique

LES PRESTATIONS AMBULATOIRES Les prestations offertes aux clients dans les unités ambulatoires comprennent : Le bref conseil Il s’agit de contact personnel ou téléphonique unique sans tenue de dossier personnel au cours duquel le collaborateur spécialisé communique des informations spécifiques sur l’addiction et/ou dirige la personne vers un autre service. Ce contact peut être fait par exemple dans les bureaux de l’unité ou à l’hôpital. Le conseil et aide aux personnes Il s’agit de conseil et d’aide spécialisé comprenant la tenue d’un dossier personnel. Il englobe le conseil et l’aide individuel et le conseil et l’aide en groupe (par exemple la méditation en pleine conscience, la prévention de la rechute, la dramathérapie). L’accompagnement individuel du client tient compte de ses ressources et de ses besoins. Les objectifs possibles concernent l’abstinence, la consommation contrôlée, la réduction des risques. Quel que soit l’objectif du client, l’amélioration de sa qualité de vie est centrale.

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Le conseil et aide aux proches Il s’agit de conseil et d’aide spécialisé destiné aux proches de la personne. Il inclut le conseil spécialisé individuel et le conseil en groupe (par exemple le groupe enfants de parents dépendants).

Des prestations spécifiques Ayant pour objet de soutenir et de promouvoir la réadaptation des personnes en proie avec un problème de conduite addictive, ces prestations touchent notamment au développement et à l’élaboration de matériel d’information, au travail de fond (par exemple l’élaboration de concept) ou sont liées à des projets (par exemple des actions de prévention sélective) ou à d’autres prestations de base pour encourager l’entraide ou le conseil aux organisations partenaires d’Addiction Valais (par exemple la formation de partenaires sur le repérage de situations problématiques).

Les prestations de conseil et d’aide, que ce soit directement aux personnes concernées ou à leurs proches, répondent aux bonnes pratiques thérapeutiques. Elles se basent sur une démarche de co-construction (comprise comme la coopération dans la détermination des problèmes et la recherche de solutions avec le client et son réseau) et le travail sur les objectifs à court, moyen et long terme. En 2018, les unités ambulatoires de la Fondation ont effectué 3’283 heures de brefs conseils, 19’745 heures de conseil et aide aux personnes, 818 heures de conseil et aide aux proches et 12’963 heures de prestations spécifiques de soutien et de promotion.


L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

LES PRESTATIONS RÉSIDENTIELLES Orientés vers l’abstinence et ciblés sur les besoins spécifiques de chaque client dans un accompagnement individualisé, les traitements résidentiels sont dispensés au sein des unités spécialisées de Via Gampel, du Jardin des Berges, de François-Xavier Bagnoud, ainsi que de la Villa Flora jusqu’au 31 juillet 2019 (voir ci-contre).

L’unité de François-Xavier Bagnoud fournit un traitement dans un espace communautaire soutenant et structuré qui privilégie, au travers de la pédagogie par l’expérience, le travail sur les mécanismes producteurs de l’addiction du client ainsi que la remise en équilibre des fonctions physiques, psychiques, émotionnelles et spirituelles.

Le cadre et l’approche thérapeutique comprennent des entretiens individuels, des entretiens de groupe, des entretiens de famille complétés par différents groupes ou ateliers thérapeutiques et des ateliers socio-professionnels. Les capacités et aptitudes personnelles de chaque client ainsi que ses attentes sont en tout temps prises en compte. Le déroulement de la thérapie résidentielle assure, avec des objectifs propres à chaque client, une progression dans l’acquisition de l’autonomie et de compétences nécessaires, afin de favoriser l’insertion et la réinsertion socio-professionnelle.

Le traitement de l’unité du Jardin des Berges construit ses prestations autour de différents modules complémentaires, valorise les compétences et les ressources de chaque client. Il prône une ouverture vers la société qui est progressive et adaptée à sa situation et à son projet de vie. Le traitement offert par l’unité de Via Gampel accompagne le processus de changement selon une hiérarchisation des objectifs mis en place comprenant l’apprentissage de la sobriété dans un contexte de contrôle, l’atteinte du sevrage psychologique, la formulation d’une volonté de changement et la mise en place d’une stratégie de changement, élaborée avec le système de référence du client et orientée solution.

LA VILLA FLORA, CENTRE DE JOUR SPÉCIALISÉ Auparavant unité résidentielle spécialisée dans l’accompagnement de l’addiction à l’alcool, la Villa Flora se transforme depuis le 1er août 2019 en un centre ambulatoire d’évaluation spécialisé qui offre des prestations de centre de jour thérapeutiques, des ateliers d’occupation et d’évaluation, ainsi que des ateliers de préparation à l’emploi. Des prestations d’aide à la réinsertion via des stages autour d’un projet professionnel (job coaching), ainsi que des prestations d’accompagnement sur le lieu de vie pour prévenir la rechute, maintenir les acquis et l’autonomie sont dispensées afin de soutenir la réalisation du projet de vie du client.

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Rapport statistique

ADDICTION VALAIS, SYSTÈME SPÉCIALISÉ AU SERVICE DU RÉSEAU SOCIO-SANITAIRE Addiction Valais assume son mandat en partenariat avec un réseau performant d’acteurs professionnels du canton. Les conditions de collaboration avec l’Hôpital du Valais, le Service cantonal de la circulation routière et de la navigation, avec la justice, le tribunal des mineurs et les établissements pénitentiaires ainsi que la collaboration interinstitutionnelle (CII) sont régies par des conventions et des directives. La prescription de méthadone est réglée via une directive qui établit un contrat quadripartite liant le client, le médecin, la pharmacie et les unités ambulatoires d’Addiction Valais. Une convention de collaboration en matière de prévention du jeu pathologique a été signée avec le Casino de Crans-Montana et Caritas Valais. Selon les besoins du client et de la source de signalement ayant participé à l’initiation de l’accompagnement, Addiction Valais collabore avec le monde médical (somatique et psychiatrique), les offices régionaux de placement, les offices AI, les centres médico-sociaux, les institutions spécialisées dans les domaines de l’occupation et de l’intégration au logement, les lieux de formation.

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L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

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Effect caractéristi clientèle

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tifs et iques de la e admise

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Afin de guider au mieux ses actions, Addiction Valais a depuis plusieurs années le souci d’apporter des éléments de réponse à la question quel traitement pour quel client à quel coût et avec quel résultat ?  La réponse à la partie quel client ? est fournie par le biais du monitorage statistique de la clientèle accueillie et de l’exploitation des données d’évaluation à l’admission issues de l’Indice de Gravité d’une Toxicomanie (IGT) 29.

47


Rapport statistique

Effectifs des admissions et des accompagnements 29 L’IGT est l’adaptation québécoise de l’Addiction Severity Index effectuée par le RISQ (Recherche et Intervention sur les Substances psychoactives – Québec). Cet outil d’évaluation aborde 7 sphères de problèmes liés à l’addiction, à savoir la consommation d’alcool, la consommation de drogues, l’état de santé physique, les relations familiales et interpersonnelles, l’état de santé psychologique, l’emploi et les ressources, la situation judiciaire. Pour chaque domaine de problèmes, il fournit plusieurs indicateurs tels les évaluations de la gravité des problèmes et du besoin additionnel de traitement (établies par l’intervenant spécialisé) ou l’estimation par le client de son degré de perturbation/préoccupation face aux problèmes. L’instrument a été adapté à la population valaisanne et validé scientifiquement (cf. http:// cms.lvt.ch/Upload/addiction-valais/ Annexes/399_02_IGT_validation.pdf). 30 L’unité résidentielle du Jardin des Berges à Sion, en travaux de rénovation, était fermée depuis le 1.1.2018 jusqu’au 1.11.2018

La statistique liée à la clientèle accueillie au sein des unités d’Addiction Valais distingue les admissions des accompagnements effectués. Les admissions reportent le nombre de clients pour lesquels un dossier a été ouvert durant l’année. La Table 1 ci-après indique les effectifs enregistrés entre 2014 et 2018. Les accompagnements reportent le nombre de clients pour lesquels un dossier était ouvert durant l’année. Ils comprennent les clients qui ont initié un suivi durant l’année, ainsi que ceux déjà suivis l’année précédente et qui soit le termineront ou le poursuivront l’année suivante. La Table 2 ci-après indique les effectifs enregistrés entre 2014 et 2018.

TABLE 1 EFFECTIFS DES ADMISSIONS ENREGISTRÉES DANS LES DIFFÉRENTES UNITÉS D’ADDICTION VALAIS. PÉRIODE 2014-2018.

2014

2015

2016

2017

2018

871

946

987

876

721

FXB/Jardin des Berges

29

38

38

25

20

Villa Flora

69

67

43

53

54

Via Gampel

9

13

17

14

19

978

1’064

1’085

968

814

Ambulatoire 30

Total

TABLE 2 EFFECTIFS DES ACCOMPAGNEMENTS EFFECTUÉS DANS LES DIFFÉRENTES UNITÉS D’ADDICTION VALAIS. PÉRIODE 2014-2018.

2014

2015

2016

2017

2018

1’845

1’929

1’995

1’867

1’678

FXB/Jardin des Berges

61

64

68

51

37

Villa Flora

78

82

52

65

66

Via Gampel

19

23

25

24

25

2’003

2’098

2’140

2’007

1’806

Ambulatoire

Total

48


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

LA CLIENTÈLE DES PROCHES Addiction Valais admet au sein de ses unités ambulatoires des personnes proches de personnes concernées par une consommation ou un comportement problématique. Cette clientèle bénéficie de prestations de conseil et d’aide spécifiques. La Table 3 ci-après reporte les parts observées de cette clientèle spécifique pour les cinq dernières années. La clientèle des proches est essentiellement constituée de femmes dont les conjoints ont un problème d’alcool ou de mères dont l’enfant a une consommation problématique de cannabis.

TABLE 3 EFFECTIF (N) ET PART (%) DE LA CLIENTÈLE PROCHE ADMISE AU SEIN DES UNITÉS AMBULATOIRES. PÉRIODE 2014-2018.

2014

2015

2016

2017

2018

N

118

139

136

98

82

Part (%)

13.5

14.7

13.8

11.2

11.4

49


Rapport statistique

Description de la clientèle admise pour ses propres problèmes31 31 Dans le reste du document, les expressions clients venus pour leurs propres problèmes et clients admis pour leurs propres problèmes désignent les clients admis ayant une consommation ou un comportement problématique 32 Client au bénéfice d’une rente de l’assurance invalidité au moment de son admission

50

Les résultats reportés dans cette section excluent la clientèle des proches (i.e. venue consulter pour un problème touchant un membre de son entourage) et concernent les admissions enregistrées en 2016, 2017 et 2018. Les résultats présentés dans les différentes tables ne séparent pas les deux unités résidentielles de François-Xavier Bagnoud (FXB) et du Jardin des Berges, anciennement regroupées au sein des foyers Rives du Rhône, puisque la séparation n’est effective que depuis le 1er novembre 2018. Les résultats intègrent également l’unité résidentielle de la Villa Flora, puisque la transformation de la mission de cette unité en centre de jour spécialisé n’a débuté que courant 2019.


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

LES CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES PRINCIPALES La Table 4 ci-dessous reporte les principaux indicateurs socio-démographiques relevés auprès de clients au moment de leur admission. Le portrait de base du client à l’admission varie d’une institution à l’autre. Les unités FXB/Jardin des Berges accueillent la clientèle la plus jeune (un tiers a 18 ans ou moins), associée à une part moins élevée de clients vivant seuls (14%) ou à une part supérieure de clients en possession d’une formation inférieure (35%). Ce sont aussi les unités qui accueillent proportionnellement le moins de femmes (16%). L’unité de la Villa Flora et celle de Via Gampel, spécialisées dans le traitement des problèmes liés à l’alcool, ciblent une clientèle plus âgée (respectivement 41.9 ans et 46.5 ans en moyenne). Dans ces deux unités, près d’un client sur deux vit seul (respectivement 46% et 49%) et la part des personnes travaillant à plein temps est faible (15% dans les deux unités). Les parts de clients au bénéfice d’une rente AI ou étant à l’aide sociale sont plus élevées au sein de l’unité de la Villa Flora qu’au sein de Via Gampel. Le portrait moyen de la clientèle admise au sein du secteur ambulatoire se trouve en quelque sorte dans une position intermédiaire.

TABLE 4 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES DE LA CLIENTÈLE ADMISE DANS LES UNITÉS D’ADDICTION VALAIS ENTRE LE 1.1.2016 ET LE 31.12.2018.

AMBULATOIRE (N=2’264)

FXB/JDB (N=8)

VILLA FLORA (N=150)

VIA GAMPEL (N=50)

23%

16%

27%

22%

Âge moyen

38.1 ans

24.5 ans

41.9 ans

46.5 ans

Âge médian

37 ans

21 ans

42 ans

50 ans

A 18 ans ou moins

15%

36%

2%

2%

A 55 ans ou plus

17%

0%

16%

26%

Vit seul

30%

14%

46%

49%

Vit avec le père et/ou la mère

20%

31%

10%

17%

A une formation inférieure

27%

35%

25%

20%

A un travail à plein temps, en formation

48%

42%

15%

15%

Est au chômage

9%

8%

8%

9%

Est rentier AI

12%

4%

21%

2%

Est à l’aide sociale

6%

10%

27%

17%

Femmes

32

51


Rapport statistique

33 Dans le reste du document, l’unité résidentielle François-Xavier Bagnoud est abrégée l’unité FXB

LES PRINCIPALES INSTANCES IMPLIQUÉES DANS L’INITIATION DES ACCOMPAGNEMENTS

LES PROBLÈMES DE CONSOMMATION À L’ADMISSION

La Table 5 ci-contre reporte les parts des principales sources de signalement externes à Addiction Valais participant activement à l’initiation de l’accompagnement (plusieurs sources de signalement peuvent être mentionnées par client).

La Table 6 reporte les principaux substances/comportements problématiques indiqués à l’admission des unités.

La famille et/ou le conjoint joue un rôle relativement plus important pour les placements aux unités FrançoisXavier Bagnoud 33/Jardin des Berges et à celle de Via Gampel. Le monde médical (hospitalier ou en pratique privée) participe activement à l’initiation des suivis, en particulier dans le secteur ambulatoire et à l’unité de Via Gampel. Les services administratifs et/ou judiciaires participent à un quart des admissions ambulatoires (26%) et à un tiers des placements aux unités FXB/ Jardin des Berges (36%).

52

À l’exception de FXB/Jardin des Berges où le cannabis arrive en première place (74%), l’alcool constitue la substance la plus présente à l’admission, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

TABLE 5 PRINCIPALES SOURCES DE SIGNALEMENT IMPLIQUÉES ACTIVEMENT DANS L’INITIATION DES SUIVIS ET DES TRAITEMENTS (PLUSIEURS SOURCES POSSIBLES PAR CLIENT).

AMBULATOIRE (N=2’264)

FXB/JDB (N=8)

VILLA FLORA (N=150)

VIA GAMPEL (N=50)

Propre initiative

56%

51%

74%

64%

Famille, conjoint-e

12%

32%

16%

36%

Hôpital général, hôpital psychiatrique

12%

3%

4%

6%

Médecin, psychiatre

11%

5%

13%

32%

Services admin./judiciaires

26%

36%

8%

13%

Employeur

1%

0%

3%

2%

AMBULATOIRE

FXB/JDB

VILLA FLORA

VIA GAMPEL

Alcool

61%

48%

182%

90%

Cannabis

33%

74%

26%

8%

Cocaïne

10%

29%

19%

15%

Héroïne

7%

13%

7%

10%

Benzodiazépines

4%

6%

9%

15%

Drogues de synthèse

2%

18%

5%

5%

Jeu pathologique

3%

8%

0%

0%

Internet/jeux vidéo

4%

2%

2%

0%

Alcool

66%

38%

78%

82%

Cannabis

25%

54%

29%

0%

Cocaïne

7%

46%

15%

0%

Héroïne

6%

31%

12%

18%

Benzodiazépines

8%

23%

12%

27%

Drogues de synthèse

1%

31%

2%

0%

Jeu pathologique

2%

8%

0%

0%

Internet/jeux vidéo

1%

9%

1%

0%

TABLE 6 PRÉVALENCE DES SUBSTANCES/COMPORTEMENTS PROBLÉMATIQUES À L’ADMISSION DES DIFFÉRENTES UNITÉS, SELON LE SEXE (PLUSIEURS RÉPONSES POSSIBLES PAR CLIENT).

HOMMES

FEMMES

53


Rapport statistique

34 Les hallucinogènes regroupent différentes substances psychoactives comme le LSD et les champignons hallucinogènes

Le cannabis représente la substance illégale problématique la plus fréquemment indiquée par le client à l’admission, suivie de la cocaïne. À l’admission des unités FXB/Jardin des Berges, la problématique liée aux drogues de synthèse est autant présente que celle liée à l’héroïne. La problématique liée aux benzodiazépines est très présente à l’admission de l’unité Via Gampel et est deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes (différence entre les sexes qui peut être également observée au niveau national). Les Figures 1 et 2 ci-après informent sur la poly-consommation problématique à l’admission, en reportant la répartition relative de la clientèle selon la présence ou non des trois problèmes liés à la consommation du cannabis, de la cocaïne et de l’héroïne, avec la présence d’un problème d’alcool (partie gauche des figures) ou non (partie droite). Dans chaque figure, une intersection des cercles indique la présence simultanée des substances problématiques. Ces répartitions ne tiennent pas compte de la présence ou non des autres problèmes potentiels tels que les drogues de synthèse, les hallucinogènes 34 ou les benzodiazépines. Au sein des unités ambulatoires, parmi les clients qui indiquent un problème d’alcool à l’admission, trois-quarts d’entre eux (78%) ne mentionnent pas de problème lié aux trois substances illégales. Un client sur 10 (12%) reporte un problème lié au cannabis et 3% une double problématique cannabis-cocaïne. Pour un client sur cent, les trois substances illégales sont problématiques. Parmi les clients où il n’existe pas de problème d’alcool, une consommation problématique d’une des trois substances illégales est mentionnée dans 70% des situations. Au sein du secteur résidentiel, parmi les clients qui indiquent un problème d’alcool à l’admission, deux-tiers d’entre eux (63%) ne mentionnent pas de problème lié aux trois substances illégales. Un client sur six (16%) reporte un problème lié au cannabis et 7% une double problématique cannabis-cocaïne. Pour trois clients sur cent, les trois substances illégales sont problématiques. Parmi les clients où il n’existe pas de problème d’alcool, une consommation problématique d’une des trois substances illégales est mentionnée dans 82% des situations.

54


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

FIGURE 1 RÉPARTITION DE LA CLIENTÈLE AMBULATOIRE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES, SELON LA PRÉSENCE DE PROBLÈMES DE CONSOMMATION À L’ADMISSION LIÉS AU CANNABIS, À LA COCAÏNE ET À L’HÉROÏNE, EN PRÉSENCE DE PROBLÈMES DE CONSOMMATION D’ALCOOL (À GAUCHE) ET EN ABSENCE DE PROBLÈME DE CONSOMMATION D’ALCOOL (À DROITE). UNE INTERSECTION ENTRE LES CERCLES INDIQUE LA PRÉSENCE SIMULTANÉE DES SUBSTANCES PROBLÉMATIQUES. PÉRIODE 2016-2018.

Cannabis

Héroïne

1%

12%

Cannabis

1%

Héroïne

2%

46%

1% 3%

8%

1% 1%

5%

1%

3%

7%

78%

30% Cocaïne

Cocaïne

Avec problème d’alcool

Sans problème d’alcool

FIGURE 2 RÉPARTITION DE LA CLIENTÈLE ADMISE DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE, SELON LA PRÉSENCE DE PROBLÈMES DE CONSOMMATION À L’ADMISSION LIÉS AU CANNABIS, À LA COCAÏNE ET À L’HÉROÏNE, EN PRÉSENCE DE PROBLÈMES DE CONSOMMATION D’ALCOOL (À GAUCHE) ET EN ABSENCE DE PROBLÈME DE CONSOMMATION D’ALCOOL (À DROITE). UNE INTERSECTION ENTRE LES CERCLES INDIQUE LA PRÉSENCE SIMULTANÉE DES SUBSTANCES PROBLÉMATIQUES. PÉRIODE 2016-2018.

Cannabis

Héroïne

1%

16%

Cannabis

2%

Héroïne

8%

36%

3% 7%

1% 2%

13%

5%

6% 63%

9%

10% 18%

Cocaïne Avec problème d’alcool

Cocaïne Sans problème d’alcool

55


Rapport statistique

LA CONSOMMATION AU COURS DES 30 DERNIERS JOURS 35 Bergeron, J., Landry, M., Ishak, I., Vaugeois, P., Trépanier, M. (1992). Validation d’un instrument d’évaluation de la gravité des problèmes reliés à la consommation de drogues et d’alcool, l’indice de gravité d’une toxicomanie (IGT). Montréal : Cahiers de recherche du RISQ 36 Mc Lellan, A. T., et al. (1980). An improved diagnostic instrument for substance abuse patients : The Addiction Severity Index. Journal of Nervous and Mental Disease, 168, 26-33 37 Par alcool jusqu’à intoxication, il faut comprendre 5 consommations ou plus d’alcool en une seule séance consommation (i.e. période continue allant de la première à la dernière consommation)

L’évaluation de la situation globale du client à l’admission des différentes unités de la Fondation est effectuée à l’aide de l’Indice de Gravité d’une Toxicomanie (IGT) 35, adaptation québécoise de l’Addiction Severity Index (ASI) 36. La Table 7 reporte pour six substances investiguées par l’IGT, la part des clients qui indiquent avoir consommé la substance au cours des 30 derniers jours, et pour ceux reportant une telle consommation, le nombre de jours moyen de consommation au cours de la même période. Au sein des unités ambulatoires, l’alcool toute utilisation au cours des 30 derniers jours a été consommé par 70% des clients admis, suivi de 37 l’alcool jusqu’à intoxication  par 42% d’entre eux, et du cannabis par 36%. L’héroïne (consommée par 7% des clients) arrive après la cocaïne (10%). Lorsqu’il y a consommation, les sédatifs et tranquillisants sont les plus fréquemment consommés

avec une moyenne de 23 jours de consommation, suivis de l’héroïne avec 18 jours. Au sein du secteur résidentiel, l’alcool toute utilisation est la substance consommée au cours des 30 derniers jours par la plus grande part de la clientèle admise (80% pour l’unité de la Villa Flora, 57% pour les unités de FXB/Jardin des Berges et 50% pour celle de Via Gampel). En deuxième position viennent l’alcool jusqu’à intoxication pour les unités de la Villa Flora et de Via Gampel, avec respectivement 54% et 49%, et le cannabis pour les unités FXB / Jardin des Berges, avec 55%. Parmi les substances consommées, ce sont à nouveau les sédatifs et tranquillisants qui produisent le nombre moyen de jours le plus élevé avec 29 jours de consommation pour l’unité de la Villa Flora, 22 jours pour celles de FXB / Jardin des Berges et 21 jours pour celle de Via Gampel.

TABLE 7 PART DES CLIENTS AVEC UNE CONSOMMATION AU COURS DES 30 DERNIERS JOURS ET NOMBRE MOYEN DE JOURS DE CONSOMMATION AU COURS DES 30 DERNIERS JOURS POUR LES PRINCIPALES SUBSTANCES PROBLÉMATIQUES À L’ADMISSION DES DIFFÉRENTES UNITÉS. PÉRIODE 2016-2018.

56

UNITÉS AMBULATOIRES

FXB/JDB

VILLA FLORA

VIA GAMPEL

Alcool toute utilisation

70% – 15j

57% – 11j

80% – 18j

50% – 13j

Alcool jusqu’à intoxication

42% – 11j

26% – 13j

54% – 15j

49% – 13j

Cannabis

36% – 16j

55% – 20j

38% – 20j

8% – 13j

Cocaïne

10% – 8j

25% – 7j

26% – 12j

8% – 4j

Héroïne

7% – 18j

7% – 20j

7% – 17j

0% – 0j

Sédatifs, tranquillisants

15% – 23j

10% – 22j

20% – 29j

14% – 21j


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

LES ANNÉES DE CONSOMMATION RÉGULIÈRE 38 Par consommation régulière, il faut comprendre 3 fois/semaine pendant au moins un mois (ou session de consommation intensive de deux jours/semaine)

Les âges d’entrée en consomma38 tion régulière  dépendent de la substance et du secteur où le client est admis (cf. Table 8). Au sein des unités résidentielles, le cannabis est la substance qui a été consommée régulièrement le plus précocement, avec un âge moyen allant de 16.6 ans pour les hommes à 17.7 ans pour les femmes admises.

Le nombre d’années de consommation régulière avant l’admission varie fortement d’une substance à l’autre. Les durées les moins élevées se rapportent à la cocaïne (2.9 ans pour les femmes admises dans une unité ambulatoire). Les durées les plus élevées à l’alcool toute utilisation (17.4 ans pour les hommes admis en résidentiel).

L’alcool jusqu’à intoxication est la substance qui a été consommée de manière régulière le plus tardivement, avec un âge moyen allant de 25.4 ans pour les hommes admis dans une unité ambulatoire à 30.8 ans pour les femmes admises dans une unité résidentielle.

TABLE 8 ÂGE MOYEN D’ENTRÉE EN CONSOMMATION RÉGULIÈRE ET NOMBRE MOYEN D’ANNÉES DÉCLARÉES À L’ADMISSION DE CONSOMMATION RÉGULIÈRE POUR LES PRINCIPALES SUBSTANCES, SELON LE SECTEUR ET LE SEXE. PÉRIODE DE 2016 À 2018

UNITÉS AMBULATOIRES

UNITÉS RÉSIDENTIELLES

H

F

H

F

Alcool toute utilisation

20.7

25.7

20.1

23.2

Alcool jusqu’à intoxication

25.4

32.8

26.4

30.8

Cannabis

17.2

17.3

16.6

17.7*

Cocaïne

24.0

23.4

22.3

18.0*

Héroïne

23.4

22.1

20.6

19.0*

Alcool toute utilisation

16.5

14.2

17.4

13.1

Alcool jusqu’à intoxication

12.0

8.5

12.3

11.9

Cannabis

10.3

9.6

11.1

19.6*

Cocaïne

4.9

2.9

7.4

4.5*

Héroïne

7.4

8.0

5.3

3.7*

ÂGE CONSOMMATION RÉGULIÈRE (ANS)

ANNÉES DE CONSOMMATION RÉGULIÈRE

*effectif inférieur à 10

57


Rapport statistique

LE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION FACE AUX PROBLÈMES ET LA GRAVITÉ ESTIMÉE DES PROBLÈMES Pour chacun des domaines de problèmes liés à l’addiction abordés par le biais de l’IGT (la consommation d’alcool, la consommation de drogues, l’état de santé physique, les relations familiales et interpersonnelles, l’état psychologique, l’emploi et les ressources et la situation judiciaire), le client évalue son degré de préoccupation ou de perturbation face à ses problèmes sur une échelle allant de 0 pour Pas du tout préoccupé ou perturbé à 4 pour Extrêmement préoccupé ou perturbé, ainsi que son besoin d’aide supplémentaire, également allant de 0 pour Pas de besoin du tout d’aide à 4 pour Besoin extrême. L’intervenant spécialisé fournit de son côté une évaluation de la gravité des problèmes selon cinq catégories allant de Pas de problème réel (catégorie codée ici 0) à Problème extrême (codée 4), et le besoin de traitement supplémentaire également selon cinq catégories allant de Traitement non indiqué (codée 0) à Traitement indispensable (codée 4). La Table 9 indique que les valeurs moyennes les plus élevées du degré de préoccupation face aux problèmes sont observées pour les problèmes d’alcool, aux unités de Via Gampel (2.49) et de la Villa Flora (2.20), et pour l’état psychologique, aux unités FXB/Jardin des Berges (2.22) et de Via Gampel (2.19). Les valeurs moyennes les plus élevées de la gravité estimée sont observées pour les problèmes d’alcool, aux unités de Via Gampel (3.18) et de la Villa Flora (2.48), pour l’état psychologique, aux unités de FXB/Jardin des Berges (2.74) et de Via Gampel (2.47), et pour l’emploi et les ressources, également à Via Gampel (2.76) et aux unités de FXB/Jardin des Berges (2.35).

58


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

TABLE 9 VALEURS MOYENNES DU DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION OU PERTURBATION DU CLIENT FACE À SES PROBLÈMES ET VALEURS MOYENNES DES ESTIMATIONS DE LA GRAVITÉ DES PROBLÈMES ÉTABLIES PAR LES INTERVENANTS. CLIENTÈLE VALAISANNE ADULTE ADMISE ENTRE 2016 ET 2018.

UNITÉS AMBULATOIRES

FXB/JDB

VILLA FLORA

VIA GAMPEL

Degré moyen de préoccupation

1.13

0.77

2.20

2.49

Gravité estimée moyenne

1.49

1.36

2.48

3.18

Degré moyen de préoccupation

0.77

1.97

0.84

0.36

Gravité estimée moyenne

1.00

2.61

1.37

0.89

Degré moyen de préoccupation

0.94

1.18

1.38

1.67

Gravité estimée moyenne

0.81

1.03

1.30

1.31

Degré moyen de préoccupation

1.23

1.74

1.48

1.26

Gravité estimée moyenne

1.46

2.61

2.26

2.15

Degré moyen de préoccupation

1.34

2.22

1.82

2.19

Gravité estimée moyenne

1.46

2.74

2.32

2.47

Degré moyen de préoccupation

1.33

1.47

1.50

2.21

Gravité estimée moyenne

1.23

2.35

1.58

2.76

Degré moyen de préoccupation

0.45

1.08

0.23

0.67

Gravité estimée moyenne

0.47

1.35

0.45

0.48

ALCOOL

DROGUES

SANTÉ PHYSIQUE

RELATIONS FAMILIALES, INTERPERSONNELLES

ETAT PSYCHOLOGIQUE

EMPLOI, RESSOURCES

SITUATION LÉGALE

59


Rapport statistique

LE DEGRÉ DE MOTIVATION À ENTRER DANS UN ACCOMPAGNEMENT 39 Miller, W.R. ; Rollnick S (1991). Motivational interviewing: Preparing people to change addictive behavior. New York: Guilford Press 40 Par exemple : Lukasiewicz M., Benyamina A., Frenoy-Peres M. et Reynaud M. (2006). L’entretien motivationnel : les bases théoriques. Alcoologie et Addictologie, 28(2), 155-162 41 Shen Q et al. (2000). Client’s Perceived Need of Treatment and its Impact on Outcome. Substance Abuse, Vol. 21, No. 3, 179-191.

L’absence ou la présence de la motivation du client à entrer dans une démarche d’accompagnement constitue un des facteurs en partie associé à l’échec d’un suivi ou d’un traitement ou favorisant la co-construction et la priorisation des objectifs. La littérature spécialisée relate que si l’accompagnement est important pour toutes les personnes avec des conduites addictives, il s’avère plus efficace pour les clients qui sont prêts ou pour le moins un peu motivés à s’y engager 39/40. C’est un paramètre à prendre en compte dans tout accompagnement qui guide et soutient l’intervention spécialisée. L’objectif de cette section est d’apprécier le degré de motivation de la clientèle accueillie à entrer dans une démarche thérapeutique proposée par Addiction Valais.

60

La motivation peut être conceptualisée et mesurée de plusieurs façons. Suivant Shen et al. 41, l’IGT peut être utilisé dans une perspective de disposition au changement. Pour définir l’indication de la motivation du client au traitement, les informations liées aux questions concernant la préoccupation du client face à ses problèmes et l’estimation de son besoin de traitement sont utilisées afin d’établir deux catégories de clients : • Les clients motivés à des degrés divers, identifiés par leurs réponses Peu à extrêmement perturbé ou préoccupé ou Peu important à extrêmement important d’avoir un traitement. • Les clients pas du tout motivés au traitement, identifiés par leurs réponses Pas du tout perturbé ou préoccupé par les problèmes et Pas du tout important d’avoir un traitement. Dans la littérature du stade de changement, ce groupe pourrait être considéré comme un groupe de pré-contemplateurs.


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

Afin de préciser la disposition au changement, chacune des catégories proposées par Shen et al. sont scindées en deux. Quatre catégories sont ainsi considérées : 1 Les clients avec un degré de motivation plutôt élevé identifiés par leurs réponses Beaucoup ou extrêmement perturbé ou préoccupé ou Beaucoup ou extrêmement important d’avoir un traitement, qui pourraient être considérés comme des clients dans la détermination ou dans l’action ; 2 Les clients avec un degré de motivation plutôt bas identifiés par leurs réponses Peu ou moyennement perturbé ou préoccupé ou Peu ou moyennement important d’avoir un traitement, qui pourraient être considérés comme un groupe de contemplateurs ; 3 Les clients sans motivation, ni problème, ni besoin, identifiés par leurs réponses Pas du tout perturbé ou préoccupé et Pas du tout important d’avoir un traitement pour lesquels l’intervenant a jugé le problème non réel ou léger et le traitement non indiqué ou pas indispensable ;

La Figure 3 ci-après illustre, pour chaque domaine de problèmes, les répartitions de la clientèle admise selon la catégorie de motivation, selon le sexe et selon le secteur où le client a été admis. Le domaine judiciaire fournit la part observée la plus élevée des clients qualifiés de non motivés, sans problème, ni besoin (77% ; 75% chez les hommes et 88% chez les femmes). Vient ensuite le domaine de problèmes de consommation de drogues (59%, sans différence entre les deux sexes). Les parts les moins élevées de cette catégorie de clients sont observées pour le domaine de l’état psychologique (30% ; 35% chez les hommes et 14% chez les femmes), pour les problèmes de consommation d’alcool (33% ; 37% chez les hommes et 22% chez les femmes) et pour le domaine de problèmes liés à l’emploi et les ressources (35% ; 37% chez les hommes et 31% chez les femmes). Le domaine de problèmes liés aux relations familiales produit la part observée la plus élevée des clients identifiés comme pas du tout motivés mais avec un problème et/ou un besoin de traitement (14% ; 15% chez les hommes et 11% chez les femmes). Les problèmes de consommation d’alcool viennent ensuite avec une part de 7% (7% chez les hommes et 5% chez les femmes). Les répartitions sont différentes selon le secteur de l’admission, avec une part des clients motivés à divers degrés observée qui est plus élevée pour le secteur résidentiel, et ce pour l’ensemble des domaines de problèmes.

4 Les clients sans motivation, avec problème et/ou besoin, identifiés par leurs réponses Pas du tout perturbé ou préoccupé et Pas du tout important d’avoir un traitement pour lesquels l’intervenant a jugé la gravité du problème moyenne à considérable ou posait une indication à suivre un traitement. Cette dernière catégorie essaie ainsi de mettre en évidence les clients dans une situation de déni de problèmes réels ou de besoin d’aide. 61


Rapport statistique

FIGURE 3 RÉPARTITION DE LA CLIENTÈLE VALAISANNE ADULTE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES POUR CHAQUE DOMAINE DE PROBLÈMES, SELON LA CATÉGORIE DU DEGRÉ DE MOTIVATION, PAR SEXE (EN BLEU) ET PAR SECTEUR D’ADMISSION (EN VERT). ADMISSIONS 2016-2018.

1

Degré de motivation plutôt élevé

3

Pas de motivation Sans problème ni besoin

2

Degré de motivation plutôt bas

4

Pas de motivation Avec problème et/ou besoin

20 40 60

20 40 60 80 FEMMES

ALCOOL

AMBULATOIRE

HOMMES

4

4

3

3

2

2

1

1 20 40 60 80

20

40 60

FEMMES

DROGUE

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

4

4

3

3

2

2

1

1 20 40 60 80

20

40 60

Part relative (%)

FEMMES

SANTÉ PHYSIQUE

RÉSIDENTIEL

Part relative (%)

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

4

4

3

3

2

2

1

1

Part relative (%)

80

80

40 60 80

20 40 60 80

62

80

40 60 80

20

RÉSIDENTIEL

Part relative (%)

Part relative (%)

20

80

20

40 60

80

RÉSIDENTIEL

80 Part relative (%)


Effectifs et caractéristiques de la clientèle admise

20 FEMMES RELATIONS FAMILIALES

40 60

80

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

4

4

3

3

2

2

1

1 20

40 60

80

20

40 60

Part relative (%)

20 FEMMES ETAT PSYCHOLOGIQUE

40 60

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

3

3

2

2

1

1 80

20

40 60

Part relative (%)

20 FEMMES

EMPLOI, RESSOURCES

40 60

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

3

3

2

2

1

1 80

20

40 60

Part relative (%)

20 FEMMES

SITUATION LÉGALE

40 60

20 40 60

HOMMES

AMBULATOIRE

3

3

2

2

1

1 80 Part relative (%)

RÉSIDENTIEL

80

80

4

40 60

80

Part relative (%)

4

20

RÉSIDENTIEL

80

80

4

40 60

80

Part relative (%)

4

20

80

80

4

40 60

RÉSIDENTIEL

Part relative (%)

4

20

80

20

40 60

80

RÉSIDENTIEL

80 Part relative (%)

63


3

Typol descriptive spĂŠcifi

64


3

logie et groupes fiques

65


66


Le spectre des problèmes rencontrés par les clients qui font une demande d’aide ou qui sont orientés vers les services spécialisés d’Addiction Valais est très large, les clients admis formant une population très hétérogène. La démarche de reporter des profils moyens (cf. Table 9) tend à masquer ou à écraser cette hétérogénéité. L’objectif de ce chapitre est de fournir une description différentiée de la clientèle admise au sein de la Fondation Addiction Valais. Deux perspectives d’analyses sont utilisées : • Une description de la clientèle admise via l’établissement d’une typologie, i.e. une construction de groupes de clients homogènes (semblables) selon la gravité des problèmes dans les domaines de l’IGT. Les clients regroupés au sein d’une même classe (homogénéité intra-classe) sont le plus semblables possible tandis que les groupes de clients sont le plus dissemblables les uns des autres (hétérogénéité inter-classe). • Une description plus détaillée des groupes de clients particuliers : les clients avec une double comorbidité psychologique, les clients âgés de 65 ans et plus, les clients âgés entre 18 et 24 ans, et les clients admis sous contrainte judiciaire. 67


Rapport statistique

Typologie descriptive La description de la clientèle admise via une typologie est basée sur la construction de groupes homogènes sur le plan de la gravité des problèmes à l’admission. Outre d’élargir la connaissance des profils des clients, l’établissement de cette typologie a pour objectif de fournir une base à une estimation des besoins en prestations spécialisées des personnes valaisannes en proie avec un problème de conduite addictive.

68


Typologie descriptive et groupes spécifiques

LE COLLECTIF RETENU ET LA MÉTHODE Le collectif analysé dans cette section se restreint à la clientèle adulte admise pour ses propres problèmes entre le 1.1.2016 et le 31.12.2018, domiciliée dans le canton du Valais au moment de l’admission, et pour laquelle l’évaluation de la gravité des problèmes à l’admission pour l’ensemble des domaines de problèmes, est disponible. Cela représente un effectif de 1’501 personnes. La Table 11 ci-dessous informe sur les principales caractéristiques socio-démographiques du collectif, pour le secteur ambulatoire et par unité résidentielle séparément.

42 GORDON A.D. 1999. Classification. Chapman & Hall/CRC

TABLE 11 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DU COLLECTIF CONSIDÉRÉ POUR LA CONSTRUCTION DE LA TYPOLOGIE BASÉE SUR LA GRAVITÉ DES PROBLÈMES À L’ADMISSION.

AMBULATOIRE (N=1’340)

FXB/JDB (N=32)

VILLA FLORA (N=106)

VIA GAMPEL (N=23)

22%

19%

23%

20%

Âge moyen

41.3 ans

26.3 ans

43.0 ans

48.4 ans

Âge médian

41 ans

22 ans

44 ans

51 ans

A 24 ans ou moins

14%

56%

7%

0%

A 55 ans ou plus

20%

0%

18%

35%

Vit seul

34%

19%

50%

31%

Vit avec le père et/ou la mère

13%

28%

11%

13%

A une formation inférieure

29%

45%

25%

22%

A un travail à plein temps, en formation

43%

35%

14%

22%

Est au chômage

10%

16%

8%

4%

Est rentier AI

14%

3%

19%

11%

Est à l’aide sociale

7%

16%

31%

22%

Femmes

La construction de la typologique utilise les estimations de gravité des problèmes telles que fournies à l’admission par les intervenant-e-s en addictions, en appliquant le codage : 0 1 2 3 4

= = = = =

problème problème problème problème problème

pas grave de gravité de gravité de gravité de gravité

légère moyenne considérable extrême.

La typologie est produite par l’application de la méthode de classification ascendante hiérarchique utilisant la distance euclidienne et l’algorithme de Ward pour agréger les individus42.

69


Rapport statistique

LES CARACTÉRISTIQUES DES SIX GROUPES RETENUS Six groupes ont été retenus afin d’obtenir une partition équilibrée et pertinente de la clientèle. La Figure 4 et les Tables 12 et 13 ci-après décrivent ces groupes respectivement à l’aide de la gravité moyenne obtenue dans chaque

domaine de problèmes, selon les principales caractéristiques socio-démographiques à l’admission, et selon les principales substances et sources de signalement.

FIGURE 4 CARACTÉRISATION DES GROUPES RETENUS SELON LA GRAVITÉ MOYENNE POUR CHAQUE DOMAINE DE PROBLÈMES.

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

2.0 1.5 1.0 0.5

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Judiciaire

Emploi, ressources

Etat psychol.

Famille

Santé physique

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

0.5

Etat psychol.

Famille

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Etat psychol.

Famille

Santé physique

Drogues

Alcool

Judiciaire

Emploi, ressources

Etat psychol.

Famille

Santé physique

Drogues

0.0 Alcool

0.0

Judiciaire

1.0

Judiciaire

1.5

Emploi, ressources

GRAVITÉ MOYENNE

2.0

Santé physique

Groupe 6 (N=201, 13%)

3.0

2.5

Emploi, ressources

Groupe 5 (N=273, 18%)

3.0

Drogues

Alcool

Judiciaire

Emploi, ressources

Etat psychol.

Famille

Santé physique

Drogues

0.0 Alcool

0.0

Drogues

Judiciaire

Emploi, ressources

Etat psychol.

Famille

Santé physique

Alcool

Groupe 4 (N=286, 19%)

3.0

GRAVITÉ MOYENNE

GRAVITÉ MOYENNE

Drogues

Alcool

Groupe 3 (N=189, 13%)

3.0

GRAVITÉ MOYENNE

2.5

0.0

0.0

70

Groupe 2 (N=231, 15%)

3.0

GRAVITÉ MOYENNE

GRAVITÉ MOYENNE

Groupe 1 (N=321, 21%) 3.0


Typologie descriptive et groupes spécifiques

GROUPE 1

GROUPE 2

GROUPE 3

Il comprend les clients dont les domaines de la consommation d’alcool, de la consommation de drogues et de la situation judiciaire sont légèrement touchés. Comparé à l’ensemble du collectif, les clients de ce groupe :

Il inclut les clients où les problèmes de consommation d’alcool sont importants et s’accompagnent de problèmes dans les domaines de l’emploi et des ressources et de la santé physique. Les principales caractéristiques des membres de ce groupe sont :

Il est caractérisé par d’importants problèmes de consommation d’alcool, associés à une gravité des problèmes élevée dans les domaines de l’état psychologique et des relations familiales et interpersonnelles. Les membres de ce groupe se distinguent de la façon suivante :

• la part des femmes est légèrement plus faible • un âge moyen élevé, avec une surreprésentation des clients âgés de 55 ans et plus • une sous-représentation des bénéficiaires d’une rente AI ou de l’aide sociale • l’alcool est globalement la seule substance problématique • le monde médical participe relativement plus fréquemment à l’initiation des accompagnements.

• les femmes y sont surreprésentées • un âge moyen élevé, avec une surreprésentation des clients âgés de 55 ans et plus • la formation inférieure est relativement moins fréquente • une sur-représentation des bénéficiaires d’une rente AI • l’alcool constitue globalement la seule substance problématique • le monde médical participe relativement plus fréquemment à l’initiation de leur accompagnement.

• sont relativement moins fréquemment des femmes • ont relativement plus souvent un travail à plein temps ou sont en formation • fournissent les parts de rentiers AI ou à l’aide sociale les plus faibles ; • sont relativement moins souvent au chômage • présentent relativement plus fréquemment des problématiques liées au cannabis et à la cocaïne • sont relativement plus fréquemment signalés par les services administratifs et/ou judiciaires • sont rarement signalés par le monde médical.

71


Rapport statistique

GROUPE 4

GROUPE 5

GROUPE 6

Il comprend les clients n’ayant pas de problèmes réels de consommation d’alcool, mais ayant d’importants problèmes liés à la consommation de drogues. Le premier domaine problématique associé est l’état psychologique, les domaines des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources se révélant également touchés de façon importante. L’état de santé physique peut également être péjoré. Les signes distinctifs des membres de ce groupe sont les suivants :

Il englobe les clients ayant un problème de consommation d’alcool considérable. Ces problèmes sont associés à des problèmes très importants dans les domaines de l’état psychologique, des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources. L’état de santé physique est également péjoré. Ces clients se distinguent de la façon suivante :

Il comprend les clients dont les domaines de la consommation d’alcool et de la consommation de drogues sont touchés de façon considérable, associés à des problèmes très importants dans les domaines de l’état psychologique, des relations familiales et interpersonnelles et de l’emploi et des ressources. Tous les domaines sont touchés puisque l’état de santé physique et la situation judiciaire sont atteints. Comparés aux clients de l’ensemble du collectif, les clients de ce groupe :

• la part des femmes correspond à celle de l’ensemble du collectif ; • les clients sont relativement jeunes, avec une part importante d’entre eux âgés de 24 ans ou moins ; • les clients vivant avec le père et/ou la mère sont surreprésentés ; • la part des clients avec une formation inférieure est très élevée ; • les bénéficiaires d’une rente AI sont surreprésentés ; • la problématique du cannabis, de l’héroïne et de la cocaïne sont relativement plus présentes.

72

• ce sont relativement plus fréquemment des femmes ; • les clients sont relativement âgés, avec une part importante d’entre eux âgés de 55 ans et plus ; • près de la moitié d’entre eux vivent seuls ; • ils ont relativement moins souvent un travail à plein temps ; • ils sont relativement plus souvent à l’aide sociale ; • le monde médical participe relativement plus activement à leur signalement ; • la problématique de l’alcool est pratiquement la seule problématique présente.

• présentent une répartition hommesfemmes qui s’approche de celle de l’ensemble du collectif ; • présentent la moyenne d’âge la plus basse ; • vivent relativement plus fréquemment avec le père et/ou la mère ; • ont relativement plus souvent une formation inférieure ; • fournissent des parts de rentiers AI ou à l’aide sociale élevées ; • présentent pratiquement toutes les principales problématiques de consommation.


Typologie descriptive et groupes spécifiques

TABLE 12 CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES PRINCIPALES DES SIX GROUPES RETENUS PAR LA CLASSIFICATION ASCENDANTE HIÉRARCHIQUE.

GROUPE 1 (N=321)

GROUPE 2 (N=231)

GROUPE 3 (N=189)

GROUPE 4 (N=286)

GROUPE 5 (N=273)

GROUPE 6 (N=201)

11%

17%

31%

23%

32%

20%

Âge moyen

36.4 ans

50.0 ans

48.8 ans

34.1 ans

47.6 ans

33.5 ans

Âge médian

34 ans

51 ans

50 ans

33 ans

49 ans

33 ans

A 24 ans ou moins

23%

3%

4%

23%

3%

23%

A 55 ans ou plus

14%

36%

32%

7%

29%

2%

Vit seul

30%

38%

30%

34%

43%

33%

Vit avec le père et/ou la mère

17%

7%

8%

19%

8%

20%

A une formation inférieure

26%

20%

18%

40%

30%

38%

A un travail à plein temps, en formation

69%

50%

35%

33%

22%

27%

Est au chômage

8%

13%

4%

11%

13%

11%

Est rentier AI

7%

7%

24%

19%

13%

15%

Est à l’aide sociale

2%

4%

2%

9%

18%

20%

Femmes

TABLE 13 CARACTÉRISATION DES SIX GROUPES RETENUS PAR LA CLASSIFICATION ASCENDANTE HIÉRARCHIQUE SELON LES PRINCIPALES SUBSTANCES ET LES SOURCES DE SIGNALEMENT.

GROUPE 1 (N=321)

GROUPE 2 (N=231)

GROUPE 3 (N=189)

GROUPE 4 (N=286)

GROUPE 5 (N=273)

GROUPE 6 (N=201)

Alcool

55%

97%

96%

29%

97%

72%

Cannabis

35%

3%

4%

48%

5%

60%

Héroïne

8%

0%

0%

18%

0%

21%

Cocaïne

15%

2%

2%

17%

1%

34%

Benzodiazépines

1%

1%

3%

8%

5%

14%

Propre initiative

44%

57%

75%

74%

69%

67%

Famille, conjoint-e

8%

16%

15%

10%

17%

11%

Hôpital général, psychiatrique

2%

17%

20%

12%

22%

13%

Médecin, psychiatre

2%

16%

20%

12%

18%

14%

Services adm./judiciaires

53%

20%

4%

11%

7%

19%

SUBSTANCE

SOURCE DE SIGNALEMENT

73


Rapport statistique

LE POIDS DES GROUPES DANS LES DIFFÉRENTES UNITÉS La Figure 5 ci-dessous illustre la répartition des six groupes selon l’unité ambulatoire où l’admission a été enregistrée, ainsi que selon l’unité résidentielle (la surface d’un rectangle est proportionnelle à l’effectif observé de chaque combinaison).

Au sein du secteur ambulatoire, chaque unité accueille l’ensemble des six groupes de façon panachée, avec les différences observées suivantes : • Monthey est l’unité qui a accueilli relativement le moins de clients du groupe 1 (21%) et du groupe 2 (9%), et relativement le plus de clients du groupe 4 (21%) et du groupe 6 (13%) ; • Martigny est l’unité qui a accueilli relativement le plus de clients du groupe 5 (21%) ; • Sion est l’unité qui a accueilli relativement le plus de clients du groupe 1 (29%) et le moins de clients du groupe 3 (10%) ; • Sierre est l’unité qui a accueilli relativement le plus de clients du groupe 3 (16%) et le moins de clients du groupe 5 (12%) ; • Viège est l’unité qui a accueilli relativement le plus de clients du groupe 2 (26%) et relativement le moins de clients du groupe 4 (17%) et du groupe 6 (7%).

Les unités du secteur résidentiel présentent des répartitions différentiées : • les unités de FXB/Jardin des Berges sont les unités qui ont accueilli relativement le moins de personnes du groupe 2 (0%), du groupe 3 (3%) et du groupe 5 (6%), et relativement le plus de personnes du groupe 4 (22%) et du groupe 6 (62%) ; • l’unité de la Villa Flora est l’unité qui a accueilli relativement le moins de personnes du groupe 6 (28%), et relativement le plus de personnes du groupe 3 (15%) ; • l’unité de Via Gampel est l’unité qui a accueilli relativement le moins de personnes du groupe 4 (0%), et relativement le plus de personnes du groupe 2 (22%) et du groupe 5 (39%).

FIGURE 5 RÉPARTITION DES GROUPES ISSUS DE LA TYPOLOGIE SELON L’UNITÉ AMBULATOIRE (FIGURE DE GAUCHE) ET SELON L’UNITÉ RÉSIDENTIELLE (FIGURE DE DROITE) OÙ LE CLIENT EST ADMIS (LA SURFACE D’UN RECTANGLE EST PROPORTIONNELLE À L’EFFECTIF OBSERVÉ).

Monthey

Martigny

Sion

Sierre

Visp

JDB/FXB

Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3

Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4

Groupe 5 Groupe 6

74

GROUPES RETENUS

GROUPES RETENUS

Groupe 1

Groupe 4 Groupe 5

Groupe 6

Villa Flora

Via Gampel


Typologie descriptive et groupes spécifiques

IMPLICATION POUR L’ACCOMPAGNEMENT SPÉCIALISÉ La typologie retenue montre des groupes développant une complexité graduelle des problématiques d’addiction et des problématiques associées. Cette complexité va appeler des contextes d’intervention et des niveaux d’intervention différents et/ ou combinés. Au premier niveau de complexité rencontrée se trouvent les clients associés au groupe 1, psychologiquement sains et socio économiquement bien intégrés dans leur environnement. Des interventions telles que l’intervention brève ou le soutien professionnel ambulatoire afin de réguler ou d’arrêter son comportement devraient être ici suffisantes. Au dernier niveau de complexité,

les clients des groupes 5 et 6 sont marqués par une consommation qui les mettent en grandes difficultés, tant sur le plan de la santé que sur le plan socio-économique. Des mesures de type réduction des risques seraient ici plus adaptées et devraient être prises, si nécessaire au moyen de mesures décidées par les autorités administratives et/ou judiciaires. Un travail pluridisciplinaire sera ici en outre indispensable. Avec les tailles relatives des groupes obtenus, la méthode permet d’informer de façon simple sur la structure et le mélange de la clientèle accompagnée au sein d’Addiction Valais. Ces informations sont utiles à la planification et à l’orga-

nisation des ressources et les prestations à mettre en place, ainsi que des compétences des collaborateurs à développer afin d’apporter la réponse thérapeutique spécialisée la plus adaptée aux besoins des clients, d’offrir aux clients l’accompagnement adéquat et le mieux indiqué. La typologie produite a l’avantage de pouvoir décrire de façon simple la complexité des situations rencontrées. Son illustration offre un moyen de communication efficace de cette complexité, aussi bien à l’interne de la Fondation que pour ses partenaires. Une compréhension commune des situations est ainsi favorisée.

75


Rapport statistique

Focus sur des groupes cibles spécifiques 43 Brown TA et al. (2001). Current and Lifetime Comorbidity of the DSM-IV Anxiety and Mood Disorders in a Large Clinical Sample. Journal of Abnormal Psycholosy, 110 (4), 585-599 44 Regier DA et al. (1990) Comorbdity of Mental Disorders with Alcohol and Other Drug Abuse. The Journal of American Medical Association, 264 (19), 2511-2518

Cette section a pour objectifs de présenter de façon plus détaillée quatre groupes de clients particuliers admis, susceptibles de bénéficier de prestations spécifiques.

LES CLIENTS PRÉSENTANT DES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES ET/OU DES PROBLÉMATIQUES EXISTENTIELLES La double problématique troubles psychiques – troubles addictifs est un phénomène reconnu, et la fréquence de l’association des deux troubles est importante. Par exemple, entre 20 et 30% des clients vivant avec des troubles psychiques ont un problème d’addiction 43 ou les clients ayant des comportements problématiques de consommation ont une prévalence élevée de troubles psychiques associés (40% à 50%) 44. Les situations où la double présence des deux types de troubles sont celles dont l’évolution est la plus complexe et nécessite le plus d’accompagnement spécialisé. La clientèle accueillie au sein des unités d’Addiction Valais montre des prévalences élevées de troubles spécifiques associés tels que l’anxiété ou la dépression grave au moment son admission.

LES TROUBLES REPORTÉS AU COURS DES 30 DERNIERS JOURS L’anxiété ou les tensions graves est le trouble le plus fréquemment présent au cours des 30 derniers jours (ambulatoire : 35% ; résidentiel : 45%) suivi de la dépression grave (ambulatoire : 22% ; résidentiel : 23%) et des troubles graves de concentration, de mémorisation et/ou de compréhension (ambulatoire : 19% ; résidentiel : 29%). Il est à noter que les trois troubles mentionnés ne résultent pas de la consommation d’alcool ou de drogues. Les parts des clients présentant de fortes pensées suicidaires au cours des 30 derniers jours (avec un scénario établi) s’élèvent à 7% dans le secteur ambulatoire et à 10% dans le secteur résidentiel, et celles des clients ayant tenté de se suicider durant le dernier mois à 2% dans chaque secteur. La Figure 6 ci-après détaille par secteur d’intervention les parts observées pour les hommes et les femmes séparément. Dans chaque secteur, les femmes présentent globalement des parts plus élevées que les hommes. Une nette différence est observée pour l’anxiété et les tensions graves (48% pour le secteur ambulatoire et 55% pour le secteur résidentiel chez les femmes contre respectivement 32% et 42% chez les hommes), pour la dépression grave (34% pour le secteur ambulatoire et 31% pour le secteur résidentiel chez les femmes contre respectivement 19% et 21% chez les hommes). La part des femmes ayant eu de fortes pensées suicidaires au cours des 30 derniers jours est de 11% dans le secteur ambulatoire (contre 6% chez les hommes) et de 15% dans le secteur résidentiel (contre 9% chez les hommes).

76


Typologie descriptive et groupes spécifiques

FIGURE 6 PARTS (EN %) DE LA CLIENTÈLE RAPPORTANT UN TROUBLE PSYCHOLOGIQUE AU COURS DES 30 DERNIERS JOURS, PAR SECTEUR, SELON LE SEXE. PÉRIODE 2016-2018.

SECTEUR AMBULATOIRE – HOMMES

SECTEUR AMBULATOIRE – FEMMES

Tentative de suicide

Tentative de suicide

Fortes pensées suicidaires

Fortes pensées suicidaires

Se blesser intentionnellement

Se blesser intentionnellement

Comportement violent

Comportement violent

Troubles de concentration

Troubles de concentration

Hallucinations

Hallucinations

Anxiété, tensions graves

Anxiété, tensions graves

Dépression grave

Dépression grave 0

10

20

30

40

50

60

0

10

20

Part (%)

Tentative de suicide

Tentative de suicide Fortes pensées suicidaires

Se blesser intentionnellement

Se blesser intentionnellement

Comportement violent

Comportement violent

Troubles de concentration

Troubles de concentration

Hallucinations

Hallucinations

Anxiété, tensions graves

Anxiété, tensions graves

Dépression grave

Dépression grave 20

30 Part (%)

50

60

SECTEUR RÉSIDENTIEL – FEMMES

Fortes pensées suicidaires

10

40

Part (%)

SECTEUR RÉSIDENTIEL – HOMMES

0

30

40

50

60

0

10

20

30

40

50

60

Part (%)

77


Rapport statistique

COMORBIDITÉ TROUBLES PSYCHOLOGIQUES – TROUBLES ADDICTIFS 45 L’évaluation des clientèles alcooliques et toxicomanes : l’indice de gravité d’une toxicomanie, ASI/IGT. Connection Toxicomanies, RISQ (1998).

L’identification dans le collectif de la clientèle présentant une comorbidité psychologique peut être établie sur la base des données de l’IGT 45. Les critères qualifiant la double problématique sont : Condition de base Présence dans la vie d’au moins quatre natures de problèmes psychologiques en considérant les questions : dépression grave, anxiété et tensions graves, hallucinations, difficultés de concentration, idées suicidaires, tentatives suicidaires, médications pour problèmes psychologiques ; • et présence d’au moins une des conditions suivantes : Conditions complémentaires • avoir été traité au moins une fois, pour des problèmes psychologiques ou émotionnels, dans un hôpital ; • au cours des 30 derniers jours, avoir consommé pendant plus de 10 jours un des produits suivants : sédatifs, hypnotiques, tranquillisants, antipsychotiques, antidépresseurs, lithium ; • avoir vécu seul(e) durant les trois dernières années ; • avoir une gravité des problèmes psychologiques considérable ou extrême.

78

Sur l’ensemble des clients admis pour leurs propres problèmes entre 2016 et 2018 pour lesquels les informations sont disponibles (N=1’762 ; 1’362 hommes et 400 femmes), 298 d’entre eux, soit 17% (14% des hommes et 27% des femmes) remplissent les critères de comorbidité psychologique. La présence de la double problématique est plus élevée dans le secteur résidentiel (26% de la clientèle admise contre 16% pour le secteur ambulatoire). La Table 14 ci-après reporte les principales caractéristiques de cette clientèle spécifique, pour les hommes et les femmes séparément, et la Figure 7 illustre le profil de gravité moyen des hommes et des femmes présentant une comorbidité psychologique.


Typologie descriptive et groupes spécifiques

GRAVITÉ MOYENNE

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Famille

Santé physique

Drogues

Alcool

0.0

Femmes

3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Famille

Santé physique

0.0 Drogues

La répartition de la clientèle selon les groupes issus de la typologie indique que les groupes révélant les complexités les plus grandes sont les plus représentés, avec plus des trois-quarts du collectif se trouvant dans les groupes 4, 5 et 6.

Hommes

3.0

Alcool

Le monde médical participe de façon très active au signalement de cette clientèle. La très grande majorité des clients montre également un vécu de traitement spécifique à l’addiction (76% des femmes et 68% des hommes).

FIGURE 7 GRAVITÉS MOYENNES PAR DOMAINE DE PROBLÈMES, PAR SEXE. CLIENTÈLE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES ENTRE 2016 ET 2018 ET PRÉSENTANT UNE COMORBIDITÉ PSYCHOLOGIQUE.

GRAVITÉ MOYENNE

Les femmes sont relativement plus nombreuses à n’avoir qu’une formation inférieure (42% contre 29% chez les hommes) et à être au bénéfice d’une rente AI (40% contre 26% pour les hommes). Les hommes sont relativement deux fois plus nombreux à recevoir une aide sociale (15% contre 6% pour les femmes). Les parts observées des principales substances problématiques à l’admission montrent une prévalence des problèmes liés à la cocaïne et/ou à l’héroïne plus élevée chez les hommes, à l’inverse de celle des problèmes liés à la consommation d’alcool et de benzodiazépines.

79


Rapport statistique

TABLE 14 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA CLIENTÈLE PRÉSENTANT UNE COMORBIDITÉ PSYCHOLOGIQUE, ÉTABLIE SUR LA BASE DE L’IGT, PAR SEXE. PÉRIODE 2016-2018.

HOMMES (N=189)

FEMMES (N=109)

TOUS (N=298)

Âge moyen

40.0 ans

44.5 ans

41.7 ans

Âge médian

39 ans

47 ans

42 ans

A 24 ans ou moins

12%

7%

10%

A 55 ans ou plus

15%

24%

18%

Vit seul

46%

47%

46%

Vit avec le père et/ou la mère

13%

4%

9%

A une formation inférieure

29%

42%

34%

A un travail à plein temps, en formation

24%

10%

19%

Est au chômage

6%

9%

7%

Est rentier AI

26%

40%

31%

Est à l’aide sociale

15%

6%

12%

Alcool

71%

83%

75%

Cocaïne

16%

11%

8%

Héroïne

10%

6%

14%

Cannabis

31%

28%

30%

Benzodiazépines

14%

18%

15%

Famille, conjoint-e

9%

8%

9%

Hôpital général, hôpital psychiatrique

17%

23%

19%

Médecin, psychiatre

20%

21%

20%

Services adm./judiciaires

7%

9%

8%

68%

76%

71%

Groupe 1

7%

3%

6%

Groupe 2

4%

4%

4%

Groupe 3

14%

14%

14%

Groupe 4

22%

28%

24%

Groupe 5

25%

28%

26%

Groupe 6

27%

23%

26%

PROBLÈMES À L’ADMISSION

SOURCE DE SIGNALEMENT

EXPÉRIENCE DE TRAITEMENT Oui GROUPES ISSUS DE LA TYPOLOGIE

80


Typologie descriptive et groupes spécifiques

LES CLIENTS DE 18 ANS À 24 ANS 46 portal-stat.admin.ch/sgb2017/ files/fr/02a3.xml

Chaque adolescent ou jeune évolue dans un environnement particulier qui est de nature à influencer son développement et son intégration dans la société. Il existe des facteurs multiples pouvant influer positivement ou négativement sur ce développement. Des situations problématiques peuvent alors se présenter et/ou s’aggraver faute d’un soutien adéquat ou d’une intervention précoce. 46 Selon les résultats 2017 de l’enquête suisse sur la santé  , 1.5% des 15-24 ans consomment quotidiennement de l’alcool et 7.5% le font trois à six fois par semaine. Plus d’une personne de cette classe d’âge sur vingt (5.3%) présente un risque moyen ou élevé de consommation. Les résultats indiquent également que 9% des 15-24 ans ont consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours et que 3.2% ont consommé une drogue dure (cocaïne, héroïne, LSD…) au cours de l’année écoulée.

Au cours des dix dernières années, Addiction Valais a accueilli un nombre annuel de jeunes adultes très variable, allant de 120 (en 2008) à près de 200 (199 en 2017). Cette clientèle représente ainsi des parts de la clientèle admise pour ses propres problèmes oscillant entre 19% et 26%.

81


Rapport statistique

TABLE 15 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES À L’ADMISSION DE LA CLIENTÈLE ÂGÉE ENTRE 18 ET 24 ANS. PÉRIODE 2016-2018.

HOMMES (N=261)

FEMMES (N=55)

TOUS (N=316)

Âge moyen

20.6 ans

20.7 ans

20.6 ans

Âge médian

21 ans

21 ans

21 ans

Vit seul

9%

18%

10%

Vit avec le père et/ou la mère

56%

31%

52%

A une formation inférieure

48%

66%

51%

A un travail à plein temps, en formation

65%

52%

63%

Est au chômage

13%

7%

12%

Est rentier AI

5%

14%

7%

Est à l’aide sociale

3%

5%

3%

Alcool

36%

40%

37%

Cocaïne

14%

22%

7%

Héroïne

5%

15%

15%

Cannabis

68%

66%

68%

Jeux vidéo/Internet

11%

1%

8%

Famille, conjoint-e

17%

13%

16%

Hôpital général, hôpital psychiatrique

4%

4%

4%

Médecin, psychiatre

6%

6%

6%

Services adm./judiciaires

33%

26%

32%

32%

47%

35%

11%

20%

16%

Groupe 1

38%

23%

36%

Groupe 2

3%

3%

3%

Groupe 3

3%

3%

3%

Groupe 4

30%

45%

32%

Groupe 5

3%

7%

4%

Groupe 6

23%

19%

22%

PROBLÈMES À L’ADMISSION

SOURCE DE SIGNALEMENT

EXPÉRIENCE DE TRAITEMENT Oui COMORBIDITÉ PSYCHOLOGIQUE Oui GROUPES ISSUS DE LA TYPOLOGIE

82


Typologie descriptive et groupes spécifiques

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Famille

Santé physique

Drogues

Alcool

0.0

Femmes

3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Famille

Santé physique

Drogues

0.0 Alcool

La famille et les services judiciaires/ administratifs sont des sources de signalement surreprésentées. Finalement la clientèle se répartit essentiellement dans les groupes 1, 4 et 6.

Hommes

3.0

GRAVITÉ MOYENNE

Le cannabis constitue la substance problématique la plus présente (chez 68% des hommes et 66% des femmes). La problématique liée à l’usage des jeux vidéo et/ou d’internet touche un homme sur dix (11%) alors qu’elle est quasi inexistante parmi les femmes (1%).

FIGURE 8 GRAVITÉS MOYENNES PAR DOMAINE DE PROBLÈMES, PAR SEXE. CLIENTÈLE ÂGÉE DE 18 À 24 ANS ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES ENTRE 2016 ET 2018.

GRAVITÉ MOYENNE

La Table 15 synthétise les principales caractéristiques de ce groupe particulier, pour les hommes et les femmes séparément. En association avec le jeune âge, la part des clients vivant seuls est faible (9% chez les hommes et 18% chez les femmes), et celle de ceux avec une formation inférieure est élevée (48% des hommes et 66% des femmes).

83


Rapport statistique

LES CLIENTS ÂGÉS DE 65 ANS ET PLUS 47 Office cantonal de statistique et de péréquation. Statistique de population – Perspectives démographiques à horizon 2040 – Valais et ses régions. Mai 2014 48 addictions-et-vieillissement.ch/ medecins.html

La population valaisanne, comme la population dans le reste de la Suisse, vieillit. Au 31.12.2018, la part des personnes âgées de 65 ans et plus en Valais s’élevait à 19.6% (17.9% chez les hommes et 21.3% chez les femmes). Le scénario démographique moyen calculé par l’Office cantonal de statistique et de péréquation prévoit que cette part augmente à 26% en 2030 et à 31% en 2040 47.

49 Voir addictions-et-vieillissement.ch

L’alcool et les médicaments sont les deux substances les plus rencontrées au sein de la population âgée. Avec l’âge, les problèmes liés à la consommation d’alcool peuvent émerger, s’accentuer ou favoriser le développement d’une addiction. Le vieillissement s’accompagne de modifications physiologiques qui peuvent influencer les effets. Selon le Monitorage suisse des addictions, la consommation quotidienne d’alcool s’élève à 22% chez les personnes entre 65 et 74 ans et atteint 29% chez les plus de 74 ans. La consommation d’alcool à risque, mesurée par la consommation quotidienne moyenne en grammes, est la plus élevée au début de la retraite : 7% des hommes et des femmes âgés de 65 à 74 ans présentent une consommation chronique à risque 48. Si des médicaments tels que les benzodiazépines ou les antidépresseurs peuvent calmer ou stimuler la personne, leur consommation peut également devenir plus problématique, les personnes âgées étant davantage sensibles à leurs effets 49. Les personnes âgées ayant des problèmes de consommation ont des besoins et des ressources sociales et matérielles très différents. Elles peuvent également demander de l’aide qui nécessite à la fois des connaissances spécifiques à l’âge et à l’addiction, ainsi que des services médicaux, thérapeutiques, infirmiers et psychosociaux adaptés à leur âge. Afin de garantir une prise en charge optimale aux personnes ayant une conduite addictive, une collaboration pragmatique entre les institutions spécialisées dans les addictions et les institutions de soins de santé primaires et/ou pour les personnes âgées est indiquée, voire essentielle. Au cours des dix dernières années, les unités ambulatoires et résidentielles d’Addiction Valais ont accueilli annuellement ente 30 et 50 personnes valaisannes âgées de 65 ans et plus concernées par des conduites addictives. Cela représente une part qui oscille entre 5% et 7% de la clientèle, soit trois fois moins que la part observée dans la population générale valaisanne.

84


Typologie descriptive et groupes spécifiques

La Table 16 informe sur les principales caractéristiques de cette clientèle, pour les femmes et les hommes séparément, et la Figure 9 illustre son profil de gravité moyen. La moitié des femmes concernées déclarent vivre seules (contre 34% des hommes). Parmi les principales substances problématiques considérées, l’alcool et les benzodiazépines sont les seules rapportées. L’hôpital a participé à plus de la moitié des initiations d’accompagnement chez les femmes. En lien avec les groupes issus de la typologie descriptive, les hommes sont surreprésentés dans le groupe 2, alors que les femmes appartiennent relativement plus fréquemment aux groupes 3 et 5.

TABLE 16 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES CLIENTS ÂGÉS DE 65 ANS ET PLUS ACCUEILLIS POUR LEURS PROPRES PROBLÈMES AU SEIN DES UNITÉS AMBULATOIRES. PÉRIODE 2016-2018.

HOMMES (N=82)

FEMMES (N=36)

TOUS (N=118)

Âge moyen

70.2 ans

70.8 ans

70.3 ans

Âge médian

69 ans

70 ans

69 ans

34%

50%

39%

Alcool

99%

94%

97%

Cocaïne

0%

0%

0%

Héroïne

1%

0%

1%

Cannabis

0%

0%

0%

Benzodiazépines

6%

8%

6%

Famille, conjoint-e

22%

17%

20%

Hôpital général, hôpital psy.

29%

53%

36%

Médecin, psychiatre

15%

17%

15%

Services adm./judiciaires

18%

8%

15%

46%

58%

50%

5%

16%

9%

Groupe 1

17%

6%

14%

Groupe 2

48%

17%

40%

Groupe 3

29%

39%

31%

Groupe 4

0%

0%

0%

Groupe 5

7%

39%

14%

Groupe 6

0%

0%

0%

Vit seul PROBLÈMES À L’ADMISSION

SOURCE DE SIGNALEMENT

EXPÉRIENCE DE TRAITEMENT Oui COMORBIDITÉ PSYCHOLOGIQUE Oui GROUPES ISSUS DE LA TYPOLOGIE

85


Rapport statistique

FIGURE 9 GRAVITÉS MOYENNES PAR DOMAINE DE PROBLÈMES, PAR SEXE. CLIENTÈLE DE 65 ANS ET PLUS ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES ENTRE 2016 ET 2018.

Hommes

GRAVITÉ MOYENNE

3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Famille

Femmes

3.0

GRAVITÉ MOYENNE

Santé physique

Drogues

Alcool

0.0

2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

86

Famille

Santé physique

Drogues

Alcool

0.0


Typologie descriptive et groupes spécifiques

LES CLIENTS ADMIS SOUS CONTRAINTE JUDICIAIRE Dans le champ d’intervention du domaine de l’addiction, la question de l’interdit joue un rôle important, la consommation de nombreuses substances psychotropes étant illégale. C’est ainsi que parmi les personnes aux prises avec des problèmes d’addiction, certaines se retrouvent être également avec des problèmes judiciaires et/ou administratifs. La Table 17 reporte les principales caractéristiques de la clientèle admise sous contrainte/suggestion judiciaire (en lien avec l’office des sanctions et mesures d’accompagnement, le tribunal des mineurs…) entre 2016 et 2018. Cela concerne 190 clients, avec une surreprésentation des hommes qui représentent 86% du collectif.

87


Rapport statistique

TABLE 17 PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA CLIENTÈLE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES ET SIGNALÉE PAR LES SERVICES ADMINISTRATIFS ET/OU JUDICIAIRES. PÉRIODE 2016-2018.

HOMMES (N=164)

FEMMES (N=26)

TOUS (N=190)

Age Moyen

21.5 ans

22.0 ans

21.6 ans

Age Médian

17 ans

17 ans

17 ans

A 24 ans ou moins

78%

77%

78%

A 55 ans ou plus

2%

4%

2%

Vit seul

8%

0%

7%

Vit avec le père et/ou la mère

70%

62%

69%

A une formation inférieure

27%

20%

26%

A un travail à plein temps, en formation

83%

73%

82%

Est au chômage

5%

4%

5%

Est rentier AI

5%

0%

4%

Est à l’aide sociale

2%

4%

2%

Alcool

24%

27%

25%

Cocaïne

9%

15%

3%

Héroïne

1%

15%

9%

Cannabis

78%

85%

79%

Amphétamines

3%

12%

4%

LSD

2%

4%

2%

Benzodiazépines

1%

12%

2%

Famille, conjoint-e

4%

4%

4%

Hôpital général, hôpital psychiatrique

1%

4%

1%

Médecin, psychiatre

0%

0%

0%

100%

100%

100%

22%

31%

23%

5%

12%

14%

Groupe 1

54%

46%

53%

Groupe 2

3%

9%

4%

Groupe 3

0%

0%

0%

Groupe 4

10%

18%

11%

Groupe 5

7%

0%

6%

Groupe 6

25%

27%

25%

PROBLÈMES À L’ADMISSION

SOURCE DE SIGNALEMENT

Services adm./judiciaires EXPÉRIENCE DE TRAITEMENT Oui COMORBIDITÉ PSYCHOLOGIQUE Oui GROUPES ISSUS DE LA TYPOLOGIE

88


Typologie descriptive et groupes spécifiques

FIGURE 10 GRAVITÉS MOYENNES PAR DOMAINE DE PROBLÈMES, PAR SEXE. CLIENTÈLE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES ENTRE 2016 ET 2018 ET SIGNALÉE PAR UNE INSTANCE JUDICIAIRE ET/OU ADMINISTRATIVE.

Hommes

2.0 1.5 1.0 0.5 Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Etat psychol.

Emploi, ressources

Judiciaire

Famille

Santé physique

Drogues

Alcool

Femmes

3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5

Famille

Drogues

0.0 Alcool

Environ la moitié (54% des hommes et 46% des femmes) des clients de cette catégorie appartiennent au groupe 1 et un quart (25% des hommes et 27% des femmes) au groupe 6 (en raison d’une forte présence des problèmes judiciaires).

2.5

0.0

GRAVITÉ MOYENNE

Le cannabis constitue la substance problématique la plus présente à l’admission (78% chez les hommes et 85% chez les femmes), suivie de l’alcool. Chez les femmes, les parts des problématiques liées à la cocaïne et/ou à l’héroïne sont relativement plus élevées que chez les hommes.

GRAVITÉ MOYENNE

3.0

Santé physique

Trois-quarts des clients de ce collectif ont 24 ans ou moins et la grande majorité vivent avec le père et/ou la mère. Les clients au chômage ou au bénéfice d’une rente AI ou de l’aide sociale y sont sous représentés.

89


4

Les traje des clien les un

90


4

ectoires nts dans nitĂŠs

91


92


L’objectif de ce chapitre est de mettre en évidence la complexité du processus de changement que peuvent connaître certains clients. Il s’agit de fournir des éléments de réponse aux questions suivantes : • Quelle est la part des clients qui ont recours plusieurs fois aux services d’Addiction Valais ? • Quelle utilisation les nouveaux clients font-ils de ces services ? • Quelles sont les caractéristiques des clients dont la trajectoire passera par le secteur résidentiel ?

93


Rapport statistique

La rechute dans le processus de changement 50 Gormley, A. & Laventure, M. (2012). Intervenir auprès d’adultes dépendants en rechute : point de vue de l’usager et de l’intervenant. Drogues, santé et société, 11 (2), 72–93. erudit.org/fr/revues/dss/2012-v11-n2dss01065/1021244ar/

La progression du client dans l’amélioration de sa situation évolue et traverse plusieurs étapes telles que sa prise de conscience et sa motivation à modifier son comportement, la mise en place de stratégies pour apprendre à s’affirmer, pour améliorer ses conditions de logement, d’emploi, de réseau social, pour éviter les situations à risque, ou encore la stabilisation de sa situation, à la fois sur le plan de la consommation et sur le plan de sa vie quotidienne. Même si elle n’est pas obligatoire, la rechute fait partie du processus normal de changement de la conduite addictive du client. Pouvant par exemple être corrélée à l’ennui, à l’isolement ou aux situations de stress, elle doit être comprise comme étant plus qu’un simple faux pas ou une re-consommation ponctuelle. Il est alors important de pouvoir travailler sur ses mécanismes avec le client. La rechute étant la norme et non l’exception dans le traitement des addictions, une grande part des clients la connaîtra un jour ou l’autre 50, en cours ou après la sortie de l’accompagnement spécialisé. Dans ce dernier cas de figure, le client pourra entrer une nouvelle fois dans une démarche d’accompagnement et accéder à des prestations spécialisées pertinentes pour son processus d’évolution et de changement. L’accompagnement d’un client ne se résume dès lors pas à une seule intervention épisodique. La mesure de la demande et le besoin en ressources spécialisées ne doivent pas, par conséquent, être restreints à un moment particulier de la vie du client. La vision de la problématique addictive comme étant chronique et pouvant requérir de dispenser de multiples prestations sur plusieurs années est à intégrer dans l’accompagnement spécialisé et individualisé. Plusieurs clients entrant dans une démarche d’aide au sein d’Addiction Valais ont déjà fait appel à divers moments aux services de la Fondation, finalisant ou non leur démarche. D’autres clients, après avoir été accompagnés ou traités, rechuteront et reviendront ultérieurement. D’autres encore ne viendront qu’une seule fois, terminant régulièrement ou non leur accompagnement.

94


Les trajectoires des clients dans les unités

Utilisation antérieure des services d’Addiction Valais 51 Il faut noter qu’au sein du secteur ambulatoire de la Fondation Addiction Valais, un accompagnement sans contact avec le client depuis plus de trois mois et sans contact futur organisé et/ ou envisagé est considéré comme terminé. 52 Un épisode de traitement est défini soit comme toute période d’accompagnement ambulatoire entre une admission (une date de premier entretien) et une sortie (une date de dernier entretien), soit comme tout séjour en institution résidentielle délimité par la période entre le premier jour du séjour et le dernier jour du séjour (se terminant de manière régulière ou non).

Le monitorage de la clientèle admise dans chacun de ses secteurs permet à Addiction Valais d’identifier chaque client par un numéro unique. Si chaque unité enregistre séparément ses propres admissions, l’organisation du système informatique de recueil de données statistiques permet de conserver l’historique des accompagnements effectués dans chaque unité ambulatoire et des traitements vécus dans chaque unité résidentielle, tout en veillant à la protection des données. Lors de chaque admission, il est ainsi possible de reconstituer le parcours antérieur du client au sein des unités d’Addiction Valais.

LE COLLECTIF CONSIDÉRÉ Les analyses présentées portent sur les admissions concernant les clients valaisans admis pour leurs propres problèmes dans les unités ambulatoires et résidentielles de la Fondation entre le 01.01.2016 et le 31.12.2018. Pour chaque client, l’information sur l’ensemble de ses admissions enregistrées depuis le 01.01.2000 est recensée. Le numéro de la dernière admission dans l’histoire du client est établi et indique s’il s’agit de sa 1re admission, de sa 2è admission, de sa 3è admission 51... Le secteur de la Fondation où est effectuée l’admission, ambulatoire ou résidentiel, étant également documenté, le nombre d’épisodes de traitement 52 vécus par le passé dans chacun de ces secteurs de prestations est également connu.

95


Rapport statistique

RÉSULTATS La Table 18 ci-après reporte la répartition de la clientèle analysée selon le numéro de l’admission enregistrée depuis l’an 2000. La Figure 11 illustre la répartition observée pour les hommes et les femmes séparément. Environ soixante pourcents de la clientèle admise sont inconnus des services d’Addiction Valais et vivent leur 1re admission (62.4% en 2016 et 58.4% pour 2017 et 2018), et pour près d’un client sur cinq, il s’agit de son 2e recours à des prestations d’Addiction Valais (18.4% en 2016, 17.4% en 2018). Plus d’un client sur dix vit au moins sa 4e admission (de 10.4% en 2016 à 15.6% en 2018). Le nombre maximal d’admissions observé s’élève à huit.

TABLE 18 RÉPARTITION (EN %) DE LA CLIENTÈLE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES SELON LE NUMÉRO DE L’ADMISSION ENREGISTRÉE DEPUIS 2000. CLIENTÈLE DOMICILIÉE EN VALAIS AU MOMENT DE L’ADMISSION. ADMISSIONS 2016-2018.

2016 (N=888)

2017 (N=830)

2018 (N=682)

1re admission

62.4

58.4

58.4

2e admission

18.4

18.8

17.4

3e admission

8.8

10.5

8.7

4 admission

5.3

6.0

6.5

5 admission

2.8

3.3

3.4

6e admission ou plus

2.3

2.9

5.7

e

e

96


L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal

FIGURE 11 RÉPARTITION DU NOMBRE D’ÉPISODES DE TRAITEMENT VÉCUS AU MOMENT DE L’ADMISSION. ANNÉES 2016-2018.

Hommes

Femmes

60

50

Part relative (%)

Part relative (%)

60

40 30 20 10

50 40 30 20 10

0

0 1

2

3

4

5

6

7

NOMBRE D’ÉPISODES DE TRAITEMENT

8

1

2

3

4

5

6

7

8

NOMBRE D’ÉPISODES DE TRAITEMENT

97


Rapport statistique

LE SECTEUR AMBULATOIRE, PORTE D’ENTRÉE PRINCIPALE POUR LES CLIENTS VALAISANS Pour les clients domiciliés en Valais accompagnés pour leurs propres problèmes, le secteur ambulatoire constitue la porte d’entrée essentielle dans les unités d’Addiction Valais, les situations où le parcours débute directement par une admission dans le secteur résidentiel étant exceptionnelles.

TABLE 19 PART (EN %) DES ADMISSIONS ENREGISTRÉES DANS LE SECTEUR AMBULATOIRE POUR LA CLIENTÈLE VALAISANNE ADMISE POUR SES PROPRES PROBLÈMES, SELON LE NUMÉRO DE L’ADMISSION ENREGISTRÉE DEPUIS 2000. ADMISSIONS 2016-2018, RÉSULTATS PAR ANNÉE.

2016 (N=888)

2017 (N=830)

2018 (N=682)

1re admission

98.7

98.6

99.0

2 admission

82.2

84.6

84.9

3e admission

71.8

83.9

78.0

4e admission

78.7

66.0

70.5

5 admission

80.0

70.4

52.2

e

Cet état de fait résulte par la mise en place du système de centre d’indication et de suivi (CIS) mis en œuvre par le Service de l’Action Sociale (SAS) de l’Etat du Valais dès 2010. Le secteur ambulatoire sert de centre d’indication pour les unités résidentielles.

98

e

Ainsi pour les trois dernières années, 98.7% des clients étant admis pour la 1re fois l’ont été au sein d’une unité ambulatoire. Lorsque le numéro de l’admission augmente, la part des admissions dans le secteur ambulatoire diminue : dans le cas d’une 2e admission, la part baisse à 83.8% des situations pour arriver en cas de 5e admission à 68.8%. La Table 19 détaille les résultats pour chaque année.


Les trajectoires des clients dans les unités

FIGURE 12 RÉPARTITION DES ADMISSIONS SELON LE NOMBRE DE SUIVIS AMBULATOIRES ET LE NOMBRE DE TRAITEMENTS DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE DÉJÀ VÉCUS AU SEIN D’ADDICTION VALAIS. ANNÉES 2016-2018

NOMBRE DE SUIVIS RÉSIDENTIELS

La Figure 12 illustre la répartition du collectif selon les épisodes de traitements déjà vécus en mettant en relation le nombre de accompagnements ambulatoires avec le nombre de traitements résidentiels (la surface d’un rectangle est proportionnelle à l’effectif observé de chaque combinaison). Lorsque le nombre d’épisodes en ambulatoire augmente, les passages dans une unité résidentielle augmentent.

1

2

3

4 5

0

1 2 3

NOMBRE DE SUIVIS AMBULATOIRES

FIGURE 13 POUR CHAQUE GROUPE ISSU DE LA TYPOLOGIE, RÉPARTITION DU NOMBRE CUMULÉ D’ÉPISODES DE TRAITEMENT (AMBULATOIRES ET RÉSIDENTIELS) DÉJÀ VÉCUS AU SEIN D’ADDICTION VALAIS (EN COMPTANT LE SUIVI/TRAITEMENT DÉBUTÉ).

1

2

3

4

5 6

Groupe 1

GROUPES RETENUS

L’association entre le nombre d’épisodes de traitement et l’appartenance aux groupes issus de la typologie descriptive (cf. chapitre  3) est illustrée par la Figure 13. La majorité des membres du groupe 1 et du groupe 2 vivent leur premier accompagnement au sein de la Fondation. A l’inverse, c’est une minorité des membres des groupes 5 et 6 qui vivent leur première admission.

Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5 Groupe 6

NOMBRE D’ÉPISODES DE TRAITEMENT

99


Rapport statistique

La Table 20 détaille la répartition des membres de chaque groupe selon le nombre d’accompagnements pour chaque secteur séparément, puis pour les deux secteurs ensemble. Les membres du groupe 1 et ceux du groupe 2 ont rarement vécu d’épisode de traitement en résidentiel (5% et 13% respectivement). Environ un cinquième des clients appartenant aux groupes 3 et 4 n’ont pas encore vécu un traitement résidentiel (respectivement 22% et 19%). Pour les clients appartenant aux groupes 5 et 6, les parts observées augmentent respectivement à 33% et à 40%.

TABLE 20 RÉPARTITION (EN %) DES CLIENTS DE CHAQUE GROUPE ISSU DE LA TYPOLOGIE, SELON LE NOMBRE DE SUIVIS AMBULATOIRES, SELON LE NOMBRE DE TRAITEMENTS DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE ET SELON LE NOMBRE CUMULÉ DE SUIVIS ET DE TRAITEMENTS DÉJÀ VÉCUS (EN COMPTANT LE SUIVI/TRAITEMENT DÉBUTÉ).

GROUPE 1 (N=321)

GROUPE 2 (N=231)

GROUPE 3 (N=189)

GROUPE 4 (N=286)

GROUPE 5 (N=273)

GROUPE 6 (N=201)

1

73

73

65

59

54

49

2

18

15

18

24

24

29

3

6

6

7

9

14

13

4 ou plus

3

5

10

9

8

10

0

95

87

78

81

67

60

1

4

8

13

14

22

27

2

1

3

6

3

8

8

3 ou plus

1

2

2

2

3

6

1

72

70

59

54

46

36

2

18

13

18

21

22

26

3

5

6

7

12

12

14

4

3

5

6

6

7

14

5

1

2

4

3

7

5

6 ou plus

2

3

5

4

6

5

NOMBRE DE SUIVIS AMBULATOIRES

NOMBRE DE TRAITEMENTS RÉSIDENTIELS

NOMBRE CUMULÉ DE SUIVIS ET DE TRAITEMENTS

100


Les trajectoires des clients dans les unités

Utilisation potentielle des prestations d’Addiction Valais La section précédente adoptait une démarche rétrospective dans l’analyse du recours aux prestations d’Addiction Valais. La présente section utilise une approche prospective. Son objectif est de décrire le recours potentiel aux prestations d’Addiction Valais par un nouveau client domicilié en Valais admis pour la 1re fois au sein de la Fondation, et d’apporter des éléments de réponses aux questions Quelle sera l’exposition d’un nouveau client aux prestations ambulatoires ? Quelle est la probabilité que sa trajectoire nécessite d’entrer dans une unité résidentielle ? Quelles sont les variables qui sont associées à un recours aux prestations ambulatoires plus important ?

LE COLLECTIF CONSIDÉRÉ Grâce au numéro de dossier informatique identifiant chaque client, l’utilisation des prestations de la Fondation peut être établie pour chaque client admis, tout en veillant à la protection des données. Le collectif analysé dans cette section est celui des admissions ambulatoires de clients adultes valaisans, sans antécédent de traitement déclaré, enregistrées entre le 1.1.2011 et le 31.12.2013 (N=1’235 clients différents admis, 973 hommes et 262 femmes). La période d’observation de l’utilisation future des prestations faite par ces clients à la suite de leur première admission va jusqu’au 31.12.2018. Les épisodes de traitement non encore achevés au 31.12.2018 sont inclus dans la trajectoire du client et les analyses (ils en constituent le dernier épisode).

LA DESCRIPTION DES TRAJECTOIRES POTENTIELLES Près de deux milles (1’972) épisodes de traitement ont été recensés sur la période d’observation, ce qui représente 1.6 épisodes par client en moyenne. La Table 21 informe sur les 96% des parcours observés au sein des deux secteurs d’Addiction Valais durant la période d’observation. La trajectoire reconstituée pour chaque client est composée d’une suite de A et de R : la longueur de la suite correspond au nombre d’épisodes de traitement vécus, un A indique un épisode de traitement vécu dans une unité ambulatoire et un R indique un accompagnement vécu dans une unité résidentielle. Par exemple, la valeur AARA signifie que le client a vécu 4 épisodes de traitement, le 1er et le 2e se sont déroulés dans une unité ambulatoire, le 3e dans une unité résidentielle et le 4e à nouveau dans une unité ambulatoire.

101


Rapport statistique

TABLE 21 PART RELATIVE (EN %) DES PRINCIPAUX PARCOURS AU SEIN DES SECTEURS D’ADDICTION VALAIS. CLIENTS VALAISANS ADULTES ADMIS ENTRE 2011 ET 2013 SANS ANTÉCÉDENT DE TRAITEMENT DÉCLARÉ. PÉRIODE D’OBSERVATION ALLANT DU 1.1.2011 JUSQU’AU 31.12.2018.

HOMMES (N=973)

FEMMES (N=262)

TOUS (N=1’235)

A

62.9

61.5

62.6

AA

17.4

14.9

16.8

AR

5.6

6.5

5.8

AAA

3.4

5.3

3.8

ARA

1.8

1.5

1.8

AAR

1.4

1.5

1.5

AAAA

1.1

0.0

0.9

RA

0.8

0.8

0.8

AAAR

0.7

0.8

0.7

AARA

0.5

1.1

0.7

ARRA

0.5

0.8

0.6

Environ deux tiers du collectif observé (62.6% ; 62.9% des hommes et 61.5% des femmes) n’effectueront qu’un seul suivi au sein d’une unité ambulatoire durant la période d’observation, et un client sur six (16.8% ; 17.4% des hommes et 14.9% des femmes) vivra deux suivis ambulatoires. Un client sur six (soit 15.8% ; 15.2% des hommes et 17.9% des femmes) vivra au moins un passage dans une unité résidentielle au cours de la période d‘observation. Les 4.1% parcours non reportés dans la Table 21 regroupent des trajectoires pouvant être très compliquées, telles que AARAAA, ARRRAA, AARRAA ou AARARA.

102

À la date du 31.12.2018, environ un client sur dix (9.1%, N=113) était encore suivi dans une unité de la Fondation (9.4% chez les hommes et 8.4% chez les femmes). Parmi ces clients, environ un tiers (32.7%, N=37) vivait toujours son 1er épisode de traitement, un tiers également (36.3%, N=41) vivait son 2e épisode de traitement, un sur huit (13.1%, N=15) était en train de vivre son 3e épisode de traitement.


Les trajectoires des clients dans les unités

L’OPPORTUNITÉ DE RECOURIR À DES PRESTATIONS DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE Le passage dans une unité résidentielle va concerner un client sur six dans les cinq à huit ans suivant sa première admission dans la Fondation Addiction Valais (cf. Table 21). L’objectif de cette section est de mettre en évidence les variables liées à la situation du client au moment de son entrée dans le système Addiction Valais, et qui sont associées au recours à des prestations dispensées au sein des unités résidentielles. Le recours aux prestations résidentielles est décrit par le fait d’effectuer un séjour dans une unité résidentielle durant la période d’observation. Plus précisément, pour chaque domaine de problèmes évalué par le biais de l’IGT, les associations de cette variable avec l’estimation de la gravité des problèmes à l’admission ainsi qu’avec le degré de préoccupation face aux problèmes sont analysées. Pour ce faire, deux catégories ont été construites pour les variables explicatives : • pour la gravité des problèmes : Bas niveau = aucun/léger/moyen Haut niveau = considérable/extrême • pour le degré de préoccupation face aux problèmes : Bas degré = pas du tout/peu/moyennement Haut degré = beaucoup/extrêmement

103


Rapport statistique

La Table 22 ci-après met en avant pour chaque domaine de problèmes la relation potentielle entre la situation du client et le recours à des prestations dispensées dans une unité résidentielle de la Fondation, en reportant les parts observées de recours pour chaque catégorie de niveau de gravité et de degré de préoccupation. Les niveaux de gravité des problèmes liés à la consommation de drogues, à l’état de santé physique et à la situation judiciaire ne sont pas associés de façon statistiquement significative au fait de recourir à des prestations au sein d’une unité résidentielle. Les niveaux de gravité des problèmes de consommation d’alcool (haut niveau : 27.3% contre bas niveau : 12.0%), des problèmes liés aux relations familiales (25.8% contre 13.7%), à l’état psychologique (21.4% contre 14.6%) et à l’emploi et aux ressources (24.7% contre 13.9%) sont associés de façon statistiquement significative à la probabilité de recourir à des prestations dans une unité résidentielle durant la période d’observation. Les résultats pour le degré de préoccupation face aux problèmes sont du même ordre.

TABLE 22 PARTS (EN %) DES CLIENTS AYANT RECOURU À DES PRESTATIONS DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE POUR CHAQUE NIVEAU DE GRAVITÉ ET CHAQUE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION. NOUVEAUX CLIENTS ADULTES VALAISANS ADMIS ENTRE 2011 ET 2013. PÉRIODE D’OBSERVATION ALLANT DU 1.1.2011 JUSQU’AU 31.12.2018.

NIVEAU DE GRAVITÉ Haut

p-valeur*

Bas

Haut

p-valeur*

Alcool NG=1’028 ; NP=1’000

12.0

27.3

<.001

13.5

26.7

<.001

Drogues NG=998 ; NP=984

15.5

18.5

.346

16.0

18.9

.382

Santé physique NG=1’027 ; NP=995

16.1

18.2

.604

16.8

15.1

.676

Relations familiales/interpersonnelles NG=1’026 ; NP=1’005

13.7

25.8

<.001

14.1

23.9

<.001

Etat psychologique NG=1’015 ; NP=980

14.6

21.4

.013

12.6

25.4

<.001

Emploi/ressources NG=1’023 ; NP=994

13.9

24.7

<.001

13.9

22.8

<.001

Judiciaire NG=1’013 ; NP=998

16.8

13.4

.584

16.9

13.5

.492

*Test du chi-carré

104

DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION

Bas


Les trajectoires des clients dans les unités

Afin de mieux évaluer la pertinence du rôle de chacune des huit variables associées de façon statistiquement significative mises en évidence dans la Table 22 (p-valeur inférieure à 0.05), un modèle de régression logistique multivarié pas-à-pas (stepwise) a été appliqué, en contrôlant pour les variables âge et sexe. Il s’agit de ne retenir que les variables les plus importantes associées à la probabilité de recours à des prestations dispensées dans une unité résidentielle durant la période d’observation. Les résultats du modèle final figurent dans la Table 23. Les variables retenues par ce modèle sont au nombre de quatre et concernent : • le niveau de gravité des problèmes de consommation d’alcool, • le niveau de gravité des problèmes liés aux relations familiales, • le niveau de gravité des problèmes liés à l’emploi et aux ressources, • et le degré de préoccupation face aux problèmes liés à l’état psychologique.

Ainsi, un client : • avec un haut niveau de gravité sur la consommation d’alcool a 2.3 fois plus de chance de vivre un séjour dans une unité résidentielle que celui avec un bas niveau de gravité ; • avec un haut degré de préoccupation face à son état psychologique a 1.8 fois plus de chance de vivre un séjour dans une unité résidentielle que celui avec un bas degré de préoccupation ; • avec un haut niveau de gravité sur l’emploi et les ressources a 1.6 fois plus de chance de vivre un séjour dans une unité résidentielle que celui avec un bas niveau de gravité ; • avec un haut niveau de gravité sur les relations familiales a 1.5 fois plus de chance de vivre un séjour dans une unité résidentielle que celui avec un bas niveau de gravité ; • qui cumulerait un haut niveau de gravité sur les domaines de la consommation d’alcool, de l’emploi et des ressources et des relations familiales et qui indiquerait un haut degré de préoccupation face à l’état psychologique aurait 10 fois plus de chance de vivre un séjour dans une unité résidentielle que celui ayant des bas niveaux sur chacun de ces domaines.

TABLE 23 RÉSULTATS DE L’APPLICATION D’UN MODÈLE DE RÉGRESSION LOGISTIQUE MULTIVARIÉ STEPWISE (EN CONTRÔLANT POUR LES VARIABLES ÂGE ET SEXE) POUR MODÉLISER LA PROBABILITÉ DE RECOURIR À DES PRESTATIONS DANS UNE UNITÉ RÉSIDENTIELLE DURANT LA PÉRIODE D’OBSERVATION.

Coefficient

p-valeur*

95% – IC

Odds ratio

Alcool Haut niveau de gravité

0.882

<.001

[.440 ; 1.203]

2.276

Relations familiales Haut niveau de gravité

0.401

.053

[-.011 ; .805]

1.494

Emploi/ressources Haut niveau de gravité

0.494

.014

[.096 ; .885]

1.640

Etat psychologique Haut degré de préoccupation

0.598

.002

[.214 ; .978]

1.819

N = 949 ; chi2(943) = 772.2 ; Prob > chi2 <.001 ; Log likelihood = -386.1; Pseudo R2 (McFadden) = 0.283

105


Rapport statistique

LE NOMBRE D’HEURES DE PRESTATIONS AMBULATOIRES 53 La lecture d’une courbe de survie sur un graphique peut être double : • une lecture horizontale, qui permet à partir d’une probabilité fixée sur l’axe des ordonnées de tracer une ligne horizontale jusqu’à croiser la courbe de survie. La correspondance sur l’axe des abscisses donne alors un nombre d’heures de prestations. Par exemple, à la valeur de probabilité égale à 1 correspond la valeur de 0 heure de prestations (100% des clients vont bénéficier de 0 heures ou plus de prestations). Ou la valeur 0.5, i.e. à une part de 50% des clients, correspond à la médiane du nombre des heures de prestations. • une lecture verticale, qui permet à partir d’un nombre d’heures de prestations fixé sur l’axe des abscisses (par exemple 20 heures) de tracer une ligne verticale jusqu’à croiser la courbe de survie. La correspondance sur l’axe des ordonnées, donne alors la probabilité d’avoir un client avec un nombre total d’heures de prestations ambulatoire égal ou plus élevé.

106

Au sein de la Fondation Addiction Valais, l’activité de conseil et aide effectuée dans le secteur ambulatoire par les intervenants spécialisés est recensée informatiquement pour chaque client accompagné. Cette activité comprend les entretiens individuels, les entretiens de réseau, les contacts téléphoniques et les démarches administratives spécifiques. Le nombre d’heures de conseil et d’aide que chaque client a reçues sur la période d’observation peut dès lors être déterminé. La présente section vise à décrire cette exposition aux prestations ambulatoires. Son association avec le niveau gravité des problèmes à l’admission ainsi qu’avec le degré de préoccupation du client face à ses problèmes est également étudiée. Les analyses statistiques recourent aux méthodes d’analyse des données de survie, en considérant comme donnée censurée l’exposition d’un épisode de traitement ambulatoire non encore terminé au 31.12.2018. En moyenne, à la suite de sa première admission, un client bénéficiera de 31.6 heures de prestations ambulatoires (30.2 heures pour les hommes et 36.6 heures pour les femmes).


Les trajectoires des clients dans les unités

ASSOCIATION AVEC LE SEXE, LA CLASSE D’ÂGE ET LE PROBLÈME PRINCIPAL À L’ADMISSION La Table 24 détaille les résumés statistiques de la distribution du nombre d’heures selon le sexe, la classe d’âge et les quatre principaux problèmes à l’admission.

TABLE 24 RÉSUMÉS STATISTIQUES DE LA RÉPARTITION DU NOMBRE D’HEURES DE PRESTATIONS DE CONSEIL ET AIDE REÇUES, SELON LE SEXE, LA CLASSE D’ÂGE ET LE PROBLÈME PRINCIPAL À L’ADMISSION. ADMISSIONS 2011-2013. PÉRIODE D’OBSERVATION DU 1.1.2011 AU 21.12.2018.

MOY.

Les trois facteurs sont associés de façon statistiquement significative au nombre d’heures de prestations ambulatoires reçues. Ainsi :

Q1*

MÉD.

Q3**

SEXE

.05

Hommes

30.2

8.0

16.0

36.7

Femmes

36.6

8.5

21.2

44.5

• les femmes recevront, à la suite de leur première admission, un nombre d’heures de prestations plus important que les hommes ; • les clients des classes d’âge 25-34 ans et 35-44 ans sont ceux qui bénéficieront d’un accompagnement ambulatoire plus important ; • les clients qui ont comme problème de consommation principal l’héroïne requerront un nombre d’heures de prestations ambulatoires plus élevé.

CLASSE D’ÂGE

La Figure 14 illustre les résultats via les courbes de survie estimées pour chaque catégorie des trois variables analysées. Elles mettent en relation le nombre d’heures de prestations ambulatoires fournies avec la part des clients qui bénéficieront d’un nombre d’heures de prestations égal ou plus élevé. En d’autres termes, elles indiquent la probabilité, pour un client valaisan nouvellement admis, de bénéficier d’un nombre d’heures de prestations égal ou plus élevé à un nombre donné 53.

P-VALEUR***

.90

18-24 ans

29.4

7.0

16.0

35.0

25-34 ans

38.3

9.7

20.5

42.0

35-44 ans

36.9

9.2

21.0

47.8

45-54 ans

30.1

8.7

19.2

39.7

55 ans et plus

22.8

6.0

12.5

28.0

PROBLÈME PRINCIPAL

<.01

Alcool

30.7

8.7

16.7

37.9

Héroïne

60.1

25.5

42.5

76.4

Cocaïne

32.9

8.4

16.0

31.9

Cannabis

23.7

6.2

12.2

30.4

* Q1 indique le 1er quartile, i.e. 25% des valeurs sont inférieures ou égales à Q1 ** Q3 désigne de 3e quartile, i.e. 75% des valeurs sont inférieures ou égales à Q3 *** Test de Wilcoxon (pour données de survie)

107


Sexe

0.8

Femmes Hommes

0.6 0.4 0.2 0.0 20

40

60

80

100

120

SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES

1.0

Âge à l’admission 18−24 ans 25−34 ans 35−44 ans 45−54 ans 55 ans et plus

0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0

20

40

60

80

100

120

SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES

SURVIE CUMULÉE (PROBABILITÉ DE DÉPASSER LA SOMME DES HEURES)

FIGURE 14 FONCTION DE SURVIE POUR LA SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES SELON LE SEXE (FIGURE DU HAUT), LA CLASSE D’ÂGE (FIGURE DU CENTRE) ET SELON LE PROBLÈME DE CONSOMMATION PRINCIPAL À L’ADMISSION (FIGURE DU BAS).

1.0

0

SURVIE CUMULÉE (PROBABILITÉ DE DÉPASSER LA SOMME DES HEURES)

Lorsque plusieurs courbes de survie liées à des catégories d’un facteur sont représentées, la lecture horizontale permet de comparer les différences entre les catégories en termes de médiane du nombre d’heures de prestations (si la courbe d’une catégorie est au-dessus d’une autre, la médiane sera plus élevée) et la lecture verticale permet de comparer les différences entre les catégories en termes de part de clients (si la courbe d’une catégorie est au-dessus d’un autre, la part des clients sera plus élevée). Par exemple, la figure des courbes de survie associées au problème principal à l’admission (Figure 14 – bas) met clairement en évidence le comportement différent de la catégorie du problème lié à la consommation d’héroïne, relativement à ceux des trois autres substances.

SURVIE CUMULÉE (PROBABILITÉ DE DÉPASSER LA SOMME DES HEURES)

Rapport statistique

Problème principal à l’admission

1.0

alcool héroïne cocaïne cannabis

0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0

20

40

60

80

100

120

140

SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES

108


Les trajectoires des clients dans les unités

ASSOCIATION AVEC LE NIVEAU DE GRAVITÉ ET LE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION La Table 25 détaille les résumés statistiques de la distribution du nombre d’heures de prestations ambulatoires selon le niveau de gravité estimé par l’intervenant d’Addiction Valais et le degré de préoccupation du client face à ses problèmes au moment de sa première admission.

Le nombre moyen d’heures de prestations est associé au niveau de gravité des domaines de problèmes de consommation de drogues (en moyenne 43.9 heures de prestations pour un haut niveau de gravité contre 29.9 heures pour un bas niveau), à

celui des problèmes liés aux relations familiales/interpersonnelles (respectivement 38.2 heures contre 31.0 heures), liés à l’état psychologique (39.0 heures contre 30.6 heures) et liés à l’emploi et aux ressources (41.1 heures contre 29.8 heures).

TABLE 25 RÉSUMÉS STATISTIQUES DE LA RÉPARTITION DU NOMBRE D’HEURES DE PRESTATIONS DE CONSEIL ET AIDE REÇUES, SELON LE NIVEAU DE GRAVITÉ ET LE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION DU CLIENT.

BAS

HAUT

Moy.

Q1*

Méd.

Q3**

Moy.

Q1*

Méd.

Q3**

p-valeur*

Alcool

31.2

8.5

17.0

38.7

36.7

10.4

21.5

41.0

.02

Drogues

29.9

8.5

16.0

34.7

43.9

12.0

28.7

56.2

<.01

Santé physique

32.5

9.0

18.0

38.5

34.0

9.7

17.7

40.7

.90

Relations familiales/interp.

31.0

8.5

16.7

37.0

38.2

10.7

22.9

47.0

<.01

Etat psychologique

30.6

8.5

16.0

37.9

39.0

11.2

24.0

44.0

<.01

Emploi/ressources

29.8

8.2

15.7

35.2

41.1

12.2

25.2

52.1

<.01

Judiciaire

32.0

8.7

18.0

39.7

33.4

10.5

17.5

34.9

.70

Alcool

32.6

8.7

17.4

38.9

33.0

10.2

20.7

40.5

.20

Drogues

30.4

8.7

16.5

35.2

43.6

12.1

27.6

53.9

<.01

Santé physique

32.4

9.0

18.0

37.7

34.5

9.9

17.1

48.9

.60

Relations familiales/interp.

31.9

9.2

18.2

38.2

35.7

8.6

17.0

41.5

.90

Etat psychologique

29.7

8.5

16.5

35.2

41.2

11.2

24.7

51.2

<.01

Emploi/ressources

30.0

8.5

16.0

35.2

38.6

10.7

24.0

51.4

<.01

Judiciaire

32.0

8.7

17.7

39.4

35.9

11.0

19.7

37.5

.40

NIVEAU DE GRAVITÉ

DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION

* Q1 indique le 1er quartile, i.e. 25% des valeurs sont inférieures ou égales à Q1 ** Q3 désigne de 3e quartile, i.e. 75% des valeurs sont inférieures ou égales à Q3 *** Test de Wilcoxon à 2 échantillons (pour données de survie)

109


Rapport statistique

Un bas niveau de gravité de ces problèmes au moment de la première admission nécessitera ainsi moins d’intervention spécialisée. Ces observations soulignent l’importance de la prévention sélective et du repérage précoce qui permettent d’intervenir avant la péjoration ou l’installation durable des problèmes de consommation et des problèmes associés. Le degré de préoccupation du client face à ses problèmes est associé au nombre d’heures de prestations pour les domaines de problèmes de consommation de drogues (43.6 heures pour un haut degré contre 30.4 heures pour un bas degré), les problèmes liés à l’état psychologique (41.2 heures contre 29.7 heures) et à l’emploi et aux ressources (38.6 heures contre 30 heures). Afin d’évaluer plus précisément le rôle des huit variables associées de façon statistiquement significative figurant dans la Table 25 (identifiées par une p-valeur inférieure à 0.05) et de ne conserver que celles dont l’association est la plus forte, le risque de ne plus bénéficier de prestations ambulatoires après un nombre fixé d’heures de prestations est expliqué via l’application d’un modèle à risques proportionnels de Cox (méthode de sélection pas-à-pas (stepwise)).

110

La Table 26 reporte les résultats du modèle final obtenu qui retient quatre variables :

Ainsi, pour un client qui a déjà bénéficié d’un nombre fixé h d’heures de prestations ambulatoires :

• le niveau de gravité des problèmes de consommation de drogues, • le niveau de gravité des problèmes d’emploi et de ressources, • le degré de préoccupation du client face à ses problèmes d’emploi et de ressources, • le degré de préoccupation du client face à ses problèmes psychologiques.

• avoir un haut niveau de gravité diminue son risque de ne plus bénéficier de prestations ambulatoires d’un facteur de 0.779, comparé à avoir un bas niveau de gravité de consommation de drogues ; • avoir un haut niveau de gravité diminue le risque de ne plus bénéficier de prestations ambulatoires d’un facteur de 0.799, comparé à un bas niveau de gravité des problèmes d’emploi et de ressources ; • avoir un haut degré de préoccupation diminue le risque de ne plus bénéficier de prestations ambulatoires d’un facteur de 0.773, comparé à un bas degré de préoccupation face aux problèmes d’emploi et de ressources ; • avoir un haut degré de préoccupation diminue le risque de ne plus bénéficier de prestations ambulatoires d’un facteur de 0.853, comparé à un bas degré de préoccupation face aux problèmes psychologiques..


Les trajectoires des clients dans les unités

TABLE 26 RÉSULTATS DU MODÈLE FINAL À RISQUES PROPORTIONNELS DE COX POUR LE RISQUE DE NE PLUS BÉNÉFICIER DE PRESTATIONS AMBULATOIRES APRÈS UN NOMBRE D’HEURES DE PRESTATIONS DONNÉ.

Coefficient

exp(coef)

p-valeur

95% - IC

Drogue Haut niveau de gravité

-0.249

0.779

.021

[.630 ; .934]

Relations familiales Haut niveau de gravité

-0.224

0.799

.007

[.678 ; .941]

Emploi/ressources Haut degré de préoccupation

-0.258

0.773

.019

[.622 ; .959]

Etat psychologique Haut degré de préoccupation

-0.171

0.853

.028

[.723 ; .981]

N  =  909 ; LR Test  =  43.6 ; dl  =  4,p <.001

La Figure 15 illustre graphiquement les fonctions de survie estimées qui résultent du modèle final pour deux variables : selon le niveau de gravité des problèmes de consommation de drogues et selon le degré de préoccupation du client face à ses problèmes psychologiques.

Degré de précoccupation Etat psychologique

1.0

bas élevé

0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0

20

40

60

80

100

120

140

SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES

SURVIE CUMULÉE (PROBABILITÉ DE DÉPASSER LA SOMME DES HEURES)

SURVIE CUMULÉE (PROBABILITÉ DE DÉPASSER LA SOMME DES HEURES)

FIGURE 15 FONCTION DE SURVIE POUR LA SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES SELON LE NIVEAU DE GRAVITÉ DES PROBLÈMES DE CONSOMMATION LIÉS À LA DROGUE (FIGURE DE DROITE) ET SELON LE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION FACE AUX PROBLÈMES PSYCHOLOGIQUES (FIGURE DE GAUCHE).

Niveau de gravité Domaine Drogue

1.0

bas élevé

0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0

20

40

60

80

100

120

140

SOMME DES HEURES DE PRESTATIONS FOURNIES

111


5

ElĂŠment sorties et les prestation

112


5

ts sur les rĂŠsultats des ns fournies

113


114


Le système de monitorage d’Addiction Valais intègre une évaluation de la situation du client au moment de sa sortie. Il est important de pouvoir disposer d’indicateurs permettant d’évaluer les résultats des prestations dispensées par les différentes unités. L’objectif de ce chapitre est de présenter de façon succincte quelques éléments sur la situation du client à la sortie de son accompagnement et sur son évolution entre l’admission et la sortie.

115


Rapport statistique

La situation du client à la sortie Les effectifs des sorties enregistrées pendant la période 2014-2018 sont détaillés dans la Table 27, pour le secteur ambulatoire et pour chaque unité résidentielle, par année de sortie.

TABLE 27 EFFECTIFS DES SORTIES ENREGISTRÉS DANS LES DIFFÉRENTS SERVICES D’ADDICTION VALAIS. PÉRIODE 2014-2018.

2014

2015

2016

2017

2018

Ambulatoire

781

908

1’016

906

801

FXB/Jardin des Berges

35

33

42

35

17

Villa Flora

63

74

40

54

58

Via Gampel

9

14

16

18

18

888

1’029

1’114

1’013

894

Total

LES MODALITÉS DE FIN DE D’ACCOMPAGNEMENT Les trois modalités principales de fin d’accompagnement sont la fin régulière (il y a accord entre le client et l’intervenant et/ou l’unité), l’interruption (aussi bien par le client que par l’intervenant et/ou l’unité) et la perte de contact. Les interruptions s’accompagnent généralement d’un pronostic moins favorable quant à l’évolution du client dans son parcours de réhabilitation. Une première indication quant aux résultats des accompagnements peut être fournie par les modalités observées de fins d’accompagnement. La Figure 16 illustre les parts observées par secteur d’intervention ainsi que selon le sexe du client pour les sorties enregistrées entre 2016 et 2018. La perte de contact ne concerne que le secteur ambulatoire. La part des fins régulières s’élève à 49% pour les accompagnements réalisés au sein des unités ambulatoires et à 62% pour ceux effectués au sein d’une unité résidentielle. La planification de la sortie et sa maîtrise sont plus difficiles à réaliser dans le secteur ambulatoire. La part des fins régulières inférieure observée dans ce secteur peut aussi être expliquée par la difficulté à déterminer la modalité de fin de collaboration pour les accompagnements ne sollicitant que peu d’intervention. L’organisation du monitorage statistique au sein de la Fondation prévoit aussi que tout client ayant un premier entretien soit enregistré. Les parts observées dans le secteur ambulatoire sont semblables chez les hommes et chez les femmes. Dans le secteur résidentiel, les femmes sont relativement plus nombreuses à interrompre leur séjour (68% contre 42% pour les hommes).

116


Eléments sur les sorties et les résultats des prestations fournies

Secteur ambulatoire − Femmes FIGURE 16 RÉPARTITION (EN %) DES PRINCIPALES MODALITÉS DE FIN D’ACCOMPAGNEMENT, POUR CHAQUE SECTEUR D’INTERVENTION, SELON LE SEXE. SORTIES 2016-2018.

Secteur ambulatoire – Hommes

Secteur ambulatoire – Femmes

Autre motif

Autre motif

Perte de contact

Perte de contact

Interruption

Interruption

Fin régulière

Fin régulière

0

10

20

30

40

50

0

10

20

Part (%)

Autre motif

Perte de contact

Perte de contact

Interruption

Interruption

Fin régulière

Fin régulière

20

30

40

50

60

70

0

10

20

Part (%)

TABLE 28 PART (EN %) DES FINS DE SUIVIS RÉGULIÈRES SELON LE SECTEUR D’INTERVENTION, LA CLASSE D’ÂGE ET LE PROBLÈME DE CONSOMMATION PRINCIPAL DU CLIENT AU MOMENT DE SON ADMISSION. SORTIES 2016-2018.

La Table 28 détaille la part des fins régulières selon les principales caractéristiques du client au moment de son admission. Les problèmes liés à la consommation d’héroïne et de cocaïne produisent les parts les moins élevées.

50

Secteur Résidentiel – Femmes

Autre motif

10

40

Part (%)

Secteur Résidentiel – Hommes

0

30

30

40

50

60

70

Part (%)

HOMMES (N=2’140)

FEMMES (N=855)

TOUS (N=2’995)

Ambulatoire

49

49

49

Résidentiel

68

42

62

Moins de 18 ans

66

72

68

18-24 ans

41

38

41

25-34 ans

41

35

39

35-44 ans

50

49

50

45-54 ans

54

48

52

55 ans et plus

58

48

55

Alcool

53

44

50

Héroïne

41

40

41

Cocaïne

44

31

42

Cannabis

57

45

56

SECTEUR

CLASSE D’ÂGE

PROBLÈME PRINCIPAL À L’ADMISSION

117


Rapport statistique

LA DURÉE DES ACCOMPAGNEMENTS La durée d’un accompagnement ambulatoire est définie comme le nombre de jours séparant les dates du premier entretien et du dernier entretien augmenté de 1, et la durée d’un traitement en résidentiel comme le nombre de jours séparant les dates du premier jour et du dernier jour du séjour augmenté de 1. La Table 29 informe sur la durée des accompagnements effectués au sein des unités d’Addiction Valais (sorties enregistrées pour les années 2016 à 2018). Les hommes connaissent des durées moyennes (et médianes) plus élevées que les femmes, que ce soit dans le secteur ambulatoire (30 jours de plus en moyenne) ou dans le secteur résidentiel (85 jours de plus en moyenne). Dans le secteur ambulatoire, la durée de l’accompagnement augmente avec l’âge (138 jours en moyenne pour les clients âgés de moins de 18 ans contre 436 jours pour les clients âgés entre 45 et 54 ans). La consommation problématique d’héroïne à l’admission induit une durée moyenne deux fois plus longue que la consommation problématique d’alcool. Les clients du résidentiel âgés de moins de 25 ans et ceux dont le problème de consommation principal est le cannabis sont accompagnés le plus longtemps.

AMBULATOIRE

RÉSIDENTIEL

Moy.

Méd.

Moy.

Méd.

Homme

359

155

209

92

Femme

329

112

124

63

Moins de 18 ans

138

78

298

241

18-24 ans

298

123

324

149

25-34 ans

375

144

128

62

35-44 ans

384

177

134

71

45-54 ans

436

196

160

72

55 ans et plus

396

208

178

61

450

261

137

68

Héroïne

1’185

739

209

147

Cocaïne

277

130

282

119

Cannabis

184

95

377

226

Fin régulière

404

189

235

109

Perte de contact

247

95

Interruption

239

93

99

59

SEXE

CLASSE D’ÂGE

PROBLÈME PRINCIPAL À L’ADMISSION Alcool

MOTIF DE SORTIE

118

TABLE 29 DURÉES MOYENNE (MOY.) ET MÉDIANE (MÉD.) DES ACCOMPAGNEMENTS AMBULATOIRES ET DES TRAITEMENTS RÉSIDENTIELS (EN JOURS). SORTIES 2016-2018.


Eléments sur les sorties et les résultats des prestations fournies

L’évolution de la situation entre l’admission et la sortie Cette section présente des résultats liés à deux indicateurs de mesure de l’évolution de la situation du client entre son admission et sa sortie, basés sur l’IGT : pour chaque domaine, l’évolution du niveau de gravité des problèmes donné par l’intervenant d’Addiction Valais et l’évolution du degré de préoccupation/perturbation du client face à ses problèmes. Les analyses reprennent les catégories de la page 103. Le collectif analysé comprend les clients sortis régulièrement entre 2016 et 2018, venus pour leurs propres problèmes (N=1’509 ; N=1’327 pour le secteur ambulatoire et N=182 pour le secteur résidentiel), pour lesquels l’information est disponible à l’admission et à la sortie.

ÉVOLUTION DU NIVEAU DE GRAVITÉ DES DOMAINES DE PROBLÈMES Pour chaque domaine de problèmes évalué par le biais de l’IGT et chaque niveau de gravité à l’admission, la part des clients qui restent au même niveau et celle de ceux qui changent de niveau sont calculées (Table 30). Le nombre de clients pour lesquels l’information est disponible va de 931 (pour le domaine Drogue) à 1’065 (pour le domaine Santé physique) du collectif, correspondant à des parts du collectif de 62% et 70%.

119


Rapport statistique

TABLE 30 EVOLUTION DU NIVEAU DE GRAVITÉ DES PROBLÈMES DES CLIENTS ENTRE L’ADMISSION ET LA SORTIE POUR CHAQUE DOMAINE CONSIDÉRÉ PAR L’IGT (PARTS EN % DES CLIENTS QUI RESTENT AU MÊME NIVEAU ET DE CEUX QUI CHANGENT DE NIVEAU) – FINS RÉGULIÈRES, SELON LE NIVEAU DE GRAVITÉ À L’ADMISSION. SORTIES 2016-2018.

AMBULATOIRE

RÉSIDENTIEL

Bas niveau à la sortie

Haut niveau à la sortie

Bas niveau à la sortie

Haut niveau à la sortie

Bas niveau à l’admission

99.6

1.4

90.9

9.1

Haut niveau à l’admission

90.6

9.4

60.0

40.0

Bas niveau à l’admission

99.4

0.6

98.3

1.7

Haut niveau à l’admission

91.3

8.7

75.8

24.2

DOMAINE ALCOOL

DOMAINE DROGUE

DOMAINE SANTÉ PHYSIQUE Bas niveau à l’admission

98.7

1.3

97.1

2.9

Haut niveau à l’admission

80.2

19.8

40.0

60.0

Bas niveau à l’admission

98.9

1.1

87.2

12.8

Haut niveau à l’admission

85.1

14.9

56.6

43.4

Bas niveau à l’admission

98.9

1.1

89.2

10.8

Haut niveau à l’admission

79.4

20.6

58.0

42.0

DOMAINE FAMILLE

DOMAINE ETAT PSYCHOLOGIQUE

DOMAINE EMPLOI/RESSOURCES Bas niveau à l’admission

98.6

1.4

85.0

15.0

Haut niveau à l’admission

76.8

23.2

49.2

50.8

Bas niveau à l’admission

99.7

0.3

95.9

4.1

Haut niveau à l’admission

90.7

9.3

86.7

13.3

DOMAINE JUDICIAIRE

Dans le secteur ambulatoire, les résultats montrent, pour tous les domaines de problèmes considérés, que quasiment la totalité des clients avec un bas niveau de gravité à l’admission restent avec un bas niveau de gravité au moment de la sortie (évolution neutre). Entre trois-quarts (77% pour le domaine Emploi/ressources) et nonante pourcents (91% pour le domaine Drogues) des clients qui avaient un 120

haut niveau de gravité au moment de leur admission descendent à un bas niveau de gravité au moment de leur sortie (évolution positive). Au sein du secteur résidentiel, la très grande majorité des clients avec un bas niveau de gravité à l’admission restent avec un bas niveau de gravité au moment de la sortie (évolution neutre). Entre la moitié (49% pour le domaine Emploi/ ressources) et plus de quatre cin-

quièmes (87% pour le domaine Judiciaire) des clients qui avaient un haut niveau de gravité au moment de l’admission sont descendus à un bas niveau de gravité au moment de leur sortie (évolution positive).


Eléments sur les sorties et les résultats des prestations fournies

ÉVOLUTION DU DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION FACE AUX PROBLÈMES Pour chaque domaine de problèmes et chaque degré de préoccupation/perturbation face aux problèmes à l’admission, la part des clients qui restent au même degré et celle de ceux qui changent de degré sont produites (Table 31). Le nombre de clients pour lesquels l’information est disponible va de 693 (pour le domaine Drogue) à 834 (pour le domaine Santé physique) du collectif, correspondant à des parts de 46% et 55%. TABLE 31 ÉVOLUTION DU DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION FACE AUX PROBLÈMES DES CLIENTS ENTRE L’ADMISSION ET LA SORTIE – FINS RÉGULIÈRES, SELON LE DEGRÉ DE PRÉOCCUPATION À L’ADMISSION. SORTIES 2016-2018.

AMBULATOIRE

RÉSIDENTIEL

Bas degré à la sortie

Haut degré à la sortie

Bas degré à la sortie

Haut degré à la sortie

Bas degré à l’admission

99.2

0.8

94.9

5.1

Haut degré à l’admission

97.3

2.7

88.9

11.1

Bas degré à l’admission

99.1

0.9

100.0

0.0

Haut degré à l’admission

98.1

1.9

96.7

3.3

Bas degré à l’admission

96.8

3.2

97.2

2.4

Haut degré à l’admission

79.3

20.7

66.6

32.4

DOMAINE ALCOOL

DOMAINE DROGUE

DOMAINE SANTÉ PHYSIQUE

DOMAINE FAMILLE Bas degré à l’admission

97.3

2.7

93.0

7.0

Haut degré à l’admission

84.8

15.2

81.8

18.2

Bas degré à l’admission

98.2

1.8

100.0

0.0

Haut degré à l’admission

87.9

12.1

88.6

11.4

Bas degré à l’admission

97.3

2.7

85.9

14.1

Haut degré à l’admission

73.9

26.1

55.6

44.4

DOMAINE ETAT PSYCHOLOGIQUE

DOMAINE EMPLOI/RESSOURCES

DOMAINE JUDICIAIRE Bas degré à l’admission

99.0

1.0

96.4

3.6

Haut degré à l’admission

83.6

16.4

77.8

22.2

Dans le secteur ambulatoire, les résultats montrent, pour tous les domaines, que quasiment la totalité des clients avec un bas degré de préoccupation/perturbation face aux problèmes à l’admission restent avec un bas degré de préoccupation/perturbation au moment de la sortie (évolution neutre). Entre troisquarts (74% pour le domaine Emploi et ressources) et près de la totalité (97% pour le domaine Alcool) des

clients qui avaient un haut degré de préoccupation/perturbation face aux problèmes au moment de l’admission sont descendus à un bas degré de préoccupation/perturbation au moment de leur sortie (évolution positive). Au sein du secteur résidentiel, à l’exception du domaine Emploi et ressources, la quasi-totalité des clients avec un bas degré de préoccupation/perturbation à l’ad-

mission restent avec un bas degré au moment de la sortie (évolution neutre). Entre la moitié (56% pour le domaine Emploi et ressources) et plus de neuf dixièmes (97% pour le domaine Drogue) des clients qui avaient un haut degré de préoccupation/perturbation au moment de l’admission sont descendus à un bas degré au moment de leur sortie (évolution positive).

121


6

Conclu et persp

122


6

usions pectives

123


124


L’objectif de ce document est de faire suite au rapport publié en 2012 en présentant une sélection de résultats actuels sur les profils de la clientèle admise au sein d’Addiction Valais, ainsi que sur son utilisation des prestations dispensées au sein des unités.

125


Rapport statistique

Les éléments suivants peuvent être mis en évidence :

• Les clients admis au sein d’Addiction Valais sont caractérisés non seulement par leur niveau de gravité des problèmes de consommation d’alcool ou de drogues, mais également par leur niveau de gravité des problèmes dans les domaines associés que sont l’état de santé physique, les relations familiales et interpersonnelles, l’état psychologique, l’emploi et les ressources ainsi que la situation judiciaire. • La clientèle accompagnée au sein d’Addiction Valais peut être segmentée en six groupes de clients homogènes, identifiés par une complexité graduelle des problèmes de consommation et des problèmes associés. • L’utilisation antérieure des services d’Addiction Valais par un client faisant une démarche d’accompagnement, ainsi que l’utilisation à venir des services par un nouveau client sans antécédent d’accompagnement au sein de la Fondation sont mises en évidence. La complexité des trajectoires durant le processus de changement de la conduite addictive est soulignée. • L’exposition aux prestations ambulatoires (nombre moyen d’heures de conseil et aide individualisés) de la Fondation ainsi que celle à ses prestations résidentielles (la probabilité de séjourner dans une unité résidentielle) sont associées à la gravité des problèmes du client à son admission et ainsi qu’à son degré de préoccupation face à ses problèmes. La gravité des problèmes de consommation d’alcool et de drogues, des problèmes liés à la situation familiale, et à l’emploi et aux ressources, ainsi que le degré de préoccupation face aux problèmes psychologiques et face aux problèmes d’emploi et de ressources sont les variables qui jouent les rôles les plus importants. • La bonne articulation des prestations ambulatoires et des prestations résidentielles devient dès lors essentielle afin d’assurer la cohérence et la continuité des services et d’offrir un accompagnement adapté et individualisé. • Des effets positifs des accompagnements offerts par la Fondation sont par exemple illustrés par le fait que le client est globalement moins préoccupé par ses problèmes au moment de sa sortie (régulière) qu’il ne l’était au moment de son admission. Ces résultats sont à placer dans la perspective du développement présent et futur de la Fondation.

126


Conclusions et perspectives

Le modèle de développement d’Addiction Valais 54 Uchtenhagen Ambros (2015). Stepped Care Models in Addiction Treatment. Textbook of addiction treatment : International perspectives 55 Description détaillée via le graphique en annexe 56 Les catégories des clients sont basées sur les évaluations de la gravité établies à l’admission d’Addiction Valais à l’aide de l’IGT (Indice de Gravité d’une Toxicomanie)

Addiction Valais a la mission cantonale de répondre aux besoins de l’ensemble de la population valaisanne confrontée à une problématique d’addiction. Conduite par le souci de remplir cette mission de façon cohérente et efficiente, en mettant le client au centre de son système et en répondant aux bonnes pratiques en la matière, la Fondation déploie un modèle d’accompagnement intégrateur des prestations, ainsi qu’un processus de case management. Elle adapte ses outils d’évaluation de la clientèle à son admission et en cours de d’accompagnement.

L’INTÉGRATION DES PRESTATIONS DANS UN MODÈLE DE TYPE STEPPED CARE Addiction Valais prend appui sur un modèle d’accompagnement institutionnel qui permet d’adapter systématiquement l’intensité de la prise en charge à des caractéristiques données du client 54. Ce modèle de type stepped care 55, populaire dans le monde de la santé mentale, intègre l’ensemble des piliers de la Stratégie nationale Addictions. En établissant une complexification graduelle des problématiques, il fournit un guide à l’intervention spécialisée et permet de garantir l’adéquation de l’accompagnement aux besoins du client.

LE MODÈLE STEPPED CARE ADDICTION VALAIS Le chapitre trois a présenté une typologie descriptive de la clientèle admise au sein des unités d’Addiction Valais. Cette typologie met en évidence des groupes de clients homogènes dont la complexité des problématiques va croissante. Le stepped care modèle Addiction Valais reprend cette gradation des complexités. Il retient cinq catégories de gravité de la problématique de consommation associées à un niveau de complexité des risques bio-psycho-sociaux 56. Il associe ces catégories à un cadre d’intervention et à un niveau d’intensité des prestations, en tenant compte des besoins et des ressources du client, ainsi que de sa motivation.

Partant de la prévention sélective pour se poursuivre par le traitement et se terminer dans le pilier de la réduction des risques, le stepped care modèle Addiction Valais permet : • d’offrir au client le bon accompagnement au bon moment, • d’assurer la cohérence des prestations de la Fondation ainsi que les interventions de ses collaborateurs, • de décrire la complexité des situations rencontrées par les partenaires de la Fondation et de favoriser la compréhension commune de celles-ci.

127


Rapport statistique

LE CASE MANAGEMENT Les profils de la clientèle accompagnée au sein d’Addiction Valais présentent un large éventail de complexité des problèmes de consommation et des problèmes associés. L’offre de prestations de la Fondation vise à répondre de manière souple, personnalisée et coordonnée aux besoins différenciés observés. Afin de de maintenir le client au centre de son système, en particulier lors d’accompagnements de situations complexes, l’organisation et le suivi des prestations dont bénéficie le client sont régis au sein d’Addiction Valais par un processus d’accompagnement de type case management.

Anne-Sophie Loye, cadre d’unité – Unité ambulatoire de Sion

La porte d’entrée aux prestations d’Addiction Valais se fait par le biais des unités ambulatoires (cf. le chapitre 4). A la suite de l’évaluation de la situation du client et de l’anamnèse spécialisée via l’IGT, l’intervenant ambulatoire co-construit avec le client les objectifs et le plan d’intervention individuels. L’accompagnement de type case management permet d’assurer la continuité et la cohérence des prestations fournies au sein de la Fondation en regard de l’évolution de la situation du client et de l’atteinte de ses objectifs. L’intervenant ambulatoire oriente le client dans l’offre de prestations de la Fondation, indique la prestation la plus appropriée, pose, évalue et adapte régulièrement les objectifs individualisés en collaboration avec celui-ci et les partenaires de l’accompagnement.

128


Conclusions et perspectives

L’adaptation des instruments d’évaluation LA MISE À JOUR DE L’IGT L’IGT est utilisé à l’admission des unités d’Addiction Valais depuis le début des années 2000. L’outil a depuis évolué, en incluant par exemple des informations liées à la statistique nationale act-info et les dimensions liées au jeu pathologique et à l’usage d’internet et des jeux vidéo. L’IGT n’a, à ce jour, jamais fait l’objet d’une révision approfondie.

particulier l’IGT. Le RISQ (Recherche et Intervention sur les Substances psychoactives – Québec) a récemment mis à jour cet instrument d’anamnèse, en le complétant par des éléments sur l’évaluation de la motivation au changement du client, sur ses besoins en réinsertion sociale, ainsi que par un outil de repérage des problèmes liés au jeu pathologique (DEBA-Jeu).

Les développements actuels des prestations d’Addiction Valais (stepped care modèle, case management, transversalité des prestations dispensées en centre de jour) nécessitent de faire évoluer le système d’évaluation de la clientèle accompagnée au sein de la Fondation, en

Avec l’introduction du modèle stepped care, Addiction Valais travaille à réviser de façon pertinente sa version de l’IGT, en y intégrant les développements réalisés par le RISQ.

LA MESURE DES EFFETS DES PRESTATIONS De brefs résultats sur la mesure des prestations dispensées par la Fondation ont été présentés dans le chapitre cinq. Addiction Valais dispose de nombreuses données permettant de fournir des indicateurs sur l’évolution de la situation du client durant sa trajectoire au sein des unités de la Fondation. Par exemple, un outil informatique de type feuille de route évaluant l’évolution de la situation du client (notamment en termes d’atteinte des objectifs fixés) existe au sein du secteur ambulatoire depuis 2015.

Avec l’introduction du stepped care modèle et du case management, cet outil est à améliorer afin de pouvoir mesurer les plus-values pour le client qui découlent de cette double introduction. Il sera par conséquent adapté à la transversalité intersectorielle des prestations et introduit dans l’ensemble des unités. La recherche de la meilleure adaptation de l’accompagnement aux besoins et attentes du client, de la meilleure cohérence et efficience des prestations pourra se faire sur la base d’informations objectives et fiables, ainsi que sur des analyses de données pertinentes.

UNE COMMUNICATION DES RÉSULTATS EN CONTINU Addiction Valais a décidé de communiquer régulièrement dès 2020 sur l’évolution du phénomène de l’addiction en Valais, sur les profils de sa clientèle et sur les effets de ses prestations, tant en interne qu’auprès de ses

partenaires externes. L’objectif est de favoriser un transfert des connaissances spécifiques et une compréhension commune des problématiques rencontrées.

129


Réduction du risque

Stepped care modèle Addicti

STRATÉGIE NATIONALE ADDICTIONS

5

130

3 Complexité croissante

Prévention sélective

Traitement

4

2 1

RISQUES ASSOCIÉS

ÉVALUATION

• • • • • •

Comorbidité somatique sévère Comorbidité psychiatrique sévère Précarité financière Exclusion sociale Exclusion familiale Problème judiciaire

Grille DEBA* + IGT*

• • • • • •

Comorbidité somatique grave Comorbidité psychiatrique grave Difficulté financière Isolement familial Isolement social Problème judiciaire

Grille DEBA + IGT*

Le comportement problématique est installé. La perte de contrôle est quasiment quotidienne et les conséquences négatives sont présentes. La personne peine à trouver des ressources.

• • • • • • •

Comorbidité somatique modérée Comorbidité psychiatrique modérée Difficulté financière Rupture familale Rupture sociale Rupture professionnelle Problème judiciaire

Le comportement problématique s'installe. La perte de contrôle est fréquente et l'auto-gestion devient difficile pour la personne.

• • • • • •

Comorbidité somatique légère Comorbidité psychiatrique légère Difficulté dans la gestion financière Tension familiale Perte d'emploi ou difficulté d'insertion Perte du lien social

La problématique d'addiction est sévère mais sans doute secondaire. La personne peut souffrir des symptômes importants liés à la consommation. Les conséquences peuvent être irréversibles. La perte de contrôle est importante, les conséquences négatives sont importantes avec des dommages sur la santé physique et/ou psychique. Souvent, la personne se trouve dans des poly-consommations importantes.

La personne se trouve dans des comportements problématiques, c'est-à-dire chronique, excessif ou inadapté à la situation.

• Comorbidité somatique sur un long court • Comorbidité psychiatrique sur un long court • Difficulté dans la gestion financière • Tension familiale • Perte d'emploi ou difficulté d'insertion • Perte du lien social

Grille DEBA + IGT*

Grille DEBA + IGT*

Grille DEBA


ion Valais © CO - CONSTRUIRE UN PROJET DE QUALITÉ DE VIE

ÉVALUATION ET MOTIVATION PERSONNELLE

PARTENAIRES

MOYENS / OBJECTIFS

• Traitement intégré • Coaching aux équipes socio-éducatives

• Ambulatoire • Suivi à domicile • Traitement sur le lieu de vie

• Institutions socio-sanitaires • Proches • Médecins de 1er recours • Hôpitaux somatiques et psychiatriques • Psychiatres et psychothérapeutes • Autorités judiciaires • Pharmacies

• • • • •

• • • • • •

• • • • •

Ambulatoire Centre de jour Job coaching Traitement résidentiel Suivi à domicile

• Institutions socio-sanitaires • Proches • Médecins de 1er recours • Hôpitaux somatiques et psychiatriques • Psychiatres et psychothérapeutes • Autorités judiciaires • Pharmacies

• Abstinence • Maintien du lien dans le réseau • Traitement de substitution aux opiacés • Education thérapeutique

• • • • • • •

• • • • •

Ambulatoire Centre de jour Job coaching Traitement résidentiel Suivi à domicile

Ambulatoire Centre de jour Job coaching Traitement résidentiel

Entretien individuel Entretien de famille Travail en réseau Evaluation Groupe thérapeutique Réinsertion socioprofessionnelle • Entretien bifocaux Entretien individuel Conseil et accompagnement Entretien de famille Travail en réseau Evaluation Groupe thérapeutique Réinsertion socioprofessionnelle • Entretien bifocaux • • • • • • •

Entretien individuel Conseil et accompagnement Entretien de famille Travail en réseau Evaluation Groupe thérapeutique Réinsertion socioprofessionnelle

• • • •

• • • • •

Entretien individuel Conseil et accompagnement Entretien de famille Travail en réseau Evaluation

• Ambulatoire

• Institutions socio-sanitaires • Tribunal des mineurs • Partenaires CII • Proches • Médecins de 1er recours • Hôpitaux somatiques et psychiatriques • Psychiatres et psychothérapeutes • Autorités judiciaires • Pharmacies

Abstinence Maintien du lien dans le réseau Traitement de substitution aux opiacés Education thérapeutique Réduction des méfaits

• • • • •

Abstinence Consommation contrôlée Maintien du lien dans le réseau Traitement de substitution aux opiacés Education thérapeutique

Abstinence Consommation contrôlée Safezone Maintien du lien dans le réseau

• • • • • • • •

PME Institutions socio-sanitaire Tribunal des mineurs Partenaires CII Proches Médecins de 1er recours Hôpitaux somatiques et psychiatriques Psychothérapeutes

• • • •

• • • • • • •

Ecoles PME Institutions socio-sanitaires Tribunal des mineurs Partenaires CII Proches Médecins de 1er recours

• Abstinence • Consommation contrôlée • Safezone, Mes Choix

approche motivationnelle

CADRE D’INTERVENTION

PRESTATIONS

*Outils développés par le RISQ – IGT : Indice de Gravité de Toxicomanie – DEBA : Détection et Evaluation du Besoin d’Aide

ACCOMPAGNEMENT DE TYPE CASE MANAGEMENT

131


Direction et service centraux Place du Midi 36 I CP 885 1950 Sion 027 329 89 00 info@addiction-valais.ch addiction-valais.ch facebook.com/addictionvalais

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