Extrait "Nona la Neuvième" de Tamsyn Muir

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TAMSYN MUIR

NONA LA NEUVIÈME

LE TOMBEAU SCELLÉ 3

NONA LA NEUVIÈME

LE TOMBEAU SCELLÉ

Gideon la Neuvième

Harrow la Neuvième

Nona la Neuvième

Alecto la Neuvième

Titre original :

Nona the Ninth

Éditeur original : Macmillan Publishing Group, LLC, New York

© Tamsyn Muir, 2022

© ACTES SUD, 2024 pour la traduction française

ISBN 978-2-330-18956-3

TAMSYN MUIR

NONA LA NEUVIÈME

Le Tombeau scellé 3 roman traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Stéphanie Lux

pour pT

DRAMATIS PERSONÆ

LISTE DES INVITÉ·ES (retranscrite par C. Hect)

Chiens à inviter à l’anniversaire

– Le chien brun qui traîne près de la poissonnerie, taille moyenne, quatre pattes

– Stop It, nom présumé, toujours couché sous le comptoir de l’épicerie, roux, grande taille, quatre pattes

– Le chien noir et blanc vu une fois dans le parc, taille moyenne, queue en tire-bouchon, trois pattes

– Noodle, secrètement roi des chiens, blanc cassé, petite taille, six pattes

– Le chien aperçu sur la plage, grande taille, épais sourcils roux, trois pattes

Membres de la bande à inviter à l’anniversaire

– Sauce Piquante

– Franchise

– Né au Matin

– Rubis Magnifique

– Kevin

– L’Ange ?

Professeurs

Sang d’Éden

– Couronne (Couronnons-Le de Maintes Couronnes) (Non. — C.)

– La capitaine, peut-être (Pas possible. — C.)

– La commandante de Cellule Nous Souffrons et Nous Souffrons, mais je crois qu’elle est plutôt commandante d’Escadrille, je ne suis pas sûre (Les deux, et non. — C.)

– Et vous trois (C’est bon à savoir. — C.)

Un pour l’Empereur, d’entre nous le premier, Un pour ses Lycteur·es, par lui convoqué·es, Un pour ses Saint·es, anciennement choisi·es, Un pour ses Mains, et les épées saisies.

Deux pour la Discipline, malgré les coups du sort, Trois pour l’Éclat de l’or, ou celui d’un sourire, Quatre pour la Loyauté, tournée vers l’avenir, Cinq pour la tradition, les dettes envers les morts, Six pour la Vérité, sans mots consolateurs, Sept est pour la Beauté qui éclôt et qui meurt, Huit est pour le Salut, et quel qu’en soit le prix, Neuf est pour le tombeau, et ce qui fut détruit.

Tu m’as dit : Dors, je t’éveillerai au matin.

J’ai demandé : Quand viendra-t-il ? Et tu as répondu : Quand tous ceux qui se sont foutus de moi seront morts.

Quand tous ceux que nous avons aimés auront fui, disparu, Viendra le matin. Le vide est synonyme de pureté. Il est temps de border mon ébauche de rêve.

À l’heure désignée

Je remonterai tes draps. J’éteindrai la lumière, m’étendrai à tes côtés, mourrai… et passerai la nuit.

Cette fois, nous réussirons : Pardonner sera aisé, la colère ne durera pas, Nos tombeaux seront moins profonds, et moins vrais nos mensonges.

Tu as brandi l’épée. Je t’aime enc

NONA LA NEUVIÈME

JOHN 20:8

Dans le rêve, il prononce des mots qui disent où il a fait ses études, son postdoc, sa bourse de recherche. Des mots comme un bruit de fond, qui ne lui sont pas vraiment destinés. Comme une sorte de méditation, comme si sa bouche elle-même savait la futilité de tout ça, récitait simplement une litanie. Dilworth. Otago. Auckland. Puis Corpus. (Elle aime le mot corpus, sa sonorité ronde et pleine.) Puis un an à l’étranger, où il obtient une bourse, rencontre ceux qui feront bouger les choses. Plaidoyer spécial auprès du gouvernement néo-zélandais et de l’Asia-Pacific Environmental, de sa propre initiative, puis retour au complexe, en banlieue de Greytown. Qu’ils avaient camouflé en usine de surgelés. On trouvait ça drôle, dit-il.

Il dit : Nous voulions juste te sauver. Tu étais tellement mal en point.

Il dit : Au départ, il n’y avait que A—, M— et moi. Pas par manque de budget pour une équipe plus importante, mais parce que nous étions les seuls capables de faire ce qu’ils demandaient. M— pour les soins médicaux, A— parce qu’il était le spécialiste du glycérol 6. Il aurait pu partir où il voulait, mais il était resté avec moi… et Dieu merci, parce que c’est lui qui gérait les actionnaires. Je pouvais m’occuper de tout le reste, mais ces réunions étaient vraiment mortelles. Je crois que je ne m’y ferai jamais. C— nous a été amenée par les exécutifs de la supervision pour les contrats, tu sais, les chèques, la compta, mais regarde où ça les a menés, elle était de notre côté avant même la fin de la première année…

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Il dit : Tu dois comprendre que jusqu’à l’année dernière, nous étions convaincus qu’ils allaient mener le programme à bien. Nous savions que le plan pouvait marcher. Les conteneurs cryo Mark R pouvaient facilement accueillir onze milliards de personnes. Pour une équipe entraînée de quatre personnes, nous étions parvenus à réduire la procédure à cinq heures par individu. Avec un diplôme médical, la formation pourrait ne prendre que quelques semaines, et la main-d’œuvre n’était pas le problème si nous commencions immédiatement. Bien sûr, la question de la maternité n’était pas totalement réglée, mais nous y étions presque, et le conditionnement était parfait. Évidemment, ils s’étaient plaints de notre calendrier, ils avaient râlé à cause de l’argent, mais c’était inévitable. Notre règle était : n’abandonner personne.

Il dit : Ils étaient déjà en train de construire les autres vaisseaux qu’on nous assurait que ce n’était rien, qu’on les envoyait sur l’installation Kuiper pour être parés à l’évacuation de l’ensemble de la population. L’IAF était associée au projet, PanEuro Astronautics avait donné son feu vert, tout paraissait inoffensif. Nous leur avions même envoyé G— pour parler revêtement des fusées. M— n’aimait pas ça, elle disait que ça sentait l’arnaque, mais tu sais ce que je lui ai répondu ? Je lui ai dit : Garde la tête froide !, je lui ai dit : Ne sois pas paranoïaque ! Je l’ai regardée droit dans les yeux, bordel, et je lui ai dit : C’est notre porte de sortie, dès que cette demi-douzaine de milliardaires s’en rendra compte, ils suivront l’oxygène. Voilà ce que je lui répétais. Ils suivront l’oxygène. Les riches se dirigeront vers la sortie.

Il dit : Quand on m’a appelé pour m’annoncer l’arrêt du projet cryo, elle m’a regardé et elle m’a dit : Et voilà, John.

Dans le rêve, ils sont assis sur la plage. Il a fait un feu avec du bois flotté. La fumée forme une trace noire sur la toile tendue au-dessus de leurs têtes. Il pleut toujours des cendres. Ça leur donne un peu la nausée, puis ça passe. Tout ce qui les atteint passe rapidement.

Dans le rêve, elle est assise à côté d’un morceau de viande qu’il a découpée, des cuisses principalement, pour quand ils auront faim, ce qui leur arrive rarement, mais toujours en 16

même temps. Alors ils mangent côte à côte jusqu’à en avoir mal au ventre. Puis ils boivent l’eau de la mer, comme des chiens.

Après une pause, il dit : Tu sais le pire ? Elle a pleuré. Et A— aussi. Ils ont pleuré tous les deux. Dans les bras l’un de l’autre, comme des bébés. Ils étaient terrifiés. Et moi, je ne pouvais rien faire. Malgré tout ce que j’étais, tout ce que j’avais fait, je ne pouvais rien faire du tout, bordel.

Il garde le silence un long moment. La mer vient manger le sable. Les vagues scintillent un peu, pourtant il n’y a pas de soleil, juste un épais nuage jaune.

Elle lui demande : Alors, qu’est-ce que tu as fait ?

Il dit : Absolument rien.

Elle lui demande : Quand viendra le moment où tu me feras du mal ?

Il dit : Bientôt. C’est pour bientôt.

Elle dit : Je t’aime encore.

Et dans le rêve, il se frotte la tempe du pouce et répond : C’est ce que tu dis toujours, Harrowhark.

À bien des égards, Nona semble être une personne ordinaire. Elle vit avec sa famille, va à l’école du quartier et n’aime rien tant que les longues balades sur la plage. Mais Nona n’est pas une jeune lle comme les autres : six mois plus tôt, elle s’est réveillée dans le corps d’une étrangère et elle a peur de devoir le rendre.

Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle aime Camilla, Pyrrha et Palamedes. Qu’elle est fascinée par sa nouvelle amie, Sauce Piquante. Et qu’elle adore ses belles tresses autant que Noodle, le chien de la prof de sciences.

Ce ne sont pas les nécromanciens de retour dans la ville qui l’inquiètent. Ni cette immense sphère bleue dans le ciel, qui rend fou les habitants de la cité. Depuis six mois, Nona n’attend qu’une chose : sa fête d’anniversaire.

Dans cet avant-dernier volet du Tombeau Scellé, tout se prépare pour que les enfers se déchaînent : les forces du Sang d’Eden encerclent les derniers soldats de la Cohorte, attendant le signal de l’Empereur Immortel, Premier Nécrolord. Leurs chefs voient en Nona l’arme capable de les sauver des Neuf Maisons, mais elle préfèrerait mener une vie paisible auprès de ceux qu’elle aime.

Et, chaque nuit, elle rêve d’une femme au visage de squelette…

Tamsyn Muir est néo-zélandaise. Elle vit à Oxford, au Royaume-Uni.

Gideon la Neuvième, le premier volume de la tétralogie du Tombeau scellé, s’est vu décerner le Locus Award en 2020.

Roman traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Stéphanie Lux

Illustration de couverture : © Tommy Arnold, 2022

DÉP. LÉG. : AVRIL 2024

24,80 € TTC France www.actes-sud.fr

ISBN 978-2-330-18956-3 9:HSMDNA=V]^Z[X:
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