Nathalie Zampino La retouche est d’or
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tout appris. C’est de l’artisanat pur, du sur-mesure », souritelle. Aujourd’hui, la couturière est débordée de travail. « Ça ne désemplit pas, reconnaîtelle. Nous retouchons de plus en plus les vêtements. Je pense que c’est en partie dû à la crise, mais pas seulement. Ce sont des habits que les gens possèdent depuis des années, taillés dans des matières qui en valent le coup : de beaux lainages, des manteaux en cachemire. Ce sont des matières que l’on ne retrouve pas forcément aujourd’hui où l’on est plus dans du vêtement “jetable”, à l’image de notre société de consommation. Il y a donc une vraie démarche : arrêter de jeter à tort et à travers. » Elle va donc soigneusement « démonter » le vêtement et le reprendre parfois presque entièrement. « Mon travail, c’est de les remettre au goût du jour, de les moderniser. Par exemple, dans les années 80 ou 90, les emmanchures étaient très larges, raconte-t-elle. Aujourd’hui, on va les diminuer pour faire des carrures plus petites, plus cintrées, plus longilignes. On remet donc la veste complètement à plat et on refait tout de à A à Z. Ce sont des retouches qui peuvent coûter de 300 à 400 euros. » Nathalie travaille aussi une matière magique : la fourrure. C’est l’une des dernières couturières à savoir le faire. « C’est une technique particulière que j’ai apprise chez le tailleur, explique-t-elle. Il faut encore une fois moderniser ces fourrures. Avant, par exemple, il y avait de grandes manches, c’était énorme et ça, les clientes n’en veulent plus, c’est trop imposant. Là encore, on va revenir à des coupes bien droites, près du corps. » Devant cette avalanche de compétences, une question reste en suspens : a-t-elle encore le temps de nous faire juste un ourlet ? « Oui, évidemment, sourit-elle, on va glisser ça rapidement entre deux retouches plus importantes. On travaille pour tout le monde et on fait tout ! »
L’atelier de Nathalie Zampino a des airs de caverne aux trésors. Partout, pendus à des cintres, les vêtements attendent sagement leur tour. C’est ici qu’ils vont pouvoir devenir ou redevenir cette armure des temps modernes qu’est l’habit. La couturière n’a qu’une idée en tête : leur donner la forme parfaite, celle qui ira le mieux au corps de leur propriétaire. « Le corps féminin et masculin me plaît. J’aime savoir pourquoi un vêtement va ou ne va pas, explique-t-elle. Ce qu’il faut savoir, c’est que tout le monde peut s’habiller. C’est juste que dans le commerce il y a des tailles qui ne correspondent pas forcément à toutes les morphologies. Quand le client ou la cliente vient chez nous, on va le conseiller selon sa morphologie : je lui explique pourquoi le vêtement va aller. Automatiquement, après, il va aimer s’habiller. » Il ne faut donc absolument pas s’y tromper, la retouche n’est pas la partie la plus simple ou même simpliste du métier : c’est un art. « À partir du moment où elles savent faire un ourlet, certaines personnes s’improvisent couturiers ou couturières. Moi, je pense qu’il faut d’abord savoir faire du sur-mesure avant de se lancer dans la retouche. L’inverse n’est pas vrai. » Il a fallu de longues années à Nathalie pour dominer son sujet. Après quatre ans d’études, elle obtient un brevet de technicien. Elle rejoint ensuite une usine de couture haut de gamme pendant trois ans où elle travaille à la conception des prototypes. « Nous faisions des petites séries, se rappelle-t-elle. J’ai appris beaucoup au niveau du montage du vêtement. Je suis passée par tous les postes, ça m’a permis d’avoir un vrai plus par rapport à ma sortie d’école. J’ai appris la rapidité. » Mais la vraie maîtrise de son métier, elle l’a acquise auprès de Tony Zampino, le tailleur nantais de la rue Lamoricière. « C’est là que j’ai
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