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AUTOFESTIVAL

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L’AUTOMOBILE RESTE UN GAGE DE LIBERTÉ »

Par Patrick Théry

Philippe Emond (Bilia-Emond), Pascal Driant (CAR Avenue), Marc Devillet (Autopolis) et Michel Louro (Losch) passent au crible l’actualité du monde de l’automobile. Rencontres.

Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?

Philippe Emond : Au niveau des commandes, c’est une très bonne année. Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Mais nous n’arrivons pas à livrer certains modèles. C’est très variable, nos principales difficultés concernent surtout les voitures électriques. La BMW série 1, qui est très demandée dans les flottes d’entreprises, nous pose aussi des problèmes.

Pascal Driant : Nous avons vécu une nouvelle année de résilience pour la distribution automobile dans un contexte économique particulier. Avec un marché luxembourgeois en recul en termes d’immatriculations et une règlementation européenne plus stricte. Nous nous battons pour satisfaire nos clients et maintenir des résultats positifs.

Marc Devillet : Nous avons vécu une année très spéciale, notamment en raison des difficultés de livraison des voitures neuves. Ça peut paraître surprenant, mais nous avons quand même réalisé de bons chiffres, au-dessus des objectifs que nous nous étions fixés. Le vaste choix de notre offre multimarque ainsi que notre nouvelle offre « private lease » nous ont beaucoup aidés.

Michel Louro : Nous étions bien préparés pour l’Autofestival de l’année dernière après deux années difficiles. Nous étions satisfaits. Mais après un Autofestival positif, la guerre en Ukraine a éclaté. Alors que l’automobile sortait petit à petit de l’impasse des semi-conducteurs, elle était confrontée à une rupture de livraison de composants essentiels, en particulier des faisceaux de câbles. Mais finalement, l’année dernière s’est bien déroulée.

Qu’attendez-vous de cet Autofestival qui s’ouvre dans une semaine ?

Philippe Emond : Nous cultivons un optimisme raisonnable compte-tenu du portefeuille que nous avons déjà en attente de livraison. Nous ne rêvons pas d’une correction en un claquement de doigts. Il faudra peut-être un an ou deux pour se remettre sur les rails.

Mes interrogations concernent surtout ce que qui nous attend cette année alors qu’on entend parler de récession et de krach. Chez BMW, les objectifs restent les mêmes.

Pascal Driant : Pour moi, l'Autofestival c'est l'événement majeur, incontournable, qui marque le lancement de chaque nouvelle année pour le monde de l'automobile au Luxembourg. Il est à la fois convivial, unique et important en termes de business car il donne la tendance du reste de l'année. Nos équipes sont préparées, déjà dans les starting-blocks et les nouveaux modèles proposés par les marques que nous distribuons sauront répondre aux attentes en termes de motorisation, de confort, de sécurité et d’esthétique.

Marc Devillet : Nous sommes impatients d’y être. L’Autofestival est la grande fête de l’automobile. Pour nous, il reste le moment le plus important de l’année durant lequel nos clients peuvent bénéficier des meilleures offres. Cette année nous serons gâtés au rayon des nouveautés avec le lancement de l’Abarth 500e, la MG4, la Jeep Avenger, le Hyundai Ioniq 6 et le Volvo Ex90.

Michel Louro : Nous restons dans un marché qui fait face à de nombreuses incertitudes. Néanmoins, je vois aussi des signaux positifs, notamment la baisse d’un point de la TVA. Même si la situation est difficile, le parc automobile continue à se renouveler. La semaine prochaine nous espérons accueillir un maximum de public dans nos concessions et retrouver le côté festif de l’Autofestival.

Comment voyez-vous le marché des voitures neuves évoluer ?

Philippe Emond : Tout le monde ici continue à bien vendre. Nous avons un gros potentiel chez BMW car la marque a choisi une approche très claire que je peux résumer par le « power of choice ». En somme, nous n’avons pas changé nos motorisations du tout au tout et nous continuons à offrir un vaste choix de motorisations à nos clients.

Je pense que les technologies n’ont pas fini d’évoluer et de s’améliorer et qu’il faut leur laisser le temps de grandir.

Pascal Driant : Nous avons beaucoup vendu l’année dernière, mais nous n’avons pas pu livrer autant que nous le souhaitions. Mécaniquement, le marché de l’occasion en a profité. Mais si nous n’avons pas de véhicules neufs à mettre sur nos routes, le marché de l’occasion va lui aussi se tarir.

Marc Devillet : Les véhicules thermiques sont toujours d’actualité mais nous observons que le marché s’électrifie. Nous constatons que les sociétés s’y mettent sérieusement, y compris pour leurs salariés qui font beaucoup de kilomètres. Du côté des particuliers aussi, notamment via notre formule « private lease » qui prend de plus en plus d’ampleur. Les clients sont attirés par cette offre où finalement ils n’ont qu’un seul loyer à verser sans se poser la question de l’entretien, de l’assurance, des pneus, ou de la valeur de revente future.

Michel Louro : En regardant les immatriculations des voitures de l’année dernière, on pourrait se dire de prime abord que le marché du neuf s’essouffle. Il faut cependant garder à l’esprit que ces chiffres ne tiennent pas compte du nombre de véhicules neufs commandés et qui n’ont, pour l’instant, pas été livrés. Par ailleurs, les offres de leasing privé pour les particuliers sont aujourd’hui une excellente solution pour changer de véhicule.

Les délais de livraison pèsent lourd sur la décision des acheteurs, la situation s’améliore-t-elle ?

Philippe Emond : En tant que marque premium, nous avons une attitude orientée vers les clients. Bien entendu, nous aimerions faire mieux. Mais en termes industriels, il faut du temps pour commander les composants et les matériaux en quantité suffisante. Toutefois, nous sommes sur la bonne voie vers un retour à une certaine normalisation.

Pascal Driant : Les clients sont patients et compréhensifs. Ces délais de livraisons sont connus dans l’automobile du fait de la crise des semi-conducteurs mais affecte aujourd’hui plein de domaines d’activité avec la pénurie de chauffeurs routiers. Nos équipes sont totalement mobilisées pour apporter les meilleures solutions à nos clients. Nous faisons le lien en permanence avec les constructeurs, proposons des solutions de location longue ou courte durée avec CAR Avenue RENT, y compris sur des véhicules récents, et offrons un large choix de véhicules d’occasion pour répondre à leur besoin de mobilité.

Marc Devillet : On ne maîtrise pas les délais. Je crois qu’il faut le dire clairement. Les délais de livraison ne dépendent pas de nous et cela nous pose évidemment beaucoup de soucis. Toutefois, nous espérons que ceux-ci vont se raccourcir au fur et à mesure de cette année.

Michel Louro : Les délais varient selon les marques, les modèles et le niveau d’équipement. Selon les équipements voulus, une voiture peut être livrée dans un délai de trois à six mois. Mais il est vrai qu’en moyenne nous sommes davantage autour de douze mois. En 2021, nous avons été pris de court. Les clients se tournaient vers nous pour demander des comptes. Aujourd’hui, la situation est connue de tous et les clients savent que s’ils veulent leur nouvelle voiture pour la fin de l’année c’est à l’Autofestival qu’il faut la commander.

Michel Louro LOSCH

Pour la première fois au Luxembourg, il y a eu plus d’immatriculations de véhicules d’occasion que de véhicules neufs. Pour vous quelle est l’importance de ce marché ?

Philippe Emond : Le marché tire profit de la crise du neuf. Pendant des années, les constructeurs ont produit des véhicules neufs en trop grande quantité. Nous avons même fini par créer de « fausses occasions » avec des véhicules neufs qui avaient à peine plus de 5 000 km et qui étaient bradés.

Aujourd’hui, tout ça c’est fini. Mais la demande est toujours là. Pour moi, la voiture reste un bien de consommation durable et reprend de la valeur. J’espère sincèrement que ça durera. C’est aussi une bonne nouvelle pour le marché fleet qui permettra de rééquilibrer les valeurs résiduelles et maintenir des loyers abordables. Depuis 30 ans, j’ai vu l’évolution de la vente d’occasion. Il est passé de corvée pour les concessionnaires à un vrai marché porteur.

Pascal Driant : Le marché de l’occasion a toujours été une opportunité d’autant qu’un véhicule connaît plusieurs cycles de vie. Les facteurs qui contribuent au succès du marché de l’occasion : la fiabilité des modèles, les garanties proposées et les formules de financement notamment la location avec option d’achat, particulièrement plébiscitée. L’occasion est aussi une solution de transition pour tous nos clients qui se posent la question du choix entre le thermique, l’électrique ou l’hybride.

Marc Devillet : Avec les délais de livraison qui s’allongent, le marché de l’occasion est devenu la meilleure alternative pour les clients. Ils peuvent profiter d’une livraison immédiate et d’un choix plus large : les véhicules d’occasion sont devenus essentiels. Pour assumer l’augmentation de la demande nous en achetons un peu partout en Europe, mais toujours en respectant nos critères de sélection très précis. En parallèle, nous avons créé un département d’occasions exclusives dans notre showroom de Bertrange avec des voitures de sport d’exception. Cela nous permet de compléter notre offre et de partager notre passion pour l’automobile avec le plus grand nombre.

Marc Devillet AUTOPOLIS

Michel Louro : Chez Losch, nous avons créé une marque spécifique pour les véhicules d’occasion. C’est un marché très porteur d’autant plus ces deux dernières années avec les délais de livraison qui se sont allongés. Avec Used Cars by Losch, non seulement nous vendons notre stock de véhicules, mais nous avons aussi diversifié nos prestations avec un service d’estimation et de recherche.

Nos modes de déplacement sont en pleine révolution, quelle sera la mobilité de demain ?

Philippe Emond : La liberté des gens reste l’automobile. À quoi va-t-elle rouler, c’est une autre question. Aujourd’hui, il y a une pression forte sur l’électricité mais les développements de l’année dernière avec la flambée des prix nous ont montré les limites de cette pensée. Et cela sans même parler des conséquences si un véhicule à batterie électrique venait à brûler dans un espace confiné.

Pour moi, la vraie solution c’est l’hydrogène. C’est un carburant que l’on peut produire à l’infini et qui permet, aujourd’hui, de conserver des niveaux d’autonomie autour de 800 km. Cette technologie qui est d’ailleurs compatible avec le moteur thermique offre donc une vraie liberté de mouvement.

Pascal Driant : Chacun n’a pas la possibilité d’habiter au cœur des villes et de bénéficier des infrastructures de transport urbain et collectif. La voiture reste le meilleur moyen de se déplacer librement. La motorisation pourra changer, comme c’est le cas avec la montée en puissance des modèles électriques ou hybrides. Nous partageons avec Stéphane Bailly, président du groupe CAR Avenue, l’idée que l’hydrogène est résolument la technologie de l’avenir.

Pascal Driant CAR AVENUE

L'avenir de notre mobilité se trouve dans un mix de toutes les énergies propres

Il y a aussi le développement de plus en plus du covoiturage ne serait-ce que pour des raisons économiques évidentes au- jourd’hui. Chez CAR Avenue, nous avons, par exemple, mis deux camionnettes de 9 places à disposition de nos salariés pour favoriser le covoiturage.

Marc Devillet : La mobilité de demain se fera évidemment en voiture. La mobilité personnelle va perdurer, je n’ai pas de doute là-dessus. Chacun est dans son environnement et s’y complaît, c’est une question de liberté personnelle.

Dans les villes, nous nous rendons compte que la circulation en voiture devient très compliquée. Dans cet environnement, les solutions multimodales seront certainement privilégiées. Aujourd’hui, nous prenons la direction d’une électrification du parc automobile. Les décisions qui seront prises en 2026 en Europe seront déterminantes. Nous pourrions voir arriver des alternatives comme l’hydrogène ou des solutions comme les carburants propres.

Michel Louro : Je vois la mobilité évoluer en plusieurs phases. À court terme, les voitures électriques seront sans aucun doute le moyen le plus adéquat de se déplacer de manière écoresponsable. À moyen et long terme, il me paraît hasardeux de se reposer sur les seules motorisations électriques. Carburants synthétiques, diesel HVO, hydrogène ou électrique ? Pour moi, l’avenir de notre mobilité se trouve dans un mix de toutes ces énergies.

Les dates de l’Autofestival

La 59e édition de l'Autofestival se tiendra du lundi 23 janvier au samedi 4 février inclus. Les concessions accueilleront aussi les curieux le dimanche 29 janvier. « Cette extension à 13 jours permettra aux concessionnaires automobiles participants de répartir l'affluence attendue sur deux semaines complètes et d'offrir ainsi aux clients des conseils personnalisés », assure la Fedamo.

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