Parcourir mai:juin 2016

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PARCOURIR

Vol 1 No 3 Mai / Juin

Courir au seuil lactique Planifier ses courses A.B.C Le tendon d’ACHILLE Benoît à l’UTMB, 2 ième partie. Cédric et son défi Défribrose Rimouski-Mtl. Une surcharge en glycogène sans pâtes. et beaucoup, beaucoup plus.

Magazine sur la course à pied.


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MAI/JUIN

Déjà le numéro 3! Comme dans le 3 fait le mois!

Dans ce numéro nous avons visité 3 salons reliés à la course à pied. Salon de la Course Salon Prêt à courir Salon Race Addict On a assisté à 4 événements de course: Chococourse de Montréal Circuit Endurance St-Laurent Demi des Guépards de Ste-Thérèse Course Fort Chambly Et on a lu 4 livres: Courir autours du monde Ultra Ordinaire Le coach répond à vos questions Cours Toutoune

Dans sa section rose, Marlène Couture nous parle de la peur au ventre des grands défis. Valérie Bilodeau nous jase de sentier. Mariane Lajoie assiste aux conférences et rencontre Jean-Yves Cloutier, Joan Roch, Nathalie Rivard et Geneviève Gagnon. Alexandre Émond nous parle des facteurs de motivation et de la planification des courses. Je vous parle des courses d’importance A,B,C dans une saison. Caroline St-Pierre nous explique ce que c’est de courir au seuil lactique. Avec François Lalonde nous passons du pied au talon: le tendon d’Achille. Une nouvelle nutritionniste se joint à nous. Evelyne DeBlock nous parlera d’une surcharge en glycogène sans pâtes. J’ai testé son menu d’un jour et croyez-moi, vous n’avez pas besoin de dessert. De plus nous découvrons Cedric Bouillon qui courra 590km pour aider, entre autres, ses fils atteints de fibrose kystique, Et nous suivons Benoît Létourneau dans son 2 ième texte. En route vers l’UTMB.

Bonne lecture ! Anne-Marie Gareau, éditrice


Sommaire

Volume 1 Numéro 3 Page couverture : Stéphanie Simpson, ultra-marathonienne. Éditeur en chef de Productions Nouvelle Image: Steve Lynch Éditrice PARCOURIR: Anne-Marie Gareau Journaliste: Mariane Lajoie Nutritionniste: Evelyne Deblock Collaboratrices: Marlène Couture, Valérie Bilodeau Entraîneuse: Caroline St-Pierre Entraîneur: Alexandre Émond Kinésiologue: François Lalonde Photographe: Mariane Lajoie, Steve Lynch er Anne-Marie Gareau, Correcteur: Paul Perreault

Pour annoncer dans PARCOURIR, contactez Steve Lynch à info@pnimultimedia.ca PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

Page 3: Présentation Page 4: Sommaire Page 5: 3 nouveaux livres Page 6: 3 Salons pour coureurs Page 7: Photos Chococourse Page 8: Photos Course St-Laurent Page 9: Photos Course des Guépards Page 10: Photos Course Fort Chambly Page 16: L’UTMB de Benoît Létourneau 2ième partie Page 20: Nutrition: Évelyne Deblock, Une surcharge en glycogène sans pâtes. Page 24: Rencontre: J-Y Cloutier Page 27: Valérie Bilodeau, La montagne qui ROC. Page 30: Rencontre: Joan Roch Page 33: Marlène Couture, La peur au ventre, Page 38: Rencontre: Nathalie Rivard Page 40: Rencontre : Geneviève Gagnon. Page 41: Alexandre Émond. La motivation et la planification. Page 47: Caroline St-Pierre. Courir au seuil lactique Page 49: Courses A, B, C Page 52: François Lalonde. Le tendon d’Achille. Page 57: Cédric Bouillon, Défibrose Rimouski-Montréal

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Quand les feuilles tombent à l’automne, les livres poussent au printemps.

Courir autour du monde Avec la popularité grandissante de la course à pied, des milliers d'épreuves sont organisées partout dans le monde chaque année; ainsi, de plus en plus de coureurs planifient leurs vacances en fonction des courses qui les intéressent. Du marathon de Prague à celui de Boston en passant par les Spartan Races ou le Brain Freezer, la course permet de se dépasser tout en explorant de nouveaux coins du monde... une foulée à la fois! Dans ce guide pratique unique en son genre, abondamment illustré par de magnifiques photos et agrémenté de témoignages de coureurs, l'auteur Nathalie Rivard en répertorie près de 200 parmi les plus amusantes, les plus mythiques, les plus spectaculaires, les plus extrêmes, les plus gourmandes... Que l'on soit un coureur aguerri adepte de l'Ultra Trail ou un débutant qui s'éclate sur des 5 km, il y en a pour tous les goûts et pour tous les niveaux! ISBN: 9782761942881 $29,95 version papier $22,95 version numérique. Lisez l’entrevue de Mme Rivard en page 38

Ultra Ordinaire Ni manuel d'entraînement ni roman, ce livre est un récit d'aventures véridiques. Bon an, mal an, Joan Roch franchit plus de 5 000 km en courant, grâce à des sorties quasi quotidiennes de 5 à… 250 km. Entre la maison et le boulot, il parcourt 10 km matin et soir, à longueur d'année. Monotone? Jamais, car Joan plonge tête première dans les pires conditions météo offertes par le Québec pour en rapporter d'étonnantes photos. Et pour vraiment sortir des sentiers battus, il y a aussi les ultra-marathons. Par ses réflexions, ses histoires et ses anecdotes, Joan nous démontre qu'il est possible de courir plus de 160 km, en pleine nuit, sans dormir, tout en trouvant le moyen de survivre… et même de sourire! Ainsi, il nous fait vivre une aventure humaine hors du commun et pourtant accessible à tous. ISBN: 9782761944120 $29,95 version papier $22,95 version numérique. Lisez l’entrevue de Mr. Roch en page 30

Le coach répond à vos questions Jean-Yves Cloutier répond aux interrogations des milliers d'adeptes de la course à pied qui sillonent les routes, les pistes et les sentiers du Québec. Regroupées par grands thèmes, dont l'entraînement, la compétition, les accessoires, la motivation et la planification, les questions s'inspirent directement de ses 35 années d'expérience comme coach, au cours desquelles il a entraîné et conseillé plus de 3 000 coureurs de tous les niveaux. 76 questions-réponses qui s'adressent aux coureurs de tous les âges, peu importe leur niveau, leur motivation et leur but. ISBN (papier) : 978-2-89705-403-8 $24,95 ISBN (PDF) : 978-2-89705-405-2 $17,99 ISBN (EPUB) : 978-2-89705-404-5 $17,99 Lisez l’entrevue de Mr. Cloutier en page 24

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Trois salons pour la course à pied.

En mars et en avril, dans la grande région de Montréal, les coureurs ont eu droit à 3 salons reliés à la course à pied.

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Le 19 mars dernier avait lieu la toute première édition 
 de la Chococourse au Parc Maisonneuve. Plus de 4000 coureurs se sont précipités sur le chocolat offert durant la course de 5km.


Chez les femmes Arianne Raby a établie un nouveau record avec un temps de 00:36:06.9 au 10km.

Le 10 avril dernier avait lieu le 3 ième rendez-vous (sur 13) du Circuit Endurance à Ville St-Laurent pour les 1, 2, 5 et 10 km, où l’élite côtoyait les coureurs de plaisance. Sous un soleil radieux, mais un peu frisquet, 2293 coureurs ont franchi le fil d’arrivée.


Le 24 avril dernier avait lieu le demi-marathon des 
 Guépards de St-Eustache. Plus de 700 coureurs étaient au rendez-vous en cette journée ensoleillée où les distances de 1km, 5km et 21,1km étaient au menu.


Le 1er mai dernier avait lieu la 10e édition de la Course Fort CHAMBLY. 711 participants de tous âges ont 
 franchi le fil d’arrivé pour les distances de 1km, 2.5km, 5km, 10km et 15km. Bravo à tous!


FITLETIC.CA

On s'amuse en famille à la course Fort Chambly. COMPRESSPORT.CA


Échauffement avant le départ de la vague des « mères-veilleuses », le 19 mars dernier.


 

Allez voir les albums photos de diffĂŠrentes courses sur la page de PARCOURIR

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À travers mon objectif! Plus d’images sur notre page Facebook

Un duel de 10km à Ville St-Laurent entre Francois Jarry, avec un temps officiel de 00:31:19.1, suivi de près par David Le Porho, avec un temps officiel de 00:31:23.8. Gabriel Legault a complété le podium homme en 00:32:39.9


Benoît Létourneau, en route vers l’Ultra-trail-du-Mont-Blanc, deuxième partie Voilà! Je suis réellement inscrit à l’Ultra-Trail du MontBlanc (UTMB)! C’est vraiment bien, je suis vraiment très heureux et excité à l’idée de participer à cette épreuve GRANDIOSE. Suite à mon inscription, j’ai passé beaucoup de temps à me renseigner sur la course, à étudier le parcours et à lire des comptes rendus de coureurs qui ont participé aux éditions précédentes.

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« Le défi (entre autres) est de courir en descente sans hypothéquer la musculature et les articulations »

Je réalise qu’il faut pas mal de préparation! Je le savais d’emblée, mais en y regardant de plus près, il n’y a pas que la distance qui sera un défi, il y a l’altitude, ainsi que les dénivelés négatifs et positifs. Il y a 10 000 mètres de dénivelé, cela signifie 10km de montée et 10km de descente. C’est beaucoup de kilomètres verticaux, ça! Intuitivement, on pense tout de suite à préparer les montées. Ce qu’on oublie, c’est qu’il faut aussi préparer les descentes. Après un certain pourcentage d’inclinaison,

c’est tellement pentu, qu’il est parfois plus efficace de faire de la marche rapide (et même descendre un peu sur les freins!) que de courir. Ça prend une certaine musculation certes, mais c’est de la marche. Là où il est possible de gagner du temps et faire la différence c'est sur les transitions, le plat et les descentes. « Si tu es capable de te relancer sur les plateaux, descendre efficacement sans trop hypothéquer ta musculature et tes articulations, c’est là que tu deviens plus rapide et où tu peux gagner du temps. »


Pour les montés : Mon premier défi sera donc de 
 trouver des façons originales de faire des montées. Comme j’habite à Ottawa, les terrains accidentés sont rares. Nous avons le parc de la Gatineau, mais, sommes toutes, c’est relativement plat comparé à l’environnement alpin qui m’attend. De plus, je ne peux pas m’y rendre tous les jours (famille, travail, etc.). Donc je devrai être inventif, créatif et trouver des façons de cumuler le dénivelé nécessaire. J’utilise présentement la cage d’escalier de l’immeuble où je travaille. Il y a 14 étages que je peux monter et descendre à différente vitesse, quand bon me semble. C’est ennuyant, mais c’est efficace! J’ai aussi un tapis roulant qui me permet des inclinaisons allant jusqu’à 40%. Je m’en sers pour simuler les longues montées en faisant de longues marches à 30% d’inclinaison, ou en faisant des intervalles à vitesse constante, mais en variant les inclinaisons. Par exemple : 5 minutes à 10%, 5 min. à 20% tout en gardant une vitesse de 7 km/h. Tout comme la cage d’escalier: c’est ennuyant, mais c’est efficace. Ça m'entraîne à monter et aussi à descendre. PARCOURIR MAI / JUIN 2016

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Pour les descentes :

de la Gatineau est parfait et offre un ĂŠventail de sentiers intĂŠressants.

Je planifie faire quelques journÊes au MontTremblant   pour y faire des montÊes et bien sÝr, des descentes! Comme il y a une limite au nombre d’heures d’entraÎnement qui peut être fait dans une journÊe, je pense utiliser la remontÊe pour me rendre en haut et je redescendrai en courant. Cela me donnera plus de temps ciblÊ sur les descentes. Les journÊes oÚ je voudrai simuler de longues montÊes, je ferai le contraire.

Mon entraÎnement suit des cycles de 4 semaines, une petite, une moyenne, une grosse, suivi d’une semaine de rÊcupÊration. Mes cycles ont augmentÊ tout au long de l’hiver et continuent d’augmenter jusqu’à la fin mai, dÊbut juin. J’enchaÎne ensuite une sÊrie de courses prÊparatoires dont entre autres l’Ultimate XC de Saint-Donat (60 km) et le The North Face challenge Ontario (80 km) et finalement, le dÊfi ultime: l’UTMB à la fin aoÝt. (170km).

L’entraĂŽnement en gĂŠnĂŠral Pour le reste, je m’entraĂŽne dehors, beau temps, mauvais temps. Je fais de longues sorties en sentier, sur route, ou en mĂŠlangeant un peu les deux. J’essaie de courir sur des terrains variĂŠs. Je fais aussi de la course d’orientation, c’est de la course en forĂŞt, en sentier. C’est très bon pour dĂŠvelopper l’agilitĂŠ nĂŠcessaire pour courir sur des terrains techniques. Le parc

Sur ce, je retourne faire des marches. Ben.

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Surcharge en glycogène n’égale pas surcharge de spaghetti!

Evelyne Deblock M.Sc. Dt.P. Nutritionniste du sport Accréditée par l'Association Canadienne des Entraîneurs

Les glucides sont la principale source d’énergie utilisée lors d’un effort, stockés sous forme de glycogène dans le foie et les muscles. Pour s’assurer que nos réserves de glycogène sont remplies à pleine capacité, il faudra consommer beaucoup de glucides avant une épreuve d’endurance. Mais heureusement, surcharge en glycogène n’implique pas pour autant de manger abondamment de spaghetti la veille ! Il suffit de bien disposer les glucides au courant de la journée.

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Les deux à trois jours avant une épreuve d’endurance, on se repose 
 et on adopte une alimentation riche en glucides, faible en gras et contenant un peu de protéines à chacun des repas. On évite l’alcool, on boit beaucoup et on ne lésine pas sur le sel. On maximise ainsi le contenu en glycogène dans nos muscles. C’est ce qu’on appelle la surcharge en glycogène.

La difficulté d’un protocole de surcharge en glycogène réside dans la capacité à consommer assez de glucides, soit l’équivalent d’environ 9 g de glucides par kilogramme de poids corporel par jour. Cela représente 540 g de glucides par j o u r p o u r u n e fe m m e d e 6 0 kilogramme de poids corporel. Pour y arriver, elle devra consommer davantage de glucides à chacun des repas, voire Plus notre doubler les réserve de Pour chaque gramme de portions qu’elle g l y c o g è n e musculaire est glycogène, le corps stockera a l’habitude de m a n g e r. S o n importante, plus aussi 3 grammes d’eau. assiette devra notre potentiel être garnie avec d’endurance est la moitié de élevé. Cependant, féculents (riz, couscous, orge, ce principe n’est valable que pour pâtes, pommes de terre, maïs, pain, des efforts soutenus d’une durée de céréales), des légumes cuits de 90 minutes et plus, soit l’équivalent préférence et un peu de protéines. d’une course d’au moins 15 km. Elle devra aussi ajouter des fruits, Une réserve élevée en glycogène du yogourt sucré ou du jus pour n’aidera donc pas nécessairement compléter son apport en glucides. des coureurs de 5 ou 10 km, et pourrait même être nuisible, due au sentiment de lourdeur associé à la surcharge en glycogène. Il est d’ailleurs normal de prendre quelques livres sur la balance, puisque pour chaque gramme de glycogène, le corps stockera aussi 3 grammes d’eau. L’eau accumulée dans les muscles sera libérée lorsque le glycogène sera utilisé au cours de l’effort et servira aussi au contrôle de la température interne.

Riz, épinards, blanc d’oeufs et soya.

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Néanmoins, la simple application du protocole de surcharge en 
 glycogène n’est pas garante du succès. En effet, l’alimentation le matin d’une épreuve d’endurance et pendant l’épreuve est tout aussi importante, car si elle est inadéquate, tous les efforts mis dans l’application du protocole de surcharge pourraient être brimés. La nuit, le corps puise dans ses réserves de glycogène du foie, alors il faudra aussi manger suffisamment de glucides dans les heures précédant l’effort. Il faut prévoir 1 g de glucide par kilogramme de poids corporel pour chaque heure précédant l’effort. D’autres aliments spécifiques ont leur place dans les jours précédant une épreuve d’endurance. C’est le cas de la betterave et de ses nitrates. Ces derniers ont des effets bénéfiques sur la circulation sanguine et la contraction musculaire. Les muscles consommeront alors moins d’oxygène pour effectuer le même effort et seront donc plus efficaces. Des doses de 5 mmol (300 à 400 mg) de nitrates consommés pendant les 3 jours précédant l’épreuve et moins de 2 heures avant, pourraient améliorer la performance. Pour obtenir cette dose, il suffit de consommer environ 50 g d’épinards crus (environ 1 t haché) ou 4 betteraves moyennes. Boire un

café au déjeuner pourrait aussi diminuer la perception de la fatigue et améliorer l’utilisation des gras comme source d’énergie, ce qui épargnerait les réserves de glycogène et prolongerait la durée de l’effort. Cependant, le café n’est pas une source d’énergie et ne remplace pas les aliments qui nous apportent les nutriments dont notre corps a besoin pour fonctionner adéquatement. Les effets bénéfiques de la caféine sur la performance seraient apportés par la consommation de 2 à 3 mg de caféine par kilogramme de poids 1 heure avant l’effort. Une coureuse de 60 kg aura suffisamment de caféine avec 1t de café filtre (180 mg) et ce, sans la déshydrater avant l’effort.

Salade de canneberges séchées, fromage féta, bettraves, huile et jus de citron.


Si une femme de 60 kg a l’intention d’aller courir un demi-marathon, voici à quoi devrait ressembler son alimentation dans les 3 jours précédant son épreuve :

*125ml de blanc d’oeuf équivaut au blanc de 4 oeufs moyen .

**Pour les plus petits appétits, il suffit de réduire les féculents aux repas et d’ajouter du jus de fruits. Remplacez simplement 1/2 t de riz/couscous par 1/2 t de jus de fruits.

Références 1. Santé Canada. Fichier canadien sur les éléments nutritifs, 2010 2. Lansley K. E. et coll. Acute dietary nitrate supplementation improves cycling time trial performance. Med. Sci. Sports Exerc., 2011;43(6):1125-1131 3. Richard Chouinard et Nathalie Lacombe. Course à pied : Le guide d’entraînement et de nutrition (2013), Montréal Guide KMag, 322 pages.

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Rencontre avec…

…Jean-Yves Cloutier

Marianne Lajoie, journaliste

Ancien athlète de demi-fond, fondateur du club d'athlétisme Les Vainqueurs, entraîneur et co-auteur des célèbres « Courir au Bon Rythme » 1 et 2, Jean-Yves Cloutier est une référence en course à pied au Québec. L'équipe de Parcourir l'a rencontré quelques jours après la parution de son troisième livre : « Le coach répond à vos questions ». PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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PARCOURIR : Est-ce que votre troisième livre « Le coach répond à vos questions » était une demande de vos lecteurs? JEAN-YVES CLOUTIER : Ce livre est complémentaire aux deux autres. Dans les deux premiers, il y avait des programmes d'entraînement bien établis. Le premier livre s'adressait à tous les niveaux de coureurs, alors que dans le second, c'était pour les coureurs confirmés. Ce troisième livre est un rassemblement de toutes les questions les plus posées dans les conférences, médias, depuis les cinq dernières années avec la parution de mes livres, mais également depuis le début de ma carrière, il y a trente ans. C'est donc le fruit de mon travail, de mon expérience, de mes observations sur le terrain. C'est écrit avec un ton vulgarisé, c'est comme si on se parlait, toi et moi, et que tu me posais des questions comme : Que penses-tu des courses d'hiver? Comment planifier ma compétition si j'ai des vacances au milieu de l'été? Quelle est la stratégie ultime pour réaliser ma meilleure course? Il y a également réponses à des questions inusitées. Qu'est-ce que ça apporte

d'avoir une médaille? Comment faire pour décortiquer les études scientifiques? Que ma maison d'édition, La Presse, me permette d'écrire un troisième livre, ça a été, une fois de plus, un privilège. PARCOURIR : À travers le livre, il y a une quinzaine de spécialistes. Comment les avez-vous sélectionnés? J.-Y.C. : Ce sont des gens du milieu qui côtoient des coureurs et parfois, ce sont mes athlètes. Par exemple, j'en connais plusieurs qui sont maniaques de montres. Eux, de par leurs expériences, sont en mesure de dire les inconvénients et avantages de chacune d'entre elles. Même chose pour les poussettes de course. J'ai un athlète qui en utilise depuis sept ans. Il est donc en mesure de nous donner des conseils, à savoir comment occuper le passager, où sont les endroits idéaux pour courir avec l'appareil, comment doser l'entraînement avec un « baby jogger », etc.

Jean-Yves Cloutier au lancement de son 3 ième livre.


PARCOURIR : Souvent, les entraîneurs sont avares de leurs conseils. Ils ne veulent pas diffuser publiquement leurs entraînements. 
 Pourquoi le faites-vous sans gêne? J-Y.C. : Je me dis que j'ai beaucoup reçu de la part des autres. J'ai eu la chance de faire le tour du monde grâce à la course. J'ai représenté le Canada comme entraîneur, j'ai eu deux athlètes au Championnat du monde. Âgé de bientôt 59 ans, j'ai le goût de donner. Pour devenir un bon entraîneur, il faut observer, être à l'écoute de ses athlètes. Tout se fait au niveau de l'approche, de la communication avec ses athlètes. Il faut dire les bons mots, au bon moment. À mon âge, je n'ai plus peur de donner mes trucs, à travers mes livres.

plaisir. Du plaisir, on peut en avoir à long terme, d'autant plus que ça apporte des bienfaits. On maintient notre poids santé, notre jeunesse, on évite les hôpitaux. Je pense que ça va être plus durable, parce que la barre n'est pas trop haute, c'est accessible et plaisant.

PARCOURIR : Entre le fait de gagner des courses et de voir ses athlètes le faire, qu'est-ce qui est le plus valorisant? J-Y.C. : Ça dépend des circonstances. Gagner, c'est une consécration, mais je dois avouer que j'ai déjà été très satisfait d'arriver quatrième. Si tu gagnes, et qu'il n'y a pas d'opposition, c'est moins plaisant, moins valorisant. Gagner, c'est toujours relatif. Ça dépend des adversaires. Courir contre quelqu'un qui a le même objectif que toi, c'est là que la stratégie, physique ou mentale, peut jouer. PARCOURIR : Il y a eu, dans le passé, un creux avec la course à pied. Par exemple, le marathon de Montréal a cessé entre 1990 à 2003. Aujourd'hui, le sport est en pleine ascension. Croyez-vous que ce creux pourrait revenir dans le futur? J.-Y.C. : Tôt ou tard, une vague, ça redescend. Par contre, les gens qui courent actuellement le font pour les bonnes raisons. Dans la vague précédente, dans les années 1990, c'est tombé de haut, car les gens étaient très compétitifs. Quand tu es compétitif, ça ne dure pas longtemps. Tu veux t'améliorer à tout prix. Mais quand au bout de cinq ou six ans tu ne t'améliores plus, tu passes à autre chose. Aujourd'hui, la grande majorité des gens courent pour le PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

PARCOURIR : Un quatrième livre semblerait un beau défi pour vos 60 ans, est-ce que je ne me trompe? J.-Y.C. J'ai des idées pour un quatrième livre, mais le problème, c'est que j'en ai écrit trois en cinq ans. J'ai l'impression d'avoir été sans arrêt devant mon ordinateur. Je suis rendu dépendant de l'écriture, c'est comme une nouvelle habitude de vie. Je veux prendre le temps avant de m'y replonger, quoique j'aie des idées. J'aimerais regrouper mes bouquins, pour les traduire en plusieurs langues. Pour l'instant, tout est sur la glace. C'est certain que si La Presse est encore présente, oui, je vais embarquer encore. Mais il faut avouer que c'est exigeant. C'est comme si j'avais eu trois enfants en cinq ans. Est-ce que j'ai le goût d'en avoir un quatrième tout de suite, ou j'attends que les autres grandissent un peu? Mais bien que ce soit beaucoup de temps, c'est du temps valorisant. Quand tu as du succès, tu es propulsé vers l'avant. Et quand tu as le vent dans le dos en vélo, est-ce que tu mets les freins? Non. 26


La montagne qui ROC?

Valérie Bilodeau, blogueuse.

Yeah! En piste tout le monde, le printemps s’installe, au même rythme que nos nouvelles applications de suivis, nos souliers neufs (et nos beaux vestons?) et peut-être aussi, pourquoi pas, quelque s morce aux dernier cri hyper confortables pour nos longues sorties!

Non mais, il me semble que je cours toujours plus vite avec un nouveau « legging » ; c’est peut-être dans ma tête, remarquez. Je m’ennuie vite. Alors je dois constamment trouver quelque chose pour me réinventer. La cause en est peut-être le petit déficit d’attention dont j’ai hérité? C’est drôle par contre, la course à pied, ça, je ne me tanne pas. J’en mangerais pour déjeuner, pour dîner et pour souper, en autant qu’elle soit accompagnée d’un bon petit cornet de crème glacée. Humm! Plaisir coupable de coureur…! Vous en avez aussi, des plaisirs coupables? Tant qu’à moi, s’il n’y en a pas, la vie est plate. Chaque nouveauté me donne des ailes. Je suis comme ça moi, j’ai besoin de changements, de défis, de folies multiples et variées. Je me questionne souvent à savoir si je manquerai d’idées un jour. Pff! Je trouve toujours le moyen d’inventer ou d’essayer autre chose.

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D’ailleurs, je viens de faire l’acquisition d’un sac d’hydratation : ras-le-bol des 
 ceintures qui ballotent et qu’on doit continuellement redescendre! Une autre innovation qui, j’en suis certaine, me fera VRAIMENT courir plus vite. Juste ça à essayer et me voilà déjà motivée à repartir! Remarquez que ce sera peutêtre utile et nécessaire puisque je veux, cette année, me tourner aussi vers la c o u r s e d e s e n t i e r. Ta n t q u ’ à s e renouveler, pourquoi ne pas passer par un nouveau type de course? La forêt, le calme, la nature, les paysages, les montées, les racines, les roches… ouf! Je sens que j’aurai besoin d’une bonne dose des décibels de «Rocky» dans les oreilles! Au fait, je me demande combien de coureurs écoutent cette chanson pendant leurs sorties; ce doit être une bonne majorité! Je tenterai donc, cette saison, de commencer à percer les secrets de la montagne. Est-ce qu’elle me parlera? Me dévoilera-t-elle ses secrets quant à la réussite? Je l’ignore, mais chose certaine, j’ai la ferme intention de l’écouter amoureusement, peut-être entre «Rocky» et «Top Gun». Je me sens attirée vers des courses sensiblement moins longues, mais au dénivelé différent. J’ai besoin de changer de décor pour courir. C’est un élément qui me fait toujours du bien. Changer constamment de trajet est agréable et facilement applicable. Mais changer littéralement d’endroit est une toute autre chose. Je tenterai donc d’adapter ma foulée et ma respiration aux longues montées. PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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Nouvelle annĂŠe, nouveaux dĂŠfis. Je fonctionne ainsi depuis belle lurette.   Mais ce qui demeure essentiel dans toutes mes envies, reste impĂŠrativement le plaisir et la souplesse. Si je me donne le droit d’essayer, je me donne aussi le droit d’arrĂŞter. Je n’abandonne pas facilement, j’aime me dĂŠpasser et oui parfois, avoir un peu peur. De toute façon ça a toujours ĂŠtĂŠ un ĂŠlĂŠment pour me propulser. Et j’ai justement très peur des roches et des racines‌ EspĂŠrons simplement que je ne serai pas trop concentrĂŠe lĂ -dessus, au point d’en oublier mes traditionnelles salutations ÂŤRock onÂť!

C OURIR

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Rencontre avec…

… Joan Roch Marianne Lajoie, journaliste

L'Ultraextraordinaire Joan Roch

Joan Roch …ce Français d'origine vivant à Longueuil utilise depuis quatre ans la course à pied comme moyen de transport. Ses souliers le mènent à son travail, situé à douze kilomètres de sa résidence. Pour lui, il s'agit de la solution idéale pour s'entraîner, tout en ayant du temps de qualité en famille, avec ses trois enfants, au quotidien. Depuis mars dernier, il est possible de lire ses récits d'entraînement au quotidien et ceux de ses ultras-marathons, à travers les pages de son livre « Ultraordinaire : journalVold'un PARCOURIR 1 No 3coureur MAI/JUIN ». 2016 30


En 2015, Joan Roch a participé à six 
 ultras-marathons, en plus de courir les 250 kilomètres qui séparent Montréal de Québec, et ce, sans jamais s'être blessé. La clé, selon lui, est d'écouter son corps. « Même si les compétitions sont en trail, je ne m'entraîne que sur la route. J'aimerais le faire en montagne, tout comme faire de longues sorties, mais je n'ai simplement pas le temps. De toute façon, avec cent kilomètres de volume par semaine, rendu au week-end, je n'ai plus le goût de courir. » En janvier 2013, et pour une période d’un an, il a commencé à filmer ses courses au quotidien pour créer la vidéo « Beastie Runs ». Regardé par plus de 38 000 personnes, le petit film le présente, armé de sa GoPro, affronter les intempéries des quatre saisons québécoises. « Et maintenant, 12 mois plus tard, 5 300 km plus loin et 430 courses plus fort, je vous invite à me suivre au travers de conditions climatiques extrêmes, bien à l'abri devant votre écran », peut-on lire dans la description sous la vidéo.

rassemble le matériel qu'il a écrit et photographié en quatre ans. « J'ai repris les articles de mon blogue, que j'ai commencé à écrire en 2012. Il y avait donc déjà beaucoup de matière pour mon livre quand le projet a été accepté. Il y a quand même des inédits dans le livre. J'ai eu à relire, retravailler, rééditer tous mes textes, pour les remettre au goût du jour. Certaines choses que j'avais écrites en 2012 ont eu à être reformulées. J'écris mes récits au moment où ils arrivent », a expliqué Joan Roch, à la suite d'une conférence qu'il a donnée chez MEC, où il est ambassadeur. Cet exercice lui a permis de voir à quel point son style d'écriture avait évolué avec les années et comment sa plume changeait selon les différents ultras-marathons vécus. « Si j'avais tout réécrit maintenant, mes souvenirs n'auraient pas été très clairs, surtout que ma vision de la course a changé depuis. Cela n'aurait pas donné cette impression de progression. »

En plus de regarder Joan Roch en action, il est désormais possible de le lire. « Ultraordinaire : journal d'un coureur » est un livre qui PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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L'agenda de 2016 de Joan Roch est déjà bien rempli. « Je vais participer à des courses du Ultra-Trail World Tour. C'est la troisième année qu'un Championnat pour de l'Ultra est créé, avec des courses de plus de 100 kilomètres. » Il a complété la première étape, celle de Hong Kong, en janvier. En mi-mai, il sera de l'étape d'Australie. « La troisième que je ferai sera l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Le classement se fait à partir des trois meilleures performances de l'année, sur quatorze événements sur le circuit. Donc, pour ma part, comme mes

trois courses vont compter, il ne faut pas que je me plante. » Deux semaines seulement après avoir complété les 170 km du MontBlanc, Roch se dirigera vers l'Italie pour le Tour des Géants et ses 330 kilomètres. « Le temps limite pour cette course est d'environ six jours et six heures. Je pense le faire en quatre ou cinq jours. Les marathons, en général, on réussit notre temps visé à quelques minutes près. Avec les ultras-marathons, c'est à quelques heures près. Cette fois-ci, ce sera à quelques jours près », a-t-il conclu à la blague.


Carte « rose » de Marly!

Avoir la peur au ventre! Marlène Couture, chroniqueuse.

Peur. Crainte. Inquiétude. Panique. Anxiété. Angoisse. Tous des synonymes. À chacun son mot, son expression. Toujours est-il que certains coureurs vivent la course à pied plus difficilement que d’autres. Mais ne dit-on pas que nous courons pour le PLAISIR!?!

PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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Nous sommes encore au tout début de la saison de course. Les 
 premières courses «importantes» de la saison sont à notre porte. Course importante rime souvent avec objectif et défi.

Mais parfois, aussi, avec peur et découragement. La peur de l’échec, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas atteindre son objectif. Mais il y a aussi la peur de décevoir. De se décevoir. De décevoir les autres. La peur d’avoir mal. La peur d’avoir peur. Cette peur vient habituellement avec l’amplitude de l’objectif que nous nous sommes fixés. Selon l’objectif, et souvent même, selon les objectifs, car ils arrivent en groupe, plus gros les uns que les autres. Tellement qu’on y perd parfois même le plaisir de courir, l’objectif qui devrait se retrouver à la base même de la course. Il y a la peur, parce que l’objectif est peut-être trop ambitieux pour nous. Ça arrive même aux meilleurs. Trop, c’est comme pas assez. Un objectif doit nous stimuler et non pas nous décourager. Il doit nous propulser et non pas nous freiner. Se mettre des objectifs c’est stimulant, mais ça peut aussi devenir démoralisant, voire même totalement démotivant, surtout lorsqu’on se rend compte, par exemple, qu’on n’arrive tout simplement pas à tenir la vitesse prescrite pour l’atteinte de notre objectif. Qu’on n’arrive pas ou qu’on a toutes les difficultés du monde à franchir le kilométrage à faire lors d’une longue sortie.


objectif pour nous. Et à d’autres moments, il faut faire la sourde oreille et 
 juste se lancer, tenter sa chance. Car de toute façon, que risquons-nous en tentant notre chance? Que peut-il arriver de grave, si nous n’atteignons pas notre objectif? Rien. Tout simplement, rien de grave. De la déception, oui. Mais n’est-ce pas au travers les épreuves de la vie qu’on devient plus fort? Et comme je le dis régulièrement : «Si c’était facile, tout le monde le ferait». Une fois n’est pas coutume, alors il ne faut pas se décourager à la première difficulté. Souvent à la sortie suivante, tout ira bien. Mais si c’est à répétition, là ça vient jouer sur le moral, ça décourage. Car oui, à l’occasion il arrive qu’on ne réussisse pas à faire notre entraînement comme prévu. Mais si cette occasion est trop fréquente, c’est peut-être que notre objectif n’est pas réaliste, pour nous, maintenant. C’est bien beau avoir de l’ambition, mais il faut aussi savoir se respecter, respecter notre corps. Celui qui nous permet de pratiquer ce merveilleux sport qu’est la course à pied. Il y a également la peur «normale» face à un objectif. Une expression anglophone que j’aime bien dit: «If your dreams don’t scare you, they aren’t big enough». Ma traduction personnelle : «Si tes rêves ne te font pas peur, ils ne sont pas assez gros.» C’est normal d’avoir quelques inquiétudes en cours de route. Même après plusieurs marathons, il y a toujours un petit stress à savoir si je vais réussir, franchir la distance, la franchir avec plaisir. Mais notre peur ne doit pas nous paralyser. Elle ne doit pas nous empêcher d’avancer, nous empêcher de nous propulser vers l’avant. Parfois, il faut l’écouter cette peur, afin de s’assurer d’avoir le bon PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

C’est normal d’avoir des craintes, d’avoir une certaine peur. Mais il ne faut pas oublier que nous devons avoir un objectif réaliste, qui nous ressemble. Il faut le choisir en fonction de nous et pour nous. Et non pas pour essayer de faire comme le voisin, pour impressionner la galerie, ou pour faire plaisir à Pierre Jean Jacques. Donc, si le défi est à notre hauteur, il faut se lancer, il faut tenter notre chance. Notre chance de réussir et faire fuir cette peur de l’échec. Des échecs, j’en ai eus et j’en aurai encore. Il s’agit d’en faire sortir le positif, d’apprendre de cet «échec». Et je dirais même d’apprendre de nos erreurs. Mais parfois, ce n’est pas causé par les erreurs. J’ai découvert au fil des courses, au fil des ans, que la course demande beaucoup d’humilité. Parfois tu fais vraiment le meilleur entraînement qui soit, tout au long des semaines qui précèdent la course et arrivé le jour «J», hé bien ! rien ne va plus, le corps cette belle machine, ne veut pas suivre. C’est tout simplement que les étoiles ne sont pas alignées à ce moment précis. 35


La peur. Affronter nos peurs, dépasser nos peurs. Souvent c’est tout simplement, aussi, la peur de souffrir, la peur d’avoir mal, la peur d’avoir peur! Il faut terminer notre course et être fière de notre accomplissement. Oui, on a droit à la déception. Mais il faut passer rapidement à autre chose, ce n’est pas sain de vivre sur la déception. C’est négatif et ça ne nous fait pas avancer. Il faut en retirer quelque chose de positif. Tout n’est pas négatif. Et bien honnêtement, souvent on apprend beaucoup plus sur nous et sur la course à pied, lors d’une épreuve difficile, que lors de nos plus grands succès. Il ne faut surtout pas oublier qu’on court pour le plaisir avant tout. On court pour soi. On ne gagne pas notre vie avec ça. Je le sais, je me répète, mais je veux être certaine d’être bien comprise. D’un autre côté, cette peur face à nos objectifs peut être saine. Elle peut nous p e r m e t t r e d e n o u s d é p a s s e r. D’accomplir quelque chose qu’on croyait au départ tout à fait impossible à réussir. Cette peur peut nous aider à garder, conserver, trouver, retrouver, notre motivation à l’entraînement. Ça devient un peu comme l’essence pour faire tourner le moteur. Une course, peu importe la distance à franchir, ça demeure personnel. C’est un moment en tête-à-tête avec soimême. Notre chrono final n’est qu’un chiffre. Il ne reflète en rien notre course. Le chrono ne dit pas tout. Il ne

dit que le temps que nous avons pris afin de franchir une distance «X» ce jour-là. Il ne dira pas comment on se sent en traversant la ligne d’arrivée. Il ne dira pas comment on s’est senti tout au long du parcours. Il ne dira pas où l’on ressent une nouvelle douleur apparue dans les derniers kilomètres. Il ne dira rien d’autre que le temps. On peut avoir un très bon chrono et avoir eu une très mauvaise course. Ne pas être satisfait. N’y avoir trouvé aucun plaisir. Que de la douleur et de la s o u f f r a n c e . Pa s n é c e s s a i r e m e n t physique, soit dit en passant. Dans le même ordre d’idée, il est possible d’avoir un chrono que l’on considère personnellement moins «honorable», mais dont nous avons une grande fierté, car nous venons de traverser une grande épreuve dans notre vie. Seul nous savons comment a réellement été NOTRE course à nous, pour nous. J’écris ce texte sans prétention aucune. Je ne suis pas psychologue, je n’ai pas de compétences spécifiques. Il s’agit de mon expérience à moi, avec mes essais et erreurs au fil des ans. Je vous laisse sur une citation de Patrice Godin, tirée de son livre Territoires inconnus. «Et j’apprends encore tous les jours sur la course à pied. Cela fait partie de la magie. J’apprends aussi beaucoup sur moi. Autant de mes échecs que de mes victoires personnelles. J’apprends en me trompant souvent et c’est parfait comme ça.» Marly :)


 

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Rencontre avec…

… Nathalie Rivard

Marianne Lajoie, journaliste

Parcourir le monde avec ses souliers Nathalie Rivard est une journaliste qui aime particulièrement traiter dans ses textes de course à pied, d'entraînement et d'escapades. Il y a quatre ans, une idée s'est mise à germer dans son esprit, alors que les membres de son club de course planifiaient leurs voyages en fonction de courses qu'ils allaient faire. Et si elle écrivait un livre qui donnerait des idées de courses à faire, à travers le monde, alliant par le fait même plusieurs de ses passions? Débordée par mille et un projets, c'est en janvier 2015 qu'a officiellement commencé son travail d'écriture. Depuis le 9 mars dernier, son livre « Courir autour du monde », des Éditions de l'Homme, est sur les tablettes des librairies. PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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PARCOURIR: Comment votre livre est-il structuré? J'imagine que la sélection des 200 courses a été difficile?

NATHALIE RIVARD : Ça a été une année de travail. Comme c'est un livre factuel, je ne pouvais pas me permettre la liberté d'inventer des choses. Je m'étais fait une liste de courses dont je voulais parler. Au départ, j'en avais 300. Au fil du temps, la liste s'est modifiée. Mon éditeur voulait à priori que je traite de trois ou quatre courses par page. Quand j'ai commencé la rédaction, j'ai vite réalisé qu'il manquait d'informations pour aider les gens. Au maximum, il y a deux courses par page dans mon livre et la plupart ont une page complète. La première partie du texte sert à faire rêver les gens. La deuxième section mentionne quel est le type de course, qui peut s'y inscrire, si les organisateurs donnent une médaille de participation ou non à la fin de la course. J'ai également trouvé la température moyenne extérieure, pour aider les gens à choisir la façon de s'habiller. Il y a donc beaucoup d'informations pratiques. Parfois, on y retrouve le témoignage d'un coureur qui a déjà participé à cette course, ou une entrevue avec l'organisation. Les courses sont placées par régions du monde et à la fin, il y a une section thématique. J'y regroupe, par exemple, les courses à faire entre filles, les courses pour les chèvres de montagne, celles où on peut se déguiser. PARCOURIR : Est-ce que le livre s'adresse à tous les types de coureurs? N.R. : Oui, car l'idée, c'était justement d'avoir un livre pour tous les goûts. Les distances varient entre un kilomètre, à une course de 563 kilomètres en autonomie complète, au Yukon, avec un traîneau et qui se fait sur plusieurs jours. Entre les deux, il y a un monde de courses. Des courses dans le froid, au chaud, sur la plage, où les gens se costument, des courses gourmandes, mais pas seulement celles que l'on connait ici, au Québec. Je voulais que les gens en Europe viennent courir ici dans notre province, c'est pourquoi on en retrouve beaucoup. Je voulais aussi que les Québécois aient le goût de faire des escapades à travers leur province, pour y découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles courses. Donc autant un

coureur qui fait des cinq kilomètres, que celui qui fait de l'Ultra Trail, y trouvera son compte. PARCOURIR : Jusqu'à présent, est-ce que la réaction des lecteurs est positive? N.R. : La première personne qui a vu mon livre, c'est la même personne qui m'a encouragé à aller voir les Éditions de l’Homme, Josée Prévost, qui est propriétaire de la Maison de la Course. Nous sommes allées manger et je lui ai présenté le livre. À la fin du repas, elle avait mis une vingtaine de post-it dedans. Le lendemain, elle s'était déjà inscrite à une course en Colombie-Britannique. Les gens aiment beaucoup le livre. Je n'ai eu que des commentaires positifs. Comme il y a beaucoup de photos, ça fait rêver. Plusieurs femmes sont venues me dire qu'elles étaient contentes que ce ne soit pas juste un livre pour les marathoniens. PARCOURIR : Et vous Nathalie, quelle course, que l'on peut trouver dans votre livre, rêvez-vous de faire? N.R. : Dans la prochaine année, il y a deux courses que j'ai vraiment le goût de faire. Il y a une course, le Half Corked marathon Weekend Oliver Osoyoos Winery, qui est la version canadienne du marathon du Médoc, en France. En fait, c'est plutôt un 18 kilomètres, à travers les vignobles, où les gens boivent du vin et se costument. Il y a aussi le demimarathon du Big Sur, en Californie, qui me tente beaucoup. Les paysages sont spectaculaires, tu cours sur le bord de la mer. Les courses sur plusieurs jours me tentent également, dont une en Irlande, un 100 kilomètres, qui est toutefois trop longue pour moi pour l'instant. PARCOURIR : Merci, Nathalie, et bon succès!


Cours Toutoune prend des livres!

L’auteure des capsules WEB Geneviève Gagnon lançait son livre « Cours Toutoune, y’en n’aura pas de miracle » le 26 avril dernier. C'est entourée de sa famille, venue en cachette de Thetford Mines, de ses amis, collègues, et de quelques fanatiques, que Geneviève Gagnon a lancé son livre Cours Toutoune – Y en n'aura pas de miracle. « C'est l'une des plus belles journées de ma vie. Je passe en avant de ma pile de livres et je n'en reviens pas que c'est moi qui aie fait ça », a avoué l'auteure en entrevue, quelques minutes avant que son fils, qui étudie en Alberta, débarque en surprise. Ponctué de nombreuses illustrations, le livre présente 52 chroniques humoristiques sur la course à pied. « On retrouve le français de Cours Toutoune, le type de conseils de Cours Toutoune. J'écris comme je parle et il paraît que ça fait rire le monde. » Le phénomène Cours Toutoune a débuté il y a un an, alors que l'humoriste avait parodié à l'aide d'une vidéo l'émission de Dominic Arpin, qui signe la préface, Cours toujours. « Je voulais faire rire mes amis sur Facebook et depuis, c'est d e v e n u viral. Jamais je n'imaginais que ça m'amènerait ici, aujourd’hui. Je reçois des messages, des témoignages, ce n'est que du bon en fait. Des femmes m'écrivent pour m'avouer que depuis que j'ai fait une vidéo sur les gros bras mous, elles osent mettre des camisoles. On s'entend que même si l'on met une manche, nos gros bras mous, on va les voir », s'exclame-t-elle en riant. Cours Toutoune – Y en n'aura pas de miracle, des éditions Modus Vivendi, est en vente à 24,95$.


Course à pied : les facteurs de motivation et la planification

Alexandre Émond, entraîneur

La motivation à l'entraînement en course à pied... pas toujours facile! Les raisons de manquer l’entraînement sont nombreuses. Ce sont de petits empêchements et blocages. Mais le manque de motivation, de plaisir, de confiance et la difficulté à sortir de sa zone de confort nous paralysent parfois. Nous classerons les solutions aux démotivations en trois groupes. Sortir de sa zone de confort, se donner des obligations, des encadrements et se donner des objectifs. PARCOURIR MAI / JUIN 2016

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Sortir de sa zone de   confort
 Devenir coureur ou devenir un meilleur coureur requiert de sortir de sa zone de confort. Nous avons un frein naturel à sortir de celle-ci. C’est surtout la peur de l’incompÊtence et de l’Êchec qui nous bloque. Il faut plutôt voir, à partir de notre base de savoir-faire, l’opportunitÊ d’acquÊrir de nouvelles compÊtences qui nous apporterons des expÊriences enrichissantes qui nous sortent de notre routine. Il faut, en regardant les plus avancÊs, avoir confiance que l’entraÎnement nous donnera de nouvelles capacitÊs physiques. Augmenter nos connaissances de la course à pied rÊduit la peur de l’inconnu. Aussi, attention à l’Êgo qui ne veut pas afficher des faiblesses. Mais attention aux dÊbordements rapides d’enthousiasme sportif. Ils conduisent à la dÊmotivation et aux blessures.

Zone magique

Zone de confort

Zone d’apprentissage

Zone de doutes

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Se donner des obligations

L e s
 o b l i g a t i o n s e t l e s encadrements ne diminuent pas le plaisir. Prendre un rendez-vous pour courir avec des amis la fin de semaine est une obligation amusante. Avoir un rendez-vous toutes les semaines à la même heure est encore mieux. Mais pas avec soi-même comme au gym. Avec des amis qui vont demander pourquoi nous n’y étions pas si nous nous absentons. Un plan d’entraînement, lorsqu’on tient à le respecter, apporte aussi cette obligation. Un journal des entraînements réalisés permet de faire son propre encadrement.

manquer quelques entraînements. Le découragement peut alors apparaître. Il faut cependant se forcer et reprendre des entraînements moins longs et moins intenses. Ne pas penser à reprendre le plan où nous l’avions laissé, c’est décourageant, difficile et augmente les risques de blessures.

Un entraîneur peut offrir un encadrement qui augmente la participation. Les amis coureurs peuvent donner amitié, entraide et encouragements. Les livres de course, les présentations de motivation et les conférences apportent une motivation supplémentaire. S’impliquer dans un club de course permet de réunir tous ces points. Des empêchements, maladies ou blessures peuvent nous forcer à

En tout temps, avec ou sans plan, les entraînements de course à pied doivent avoir l’intensité adaptée au niveau présent du coureur. Lorsqu’ils sont trop chargés (vitesse, durée, fréquence), les douleurs et la fatigue diminuent notre motivation et notre progression. C’est le rôle de l’entraîneur d’aider le coureur à ajuster le bon niveau d’intensité.


Se donner des objectifs
 Les objectifs, comme une course où l’on souhaite se dépasser, sont souvent très concrets, avec une date, une inscription. Ils marquent un jalon de développement. Avec un premier demi-marathon, par exemple, on veut battre notre meilleur temps, alors que d’autres courses représentent une expérience exceptionnelle, comme une course dans une autre ville ou en montagne. C’est une forte motivation, pendant des semaines. Éviter les comparaisons mesquines ou démotivantes. Les premiers pas en course à pied sont plus difficiles. Avant d’être bien à l’aise sur 10 km, la course est laborieuse, essoufflante, épuisante et parfois douloureuse.

Le débutant a donc moins de plaisir que le coureur expérimenté. Les entraînements plus longs, après 45 minutes, procurent des endorphines et des cannabinoïdes naturels qui procurent du bien-être. Les débutants ont donc intérêt à s’entraîner vers un niveau plus fort. Ils pourront aussi accumuler des progrès en compétition et chercher une source supplémentaire de motivation et de plaisir. Donc, planifier une saison de course avec un groupe de notre niveau ou un club, quelques compétitions et un bon plan, c’est souvent la meilleure planification de notre motivation et de notre discipline!


Note de l'éditeur : Endorphine selon le LAROUSSE: Substance produite par certaines cellules du système nerveux central et ayant des propriétés analgésiques semblables à celles de la morphine.

Tiré du Journal de Montréal, le 27 déc. 2015, le Dr. Richard Béliveau écrivait : « ...Si les endorphines ne peuvent pas atteindre les centres nerveux responsables des sensations d’euphorie, il y a forcément une autre classe de molécules qui contribuent aux effets psychotropes de l’exercice. Selon les travaux récemment publiés par une équipe de chercheurs allemands, ces agents euphorisants pourraient bien être les endocannabinoïdes2. Ces molécules semblables au THC, l’ingrédient actif du cannabis, peuvent en effet facilement traverser la barrière sang-cerveau (hématoencéphalique) et interagir avec des récepteurs présents dans le cerveau pour produire cette euphorie. Les chercheurs ont observé que l’exercice physique provoquait une augmentation importante d’anandamide, une substance endocannabinoïde, et que cette molécule était responsable de l’effet anxiolytique et analgésique de l’exercice ».

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Z E S S I S I O H C . E C N E L L’EXCEL

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Courir au seuil lactique

Caroline St-Pierre, entraîneuse

Vous arrive-t-il de courir en ne pensant à rien ? Vous oubliez vos soucis et même de regarder votre montre. Vous savez que vous allez relativement vite puisque vous entendez votre cœur battre fort dans votre poitrine et vous parlez difficilement, mais vous vous sentez bien. Vous êtes « dans une zone », « dans votre bulle », « concentrés ». En réalité, vous vous trouvez au beau milieu d’une course au seuil lactique. PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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Le seuil lactique

lactique est à environ 4 millimoles (Aubry

La course au seuil lactique est un type

et Schmit, 2016). Dans l’absence d’un tel

d’entraînement très utilisé par les athlètes

test, fiez-vous à votre fréquence cardiaque.

d’endurance. On l’appelle aussi «

Pour les élites, le seuil se situe à environ

entraînement au seuil », « course tempo » et

92 % de leur fréquence cardiaque maximale

« course au seuil anaérobique ». En fait, ce

ou représente leur allure au 10 km. Chez les

seuil, c’est le point de rupture entre la

débutants et les intermédiaires, il

production et l’élimination d’un déchet de

correspond respectivement à 75 % et 88 %

la contraction musculaire, le lactate. Lors

ou l’allure d’un semi-marathon et d’un

d’un entraînement au seuil lactique, on ne

15km. Vous aurez compris que cela varie

veut pas atteindre cette limite, mais courir

d’un individu à l’autre. Avec l’expérience,

tout juste en dessous.

les coureurs connaissent leur seuil

L’objectif

seulement en étant à l’écoute de leurs

L’objectif de ce type d’entraînement est de

sensations, soit de «  courir vite, mais en

repousser la limite du seuil lactique, c’est-à-

contrôle ».

dire d’améliorer la vitesse à laquelle vous pouvez courir confortablement. D’un point de vue physiologique, l’objectif est de

Entraînement débutant 20 min de jogging + 15 minutes soutenu + 10 minutes de jogging

rendre l’organisme plus efficient. On veut qu’il produise moins de déchets pour un même effort, qu’il les élimine plus rapidement et qu’il fournisse l’oxygène aux

Entraînement intermédiaire 20 minutes de jogging + 3x 15 minutes soutenu (repos: 3 minutes de jogging) + 5 minutes de jogging

muscles de manière plus efficace. On doit donc forcer l’organisme à trouver des

Connaissez-vous la marathonienne Paula

mécanismes d’adaptation, d’où

Radclifffe qui, en 2003, a réalisé le

l’entraînement au seuil lactique.

marathon de Londres en 2 h 15 min 25 s ?

La pratique

Eh bien, elle et son équipe ont compris

Il existe plusieurs méthodes dont la

l’importance du seuil lactique. En 1992,

meilleure est la moins accessible, soit le test

Paula pouvait courir à 16 km/h avant

en laboratoire. Celui-ci permet de connaître

d’atteindre son seuil, alors qu’en 2003, elle

la concentration de lactates dans le sang en

pouvait courir à 20 km/h (M. Jones, 2006).

temps réel et il est connu que le seuil


Courses A, B, C , ou comment planifier sa saison. Anne-Marie Gareau

B

A

Vous rêvez vous aussi de faire un marathon? D’accord, Au printemps ou à l’automne? Ici ou à l’étranger? Dans la neige ou dans la chaleur? Pour bien planifier une saison, nous devons savoir où nous nous situons par rapport à l’année précédente. Traînons-nous de vieilles blessures? Avons-nous plus ou moins de temps à consacrer à l’entraînement que l’an dernier? Avons-nous la même motivation? Plus, moins? Aurons-nous le même temps de récupération? Pouvons-nous inclure l’entraînement dans notre horaire de façon plus régulière (courir pour aller ou revenir du bureau) pour gagner du temps en famille ? Il faut d’abord savoir quelle course compte le plus pour notre saison. C’est la course A. Normalement on a une ou deux courses A dans une saison. Une au printemps (on s’est entraîné tout l’hiver pour cette course!) et l’autre à l’automne. C’est votre choix. Pour ce premier ou x ième demi ou marathon, pour cette course qui nous permettra de prendre les rangs à Boston, ou cette course qui nous fera traverser

C l’île tropicale de bord en bord. Tous vos efforts mèneront au succès de cette course A.


Viennent ensuite les courses B. Celles   qui permettent de tester de l’Êquipement, les temps de passage, la rĂŠcupĂŠration (blessure) ou pour nous donner un aperçu de notre progression. Puis on complète avec des courses C. Celles dont le temps ne compte pas vraiment. On s’y amuse en bougeant. (Courses C Ă la page suivante)

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En y ajoutant les longues sorties pour l’endurance fondamentale, (s’habituer à aller plus loin), les sorties en côtes (s’habituer à travailler plus fort) et les intervalles (s’habituer à aller plus vite), ces entraÎnements nous forgent le mental pour rÊussir nos courses dans le plaisir en Êvitant la rÊpÊtition, car courir souvent ne doit pas être synonyme de monotonie. Sinon, la motivation vous quitte, l’ Êcoeurantite vous guette et les rÊsultats n’y sont pas. Varions nos sorties et amusons-nous. Simple comme A, B, C.

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QUAND LE TENDON D’ACHILLE PORTE LE POIDS DE VOTRE FOULÉE

Dr. François Lalonde, Ostéopathe, Kinésiologue.

Les douleurs au tendon d’Achille sont très fréquentes en course à pied. Anatomiquement parlant, la majorité d’entre nous connaissent ce gros tendon au-dessus du talon que nous avons tous appris à étirer dans nos cours d’éducation physique! Ce tendon, qui s’insère sur le calcanéum (talon), est en fait le tendon commun de trois muscles du triceps sural (mollet) : les deux chefs du gastrocnémien, le soléaire ainsi que le plantaire grêle. Son rôle est d’emmagasiner l’énergie et d’aider à la propulsion…ce qui est très utile en course à pied! PARCOURIR MAI/ JUIN 2016

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Malheureusement pour le coureur, les risques de développer des douleurs dans c e t t e
 r é g i o n s o n t p l u s é l e v é s comparativement à d’autres disciplines tels le vélo ou la natation. Encore une fois, il s’agit d’une blessure de surutilisation que l’on appelle souvent tendinopathie du tendon achilléen. Le terme tendinopathie est le terme le plus approprié qui peut inclure à la fois le terme tendinose et tendinite. La tendinose (effet plus chronique) implique une dégénérescence du collagène ainsi qu’une néovascularisation en absence de cellules inflammatoires, contrairement à la tendinite (généralement plus aigüe, donc de quelques jours) qui implique la présence de ces cellules inflammatoires. En absence de prise de sang ou d’échographie, il est difficile de faire la différence entre tendinite et tendinose….donc le terme tendinopathie est plus adéquat !

progression et de gestion de l’intensité est donc primordiale, surtout chez les néophytes! 2- Technique de course. Evidemment, une bonne technique est toujours souhaitée, toutefois, en faisant des corrections techniques trop rapidement, il se peut qu’on change simplement le mal de place ! Par exemple: si je suis habitué à courir sur le talon (associé à des douleurs au tibial antérieur) et que soudainement je cours trop sur la pointe des pieds parce que mon entraîneur m’a dit de courir mi-pied, il se peut que cela entraîne une surcharge que le corps n’est pas encore prêt à encaisser au niveau du talon d’Achille. Tout comme les paramètres d’entraînement, tout changement technique doit être fait avec une certaine évolution ! Par exemple: alterner 1km avec la nouvelle technique et 1 km avec la vieille technique lors d’une course de 8 ou 10km.

La tendinopathie peut être divisée en trois grades de sévérité. Pour un grade 1, il y a des douleurs minimes qui n’affectent pas la performance et qui disparaissent avec l’arrêt de la course. Un grade 2 se traduit par une douleur pouvant affecter la performance qui débute pendant l’activité et qui persiste après. Un grade 3 se traduit par une douleur vive dès le début de la course et souvent empêche carrément le coureur de pratiquer son activité favorite ! Voici donc certains facteurs de risques : 1- Mauvaise gestion des paramètres d’entraînements : fréquence, durée, intensité. L’importance d’une bonne

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3- Passer rapidement d’une chaussure o r d i n
 a i r e à u n e c h a u s s u r e minimaliste peut également entraîner des douleurs au tendon d’Achille. Outre le fait de trouver une chaussure confortable à votre pied, certains coureurs se laissent emporter par cette mode qui peut avoir certains bénéfices mais à un certain coût ! Si vous prenez la décision de changer de soulier, faites-le graduellement ! Par exemple, faire l’échauffement avec les nouvelles chaussures pour

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débuter et retourner à ses veilles chaussures pour le reste de l’entraînement. Intégrer graduellement la nouvelle chaussure à vos entraînements ! 4- L’entraînement en pente. Avec la mode de la course en sentier, il se peut qu’un grand dénivelé vous cause des petites douleurs au tendon d’Achille ! Le principe d’adaptation reste le même: s’initier graduellement aux montées.

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Quoi faire en cas de douleur ?  

1- ĂŠtre Ă l’Êcoute de son corps et reconnaĂŽtre qu’on a mal est la première ĂŠtape. Par la suite, consulter un professionnel de la santĂŠ pour vous orienter est une bonne idĂŠe (Voire PARCOURIR Vol 1 No 1 page 27: Qui dois-je consulter, Dr?). Pour relire l’article:

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doit ĂŞtre fait tous les jours (2 fois par jour) pour une durĂŠe de 12 semaines Ă raison de 3 sĂŠries de 15 rĂŠpĂŠtitions. Il est important de placer l’emphase sur la descente (phase excentrique du mouvement) Ă raison de 3-5 secondes pour descendre et de minimiser la phase concentrique, donc remonter avec les deux pieds ou avec la jambe non douloureuse. 4- Faire une bonne sĂŠance d’Êchauffement avant de dĂŠbuter l’entraĂŽnement principal. 5- De manière gĂŠnĂŠrale, en prĂŠvention: faire de la musculation gĂŠnĂŠrale, renforcement des muscles profonds et maintenir une bonne souplesse de la chaĂŽne postĂŠrieure.

Être à l’Êcoute de son corps permet à un coureur d’arrêter avant qu’une tendinopathie de grade 1 ne progresse vers une tendinopathie de grade 3 ! 2- Adapter son programme d’entraÎnement en fonction de la douleur et penser à inclure des activitÊs à faible impact pour maintenir ses acquis cardiovasculaire tels le vÊlo, aquajogging ou la natation. Le retour à l’entraÎnement doit être progressif.

6- Dans le cas de tendinopathie, les facteurs nutritionnels sont ĂŠgalement très importants pour assurer une bonne guĂŠrison (important pour la formation de collagène). Donc, s’assurer d’un apport suffisant de vitamines A, B, C, D, de cuivre, zinc, fer et de calcium !

3- Protocole de renforcement excentrique d’Alfredson (Exercice en photo). Ce protocole a ÊtÊ validÊ scientifiquement en cas de tendinopathie du tendon d’Achille. Afin d’optimiser les rÊsultats, l’exercice PARCOURIR MAI / JUIN 2016

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Exemples d’exercices : 
 Placez-vous

1debout sur deux jambes au sol ou sur une marche d'escalier avec les mains en appui sur un objet stable.

2- Montez-vous sur la pointe des pieds sur deux jambes en pliant les genoux.

3- Relevez un pied du sol et redescendez lentement sur un pied (jambe blessée) en gardant le genou fléchi.

4- Retournez sur deux pieds et répétez. Malgré que la tendinopathie soit la blessure de surutilisation en course à pied, il peut s’avérer que par mégarde, certaines blessures traumatiques apparaissent, comme la foulure ou l’élongation musculaire (que nous allons discuter ultérieurement). Encore une fois, je vous conseille de rester à l’écoute de votre corps et de vous faire ami avec le TEMPS pour assurer une bonne progression sans blessure ! Référence: Alfredson H. et coll., Heavy-load eccentric calf muscle training for the treatment of chronic Achilles tendinosis, Am J Sports Med. 1998 MayJun; 26(3):360-6.

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Cédric Bouillon

Mariane Lajoie

Une course pour la survie de ses enfants

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Cédric Bouillon s'est donné l'objectif de courir les 590 
 kilomètres qui séparent Rimouski de Montréal. Son défi, Défibrose Rimouski-Montréal, débutera le 15 mai et se conclura quatorze marathons plus tard, le 29 mai prochain. Il espère amasser 30 000$, qu'il redonnera à la Fondation Fibrose kystique Québec, dans le but de trouver un traitement à cette maladie mortelle, dont sont atteints deux de ses trois enfants. Son cadet, Bastien, âgé de cinq ans, et son benjamin, Arnaud, 22 mois, sont atteints de la fibrose kystique. « J'ai trouvé, à ma façon, le moyen de faire la différence. Au Québec, 1300 personnes sont atteintes de la maladie et au Canada, il y en a 4600. C'est une maladie rare, dont on ne parle pas assez », a témoigné le Rimouskois. Les dates de son aventure de quinze jours - il s'offrira une pause à mi-parcours – ont été choisies de façon stratégique, puisque le mois de mai est celui de la sensibilisation à la fibrose kystique. Le parcours débutera au parc Beauséjour de Rimouski et se terminera au Centre de la nature de Laval, le jour de la Marche annuelle pour la fibrose kystique. « Il va y avoir beaucoup de personnes qui vont être en train de PARCOURIR MAI / JUIN 2016

marcher. Ça va être très motivant d'y conclure mon défi. » Le projet de Cédric Bouillon n'est pas seulement celui d'amasser de l'argent, mais aussi de sensibiliser les gens à la cause. « Au départ, je voulais traverser le Canada, mais comme ma famille me suit, il y a les rendez-vous de Bastien et d'Arnaud qui nous empêchent de quitter la maison pour une période de neuf mois. Je voulais donc faire quelque chose de plus accessible. Mon Défibrose Rimouski-Montréal n'est que le début, il y aura une suite à cela, toujours avec la course à pied, sans nécessairement être la même formule », promet-il. Étant une personne joviale et de proximité, Cédric Bouillon n'a pas de difficulté à se faire aider quand il fait de la sollicitation. À ce jour, il a atteint près de 10 000$.

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Une préparation qui va bon train Pour se préparer à sa course, Cédric s'est armé de personnes indispensables, comme son entraîneur, le marathonien bien connu dans sa ville, Emmanuel Joncas, sa physiothérapeute Marina Rioux-Castonguay et sa nutritionniste Caroline Cormier. « J'ai eu des modifications à faire dans mon quotidien, comme par exemple, dans mon alimentation. Pour une première fois dans ma vie, je bois du jus, pour me donner des glucides parce que sinon, en engloutir 800g de façon solide, ce serait difficile. » Son entraîneur lui a préparé un entraînement divisé cinq jours par semaine, toujours avec l'optique d'éviter tous risques de blessures. Deux fois par semaine, son entraînement est fractionné en deux, puisque durant son défi, chaque jour, Cédric Bouillon fera deux sorties de 21 kilomètres. « Ma physiothérapeute m'a donné des trucs pour la récupération entre les deux sorties. Je mets des bas de compression, je lève mes jambes en

l'air, il y a les bains de glace aussi. J'avais en tête qu'elle me ferait dormir, mais décidément, ce sera davantage de la récupération active, en prenant une marche, par exemple. »

Tout au long de sa longue traversée, Cédric sera accompagné de sa conjointe et de leurs trois enfants, qui attendront leur père dans un véhicule, à la fin de chacun des 21 kilomètres. « C'était trop compliqué avec le Ministère des Transports du Québec d'avoir un véhicule de police, à 90$ par heure, qui me suit pendant les 590 kilomètres. On va donc avoir des cellulaires, ma conjointe et moi, alors au besoin, je vais les appeler. Avec ma famille qui me suit, c'est là que mon défi prend un sens. S'il y a des moments plus difficiles, je n'aurai qu'à penser à mes fils et ça va me redonner le goût de repartir. »


La fibrose kystique au quotidien  

La fibrose kystique est une maladie mortelle qui, Ă ce jour, ne possède pas de traitement curatif. ÂŤ La fibrose kystique touche diffĂŠrents organes, mais surtout l’appareil digestif et les poumons. La persistance de la maladie et l’infection chronique dans les poumons, qui occasionnent leur destruction et une perte de la fonction pulmonaire, entraĂŽnent finalement la mort chez la majoritĂŠ des personnes atteintes de fibrose kystique. Les complications typiques de la fibrose kystique sont la difficultĂŠ Ă digĂŠrer les matières grasses et les protĂŠines, les carences vitaminiques en raison de la perte d’enzymes pancrĂŠatiques et le dĂŠclin progressif de la fonction pulmonaire Âť, peut-on lire sur le site internet de Fibrose kystique Canada. ÂŤ Chaque jour, ma conjointe et moi donnons Ă nos enfants atteints, des enzymes, des pompes, des multivitamines. On leur fait vingt minutes de clapping, un tapotement au niveau des lobes supĂŠrieurs et infĂŠrieurs des poumons qui aide Ă faire circuler les muqueuses, car ça devient un nid Ă bactĂŠries, deux fois par jour Âť, ĂŠnumère le père de famille. Pour ĂŞtre atteint de la fibrose kystique, ça prend deux parents porteurs. ÂŤ On naĂŽt avec ça. En 1960, l'espĂŠrance de vie ĂŠtait de 4 ans. Dans le dĂŠbut des annĂŠes 1980, c'ĂŠtait de 13 ans. Aujourd'hui, c'est rendu Ă 50 ans. C'est ça qui est motivant. Je me dis

que la recherche, avec les annĂŠes, a apportĂŠ beaucoup. Il faut maintenant trouver le remède miracle. Âť Le QuĂŠbec est la seule province canadienne qui n'offre pas le dĂŠpistage nĂŠo-natal. ÂŤ Nous sommes les seuls en AmĂŠrique du Nord qui ne faisons pas une prise de sang Ă la naissance de l'enfant pour dĂŠpister la maladie. Ça ne coĂťterait que 5$ par naissance pour le faire. Fibrose kystique QuĂŠbec travaille fort pour le faire passer au Ministère de la SantĂŠ. Âť CĂŠdric et sa conjointe, Audrey Fortier, ont appris que Bastien en ĂŠtait atteint alors qu'il ĂŠtait âgĂŠ de quatre ans. ÂŤ Tu penses que tout est beau, mais finalement, tu apprends que ton enfant a une maladie mortelle. Tu tombes de très haut. Ă€ peine deux semaines plus tard, on a su que le petit dernier l'avait. Le savoir Ă la naissance, ça changerait tout. Ça aiderait les parents Ă se prĂŠparer. Âť

Les gens dĂŠsirant faire un don peuvent le faire Ă cette adresse: evenements.fkq.ca/ defibroserimouskimontreal

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Calendrier 2016 2 janvier

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Pour nous rejoindre: 514-594-7618 Demandez Steve Lynch

info@pnimultimedia.ca

Se faire du souci c’est comme se promener avec un parapluie en attendant qu’il pleuve.

PARCOURIR magazine sur la course à pied


 

Deux hommes essaient le parcours de course extrĂŞme au salon Race Addict de Terrebonne.


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