L'enquêteur du Mercredi 23 Août 2023

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L’entretien choc de Halidou Mounkaïla, SG de la CNT, sur le coup d’Etat militaire et les attentes des travailleurs

L’art de l'opportunisme

Quand la ‘’Société Civile’’ vise les postes de la haute sphère du pouvoir

L’ENQUÊTEUR

La spectaculaire faillite de l'UA face à la crise politique au Niger

DES HEURES DE DÉBATS, ZÉRO SOLUTION

Coup d’Etat au Niger, l’UA navigue à vue

Lecoup d'État survenu au Niger a une fois de plus révélé les li‐mites de l'interventionnisme africain dans la gestion des crises. La récente décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union afri‐caine (UA) sur la situation au Niger est symptomatique d'un manque de résolution, allant jusqu'à question‐ner le rôle et la pertinence même de cette institution panafricaine.

L’UA, après huit jours de délibération silencieuse, a finalement choisi de suspendre le Niger de toutes ses ac‐tivités, évoquant une "condamnation sans équivoque" du coup d'État. Pourtant, en analysant de près ses décisions, on y discerne une certaine contradiction dans l'approche.

Alors que des voix au sein du CPS re‐connaissent que les sanctions impo‐sées par la CEDEAO au Niger pourraient s’avérer disproportion‐nées, l'UA, dans une sorte d'ironie bureaucratique, a décidé de les

maintenir. Si l'UA elle‐même recon‐naît que ces sanctions pourraient nuire davantage à la population qu'aux putschistes, pourquoi diable les maintenir ?

Le maintien de ces sanctions, pose la question de l'effi‐cacité des mesures punitives prises à la hâte.

Plus troublant en‐core est le flou ar‐tistique entourant la question d'une possible intervention militaire de la CEDEAO dans notre pays. Plutôt que de prendre une position ferme, l'UA semble avoir opté pour une stratégie d’indécision. D'un côté, elle valorise les efforts de média‐tion, et de l'autre, elle laisse planer l'ombre d'une intervention armée sans pour autant l'écarter définiti‐vement. Un tel double discours hy‐pocrite, ce genre de tergiversations

Lettre ouverte controversée de la fille du président déchu

envoie des signaux contradictoires non seulement aux acteurs sur le ter‐rain, mais aussi aux citoyens africains, qui attendent des instances continen‐tales clarté et détermination.

L’UA, au lieu de jouer son rôle pivot en tant que balise morale et politique sur le continent, semble s'être retranchée derrière une diplomatie d’hésitation. Elle demande des évaluations, nomme des représentants pour en‐courager la médiation, mais tout cela sonne comme des mesures dilatoires face à l'urgence de la situation au Niger.

L’Afrique mérite mieux. L’UA se doit d’être proactive, visionnaire et réso‐lue, et privilégier toujours les intérêts des peuples. Dans le cas nigérien, l’Union Africaine aurait dû affirmer une position claire et cohérente contre les sanctions et une interven‐tion armée au Niger, au lieu de se per‐dre dans un labyrinthe de demi‐mesures. n

Pétrole, putsch, propagande et manipulation, la dangereuse rhétorique de Zazia Bazoum

Quotidien Nigérien d’Informations - 21ème Année - N° 2.200 du Mercredi 30 Octobre 2019 - Prix : 300 FCFA Quotidien Nigérien d’Informations - 22ème Année - N° 2.424 du Jeudi 05 Novembre 2020 - Prix : 300 FCFA www.lenqueteur.net www.lenqueteur.net DR
Editorial par Soumana I.Maïga
lenqueteur-niger.com Quotidien Nigérien d’Informations - 25ème Année - N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 - Prix : 350 FCFA P.3
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RÈGLES DE LA COURTOISE ET DU SAVOIR-VIVRE AU BUREAU

«L’enfer, c’est les autres.» Comme cette phrase résonne à vos oreilles lorsque vous êtes au bureau ! Oui, il va falloir supporter vos collabora teurs les plus incivils et, pourquoi pas, réfléchir à votre propre comportement. Etes vous certain de rester courtois dans un open space ? Pensez vous à re mercier un client quand il vous a invité à déjeuner ? N’êtes vous pas trop ba vard devant la machine à café ? Dans ces 100 règles de la courtoisie et du sa voir vivre au bureau, l’on vous rappelle ces usages quelquefois oubliés et pour tant indispensables à votre réussite.

CES CHERS TÊTES

Ils font votre bonheur et c'est normal.

Résistez pourtant à la tentation de par‐ler de vos enfants sans cesse au bureau.

Raconter dans les détails leurs pre‐miers pas, leurs premiers mots, leurs premières dents, n'intéresse au fond que vous et vos proches. Vos collègues ne sont peut‐être pas vos amis intimes et les progrès de votre fils en mathéma‐tiques ne provoqueront chez eux au‐cune exultation, même si vous semblez le croire. Ils sont seulement polis et veulent vous faire plaisir. Bien sûr, d'autres vous demanderont des nou‐velles, répondez‐y brièvement. N'ou‐bliez pas ces femmes qui, passé un certain âge, n'ont pas d'enfants. C'est peut‐être un choix, peut‐être pas. Et entendre de longs discours sur la ma‐ternité peut leur être douloureux. Vos charmantes têtes vous offrent leurs dessins ? Gardez‐les précieusement chez vous et ne les accrochez pas tous sur le mur de votre bureau. Quelques dessins seront amusants et même joyeux, quinze œuvres de vos enfants punaisées un peu partout et vous ins‐tallerez chez vos visiteurs un senti‐ment mitigé ! Ne passez pas non plus votre temps à leur montrer les pho‐tos de vos enfants sur votre télé‐phone portable : ils se sentiront coincés et obligés de s'extasier. n

MOTS ET EXPRESSIONS EMPLOYÉS À MAUVAIS ESCIENT

Mots et expressions utilisés à contresens ou faux sens à foison, imprécisions et confusions en tout genre, cette nouvelle rubrique aborde toutes les erreurs ou ma ladresses courantes en français sans ja mais les épuiser tant la tâche semble herculéenne et sisyphéenne !

MÉTHODOLOGIE

L’époque est aux mots imposants, tech‐niques, qui assoient une autorité irréfraga‐ble… du moins en apparence ! Ainsi en va‐t‐il des cinq syllabes de méthodologie , beaucoup plus majestueuses et savantes que le banal nom méthode, bien maigrichon avec ses deux syllabes… Pourtant, si celui‐ci s’est vu plus ou moins évincé par celui‐là, ces deux substantifs ne sont pas interchangeables. Méthode est issu du grec methodos (« poursuite »), puis « recherche, investigation »), formé sur méta‐ (« vers ») et hados (« route », « manière de faire quelque chose »), que l’on retrouve dans exode, période ou épisode. En français, mé

( Suite en page 6)

AFRIQUE MONDE EN BREF

Crise au Niger : le jeu trouble d’Alger envers la France Nouvel épisode dans la campagne médiatique menée en Algérie contre la France : la radio publique a affirmé lundi soir que les autorités algé‐riennes avaient donné « une suite né‐gative à la demande française de survol du territoire national pour at‐taquer le Niger ». L’armée française a aussitôt opposé un démenti catégo‐rique à ces allégations. « Il n’y a ab‐solument aucune velléité d’attaque contre le Niger », assure un haut gradé, selon lequel aucune demande de « clearance » pour un vol militaire n’a été déposée ces derniers jours par la France. « Selon des sources confirmées, l’intervention militaire serait imminente, tout le dispositif militaire est en place », a soutenu la radio algérienne. Toujours selon le média officiel, Paris aurait, après ce refus, « sollicité le Maroc », qui aurait « décidé de répondre favorablement à la demande française », « prouvant encore une fois qu’il reste un État co‐lonisateur ». Mais ces allégations ne sont pas inédites : chaque jour, des articles contre la Cédéao et/ou la France, accusant l’un et l’autre de vouloir mettre le feu au Sahel, sont publiés par des médias privés dits « pro‐gouvernementaux », traduisant en filigrane une réelle inquiétude d’Alger de voir la région s’embraser.

Depuis le coup d’État du 26 juillet, l’Algérie ne cesse de répéter que la solution politique est la seule voie possible. n Sénégal : l’opposition cherche un « plan B » Dans sa chambre d’hôpital à Dakar, le principal opposant sénégalais, Ous‐mane Sonko, reste sous contrôle mé‐dical et policier, après avoir été admis en service de réanimation jeudi der‐nier. Cela fait plus de trois semaines que le maire de Ziguinchor, arrêté le 28 juillet, a entamé une grève de la faim. Un acte qu’il qualifie, sur les ré‐seaux sociaux, de résistance face à la « haine », au « mensonge » et à « l’op‐pression ». Alors que son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pas‐tef), a été dissout par le gouverne‐ment le 31 juillet, le rival numéro un du président Macky Sall ne compte pas se faire oublier de sitôt. Privée de son leader et de son parti le plus in‐fluent, l’opposition sénégalaise fait désormais face à un enjeu de taille. À six mois de la prochaine échéance électorale, elle dispose d’un temps li‐mité pour rebondir. n

La Chine veut faire des BRICS un rival du G7

Le 15e sommet des BRICS, ce regroupement informel de cinq grandes nations « émer‐gentes » dont le seul véritable point commun est l’ambition de proposer un autre ordre international encore dominé aujourd’hui par les écono‐mies les plus riches de la pla‐nète, s’est ouvert, mardi 22 août, à Johannesburg. Totali‐sant 40 % de la population mondiale et près d’un quart du PIB de la planète, les BRICS pèsent d’un poids dé‐mographique et économique assurément non négligeable, justifiant les raisons invo‐quées par ses membres d’unir leurs forces face au « camp » d’en face – Etats‐Unis, Europe, Japon. n

Joe Biden va plaider pour réformer le FMI et la Banque mondiale au G20

Le président des États Unis, Joe Biden, va plaider pour muscler les capacités de fi‐nancement du Fonds moné‐taire international et de la Banque mondiale lors du pro‐chain sommet du G20 en Inde, a fait savoir mardi son conseiller à la sécurité natio‐nale, Jake Sullivan. Lors de cette rencontre, qui se tiendra les 9 et 10 septembre, le pré‐sident américain veut «vrai‐ment consacrer beaucoup de son énergie à la modernisa‐tion des banques de dévelop‐pement multilatérales, y compris la Banque mondiale et le FMI». n

SOURIRE

MOTS À CONNAÎTRE (d’urgence)

POUR REHAUSSER UN DISCOURS (ou une conversation)

Des mots pour échapper à la plati tude, voilà qui ne se refuse pas pour donner à nos conversations et nos discours davantage de force, de séduction et de panache. En étant plus précis : ainsi en est il de pléthorique, népotisme, sibyllin, concussion, sophisme, chaque mot étant raconté avec son étymologie et son histoire, assorties de cita tions. En étant plus élégant, plus émouvant : avoir de l’entregent, re mercier l’amphitryon, agir avec cé lébrité sont mieux dits qu’avoir du piston, dire merci, et faire vite. En étant plaisant : évoquer l’académie de quelque callipyge, homme ou femme, est certes coquin, mais en rien vulgaire, surtout si on est abs tème… En faisant appel à une cul ture sans cuistrerie : le rocher de Sisyphe, le tonneau des Danaïdes, la boîte de Pandore, jouer les Cassan dre, se montrer jacobin ou girondin, l’œcuménisme, l’équanimité ne sont pas des mots prétentieux, mais des concepts forts. Enfin, partager avec ses interlocuteurs les ori gines et les charmes d’un mot utile n’est jamais perdant !

LUDIQUE

« Claparède voit dans le jeu une libre poursuite de buts fictifs. Tel est le caractère propre de l'acti vité ludique. »

Félicien Challaye, Psychologie de l'enfant, 1943.

L'adjectif LUDIQUE est récent, n'étant attesté qu'en 1910 en tant que dérivé du latin ludus, jeu. Uti‐lisé comme adjectif du mot « jeu », il a bénéficié de multiples défini‐tions qui vont des plus simples, à la façon du Dictionnaire de l'Aca démie française, « Qui a rapport au jeu », jusqu'aux plus étouffantes comme celle du Trésor de la langue française, achevé en 1994 : « Ludique. Qui concerne le jeu en tant que secteur d'activité dont la motivation n'est pas l'action effi‐cace sur la réalité, mais la libre ex‐pression des tendances instinctives, sans aucun contrôle d'efficacité pragmatique. » Un re‐cord de longueur !

Pareille définition témoigne en vérité du fait que ce mot est né en philosophie avec la « théorie lu‐dique du mensonge des enfants », assimilant les écarts de leur ima‐gination à leur tendance à jouer. On préférera la LUDOTHÈQUE, où se prêtent les jouets, ou encore le LUDICIEL, logiciel destiné à des jeux. Admettons‐le : point de jeu possible sur le mot jeu : jeuique, jeuciel seraient monstrueux ! n

L’Enquêteur, Quotidien Nigérien d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com 2 L’ENQUÊTEUR Société

Suspension précipitée du Niger : une mesure extrême

Après huit jours d'attente de‐puis sa dernière réunion, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) s'est finalement exprimé ce 22 août sur la situation au Niger. Le CPS a réitéré "sa condamnation sans équivoque du coup d'État militaire" à Niamey et a décidé "de suspendre immé diatement la participation de la République du Niger de toutes les activités de l'Union africaine et de ses organes et institutions jusqu'au rétablissement effectif de l'ordre constitutionnel dans le pays". Une décision brutale qui reflète un mépris patent de la complexité de la crise politique au Niger, en prétendant œuvrer pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel.

Des débats stériles et une absence de consensus

Lors de la réunion du 14 août, les dé‐bats ont été intenses. Plus de sept heures durant lesquelles divers in‐tervenants se sont exprimés. Si des pays se sont prononcés en faveur d'un retour à l’ordre constitutionnel, les moyens à mettre en place pour y parvenir ont été discutés avec in‐quiétude et les mesures prises par la Cedeao ont suscité des interroga‐tions. Mais l'UA dans une passivité déconcertante, a préféré ignorer ces inquiétudes légitimes.

Sanctions disproportionnées : un coup porté à la population

L'absurdité des sanctions imposées par la CEDEAO a été critiquée par plusieurs pays, qui ont justement souligné qu'elles risquent de frapper davantage la population que les ac‐teurs du coup d’Etat. Malheureuse‐ment, le CPS, dans une attitude évanescente, n'a fourni aucune pa‐rade viable, n’a apporté aucune so‐lution concrète pour éviter un impact négatif des sanctions sur les citoyens nigériens.

L'indécision face à une intervention militaire

L'hypothèse d'une intervention mi‐

La spectaculaire faillite de l'UA face à la crise politique au Niger DES HEURES DE DÉBATS, ZÉRO SOLUTION

Les actions et déci ‑ sions de l'Union Africaine vis à vis de la crise poli tique au Niger, loin d’être constructives, paraissent inadéquates et mal orien ‑ tées. Entre une suspension rad icale du Niger, des sanc ‑ tions affectant le peuple, et une indécision palpable contre une intervention armée au Niger, l'UA sem ‑ ble privilégier des réactions épidermiques plutôt qu'une stratégie bien réfléch ie

litaire de la CEDEAO a divisé les membres du CPS. Une partie du Conseil estime que l'organisation ouest‐africaine devrait s'en tenir à des moyens diplomatiques pour ré‐soudre la crise nigérienne, tandis qu'une autre frange envisage l'option militaire, mais comme une solution de dernier recours. Le CPS a donc dé‐cidé de ne pas trancher dans son communiqué du 22 août, tout en se félicitant des décisions prises par la CEDEAO le 30 juillet et le 10 août. Cela témoigne d'un manque flagrant de vision et de stratégie. En choisis‐sant de ne pas trancher et de se limi‐ter à louer les efforts de la CEDEAO, l'UA démontre son incapacité à pren‐dre position de manière ferme contre une intervention armée au Niger.

Médiation : Un théâtre d'illusions ?

Le CPS a demandé à la commission de l'Union africaine "d'entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuri taires du déploiement d'une Force en attente au Niger". Cette évalua‐tion permettra de mesurer les consé‐quences d'une intervention militaire sur le terrain. Par ailleurs, la commis‐sion de l'UA doit nommer un Haut re‐

présentant pour encourager les ef‐forts de médiation de la CEDEAO. Ces actions ressemblent plus à des gestes symboliques qu'à des mesures réel‐lement efficaces. Le flou persistant entourant ces décisions soulève des doutes sur leur impact réel.

L'Union Africaine hors jeu La prochaine réunion du CPS de‐meure dans l’expectative. Bien que l'UA prétende soutenir les initiatives de la CEDEAO, elle se garde bien de clarifier sa position quant à une éventuelle intervention militaire, laissant ainsi la situation dans une in‐certitude préjudiciable.

Les actions et décisions de l'Union Africaine vis‐à‐vis de la crise poli‐tique au Niger, loin d’être construc‐tives, paraissent inadéquates et mal orientées. Entre une suspension ra‐dicale du Niger, des sanctions affec‐tant le peuple, et une indécision palpable contre une intervention armée au Niger, l'UA semble privilé‐gier des réactions épidermiques plu‐tôt qu'une stratégie bien réfléchie. Le CPS se doit de repenser radicalement son approche si l'organisation espère apporter une réponse pertinente à la crise nigérienne. n

L’Enquêteur, Quotidien Nigérien d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com 3 L’ENQUÊTEUR PLEIN CADRE
La Rédaction

L’OEIL DE L’ENQUÊTEUR

Les Forces armées nigériennes (FAN)

Les FAN ont organisé ce 18 août une opération de convoyage, du Burkina Faso au Niger, de « 311 camions de transport de marchandises venus de plusieurs pays de la sous‐région ». Un dispositif militaire composé de moyens aériens et terrestres a été mis en place avec la collaboration des autorités Burkinabé. Une belle détermination à soutenir la population nigérienne mise sous embargo. n

EN BAISSE

L’Union européenne

Pétrole, putsch, propagande et manipulation, la dangereuse rhétorique de Zazia Bazoum

LA RÉDACTION

Dans l'effervescence mé‐diatique actuelle, la let‐tre ouverte de Zazia Bazoum, fille de l'ancien prési‐dent Mohamed Bazoum, dans Le Figaro est indéniablement chargée d'émotion. Cependant, son argumentation simpliste manque de nuance et de profon‐deur, et est une tentative fla‐grante de monopoliser le récit de la crise politique au Niger. Si sa situation personnelle est indéniablement touchante, son appel est truffé d'omissions, d'exagérations et d'une dange‐reuse simplification. Sa situa‐tion ne devrait pas être utilisée comme l'unique prisme à tra‐vers lequel on analyse la situa‐tion qui prévaut en ce moment au Niger. Premièrement, l'ac‐cent presque narcissique mis sur la ‘’souffrance’’ de la famille Bazoum réduit une crise natio‐nale complexe à un drame fami‐lial. Chaque victime de cette crise a son propre récit de souf‐france ; présenter celui de la fa‐mille présidentielle comme primordial est à la fois égocen‐trique et réducteur.

L'affirmation de Zazia Bazoum selon laquelle son père était « démocratiquement élu » et était le « choix du peuple » ne donne pas un blanc‐seing pour gouver‐ner sans contrôle, et la démo‐cratie ne repose pas uniquement sur des élections, mais également sur la manière dont le pouvoir est exercé. Se

prévaloir de la légitimité électorale ne garantit pas une gouvernance irrépro‐chable. L'arrestation de « plus de quarante hauts ca‐dres de l'État » n'apporte pas nécessairement la preuve d'une gouvernance vertueuse ; elle pourrait tout aussi bien être inter‐prétée comme un moyen de consolider le pouvoir à tra‐vers une lutte en trompe l’œil contre la corruption qui a gangrené le Niger de haut en bas sous la Renais‐sance.

L'insinuation selon laquelle l'intérêt pour le pétrole ni‐gérien est au cœur du coup

Dans une situation aussi com plexe, la vérité n'est jamais unidi mensionnelle. Elle aurait dû faire preuve de davantage de retenue et d'objectivité pour éviter d'être accusée d'utiliser sa plateforme pour des raisons purement per sonnelles et émotionnelles.

d'État relève de la spécula‐tion, voire de la théorie du complot. Avancer de tels ar‐guments sans preuve solide est non seulement impru‐dent, mais aussi potentiel‐lement trompeur. Si tel était le cas, l'argument mérite‐rait d'être développé avec des preuves tangibles plu‐tôt que de rester au niveau des insinuations. De tels ar‐guments, sans preuves

(Suite à la page 6)

L’UE a exprimé sa « profonde inquiétude » face à « la dé‐térioration des conditions de détention » de Mohamed Bazoum, et a réclamé de nouveau sa libération « immé‐diate et sans condition ». Au même moment, elle observe un silence total face à l'état de santé inquiétant de l'opposant Ousmane Sonko, en grève de la faim depuis le 31 juillet, date de son incarcération. Les droits humains se valent dans toutes les circonstances. n

HADITH DU JOUR

Le Prophète ne m'a jamais refusé la permission d'entrer chez lui

Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. D'après Jarir Ibn 'Abdillah Al Bajali (qu'Allah l’agrée) : Depuis que je suis entré dans l'Islam, le Prophète ne m'a jamais refusé la permission d'entrer chez lui et il ne m'a jamais vu sans qu'il ne m'ait souri. Je me suis plaint auprès de lui du fait que je n'ar‐rivais pas à tenir sur un cheval. Alors il a tapé avec sa main sur mon torse et a dit : « Ô Allah! Affermis‑le et fais de lui une personne qui guide et qui est guidée ».

(Rapporté par Boukhari dans son Sahih n°6089 et Mouslim dans son Sahih n°2475) n

Pensées, Humour et Sagesse

“Il ne sert à rien de décider d'une action à laquelle les masses sont opposées car il sera impossible de la mettre en œuvre.”

Nelson Mandela

‘’L'adhésion populaire est essentielle. Avec l'adhésion populaire, rien ne peut échouer ; sans elle, rien ne peut réussir. ‘’ Abraham

Lincoln

“Il n'y a que la coopération impersonnelle de beaucoup d'indivi dus qui puisse réaliser des choses qui aient vraiment du prix.”

“Dans un Etat bien gouverné, il y a peu de punitions, non parce qu'on fait beaucoup de grâces, mais parce qu'il y a peu de criminels : la multitude des crimes en assure l'impunité lorsque l'Etat dépérit.” Jean‐Jacques Rousseau

‘’Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance. ‘’ Derek Bok

“ Une éducation qui n'exerce pas les volontés est une éducation qui déprave les âmes. ” Anatole France

“ Si vous cachez votre ignorance, vous ne recevrez pas de coups et vous n'apprendrez rien. ”Ray Bradbury

“Une grande quantité est toujours moins corruptible, comme l'est par exemple une masse d'eau ; et la majorité est de même bien moins facile à corrompre que la minorité.”

Aristote

“ L'homme est moins lui même quand il parle en personne. Donnez lui un masque et il vous dira la vérité. ” Oscar Wilde

“Chaque effet que vous produisez vous donne un ennemi de plus. Pour être populaire, il faut être médiocre.” Oscar Wilde n

EN HAUSSE
EN HAUSSE
4 L’ENQUÊTEUR Société L’Enquêteur, Quotidien Nigérien d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com
(Rassemblés par Abdallah Mohamédine) Nelson Mandela Lettre ouverte controversée de la fille du président déchu

Blagues... Blagues...

Apprendre à marcher

‐ Noah, regarde ton petit frère, ça fait trois mois qu'il marche.

‐ Eh bien, maman, il doit être loin, maintenant ! n

Une nouvelle poupée

Une petite fille demande à sa mère une nouvelle poupée.

‐ Mais, la tienne est en très bon état.

‐ Et alors ? Moi aussi, je suis en bon état, ça ne t'a pas empêchée de com‐mander une petite sœur ! n

Eternuer

Un enfant éternue.

‐ Tu pourrais mettre ta main devant ta bouche ! lui dit son papa.

‐ Bof, j'ai déjà essayé, ça ne m'em‐pêche pas d'éternuer... n

Santé/Bien être

Alors que le Gouverne‐ment nommé le 10 août par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) imprime progressivement sa marque dans la gestion des affaires publiques, des personnes op‐portunistes, sous le couvert d’une prétendue société ci‐vile citoyenne, font des pieds et des mains pour se faire nommer dans l’administra‐tion publique, y compris à des postes de responsabilité qui requièrent des compé‐tences et de l’expérience avé‐rées. Or, ces personnes n’en disposent pas et n’ont jamais travaillé dans la fonction pu‐blique. Il serait difficile dans ces conditions qu’elles puis‐sent apporter une quel ‐conque plus ‐value face aux préoccupations du CNSP, dans le contexte toujours pressant d’une menace d’in‐tervention militaire de la CE‐

DEAO instrumentalisée par des mains extérieures, et autres ur‐gences : faire face aux sanctions il‐légales de la CEDEAO et de l’UEMOA et gérer les pressions di‐plomatiques des partenaires du Niger. Certaines de ces personnes vont jusqu’à convoiter le poste de Directeur de cabinet du Premier ministre. Un poste qui est très technique, qui demande des com‐pétences et de l’expérience. Pour‐tant, elles font tout pour faire

dégager l’actuel occupant du poste qui satisfaisait pourtant aux critères susdits. Diplômé en droit international et en études supé ‐rieures en management (3e cycle), ses compétences sont re‐connues partout où il avait servi : de la Chambre de commerce et d’industrie du Niger, où il fut Se‐crétaire général, puis Conseiller du Président de ladite institution, au Gouvernement en passant par la Commission de la CEDEAO où il fut Commissaire chargé du com‐merce. Le Directeur de cabinet en poste est reconnu aussi comme étant une foudre du travail. Avec lui, les dossiers sont traités avec diligence et professionnalisme.

Nous ne voyons pas pourquoi cer‐taines personnes qui se réclament de la société civile voudraient ac‐céder à des postes précis. Était‐ce la raison pour laquelle elles se sont ruées vers le CNSP ? Ces op‐portunistes rendraient beaucoup service au Niger si elles consti‐tuaient plutôt un contrepoids qui va s’assurer que le CNSP aille dans la même direction que le peuple, c’est ‐ à ‐ dire que les préoccupations des Nigériens tels que la soif de justice et l’assainissement économique et financier soient sérieuse ‐ment pris en compte. n

Passation de service au Gouvernorat de Niamey Quand la caisse du Gouvernorat joue à cache‑cache

MAHAMADOU HAROUNA

Il y a trois grands éléments qui peu‐vent expliquer la longévité des gens : de bonnes combinaisons géné‐tiques, un environnement favorable (terres fertiles, ¬climat tempéré, peu de pollution, pas de maladies graves, etc.), et ce que l’on pourrait appeler la chance. En termes mathé‐matiques, on évoque des enchaîne‐ments individuels, et ils sont assez difficiles à démontrer.

Les facteurs génétiques expliquent entre 25 et 30 % de la variabilité de la longévité des individus. Le reste, ¬70 à 75 %, c’est l’environnement ou ce facteur « chance »

Pour le cas de Jeanne Calment, morte à 122 ans, l’étude a été très ¬intéressante car on a pu analyser qu’une proportion considérable de ses ancêtres a vécu beaucoup plus longtemps que la moyenne de leur génération. Elle avait un patrimoine génétique très clairement favorable à la longévité. Ce qui en fait un cas exceptionnel. n

Nommé gouverneur de la région de Niamey par dé‐cret n° 2023‐006/PCNSP du 1 er août 2023, le général de brigade Abdou Assoumane Ha ‐rouna a pris ses fonctions quelques jours plus tard, exacte‐ment le mercredi 09 août. C’est au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée dans l’enceinte du Gouvernorat, en présence de nombreux officiels tels que le

gouverneur sortant, le maire cen‐tral de la ville de Niamey, les maires des arrondissements communaux, des responsables des FDS, des autorités coutu ‐mières, des leaders religieux, des représentants des organisations de la société civile, et le person‐nel du Gouvernorat. Cette céré ‐monie a été marquée par deux allocutions. Le gouverneur en ‐trant a principalement lancé un appel à l’union des cœurs et des esprits et au travail face aux défis

HUMOUR

multiformes du moment. Quant au gouverneur sortant, il est allé dans le même sens que son remplaçant, appelant notamment à un sursaut patriotique. C’était là le côté officiel et visible de cette passation de ser‐vice. De l’autre côté du rideau, lors de la passation de service propre‐ment dite, il a été dit à l’équipe en‐trante que le gouvernorat ne disposerait pas de fonds, que la caisse serait vide. Cela explique‐t‐il que le nouveau gouverneur ait pris sur lui les menus dépenses de ses services ? Il a fallu l’inspecteur général d’Etat qui a supervisé la passation de service pour qu’on sache que le gouvernorat dispose‐rait bien de fonds, autour de dix (10) millions de francs CFA. Au titre de l’exercice budgétaire 2023, au niveau du Ministère de l’Inté ‐rieur, le montant des autorisations d’engagement (AE) et des crédits de paiement (CP) ouverts sur le programme « amélioration de la gestion des entités déconcentrées et décentralisées » est estimé à 11.767.795.646 francs CFA. Le fait de taire l’existence de ces dix mil‐lions de francs était ‐ il un acte vo ‐lontaire ou involontaire ? Si c’était volontaire, à quelles fins alors ? n

5 L’ENQUÊTEUR On en parle
d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com
L’Enquêteur, Quotidien Nigérien
MAHAMADOU HAROUNA
Quand la ‘’Société Civile’’ vise les postes de la haute sphère du pouvoir
L’art de l'opportunisme
Vivre longtemps en bonne santé est le résultat de multiples facteurs

DJIBRILLA BARÉ MAINASSARA

Massoudou, mon frère,

Je m’adresse à toi en tant qu’an‐cien condisciple des années 60 du Lycée National, ce creuset na‐tional qui regroupait l’ensemble des futures élites du pays, à l’instar de mes ainés, Hama Amadou Alginy, ton tuteur du lycée, Mamadou Dagra, Kiari Liman Tinguiri, Maha‐mane Ousmane, mes promotion‐naires Abdallah Boureima, Abdou Aouta Mahamadou, Ali Toumani dit Ali Chinois, Kaka Mahamadou, Ma‐hamadou Ouhoumoudou, Nouhou

Daré…et vous autres les plus jeunes à l’instar de Bachir Ali Maazou, Moumouni Diori, Ibrahim Alassane (Paix à son âme), mon proche ami et neveu de ton mentor pour ne citer que ceux‐là.

Je m’adresse surtout au jeune lycéen timide que je déposais par « train 11 » (marche), le dimanche matin, jour de notre sortie hebdomadaire du lycée, chez son oncle et tuteur, le très sympathique Mallam Toulou (paix à son âme). Je parle enfin à celui qui a partagé avec les ensei‐gnements de l’école de la vie de notre professeur commun, Ouma‐rou Ali Beidi, (prince de Birnin Bayéro) dispensés dans cette cité mythique où l’on se retrouvait presque tous les samedis dans les années 70. Donc, prière, opportu‐nistes de tous bords, s’abstenir de s’ingérer dans un débat qui ne concerne que nous.

Je dois avouer que lorsque j’ai suivi tes sorties dès les premiers instants du coup d’Etat sur tes médias préfé‐rés RFI et France 24, je me suis de‐mandé ce qui t’arrive ! Tu as perdu la tête ou quoi ou alors tu es atteint de ce que l’homme politique Sa‐noussi Tambari Jackou avait désigné le «vertigo» ? « Man kin tchi wo ? » , comme diraient nos parents au‐trement dit « c’est quoi ça » ? Sur‐

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concrètes, ne font qu'obscurcir davantage le tableau plutôt que d'éclairer le débat.

La mention des liens des put‐schistes avec Wagner semble également être une tentative maladroite d'attirer l'attention internationale, en jouant sur les peurs liées à la sécurité régio‐nale. Un appel en vérité plus cal‐culé qu'authentique. Le Sahel est un foyer d'instabilité, et tenter d'utiliser cette précarité pour galvaniser un soutien internatio‐nal est à la fois réducteur et op‐portuniste.

De plus, la manière dont Zazia Bazoum dépeint les auteurs du coup d'État frise le mépris. Dans une situation aussi complexe, la vérité n'est jamais unidimen‐sionnelle. Elle aurait dû faire

Lettre ouverte à mon frère Massoudou Hassoumi

tout, lorsque dès le lendemain de l’annonce du coup d’Etat et après quand j’ai entendu le porte ‐parole du CNSP annoncer que tu t’es ha‐sardé à donner à une puissance étrangère une autorisation pour at‐taquer le palais dans le but de libé‐rer Mohamed Bazoum, le président nigérien démocratiquement élu, et le réinstaller dans son fauteuil, étais‐tu sérieux ?

Mon frère, comment as‐tu pu pen‐ser, un seul instant, que des géné‐raux qui tiennent un président déchu entre leurs mains vont le li‐bérer, suite à une attaque sachant bien qu’ils risquent leur vie, eux‐mêmes en le libérant ? J’ai tout de même été heureux d’apprendre que tu as pu opérer « un repli tactique » sur Sokoto puis Abuja, en franchis‐sant la frontière du côté des terres de nos cousins du Takatsaba ou can‐ton de Guéchémé. De ce point de vue, je ne peux te blâmer pour avoir fait tien, l’adage selon lequel, « il vaut mieux être un fuyard lâche mais vivant, plutôt qu’un type brave mais mort ».

Je me suis demandé pour quelles raisons, sitôt arrivé à Abuja au Nigé‐ria, tu avais bataillé ferme pour que le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernements de la CEDEAO, au‐quel tu avais fort opportunément été convié illégalement, adopte des sanctions iniques et inhumaines ja‐mais prises, de mémoire d’homme, contre un pays par une organisation internationale, en violation fla ‐grante de ses propres textes et conventions internationales, en ma‐tière de prévention des conflits, le pays que pourtant, tu aspirais à di‐riger ? Je suis surpris du fait que tu aies naïvement cru au contenu du communiqué final du double Som‐

preuve de davantage de retenue et d'objectivité pour éviter d'être accusée d'utiliser sa plateforme pour des raisons purement per‐sonnelles et émotionnelles.

Enfin, le triomphalisme avec le‐quel elle décrit les réalisations de son père semble déplacé, voire exagéré. La véritable me‐sure d'une gouvernance efficace ne se limite pas à une liste de réalisations, mais à la manière dont elle impacte réellement la vie quotidienne des citoyens.

En somme, cette lettre, bien que touchante à première vue, est en réalité une œuvre de propa‐gande qui sert les intérêts d'une famille et non ceux du Niger. Une approche plus nuancée et moins émotionnelle serait non seule‐ment plus crédible, mais aussi plus bénéfique pour le pays. n

met des Chefs d’Etat et de Gouver‐nements de l’UEMOA et de la CE ‐DEAO du 30 juillet 2023, qui a précisé, à son point 14 : « Une se‐maine a été donnée pour libérer et réinstaller le Président Bazoum, faute de quoi, toutes les options, y compris une intervention militaire, seront envisagées » ? Une telle pos‐ture de ta part, en tant que chef de la diplomatie nigérienne, est pro‐prement scandaleuse et tu le sais. En effet, les citoyens du monde que nous sommes se sont unanimement posé la question de savoir quel est le véritable objectif visé par les Chefs d’Etat et de Gouvernements, en procédant à l’usage exclusif de la force dans de telles circonstances ? Par cette manière d’agir avec ta bé‐nédiction en tant que « représen‐tant du président du Niger démocratiquement élu, Mohamed Bazoum », à ce sommet, les chefs d’Etat ont révélé aux plus scep ‐tiques que leur seule et unique préoccupation demeure le maintien de leurs Pairs au pouvoir, et qu’im‐porte leur bilan en matière de gou‐vernance économique et démocratique.

Mon frère, te connaissant, je sais que tu ne perds pas de vue que les opinions publiques africaines re‐prochent vigoureusement à la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO de fermer les yeux sur les manquements des chefs d’Etat à leurs obligations en matière de bonne gouvernance et de respect de l’Etat de droit spécifiées aux arti‐cles 25 à 38 du protocole sur la dé‐mocratie et la bonne gouvernance qui précisent que les Etats doivent : ‐ lutter contre la pauvreté ‐ respecter l’Etat de droit en adop‐tant une bonne législation et en fai‐

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thode est d’un emploi fréquent et offre plu‐sieurs acceptions, plus ou moins scienti‐fiques ; mais toutes ressortissent à la notion de « recherche ou moyen rationnels pour par‐venir à un but », depuis le Discours de la mé‐thode, de Descartes – où le sens est celui d’un « ensemble de démarches que suit l’esprit pour découvrir et démontrer la vérité » ‐jusqu’aux acceptions plus vagues et courantes de « procédé, moyen » (la bonne vieille mé‐thode), voire de « manière d’agir, de se conduire » (à chacun sa méthode). Méthodolo gie est d’un usage beaucoup plus restrient ; la racine‐ logie est empruntée au grec logos, qui possède moult sens : « parole », « parole orga‐nisée » d’où « discours », d’où « science », voire « logique » (ce qui explique qu’on la ren‐contre, entre autres, dans quelque deux cents spécialités scientifiques, des plus anciennes aux plus récentes : archéologie, hépatologie, ophtalmologie, docimologie, collapsologie ou même bobologie). Ainsi, méthodologie n’est pas synonyme de « méthode, manière de pro‐céder », mais désigne la partie d’une science qui étudie les méthodes de recherche et d’ana‐lyse qui lui sont propres.

Evitez de dire : Pour les convaincre, nous de‐

sant la promotion d’un bon système judiciaire et d’une bonne adminis‐tration.

Alors question : si les conditions énumérées ci‐dessus ne sont pas remplies dans un pays, n’est‐ce pas se faire l’avocat du diable pour une cause perdue d’avance que de pré‐tendre défendre la démocratie ? Mon frère, tu devrais savoir raison garder puisque les puissances occi‐dentales qui n’ont pas d’amis mais que des intérêts ont déjà tourné la page Mohamed Bazoum en dépit des déclarations de principe sur une éventuelle intervention mili‐taire au Niger pour laquelle ils ne disposent, en réalité, d’aucun moyen. Ton seul salut réside dans le fait d’implorer le pardon de tes aieux de ton village Mazonga du nord Mali, pour tes écarts de lan‐gage et ton comportement injuste vis‐à‐vis de nos frères Maliens, et surtout implorer l’indulgence et la compréhension des Nigériennes et des Nigériens ainsi que de nos nou‐velles autorités pour ta sortie de route, notamment ta connivence manifeste avec des puissances étrangères, dans le but d’agresser militairement notre cher pays, le Niger, qui t’a tout donné.

Quoi qu’il en soit tu devrais gar‐der à l’esprit que seul Dieu donne l’autorité à qui Il veut et arrache l’autorité à qui Il veut quand Il veut.

Faite à Niamey le 23 août 2023

Par devoir et par fraternité ! Djibrilla Baré mainassara Economiste Délégué à la Conférence Nationale S. Candidat à l’élection présidentielle 2020 2021 n

vons adopter une autre méthodologie. Dites plutôt : Pour les convaincre, nous de‐vons adopter une autre méthode. n

L’Enquêteur, Quotidien Nigérien d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com 6 L’ENQUÊTEUR Société
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La CEDEAO continue d’agiter son épouvantail d’intervention mili taire dans notre pays pour rétablir le régime déchu du président Ba zoum contre la volonté clairement affichée des Nigériens. Pour Hali dou Mounkaïla, Secrétaire général de Confédération nigérienne du travail (CNT), cette option relève tout simplement de l’utopie.

L’Enquêteur : Depuis le 26 juillet 2023, l'armée a pris le pouvoir dans notre pays, renversant le président Bazoum alors que nul ne s'attendait à un tel scénario. Comment avez vous accueilli, en tant qu’acteur du mouve ment syndical, cette nouvelle inter ruption du processus démocratique dans notre pays ?

Halidou Mounkaila : Les événe‐ments du 26 juillet dernier ont sur‐pris bon nombre de Nigériens, en ce sens que c’est arrivé à un moment où les gens ne s’y attendaient pas. En tant que syndicaliste, comment avons‐nous accueilli ce renverse‐ment du régime ? Sans être totale‐ment d’accord avec la prise du pouvoir par les armes, nous saluons quand même à sa juste valeur l’acte, au regard de la situation politique de notre pays. Alors qu’on dit qu’on est en démocratie, les fondements de celle‐ci sont mis entre parenthèses, notamment les libertés individuelles et collectives, la justice sociale, la promotion de la compétence et de l’intégrité, etc.

Pour nous, c’est donc un coup d’Etat libérateur du peuple nigérien de ma‐nière générale et des travailleurs en particulier. Pendant ces 12 dernières années, une bonne frange des tra‐vailleurs nigériens ont été margina‐lisés, bâillonnés, ils ont perdu de nombreux acquis sous ce régime déchu des renaissants.

Pour contraindre l'armée à rétablir l’ordre constitutionnel, la CEDEAO et certains partenaires occidentaux ont décidé de placer le Niger sous un em bargo économique et financier sé vère, qui a des répercussions néfastes sur les populations, lequel embargo est assorti d’une menace d'interven tion militaire possible. Comment in terprétez vous cet acharnement de la CEDEAO et de la France à vouloir ré installer le régime déchu par tous les moyens, malgré la vive opposition des populations nigériennes à cette op tion ?

En agissant de la sorte, la CEDEAO viole elle‐même ses propres textes. L’institution n’est pas une police des peuples ; elle n’a pas été créée pour aller en guerre contre ses Etats membres, mais pour assurer la libre circulation des personnes et des biens. Les chefs d’Etats qui agissent ainsi répondront un jour de leurs actes. Le peuple nigérien est debout et ne se laissera pas faire. Les sanc‐tions nous feront souffrir mais nous ne serons pas les seuls à en souffrir. Déjà le Bénin commence à en pâtir à travers son port qui est exploité à hauteur de 80% par le Niger. Les

Pour contraindre l'armée à rétablir l’ordre constitution nel, la CEDEAO et certains par tenaires occidentaux ont décidé de placer le Niger sous un embargo économique et fi nancier sévère, qui a des ré percussions néfastes sur les populations, lequel embargo est assorti d’une menace d'in tervention militaire possible. Comment interprétez vous cet acharnement de la CEDEAO et de la France à vouloir réinstal ler le régime déchu par tous les moyens, malgré la vive op position des populations nigé riennes à cette option ?

pays membres de la CEDEAO ont donc intérêt à privilégier le dialogue pour trouver une issue de sortie de crise, en ouvrant des négociations sur les contours de la nouvelle tran‐sition qui s’ouvre. Mais vouloir re‐courir à une armée en attente pour chercher à libérer et réinstaller Ba‐zoum Mohamed dans son fauteuil, c’est de l’utopie à la limite. Même là où cette forme d’intervention a été menée, en Côte d’Ivoire notamment, ça s’est terminé dans un bain de sang lorsqu’il s’est agi pour la France de déloger Laurent Gbagbo du palais pour installer Ouattara. Dans le cas de notre pays, il y a une nuance. Il ne s’agit pas de tous les pays membres de la CEDEAO qui sont d’accord avec l’intervention militaire, mais de quelques chefs d’Etat qui n’ont ni l’aval de leurs parlements ni celui de leurs peuples respectifs. Le prési‐dent ivoirien Ouattara, le béninois Talon, le sénégalais Macky Sall et le nigérian Bola Tinubu sont les seuls va‐t’en guerre de la CEDEAO. Ba‐zoum est‐il d’accord qu’on verse le sang des Nigériens pour le réinstal‐ler dans son fauteuil présidentiel ? Surtout qu’il sait lui‐même que ce coup d’Etat ne vise pas exclusive‐ment sa gestion, mais celle d’un sys‐tème qui a duré plus de 12 ans. Les présidents que j’ai cités ci‐haut n’ont pas de leçons de démocratie à nous donner. Ouattara a changé la consti‐tution de son pays pour s’octroyer un troisième mandat ; Macky Sall et Talon emprisonnent leurs adver‐saires politiques pour gagner les élections ; Bola Tinubu, lui, est sur

Les peuples de ces quatre pays ne sont pas avec leurs présidents va t’en guerre, aucun parlement de ces pays n’a donné son accord à son président pour une interven tion militaire contre notre pays.

un terrain marécageux en cherchant à faire du mal à notre pays. Les peu‐ples de ces quatre pays ne sont pas avec leurs présidents va‐t’en guerre, aucun parlement de ces pays n’a donné son accord à son président pour une intervention militaire contre notre pays. Un autre élément important, nous avons aussi le sou‐tien ferme de nos voisins immédiats notamment le Burkina, le Mali et la Guinée et bien d’autres pays d’Afrique et d’ailleurs. Dans un contexte où les populations nigé‐riennes ont décidé d’apporter leur soutien indéfectible à la junte mili‐taire, comment, la CEDEAO peut‐elle continuer à envisager le déploie‐ment d’une force militaire pour ré‐installer un président déchu ? C’est l’ensemble des Nigériens qui mani‐festent leur solidarité à l’endroit de l’action qui a été posée par les mili‐taires nigériens. Si elle parvient à le faire, est‐ce cette force d’invasion qui va assurer la sécurité du prési‐dent déchu ? Est‐ce la CEDEAO qui sera le trait d’union entre lui et le peuple ? Les Nations Unies et l’Union Africaine ne sont pas d’ac‐cord avec cette intervention mili‐taire de la CEDEAO. Les manifestations de soutien à la junte qui ont cours sur l’ensemble du ter‐ritoire montrent la détermination du peuple nigérien à s’opposer au retour du régime déchu. Vouloir user de la force pour le faire signifie simplement que ces pays‐là veulent nous déclarer la guerre. En ce sens, la junte au pouvoir doit créer toutes les conditions d’une riposte éner‐gique. Je n’ai pas de leçon à donner aux officiers de la junte, ils mesurent la gravité de la situation.

Quelles sont vos attentes vis à vis de la junte militaire durant cette nou velle ère de transition qui s'ouvre ? Nous attendons que le CNSP et son gouvernement corrigent toutes les dérives du régime déchu et créent les conditions d’une véritable justice sociale parce les Nigériens ont véri‐tablement soif de justice. Deuxième chose, en tant qu’organisation syn‐dicale, il faut qu’ils revoient les conditions de vie et de travail des travailleurs et créent les conditions d’un dialogue social franc et sincère entre le pouvoir et les organisations syndicales ainsi que celle d’une uni‐fication du peuple nigérien. Le ré‐gime déchu a véritablement divisé en profondeur les Nigériens et c’est là aussi une de nos attentes ma‐jeures, la réconciliation nationale, créer les conditions d’un nouveau départ pour le pays dans la cohé‐sion, la solidarité et la fraternité’’. n

7 L’ENQUÊTEUR Entretien
d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com
L’Enquêteur, Quotidien Nigérien
PROPOS RECUEILLIS PAR I. SEYNI
"Pour nous, c’est donc un coup d’Etat libérateur du peuple nigérien de manière générale et des travailleurs en particulier."
L’entretien choc de Halidou Mounkaïla, SG de la CNT, sur le coup d’Etat militaire et les attentes des travailleurs
M. Mounkaïla Halidou, SG CNT

MOTS CROISÉS N°15.373

HORIZONTALEMENT

1. Individu grand et mal bâti 2. Très mince Un crustacé (Inversé) 3. L’on y forme conseillers et inspecteurs Camp militaire du Nord 4. Note Dévêtue à gauche Unité anglaise 5. Fonds réservés aux pensions Thallium 6. Le fond d’un verre de bière Peuple de Djibouti 7. Article de code – Elément Particule nobiliaire en France 8. Meubles Sanie 9. Morceau solide d’excrément humain Fils arabe 10. Mimosas

VERTICALEMENT

1. Telles sont les neiges sur les sommets 2. Cassier Légèrement humide 3. Ancien sigle à Malbaza (Inversé) – Immatriculation 4. Conjonction Pépi nière de cadres Appel désespéré 5. Auteur de l’immense roman pastoral l’Astrée (2 mots) Négation 6. Filtre naturel Rivière neutre 7. Vibre au cen tre – La moitié du rejeton – Préfixe 8. Ranch au Nord de Dakoro Programme Vaccinal 9. Lieu des combats Monticule de sable 10. Assiettes de bois

Solution du numéro précédent

HORIZONTALEMENT : 1. FAINEANTS 2. O-NORDISTE 3. RUDES-RAVI 4. ENE-EV-R-N 5. SSEALIX-BS 6. TT-RUE-FAT 7. IAN-X-BETE 8. EROS-FA-SI 9. RNI-RETS-N 10. SARASINS

VERTICALEMENT : 1. FORESTIERS 2. A-UN-TARNA 3. INDES-NOIR 4. NOE-ER-S-R 5. ERSEAUX-RA 6. AD-VUE-FES 7. NIR-X-BATI 8. TSAR-FE-SN 9. STV-BATS-S 10. EINSTEIN

MIX-LETTRES N°17

Règles du jeu : Composez quatre mots de huit lettres en écrivant les lettres au bon endroit dans les cases de même couleur.

Testez votre culture générale

QUIZ N°104

Géographie, sciences, musique, littérature, sport, loisirs, vie quoti dienne… Avez vous une bonne culture générale ? Voici 6 questions pour vous tester. À vous de jouer !

1) « Quoique » ou « quoi que » : quelle est la bonne réponse ?

A) Le disciple approuve son maître quoiqu’il fasse

B) Le disciple approuve son maître quoi qu’il fasse

2) Où se trouve la clavicule ?

A) Coude

B) Genou

C) Épaule

3) La capitale du Brésil est…

A) Rio de Janeiro

B) Brasilia

C) Recife

4) Quel est le plus petit nombre que l’on peut com poser avec huit chiffres ?

A) 9 millions

B) 10 millions

C) 101 millions

5) Doit on dire…

A) Un tubercule

B) Une tubercule

C) Les deux sont valables

6) Il contient des protéines, de l’eau, des an tioxydants, de la choline et est bourré de vi‑ tamines. De quel aliment s’agit il ?

A) De l’œuf

B) Du yaourt

C) Des pâtes

exhale une odeur pestilentielle d’excréments, d’égout, de vomi… 6) A. L’œuf est pourtant un superhéros des aliments. Parmi la flopée de vitamines qu’il contient, on retrouve des vitamines A, D, E et une déclinaison de vitamines B : B2, B5, B9 et B12.

contraire, il s’agit de la locution « quoi que ». 2) C. 3) B. La ville, inaugurée en 1960, a été construite en 1 000 jours. 4) B. Cela vous semble étrange ? C’est pourtant cela : 10 000 000. On ne peut pas faire moins, car si on remplace le 1 par un 0, notre nombre n’a plus huit chiffres : 000 000 000. Il devient 0 ! 5) C. Il

ble, il faut écrire « quoique », en un seul mot. Dans le cas

Réponses : 1) B. Si le remplacement par « bien que » est possi‐

C/
8 L’ENQUÊTEUR
L’Enquêteur, Quotidien Nigérien d’Informations N° 3044 du Mercredi 23 Août 2023 www.lenqueteur‐niger.com
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