VOYAGES & STRATÉGIE n°183

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DOSSIER STRATÉGIE nous depuis longtemps, mais ça reste anecdotique. Je préfère une stratégie d’achats de devises à terme qui permet de verrouiller le prix » ajoute Guillaume Ernié, directeur de l’agence. Seul « risque » : que le taux du dollar baisse de manière importante après l’achat, une baisse dont l’entreprise ne pourrait pas bénéficier… « Cette pratique de prix garanti, avec pour corollaire l’achat à terme de devises, n’est toutefois pas commune dans le MICE » précise Dominique Plaissetty.

Une diminution de la qualité des prestations À plus long terme, c’est clairement la place des États-Unis sur le marché MICE qui est en cause, et plus globalement celle des destinations « dollar ». « Il est trop tôt pour voir si les États-Unis vont être éjectés des appels d’offre, car devenus trop cher.

rapport à l’ensemble des monnaies qui est en cause. Récemment, nous avons facturé à un client une augmentation de 50 000 € par rapport à son budget initial, au titre du changement de parité entre l’euro et le bath thaïlandais » complète Michel Dutertre. « Les entreprises sont rarement attachées à un pays. Elles vont là où leur budget pourra être le mieux utilisé. Je n’ai par exemple pas vendu d’Argentine depuis un an, alors que c’était un pays majeur pour l’agence » ajoute Corinne Martin. Dans ces conditions, pour des clients souhaitant absolument aller aux ÉtatsUnis ou dans une destination « dollar », la solution passe par une diminution de la qualité des prestations sur place, en privilégiant un hôtel 3* plutôt qu’un 4* ; ou par la diminution de la durée des opérations. « Mais il est difficile de faire pire, les entreprises

Alors qu’une partie du globe est « interdite » au MICE pour des raisons sécuritaires, des destinations « dollar » risquent de sortir du marché. Mais le risque est réel, au bénéfice de destinations européennes en vogue, comme Berlin, Lisbonne ou Bruxelles » estime Ludovic Kintgen, directeur de l’agence Compagnie Meeting. « Actuellement, il s’agit moins de la hausse du dollar que de la baisse de l’euro par

ont déjà beaucoup réduit leurs prestations dans le passé. C’est aussi son image qui est en jeu » estime Corinne Martin. « La hausse du dollar va tout particulièrement toucher certains prestataires qui avaient la main trop lourde ! Lorsque vous séjournez quatre

nuits dans un hôtel dont la chambre est facturée 700 dollars, la variation du taux de change augmente le prix final de 250 à 300 euros. Pour un hôtel à 200 dollars, cela ne représente plus que 60 à 80 euros » estime pour sa part Dominique Plaissetty.

Une aubaine pour la France « Pour les réceptifs sur place, le seul levier est de rogner sur nos marges ou de baisser la qualité des activités proposées pour rester dans les budgets, par exemple passer d’un menu de 4 à 3 plats » complète Véronique Perret, directrice du DMC new yorkais Event Première. Elle constate aussi que les clients négocient de plus en plus les contrats, et réclament des baisses de prix, une situation difficile à concilier avec des délais de plus en plus courts, parfois quelques semaines seulement avant une opération. « Mais les Américains ne sont pas les champions de la négociation commerciale » ironise Guillaume Ernié. Quant au paiement de prestations en euros en dehors de l’Europe, il reste cantonné à des relations commerciales particulières et privilégiées, la plupart des pays préférant conserver le dollar comme devise étalon. Bref, alors qu’une partie du globe est désormais « interdite » au MICE pour des raisons sécuritaires, de nombreuses destinations « dollar » risquent à leur tour de sortir partiellement du marché. L’Europe, et la France, se frottent les mains. « Il faut voir le côté positif de cette variation de parité. Notre pays va devenir encore plus attractif, pour les entreprises françaises et pour nos amis américains » conclut Dominique Plaissetty. n


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