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SÉCURITÉ

L’Inspection Générale de la police fédérale engage notre Commissaire en chef Très belle promotion pour l’homme, un honneur pour la Zone de police Bruxelles Nord et notre commune. Frédéric Dauphin, notre Chef de corps, a été engagé par l’Inspection Générale des services de Police (AIG), confirmant ainsi la qualité, les compétences et l’intégrité de ce policier depuis 20 ans dans notre Zone et à sa direction depuis 6 ans. Revers de la médaille : il doit nous quitter. Après un travail remarquable ! La Bourgmestre ff Cécile Jodogne et Frédéric Dauphin revisitent ensemble les grandes lignes du mandat du désormais ex-Chef de corps de notre Zone de police.

UNE VOLONTÉ DE CHANGEMENT

Cécile Jodogne : À Schaerbeek, depuis 2000, nous mettons en œuvre notre volonté de changement et de rénovation. La sécurité était une de nos priorités. Notre Zone de police rassemble 3 communes qui rencontrent des défis de première importance. Il faut donc un corps de police de toute première qualité avec des hommes et des femmes de première qualité aussi. Son Chef de corps en est le moteur, l’expression, le garant.

Notre Zone de police rassemble 3 communes qui rencontrent des défis de première importance. Il faut donc une police de première qualité. Frédéric Dauphin : La volonté de changer les choses est en effet ce qui a motivé « l’homme » que je suis. J’aime les défis et atteindre les objectifs fixés. Ce qui a convaincu « le professionnel » de prendre cette charge et ces responsabilités, c’est avant tout mon expérience, mon profond respect pour le service public et la volonté de poursuivre l’ancrage démocratique du service de police.

DE QUÉBEC À SCHAERBEEK, LA PROXIMITÉ

C.J. : Cet ancrage démocratique a en effet for-

tement bien évolué sous votre mandat. C’est un sujet dont on entend parler tous les jours et qui est déjà une belle réalité chez nous. Les liens entre police et citoyens ont été renforcés, à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Le secteur associatif en est bien conscient aussi et les habitants nous le font savoir. La proximité est l’essence même d’un pouvoir communal, mais je me souviens d’un voyage d’étude au Canada où nous avions été observer la mise en application concrète du modèle de police de proximité. F.D : Oui c’est vrai que ce voyage fut une prise de conscience que le modèle de police de proximité pouvait fonctionner à maturité dans un contexte urbain, même si la manière de faire de la police est différente dans chaque culture et chaque société. Dans notre Zone de police, ce modèle s’articule autour de 4 principes : territorialisation, décentralisation, travail de proximité et professionnalisme de nos policiers. L’avantage d’avoir passé 13 ans dans d’autres fonctions de notre Zone de police, c’est que je connaissais assez bien le fonctionnement de ce modèle, ses difficultés et ses défis pour le futur. Un des leitmotivs de mon mandat de Chef de corps aura été cette attention portée à l’opérationnalisation complète de notre modèle de police de proximité, pour que chaque principe soit respecté. Mais ce résultat est évidemment le fruit du travail des équipes, de tous les membres du corps de police, et au-delà de tous les acteurs de la Zone qui occupent le terrain. À tous les niveaux et notamment au niveau directionnel. C’est un

co-dialogue et une co-construction permanente entre la Zone de police et le Collège de police. Il y a un vrai échange sur ce que nous voulons et sur le sens que nous voulons donner à cette notion de proximité. C.J. : Merci en effet de le rappeler. Votre apport a été primordial dans le déploiement de ce travail de proximité mais c’est une prise de conscience plus globale. Nos services communaux collaborent aussi très étroitement avec les forces de police : la Prévention bien entendu, mais aussi le service Population, l’Urbanisme, la Propreté, la Dynamisation économique et le Commerce, les Travaux publics, la Voirie, la Communication…

UN MANDAT TRAVERSÉ PAR DEUX CRISES MAJEURES

C.J. : Ces changements doivent s’opérer en même temps que tout le travail de base s’accomplit, comme si on travaillait au moteur d’une voiture pendant qu’on roule. C’est un travail colossal. Et bien entendu, il ne faut pas oublier que votre mandat a aussi été marqué par deux crises majeures : les attentats terroristes et le Covid.

Un des leitmotivs de mon mandat de Chef de corps aura été cette attention portée à notre modèle de police de proximité.

F.D. : Ces deux crises majeures marquent, en effet, des évolutions. Outre des éléments factuels et chaotiques qu’il faut gérer immédiatement, je vois aussi les crises comme des révélateurs de mouvements qui sont plus longs. Ces deux crises ont mis en exergue la question de la légitimité de la police et de l’action politique. Les décisions sont de plus en plus difficiles à prendre. La population s’organise désormais via les médias sociaux pour accroître leur impact sur la prise de décision. Cette mobilisation est importante. Le citoyen veut participer et il faut qu’il participe. Pour répondre à cet enjeu, nous avons dû redéfinir et redévelopper le concept de proximité qui s’appuie sur l’identification des besoins et des attentes de la population par rapport à l’approche policière. C.J. : Nous sentons aussi une remise en cause plus globale de l’autorité et une polarisation grandissante dans la société. On a des citoyens qui demandent des choses opposées ou qui sollicitent des réponses très différentes aux problèmes. Cette polarisation rend la décision très difficile et constitue un enjeu essentiel auquel nous devons répondre si l’on veut établir de meilleures relations avec les citoyens et poursuivre la construction d’un bien vivre ensemble. C’est notre positionnement à Schaerbeek depuis plus de 25 ans. Frédéric Dauphin, vous êtes aussi un Chef de corps qui aura mené de nombreuses actions afin « d’outiller » au mieux ces femmes et ces hommes qui constituent le corps de police pour faire face à l’interpellation de l’action policière. F.D. : Je suis un optimiste de nature. C’est vrai que l’intervention policière est de plus en plus examinée, analysée, interrogée par les citoyens – certains diraient mise en doute. On pourrait le regretter. C’est en tout cas un fait et je pense personnellement qu’il faut s’en servir aussi pour remettre nos pratiques en question. Dans notre Zone, progressivement, on a changé les choses. Et ce travail est permanent. On a travaillé sur notre culture d’entreprise en se disant que ce n’était pas anormal que des citoyens questionnent l’action policière. Pour donner un exemple pratique, parlons de la sécurité routière. Les chiffres que nous donnons suscitent des questionnements et beaucoup de doutes auprès de la population. Il ne suffit pas de les répéter, nous devons présenter les chiffres et être crédibles dans notre présentation. Nous avons donc décidé d’inviter les citoyens à venir rencontrer les policiers qui produisaient ces statistiques pour leur expliquer le travail effectué.

On a travaillé sur notre culture ­d’entreprise en se disant que ce n’était pas anormal que des citoyens questionnent l’action policière. 4

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06.09.2021


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