Prochaines parutions zut–magazine.com
Haguenau et alentours n° 12 Décembre
ZUT Hors-série, Un seul amour et pour toujours #3 Racing, bleu comme toi Décembre
Prochaines parutions zut–magazine.com
Haguenau et alentours n° 12 Décembre
ZUT Hors-série, Un seul amour et pour toujours #3 Racing, bleu comme toi Décembre
rue Sainte-Hélène Strasbourg
01—
ZUT Haguenau et alentours / Alsace du Nord, le journal #12
02— Programme saison jeune public 2022/2023, Manège Maubeuge, scène nationale
03— L’Humour des notes, 30 ans de festival, by Zut Magazine
04— ZUT Hors-série #4, L’artisanat dans l’Eurométropole de Strasbourg et en Alsace
05— Guide des bonnes pratiques pour des tiers-lieux écoresponsables Kaleidoscoop
06— PDR, le journal du Port du Rhin #5
07— ZUT Strasbourg, magazine trimestriel lifestyle 100% local #52
08— Playlist, 50 pop songs, 50 posters, 50 textes, par Mickael Dard
09— Novo, le magazine culturel du Grand Est #67
10— ZAP, Zone d’Architecture Possible, magazine pour l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg #6
11—
ZUT Hors-série, Un seul amour et pour toujours #3 Racing, bleu comme toi
12— 190 ans de la SAAMS, Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg
à l’ancienne
s’amuse
n’aqu’à
lance Moins
avant d’opter plutôt pour « Moins
pauvreté,plusdepartage Fier de sa formule, les mains peinturlurées en rouge, il fait part de son contentement « Je suis heureuxd’avoirposé maphrase » Les trouvailles des habitant·es n’ont pas toutes été imprimées (tout le monde n’a pas la patience de David), mais le sujet a passionné nos interlocuteurs. Quelques propos rapportés LeCSCorganisedes moments d'échange, mais il faudrait davantage de fêtes entre voisins. Çamediraitbiende partager fréquemment
une ou deux merguez entre habitant·es», renchérit une autre personne. Nouspourrionsdiffuser delamusiquedanslesrues afindeleségayer.Etinstaller unmurd’expressionlibre. Il faudrait créer un endroit oùfairedutrocdeplantes à l’entrée du quartier Loucheurenfacedel’école, pour le rendre plus accueillant.» Si l’organisation de barbecues entre voisins revient bien souvent, d’autres ont des projets qui concernent un sujet épineux la propreté, grâce à des actions citoyennesdenettoyage, ensemble,nouspourrions sensibiliserlapopulation Toute l'équipe de PDR
Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane
Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe
Rédaction en chef Cahier La Culture Emmanuel Dosda
Directrice artistique et rédaction en chef Cahier Le Style Myriam Commot-Delon Rédaction en chef Cahier La Table Tatiana Geiselmann
Rédaction en chef Cahier Les Escapades Cahier Les Métiers Bruno Chibane et Myriam Commot-Delon
Directeur artistique brokism
Graphisme Séverine Voegeli
Assistante graphisme Aurélie Catroux Secrétaire de rédaction Manon Landreau
Chargée de projets & développement Léonor Anstett
Commercialisation
Léonor Anstett 06 87 33 24 20
Bruno Chibane 06 08 07 99 45
Laurence Kintz 06 20 16 28 49
Elisa Lombe 06 51 12 29 55
Philippe Schweyer 06 22 44 68 67
Anne Walter 06 65 30 27 34
contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com
Rédacteurs
Bruno Chibane, Myriam Commot-Delon, Emmanuel Dosda, Tatiana Geiselmann, Caroline Lévy, Corinne Maix, JiBé Mathieu, Pierre Jean Singer, Aurélie Vautrin, Sonia Verguet
Jésus s. Baptista, Christoph de Barry, Pascal Bastien, Jess Bertrand, Alexis Delon / Preview, Teona Goreci, Christophe Urbain, Séverine Voegeli, Sandro Weltin
Léonor Anstett, Manon Landreau Styliste Myriam Commot-Delon
Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / Preview Mannequin Lola Alcaluzac / Upmodels Paris upmodels.fr
Coiffure Alexandre Lesmes / Avila @avilacoiffure Make-up
Sophie Renier
Ce magazine trimestriel est édité par
chicmedias 37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com Sàrl au capital de 47 057 euros
Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : Décembre 2022 SIRET : 509 169 280 00047 ISSN : 1969-0789
Ce magazine est entièrement conçu, réalisé et imprimé en Alsace
Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa et Zut Team
Abonnements abonnement@chicmedias.com
Crédits couverture
Photo | Alexis Delon / Preview Mannequin Lola Alcaluzac / Upmodels Paris
Manteau Tagliatore, chemisier et jupe Liviana Conti, le tout chez Revenge Hom. Bottines Balenciaga chez Ultima.
Pages d’ouverture cahiers
Photos | Alexis Delon / Preview + direction artistique Myriam Commot-Delon Série | Artifices floraux
Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr
14 Strasbourg vu par — Ruby Minard — Laura Meyer et Khaled Farah — Mickaël Dard — Omar Megat — Christophe Scherer
22 La chronique Caroline Levy
26 Portfolio
Sandro Weltin Strasbourg, dans les archives du photographe.
30 Portfolio Olivier Metzger Hommage au photographe mulhousien.
38 Rencontre
Zut, v’là Dosda… chez Joëlle Smadja Incruste chez la directrice de POLE-SUD pour lui tirer les vers du nez.
42 Cinéma
Un apéro avec... Valeria Bruni Tedeschi Discussion autour d’une bière avec la réalisatrice du film Les Amandiers.
44 Arts
Galerie EAST Depuis un an, la Galerie EAST défend les artistes contemporains d’aujourd’hui et de demain.
48 L’Art brut se dévoile au Musée Würth L’exposition fait rimer psychanalytique et artistique. Décryptage avec Claire Hirner, attachée au Musée.
52 Les idoles de Michel Bedez L’artiste autodidacte nous a ouvert les portes de son univers, entre culture populaire et sacré.
54 Actus
La culture en bref Danse, théâtre, opéra… les spectacles et festivals à découvrir, en compagnie de ceux qui font bouger la culture.
66 Cadeaux Petites gâteries pour l’esprit
70 La mode Darling : Exit les tenues passe-muraille !
84 La mode homme Cocooning dandy
86 Design Supprimer le superflu
88 Slow life Décor floral et responsable
90 News Mode, design et inauguration de haut vol
96 Cadeaux Présents divins à mettre dans toutes les mains
Au coeur de Strasbourg, découvrez les meilleurs produits de notre belle région avec un twist de fraîcheur et de modernité dans la carte de notre chef, Mathieu Klein.
Menu 2 plats à partir de 29€, au déjeuner Service voiturier inclus
104
La chronique
Sonia Verguet
Pour les fêtes de fin d’année, on mise sur l’audace… mais toujours avec classe.
108 Dossier Où manger pendant le marché ?
Les adresses des Strasbourgeois pour échapper à l’assaut hivernal, sur place ou sur le pouce.
120 La recette Pain d’amour et pomme d’épices Mireille Oster agrémente le crumble aux pommes de bière ambrée et de pain d’épices.
122 Actus
Les potins des popotes Nouvelles en vrac et ragots tout frais.
114
116
Quand c’est l’heure Dimanche, 10 h
Actus Nouveaux Lieux
La pâtisserie au féminin : trois nouvelles adresses à découvrir.
126 Wingen-sur-Moder
La Villa René Lalique Dans la maison du joaillier et à la table du chef Paul Stradner.
130 Vosges du Nord Sur le GR53
136 Reportage K&+ architecture globale État des lieux de l’agence après son récent déménagement.
14 0 Artisanat
Atelier Reliure Marchal Didier Marchal redonne aux couvertures de livres leurs lettres de noblesse
142 L’Éclat de Verre L’encadreur qui sublime les œuvres.
118
Bien boire
La ronde des vins Pour les fêtes, le choix de Benoît Eckert, caviste à Oenosphère.
Les « Fenêtres de Paysage » : nouvelles installations insolites sur les sentiers de randonnée.
132 Shopping Notre paquetage d’hiver pour changer d’air.
Dans Un faible degré d’originalité, spectacle absolument fendard sur… la propriété intellectuelle, présenté en novembre au Maillon, Antoine Defoort évoque les moments de lâcher-prise que l’on s’autorise en certaines situations. Il donne l’exemple où, pris dans la liesse de l’instant, nous nous retrouvons à faire la chenille, décomplexé, désinhibé, lors du mariage de grand-oncle Machin. Et si, en cette période de fin d’année, nous baissions la garde et faisions les imbéciles heureux ? Pas les autruches : bien sûr, nous crions Zut à la guerre, aux massacres, à la maltraitance, aux maladies, aux variants, aux siffleurs ou frotteurs et à toutes les autres mauvaises nouvelles qui nous noient. Nous hurlons Zut aux prix qui grimpent et aux coupes budgétaires. Zut aussi aux deux types qui, tout à l’heure, sont sortis de leur voiture, beuglant au milieu du carrefour près de notre agence… pour une simple priorité mal respectée. En cette fin d’année, nous voulons tourner le dos à cette brutalité et préférer faire tourner les serviettes, à la queue leu leu, sur Despacito ! Sans aller jusque-là – quoique –, l’équipe de votre magazine propose des airbags à la morosité ambiante. Dans nos pages, 1 001 façons de s’élever grâce aux arts plastiques, au design, à la gastronomie ! Comme dirait un philosophe actuel ou un personnage d’une série Netflix dont je ne me souviens plus le nom : « Nous sommes tous sur le même tapis roulant, certains en tombent plus tôt que les autres, mais nous avançons tous vers la même destination. » Nous avons choisi d’y aller avec style et panache !
Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les femmes et les hommes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré.
Où ? Le jardin partagé de la Grossau « Parce que c’est un lieu de sociabilité très important dans le quartier de Neudorf. C’est comme ça qu’on s’ancre dans un territoire, une ville. »
Actu ?
« Des répétitions avec la compagnie Quai No 7 pour un nouveau spectacle qui sera créé au TJP. Et vous pourrez retrouver notre spectacle Services le 17 mai au Point d’Eau, le 31 à la Pokop et cet été à Avignon. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à l’inégalité entre les genres dans la culture et les arts (notamment). L’association HFX Grand Est vient d’être lancée fin novembre, soutenons-la ! »
compagniequai numero7.com
Manteau et pull Isabel Benenato chez Algorithme La Loggia.
Propos recueillis par Myriam Commot Delon Photos Jésus s.Baptista+
Khaled Farah 30 ans Directeur d’exploitation et du développement de Maillon Événement
Où ? Rue Sainte-Barbe, devant le Trolleybus
« C’est une place qui est un peu à l’image de Strasbourg, c’est un carrefour. On s’y rencontre, on y échange, de jour comme de nuit. »
« On va fêter notre première année d’activité. Le Maillon est un lieu phare qui permet l’organisation de tous types d’événements, comme la soirée d’inau guration de la nouvelle boutique Hermès qui a eu lieu fin novembre. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux conservatismes ! »
bim-bistrot.eu maillon.eu
Où ? Rue de L’Ail « J’aime cette rue, j’y connais tout le monde et j’aime également ma maison qui est juste derrière ce portail, et qui a vu passer pas mal de musiciens et d’artistes dont Tomi Ungerer. »
« La sortie de mon livre Playlist aux éditions Chicmedias, qui compile 50 affiches sur des morceaux de pop racontés par 50 personnes, ami·e·s ou personnalités diverses. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux pavés et au non-aménagement de la ville pour des gens comme moi. »
42 ans
Où ? Place du Tribunal
« C’est là où je prends chaque année la photo de rentrée de ma fille. »
« L’ouverture prochaine de l’extension du restaurant pour accueillir des places assises. »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut à tous ceux et celles qui tirent la gueule en venant chez moi. »
Restaurant L’OH Mega 5, rue du Fossé-des-Treize loh-mega.eatbu.com
Blouson
Des recettes originales, au bon goût de miel, de beurre fondu, des épices aux nombreuses vertus et une alchimie d’ingrédients nobles : gingembre, citron, dattes, noisettes, baies de goji… Autant d’inspirations issues d’un savoir-faire artisanal pour faire naître des pains d’Amour , d'Orient, de Soleil , des Anges , des Délices.. .
Bienvenue dans notre nouvelle adresse à deux pas de la majestueuse Cathédrale Notre-Dame.
Photo © Uni-Bo Photography« J’ai travaillé à une période de ma vie sur des bateaux-mouches, sur le quai on voit la ville à un niveau différent et c’est tout prêt de mon bar. »
« Le 16 décembre, je fête les 5 ans du bar ! »
ZUT à qui ou à quoi ?
« Zut aux gens qui ont trop de certitudes, et je suis assez sûr de ça. »
Bar/café Le Gustavia 13, rue de la Division-Leclerc legustavia.wordpress.com
Veste Barbour chez Algorithme La Loggia.
Et si vous étiez les témoins de mes rencontres et de mes pérégrinations urbaines de jour comme de nuit. J’ai envie de sentir le poumon de la ville aussi à travers les femmes qui la font vivre et la rendent encore plus belle. Des femmes qui ont choisi de faire bouger les lignes, des héroïnes du quotidien qui osent, s’expriment par leur art ou par le simple fait d’être femme. Embarquez pour un itinéraire 100 % girl power.
Depuis quelques mois une toute nouvelle galerie s’est nichée à l’étage en dessous ! Il en existait déjà deux dans mon immeuble, qui ont pignon sur rue. Il y a celle de l’illustre Jean-Pierre RitschFisch, identifiée comme pionnière dans l’Art brut et parmi les plus reconnues au monde. Depuis la rentrée, cette figure locale et internationale a passé la main à Richard Solti. À l’étage, il y a aussi celle dédiée à l’art contemporain et tenue par Yves Iffrig. Je me demande bien pourquoi en ajouter une supplémentaire à la même adresse. Même si j’avoue trouver un certain chic à vivre dans un repaire de galeries, où l’art règne en maître et les vernissages se succèdent. Je suis mondaine, que voulez-vous!
Le début de mon itinéraire commence donc à l’étage en des sous. J’entrouvre la porte sans sonner. Un coup d’oeil sur mon smartphone et je constate que je capte mon wifi. J’entends d’ail leurs toute une vie au-dessus, un ballet de pas lourds, une playlist douteuse qui m’est familière. Sandra Blum, galeriste, nouvelle
résidente et voisine, me rassure d’emblée : « On n’entend jamais vos conversations, rassurez-vous ! » Ouf. L’espace est vaste et cossu dans cet immeuble du 18 e. Les volumes parfaits pour accueillir des œuvres de toutes sortes. On y découvre l’exposition en cours « Oracles arides » de l’iranien Reza Seyfi Zoubaran, une première en France pour l’artiste qui a posé ses valises à Strasbourg depuis 2017. Des voiles gris à l’encre de Chine, au crayon et au fusain, des dessins aux paysages métaphoriques et mystérieux.
« Je suis sensible au noir et blanc et aux belles techniques. Je fonc tionne au coup de cœur et n’ai pas peur de prendre des risques, comme avec cette expo », affirme Sandra Blum, qui a décidé, après avoir fait ses armes pendant 25 ans dans des galeries strasbourgeoises, d’ouvrir son propre lieu dédié à la création contemporaine. Une galerie éponyme – « car on cherchera toujours à connaître l’identité du galeriste derrière la collection » –, incarnée par cette femme à l’élégance naturelle qui sait de quoi elle parle. Un parcours tracé sans fausse note, d’un bac en arts plastiques jusqu’aux études en histoire de l’art.
Sa patte, elle l’exprime à travers sa sélection d’artistes et les expositions qui s’enchaînent depuis plus d’un an, plus récemment avec le tra vail minutieux de Thomas Henriot ou de RoseMarie Crespin. À mi-chemin entre le passeur et le psy, ce métier d’intermédiaire entre l’amateur d’art et l’artiste la passionne : « Ce que je recherche dans une œuvre à exposer c’est d’aller plus loin que le sens premier qu’elle laisse transparaître. Pour que l’œil ne s’ennuie pas ! »
J’apprends au fil de la discussion de bon voi sinage que le premier étage d’un immeuble est considéré comme le plus noble. À l’instar des salles de réception dans les palais. Pour Sandra Blum, cet écrin situé au premier niveau facilite aussi en toute discrétion le passage de certains collectionneurs.
Mais il est temps pour moi de le quitter, direc tion The Drunky Stork Social Club, pour papoter avec la comédienne Antonia de Rendinger.
6, rue des Charpentiers galeriesandrablum.fr
Vendredi 16 h 30 —
The Drunky Stork Social ClubRéussir à croiser l’humoriste strasbourgeoise en Alsace est devenue une vraie gageure, depuis qu’elle se produit à Paris au théâtre du Palais des Glaces chaque semaine, avec son nouveau spectacle Scènes de corps et d’esprit. Plébiscité entre autres par Libé et Le Monde, son nouveau one-woman show peuplé de personnages tru culents vient tordre le coup au phénomène du stand-up, qui selon elle, n’a rien de très novateur et a toujours existé !
La nuit s’est déjà installée dans les rues strasbourgeoises et il pleut des cordes. À l’heure du tea time, Antonia de Rendinger a déjà com mandé un cocktail sans alcool et sans glaçons. Elle s’excuse de son air fatigué. Mais toute mon attention se porte sur sa jupe en tulle orange. Le choix est détonnant et cette tenue flamboyante vient électriser cette météo maussade et le climat morose qui règne ce jour-là. « J’ai horreur qu’on noie mes cocktails de glaçons ! Je viens d’une famille qui n’avait pas de fric. La peur de manquer tu vois… Pour moi, il faut que les choses soient remplies. Comme un paquet de chips : l’air à l’intérieur, c’est une ineptie ! » Le ton est donné, je ne jouerai pas le rôle de psy, non, mais c’est le moment de revenir sur l’origine de sa vocation, sa rencontre avec le théâtre et plus particulièrement avec l’impro.
Sandra Blum Antonia de Rendinger« En CM2, je joue les Précieuses ridicules. Et je n’ai plus de contact avec le théâtre jusqu’à mon arri vée à Strasbourg en 2e année de Lettres modernes. J’avais déjà cet appétit et cette appétence à racon ter des choses. C’est une amie qui m’a convaincue de l’accompagner à un atelier d’impro. Je savais en sortant que ma vie ne serait plus jamais la même. » Elle prend alors conscience de sa capacité vitale à faire rire les gens et à s’exprimer et voudra deve nir actrice. Le chemin sera long mais finira par payer : « Je suis rentrée dans l’humour parce que j’avais enfoui l’idée d’être actrice. Jusqu’à il y a sixsept ans je n’étais que comédienne, mais les choses évoluent… »
Après plusieurs rôles au cinéma et plus récemment dans la série sur M6 Comme des gosses , où elle incarne le personnage principal, Antonia est à l’aise dans tous les registres et se rêve dans un rôle dramatique. Encore trop mar quée humoriste selon elle, la Strasbourgeoise de 47 ans ne désespère pas et se consacre pleine ment à son quatrième spectacle, où elle raconte avec justesse le temps qui passe, à travers sa galerie de personnages aussi touchants que comiques. C’est d’ailleurs sur une variation de voix et de postures, résumant la vie d’une femme en une minute, qu’elle entame son show. La vidéo de cette performance est devenue virale [plus de 4 millions de vues, NDLR]. « Je préfère incarner les deux extrémités de la vie, les petits enfants et les très vieilles personnes, parce qu’ils n’ont pas de filtres ! » explique Antonia de Rendinger.
Une ascension au sommet de son art sans délaisser pour autant l’improvisation, son premier amour, qui l’aide à l’écriture et à la construction de ses spectacles : « Quand j’écris, c’est absolument pas un processus intellectuel. Je suis dans un état de transe sur scène, devant du public, et je ne sais pas ce que je vais jouer ! Je pars sur six soirées d’impro que je filme. C’est un crash-texte ! Une fois réécrit et compilé, ça donne un matériau un peu hydrique que je huile un peu. » Elle s’amuse : « Je répète très peu, j’ai horreur de ça. C’est perdre la fougue et la fulgurance ! » Et c’est justement cette fougue qui ne la quitte jamais qu’on aime tant chez elle, qui nous fait passer du rire à l’émotion, avec ou sans glaçons !
Scènes de corps et d’esprit 1er avril 2023 au PréO (Oberhausbergen) @antoniaderendinger
Rendez-vous dans l’institution agrandie et rafraîchie de la Maison Kammerzell, qui accueille ce soir-là les acteurs et actrices enga gé·e·s dans le colloque qui se tiendra le lendemain pour la lutte contre les violences faites aux femmes.
Cette 12e édition qui aborde le thème tabou de la pornographie divise. Le sujet est lourd et le challenge de taille pour Sophie Clerc, chargée de mission Droits des femmes et égalité de genre à la Ville, qui organise l’événement. L’ambiance est plutôt conviviale, l’élue Christelle Wieder semble satisfaite de cette réunion informelle mais décisive, qui donnera le ton d’une manifestation qui s’an nonce déjà clivante. Tout le monde le sait ici. Beaucoup sont en désaccord mais les âmes vont devoir s’apaiser autour d’une bonne choucroute ! Presque toutes les associations féministes locales sont présentes, mais je ne sais pas forcément qui représente qui. Je m’amuse à deviner leur « étiquette » en fonction de leur discours. Certaines sont déjà passées dans l’émission des « Grandes Girls » et je souffle à l’oreille de mon acolyte Kathia le nom de celles et ceux qu’on connaît déjà. Notre jeu préféré ! Avant de s’installer, un moment d’échange à l ’abri des regards avec l’organisatrice s’im pose. On ira se poser dans ce nouvel espace qui n’est pas encore ouvert au public, sous le regard de portraits de célébrités qui ont fait une halte dans cette adresse mythique. Parmi elles, certaines sont-elles féministes? Pas sûr, s’amuse Sophie Clerc !
L’heure pour nous d’en apprendre davantage sur elle
Son retour aux sources : « Juriste de formation, je suis Franco-Québécoise. Je suis rentrée en Alsace après y avoir fait mes études 20 ans plus tôt ! J’occupe le poste de chargée de mission depuis décembre 2020. C’est seulement mon 2e colloque ! »
Son engagement féministe : « Passionnée de développement social, mon militantisme s’est surtout forgé au Québec auprès d’associations féministes, dont certaines figures sont devenues
des mentors. Les discours d’Alexa Conradi, autrice fémi niste et ancienne présidente de la Fondation des femmes du Québec, m’ont déjà mis les larmes aux yeux. »
Sa vision : « Créer à Strasbourg un dia logue et des espaces entre les associations, loin d’un fémi nisme trop institutionnel. Un peu comme à la Cité auda cieuse à Paris, un lieu inspirant et ressourçant. »
Son mantra : « Le conflit n’est pas une agression ! »
Mercredi 19 h — Vertical Academy
Dernier stop et dernière rencontre avec celle que je vois comme une véritable diva. L’artiste Morgan Spengler alias Champagne Mademoiselle, la chanteuse, performeuse et effeuilleuse, a fait du burlesque un art de vivre. On se rejoint peu avant son cours hebdo d’effeuillage, qu’elle donne à la Vertical Academy.
« C’est d’abord le film Tournée de Mathieu Amalric, qui montre les coulisses d’un spectacle burlesque qui a attisé ma curiosité », raconte Morgan. C’est à la suite d’un spectacle au Camionneur, où elle assiste à un show qu’elle n’estime pas assez abouti, qu’elle décide de se lancer un défi personnel : faire du burlesque son métier. Depuis 2011, elle a notamment créé le Strasbourg Burlesque Festival, un rendez-vous qui joue chaque année à gui chet fermé, invitant les stars nationales et internationales de la discipline. Ce cabaret politique remis au goût du jour se veut par faitement inclusif, où tout le monde est le la bienvenu e. Une safe place permettant à chacun e d’être à l’aise et de s’accepter. Le cours auquel j’assiste va dans ce sens, les six élèves ont chacune ramené un objet qui les accompagne dans leur féminité. La séance démarre par 32 routines de l’effeuillage, un rituel imaginé par la prof, entre déhanchés sensuels et mouvements façon pin-up.
Qu’importe la morphologie ou la tenue, ici on se sent femme et l’effeuillage permet d’y contribuer et de se réapproprier son corps. Chacune vient y chercher quelque chose de très personnel. Le ballet est beau à regarder. Et l’émotion gagne le studio lorsque chaque élève explique le choix de l’objet. Certaines ont retrouvé leur féminité dans leur sexualité, d’autres ont accepté leur image face à la maladie ou leur corps modifié par la grossesse. « Avec le burlesque, à toi de montrer ce que tu veux. On n’est pas obligé de mon trer ses seins ! » rappelle Morgan.
C’est d’ailleurs dans un format hybride de conférencespectacle Les loges de l’effeuillage, que la diva strasbourgeoise propose de revenir sur l’histoire et les fondements de cet art, tout en se questionnant sur la signification même d’être une femme. C’est parti, vous avez 2 h !
Les Loges de l’Effeuillage 12 au 14 janvier à l’Espace K champagnemademoiselle.fr
Sophie Clerc Morgan Spengler alias Champagne MademoiselleLors de mes errances, je ne pars que très rarement avec l’idée de faire absolument des portraits. Je préfère me laisser surprendre plutôt que de le prévoir. Aborder une personne inconnue dans la rue, juste parce que j’envisage de la photographier, me fascine.
Cela génère une rencontre, bien souvent très brève, mais qu’importe la durée.
Sandro Weltin est photographe pour le Conseil de l’Europe. Témoin d’une Europe en mutation, il photographie pour rendre compte. sandroweltin.com @sandroweltin
C’est à la fin des années 1990 qu’une photo nous arrive à la rédaction de Polystyrène – puisque avant Zut, il y eut entre autres la revue Limelight, le magazine Polystyrène puis Poly et Polystyles –, une image en noir et blanc d’une charmante jeune femme, dans un train, en train de lire notre magazine. Déjà, une photo sobre, d’où émerge le sens du cadre, l’importance de la lumière. On la publie bien évidemment et je contacte l’auteur de l’image… Infirmier depuis quelques années pour les hôpitaux publics, notamment en psychiatrie, passionné de photo, Olivier se propose pour ré aliser des portraits d’artistes sur Mulhouse et le Haut-Rhin. C’est lors d’une soirée mémorable à Moernach dans le Sundgau, dans la maison de sa grand-mère, que nous apprenons à nous connaitre et scellons notre amitié. Il sera pen dant plus de 20 ans un compagnon de route.
Son premier portrait : Hanna Schygulla, icône absolue du cinéma d’auteur, pour toujours et à jamais la Maria Braun de Fassbinder, shoo tée dans les toilettes de la Scène nationale La Filature à Mulhouse. La Filature qui exposera son travail à deux reprises en 2005 et en 2007 pour la série « Night Shot ».
Il décide d’aller plus loin, de reprendre ses études et rentre à l’École nationale de la photo graphie d’Arles en 2001, il en sortira diplômé en 2004. Pendant ses années d’études, et les années qui suivront son installation définitive en Arles, en sus du portrait, il se consacre alors avant tout à la mode. « J’étais le seul à faire de la mode, on trouvait qu’il s’agissait d’un genre mineur. J’ai mis longtemps à convaincre, pourtant, on aurait pu se rappeler que Man Ray était lui aussi passé par là. Les limites entre mode et arts deviennent plus perméables avec des photographes comme PhilipLorca diCorcia ou ceux du magazine Purple . » Il fera x allers-retours éclairs – toujours dans l’ur gence – en Alsace pour des séries mode publiées dans Polystyles . Je me souviens aussi d’envois Chronopost de vêtements et accessoires pour des séries aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou dans la campagne provencale... C’est près d’une quin zaine de séries qui verront le jour en quelques années. Une même relation privilégiée durera quelques années avec le magazine marseillais Coming Up. Fidèle, je vous disais…
De ces séries se dégagent des univers esthéti quement neutres et froids, des lumières étranges et artificielles, une vision étrangement mini male, des extérieurs de nuit, des clairs-obscurs. Des ambiances glacées et sophistiquées, des modèles fantômes, quelque chose de la pureté et de la sobriété du design suisse. Si loin, si proche du Sundgau de son enfance. Un personnage isolé, un lieu vide ou déserté, un animal, un objet, un détail qui se révèle… Tout cela révèle le protocole
récurrent du photographe, ses obsessions. Dans ses photos, on retrouve tout ce qui fera sa signa ture. Il y a quelque chose du road-movie, d’une errance… Le cinéma, la fiction n’est jamais loin –l’ambiance mélancolique, les histoires possibles. Olivier construisait ses images comme on écrit un scénario.
Très vite il est devenu le photographe chéri de la presse nationale et internationale : Libération , Télérama, Le Monde, Elle, Géo et le New York Times ont régulièrement publié ses clichés. Après avoir été lauréat des Voies Off en 2003 et invité à la Villa Médicis pour une exposition collective, il fut exposé aux mêmes rencontres de la photographie d’Arles en 2009 et 2012. Pendant plus de 20 ans il est resté fidèle au galeriste Bertrand Grimond et est représenté par l’agence Moods. J’ai lu que David Lynch adorait ses photographies…
Je retiendrai son œil inspiré, son exigence incroyable – Olivier ou un perpétuel insatisfait et perfectionniste ! Mais surtout je retiendrai sa fidélité, sa gentillesse, son humilité, son humour cinglant, les fous rires, les verres et clopes partagés. Au printemps 2021, à l’occasion
d’un déjeuner, nous avions commencé à travail ler sur l’idée d’un livre. L’envie était là, celle de construire un nouveau projet ensemble. Le manque de temps, – il était toujours accaparé par mille projets et commandes urgentes –, son doute quant à la pertinence de réunir son travail dans un ouvrage rétrospectif et l’impossibilité d’échanger, de « jouer au ping pong », comme je définis souvent les relations que je peux et veux avoir avec des auteurs, ont fait que le projet n’a pas abouti et fut remisé aux calendes grecques.
En ce début d’année 2022, lauréat de la com mande publique de la BNF, il travaillait dans les Landes sur l’espace urbain de nuit. Sa dernière série « Sodium » était exposée jusqu’à mi-no vembre au centre d’art Troisième Session, une exposition rétrospective était prévue à Paris dans la galerie Grimont en janvier 2023.
Aujourd’hui, il nous reste ses images aux quelles se raccrocher, pour évoquer ce qui a fait de lui un photographe qui restera !
Hanna SchygullaLa Culture Rencontre Ding-dong ! « Ouvrez, c’est Dosda ! » Indiscret, en compagnie de mon acolyte photographe, à l’heure du café, je me suis cette fois invité chez Joëlle Smadja, directrice de POLE-SUD, pour examiner son intérieur, sans faire de chichi, et lui poser des questions, sans tabou ni tutu.
Par Emmanuel Dosda / Photos Christophe Urbain« Pas de déco ici, rien que des souvenirs de voyages ou de moments précieux. Des choses évocatrices », prévient la directrice et programmatrice du Centre de développement chorégraphique national (CDNC) en son appartement de la Krutenau, « trop grand pour une seule personne et peu lumineux », regrette-t-elle. Difficile, en effet, de trouver le rayon de soleil facilitant les prises de vue du photographe, mais l’espace, réajusté pour accueillir amis et membres de la famille – deux enfants et deux petits-enfants bruxellois – ne nous semble pas si vaste que ça pour contenir livres, objets et mobilier accumulés au cours des années et pérégrinations. Céramiques de Sicile, vase alsacien et plateau tunisien cohabitant harmonieusement dans des tonalités bleutées, poissons multicolores en verre, « symboles du bon heur », dialoguant avec une belle jarre chinée en brocante signée Vallauris, fourmi burkinabée reposant sur une feuille de métal, farandole bré silienne de personnages en terre cuite… Nous posons notre regard sur un « Autoportrait à la bouteille de vin » (sans titre, mais baptisé par nos soins) offert à Joëlle pour ses 40 ans par le regretté et fidèle Blá s Alonso Garc í a qui a réa lisé les visuels « poétiques et étranges » identifiant POLE-SUD durant une vingtaine d’années. Sur
un buffet, u n flacon venu de Tunisie (pays de naissance de notre hôte) laisse s’enfuir de douces essences de fleur d’oranger : il s’agit d’une fiole à Mazhar, liquide aux vertus insoupçonnées, capables de guérir maux de tête ou problèmes de cœur… « Bien sûr que ça marche, si ta propre mère l’affirme ! »
« Je ne suis pas une intellectuelle » Dans le salon, la bibliothèque contient plusieurs rangées de livres. Il faut avoir le bras long pour saisir les Philip Roth, Paul Auster ou ouvrages de SF reconnaissables à leur couverture argentée. Des classiques, romans contemporains, bandes dessinées et autres sagas mais, étrangement, peu d’ouvrages sur la danse. « Je ne suis pas une intellectuelle, je vis la culture plus que je ne l’ana lyse », revendique Joëlle. « Véritable boulimique, la lecture m’offre la possibilité de m’échapper, guider mon esprit loin des plateaux, nourrir mon imagi naire. Tout ce qui concerne la théorisation du spec tacle vivant reste dans mon bureau . » Face à une peinture naïve sur plaque métallique du Burkina Faso, nous questionnons la directrice quant à son goût prononcé pour les arts dits « populaires », africains, européens ou orientaux, transformant son logement en exotique caverne alibabesque.
Je ne suis pas une intellectuelle, je vis la culture plus que je ne l’analyse.
« Je viens de ce milieu, née en Tunisie, puis ayant vécu une vingtaine d’années à Paris dans un envi ronnement modeste et une culture nord-africaine parentale forte. Je reste traversée par la question du public à conquérir dans un quartier comme la Meinau. La danse est un formidable vecteur d’émo tions, de récits : c’est mon projet que de toucher les habitants non connaisseurs avec des formes jugées, à tort, élitistes, alors qu’aucun bagage n’est néces saire pour apprécier cet art qui fut très tôt pluri disciplinaire, bien avant le théâtre. » Et de citer la légendaire belgitude hétéroclite d’Alain Platel et ses Ballets C de la B, de Wim Vandekeybus ou d’Anne Teresa De Keersmaeker qui ont marqué l’histoire de la danse et la nouvelle vague fran çaise des années 1980 avec Chopinot, Decouflé, Larrieu, Duboc… : quelle meilleure « entrée dans la danse » que via le génie de ces artistes ayant ouvert la voie à l’expérimentation, la fantaisie, l’émancipation.
Pole position
MJC des sixties devenue Scène conventionnée pour la danse et la musique en 1992, puis grâce à Alain Py (qui nous a quittés en 2014) restruc turée en salle de spectacle/médiathèque/école de musique et de danse et espace socio-culturel en 2004, l’institution obtient le label de CDCN en 2015. Place exclusive laissée aux arts choré graphiques*, donc, en un lieu dirigé depuis 2011 par cette diplômée de Paris XIII en gestion d’en treprise culturelle : une formation loin d’être inutile lorsqu’on doit composer avec « des cahiers des charges très complexes et des contraintes budgé taires de plus en plus serrées ». Avant POLE-SUD, il y eut le Centre international de rencontres artistiques (Cira) où Joëlle découvre, l’œil vierge de toute référence en la matière, le travail de… Merce Cunningham accompagnée de John Cage. Le Cira fera intervenir Steve Paxton ou encore un certain Mark Tompkins, futur complice, l’ami américain. Les objets qui partagent la vie de Joëlle attestent de ses nombreux périples autour du monde, notamment en Afrique, à une période, il y a une vingtaine d’années, où les regards n’étaient pas tous tournés vers ce conti nent. Elle parcourt les festivals aux quatre coins du planisphère (notamment à Ouagadougou), fait des rencontres essentielles et tisse des compagnonnages avec Serge Aimé Coulibaly, Radhouane El Meddeb, Robyn Orlin ou encore Bruno Beltrão, chorégraphe brésilien qui « utilise les codes du hip-hop et compose des tableaux cor porels portés par des danseurs issus des favelas ». Tous font danser le monde d’aujourd’hui et le racontent.
L’année commence avec elle Dans la cuisine, le café bout sur le feu, dispensant un envoutant parfum torréfié. Sans nostalgie « je préfère me concentrer sur la nouvelle géné ration, plus que prometteuse » – , la directrice de POLE-SUD évoque les événements qui rythment la saison : le festival dédié à la danse dans l’es pace public EXTRAPOLE ou le nouveau temps fort, en janvier, qui lui tient particulièrement à cœur, « L’année commence avec Elles ». « Depuis bien longtemps, la diversité est de mise dans la danse. Cependant, les questions de parité, voire d’invisibilité des femmes dans ce domaine sont bien réelles. Par exemple, bien souvent, elles sont assi gnées aux spectacles jeune public, comme si c’était “ naturel ”. Elles ont des moyens de production moindres et doivent se contenter de plateaux plus petits que les hommes », regrette Joëlle Smadja. Pour remettre les montres à l’heure égalitaire, l’année commence avec Akiko Hasegawa, Marie Cambois ou Betty Tchomanga et ses multiples Mascarades, se métamorphosant en sirène afri caine et s’apprêtant au grand plongeon dans les fonds marins. Bryana Fritz traite du rapport de soumission en incarnant des saintes martyres moyenâgeuses, Maud Le Pladec interroge la place des femmes dans l’histoire de la musique tandis que Lara Barsacq rend hommage à Ida Rubinstein, mécène, danseuse et performeuse excentrique du début du xxe siècle n’ayant crainte de se mettre nue sur scène, créant scandales et esclandres. 2023 débute donc avec des créatrices s’emparant de sujets qui leur sont propres, les concernent de près. Joëlle affectionne particu lièrement l’audace des effrontées et culottées.
L’année commence avec Elles 12.01 --> 28.01.23 POLE-SUD pole-sud.fr
* À ce moment, Philippe Ochem poursuit l’aventure Jazzdor mais cesse ses fonctions de programmateur jazz à POLE-SUD
Je préfère me concentrer sur la nouvelle génération, plus que prometteuse.
La Culture Cinéma Valeria Bruni Tedeschi nous plonge dans ses eighties et celles du théâtre Les Amandiers dirigé par Patrice Chéreau avec un film effervescent, un brûlant bouillon de culture où la jeunesse se frotte à Tchekhov, aux drogues dures, au sida et la mort. Par Emmanuel Dosda / Photo Teona Goreci
Les Amandiers de Valeria
Bruni Tedeschi (avec Nadia Tereszkiewicz, Louis Garrel, Micha Lescot), actuellement aux Cinémas Star.
À quoi carburez-vous ? Au sport : le yoga, la course, la natation…
Des drogues saines… Oui, mais j’en ai vrai ment besoin, sinon je suis comme en manque car elles me procurent un plaisir physique et psycho logique très fort.
Dans Les Amandiers, les jeunes comédiennes et comédiens foncent tête baissée et cœur blessé en grillant les feux rouges et cramant leur vie. Un comportement nécessaire pour exercer ce métier ? Non, c’est une vision romantique ! On peut avoir une grande passion pour ce travail et le faire merveilleusement bien sans avoir besoin de frôler la mort. Certains artistes le vivent de cette manière : je les res pecte et les comprends, mais personnellement, j’aime « la bonne santé »… Je préfère chercher l’équilibre parfait dans ma vie pour pouvoir être pleinement déséquilibrée dans mon art.
La frontière entre fiction (répétitions, repré sentations…) et réalité des jeunes est très mince dans votre film… L’école de Chéreau nous apprenait en effet à investiguer cette zone, cette limite. C’était sa méthode.
Au début du film, lors du casting pour la troupe de Chéreau, Clara Bretheau, qui incarne un personnage inspiré par Eva Ionesco, dit qu’elle veut faire du théâtre pour pouvoir « parler avec les mots des autres ». C’est votre cas ? C’est une idée de dialogue de Noémie Lvovsky qui a cosigné le scénario avec Agnès de Sacy et moi. Noémie a cette concep tion au plus profond d’elle : l’acteur, surtout de théâtre, a la possibilité de s’exprimer avec des propos appartenant à d’autres, souvent très beaux lorsqu’il s’agit de textes classiques. Ce sont des remparts : contre le désespoir, l’envie de mourir, les chagrins qui viennent de l’enfance… Ensuite, il faut apprendre à utiliser ses propres mots, comme lorsque j’ai fait mon premier film, Il est plus facile pour un chameau... (2003). Je pousse tous les jeunes à écrire, réaliser, faire du théâtre, du cinéma, de la musique… Il faut ouvrir le champ des possibles !
Je vois votre film comme un huis clos gigogne : nous passons de la boîte noire à d’autres, encore plus étriquées, qui sont l’endroit de tous les drames : la cabine téléphonique où l’on attend des résultats de tests de dépistage, la voiture qui grille les feux rouges à toute allure, les toilettes où l’on fait une overdose ou même un confession nal où l’on s’envoie en l’air. Est-ce pour renforcer l’impression d’enfermement ?
Je cherche surtout à créer des environnements qui décuplent les émotions, l’intensité. J’aime beaucoup les cabines téléphoniques : je voulais parler des années 1980 rien que pour pouvoir retourner dans l’une d’entre elles. [Éclats de rires] J’adore aussi le fil des téléphones : dans mon film
Les Estivants (2009), je fais expressément mon personnage casser son portable pour pouvoir uti liser un vieux téléphone, avec son fil torsadé.
Les Amandiers aurait pu être monté sur un plateau plutôt que projeté dans les salles ? Je n’ai pas le courage ou la légitimit é de mettre en scène du théâtre, mais la réponse est oui. Chéreau n’a eu de cesse de vouloir casser cette fracture entre théâtre et ciné. Avec lui, pour la première fois, une école intégrait les tournages de films. C’est là que j’ai découvert le cinéma.
Dans votre film, la troupe travaille sur Platonov de Tchekhov, un texte sur « la jeu nesse qui s’enfuit », dit Chéreau aux élèves… Depuis mes vingt ans, j’ai toujours la sensation que jouer est une façon d’arrêter cette inexorable fuite du temps… même à mon âge.
« Les jeunes, comme vous me donnez de l’es poir, du courage », dit Chéreau à ses élèves dans Les Amandiers. Vous avez confiance en la nouvelle génération ? Oui et en l’être humain en général, en mes enfants… Les jeunes gens de mon film sont les nouveaux visages du cinéma. En fait, on peut choisir d’avoir confiance ou non : c’est un peu comme le pari de Pascal qui préfère y croire plutôt que de ne pas avoir la foi.
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Note de la rédaction : cet entretien avec Valeria Bruni Tedeschi a eu lieu avant la mise en examen de l’acteur Sofiane Bennacer pour accusations de viol et violence sur conjoint
La Culture Arts Depuis un an, la Galerie EAST décloisonne les arts et expose œuvres contemporaines et objets exclusivement designés par des plasticiens, entrant en conversation. Un regard affuté, un concept en hors-piste, une expertise chevronnée : il y a du nouveau à l’E(a)st.
« Je suis devenu galeriste pour l’unique raison que je n’avais pas les moyens d’être collectionneur », s’amuse Stéven Riff à propos de son activité qui lui permet de vivre parmi les belles choses qu’il et Marie Munhoven – associée, complice et com pagne – apprécient. Vénèrent, presque, tant leur passion les anime. Faut-il du courage, de l’in conscience, du toupet voire un grain de folie pour ouvrir une galerie d’art, en 2021, au centre de Strasbourg ? Peut-être un peu… même si Stéven n’en est pas à son coup d’essai. Celui qui étudia à l’ICART (école de médiation culturelle pari sienne) il y a une vingtaine d’années, a ouvert des établissements de ce type et participé à de nom breux projets artistiques ici (Paris) ou ailleurs (Italie, Turquie) avant de revenir en la métropole et d’investir le spacieux 12 rue du Faubourg-dePierre. La ligne directrice de la Galerie EAST lui est venue, comme une évidence, lors de la visite de l’exposition « Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930 » organisée par les Musées de la Ville de Strasbourg, offrant un ambitieux panorama sur l’interdisciplinarité qui a dyna misé la cité à une époque riche durant laquelle, notamment, Hans Arp, Sophie Taeuber-Arp et Theo van Doesburg s’associèrent pour la réa lisation du complexe de loisirs de l’Aubette, véritable « chapelle Sixtine de l’art moderne » située place Kléber. Stéven a perçu « Laboratoire
d’Europe » comme « un signal fort » envoyé par une métropole souhaitant renouer avec son histoire : celle de l’École supérieure des arts décoratifs (fondée en 1892 et rebaptisée HEAR en 2011), de la transversalité des disciplines, de la maestria d’Anton Seder (son Portail à la rose en fer forgé datant de 1895 est une pure merveille) ou le génie de l’ébéniste Charles Spindler dont les marqueteries sont célébrées partout dans le monde. La galerie possède d’ailleurs une magni fique chaise alsacienne, pièce unique réalisée en 1902 par l’artisan capable de somptueusement faire converser les essences : chêne, acajou, ronce de noyer, frêne, sycomore ou érable.
Avant ce retour en terres strasbourgeoises, le couple exerçait son activité à Istanbul, à quelques mètres de la place Taksim. En 2013, lorsque les chars envahissent cette zone sous haute tension lors des manifestations contre un régime liberticide, Stéven et Marie sont forcés de quitter les lieux et s’installent plus loin, au bord du Bosphore, dans des ateliers où l’on tra vaille dans la tradition du grand bazar stambou liote, entourés de bijoutiers. Ils initient alors des collaborations entre orfèvres turcs et artistes de prestige invités : en 2015, Thomas Bayrle crée ainsi une bague en or 18 carats au motif en fin
relief (un couple se tenant amoureusement sur un lit), Nicolas Schneider (représenté par EAST) un bracelet en argent massif nommé Zone d’inon dation, et Orlan la sculpturale bague Deux doigts baroques pour une belle main . Un an après cette aventure sur le détroit liant les mers Noire et de Marmara, le duo pose ses valises en Italie. De 2016 à 2019, Stéven et Marie conseillent des collectionneurs tout en continuant à faire se croiser artistes et artisans, notamment Nicolas Schneider et des céramistes du coin de Bologne qui conçoivent le vase Évaporation silencieuse
Une quinzaine d’années après avoir quitté Strasbourg, Stéven et Marie, rejoints par leur associé Eady East, ouvrent un nouvel établis sement, convaincus de l’aura actuelle de la capitale européenne, de l’évolution de l’envi ronnement culturel d’une cité habitée par une nouvelle génération qui ne craint plus de franchir « le mur de verre » des espaces dédiés à la vente d’œuvres d’art. Dans un monde où les images
circulent à la vitesse du numérique et les artistes « street » s’expriment largement sur nos murs, les potentiels acquéreurs, rajeunis, renouvelés, sont alertes et en nombre. « La France redevient un centre mondial de l’art », s’enthousiasme Stéven qui prône la slow life et va « toujours prendre le temps d’échanger avec les acheteurs ». Non par obligation, mais pour le plaisir du partage.
Corps célestes ou visions poétiques faites de pigments, fragments d’ailes de papillons et de poudre… : devant le délicat travail de Sophie Ko des paysages monochromes et abstraits consti tués de pigments colorés – il confie se méfier « des œuvres plaisantes au premier regard », préférant les perspectives inattendues au charme évident, les strates qui se dévoilent dans l’épaisseur d’une toile au tapage d’une peinture clinquante, le sous-texte, « l’entre-les-lignes », aux slogans faciles. Sophie Ko vient de rejoindre les artistes suivis par EAST, au même titre que Camille Brès (qui expose en ce moment) et Marius Pons de Vincent (ex-HEAR tous deux) et leurs toiles à l’étrange réalisme. Citons encore Markus
Portrait de Stéven Riff, Marie Munhoven et Eddy Vingataramin East (« surtout de table » de Nicolas Schneider)Hansen et ses cieux, drapés ou autres motifs réalisés en sérigraphiant de la poussière sous verre, Pascal Bazile et ses peintures à l’huile sur films transparents ou Daniel Schlier (ancien res ponsable de l’atelier de peinture de la HEAR) et ses huiles sous verre. Les huit « poulains » de la galerie sont régulièrement exposés ici et accom pagnés par Stéven dans salons et autres foires à l’international.
Les artistes d’aujourd’hui défendus par le couple sont conviés à entrer en dialogue avec les pièces de design du catalogue d’EAST. Il s’agit d’objets utilitaires, mais conçus par des plasti ciens, comme ce paravent peint sur panneaux de bois « commandé » à Daniel Schlier dans une démarche d’éditeur. Parmi les œuvres d’art décoratif, il y a le tapis de laine Modern Tapestry (274,3 x 375,9 cm), réalisé en 1968 par Roy Lichtenstein, « marquant un cap dans la carrière » du roi pop qui ira de plus en plus loin dans les dimensions de ses œuvres et osera le monumental.
Récemment, le galeriste a vendu, au Musée Foujita, une table basse en acajou et marqueterie de bois de couleurs dessinée par l’artiste d’ori gine japonaise proche de Picasso. Un exemplaire qu’il a pisté avant de le dégotter : tel un historien ou un espion, il a mené l’enquête pour trouver et acquérir cette magnifique pièce, sorte d’« auto portrait de l’artiste » : une table où sont posés – en trompe-l’œil – des objets qui lui sont familiers, sa pipe ou encore ses illustres lunettes rondes. Réalisé par les ateliers d’ébénisterie de Jules Leleu pour la Compagnie générale transatlan tique, ce mobilier devait initialement orner les salons première classe du paquebot Normandie. Une petite poignée d’exemplaires a été éditée par Leleu, mais n’a jamais navigué…
Dans les réserves, l’arrière-boutique, nous découvrons le travail de Nicolas Schneider (notamment un aquatique « surtout de table » en bronze patiné, une production maison), la table Néo-Plastique (1926/1985) aux allures De Stijl signée Cesar Domela, fabriquée avec son petitfils ébéniste et micro-éditée en huit exemplaires seulement. Il y a aussi un pouf à la semblance d’un matou en boule, Ronron (1971), imaginé par Marion Baruch. Ce gros coussin poilu fait partie de l’avant-gardiste Collezione Ultramobile éditée par Dino Gavina qui porte en étendard, dès 1968, la philosophie de la galerie EAST en fabriquant des pièces de design conçues par des plasticiens : le siège Le Témoin de Man Ray (1971) ou la table Traccia de Meret Oppenheim (1972). Stéven Riff résume ainsi : « Lorsque François-Xavier Lalanne
réalise une pièce comme Rhinocéros , il ne fait pas un simple paravent en bois laqué et sérigraphié, il fait une œuvre d’art ! »
Un travail de fond Qu’il s’agisse du compagnonnage avec les artistes représentés par la galerie, avec lesquels elle signe « un contrat moral » dans un climat de confiance réciproque, ou de la recherche d’œuvres d’art décoratif, « en se concentrant sur la qualité », est toujours accompli « un travail de fond ». Une exigence qui porte ses fruits et attire de nombreux acheteurs séduits par la sélection de cette sérieuse maison.
En guise de conclusion, Stéven Riff nous glisse : « L’histoire de l’art s’écrit aussi dans les galeries qui ne sont pas uniquement des lieux d’ac crochage, mais de découverte, d’expérimentation, voire de production . »
Galerie EAST 12, rue du Faubourg-de-Pierre contact@galerieeast.com
Double exposition : Bijoux d’artistes (avec des broches ou colliers d’Hans Jean Arp, Eduardo Paolozzi, Jimmie Durham…) et la série Les Transports amoureux de Camille Brès --> 4 février
La Culture Arts Taxi driver fou de coraux et bigorneaux, plombier zin-zingueur, tenancier de bar-tabac aux pouvoirs médiumniques et autres artistes frappés par une énergie céleste… Le Musée Würth fait rimer psychanalytique et artistique avec une expo où l’art brut dialogue avec ceux qui en furent dingues, Max Ernst ou Arnulf Rainer. Une exposition commissionnée par le galeriste Jean-Pierre Ritsch-Fisch et Claire Hirner, attachée au Musée qui répond à nos questions. Par Emmanuel Dosda
Comment expliquer l’engouement actuel pour l’art brut, la success story d’un « mou vement » longtemps ignoré, voire méprisé ? La reconnaissance de l’art brut n’est pas récente. On peut dire qu’elle s’est fortement dévelop pée internationalement depuis vingt ans. En France, il y eut la création de musées (le LaM, la Maison Rouge), la multiplication de galeries et des collectionneurs de plus en plus sensibles à cette forme d’expression. Au départ, lorsque Jean Dubuffet définit l’art brut en 1945 il souhaite garder ces artistes secrets. Il craint que la diffu sion à un grand public ne dénature leurs pro ductions. Aujourd’hui l’art brut touche tous les publics, c’est un art de l’intime. Nous avons eu la chance, avec Marie-France Bertrand, directrice du Musée Würth, de pouvoir bénéficier de l’aide du galeriste strasbourgeois Jean-Pierre RitschFisch, fin connaisseur de l’art brut. Grâce à lui, nous présentons des œuvres exceptionnelles issues de collections privées avec cette intention de continuer à faire découvrir ces artistes.
La scénographie labyrinthique (et recy clable !) de Jean Bermon et ses cimaises en carton semble nous plonger dans l’esprit troublé des artistes… Avec Jean Bermon nous avons réfléchi à une scénographie qui invite le visiteur à s’approcher au plus près de l’intimité des œuvres. Comme nous avons dans la première salle d’exposition une hauteur de 10 mètres sous plafond, il a fallu coiffer les cimaises d’un toit avec un système d’éclairage à LED doux intégré. Les cimaises en carton brut offrent une matière et un support capables de dialoguer en douceur avec les œuvres, elles contribuent à l’atmosphère feutrée. Le parcours débute avec une section sur les origines de l’art brut et le visiteur évolue dans des espaces évoquant le sentiment d’enfer mement et les labyrinthes de la pensée. L’espace s’ouvre ensuite sur les artistes qu’on nomme aussi singuliers, hors normes ou médiumniques.
Un artiste brut est-il défini par son rapport nécessaire à la création qui lui est guidée par des forces spirituelles supérieures ? Pour Dubuffet, il s’agit surtout de définir l’artiste brut comme étant indemne de toute influence artistique. Or si ces auteurs sont souvent auto didactes, ils sont néanmoins influencés par leur environnement social et culturel : ils ont par exemple accès à des livres ou à des magazines, ils voyagent ou écoutent de la musique. Ils ont les pieds sur terre mais ne craignent pas de s’élever dans leur introspection créative. Ce besoin de forces spirituelles est particulièrement fort chez les artistes médiumniques, qui se voient comme de simples exécutants d’un esprit.
Johann Hauser, L’oiseau éléphant, sans date Mine de plomb sur papier, 67 x 59 cm
Collection Graffe
© Privatstiftung-Künstler aus Gugging
Photo : Frédéric Dehaen
Anonyme (Léonie), Dans les cols désastreux la folie en montre à la raison, 18.01.1914 Pastel, crayons de couleurs et fusain sur papier, 63 x 49 cm Collection privée, courtoisie galerie J.-P. Ritsch-Fisch, Strasbourg
Photo : Thierry Ollivier
Georg Baselitz, Ira, 1986
Huile sur toile, 162 x 130 cm
Collection Würth, inv. 11389
© Georg Baselitz 2022
Photo : Jochen Littkemann, Berlin
Johann Fischer, Today’s young people, 1992
Graphite et crayons de couleur sur papier, 43,8 x 62 cm Collection Antoine Frérot
Photo : Raphaële Kriegel
Jenny et ses sœurs sont presque écrasées par un train, comme la plupart des œuvres d’Henry Darger, est recto-verso. Est-ce le cas d’autres pièces présentées ? Henry Darger, comme de nombreux autres auteurs d’art brut, utilise le recto et le verso du support, à la fois par économie d’un matériau précieux et par souci d’occuper toute la surface, rares sont les artistes qui laissent des espaces vierges dans leurs œuvres. Ils ne connaissent pas le syndrome de la page blanche !
Comment étaient jugés ou catégorisés les « outsiders » avant 1945 et que soit théorisé l’art brut par Jean Dubuffet, alors que leur travail intéressait déjà collectionneurs et amateurs ? Avant 1945 et la définition de l’art brut par Jean Dubuffet, les « outsiders » sont principalement identifiés et collectés par des médecins psychiatres. Ils sont peu nom breux : il y a principalement le docteur Auguste Marie (1865-1934) à Paris, Le docteur Walter Morgenthaler (1882-1965) en Suisse, le doc teur Gonzalo Rodríguez Lafora (1886-1971) en Espagne ou le docteur Hans Prinzhorn (18861933) à Heidelberg. Ils sont à la fois animés par un souci d’amélioration des traitements et attentifs aux productions artistiques de cer tains de leurs patients. Hans Prinzhorn, qui a une formation de médecin et d’historien de l’art, joue un rôle important dans cette prise de conscience. Dans les années 1920, il va non seulement lancer une collecte dans des hôpi taux psychiatriques d’Allemagne (un fonds de 5 000 œuvres qui constitue encore aujourd’hui la Collection Prinzhorn), mais va aussi publier un ouvrage intitulé Bildnerei der Geisteskranken ( Expressions de la folie) à partir de ses observa tions. Ce livre deviendra une des bibles du mou vement surréaliste.
J’ai été particulièrement émerveillé par le fastueux Temple religieux en trois dimen sions, assemblage de coquillages peints par Paul Amar en 1985. Est-ce l’équivalent d’un mini Palais idéal du facteur Cheval ? Paul Amar, exerçant la profession de chauffeur de taxi, découvre soudainement et tardivement
Frischkorn, Goldstein Variationen, 2007 Feutre et encre de Chine sur pochette de disque, 31 x 31,5 cm
dans sa vie un moyen d’expression. Dans une boutique de souvenirs de bord de mer, il achète une figurine en coquillages et se lance ensuite passionnément dans la création d’environne ments en relief, ici une scène de mariage dans une synagogue. Tous les coquillages sont laqués, vernis et saupoudrés de paillettes. Les petites ampoules à filaments font briller de mille feux le décor. On retrouve souvent chez les artistes bruts cette nécessité d’édifier des architectures et de leur donner une dimension fantastique, comme pour donner une structure à une réalité chaotique.
Peut-on dire que cet art jugé « dégénéré » (par les nazis) a régénéré la création plastique, notamment le travail de Baselitz, Ernst ou Rainer ? Ce qui a fortement marqué Georg Baselitz et Max Ernst, mais on pourrait aussi citer Paul Klee ou Jean Dubuffet, c’est la lecture du livre du psychiatre Hans Prinzhorn paru en 1922. Ce livre est publié à une période très favo rable car il répond durablement aux questionne ments et aux recherches des avant-gardes. Ces derniers, pour se défaire d’une tradition picturale considérée comme dépassée, et pour élaborer un art nouveau, cherchent des sources d’inspiration. Tout en rejetant les influences culturelles, ils vont s’orienter vers l’exploration de l’inconscient et du sentiment d’intériorité et trouver des réponses dans les productions de dessins d’enfants et de malades mentaux.
Art brut. Un dialogue singu lier avec la Collection Würth Musée Würth d’Erstein --> 21 mai 2023 musee-wurth.fr
La Culture Arts Auteur et plasticien, Michel Bedez trace les contours d’un univers poétique « marqué au fer rouge » par le Val d’Argent. Il expose en janvier et février 2023 en lisière de l’exposition « Art brut. Un dialogue singulier avec la Collection Würth ». Par Pierre Jean Singer / Photos Christophe Urbain
Placées côte à côte, les sculptures en bois de tilleul semblent prêtes à se mettre en marche. Comme en attente d’un signal, l’escouade mutique et nue regarde droit devant elle. Crabe, cerf, serpent… chacune des idoles porte un animal totem, comme un cache-sexe arrogant. Ces figurines d’une tren taine de centimètres de haut émanent d’autant de peintures de Michel Bedez. Artiste autodidacte, ce dernier a été invité à exposer ses croquis, toiles et sculptures au Musée Würth. « Les idoles sont des demi-dieux bienfaisants, mi-païens, mi-divins. Des personnages telluriques, sources d’énergie. Des saints patrons guérisseurs, des fétiches vosgiens qui ont le pouvoir de soigner les maux des hommes et de la société », hommages à la fois à la culture popu laire et au sacré.
« Je suis un artiste émergent tardif… Le pouvoir de l’imagination, m’a toujours transporté », explique ce barbu vif-argent, peintre sur le tard, créatif de longue date. Après une enfance dans le massif vosgien où, adolescent, il croise les artistes pro metteurs Christophe Meyer et Rodolphe Burger, Michel Bedez s’ancre à Strasbourg où il fonde Passe Muraille, une agence de communication spécialisée dans la création de temps forts. 30 ans d’aventures événementielles plus tard, il transmet l’entreprise à ses collaborateurs afin d’emprunter de nouvelles voies artistiques. Les peintures et sculptures d’idoles ainsi qu’un livre de prose poétique – Le Boa , paru en 2012 aux édi tions Chapeau Claque – pavent ses nouveaux che minements. « Mon art est un retour aux émotions de l’enfance », considère Michel Bedez. Des émo tions qui se nourrissent d’un inconscient struc turé dans le Val d’Argent, mystérieux et minier, merveilleux, forestier et sinistré. Artistiquement parlant, « je ne me situe nulle part », considère le plasticien strasbourgeois. Nulle part, comme nombre de créateurs non académiques versés dans la catégorie Art brut.
Les figurines d’idoles qui seront exposées au Musée Würth sont sculptées en collaboration avec Loïc Bosshardt à Thannenkirch, à partir des peintures et des croquis de Michel Bedez. Descendant d’une lignée de sculpteurs, Loïc donne aux figures peintes leur troisième dimen sion. Presque timidement, Michel Bedez à son tour fait ses premiers pas en sculpture. Il façonne ses premiers gisants, cadavres grotesques et miniatures couchés sur un cercueil de bois. Avec le vœu ou la perspective de voir un jour ces transits s’incarner grandeur nature, joyaux de la crypte d’une église imaginaire.
4 janvier --> 11 février Musée Wurth, rue Georges-Besse à Erstein
Les idoles, Michel Bedez, 48 pages, 15 €, éditions Chicmedias shop.chicmedias.com
À commander en ligne ou à retrouver à la Vitrine, 14, rue Sainte-Hélène à Strasbourg.
L’Espace 110, le CCN – Ballet de l’Opéra national du Rhin et La Filature présentent une cinquième Quinzaine de la Danse. Entretien avec Bruno Bouché, directeur du Ballet qui n’hésite pas à enfiler le Perfecto.
Par Emmanuel DosdaLe ballet est un genre plutôt conservateur. Comment casser les codes ? Mon projet est complexe car je m’inscris dans une tradition. Difficile de remuer les choses après 400 ans d’histoire, mais sans totalement tout dézinguer ! Je conseille toujours à mon équipe de s’ouvrir au monde pour être le plus en phase possible avec notre époque. L’univers créatif de chaque interprète – son vécu, sa per sonnalité… permet de faire de grands pas en avant. William Forsythe dit que le langage n’est pas daté, mais que la manière de l’utiliser est primordiale, en utilisant un vocabulaire s’en richissant avec le temps. Il faut retourner à la genèse de cette discipline pour retrouver ce qui l’anima : les pulsions de vie, de passion, d’énergie et de sensualité. Pour briser le classicisme, il faut se servir au mieux de son instrument, son corps, avant qu’il ne commence à vous lâcher, à partir de 35 ans. Les carrières sont courtes…
Durant la Quinzaine, un hommage est rendu à Catherine Diverrès, chorégraphe qui a décidé de quitter la danse… Elle clôt un parcours trop méconnu selon moi car c’est la Pina Bausch française ! Nous propo sons une sorte de best of permettant de décou vrir l’essentiel de son approche très théâtrale, très écrite de la danse mais où l’émotion est intense. Évoquons aussi la présence d’une autre femme chorégraphe dans la programmation, Marie Cambois, dont j’apprécie particulièrement l’épure esthétique.
Citons enfin la version signée Martin Chaix de Giselle, production de l’Opéra national du Rhin, avec le Ballet.
C’est un Giselle féministe, redéployant ce clas sique romantique du xix e siècle à l’heure de #MeToo, avec des nymphes fortes, des Willis en Perfecto. Ce spectacle va nous bousculer, sans pour autant nous coller au mur !
Sur quoi dansez-vous sous votre douche ? Sur La Femme ou Feu! Chatterton, un concerto ou de l’electro… Mes goûts sont éclectiques.
Quinzaine de la Danse à L’Espace 110 (Illzach), à La Filature et au Théâtre de La Sinne (Mulhouse), à La Passerelle (Rixheim), au Centre Chorégraphique National de BourgogneFranche-Comté (Belfort) et à l’Opéra national du Rhin (Strasbourg)
14 janvier → 5 février
Giselle, nouvelle production de l’Opéra national du Rhin, avec le Ballet du Rhin et l’Orchestre symphonique de Mulhouse, au Théâtre muni cipal de Colmar, au Théâtre de La Sinne de Mulhouse et à l’Opéra national du Rhin (Strasbourg)
operanationaldurhin.eu
À l’origine, il y a une bande dessinée. Ou plutôt l’émotion de Thomas Ress, metteur en scène et directeur de l’Espace 110 d’Illzach, à la lecture de cette bande dessinée – l’éponyme Tristesse de l’éléphant signée Nicolas Antona et Nina Jacqmin, publiée en 2016 chez Les Enfants Rouges. Un récit universel d’une infinie tendresse sur le temps qui passe, sur l’amour, la différence, la souffrance, la complexité des sentiments, la vie, la mort et inversement… L’histoire désenchantée d’un orphelin rejeté de tous, qui finit par trouver le sens de son existence en croisant le chemin de la jolie dompteuse d’éléphants d’un cirque itinérant. Mais la vie est joueuse et la route pas toujours facile à suivre… Si la bande dessinée ori ginelle est à la fois sensible et singulière, Thomas Ress et la Compagnie des Rives de l’Ill font le pari de lui offrir une nouvelle dimension en la trans posant sur les planches : mêler théâtre et marion nettes, jeu d’acteurs et poupées articulées, pour donner vie à un univers où se mêlent douceurs et douleurs, le tout magnifié par une esthétique soignée directement inspirée du talent de la des sinatrice Nina Jacqmin. Un spectacle à deux voix et quatre mains, de ceux qui visent en plein cœur toutes les générations confondues. (A.V.)
tristesse de l’éléphant de Thomas Ress
Après trente ans de bons et loyaux services, Philippe Schlienger quitte le navire du Momix, petit festival entre communes devenu référence du spectacle jeune public à l’échelle internationale. Rencontre. Par Aurélie Vautrin
Quel regard portez-vous sur ces trente années ?
Je retiens surtout le fait que l’appellation « spec tacle jeune public » s’est considérablement modi fiée dans la société. À l’époque, la dimension la plus naturelle du spectacle vivant en direction de la jeunesse, c’était le théâtre, loin d’être valorisé dans les établissements officiels. Alors qu’au jourd’hui, tous les CDN proposent une program mation jeune public ! Dans un sens, Momix a été un précurseur, même si on a pris des chemins de traverse.
Au vu de la conjoncture actuelle, comment s’est montée l’édition 2022 ?
On a dû faire preuve d’un peu de réalisme afin de pouvoir maintenir l’esprit du festival dans un contexte contraint. Cela s’est traduit par une programmation légèrement réduite mais en gar dant une vingtaine de lieux partenaires. C’est l’essence même de Momix : présenter des pro jets ambitieux pour les théâtres, et des spectacles adaptés aux communes plus modestes.
Qu’en est-il de la suite ?
L’empreinte de Momix dans le territoire est forte, et les institutions qui le soutiennent sont convaincues de l’intérêt de garder un tel évé nement sur le territoire. On peut donc espérer un bel avenir pour le festival, même s’il faudra sûrement repenser la structure. En période de manque de moyens, la solution, c’est de collabo rer encore plus.
Quand la Compagnie Mamaille, originaire de Verdun, s’attaque à un monument de la littéra ture british, cela donne un spectacle haut en cou leurs, quelque part entre le théâtre de l’absurde et le spectacle de clowns, le théâtre de tréteau et le plateau de cinéma… Avec en prime une chouette touche de poésie et une sacrée dose d’humour dans la forme, et un questionnement résolument engagé sur notre humanité dans le fond. Car ici, trois acteurs-artisans décident d’adapter à la scène Les Grandes Espérances de Charles Dickens (à partir de 9 ans), à grand renfort de masques en carton et autres accessoires en bouts de tissu. On assiste donc à la création d’un spectacle dans le spectacle, ce qui au final fait briller l’ensemble par son côté décalé et son ingéniosité : ainsi, comme dans la tradition de la commedia dell’arte, les rôles sont interchangeables, et les comédiens interprètent chaque personnage à tour de rôle, en fonction de la situation et des accessoires à dis position. Un joyeux bazar follement imaginatif et un hommage singulièrement intelligent à l’uni vers de Dickens , à découvrir au cœur du PréO dans le cadre de Momix en Balade (A.V.)
Après avoir adapté Virginie Despentes ou encore Annie Ernaux, Émilie Charriot s’attaque aujourd’hui au Sentiment de vie de Claudine Galea, récit hors norme publié en 2021 aux Éditions Espace 34. Hors norme car au-delà des formes : s’il interroge la manière d’éprouver et de préserver ce fameux « sentiment d’être en vie » malgré le deuil et la mort, le texte luimême s’offre une liberté pure, sans contraintes de genre, de langue, d’écriture. Un « objet » inclassable où souvenirs, pensées, fantasmes, citations se mêlent et s’entremêlent ; le passé, le présent, la littérature, le possible de l’écriture, sans respiration. La petite histoire qui raconte la grande. Une mise à nu totale qu’Émilie Charriot porte aujourd’hui sur scène dans un exercice singulier à l’esthétique taillée au scalpel, en diri geant la comédienne Valérie Dréville au cœur d’un face-à-face tendu avec le spectateur. « Ce qui m’intéresse ici, c’est de voir Valérie dire ces mots-là, explique la metteuse en scène. Voir comment ce texte-là passe par cette actrice-là. Pour que ça ait lieu, j’ai besoin de tout vider autour. Je fais le pari que l’humain suffit et que dans ce “rien”, il y a tout, tout ce qui est essentiel : un être humain avec qui il va y avoir un échange. C’est palpable justement parce qu’il y a cette nudité autour, ce vide. C’est une évidence pour moi, le plateau nu, ce n’est pas intellectuel mais organique. » En résulte une pièce résolument atypique, foncièrement curieuse et viscéralement magnétique. (A.V.)
D’après le livre de Claudine Galea
AKIKO HASEGAWA > Haré Dance
Création – Premières / Coproduction POLE-SUD CDCN
JE 12 + VE 13 JAN 19:00
MARIE CAMBOIS > ALL (à la lisière)
Création – Premières / Coproduction POLE-SUD CDCN
JE 12 + VE 13 JAN 20:30
BRYANA FRITZ > Submission Submission
MA 17 + ME 18 JAN 19:00
BETTY TCHOMANGA > Mascarades
MA 17 + ME 18 JAN 20:30
SOA RATSIFANDRIHANA > g r oo v e
VE 20 + SA 21 JAN 19:00
LARA BARSACQ > IDA don’t cry me love
VE 20 + SA 21 JAN 20:30
NACH > Nulle part est un endroit
LU 23 JAN 19:00 - LA POKOP
Présenté avec le SUAC par son dispositif carte Culture
LENIO KAKLEA > Ballad
MA 24 + ME 25 JAN 19:00
MAUD LE PLADEC > counting stars with you
MA 24 + ME 25 JAN 20:30
MEYTAL BLANARU > rain
VE 27 + SA 28 JAN - 19:00
MARTA IZQUIERDO MUÑOZ > Guérillères
Coproduction POLE-SUD CDCN
VE 27 + SA 28 JAN - 20:30
Le focus Espaces d’exil du Maillon zoome sur un thème plus que jamais d’actualité. Questions à Barbara Engelhardt, directrice d’un théâtre qui s’engage.
Par Emmanuel DosdaLe monde semble craquer de partout depuis ces dernières années. La société dans laquelle nous avons, malgré tout, la chance d’évoluer devrait-elle davantage faire preuve « d’hospitalité » envers ceux qui en ont le plus besoin ? Le monde culturel a-t-il un devoir d’exemplarité ? Je parlerais plutôt d’un objectif largement partagé : que la culture rende possible l’expérience d’une société ouverte et plurielle. C’est à cet endroit que le théâtre peut exceller. En ce qui concerne le Maillon, l’hospitalité est un mot clé dans la façon dont nous concevons notre rap port aux publics et aux artistes, quelles que soient leurs origines sociales et culturelles. Se montrer attentif à un monde où les disparités et les frac tures sont évidentes, c’est ce que nous pratiquons à plusieurs niveaux : à travers une programmation internationale, des réflexions thématiques menées sous différents formats, un partage de ressources et une attention particulière portée aux artistes issus de pays en crise : l’Ukraine, la Moldavie, le Brésil, l’Iran, l’Afghanistan…
Via Espaces d’exil, vous illustrerez des pos sibilités d’aide aux personnes en danger dans leur région en donnant la parole aux artistes afghans accueillis l’été dernier avec sept autres structures culturelles strasbour geoises… Le « focus » est un format thématique récurrent au Maillon, qui nous permet cette fois-ci d’aborder la question de l’exil par plusieurs approches : des spectacles, des conférences ou encore des projections. À côté de cela, c’est pour nous le moment d’une collaboration artistique avec un groupe d’artistes afghanes et afghans que huit structures culturelles ont accompagnés depuis leur arrivée en France en août 2021. Il s’agit de leur donner une visibilité en tant qu’ar tistes – jusqu’ici, nous nous étions avant tout préoccupés de les soutenir dans les démarches administratives et l’apprentissage du français. Il m’a semblé important de leur proposer l’oc casion de s’exprimer artistiquement, une étape essentielle pour construire leur vie en exil tout en renouant avec des pratiques artistiques de leur
culture d’origine. Je suis en train de discuter des projets des uns et des autres et espère pouvoir, avec le plus de partenaires possible, les réaliser d’ici fin janvier, sous forme d’étapes de travail, performances, expositions, etc.
Le Maillon présentera deux spectacles de metteurs en scène iraniens. Dans En tran sit d’Amir Reza Koohestani, d’après le roman (presque) éponyme d’Anna Seghers, l’exilé fait l’expérience d’un entre-deux : la vie sus pendue entre deux espaces et deux tempora lités, comme dans un sas d’attente. Dans Les Forteresses, Gurshad Shaheman fait aussi dialoguer passé et présent à travers les récits de ses proches en exil… Se retrouver « horssol » en tant qu’exilé, se sentir en suspens entre deux temps, perdre un espace avant de se réfu gier dans un autre, être démuni de droits le temps d’une prise de décision administrative… peuvent créer un moment de flottement. Tout ça devient palpable dans les deux spectacles. En transit met en scène la rencontre entre une fiction – celle du roman de 1942 – et une réalité récemment vécue par Koohestani, pour interroger l’impuissance de l’exilé face au pouvoir de l’administration. Shaheman, lui, fait brillamment s’entrelacer les récits de sa mère et de ses tantes, dont les vies tissent des fils qui lient l’histoire de l’Iran et celle de l’Europe. Dans les deux cas, il y a une dimen sion biographique, ce qui donne une tendresse particulière aux spectacles. Dans les deux cas, ce télescopage des espaces et des temps raconte aussi le fait que l’histoire de l’exil ne s’arrête pas et soulèvera toujours la question de l’hospitalité dans nos sociétés.
(spectacles, projection, conférence, présentation d’étapes de travail)
maillon.eu Quelques dates :
— En transit d’Amir Reza Koohestani (coproduction) → 25 + 26 + 27 janvier
— Conférence sur l’hospitalité avec Michel Agier → 26 janvier
— Les Forteresses de Gurshad Shaheman → 2 + 3 + 4 février
La directrice de l’association Accélérateur de particules, Sophie Kauffenstein, nous parle de ce qui se passe à Strasbourg dans le cadre de la fameuse Regionale.
Par Aurélie Vautrin Photo Christophe UrbainQu’est-ce que la Regionale en deux mots ?
Un grand événement transfrontalier piloté par Bâle depuis vingt-trois ans, qui regroupe aujourd’hui une vingtaine d’institutions suisses, allemandes et françaises. La règle du jeu étant de proposer, dans chaque espace, des artistes des trois nationalités, qu’ils soient confirmés ou émer gents. Pas de thème imposé, mais une large sélec tion de productions en tout genre, le tout encadré par un commissariat propre à chaque lieu.
Sitting in front of the mirror, une double expo à découvrir à GarageCOOP et à La Chaufferie. Nous avons invité une jeune commissaire
lyonnaise, Émilie d ’Ornano, qui a sélectionné seize artistes parmi les 700 candidatures du pot commun de la Regionale. Des sculptures, des installations, des vidéos, toutes autour de l’es time et de l’image de soi, avec une scénographie très travaillée basée sur des matériaux jouant sur les ombres, les reflets.
Chaque expo de Regionale est indépendante ?
Oui, chaque lieu conserve une grande liberté, ce qui permet une vraie mise en valeur de la scène artistique du territoire. On peut choisir de ne voir qu’une seule expo, même si c’est beaucoup plus enrichissant de passer d’un lieu à l’autre : tout a été pensé avec des horaires harmonisés, un bus tour, des vernissages en cascade. Regionale est un événement très festif.
Exposition Sitting in front of the mirror, GarageCOOP et La Chaufferie
— Transmergence #04
Art e-s-t métier
FRAC Alsace, Sélestat → 15 mars 2023
Le FRAC fait dialoguer l’art et l’artisanat comme langage universel de transmission, interrogeant les frontières établies par la société occidentale entre ces entités aux similarités indéniables. L’expo est centrée sur des travaux artistiques qui utilisent des techniques artisanales répétitives : crochet, tricot, couture, broderie, dessin, peinture… Des questionnements d’autant plus intéressants que les traditions textiles et les arts appliqués partagent une longue histoire dans la région transfrontalière.
— Dans le doute, un pas de côté Im zweifel Zickzack à FABRIKculture, Hégenheim → 8 janvier 2023 Orchestrée par la nouvelle équipe de FABRIKculture, l’expo met en avant l’échec en tant que performance, appuyant l’idée que créer, c’est aussi parfois échouer. D’ailleurs, combien de revers a-t-il fallu traverser pour aboutir à cette même exposition ? Combien de tentatives avant d’aboutir à l’œuvre proprement dite ? Les dix-sept artistes réunis ici défont le jeu du processus de création pour assumer les failles et les erreurs de parcours, mon trant ainsi la création artistique comme un acte d’espoir.
— Stephen Dock, Our day will come + Constriction La Filature, Mulhouse → 8 janvier 2023
— Ferme les yeux et respire La Kunsthalle, marché de Noël de Mulhouse → 27 décembre
À Mulhouse, deux expositions très différentes : à La Filature, le travail de Stephen Dock, photographe français autodidacte, témoin des traces laissées par les conflits en Irlande du Nord, comme celles trouvées dans une ancienne maison d’arrêt à l’abandon… Tandis qu’à La Kunsthalle, autre ambiance : trois expos successives dans un chalet éphémère installé sur le marché de Noël, qui invitent le public à fermer les yeux, respirer, et se détacher quelques instants d’un monde matériel lourd d’ inquiétudes.
→ 8 janvier
La Regionale regionale.org
Zone créative expose en ligne les œuvres des étudiant·e·s finalistes des sept concours de création organisés par le réseau des Crous. Une vitrine au carrefour des disciplines artistiques initiée par le Crous de Strasbourg.
Par Pierre Jean SingerLe Crous – Centre régional des œuvres universi taires et scolaires – de Strasbourg a créé sa plate forme de diffusion numérique lors du confine ment de 2020. Une adresse en ligne où découvrir les créations étudiantes choisies par les jurys du concours annuel du Crous, dans sept catégories : musique, danse, nouvelles littéraires, BD, photo et court métrage. Cette « vitrine vivante » en ligne propose un accès très intuitif aux œuvres diffusées. Par des images cliquables, l’internaute accède aux contenus référencés, des vidéos des chorégraphies aux textes des nouvelles.
Pour participer au concours de création, les étudiants d’Alsace doivent présenter des œuvres originales, répondant à des règles spécifiques et, pour certaines catégories, correspondant à une thématique. Pour l’année 2023, le thème choisi est : « Métamorphose ». Les primés pourront voir leurs œuvres affichées sur la plateforme mais aussi tenter leur chance lors de la finale nationale du concours. zonecreative.fr
L’Opéra national du Rhin nous invite à écouter La Voix humaine de la soprano Patricia Petibon dans une tragédie en un acte d’après un texte de Jean Cocteau. Entretien sur un air de Poulenc.
Par Emmanuel DosdaLes artistes lyriques évoquent souvent une émotion particulière procurée par le chant… C’est une forme d’exploration de soi. Il y a une vérité absolue lorsqu’on est au centre de la scène. C’est un acte de transcendance, d’évaporation de l’être. Je chante depuis toute petite : je ne traverse pas d’océans ou ne gravis pas de montagnes, mais j’explore sans cesse la matière de ma voix.
Une matière qu’il faut modeler pour ouvrir le champ/chant des possibles ? Exactement, on peut la manipuler en agissant sur notre souffle. Il est nécessaire, et pas uniquement pour les chanteurs, d’apprendre à le maîtriser. Nous vivons actuellement dans une société qui ne sait pas respirer ! Nous devons nous calmer, sortir de la tourmente, alors qu’au contraire le tempo ne cesse de s’emballer.
Vous travaillez en ce moment sur la nouvelle production de l’Opéra national du Rhin : La Voix humaine, sur une musique de Francis Poulenc interprétée par l’Orchestre philhar monique de Strasbourg et avec une mise en scène de Katie Mitchell. Comment envisa gez-vous ce seule en scène ? J’ai eu l’occasion, récemment, de découvrir ce rôle de personnage frôlant la folie auprès d’Oli vier Py et son projet La Voix humaine - Point d’orgue. Il n’y a pas de formule pour jouer cette femme blessée par la rupture car cette œuvre
est labyrinthique, c’est un univers à géomé trie variable. Avec Katie Mitchell et sa vision moderne et novatrice, nous souhaitons nous éloigner de « l’hystérie féminine » décrite dans le texte de Cocteau de 1930. Heureusement, la condition et la vision des femmes n’est plus la même aujourd’hui…
L’atmosphère strasbourgeoise est-elle propice à l’accueil de la mélancolie et les tourments qui habitent cet opéra ? Totalement ! C’est une ville magnifique, riche en théâtres et musées, où les gens font preuve d’une grande curiosité. Le contexte actuel est compliqué, mais plus que jamais l’âme a besoin d’une culture qui permet de ne pas uniformiser la pensée !
Un trésor découvert dans un sac en plastoc : une centaine de plaques de verre (1900-1945) issues d’un même atelier alsacien qu’Alain Berizzi a répertoriées dans l’ouvrage Chambre noire. latrezorerie.com
Les images au lavis de Jean Villemin mènent à la Villa Fidelia et autres nouvelles graphiques en clair-obscur sur l’enfance. Depuis Marlenheim, les édition s Félès invitent le lecteur à sécher les cours. editionsfeles.com
Intimes confessions
Après un séjour australien, JJH Potter débarque à Strasbourg avec une poignée de poignantes chansons folk réunies sur Low Tide et sa méditative pochette de MariePascale Engelmann. diese14.com
Fermes traditionnelles à colom bages ou champs métamor phosant la campagne en des compositions mondrianesques, Frantisek Zvardon photographie le Kochersberg, son « jardin ». editionsdusigne.fr
Via son objectif, Stéphane Spach, parvient à dévoiler 50 nuances de silences. Fleurs fanées et bêtes naturalisées sont magnifiées par ce photographe de vanités. editionslateliercontemporain.net
Un roman (autobio)graphique, pas une Imposture : après la volati lisation de son mari, 25 bouteilles et 840 clopes plus tard, il est difficile à Marie Bosch de penser que la vie est belle… malgré tout. enfantsrouges.com
Voix nasillarde à la Dylan et rafisto lages blues façon Waits : l’excellent Love Letters from Across the Street de Prokop est un triple album à dégus ter en sirotant un double whisky. prokop.fr
Nuit noire à Port-Blanc de Gabrielle Makli nous met « les neurones en ébullition ». Dans ce roman policier, Dany mène l’enquête : mais qui a tué cette retraitée sur l’ î le de Ré ? librairie.nombre7.fr
Que font les architectes à la télévision ?, ques tionne Sophie Suma dans son essai qui interroge la vision patriarcaloarchétypale de la cité moderne contrariant la ville inclusive rêvée. editions205.fr
Mouse DTC nous met au défi avec son nouvel album : Attrapez-nous ! Tonalités eurodance et musique electro-polissonne font danser ron geurs et rongeuses. mediapop-records.fr
La chauve-souris, « danseuse nocturne », ou la corneille noire, « modèle d’espièglerie » : la Cathédrale sauvage est un sacré nichoir exploré par Pauline Bugeon et Cédric Chambin. nueebleue.com
Vivement dimanche… …qu’on puisse se replonger dans la filmographie de Truffaut, cinéaste qui a fait les 400 coups et dont Anne Terral documente vie et œuvre en 24 images/seconde. mediapop-editions.fr
Tirages
Photo Studio 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen 03 90 20 59 59 www.preview.fr
Photos Alexis Delon - Studio Preview Réalisation Myriam Commot-Delon
Mannequin
Lola Alcaluzac, Upmodels Paris upmodels.fr
Make-up artist Sophie Renier - sophierenier.com Coiffure
Alexandre Lesmes , Avila @avilacoiffure Post-prod
Emmanuel Van Hecke Studio Preview - preview.fr
À gauche : boucles d’oreilles Trombone en perles de culture et or jaune Eric Humbert À droite : robe longue en lurex Elisabetta Franchi chez Algorithme La Loggia.
À gauche : combinaison de pompier vintage Maison Claude Plaid porté en écharpe Liviana Conti chez Revenge Hom. Bottines Cagole Balenciaga chez Ultima. À droite : manteau kimono en lainage texturé Liviana Conti chez Revenge Hom.
À gauche : pendentif en or et rubis sur fil de soie roulé Catherine Michiels chez Algorithme La Loggia. À droite : blouson surpiqué brodé dos et denim Gucci chez Ultima.
Robe et gilet en lainage nervuré Liviana Conti chez Revenge Hom.À gauche : veste en soie matelassée réversible, étole doublée et triangle en soie frangée, le tout Pierre-Louis Mascia chez Marbre.
À droite : épingle en or, diamants et perle de Tahiti Eric Humbert.
À gauche : robe en crêpe et plumes The Attico chez Ultima. Porté en bijou de tête : collier Perrine Taverniti chez Marbre. À droite : gilet sans manches en cachemire et lurex sur une tunique et pantalon en crêpe, le tout Ipsae. Bottines The Attico chez Ultima. Sur la chaise, plaid en lainage Liviana Conti chez Revenge Hom.
À gauche : robe courte en jersey à logo graffitis Dolce Gabbana chez Ultima.
À droite : bague Cocktail, pierres fines et émeraudes Eric Humbert.
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Ici, pour raconter une histoire via l’immobilité des choses, le vêtement collector se fait vase dans un petit potager en hibernation. Les glaïeuls, eux, de production autochtone, ont été achet és un matin du mois de novembre à la Halle du Marché de Neudorf. Le manteau est une blouse en cuir noir issue d’une ancienne collection Replica de la Maison Martin Margiela : une version « seconde peau » de l ’iconique « blouse blanche » d’atelier de haute couture, portée par le personnel de la maison dès 1989 et semblable aux sarraus que portaient les mannequins lors du final du premier défilé de la marque. De part et d’autre – et dans ses poches – jaillissent des gerbes de glaïeuls, avec leurs hampes florales incandescentes grou pées unilatéralement en épi et leur allure fine, élancée, aux feuilles pointues dress ées comme des épées.
C ’est le moment où jamais de se rappeler que le petit nom latin du glaïeul est gladiolus, ce qui signifie « petit glaive » et d’évoquer que still-life, l’anglicisme de « nature morte », – né au xvi e siècle en Italie – est devenu un genre artistique autonome lors de son essor flamand au xviie siècle. Le peintre y représentait des élé ments inanimés (objets, fleurs, fruits, légumes, poissons, viandes, gibier), dans une composition où l’émerveillement pour la nature allait de pair avec une passion grandissante pour l’ horticul ture. Une période où les set designers (ou scé nographes) et les stylistes photo n’existaient pas encore, l’artiste se chargeant de glaner les élé ments et de les arranger lui-même.
Aujourd’hui, notre émoi végétal et notre passion pour le « déjà porté » sont furieusement ré activés par la crise écologique et nous font voir différemment. On like frénétiquement sur Instagram de folles scénographies ornementales et l’art du set design sous toutes ses formes, mais que glissons-nous dans nos vases ? D’où pro viennent toutes ces belles efflorescences ? Prenez ces quelques glaïeuls : majestueux et dissidents, ils font partie des quelque 10 % de fleurs locales qui fleurissent sur le marché horticole français, le reste provenant de l’export : la Hollande, le Kenya et l’Amérique du Sud, trois pays dominant la pro duction florale. Des fleurs plus vraiment green et bondées de pesticides , transitant dans le monde entier, comme d’ailleurs une grande partie des fleurs produites en France qui s’acheminent vers la Hollande pour y être évaluées, avant de reve nir à nous.
Alors pour se fleurir responsable et zapper autant que possible les fleurs importées et hors saison, on traque – uniquement – du mois de mars à novembre, les horticulteur·ices et fleuricul teur·ices locaux·ales, les bouquets de jardin sur les marchés ou les fleuristes sensibles à la question environnementale, revendiquant des bouquets slow life. Le temps des fleurs séchées, des bran chages de baies et de graminées est revenu, celui des bouquets d’hellébores et d’hammélis n’est pas loin… jusqu’au retour ce printemps des ceri siers en fleurs et de nouvelles pépites vestimen taires patiemment chinées. Mais rien ne presse.
L’éphémère a toujours été désirable et bulles et mode ont toujours fait bon ménage. Alors pour célébrer cette année ses 120 ans, la Maison Wolfberger a invité le créateur Victor Weinsanto à troquer ses mannequins d’atelier Stockman pour les courbes sexy des bouteilles de sa gamme Papillon, un assemblage de cépages alsaciens issu de l’inspiration décom plexée des maitres de chais. Une collab’ exubérante et pleine d’autodérision dans laquelle le jeune prodige de la mode s’est lancé avec humour en donnant des ailes aux étiquettes de la maison Wolfberger : « Le point de départ de cette collaboration a été ma collection Hopla Geiss , rendant hommage à mes origines alsaciennes. Reprenant mes créations, qui revisitent les coiffes traditionnelles d’Alsace, nous avons créé une version couture ornée de strass Swarovski pour célébrer majestueusement ces 120 ans. Habillant la bouteille, telle une robe ou un chapeau, elle peut servir de broche. » Un partage de valeurs et de likes à faire follement pétiller les fêtes de fin d’année. Un DIY ? Détourner les bouteilles vides en bougeoirs afin de donner du panache aux éventuelles coupures de courant prévues cet hiver.
Boutique Wolfberger – 7, rue des Orfèvres wolfberger.com / weinsanto.com @wolfberger_officiel / @weinsanto
Il y a des marques qui nous lient les unes aux autres, comme Soeur et son irrésistible vestiaire masculin féminin. Fondée en 2008 par Angélique et Domitille Brio pour habiller les jeunes filles, la maison fut vite adoptée par leurs mères. Les clés du succès ? Une fabrication soignée, des matières naturelles, un mix de couleurs sourdes et colorées piqueté d’imprimés exclusifs, pour une allure intemporelle qui n’exclut pas des volumes résolument modernes. Un univers abouti, des vêtements aux souliers, à retrouver aux galeries Lafayette et dans leur boutique strasbourgeoise, inaugurée cet automne au cœur de la rue des Juifs. Et pour les fêtes ? À nous la capsule The Party Edit (photo) qui nous plonge illico dans le Manhattan des années soixantedix avec des satins lourds et vibrants, du velours chocolaté et une pincée de lurex… De quoi donner envie de se faire belle(s) en famille.
6, rue des Juifs soeur.fr
Cette année encore, le Centre Verrier de Meisenthal nous livre une boule de Noël extra-ordinaire ! Sous la houlette de Nicolas Verschaeve, ce nouveau collec tor nous révèle les qualités esthétiques d’un simple culot de bouteille. Extra – de son petit nom – explore le processus de glissement d’une objet manufacturé à un objet artisanal soufflé bouche, un art du détourne ment que le designer a relevé haut la main : « Au-delà de leur esthétique, plonger son regard à l’intérieur d’une bouteille nous invite à une expé rience étonnante ! La lumi è re du dehors traverse le verre, les paysages exté rieurs se déforment et l’on s’immerge dans un espace paré d’envoûtants petits mirages. Un ensemble de détails insoupçonnés sont alors révélés et l’objet, de coutume anonyme, déclame toute son unicité et sa beauté. » Le m illésime 2022 est bien évidemment disponible en d ivers coloris , le CIAV précisant également avec son désarmant humour verrier que cette boule n’est pas consignée. Et pour se la procurer, on file glaner les adresses sur le site du CIAV et on en profite pour consulter leur programme des festivités.
ciav-meisenthal.fr
Le
maiso
Plus qu’un haut lieu dédié au luxe, c’est un point de vue cultivé sur les gestes arti sanaux et notre territoire qu’on découvre en passant le seuil de chez Hermès. Les touristes et Strasbourgeois.e.s s’y hâtent, l’attente de l’ouverture de la nouvelle adresse du célèbre sellier – en simultané de l’ouverture du Christkindelsmärik –était pressante. Et si le ballet des curieux altère aujourd’hui quelque peu l’atemporel esprit des lieux, on sait que, l’effervescence retombée, l’on pourra à nouveau déambu ler en toute quiétude dans les espaces de vente dédiés aux différents métiers de la maison. Des sols aux plafonds, le travail d’orfèvre réalisé par l’agence RDAI – un des partenaires historiques de la maison
Hermès – éblouit par la richesse de ses réflexions et de ses interventions. Leur démonstration du large champ des pos sibles, le soin et la délicatesse apportés aux couleurs étourdissent : des tables en lave émaillée aux tapis concentriques, des sols de terrazzo où se mêlent des inclu sions de grès des Vosges, aux murs recou verts de marmorino jusqu’à la flagrance d’une imposante demi-coupole laquée main, au dégradé incandescent abritant l’espace souliers, tout est à sa place et fait pour durer. Tout comme l’écrin feutré du premier étage, au couloir ponctué des photographies sensibles d’Adrien Boyer et des peintures oniriques d’Antoine Carbonne, desservant l’espace dédié à la
réparation. Au salon d’essayage, les murs se parent d’une toile de Tours rythmée des géométries de la cive et de ses stries concentriques. Un motif en hommage à l’artisanat verrier local et aux façades alsa ciennes – notamment celle de la maison Kammerzell – qui ont également inspiré les majestueux claustras du rez-de-chaus sée, pensés comme des frontières sensibles entre cet espace feutré et l’asphalte des rues. Un filtre des mémoires qui nous lie à jamais, chaque magasin Hermès étant unique.
23, place Broglie hermes.com
Lampe baladeuse Muse, Tala x Farrow & Ball, 315 € | Galerie Fou du Roi - 4, rue du Faisan | fouduroi.eu
Eau de parfum Fame, Paco Rabanne, 95 € | Galeries Lafayette, 34, rue du 22 Novembre | galerieslafayette.com
Pendentif sculpté main en ébène et cuir, pièce unique, Marc Huffschmitt, 170 € | Ipsae - 35, quai des Bateliers
Table d’appoint Phant en manguier, 298 €, House Doctor | e-shop : les-woodcutters.fr
Montre chronographe en acier et noyer, Curtis, Dôme, 230 € | Dôme 24, rue du Vieux-Marché-aux-Grains boutique-dome.fr
Clutch en python, Revenge Hom, 990 € | 4, rue du Fossé-des-Tailleurs revenge-hom.com
Sac 48 h Arès, Atelier Céline Wach, 1080 € | Showroom sur RDV - 5, rue Twinger et chez United Legend 23, rue de la Nuée-Bleue | unitedlegend. com ateliercelinewach.com
Collier à plaque en bronze Divino, pierres et hématites gold, Catherine Michiels, 285 € | Algorithme La Loggia - 6, rue Gutenberg | algorithmelaloggia.com
Feu de table Spin 90 en laiton, 149 €, Höfats | Galerie Fou du Roi - 4, rue du Faisan | fouduroi.eu
Extrait de parfum Mxxx (édition limitée) par le parfumeur d’origine strasbourgeoise Antoine Lie (al-oe.fr ) pour Eris Parfums, 50 ml, 225 € | Le 7 Parfumerie d’Auteurs 7, rue du Sanglier | le7parfumerie.fr
Coupelle en grès à motif Kintsuki, AMPM, 119 € | Galeries Lafayette - 34, rue du 22 Novembre | galerieslafayette.com
Photo Alexis Delon / Studio PreviewLit cabane Vera, Nobodinoz, 399,95 €
Mom Pop - 106, Grand-Rue | mompop.fr
Tigre tatoué en coton bio, Maaju design, 45 € | Joy Concept Store 46, rue du Jeu-des- Enfants joy-concept.fr
Décoration couronne en laiton, Atelier Jasmin, 19,90 € | Le Petit Souk 113, Grand-Rue | lepetitsouk.fr
Eau de senteur sans alcool Cabriole, Hermès, 92 € les 50 ml | Boutique Hermès - 23, place Broglie | hermes.com
Transat Levo en bois de hêtre et coussin en coton bio, Charlie Crane, 219 € Mom Pop - 106, Grand-Rue | mompop.fr
Boite musicale à saynète cigogne en bois, Wooderful Life, 70 € | 12, rue du 22 Novembre | bonhommedebois.com
60 circuits détaillés, des cartes interactives, des photos, des suggestions... A pied ou à vélo, avec randovosgesdunord.fr, préparez vos randonnées dans votre parc naturel préféré !
DU CHÂTEAU DU WALDECK, VUE SUR BAERENTHAL Yvon MeyerLa Table La chronique Le repas le plus important de l’année arrive. Paradoxalement, pas forcément celui que l’on préfère. Alors pour bien l’appréhender, votre nouveau mantra : « J’accepte les régimes, mais pas les manies » (La Règle du jeu, Jean Renoir, 1939). Petites astuces pour casser les codes et redéfinir le chic les pieds dans le plat. Photos + texte Sonia Verguet
Ce qui m’a toujours fascinée, ce sont les élé ments si radicalement différents que l’on asso cie suivant son âge, sa culture et sa classe sociale aux repas de fête. Un parfait exemple d’objet culinaire lié à Noël et qui m’a toujours intriguée : l’Apéricube. Ma casquette de desi gner ne peut m’empêcher d’observer, les yeux ébahis, ce succès des années soixante, encore intact aujourd’hui. 5 g pour 1 cm de… mystère qui double pourtant chaque année sa produc tion pour décembre. Tentative d’analyse de son succès : dévoiler soi-même sa nourriture aug menterait le facteur plaisir de la chose (comme la papillote de chocolat). À moins que ce ne soit les petits papiers colorés et brillants qui finissent par recouvrir la table, faisant d’une pierre deux coups la déco ? J’émets un doute quant aux saveurs spécialement imaginées pour l’occasion : truffe, homard, chèvre-miel… même coco et yuzu si vous avez la chance (ou la malchance) d’être au Japon. Quand je vous explique que le plaisir d’être à table n’est pas qu’affaire de goûts ou de gros sous, en voilà bien la preuve. Mais si vous n’êtes pas team cube fromager industriel, que vous fêtez (ou pas) Noël entre amis ou en famille, voici le bon combo pour pimenter les choses avec trois fois rien, zéro langue de bois pour zéro mal de ventre. (Tout ça marche aussi si vous êtes en solo. Si, si... l’alcool aidant, vous finirez par vous parler à vous-même.)
En mettre plein la vue Dans Le Géant de Zéralda , Tomi Ungerer avait chaussé de jolis souliers rouges à talons les pattes de la dinde servie au banquet préparé en l’hon neur des ogres. Une manière de l’humaniser ou de la rendre élégante ? En tout cas, une idée fan tastique à dupliquer ! Elle ne vous coûtera qu’un petit tour chez Emmaü s pour trouver LA paire de shoes qui siéra le mieux à votre chaperon ou dindon, bio et local bien sûr. Même trop sèche, votre volaille ainsi parée aura fière allure et vous placera illico, au rang d’hôte le plus cool de la Terre. On en connait un rayon en Alsace pour épater la galerie : plats en trompe-l’œil en forme d’hure de sanglier, soupière-pintade plus vraie que nature, assiette-œufs durs, choux ou encore asperges… Ne dit-on pas que l’on mange avant tout avec les yeux ? La vaisselle du xviiie siècle visait à créer l’envie avec ce qui était rare ou symbole de pouvoir (eh non le sanglier n’est pas l’animal le plus commode à chasser, avoir sa tête à table, même en faïence, ça envoie du lourd) : merci la manufacture Paul Hannong.
Si vous êtes mauvais cuisinier, cette tech nique du plat tape-à-l’œil est donc faite pour vous. Courez inlassablement, et ce dès aujourd’hui jusqu’à Noël, chaque mercredi et chaque samedi parmi les brocanteurs du quartier de la Nouvelle Douane, à l’affût de la soupière la plus épatante. Mettez n’importe quoi dedans, vos invités ne vous parleront que du contenant, et le réclame ront même l’année prochaine.
Zéro langue de bois Grâce aux travaux d’ethnologues1 , on a décou vert que la coutume du banquet est partagée dans le monde entier, selon des intentions radi calement variées. Par exemple, certains festins distinguent les plats proposés aux riches et aux pauvres, pourtant réunis à la même table. Une drôle de coutume à reproduire chez vous avec un twist : servir les pommes dauphines discount à vos convives fortunés et privilégier le bon petit plat traiteur pour les moins chanceux en affaires (ou en héritage). Une manière de mettre les choses à plat. À l’inverse, le banquet gabonais annule quant à lui les différences : on y propose unique ment ce qui sera mangé par tous (excluant ainsi la viande non consommée par certains ou l’alcool par d’autres). Moins de choix sur la table certes, mais la volonté de ne stigmatiser personne et ouf ! quel repos en charge mentale et en cuisine pour un menu enfin unique... On dit, vive le Gabon ! Plus sérieusement, le banquet se tient aussi pour défendre des sujets forts. Entre 1846 et 1847, pas moins de 70 eurent lieu 2 en format géant afin de contourner l’interdiction de réunions politiques impos é e par le gouvernement monarchique de l’ é poque : 6 000 personnes à Villeurbanne,
3 000 à Paris, 7 000 à Marseille... Ces f êtes de la pens é e, des mobilisations douces, feront en partie na ître la révolution de 1848 et forceront le roi Louis-Philippe à abdiquer. Alors, quel combat à table cette année ?
Pimenter les choses S’inspirer des tablées du passé lointain pour bousculer les habitudes est une bonne manière de pimper l’ennui à venir. Exit table et chaises, faites allonger vos convives tels des empereurs grecs sur des piles de coussins, plaids et autre couettes3 . Certainement pas ! Risque de taches assuré, me dîtes-vous? Quel rabat-joie. Jouez-là donc Marie-Antoinette, un peu à côté de la plaque, et servez à vos convives de la brioche à gogo. Un repas sous forme de petit déjeuner sans fin, fait de moelleux pour éviter les déborde ments (enfin… on sait comment ça s’est terminé pour elle). Toujours pas convaincu ? Adoptez alors le contemporain klug du Père Noël est une ordure. La référence à ce film fera passer crème vos mau vais talents de pâtissier et vous serez sacré roi de la bûche à tous les coups. Le beurk et l’humour : la valeur sûre de cette fin d’année.
1– Retrouvez en ligne les 13 conférences issues du Banquet cérémoniel. Entre archéologie et ethno logie, organisées les 6 et 7 mai 2021 par l’Université de Strasbourg et l’INRAP Grand Est. unistra.fr
2– Vincent Robert, Le temps des banquets. Politique et symbolique d’une génération (1818-1848), Publications de la Sorbonne, 2010
3– Jean-Marc Albert, Aux tables du pouvoir : Des banquets grecs à l’Élysée, éditions Armand Calin, 2009
On avait été un peu épargnés au cours des deux dernières années, mais cette fois, on ne va pas y échapper : le marché de Noël et sa horde de touristes sont de retour. Impossible de trouver un resto où diner au pied levé ; tous affichent complet. Seule solution : sortir de la Grande Île. Voici donc deux adresses pour se restaurer en toute tranquillité.
Par Tatiana Geiselmann et JiBé MathieuLes viandards le savent déjà : pour déguster le meilleur onglet de bœuf de Strasbourg ce n’est plus au Fossile, mais bien au Verdict qu’il faut s’attabler, petite adresse nichée juste à côté du tribunal. La viande y est d’une tendresse sans égal, on la découperait presque sans couteau. Le secret ? « On prépare encore l’onglet de manière traditionnelle, c’est à dire frappé au marteau », révèle le patron, Warren Mboumba, « mais ça, il ne faut pas le dire, sinon tout le monde va le refaire à la maison ». Bon, on vous le dit quand même, mais simplement parce qu’on sait que personne ne réussira aussi bien sa sauce que le patron du discret resto. Car c’est aussi ça qui fait la différence : l’accompagnement. « C’est ce qui m’a demandé le plus de temps », confirme Warren, « pour élaborer chaque recette, j’ai passé des heures en cuisine. » En plus de la tradi à l’échalote, vous aurez donc le choix entre une sauce au Cognac et
aux cèpes, une sauce au foie gras, une sauce au pinot noir ou encore une sauce aux escargots et beurre maître d’hôtel.
Qui dit bonne viande dit aussi bon vin L’autre force du Verdict, c’est la trentaine de références qui composent sa cave, « principalement du rouge et uniquement des bouteilles provenant de vignerons indépendants ». Elles viennent de toute la France, mais aussi de toute l’Europe, à l’image de cette cuvée moldave que nous avons découverte (et particulièrement appréciée), un vin bien charpenté que le patron a déniché grâce à sa compagne, originaire de Moldavie. N’hésitez pas à lui demander conseil, en plus d’être bon cuistot, Warren est aussi un fin nez et il se fera un plaisir de vous aiguiller, d’autant qu’il rentre régulièrement de nouvelles bouteilles. (T.G.)
7, rue du Fossé-des-Treize le-verdict.fr @leverdict_
Warren Mboumba vient du Gabon et après plusieurs années à Paris, il s’est finalement installé à Strasbourg en 2002, « une des plus belles villes du monde ». Styliste de métier, le trentenaire a décidé de se reconvertir et suivi une formation de cuisinier, avant de se spécialiser dans l’onglet de bœuf auprès de l’ancien chef du Fossile (tout s’explique), puis de reprendre en 2018 – et pour notre plus grand plaisir – le Verdict.
Exit les sombreros et autres clichés éculés. Chez Besame Mucho, le Mexique présente un jour sou riant. Tout le mérite au couple à la manœuvre : Irma, qui malgré des études aux antipodes a préféré donner vie à son rêve – « faire découvrir la vraie cuisine mexicaine élégante et travaillée » –et Éric, qui met à profit ses vingt ans de métier pour écrire en cuisine une carte traditionnelle et créative. Une idée que le couple a d’abord mise en œuvre à la maison au format traiteur avant de dénicher un lieu où se poser. Depuis ce prin temps, Besame Mucho accueille une trentaine de personnes midi et soir, du mardi au samedi, dans un cadre sobre aux touches mexicaines discrètes.
Poulpe
Pour qu’Éric élabore sa carte bicéphale, Irma source chaque produit avec attention : des bières et vins mexicains à la farine de maïs nixtamali sée pour les tortillas maison, jusqu’au sucre de canne piloncillo qui compose une sauce mole aux piments, cacao et cacahuètes torréfiées. Une pré paration qui nécessite « beaucoup d’amour, d’at tention », dixit le chef. Et dix heures de cuisson.
Si en l’espèce, le résultat est de nature à vous satelliser le palais, c’est aussi l’occasion pour Éric de balayer un stéréotype : non, la cuisine mexi caine n’est pas seulement pimentée. D’ailleurs, ici, les sauces sont servies à part. Les présentations sont soignées, qu’il s’agisse des plats emblématiques tels les enchiladas et chilaquiles au poulet comme des plats plus créa tifs. En best-seller, le poulpe grillé accompagné d’un duo de purée de pommes de terre et patates douces à l’huile de truffes. Côté tacos, celui à la viande de porc marinée 24 heures aux piments doux ou sa version revisitée à la poitrine cro quante font aussi partie des incontournables. Des étudiants du quartier au représentant mexicain auprès du Conseil de l’Europe, le restaurant ne désemplit pas depuis son ouverture. (J.M.)
10, rue Fritz-Kiener besamemucho.fr
Insolite : Natif de Mexico où il a appris son métier, le chef, a œuvré quelques années dans la capitale mexi caine aux pianos d’un restaurant… alsacien. Destin, quand tu nous tiens !
Photos Jésus s. BaptistaSi vraiment vous êtes forcés de traverser le centreville, voire pire, vous y arrêter pour manger, optez pour de la nourriture à emporter ! Pas une munstiflette sur le marché (quoique), mais plutôt de la bonne street food à grignoter sur les quais. Petite sélection des meilleures adresses de la Grande Île.
Prenez une traditionnelle winstub en plein cœur de la Petite France, rajoutez lui des affiches pop et colorées, un moelleux canapé et des lu minaires chinés, et vous voilà chez Bon Bao, le nouveau spot où dévorer des tapas à l’asia tique. Alors oui, au début, nous aussi on s’est dit « encore », parce qu’à Strasbourg, elles ne manquent pas les adresses de street food venu d’Asie.
Sauf que là, on a été franche ment charmés. Par le décor, déjà, mais surtout par les assiettes ou plutôt ce qu’on y a trouvé : de moelleuses brioches bien gonflées garnies de canard effiloché, de cham pignons sucrés-salés et surtout d’un porc caramélisé à tomber, avec de vrais morceaux de lard à croquer. Les plus téméraires peuvent aussi tenter l’alsa co-asiatique bao choucroute ou le bao munster. Nous, on n’a pas (encore) osé !
4, rue des Dentelles bonbao.fr @bon__bao
2
Le restaurant PUR etc. a fait peau neuve cet été pour deve nir Origin, le nouveau snack et salon de thé 100 % vegan de Strasbourg. On y retrouve ce qui avait fait le succès de PUR : les viennoiseries sans beurre, sans œuf et sans lait. Ce qui change, c’est que désormais tous les autres produits sont 100 % bio et végétaux. Pour le repas du midi, on opte pour les sandwichs : quatre variétés différentes sont proposées tous les jours et les recettes changent en fonction des saisons. Le gros plus : la jeune équipe qui gère l’échoppe est particulièrement souriante. Apparemment, c’était (quasi) le seul critère d’embauche.
Faux-mage, vrai plaisir Mention spéciale pour le Banh Mi, le bestseller de la bou tique, avec son tofu mariné au gingembre et à la sauce soja, ses pickles de carotte et de radis, sa mayonnaise à l’ail, ses lamelles de concombre et sa coriandre. La baguette est croustillante, la sauce soyeuse et le gingembre vient apporter la petite touche piquante qui donne du pep’s à l’ensemble.
12 2 Grand-Rue @origin.coffeeshop.vegetal
Peut-être que mon discer nement est un peu altéré par une pointe de chauvinisme allemand, mais je ne peux que vous recommander Kebs Baba, le temple du kebab à la berli noise. Ce qui le différencie de ses cousins français, c’est la cuisson des viandes, faite à la flamme. Au choix : bœuf ou poulet mariné. Et comme de coutume Outre-Rhin, il existe une option pour les végéta riens, à base d’halloumi frit (on a dit végé, pas léger...).
Bonheur kebab
Pour emballer l’ensemble : un pain pita artisanal particuliè rement croustillant et surtout un vrai effort sur les accompa gnements. Outre le tradition nel duo tomate-concombre, on y trouve (selon le kebab choisi) du chou rouge mariné, de l’aubergine frite, des oignons rouges, des graines de gre nade, du persil, du sumac, du citron, et même des piments entiers dans le « kipik ». Côté quantité, les kebabs sont si bien garnis qu’on a laissé les frites aux Belges.
26, rue du Vieux-Marché-aux-Vins kebsbaba.fr @kebsbaba.fr
Quand la grisaille et le froid s’emparent de Strasbourg, on file se réchauffer le cœur et l’estomac chez Yamas, véritable anti-spleen gastro nomique. Dans cette petite échoppe nichée derrière le Palais Rohan, tout rappelle les vacances : la musique, la déco et surtout les souvlaki, ces brochettes de viande cuites minute et servies dans un gé néreux pain pita.
Pita’ssiette Le pain issu d’un artisan grec est snacké sur place à l’huile d’olive, la sauce tzatziki est faite maison et la viande est d’une fraicheur in comparable. Il faut dire que le couple à la tête de ce petit resto ne lésine pas sur la qualité : porc et poulet fermiers, élevés en plein air dans la campagne alsacienne. On craque aussi pour les mezze à picorer et surtout à partager.
4, rue du Bains-aux-Roses yamas-restaurant.fr @yamas.restaurant.grec
Pour celui-là, j’ai un peu triché, puisque c’est à la Krutenau que se trouve ce nouveau sanctuaire de la foccacia. Abbiocco, ça désigne le coup de barre postprandial en italien, celui qui vous plonge dans une douce léthargie après le repas du midi. Et c’est vrai qu’on est plus que rassasié après s’être enfilé une foccacia dans le gosier, car ici, on ne lésine pas sur les quantités.
Focca ciao ciao ciao La pâte, préparée 24 à 48 heures en avance, est bien aérée, la mie ultra moelleuse et la croûte juste croustillante comme il faut. Niveau garnitures, six formules différentes sont proposées, avec un combo de charcut’ et de fromage bien pensé. Parmi les choix : mozza, burrata, porchetta, spianata et cetera. Tout vient directement d’Italie. Nous, on a craqué pour le côté sucrésalé de la « Michel Ange » : mortadelle, stracciatella et crème de pistache. Et après ça : siesta.
5, rue
abbiocco.fr @abbiocco_strasbourg
C’est vrai qu’on se sent un peu comme à la maison chez Flow Food Family. Il y a des banquettes pour se poser, une playlist hip-hop en fond sonore et dans l’assiette des plats réconfortants : spätzle aux champignons, keftas de bœuf sauce tahini, bol de lentilles au curry… Des recettes simples et sans chichi relevées par la petite touche en plus du chef, issu des brigades gastronomiques : de la fève tonka pour réchauffer les pâtes, un peu de miel pour adoucir le curry ou des brisures d’amande pour donner du croquant au poulet.
Fast Good Du gastro’ on ne garde cependant que le bon goût dans l’assiette, parce que pour le reste, pas besoin de s’endiman cher pour venir déjeuner. Dans ce resto ouvert 7 jours sur 7 de 10 h à 19 h, chacun peut venir s’installer ou récupérer son repas à emporter. Et il y en aura pour toute la famille : une soupe vegan pour la tatie, un bon gros sandwich pour le cousin, une douceur sucrée pour la petite sœur... Le tout fait maison avec des produits de saison.
11, place du Temple-Neuf flowfoodfamily.com @flowfoodfamily
Quand c’est l’heure © Studio Saison
Art de la table Chez soi ?
Galeries Lafayette 34, rue du 22 Novembre galerieslafayette.com
Interdiction de se laisser aller à la maison !
On soigne sa table dès le réveil et on assume son amour des matières artisanales avec cette porcelaine contemporaine aux ondu lations archaïques signée par le sculpteur Ferréol Babin pour Revol. La pièce qui change ? La coupe cabosse (existe en deux tailles), organique et primitive, idéale pour une salade de fruits ou pour y déposer des bredele.
Un peu de douceurs d’Alsace dans ce monde de brutes.
Pâte à tartiner noisette et chocolat, La chocolaterie du pré, 250 g / 11.90 €
Confiture artisanale bio aux myrtilles, Nicolas Paulen / 5,95 €
Épicerie OH!
7, rue de la BrigadeAlsace-Lorraine epicerie-oh.com
Sofitel Strasbourg Grande Île 4,
Le pitch ? N iché au cœur de la ville, le Sofitel Strasbourg Grande Île est l’ex quise adresse du centre-ville pour s’of frir l ’art de vivre « à la française ». Et French touch oblige, ça commence dès le réveil, avec un petit déjeuner « conti nental » au lit, en faisant appel au room service de l’hôtel, s’il vous plaît ! Sur le plateau : baguette et tartines beurrées, viennoiseries, boissons fumantes et jus de fruits frais. Eh oui, les classiques ont la vie dure, et cela remonte à la Renais sance, même si c’est au xixe siècle que le terme « petit déjeuner » a commencé à être utilisé.
La petite histoire ? C’est en 1964 qu’a été créé ce premier 5 étoiles strasbour geois et on y est très attaché ! D’autant plus qu’il est infusé de culture alsa cienne, du restaurant de l’hôtel Terroir & Co, aux noms des suites, empruntés à d’illustres alsaciens (d’Auguste Bartholdi
à Gustave Doré). Elles ont depuis été liftées par le s tudio parisien Hertrich & Adnet , contemporaines et cosy à la fois. Un potin ? Marc Hertrich est passé par les Arts Décoratifs de Strasbourg avant d’être diplômé de l’École Boulle et de devenir – avec son associé – l’un des architectes d’intérieur internationaux les plus prisés de l’hôtellerie de luxe.
On offre ? À l’épineuse question : « Tu as une idée pour tes parents ? » une seule réponse (et à ce jour la meilleure idée pour ne pas avoir à déplier le canapé du salon) : leur glisser sous le sapin un des coffrets cadeaux Sofitel. Par exemple une nuitée avec petit déjeuner (235 €). Autres formules et informations ici : sofitel-strasbourg.secretbox.fr Notre modèle ? Justine, du blog La Petite Lyonnaise, qui a su en un cliché nous faire apprécier tous les bienfaits du room service.
lePhoto : lapetitelyonnaiseblog.com @lapetite_lyonnaise
Les passionnés du Japon avaient peut-être déjà goûté aux pâtisseries de Charlotte Caspar lors des deux dernières éditions de la Japan Addict Z. Désormais, c’est toute l’année que l’on va pouvoir se délecter des wagashi préparés par cette jeune Alsacienne, exilée pendant 10 ans au pays du Soleil Levant : sa mini boutique vient d’ouvrir à la Krutenau.
Moelleux mochis Pour les néophytes, une explication s’impose : en langue nippone, « wa » se traduit en « Japon » et « gashi » veut dire « gâteau ». On parle donc bien ici de pâtisse ries traditionnelles japonaises, par opposition aux yogashi, les pâtisseries occidentales. Si en France, on privilégie le croquant et le craquant, les Asiatiques ont quant à eux un penchant pour le moelleux. Préparées principalement à partir de farine de riz et de pâte de haricots azuki, ces pâtisseries sont très peu su crées, fondantes à souhait et leur look est délicieusement épuré.
32, rue de la Krutenau usagiya.fr @usagiya_strasbourg
Ses cookies faisaient fureur à chacune de ses soirées. Ses gâteaux au choco étaient constamment réclamés. N’y tenant plus, Laura Schneider a fini par quitter son boulot de prof des écoles pour se lancer à 100 % dans la pâtisserie. Et le pari est plus que réussi. Depuis la rentrée, sa petite boutique rue de l’Ail ne désemplit pas et il nous a fallu jouer des coudes pour goûter à ses délices sucrés.
Coquins cookies Gros coup de cœur pour le cheesecake poire tonka, tout en rondeur mais pas du genre à vous plomber l’estomac. On aime aussi l’audacieux citron, l’emblème de la boutique, sorte de mousse très aérienne à la douce acidité, doublée d’une petite touche de basilic. Pour les amateurs de goûters régressifs, on se jette sur les cookies ultra gourmands, richement garnis de praliné et fondants à souhait. Le cake au citron sans gluten vaut lui aussi la peine de faire la queue à l’entrée.
17, rue de l’Ail patisserie-jaunecitron.fr @jaunecitron__
Axelle c’est à la fois le nom de la pâtissière à la tête de ce nouveau repère de becs sucrés et celui de son dessert favori : le Paris-Brest. Cette jeune Strasbourgeoise d’adoption met tellement d’amour dans ses gâteaux qu’elle a décidé de tous leur donner un nom : Léa pour le mille-feuilles extra craquant, Isabelle pour la tarte au citron et ses pétales de bergamote, Adèle pour la tarte aux poires et sucre muscovado, Gérard pour le clafoutis... Notre coup de cœur à nous, c’est la bande au complet.
La crème de la pâtisserie française Des matières premières de qualité et beaucoup de talent, ça donne des pâtisseries épurées, au goût bien prononcé sans être trop sucrées. Il faut dire qu’Axelle a roulé sa toque dans de grandes maisons parisiennes avant de lancer sa propre boutique. Sa spécialité : les classiques de la pâtisserie française, juste un peu twistés. Et on s’est fait un plaisir de tout tester, car quand on aime, on ne compte pas.
18, rue de la Fonderie @caouette_patisserie
La Table Bien boire Vin blanc naturel, rouge charpenté ou autres pétillants, Benoît Eckert en connaît un rayon sur le bon millésime. Depuis sa cave Oenosphère, il a sélectionné trois vins d’exception à inviter de toute urgence aux tablées de fin d’année.
En tant que sommelier, Benoît Eckert avait un peu fait le tour du métier. Il y a 15 ans, il a donc décidé de quitter le milieu un peu trop guindé de la gastro nomie pour ouvrir sa propre enseigne et partager sa passion du vin au plus grand nombre. Dans sa cave d’Ali Baba, il a accumulé plus de 1 000 références, du simple rouge à cinq euros aux prestigieux bourgognes, en passant par une très large sélection de vins bio et naturels. Des bouteilles qu’il aime faire découvrir lors de soirées dégustation. 33, rue de Zurich oenosphere.com
Crémant Reflets
Domaine Jean-Claude Buecher, 2017 → 15€
La seule maison d’Alsace qui se consacre à 100 % au crémant. La vigne est travaillée de manière parcellaire, afin de maîtriser les mélanges lors de la vinification. Le temps d’élevage sur lattes est très long (50 mois sur la cuvée 2017, par exemple). Cela permet à la bulle de s’affiner et aux arômes de devenir plus complexes.
Profil aromatique : une aromatique briochée, avec des notes beurrées et des notes de fruits blancs. Une bouche très fine, des bulles élé gantes, et un bel équilibre d’acidité.
Cépages : pinot noir, pinot blanc et pinot auxer rois, trois cépages alsaciens.
Accord mets-vin : pour l’apéritif, bien sûr, mais aussi pour accompagner des Saint-Jacques ou un tartare de poisson. Fonctionne aussi très bien sur des fromages à croute fleurie, type Brie de Meaux ou Chaource.
Domaine Vinoceros, 2020 → 15 €
Un vin blanc naturel élaboré par un petit artisan du Roussillon, qui vinifie ses cuvées à partir de raisins récupérés auprès de vignerons travaillant en bio et biodynamie. Il s’agit d’un blanc de noir, un vin blanc dans lequel on retrouve du grenache, un cépage noir qui est ici juste pressé, ce qui va apporter de la matière au vin. C’est un vin frais, assez léger, qui titre à 11,5° d’alcool. Très original !
Profil aromatique : une aromatique aci dulée, qui tire sur les agrumes avec des notes florales. Une attaque fraiche, mais un vin qui a tout de même de l’ampleur et une jolie longueur en bouche.
Cépages : macabeu typique du Roussillon et grenache noir vinifié en blanc
Accord mets-vin : pour accompagner des chipirons à l’espagnole, un aïoli provençal, une poêlée de gambas ou un poulet à l’asiatique.
Domaine Pascal Chalon, 2020 → 16,80 €
Un côtes-du-rhône issu du village de Suzela-Rousse, élaboré par un vigneron qui tra vaille ses vignes en bio et biodynamie. La vinification est très peu interventionniste. Bien qu’il soit assez puissant, c’est un vin qui fait généralement l’unanimité.
Profil aromatique : un vin assez mûr, qui tend sur les fruits noirs compotés et les épices, avec un côté Sud et garrigue. Un vin enveloppant et velouté, qui possède beaucoup de chair.
Cépages : grenache, syrah et mourvèdre, les grands classiques du Rhône, mais aussi muscardin et terret noir, de vieux cépages plus confidentiels.
Accord mets-vin : à servir avec des plats d’hiver réconfortants, un bœuf bour guignon, du gibier ou un plat plus épicé comme un tajine aux pruneaux. Très bon aussi sur une tome de brebis avec confiture de cerises noires.
Héritière d’un savoir-faire artisanal et familial de fabrication de pain d'épices depuis 1933, Mireille Oster passe le flambeau et confie sa mythique affaire à son jeune salarié, Alvin Erbert, 24 ans seulement. La magicienne lui a livré son savoir, sa passion et son enseigne. Mais avant de s’en aller « parcourir le monde », elle nous prouve une nouvelle fois dans son livre que le pain d’épices de grand-mère en a encore sous le pied. La preuve avec cette recette de crumble de pommes cajolé de bière ambrée et électrisé de poudrure de pain d’épices. Impossible de ne pas craquer.
Du neuf en boutique Mireille Oster se dédouble : l’échoppe historique de la rue des Dentelles a désormais une sœur jumelle tout aussi féérique rue du Vieux-Marchéaux-Poissons. Et pour ceux et celles qui préfèrent en décembre goûter à la magie des marchés de Noël, on file faire le plein de douceurs dans ses deux chalets : l’un place Broglie, l’autre place Benjamin-Zix (notre préféré !). (T.G.)
Mireille Oster 31 , rue du Vieux-Marché-aux-Poissons 14, rue des Dentelles mireilleoster.com
Crumble de pomme à la bière ambrée 6 pers.
POUR LES POMMES
· 50 g de raisins secs · 1 c.s. de rhum · 6 pommes reine de reinette (ou royal gala)
· 50 g de beurre · 10 cl de bière ambrée · 100 g de sucre · 1 c.c. de cannelle en poudre
POUR LE CRUMBLE
· 60 g de farine · 100 g de beurre mou · 60 g de sucre cristallisé · 100 g de chapelure de pain d’épices · 50 g de poudre d’amande
---> Les pommes Mettre les raisins à tremper dans de l’eau tiède, les laisser gonfler 30 min. Les égoutter, les arro ser avec le rhum, laisser macérer. Éplucher les pommes, les diviser en huit, retirer les pépins et le péricarpe. Chauffer 30 g de beurre dans une poêle, y faire sauter les pommes pour les cuire et les dorer. Arroser avec la bière, ajou ter les raisins au rhum, cuire encore quelques minutes. Saupoudrer de sucre et de cannelle, laisser caraméliser légèrement.
---> Le crumble
Mélanger du bout des doigts, sans écraser, les ingrédients du crumble pour obtenir un ensemble grumeleux.
---> L’assemblage
Beurrer grassement un plat creux allant au four (ou six plats individuels), y étaler les pommes avec leur jus de cuisson. Répartir le crumble sur les pommes. Glisser au four, laisser dorer pendant 12 à 15 min. Servir chaud, sortant du four.
Et si on regardait le pain d’épices autrement ?
Par Mireille Oster, 96 pages, éditions Baobab
· 150 g de miel de sapin · 15 cl de lait entier · 125 g de sucre roux · 250 g de farine
· 8 g d’épices à pain d’épices (cannelle, girofle, anis, muscade, cardamome, poivre, gingembre)
· 1 sachet de levure chimique · 1 œuf
· 25 g de beurre
Chauffer le miel et le lait, y faire fondre le sucre. Mettre la farine en fontaine dans un grand réci pient, ajouter les épices, la levure chimique et l’œuf, verser le mélange de miel moyennement chaud. Travailler vigoureusement à l’aide d’une cuillère en bois.
Beurrer grassement un moule à cake. Mettre la pâte dedans. Cuire au four chaud pendant 20 min, réduire la chaleur à 160 °C et finir la cuis son. Laisser refroidir sur grille.
Couper des tranches de cake, les faire sécher puis les réduire en chapelure.
«
Tout le monde sait que les saucisses naissent dans les choux, avec les boudins et les jambonneaux, et que, dans un torchon noué placé sur son bec af fûté, la cigogne les transporte nuitamment à la choucrouterie, pour que soit réalisé l’assemblage. » Rien que pour cette introduction, on dit OUI au nouveau traité des éditions Le Sureau, consa cré – vous l’aurez compris – à la choucroute. Co-écrit par l’ancien restaurateur munstérien Martin Fache et le chroniqueur gastronomique Pierre-Brice Lebrun, on y apprend donc que la choucroute n’est pas forcée de ne s’acoquiner qu’avec de la cochonnaille, mais peut aussi se servir en cromesquis, en clafoutis, sur un hot-dog ou une tarte flambée.
Petit traité de la choucroute, Pierre-Brice Lebrun et Martin Fache, 160 pages, 14,90 €, éditions Le Sureau adverbum.fr/editions-le-sureau
Le nouveau guide des fermes-auberges de Haute-Alsace vient tout juste de sortir des car tons. Cela faisait six ans qu’il n’avait pas été actualisé. Adresses, horaires, spécialités culi naires, toutes les infos pratiques y sont consi gnées. Un indispensable pour tous ceux qui ne parlent pas couramment l’alsacien et qui se de mandent bien ce qu’il y aura dans leur assiette lorsqu’ils commandent des roïgabrageldi, un gröstel ou des lawerknepflas. (Si on vous pro pose du siesskass avec votre tarte aux myrtilles, dites oui !). À commander en ligne sur le site de l’éditeur.
Par Tatiana GeiselmannFermes-auberges de Haute-Alsace, Daniel Zenner, 128 pages, 10 €, éditions Images et Découvertes id-edition.com
Le Marché Gare s’ouvre (enfin) aux particuliers avec une toute nouvelle halle gourmande, qu’on vous résume en quelques chiffres :
· 1 000 mètres carrés dédiés aux produits frais · 14 artisans et producteurs locaux : boulangers, bouchers, primeurs, cavistes · 17 mètres : la longueur de la fresque réalisée par STOM500 pour habiller la halle. · 6 jours d’ouverture par semaine (fermé le lundi)
41, rue du Marché-Gare à Strasbourg halledumarchegare.fr
Le jeune Strasbourgeois vient d’être sacré « champion du monde du service en restaurant », lors des WorldSkills de Lucerne, les jeux olympiques des métiers. Formé au lycée hôtelier AlexandreDumas (à Illkirch), c’est le tout premier Français à remporter ce titre, alors que le concours existe depuis 46 ans ! Après deux ans d’alternance au service du Protocole de l’Eurométropole et de la Ville de Strasbourg, le jeune talent vient de débuter une nouvelle alternance en tant que majordome à la Maison Villeroy, à Paris.
Un grand restaurant solidaire de 70 couverts a ouvert ses portes au cœur de la salle des ventes d’Emmaüs Mundo. Aux fourneaux : des personnes en réinsertion. Au menu : des produits bio et locaux, cuisinés sur place, pour une formule entrée, plat, dessert à 12 euros seulement.
14, rue de l’Atome à Bischheim Ouvert du mardi au samedi de 11 h 30 à 14 h Réservation au 06 11 35 74 38 emmausmundo.com/restaurant-solidaire
La prestigieuse cérémonie des Étoiles du Guide Michelin aura lieu à Strasbourg cette année. Le célèbre guide rouge gastronomique dévoilera les noms des nouveaux chefs primés depuis le Palais de la Musique et des Congrès, le 6 mars prochain.
Une petite souris aux grandes oreilles, un renne aux bois de guingois, un père Noël à la barbe blanche et à la moustache bien taillées... Pour les fêtes, l’in contournable chocolatier Stoffel lance une gamme de chocolats pop et colorés pour nos demi-portions. Mélange de chocolat noir, blanc et au lait (avec une touche de framboise), ces petits personnages loufoques, semblables à des automates montés sur ressorts, sont confectionnés à la main, dans les ate liers de l’entreprise familiale implantée depuis 1963 à Haguenau. Une collection éphémère, nommée « capsules » disponible uniquement en magasin.
Chocolaterie Daniel Stoffel 6, boulevard des Enseignes à Reichstett daniel-stoffel.fr
À 45 minutes de Strasbourg, entre Vosges et Alsace, le Landscape Høtel 48° Nord s’élève sur les hauteurs de Breitenbach. Signé par l’architecte norvégien Reiulf Ramstad, il dépasse la notion d’hôtel ou de restaurant. Le design et l’architecture y côtoient une nature préservée, sublimée par la cuisine épurée du chef.
Pour les fêtes, et si vous offriez un coffret cadeau local et zéro carbone ?
Aux pieds du Parc naturel régional des Vosges du Nord, berceau du verre et du cristal alsaciens, Wingen-sur-Moder offre une destination prisée pour une « recherche du beau plutôt que l’affichage du luxe », devise chère au joaillier René Lalique. Par Corinne Maix / Photo DR
→ 37 min en train depuis Strasbourg
8, rue Bellevue à Wingen-sur-Moder villarenelalique.com
Pour s’offrir une parenthèse gastronomique, culturelle aussi bien que naturelle, on se rend sur les terres d’adoption de René Lalique. En 1920, l’orfèvre visionnaire y a dessiné et fait construire une villa pour abriter sa famille lors de ses nom breux séjours en Alsace. S’il est aujourd’hui considéré comme le maître verrier Art déco, il innove à l’époque en faisant construire une manufacture de verre pour profiter des res sources locales : des verriers qualifiés, une terre sablonneuse riche en silice, ingrédient essentiel à l’alchimie du verre, des forêts capables de lui fournir l’indispensable combustible et une eau claire comme le cristal.
Une maison de famille Depuis quelques années, la villa d’origine, avec ses colombages et ses volets bleus, a retrouvé toute sa superbe et s’est agrandie d’une exten sion de verre, signée Mario Botta. Posée au cœur d’un parc de six hectares, celle-ci reflète toutes les nuances de vert et les couleurs automnales de la forêt alentour. Certains épicuriens viennent d’abord pour la table du chef Paul Stradner. Les plus chanceux restent dormir dans l’ancienne villa, littéralement habitée par l’ancien maître des lieux et labellisée « Relais et Châteaux ». Chacune des six suites 5 étoiles est inspirée d’un thème cher à Lalique : les hirondelles, la panthère, le dragon, le dahlia… et meublée dans le pur style Art déco. Les anciennes photos de famille et la chambre qu’occupait René Lalique apportent au lieu l’âme très intimiste d’une maison particulière. On vient ici chercher l’éva sion, une plongée dans le bon goût, à prolonger selon les centres d’intérêt de chacun par une visite du Musée Lalique à quelques minutes seu lement, une balade ressourçante dans les hautes forêts vosgiennes ou une partie de golf sur le green de Bitche.
Un chef inspiré par le terroir Côté restaurant, dans le nouveau bâtiment entiè rement vitré, le spectacle se joue à 360° : par les larges baies vitrées, dans la cuisine ouverte mais silencieuse, dans les objets signés Lalique qui habillent les lieux et dans un art de la table et du service toujours attentionné sans être compassé.
Successeur et digne fils spirituel de Jean-Georges Klein, Paul Stradner emmène aujourd’hui sa table (2 étoiles au Michelin 2022) sur les che mins d’une cuisine de goût, largement inspirée par son parcours et par les artisans du terroir. Originaire de Styrie, en Autriche, à deux pas de la Slovénie, ce fils d’éleveur trouve dans ses origines paysannes l’amour des beaux produits, bruts, bio et surtout locaux. « Les produits nobles sont incontournables pour une table étoilée, assure le chef. Mais j’aime respecter les saisons, limiter le gaspillage au maximum, introduire dans mes plats des ingrédients simples, comme le pois chiche ou l’huile de courge. » Ils composent deux entrées surprenantes et réjouissantes : le pois chiche bio, cultivé à quelques kilomètres, s’accommode de coriandre et d’un yaourt au curry, et l’huile de courge, produite de façon confidentielle par son frère en Autriche, garnit une petite tartine régressive, hommage à ses origines.
Le foie gras présenté dans l’esprit de la créa tion Cactus de Lalique, les écrevisses de Roland Frankhauser, les escargots d’Antoinette Christ, l’omble chevalier, le chevreuil ou le bœuf occupent une place de choix, mais plusieurs menus sont aussi proposés en version végétale, sans viande et sans poisson, dans l’air du temps d’une cuisine responsable. « Après avoir travaillé dans les plus belles brigades d’Allemagne et de l’est de la France [Schwarzwaldstube de l’hôtel Traube
Coquille Saint-Jacques / butternut / kimchi
Musée Lalique à 5 min « Happy Cristal », exposition temporaire de Noël Jusqu’au 31.12
40, rue du Hochberg Wingen-sur-Moder musee-lalique.com
Tonbach en Forêt-Noire, l’Arnsbourg en Moselle avec Jean-Georges Klein, Brenners Park-Hôtel à Baden-Baden, NDLR], j’avais envie de retrouver une structure à taille humaine et plus familiale. J’ai été séduit par ce cadre magnifique et la possi bilité de retravailler à quatre mains avec le chef Klein. » Depuis cette année, Paul Stradner signe sa propre identité culinaire : une cuisine sincère qui s’allège du superflu au bénéfice de la justesse et de l’émotion. Les desserts suivent la même inspiration avec Nicolas Multon, qui réalise des chefs-d’œuvre sucrés, tirés de ses balades dans les vergers d’Alsace, de ses cueillettes dans le jardin potager et aromatique du restaurant ou de la récolte de miel crémeux dans les ruches de la maison. Évidemment, pas question de passer à côté de la somptueuse cave à vin vitrée, gérée par Romain Iltis, tout heureux de retrouver ici ses racines alsaciennes. 60 000 bouteilles, dont 1 000 vins parmi les mieux notés par le célèbre guide Parkers, 650 crus alsaciens et des éti quettes de nature à faire pâlir tout amateur, com posent ce trésor viticole. Mais c’est d’abord dans les formidables accords mets et vins et les éton nantes découvertes gustatives que le talent de ce Meilleur sommelier de France, nous éblouit… comme l’éclat d’un cristal signé Lalique et fabri qué à deux pas d’ici, depuis un siècle.
L ’ A l s a c e e s t l e b e r c e a u d e l a m a g i e d e s f ê t e s d e N o ë l e t l e L ’ A l s a e e s t l e b e r c e a u d e l a m a g i e d e s f ê t e s d e N o ë l e t l e P a y s R h é n a n n e d é r o g e p a s a u x t r a d i t i o n s . À p a r t i r d e f i n P a y s R h é n a n n e d é r o g e p a s a u x t r a d i t i o n s À p a r t i r d e f i n n o v e m b r e , l e s h a b i t a n t s p a r e n t l e u r s m a i s o n s d e l e u r s p l u s n o v e m b r e , l e s h a b i t a n t s p a r e n t l e u r s m a i s o n s d e l e u r s p l u s b e l l e s d é c o r a t i o n s l u m i n e u s e s L e s r u e s s e c o l o r e n t , l e s f o u r s b e l l e s d é c o r a t i o n s l u m i n e u s e s . L e s u e s s e c o l o r e n t , l e s f o u s c h a u f f e n t , l e s s a p i n s s ’ h a b i l l e n t d e l e u r s m a n t e a u x d e f ê t e , c h a u f f e n t , l e s s a p i n s s ’ h a b i l l e n t d e l e u r s m a n t e a u x d e f ê t e , N o ë l s e p r é p a r e , l e t o n e s t d o n n é . N o ë l s e p r é p a r e , l e t o n e s t d o n n é
Six « Ütes » et quatre « Fenêtres de Paysage » ont été installées le long du sentier GR53 dans le cadre du Plan de Paysage du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Ces constructions en bois d’essences locales offrent des points de vue de choix et pour ce qui est des Ütes, des abris.
Par Pierre Jean SingerDans les Vosges du Nord serpente le GR53, sen tier de grande randonnée balisé de rouge depuis 1897. Pour améliorer le cadre de vie au long du tracé et accroître le plaisir d’arpenter ses che mins, le Parc naturel régional des Vosges du Nord a établi son Plan de Paysage en 2019. Il concerne et implique quarante-quatre communes, au long de la traversée des Vosges entre Wissembourg et Saverne.
L’installation de six Ütes le long du GR53 entre Roth, près de Wissembourg et La PetitePierre* marquait fin 2021 le coup d’envoi de ce Plan de Paysage. Ces cabanes de bois dotées de deux murs et d’un toit, peintes du même rouge que le balisage du sentier, tiennent lieu à la fois d’abris, de haltes et de points de repère pour les randonneurs. Conçues par le paysagiste Gabriel Milocheau et l’architecte Jean-Christophe Brua, leur placement n’est pas choisi au hasard : elles « cadrent des paysages caractéristiques, qui racontent chacun un pan d’histoire des Vosges du Nord ». Se tenir à l’intérieur de l’une d’entre ces Ütes, c’est accepter de laisser son regard être orienté vers une partie du panorama. Complétées par des panneaux offrant des éléments d’histoire locale, elles rythment le parcours, prolongent la découverte du patrimoine et fournissent les informations indispensables au bon déroulement de la randonnée (numéros d’urgence, balisage des sentiers, coordonnées des commerces des villages traversés).
En septembre dernier, la seconde phase du Plan de Paysage démarrait avec l’inauguration des quatre Fenêtres de Paysage qui viennent complé ter les Ütes sur le tracé du GR53 entre Climbach et La Petite-Pierre. Pour la conception de ces abstraites structures en bois de chêne, Gabriel Milocheau s’est associé avec le duo strasbour geois d’architectes-plasticiens Les Nouveaux Voisins. La fabrication est due à des entreprises locales : Geng, serrurier-métallier à Wasselonne, « À l’ère du bois », charpentier- menuisier à Dinsheim-sur-Bruche et Jardins Gottri à Berstheim pour l’aménagement paysager. Chaque Fenêtre porte un nom à la fois poé tique et évocateur, choisi selon son emplacement et l’inspiration des architectes-plasticiens : à Climbach, « Source » souligne le tracé du ruis seau, à Wimmenau, « Ciel » invite à lever très haut les yeux… Comme un pendant artistique aux Ütes – les deux aménagements s’étant vus récompenser du Trophée du tourisme Alsace en novembre dernier –, ces constructions s’intègrent à l’environnement et offrent un nouveau regard sur le paysage. Des œuvres d’art praticables qui se réinventent au gré des usages pour observer, s’élever, discuter et profiter d’une pause bien méritée à mi-randonnée.
* Les Ütes se situent le long du GR53 à Roth, Wingen, Obersteinbach, Niederbronn-les-Bains, Baerenthal et La Petite Pierre.
Nicolas Grun, architecte du cabinet strasbourgeois Les Nouveaux Voisins et co-concepteur des Fe nêtres de Paysage, détaille ici le le lien que ces installations cherchent à établir avec les promeneurs et les randonneurs.
« Au cœur de notre travail, il y a l’espace et la manière dont les humains l’arpentent. Nous réalisons des sculptures de l’espace, à échelle réduite et dotées d’un aspect fonctionnel, tout en nous extrayant de la pure fonction. Nous incitons à la curiosité, à observer l’espace », considère Nicolas Grun, architecte du cabinet strasbourgeois Les Nouveaux Voisins. Les quatre Fenêtres de Paysage installées l’été dernier entre Climbach et La PetitePierre cherchent à établir un lien entre le visiteur et le paysage, l’incitant à s’arrêter. Le « promeneurrandonneur » peut s’asseoir sur ces poutres de chêne et même comme à Wimmenau, s’allonger sur un filet tendu entre les poutres, pour regarder le ciel. Le chêne des fenêtres a été choisi pour sa durabilité, son origine régionale et sa capacité à résister aux intempéries.
01 Massif à kif. Il y a plus de cent vingt ans des skieurs traçaient les tout premiers sillons dans les neiges immaculées du massif des Vosges… Cet ouvrage – indispensable sous le sapin –, composé de témoignages, d’anecdotes et de documents est aussi passion nant que beau avec sa mise en page signée Hugues François, dit Brokism, graphiste et directeur artistique (l’œil typographique de Zut Strasbourg, c’est lui !) L’aventure du ski dans le massif des Vosges, par Grégoire Gauchet et Claude Kauffmann aux éditions Médiapop, 37 €. mediapop-editions.fr
02 Sapin magique. Au pinacle des sillages parfumés qui nous plongent illico dans l’ambiance de Noël, la bougie Sapin de chez Diptyque se pare cette saison d’étoiles phosphorescentes, ex halant les senteurs d’une fraiche nuit d’hiver aux notes vives de pin des montagnes, arrondies des teintes miellées du mimosa. Bougie 190 g, édition limitée et fabriquée en France, 70 €. Gale ries Lafayette, 34, rue du 22 Novembre - galerieslafayette.com
03 It bag. C ôté praticité, il y a le sac à sapin (bien évidemment, on commande celui en amidon de maïs biodégradable de chez Handicap International : boutique.handicap-international.fr), mais il sonne le glas des fêtes révolues, alors que ce sac à bûches en toile de jute et cordage augure les belles flambées de l’hiver, 89 €. E-shop : les-woodcutters.fr
04 Mohair on-air. En hiver, pour s’emmitoufler sur son canapé ou sur la terrasse, rien n’égale les fibres vaporeuses d’un beau plaid en mohair. Les plus beaux ? Ceux de la Manufacture Brun de Vian-Tiran à l’Isle-sur-la-Sorgue, labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant » et estampillée Go For Good, la marque d’excellence des Galeries Lafayette qui sélectionne la crème des produits fabriqués en France, 180 cm x 140 cm, 298 €. galerieslafayette.com
05 Soupe au sommet. Ou au bureau, quand on veut échapper au micro-ondes. Son truc en plus ? Son design rétro, surtout dans cette coquette nuance vert de gris. Boite de repas isotherme Thermos, modèle King, 470 ml, 47,90 €. Galeries Lafayette, 34, rue du 22 Novembre - galerieslafayette.com
06
Patine du temps. Avec sa finition satinée faussement oxydée, la gourde isotherme Clima Bottle de chez 24Bottles ne déparera nullement dans une décoration wabi-sabi, 38 €. Galeries Lafayette, 34, rue du 22 Novembre - galerieslafayette.com
07 Fondus de fonte. Parlons caquelon : quitte à investir dans un service à fondue, autant en acheter un qui dure une vie et ne se démodera jamais, comme celui-ci, en fonte émaillée noire de chez Staub, Ø 20 cm, 209 €. zwilling.com
08
Si vous cherchez un « tout-en-un » pour la piste et le freeride, le Couturier 100 est le ski d’attaquant qu’il vous faut avec ses capacités sportives de grande ampleur.
En hors-piste dans les neiges travaillées, il absorbe bien le terrain et le toucher de neige est excellent.
Skis Freerando Couturier 100, neoteric carbon ultra, Ogso, 769 €
Si vous visez un ski de rando à tout faire pour une pratique sur pistes, en famille ou entre amis, mais pouvant aussi convenir pour de longs raids, le Zero G 85 est le ski de la situation. Grimpeur aussi performant que précis en descente, il accroche sur le dur et tient la trajectoire même sur une neige bien soufflée ou croûtée.
Skis de rando Zero G 85, Blizzard, 619 €
Au vieux campeur 32, rue du 22 Novembre auvieuxcampeur.fr
Peace & Love. Alicia Bay Laurel est une artiste et musi cienne américaine, autrice de Living on the Earth (paru en 1971). Un livre culte pour apprendre à vivre en auto-suffisance. Pour qui ? Toutes celles et ceux qui veulent revenir à un mode de vie simple et proche de la nature. Vivre sur la Terre. Le bestseller, édition du 50e anniversaire, Alicia Bay Laurel, éditions Ulmer, 30 €. editions-ulmer.fr
On ne va pas les en priver, même avant 3 ans ! Alors pour glisser en toute sécurité, on clipse ce siège réducteur adapté aux modèles junior ou adulte des luges de la gamme Trilugik.
Le + ? Son harnais qui maintient un enfant de moins de 30 kg en toute sécurité.
Siège de luge, luge adulte, luge enfant et sangle, 15 €, 35 €, 20 € et 4 €. Decathlon – decathlon.fr
Les métiers Reportage Depuis 2006, K&+ architecture globale réunit talents divers et expertises différentes au sein d’une même agence qui célèbre une vision complète du métier, voulu comme « un processus allant de l’esquisse, du premier coup de crayon à la réalisation et la livraison du bâtiment ». À l’occasion du récent déménagement de K&+, zoomons sur une équipe nous confiant en chœur, avec pragmatisme et humilité, que « l’architecture est un art, mais l’architecte n’est pas un artiste ». Par Emmanuel Dosda
K&+ architecture globale 79a, rue de la Plaine-des-Bouchers contact@ketplus.fr ketplus.fr
Du logement collectif, essentiellement, mais aussi des bâtiments de soins, réfléchis de A (comme ambitieux) à Z (comme zen) : les com plexes projets de K&+ se réalisent dans l’atmos phère pro mais décontractée de cette entreprise où « bien pensé des programmes » et « bien être des salariés » sont des évidences. Nous arrivons dans leurs nouveaux locaux de la Plaine-desBouchers, zone au charme industriel magnifié par les nombreuses bâtisses en briques de pare ment. Dans leurs anciens bureaux situés non loin, l’équipe, croissante, se sentait un peu trop à l’étroit. La cinquantaine d’associés et colla borateurs ont pris leurs quartiers dans l’ancien siège administratif de Spiertz qui fabriquait des presses hydrauliques. Il a fallu du temps, beau coup de patience, un sérieux sens de l’écores ponsabilité et une solide intelligence collective pour parvenir à cette réhabilitation, véritable réussite architecturale et humaine. Ce nouveau vaisseau amiral flambant neuf – sorte de maison témoin XXL – fait office de vitrine, de showroom du savoir-faire, de la réflexion et la philosophie propres à K&+ qui prend de l’ampleur et ses aises, passant de 400 à 1 000 m 2 .
Ça turbine à nouveau à l’usine Lorsqu’on pénètre pour la première fois dans l’ancienne firme remodelée avec respect, les ouvriers s’affairent encore, les employés déballent leurs cartons et règlent leurs soucis de
connexion. Les travaux ne sont pas totalement terminés mais, déjà, la fourmilière s’active. Daniel Gasser, associé cogérant, responsable des pôles Équipement & Urbanisme (et égale ment cogérant, avec Majid Messous, de l’agence d’aménagement, de rénovation ou de décoration d’espaces, KUB), se réjouit de cette belle reva lorisation d’une bâtisse longtemps vacante et aujourd’hui plongée dans une joyeuse ébullition. « Par souci écologique, mieux vaut construire sur du bâti afin d’éviter une nouvelle emprise au sol. » Durant cette affirmation, Daniel nous désigne la partie supérieure de la bâtisse qui abritera un univers dédié au coworking et à la location de locaux : il s’agit d’une surélévation qui lui rap pelle l’étage supplémentaire imaginé par ses parents pour la maison familiale. Il avait sept ans et savait, dès lors, qu’il deviendrait architecte !
Nous montons et débutons la visite en redescen dant, non sans avoir profité de la vue, totalement dégagée à cette hauteur. Au troisième niveau, se trouve notamment Dynamix ingénierie, orga nisation indépendante dédiée à la structure des bâtiments, gérée par Denion Ymeri. Il s’agit d’un vaste plateau avec une lumière traversante que l’on retrouve à chaque étage. Nous poursui vons notre descente en empruntant l’escalier en fer forgé existant et préservé qui participe au cachet « indus » du lieu, parmi d’autres éléments
→ Effectif : 48 personnes
→ Personnel d’encadrement : 6 personnes (Daniel Gas ser, Maxime Khalili, Hélène Schmitt, Thomas Fernandes, Michaël Osswald, Pierre Manus)
→ Chiffres d’affaires : 2021 : 3 375 000 € HT
2020 : 2 873 000 € HT 2019 : 3 057 134 € HT 2018 : 2 442 734 € HT
→ Compétences : 25 architectes 11 conducteurs de travaux 5 économistes
1 référent BIM
5 assistantes
1 chargée de communication 3 architectes de la fiable KUB
architecturaux conservés. C’est au premier niveau que s’installe K&+, dans un environne ment serein, propice au travail, avec open space, salles de réunion, bibliothèque, matériauthèque… Les différents pôles sont présents : Conception, Économie, Réalisation, Administration, Recherche & Développement et Well-Being. Au rez-de-chaussée, une brasserie qui sera gérée par deux restaurateurs strasbourgeois, les frères Cabrera. Des espaces pensés pour d’agréables pauses déj’, propices à la détente et même au défoulement (une salle de boxe !). À l’arrière, un poumon vert : un grand jardin aménagé (par les membres de l’agence, avec des matériaux de récupération) permet de végétaliser un coin de ville qui manque encore cruellement de verdure, d’arbres, de plantes.
L’Homme au centre
Ici, comme dans tous ses projets, l’humain est placé au cœur de la démarche de K&+. C’est écrit dans le marbre déontologique de l’agence : « Notre architecture s’adapte aux besoins de ses usagers et non l’inverse. » Nous pouvons citer l’ensemble de logements collectifs et le parking silo dans le nouveau quartier Starlette du Port du Rhin, les logements collectifs en autopromotion au Hohwald ou le Foyer d’accueil médicalisé pour adultes avec autisme à Coulommiers. Ce dernier, indique Daniel Gasser, très sensible aux ques tions liées aux structures de ce type, « propose plusieurs configurations permettant à chacun de se sentir à son aise : des espaces de repli qui offrent la possibilité de s’isoler mais aussi des secteurs de rassemblement favorisant la sociabilisation. »
L’Homme est central et les solutions apportées par K&+ reposent toujours sur les solides fonda tions des valeurs de l’agence : « l’ouverture et la curiosité, la pertinence dans les réponses tenant compte des contraintes et du budget, ainsi que la responsabilité vis-à-vis de la société dans laquelle nous évoluons », avec un regard tourné vers l’ave nir. Daniel insiste sur ce dernier point : « Nous laissons une trace dans la ville et devons garder ce paramètre à l’esprit ! »
« Nous ne faisons pas de l’architecture “d’image” », insiste Maxime Khalili, architecte associé et gérant principal, fortement allergique au tape-àl’œil et au m’as-tu-vu. « Il faut aimer les gens pour faire notre métier et se mettre à leur place. Souvent, je dis à mes collaborateurs : “Dessine comme pour toi et imagine habiter dans les bâtiments que tu conçois.” » Autre crédo : « Mettre son orgueil de côté pour inscrire la nature dans les projets de logements. Le vide est aussi important que le plein et nous avons trop tendance à l’oublier. » Sa com plice et compagne, Hélène Schmitt, architecte associée, responsable du pôle Logement, vante également les mérites des constructions qui ne se la jouent pas, à l’image du 79A, rue de la Plainedes-Bouchers réhabilité avec considération de l’existant. « Une belle mariée n’a pas besoin d’être maquillée », lance Hélène. « Ici, l’architecture, sobre, met en évidence ses qualités volumétriques. » Michaël Osswald, architecte associé, acquiesce,
tout en insistant sur « la matière » qui le pas sionne, par exemple de l’isolant en laine de chanvre ou encore l’argile de la briqueterie Lanter d’Hochfelden. « La terre cuite apporte beaucoup de confort, de fraîcheur et régule parfai tement l’hydrométrie. » En ce nouveau lieu, nous remarquons notamment, au-dessus des postes de travail, d’élégants panneaux acoustiques faits en fibre de bois, ou les briques moulées main dans du sable qui habillent la façade. Michaël souligne le « réemploi des pavés en granit qui se trouvaient dans la friche et qui ont été réutilisés au sol, sur le parvis ».
La variété de profils croisés dans les couloirs et espaces de l’agence nous interpelle. Nous finis sons notre visite en échangeant avec Thomas Fernandes, responsable du pôle Économie et cogérant de K&+. Son job ? « Gérer le plus fine ment possible l’enveloppe allouée à une construc tion – en entrant dans des réflexions d’ordre tech nique et économique – pour ne pas que ça parte en cacahuètes ! » La vision panoramique de l’agence permet d’imaginer des logements collectifs ou équipements médicaux respectueux des habi tants et de l’environnement tout en faisant les « meilleurs choix constructifs ». Et éviter que tout ça ne finisse en éclats d’arachides !
Archipel 2 : la seconde phase du quartier d’affaires international strasbourgeois. Il comprend des logements, des immeubles de bureaux et de nombreux espaces verts avec plus de deux hectares transfor més en un parc public.
FAM : le foyer d’accueil médicalisé pour adultes avec autisme de Coulommiers se compose de sept unités de vie, d’espaces communs et médicalisés et de locaux de service. Prix du projet citoyen, UNSFA 2022.
Eko2 : pensé comme une rési dence jardin, cet ensemble se caractérise par une typologie de logements variée, des orientations optimales, de belles terrasses et des jardins privatifs.
Grand Angle : situé route du Rhin dans un quartier en mutation, ce programme com posé de logements collectifs et intermédiaires (pour les revenus modestes) s’intègre harmonieusement dans un tissu urbain hétéroclite.
Starlette : il s’agit d’un im meuble signal, qui marque l’en trée du quartier des Deux-Rives en proposant une volumétrie en accord avec les îlots mitoyens et faisant coexister harmonieu sement trois entités program matiques : 89 logements collectifs, un commerce et un parking silo.
Centre de vacances adapté : création d’un centre de vacances adapté pour enfants et adultes en situation de handicap à Wissembourg, dans un écrin de verdure et dans un langage à la fois contemporain et chaleureux.
Depuis sa maison transformée en atelier, Didier Marchal redonne vie aux livres défraichis. De la pointe de ses cisailles et de ses étaux, il restaure les livres anciens, redore leur couverture et, lorsque son planning bien chargé le lui permet, crée de véritables reliures d’art. Portrait d’un artisan passionné.
Dans l’atelier de plus de 80 m2 que Didier Marchal a aménagé chez lui, on trouve une presse cen tenaire, des étaux pour former l’arrondi des livres, des cisailles... Mais surtout plus de 4 000 fers à dorer anciens qui trônent sur les murs et servent à ses créations sur couvertures ou sur feuilles. Un travail d’orfèvre : « La dorure arrive en tout dernier sur un livre. Il ne faut pas se rater ! Je pose à main levée sur la feuille, près d’une centaine de fois par caractère. » Quand il n’est pas en train de trans former de simples feuillets en véritables créations, il restaure aussi les livres anciens du xvie au xixe siècle. Une demande qui émane souvent de la jeune génération : « J’ai régulièrement des jeunes qui viennent me demander de “sauver” leurs livres en mauvais état. »
Ce qu’il préfère cependant, c’est quand on lui laisse carte blanche. L’occasion de sortir un peu des sentiers battus : en témoignent ses deux der nières créations, des reliures réalisées pour des livres d’esquisses de la cathédrale de Strasbourg. Pour la première, il a découpé de très minces bandes de feuilles de pierre, pour ensuite les courber et leur donner la forme de la voute de la cathédrale. Un dessin qu’il a ensuite intégré dans une couverture de cuir. Pour le second, il a repro duit un des pétales de la rosace de la cathédrale, avec des mosaïques de cuir de toutes les couleurs. « J’aime les choses un peu loufoques, qui semblent presque impossibles à faire. »
Pour récompenser son impli cation dans la réduction de son impact environnemental, Didier Marchal a reçu cette année le label « éco-défi » décerné par l’Eurométropole de Strasbourg et la Chambre de Métiers d’Alsace. Il a investi dans un système de récupé ration d’eau de pluie pour le lavage de ses papiers, dans des panneaux photovoltaïques pour éclairer son atelier, ainsi que dans un boitier éthanol flexfuel pour que sa voiture de livraison roule au biocar burant.
À ses clients venus de toute la France, voire d’Al lemagne et de Suisse, Didier Marchal promet l’excellence. « C’est en tout cas ce que j’essaye de viser. » Et il semble bien y arriver. Les acheteurs, en tout cas, lui sont fidèles. L’artisan croule telle ment sous les commandes qu’il a récemment dû embaucher deux jeunes recrues à temps partiel pour lui donner un coup de main. Fort heureu sement, la profession attire de plus en plus de jeunes pousses. Didier Marchal ne les voit pas comme une concurrence, au contraire, c’est lui qui les forme dans son atelier-école. Ayant luimême eu du mal à trouver un formateur lors de sa reconversion à l’âge de 50 ans, il accueille aujourd’hui trois apprentis en CAP relieurdoreur, lui qui affirme n’avoir jamais fini d’ap prendre : « Tous les ans, je pars étudier une nou velle technique. » La dernière en date : le dessin vectoriel. « Ça permet de piloter des machines de découpe pour faire des décors particuliers sur le cuir des livres ». Pour l’instant, les résultats ne sont pas encore à la hauteur de ses attentes, mais le passionné le sait, « il suffit juste de continuer à pratiquer ».
Atelier de reliure Marchal 2, rue du Gabon à Illkirch-Graffenstaden marchal.eu
La boutique L’Éclat de Verre conseille ceux et celles qui recherchent un cadre pour leurs images ou pour des objets, du violon à l’éventail. Ces artisans du cadre ont pignon sur rue depuis vingt-cinq ans à Strasbourg.
Rue de la Première-Armée, à hauteur d’une station de tram, L’Éclat de Verre est installé dans les locaux d’une ancienne banque ; les portes d’accès sécurisées en métal et plexiglas témoignent de ce passé, les coffres vides en sous-sol de la boutique également. Pour le reste, des cadres envahissent les murs, autour de photos, de dessins, de gravures, de posters ou de peintures. Des supports aux couleurs et aux formes adaptées aux images qu’ils magnifient. La responsable du magasin Laurence Lorentz et l’expérimenté encadreur Jean-Baptiste Barbat posent des caissons américains et façonnent le biseau anglais ou français, différentes techniques donnant de la profondeur aux images encadrées. Ce 23 novembre, l’équipe vient de livrer d’importantes commandes, destinées à deux galeries et un artiste, qui exposeront lors de St-Art 2022.
En début d’après-midi, une adepte des loisirs créatifs pointe le bout de son nez, accompagnée d’une de ses créations récentes, une œuvre de papier en relief, où domine le rouge. Elle cherche un cadre et spontanément s’oriente vers un cadre noir, qui fera ressortir le rouge. Oui, mais quel noir ? Il existe au moins quatre modèles qui peuvent correspondre au souhait de la cliente. Son
choix s’oriente vers un cadre mat, plus brillant, contenant un liseré rouge et présentant un angle doré. La discussion s’engage avec la jeune vendeuse, en CAP d’encadreur. La responsable du magasin Laurence Lorentz vient prêter une oreille attentive et fait aussi des suggestions. Ainsi débute un dialogue qui devrait déboucher sur l’encadrement de la création rouge. « Les possibilités sont infi nies. À l’Éclat de Verre, nous prenons le temps nécessaire pour poser les bonnes questions, identifier les goûts du client, imaginer avec lui ce que le travail d’encadrement donnera. Nous travaillons sur la conservation des documents, de la manière la plus esthétique et la plus pérenne possible. Et nous souhaitons que la personne soit surprise, au bon sens du terme, lorsqu’elle viendra chercher sa commande », confie Laurence Lorentz. Tout est personnalisable, du bois du cadre au passe-partout, jusqu’au dispositif d’accrochage. Intégré à un réseau de vingt-huit magasins en France et dans le Benelux, L’Éclat de Verre Strasbourg peut même trouver l’image souhaitée par un client. En y ajoutant un cadre, bien sûr.
L’Éclat de Verre 12, rue de la Première-Armée eclatdeverre.com
Démarré en 2 2012, nextmed poursuit son développement en offrant de nouvelles solutions d’accueil pour les entreprises du secteur médical. Nextmed est un projet unique en France qui vient accroître le rayonnement international en termes d’innovation et de santé de la Ville et de l’Eurométropole. Un projet de territoire déjà générateur de retombées économiques et d’emplois, destiné à attirer les entreprises les plus en pointe dans le domaine de la santé du futur.
En 2 0 2 0 dans l’Union européenne, 2 0 % de la population avait plus de 65 ans et la part des personnes âgées de plus de 8 0 ans ou plus devrait être multipliée par deux et demi d’ici 2 1 0 0 passant à près de 1 5 % de la population (source : Eurostat).
Dans ce contexte de vieillissement de la population, comme dans celui de l’anticipation et la prévention des épidémies, l’accélération des diagnostics et la person nalisation des traitements apportés à chaque patient, le projet nextmed, en partenariat avec les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, partie prenante du programme, conforte Strasbourg, capitale européenne des Medtech, en tant qu’acteur central unique dans l’Hexagone au service de l’humain
En France, le secteur de la santé constitue la première filière économique, l’une des seules à contribuer positivement à la balance commerciale du pays, génératrice de 2 millions d’emplois tous secteurs confondus, qu’il s’agisse des industries et technologies de la santé ou des secteurs du numérique et de l’intelligence artificielle appliqués à la santé, un secteur promis à une forte croissance. Tirant profit de cet environnement porteur afin d’attirer les entreprises du secteur, nextmed positionne la capitale alsacienne comme un écosystème de référence au niveau national mais aussi international. En réunissant sur un site de 3 30 hectares au cœur de l’Eurométrople un ensemble unique de compétences médicales, scientifiques et entre preneuriales au service de l’innovation médicale, le projet favorise l’émergence des solutions de pointe dans les domaines du soin et du suivi quotidien des patients.
Pôle universitaire de tout premier plan dont sont issus 5 prix Nobel de physiologie ou de médecine, en même temps que vivier des jeunes talents en devenir, regroupant incubateur de startups, pépinières d’entreprises et accélérateurs de projets, cliniciens universitaires mais aussi nombre d’acteurs majeurs de l’innovation en santé (satt-conectus, SEMIA santé, BioValley France) qui facilitent la recherche de partenaires de licensing et l’obtention des levées de fonds, l’environnement entourant nextmed a pour vocation d’accompagner les entreprises de toutes tailles, des startups aux grands groupes internationaux, en synergie avec les centres de formation et des équipes de R&D les plus en pointe, afin de profiter de l’un des écosys tèmes de santé les plus dynamiques d’Europe.
Associé dans la démarche « Territoires de santé de demain », nextmed est un concentré d’acteurs privés, publics et associatifs expérimentant une méthode de santé intégrée au territoire. C’est en outre l’accès au marché tri-national de la biovalley incluant l’Allemagne, première industrie pharmaceutique européenne et 4 4e mondiale, le secteur de la santé Suisse en pointe notamment sur les dispositifs médicaux et l’industrie pharmaceutique, mais aussi les marchés porteurs de la Belgique et du Luxembourg.
Acquis par la ville en 2 0 1 6, le site à destination des entreprises (dont l’aménagement a été confié à la SERS afin qu’elle en assure notamment la réhabilitation, la commercialisation et la gestion locative), comprend des bâtiments patrimoniaux à préserver (comme le pavillon ORL, renommé eXplora, de 5 0 0 0 m 2 datant de 1 92 0 ou le pavillon blum) ou construits en neuf. Destinés à faciliter la synergie avec la sphère médicale, ceux ci devront offrir une palette de services sur mesure (solutions d’héberge ments modulables, salles de réunion, restaurants, crèche…) aux entreprises hébergées, le tout en cœur de ville avec toutes les commodités de transport dans une ambiance de campus paysagé sans véhicules motorisés.
De la construction de la faculté de médecine en 1 794 à l’IRCAD, Institut de Recherche contre les cancers de l’Appareil digestif, véritable centre de recherche et de formation dédié aux techniques innovantes dans le domaine de la chirurgie mini-invasive et la robotique, en passant par l’ouverture du Nouvel Hôpital civil (NHC) de l’Université de Strasbourg en 2 0 0 8, le biocluster des Haras ou la pépinière d’entreprises PH 8 accueillant nombre de startups innovantes dans le domaine médico-chirurgical ou le design médical, l’Eurométrople de Strasbourg est un territoire en marche perpétuelle vers l’innovation en matière de santé. Ces nouveaux espaces permettront de poser un nouveau jalon dans la reconnaissance europénne de Strasbourg comme capitale de la santé.
Infos : nextmed @ strasbourg.eu / nextmed-strasbourg.eu
Les plus grands noms de l’industrie médicale sont déjà implantés sur le site