Le dossier
© Shutterstock
LGBT+: les discriminations existent encore au travail L’homophobie et la transphobie constituent une atteinte au droit et à la dignité des travailleurs et des travailleuses. Malgré une législation protectrice, des discriminations sont encore le lot des LGBT+ sur leur lieu de travail. Focus sur la situation des personnes transgenres. I David Morelli I En démocratie, chacun devrait être libre de vivre sereinement son orientation sexuelle. Pourtant, de nombreuses personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles) doivent encore cacher leur préférence sexuelle ou leur identité de genre par peur des réactions négatives de leur famille et amis, ou des éventuelles conséquences préjudiciables sur leur lieu de travail. S’agissant des personnes transgenres, par exemple, une étude de 20181 révèle que les discriminations au quotidien restent importantes. Si plus de 70% des répondants indiquent vivre toujours, ou presque, suivant leur identité de genre, la moitié des répondants pointent le travail parmi les obstacles principaux. «Il y a des discriminations très importantes à l’embauche, explique Max Nisol, membre fondateur de l’association Genres Pluriels. Nombre de situations proviennent du fait que beaucoup d’employeurs
ne sont pas bien informés. cercles de sociabilité Ils rechignent de ce fait et/ou des structures à engager des personnes d’autorité et de pouvoir, Le mégenrage transgenres, surtout des refus d’aménagements est une personnes qui se fémiraisonnables, pour les discrimination nisent. Cela aboutit à douches et les vescondamnable une double discriminatiaires, licenciements… tion: être trans* et être Le mégenrage, c’est-àpar le droit considéré en tant que dire le non-respect du du travail. femme, avec les discrigenre de la personne minations sexistes que cela peut en utilisant le «Il» alors qu’elle supposer. Ces employeurs refusent souhaite être «elle», ou inversel’engagement ou prétendent avoir ment, constitue une des formes de trouvé quelqu’un d’autre.» discrimination qui touche les personnes trans*. «Le mégenrage est une discrimination condamnable L’impact du mégenrage par le droit du travail, explique Mais les discriminations à l’en- Max Nisol. Le non-respect par l’emcontre des LGBT+ ne s’arrêtent pas ployeur de l’identité de genre de aux portes des bureaux et des la personne a un impact sur sa vie usines. «L’homophobie au travail courante et accroit les risques de n’est pas assez prise au sérieux» harcèlement et d’outing2.» Le refus, constatait Patrick Charlier, directeur par exemple, de modifier le préd’Unia, au vu du nombre record nom sans changer le genre sur la de dossiers ouverts dans son ins- fiche de paie constitue une autre titution en 2019. Insultes ou «bla- forme de discrimination à laquelle gues» douteuses, refus d’avance- sont parfois confrontées les perment, déni de droits, exclusion des sonnes trans*. L’Info n°9
13 mai 2022
I7 I