ZUT Lorraine 25

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Le champ des possibles

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Lorraine

Automne 2020


kosmo.lu / Photo : Alexis Delon

Nouveau. À découvrir quai Zorn.

13 quai Zorn 67000 Strasbourg Tél. 03 90 23 06 84 ww.poliform-alsace.fr


zut-magazine.com 3

Les prochaines parutions de Zut en 2020 Journal de Haguenau et alentours n°7 | octobre Strasbourg n°45 | octobre       Oberrhein n°11 | novembre     Lorraine n°26 | décembre Strasbourg n°46 | décembre Journal de Haguenau et alentours n°8 | décembre


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Zut team

Contri— buteurs

contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com www.zut-magazine.com

Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administratrice et gestionnaire Gwenaëlle Lecointe assistée par Solène Lauth Rédactrice en chef Cécile Becker Directeur artistique Hugues François — Brokism Directrice artistique Série mode Myriam Commot-Delon Coordinatrice Cahier Le Style Charlotte Médot Designers graphique Mickaël Dard Séverine Voegeli

Commercialisation & développement Bruno Chibane +33 (0)6 08 07 99 45 Magali Murano +33 (0)6 70 70 55 74 Philippe Schweyer +33 (0)6 22 44 68 67

Rédacteurs Cécile Becker, Benjamin Bottemer, Sylvia Dubost, Charlotte Médot, Philippe Schweyer, Aurélie Vautrin, Fabrice Voné

Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias

Photographes Alexis Delon / Preview, Romain Gamba, William Henrion, Arno Paul

37, rue du Fossé des Treize

Illustratrices Nadia Diz Grana, Laetitia Gorsy

Tirage : 7500 exemplaires Dépôt légal : octobre 2020 SIRET : 509 169 280 00047 ISSN : 2609-4320

Stylisme Myriam Commot-Delon, Charlotte Médot Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / Preview

67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com

S.à.R.L. au capital de 47 057 euros

Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion

Mannequin Anaïs | www.upmodels.fr

LD Diffusion 32, rue d’Oelleville 88500 Totainville

Coiffure

Abonnements abonnement@chicmedias.com

Greg Alcudia / La FabriK Make-up Julie Gless Relectures Fabrice Voné Stagiaires Martin Lelievre, Diane Maffet

Crédits couverture Blouse et étole en soie Pierre-Louis Mascia et jean Vanessa Bruno. Chapeau en feutre Atelier Boketto. Photographe Alexis Delon / Preview www.preview.fr Réalisation Myriam Commot-Delon Mannequin Anaïs | www.upmodels.fr Coiffeur Greg Alcudia / La FabriK Make-up Julie Gless Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr


Tous les visages de la musique

BAM TRINITAIRES OCT. 20

Belleville 2020 © Christophe Urbain — N° LES Metz en Scènes : 1-1112125 (Trinitaires), 1-1112122 (BAM), 2-1112126, 3-1112127

DON’T WORRY BE ASSIS KOMPROMAT • Victor Solf • Laake • Lenparrot • Regarde les hommes tomber • Svart Crown • The Storm Watchers • Osted • Syndrom • + spectacle et atelier Jeune public

citemusicale-metz.fr


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8 Éditorial 10 Metz vu par Morgane Baroudel Monika Misiraca Claire Benalouache Thomas Kappel 16 Nancy vu par Justine Corre Maud Guely Maxime et Valentin Blenner Alexandre Seghaier et Morgane Lechaudel

La Cité 24  Le dossier Refaire culture En pleine crise sanitaire, la culture peine à reprendre, freinée par les directives et les restrictions. Les actrices et acteurs culturel·le·s tentent d’inventer demain. 28  La société L’innovation à Bliiida Le tiers-lieu messin mise sur l’accompagnement de projets. Rencontre avec Frédéric Lecoin, son nouveau directeur.

32  La musique NCY Milky Band vs Romain Muller Deux groupes, deux villes, deux ambiances.

34  L’entretien Baru Rencontre avec un fervent défenseur de la classe ouvrière, à l’occasion de la sortie de Bella Ciao. 38  Les arts Les expos de la rentrée Centre Pompidou-Metz, FRAC Lorraine, Musée de l’image, Musée des Beaux-arts, Synagogue de Delme. 40 Les instants flash Julia Kerninon Pomme 42  L’actu

Le Style 50  La mode Septième ciel 56  Le goût La mode responsable.

58  La beauté La coiffure et le regard déconfinés, mais masqués. 60  Le shopping Les couleurs de saison, la mode et le design. 64  Le parfum Les parfums cultes : Diorissimo d’Edmond Roudnitska 66  L’actu

La Table 72  Le produit Le chocolat avec la maison Dumay. 74  Le portrait Martin Debuiche du restaurant Racine. 76  Les nouveaux lieux Le Salon bleu, Au cul d’poule, Mazi, Les Trois fils 78  Le dossier Les circuits courts sur le devant de la scène.


UNE NOUVELLE NINA RICCI PACO RABANNE ALEXANDER MCQUEEN JW ANDERSON

VAGUE

DE DESIGNERS

AH 20-21

ZIMMERMANN GANNI NICOLE BENISTI KHRISJOY ERIC BOMPARD FENDI VERSACE DOLCE & GABBANA MONCLER EMILIO PUCCI MOSCHINO ROBERTO CAVALLI SAINT LAURENT BALMAIN LANVIN BARBARA BUI BURBERRY PHILIPP PLEIN ESCADA KARL LAGERFELD MICHAEL KORS

LBYCJ.COM


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Édito. Par Philippe Schweyer

Coup de pompe

Je suis entré dans la salle d’attente sur la pointe des pieds. Tout le monde portait un masque et les vieux magazines people avaient disparu de la table basse. Je n’avais rien d’autre à faire en attendant mon tour que de fermer les yeux. Au bout d’une heure, le médecin est venu me chercher. Il avait l’air encore plus fatigué que moi. Je me suis assis en face de lui. Il pianotait sur le clavier de son ordinateur tout en me posant des questions sans me regarder : — Qu’est-ce qui vous amène aujourd’hui ? — Je suis crevé. — Tout le monde est au bout du rouleau. Pas la peine de vous faire un dessin. — J’en ai marre du télétravail. — La dernière fois, vous en aviez marre des embouteillages. — Au moins dans les bouchons je pouvais écouter France Culture. J’apprenais des choses… — Et chez vous, pas de radio ? — Ma femme préfère France Inter. — On ne peut pas tout avoir. Au moins vous avez une femme. Vous faites du sport ? — Je n’ai pas le temps. Ma patronne m’appelle à n’importe quelle heure pour vérifier que je suis opérationnel. — Vous ne pouvez pas couper votre téléphone ? — Si je ne décroche pas, elle pète un plomb. — Elle n’a pas le droit de se comporter ainsi avec vous. Vous pourriez l’attaquer aux Prud’hommes.

— Ce n’est pas le moment de perdre mon job. — Ce n’est jamais le moment. Vous dormez ? — Comment voulez-vous que je dorme ? Ma patronne me téléphone au milieu de la nuit pour me rappeler mes objectifs. — C’est du harcèlement. Vous devriez porter plainte. — Je préfère attendre que ça s’arrange. C’est dur pour tout le monde en ce moment. Tout le monde a perdu des clients. — Pas moi… — Vous avez de la chance. — Oui, mais c’est dur quand même. Tout le monde est à cran. Le jour où les médecins vont se mettre en grève, ça va péter. — Vous devriez faire du sport. Les toubibs font du sport, non ? — Je faisais du golf, mais on ne peut même plus boire un drink à cause de ce foutu virus. — C’est dur. — Je vous donne quoi ? Des vitamines ou des tranquillisants ? — C’est vous le docteur. — Vous devriez envoyer balader votre patronne. La vie est trop courte. — Et si elle me vire ? — Ça me fera un patient de moins. — Merci docteur.



Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Metz. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré et jouent au modèle.

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Réalisation et textes Charlotte Médot

Metz vu par

Morgane Baroudel 32 ans

Gérante de la boutique Des Petits Hauts

Où ? Les Frigos Ardents

« C’est le lieu où je me rends avec mes copines, mon amoureux et même, ma famille. Ici, on favorise l’échange, la mixité sociale et cela donne une ambiance hyper positive. J’aime cet esprit guinguette avec ses foodtrucks qui proposent des produits frais… On peut siroter des jus maison, mon préféré : le pomme cassis. C’est comme une petite bulle loin de l’effervescence de l’hypercentre. »

Actu

Sortie de la collection d’automne chez Des Petits Hauts. Chaque jour des nouvelles publications sur son instagram lifestyle @sweet.moo où elle partage son quotidien de maman. Des Petits Hauts 5, rue des Clercs www.despetitshauts.com Manteau court, jean, chaussettes et mocassins chez Des Petits Hauts T-shirt American Vintage


Photo Romain Gamba

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Fondatrice du showroom mariage Mannda

Où ? Le Jardin Botanique

« Il me rappelle des jolis souvenirs d’enfance avec ses aires de jeux, ses arbres et plantes aux noms imprononçables, et sa serre où l’on pouvait observer les tortues. Ce lieu me fait aussi penser à ma famille car c’est ici que nous venions prendre nos photos : je vois encore mon fils partager sa balançoire avec ses copains. J’ai longtemps aimé m’asseoir sur un banc pour observer toutes ces mariées durant leur séance photo… le début d’une belle vocation. »

Actu

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Ouverture du showroom. Un lieu intimiste unique qui propose une sélection de robes de mariées pointues, modernes et exclusives. Uniquement sur rendez-vous contact@mannda.fr Instagram : mannda_larobe_lamariee Robe et collier chez Bichette

Photo Romain Gamba

Monika Misiraca 36 ans


Claire Benalouache 31 ans

Photo Romain Gamba

Fondatrice de la boutique déco La Brea

Où ? Moules Fripes

« J’ai toujours aimé mixer vintage et moderne en décoration comme dans la mode. Découverte il y a quelques années, Moules Fripes est devenue l’endroit parfait pour chiner la petite pièce exclusive qui fera la différence. Redonner une seconde vie à un vêtement, un accessoire, un objet et s’imaginer sa précédente vie, ça fait rêver non ? »

Actu

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Plusieurs pop-ups La Brea en prévision : compositions fleuries, vêtements ou accessoires, toujours 100 % français. Il se murmure aussi que l’atelier WildWild Paris sera de la partie. La Bréa 24, rue du Neufbourg Instagram : labreametz Robe années 50 et sac années 60, le tout chez Moules Fripes


Co-gérant du cabinet d’expertise comptable Gestion & Stratégies

Où ? L’Arsenal « C’est un lieu emblématique et j’aime particulièrement la statue de Xavier Veilhan qui trône devant le bâtiment. Elle reflète le dynamisme de la ville : je ne peux pas m’empêcher de faire le lien avec ma profession qui est en plein renouveau. De plus, j’ai une appétence pour le milieu de l’art, je travaille d’ailleurs avec beaucoup d’associations culturelles et des architectes. »

Actu

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Ouverture des futurs locaux de Gestion & Stratégies courant 2021 à Norroy-le-Veneur. www.gestion-strategies.fr Veste, t-shirt et pantalon Blotter Atelier chez La Cour des Hommes

Photo William Henrion

Thomas Kappel 46 ans



Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Nancy. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré et jouent au modèle. Réalisation et textes Charlotte Médot / Photos William Henrion

Nancy vu par

Justine Corre 35 ans

Fondatrice du salon de beauté Le Salon de Justine

Où ? Le passage Marceau

« Je n’aime pas les lieux traditionnels ou trop conventionnels et cet endroit remplit tous ces critères. Coincé entre deux artères, on peine à le deviner et pourtant, il nous plonge dans une ambiance historique très atypique. Malheureusement, les différents graffitis ont été recouverts mais on pourrait toujours croire que l’on déambule dans une ruelle de la banlieue londonienne. »

Actu

Un salon toujours aussi accueillant et animé. Différentes prestations beauté, bien-être, atelier et vide-dressing. De nouveaux projets pour 2021. Le Salon de Justine 15, rue Saint-Julien lesalondejustine.fr Gilet cardigan et jupe chez Après-vous

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Maud Guely 48 ans Illustratrice et graphiste

Où ? Le Muséum-Aquarium

« Dans un parcours artistique, certains lieux prennent une importance sentimentale parce qu’ils sont liés à notre propre histoire ou à certaines étapes de notre vie. Enfant, j’adorais venir ici pour observer Jojo le mérou et les animaux empaillés. Bien plus tard, j’ai été très heureuse quand l’équipe m’a proposé de réaliser la scénographie dessinée de l’exposition Moche, puis une exposition personnelle : 11 cygnes. Désormais maman, j’emmène régulièrement mon fils découvrir toutes les incroyables collections de ce musée. »

Actu

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Après le livre biographique sur Frida Kahlo (Un ruban autour d’une bombe, éd. Nada), Maud réfléchit à un nouveau projet, toujours avec les éditions Nada. Préparation d’une nouvelle exposition personnelle en 2021 à la galerie Z. Veste léopard, chemise et pantalon en velours côtelé chez Appolonie


Maxime et Valentin Blenner 33 et 35 ans Co-gérants des restaurants et bars Chez Cerise

Où ? Plan d’eau des Rives de Meurthe

« Ça représente la période du déconfinement, c’était notre point de rassemblement avec nos amis et notre famille. On s’y retrouvait pour jouer au molkky et boire une petite bière, assis sur un banc ou allongés dans un transat. C’est une chance de pouvoir bénéficier d’un tel espace de tranquillité à quelques minutes du centre. De plus, les rives sont le vraiment le spot idéal pour faire son jogging. »

Actu

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De nouveaux projets classés confidentiels sont en préparation… Chez Cerise 1, place Vaudémont Maxime : Pantalon AMI, T-shirt Officine Générale et bomber Commune de Paris Valentin : Jean AMI et pull Maison Kitsuné Le tout chez Atypic


Alexandre Seghaier et Morgane Lechaudel 26 et 25 ans Créateurs du coffee-shop Sèves

Où ? Les serres du Jardin Botanique

« On aime leur côté apaisant et dépaysant. Finalement, il n’y a pas besoin de faire des kilomètres pour s’évader ! La nature et le voyage sont d’ailleurs des sources d’inspiration quotidiennes pour notre projet Sèves. »

Actu

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Ouverture de l’atelier Sèves, au cœur de Nancy avec jus pressés, laits végétaux, petite restauration, le tout fait maison. Sèves 5, rue Saint-Dizier à Nancy Instagram : seveslatelier Alexandre : pull Knowledge Cotton Apparel et jean Closed chez Boulet Morgane : chemisier Soft Rebels et jupe Frnch chez Superhuit


Coiffeur éthique & végétal 9 rue des Carmes | Nancy 03 83 37 22 74 www.christianetlescoiffeurs.fr


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OCT DEC Jehnny Beth Arm Charlotte Adigery Murman Tsuladze Vîrus Jawhar


Lorsque les choses deviennent difficiles nous avons tendance à nous protéger, à devenir grave, à devenir inflexible. C’est justement le moment de nous adoucir et de voir comment nous pourrions jouer ou danser avec la situation. ——— La Cité.

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Jeff Bridges


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Endiguer la propagation du virus, à tout prix, peutêtre surtout celui de la culture. Quand les entreprises reprennent, quand les trains se remplissent, quand les terrasses s’étendent, les salles, elles, restent désespérément vides ou parsemées. Comment penser l’impensable ? Comment continuer à (se) nourrir ? Quelles formes inventer ? Tableau choral.

La Cité—Le dossier

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Propos recueillis par Cécile Becker, Benjamin Bottemer et Martin Lelievre Illustration Nadia Diz Grana

Refaire culture

Pierre Pelot Écrivain

Confinement, déconfinement, masques, distanciation sociale… Qu’est-ce que ça vous évoque ? Ce que cela m’évoque ? Les six mois qui viennent de s’écouler. Je vis dans une maison isolée en bordure de forêt, avec grand espace ouvert. Je ne sors pas tellement – je veux dire hors de ce petit bout de terrain. Les six mois en question n’ont pas changé grand-chose pour moi. Je vais dire ce que disent tous ceux et celles qui étaient dans mon cas : “Bien sûr, je conçois que pour les personnes vivant dans 4 m2 avec 27 enfants c’était plus compliqué.” Ça m’évoque le dévouement des personnels soignants et médicaux – au niveau des exécutants. Ça m’évoque des tas de mesures prises, souvent contradictoires, dans un assez joli foutoir. Ça m’évoque des médecins et

des professeurs tous azimuts entonnant tous des chansons discordantes et sur des rythmes et des airs différents. Une perte de confiance totale en cette engeance. Ça m’évoque des médecins de télé tenant cabinet derrière le petit écran et devenant des sortes de vedettes bafouillantes, à eux et elles seuls déversant des cataractes de propos d’une banalité effarante que nous étions tenus et sommés de gober sans barguigner. Des toubibs surtout. Cela m’évoque des consignes élémentaires données et serinées à en perdre le souffle et la plupart du temps non respectées… Vous qui êtes déjà « isolé », cette période de confinement a-t-elle modifié votre façon de vivre ? Pas vraiment. Le silence s’est abattu sur le monde ! Ça c’était plutôt étrange et agréable. « Les gens » sont moins venus à la maison… Sinon j’ai continué à écrire et

peindre. C’était un peu plus difficile. Moins de disponibilité, dirons-nous. Le vide était dehors, pas dedans… Depuis, nous sommes nombreux à rêver d’un retour à la nature… Il me semble que c’est facile de comprendre que des enfermés dans du béton ou dans une ville aient envie d’en sortir. Les prisonniers ont envie de s’évader, non ? Les paysages dans lesquels on surnage et on flotte, c’est l’équilibre. J’aime les arbres. J’aime les prés, les sous-bois et les sur-bois. C’est mon environnement, mon atmosphère, c’est ce dans quoi je respire. A-t-on besoin des autres ? Évidemment. Je me vois mal survivre longtemps sur une île déserte. C’est un roman d’Henry Quefelec, adapté au cinéma par Jean Delanoy : Dieu a besoin des hommes. Ce titre dit bien ce que je veux dire… Bien


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sûr qu’on a besoin des autres. Pas de tous et pas systématiquement, mais de quelquesuns et quelques-unes avec qui il fait bon respirer. On a besoin des arbres pour respirer, du soleil, de la pluie, pour vivre. Tout ça c’est les autres aussi. Pas que les animaux-humains. Qu’est-ce ce que cette période fait à votre écriture ? Rien. Je ne sais pas. J’ai écrit… Un bouquin qui doit sortir en janvier prochain. Mais je ne pense pas que cette période ait changé ma manière. Ce qui peut changer une manière d’écrire c’est l’histoire que cette manière raconte, c’est tout. Dans une précédente interview publiée dans le magazine Novo, vous en appelez à « la désobéissance civile pour survivre », à quoi ressemblerait cette désobéissance en temps de crise sanitaire ? Je ne sais plus pourquoi j’en appelais à cette extrémité. Parfois, oui, je crois qu’il faut. Qu’il faudrait. En temps de crise sanitaire, pareil. Ça ne change rien. Comment faire pour être heureuse et heureux quand tout va mal et que les perspectives pour se nourrir (intellectuellement parlant) restent désespérément floues ? Comme on fait depuis toujours quand on cherche un chemin dans le brouillard. Essayer de trouver des repaires et des bornes de signalisation… Avancer à tâtons, par la force des choses, plutôt qu’au pas de course, à toute berzingue. Comment rêvez-vous ce monde d’après qui a finalement, déjà disparu ? Je ne rêve plus. Penser à demain est dangereux et carrément illusoire. Il ne faut compter que sur aujourd’hui.

Aujourd’hui, que défendez-vous ? Ma respiration jusqu’à ce soir ! Mon écriture, je pense. Ma peinture aussi. Ma manière d’exister encore chez les arbres.

Amandine Truffy

Co-directrice artistique de la compagnie Pardes Rimonim, à Metz « On a perdu un tiers de nos dates cette saison mais on fait partie des plus chanceux même si ça fait sept mois que je n’ai pas joué, ce qui ne m’était jamais arrivé. Mais on se sent soutenus, attendus, les gens disent qu’ils pensent à nous et c’est très émouvant. Maintenant il faut voir comment seront utilisés les moyens du plan de relance : vers quels territoires, quels leviers faut-il actionner ? La période est plus que jamais propice à repenser complètement notre secteur : la crise a constitué un choc qui a mis en évidence la vulnérabilité du spectacle vivant. Ça fait vingt ans que l’on travaille dans l’urgence, que la situation du secteur se dégrade, et ce qui est positif c’est qu’actuellement il y a un dialogue entre le public, les lieux et les compagnies, par exemple à travers l’initiative nationale Nos Cercles. On réapprend à se connaître et à travailler collectivement. » www.ciepardes.com

Aurélie Amiot

Artiste plasticienne, en charge de la direction artistique de la Galerie Modulab, à Metz « Pendant le confinement, nous avons pu mettre en place de nouveaux outils : les viewing rooms en ligne, une reconstitution d’espaces en 3D dans lesquels vous pouvez vous balader virtuellement pour visualiser des œuvres. Les réseaux sociaux et notre site Internet ont été une manière de maintenir le

lien avec le public, nous avons également mis en place une plateforme professionnelle pour diffuser le travail d’un artiste. Tout ça a été nouveau pour nous car nous n’avons jamais eu le temps de développer ces outils-là, ils nous ont permis de rebondir même s’il nous faudra encore un peu de temps pour nous familiariser avec ces nouvelles manières de faire. Peutêtre seront-ils amenés à se pérenniser ? C’est intéressant parce que ça nous permet d’expérimenter d’autres supports, un autre rapport à la diffusion… Tout ça a changé le rapport à la médiation, même si, avec le recul, je trouve qu’en rompant le contact direct, on perd quelque chose. C’est une sorte d’étrangeté… » www.modulab.fr

Alexandre Birker

Directeur de Scènes et Territoires, association pour le développement culturel de l’espace rural, à Maxéville « Depuis cet été, nous sommes en train de relancer la machine malgré les contraintes sanitaires et l’incertitude omniprésente. C’est vrai que parfois on se décarcasse pour des demi-jauges, qu’on sent des hésitations de la part des bénévoles, du milieu scolaire, des élus notamment dans des territoires ruraux où on risque de perdre la présence du spectacle vivant. Mais face à cette complexité, on doit faire feu de tout bois ! Cette crise a renforcé la pertinence du travail de Scènes et Territoires : lorsque les artistes en résidence se mêlent à la population, ça donne à leur action un sens différent de celui d’un spectacle dans une grande salle, et les gens le ressentent. Il nous faut être toujours dans l’action et dans la proximité, on est conscients qu’il ne faut pas trop attendre de l’État : l’issue est d’essayer de trouver des solutions et de construire ensemble à petite échelle. » www.scenes-territoires.fr


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Tiphaine Gagne

Productrice et manageuse musicale chez Oh La La Agency, à Nancy « Avec Chapelier Fou, on a pu faire trois lives pendant le confinement sur proposition de différents sites Internet. Même si ces lives ont pas mal marché, clairement, je ne voudrais pas privilégier les livestreams. Avec toute la bonne volonté écolo, la problématique des trajets et des transports, ce n’est pas comparable aux concerts… Le drame de la crise actuelle, c’est surtout que ses effets vont se faire ressentir en décalé. C’est l’année prochaine que je serai impactée financièrement. Et le flou, plus que jamais… Je ne vois pas comment les concerts pourront reprendre. L’espoir, c’est la fin de la pandémie mais pas de retour à l’avant pour autant. Il faut se lancer dans quelque chose de plus durable, de plus solidaire, de plus proche de valeurs qu’on a eu tendance à oublier jusque-là. Arrêter la surenchère, y compris en matière de production culturelle. C’est facile à dire, mais suite à cette folie 2020, comment ressortir plus forts et intelligents ? Pour moi, ça veut dire produire moins, moins d’albums, à moins grande échelle, moins de grands festivals, et revenir à des choses plus humaines, moins dans l’optique du remplissage de jauge… C’est compliqué, ça remet en question plein de choses. » Facebook : Ohlala.agency

Anthony Gaborit

Chargé de communication de L’Autre Canal, scène de musiques actuelles à Nancy « Il y a cette tristesse de ne pas pouvoir organiser de concerts dans des conditions “normales”. Cette tristesse, tout le monde la ressent et elle est d’autant plus présente pour

les groupes. Ne pas jouer ou jouer devant une salle à moitié pleine et masquée ? Je pense qu’il va falloir s’y habituer, on est parti pour un moment. Et puis, on a parlé des intermittents mais quid des tourneurs, des labels, des éditeurs à qui l’on pense plus rarement ? Demain, L’Autre Canal sera toujours debout, mais qu’est-ce qu’on fera si toutes ces petites structures coulent ? S’agissant de cette rentrée culturelle, on attend de voir comment le public réagira… mais je crois que si les gens ont envie de venir, ils viendront. »

Alain Brohard

Directeur artistique de L’Autre Canal, scène de musiques actuelles à Nancy « La volonté de L’Autre Canal, c’est d’accroître le soutien à la scène locale. Nous avions déjà amorcé la démarche, mais la crise sanitaire a accéléré le processus. Suite à la période de fermeture, l’activité qui a repris en premier a été l’accueil de résidence, cela fait justement partie de cette démarche de soutien. Face aux annulations d’artistes internationaux, aux tournées des “têtes d’affiches” françaises reportées, nous avons rapidement choisi d’aider les talents du Grand Est dans une plus grande proportion : sur 100 groupes/artistes programmés pendant l’Été Indien, 70 étaient issus de la région. Bon nombre d’entre eux ont pu bénéficier de journées de travail sur scène afin de préparer leur concert, après ces longs mois d’inactivité. » lautrecanalnancy.fr

Laurence Lang

Secrétaire générale et directrice artistique par intérim du théâtre Le Carreau, à Forbach « La plupart de nos dates ont pu être reportées mais il nous reste des lieux d’accueil à définir pour des dates hors les murs, notamment

parce que les travaux dans notre deuxième salle ont pris du retard. Sans parler des projets franco-allemands comme le festival Loostik ; outre-Rhin les normes sont très strictes, on est amenés à chercher d’autres lieux pour contourner les difficultés. En tant que scène nationale, notre existence n’est pas en danger, je pense plus aux petites compagnies. Pendant le confinement, certaines m’ont confié se sentir inutiles : je leur disais que l’art n’est pas utile, il est nécessaire. Je pense par exemple aux scolaires qui risquent de ne plus pouvoir faire de sorties pour voir des spectacles ; leur santé psychique est aussi importante. Nous continuons à nous réinventer comme nous le faisons depuis longtemps sur un territoire difficile, en suivant notre credo : lutter contre le repli sur soi. En cela, la crise constitue un défi supplémentaire. » carreau-forbach.com


Le tiers-lieu messin Bliiida pilote trois dispositifs offrant à des porteurs de projets innovants un accompagnement sur la voie de l’entrepreneuriat. La Cité—La société

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Par Benjamin Bottemer

De l’idée au marché

Le Mido, l’atelier partagé de Bliiida pour la conception et la réalisation de prototypes et d’objets.

Au sein de la ruche Bliiida se croisent chaque jour artistes et artisans, travailleurs indépendants, start-uppers... La plupart sont entrepreneurs. Depuis 2018, l’équipe de Bliiida coordonne trois dispositifs d’accompagnement qui dispensent formations et conseils, aident à la mise en réseau et au financement de projets émergents. De l’incubateur The Pool, qui dispense un accompagnement quotidien à une vingtaine de jeunes pousses, aux programmes Fluxus et ESS We can, consacrés aux projets culturels et à l’économie sociale et solidaire, les profils sont variés, l’ambition, commune. « Les projets que nous accompagnons correspondent toujours à l’identité Bliiida : une

envie de changer le monde, solidaire, collective, basée sur le partage des expériences et des connaissances », décrit Frédéric Lecoin, directeur du lieu. The Pool, avant le grand bain En octobre, entre cinq et dix nouveaux projets rejoindront les locaux de The Pool, l’incubateur installé au cœur du tiers-lieu. Après trois mois de « Starter class » collective, rythmés par les échanges et les formations, un jury détermine si le projet peut passer en « incubation individuelle ». En partant d’une idée, on apprend essentiellement à la structurer, à communiquer, financer et produire. « Ce qui nous intéresse

chez un porteur de projet, c’est son esprit d’entreprise, sa capacité à apprendre et à s’inscrire dans un marché », explique David Lakomski, chargé d’affaires à Bliiida. Au programme : business plan, formations individualisées pendant maximum deux ans avec des entretiens réguliers pour évaluer l’avancement du projet. « Il s’agit de faire gagner du temps à un porteur de projet, de lui montrer qu’il n’est pas seul, sans pour autant faire les choses à sa place, poursuit David Lakomski. The Pool permet aussi aux incubés de se retrouver entre pairs, et également de se confronter, au sein de Bliiida, à des cultures différentes. »


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Fluxus, le mouvement artistique Fluxus, dispositif à l’initiative de la DRAC Grand Est, est né d’un constat : le manque d’accompagnement à l’entrepreneuriat des projets culturels et artistiques, portés par des acteurs souvent peu familiers du monde de l’entreprise. « Parfois, c’est la première fois qu’ils entendent parler de business plan, explique Fabrice Jallet, chargé de mission entrepreneuriat et incubation à Bliiida. Ce sont pourtant des entreprises, qui auront affaire à des clients. On leur apporte un vocabulaire et une méthode. » Treize lieux répartis dans huit villes du Grand Est et une quinzaine de partenaires institutionnels participent à ce dispositif coordonné par le tiers-lieu messin. Pendant un an, les projets sélectionnés y suivront des formations généralistes aux côtés d’intervenants spécialisés. « Chaque lieu a des compétences et des ressources différentes, du Shadok à Strasbourg pour le numérique à l’Agence culturelle Grand Est pour l’audiovisuel et le spectacle vivant, en passant par la Cité de l’image à Épinal, qui vient de nous rejoindre », décrit Fabrice Jallet. Un parrain et un référent sont désignés pour un suivi régulier avant un Summer camp en forme de bilan, à l’issue d’une période d’incubation qui dure une saison. ESS We can, penser utile La troisième promotion d’ESS We can rassemble des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire, qui apprendront six mois durant les ficelles de la gestion d’entreprise. « Originalité, viabilité, disponibilité sont nos critères, explique Fabrice Jallet. Ils sont souvent en reconversion, avec une vie professionnelle à côté : on doit les aider tout en étant réalistes et exigeants. » ESS We can a pour objectif de « fertiliser » le territoire messin avec « des idées à impact positif » qui peuvent, à Bliiida, se nourrir l’une l’autre : Pierres Feuilles Ciseaux, qui souhaite recréer une filière de fleurs locales, va ainsi travailler avec Un Jardin pour 2 mains, jardin partagé à Rémilly. « On essaye d’apporter de la bienveillance dans le secteur économique : voir un projet émergent comme un nouvel acteur et pas forcément un concurrent », indique Fabrice Jallet, qui accompagne les 80 entreprises installées à Bliiida ; et que ces « incubés » rejoindront peut-être pour continuer à partager les ressources et les inspirations du tiers-lieu. bliiida.fr

Elles et ils y sont passés Emily Evans, création de la compagnie Brûlante Fluxus depuis septembre 2019

« Les écoles d’art ne m’ont pas toujours appris à monter ou à financer un projet. Fluxus m’a apporté des connaissances et a permis des rencontres qui seront précieuses afin de créer mon premier spectacle L’Odeur du gel, mais aussi pour l’avenir de ma compagnie. » Nathalie Barotte, Un Jardin pour 2 mains, jardin partagé et pédagogique ESS We Can depuis décembre 2019

« Je connaissais déjà le monde de l’entreprise mais ESS We can m’a conseillé dans d’autres domaines, apporté des contacts et des retours d’expériences. J’ai beaucoup apprécié le soutien constant qu’on nous accorde, l’esprit de groupe et d’entraide. »

La promotion 2019 du dispositif Fluxus.

Maxime van der Hove et Soel Kerimici de Easy SAV, site web ressource pour chauffagistes en intervention The Pool depuis septembre 2019 « The Pool nous a appris à prendre de la hauteur, à savoir parfois se détacher du produit. Nous sommes un pur produit Bliiida : nous avons travaillé avec son équipe mais aussi avec des indépendants issus de l’espace de co-working. »


La Cité—La société

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Frédéric Lecoin Nouveau directeur de Bliiida

Diplômé de Sciences Po Paris, Frédéric Lecoin est arrivé en mars 2020 de France Télévisions où il travaillait déjà sur les questions liées à l’innovation et au numérique. Quel était votre rôle au sein de France Télévisions ? J’étais chargé de créer les conditions pour apporter de l’innovation à France Télévisions, en la mettant en relation avec des start-ups par exemple, mais aussi en aidant les employés à monter leur propre projet pour s’inscrire dans l’activité du groupe. Qu’est-ce qui vous a attiré à Bliiida et comment percevez-vous votre rôle en tant que directeur ? J’ai été attiré par l’idée de faire vivre un lieu en constante évolution et d’être en relation avec des résidents aux profils très divers. Je me vois comme un facilitateur aux côtés de résidents qui explorent des solu-

tions pour faire face aux bouleversements sociétaux, numériques, écologiques... Où en est le projet d’aménagement et de développement de Bliiida, baptisé « Territoire des possibles » ? Les travaux devraient débuter à la fin de l’année. Nous allons séparer les espaces de travail entre une menuiserie pour les activités « à nuisance » et un espace art et design. Une Halle du numérique accueillera les start-ups en « post-incubation » qui entrent dans la phase de commercialisation de leurs projets. Un restaurant et une brasserie sont également prévus. Cette transformation de Bliiida sera aussi celle de l’ouverture au public ? Oui, c’est une ambition depuis le début du projet mais le bâtiment et son fonctionnement n’étaient pas adaptés à un accueil du public autre que ponctuel. L’ouverture de Bliiida permettra de montrer ce qui se

fait ici, et aussi d’organiser des moments conviviaux, des ateliers, des projections, des projets éducatifs... Cette ouverture au public doit-elle aider à changer l’image de Bliiida, vu parfois comme un lieu fermé pour geeks et startuppers ? Ce que j’ai vu à Bliiida depuis mon arrivée, c’est tout le contraire de l’entre-soi. Il y a bien des geeks et des startuppers à Bliiida mais aussi des banquiers, des écolos... qui ont des projets, des cultures et des personnalités très différentes : la richesse de ce lieu, c’est sa diversité. L’entraide et la solidarité sont dans l’ADN de Bliiida, on a pu le voir par l’implication des résidents dans la crise sanitaire. Ces derniers ont en commun l’ambition d’innover pour construire le monde de demain, de façon alternative mais en partage avec le reste de la société.


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CONCERTS

Un n site du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle

LE CONCERT LORRAIN – « LES ARTS À L’ÉPOQUE BAROQUE » Anne-Catherine Bucher, Stephan Schultz & Judith Gauthier 01.11 2020 - 16h CLASSIQUE : TRIO MORGENSTERN – « FEMMES COMPOSITRICES »* Germaine Tailleferre, Lili Boulanger & Fanny Mendelssohn 15.11 2020 - 16h

MUSIQUES DU MONDE : INTERZONE Serge Teyssot-Gay & Khaled Jaramani 29.11 2020 - 16h MUSIQUES LIBRES Pedro Soler & Gaspar Claus + Trio Bez-Huby-Sakai 13.12 2020 - 16h

CHAPELLE DU CHÂTEAU DE LUNÉVILLE chateauluneville.meurthe-et-moselle.fr @chateauluneville 03 83 76 04 75 Avec le soutien financier de la Région Grand Est

*En partenariat avec l’ALMC et la Fondation Jeunes Talents Chapelle du château conception : C. Zuccali - CD54 sur maquette mediapop-starlight - © Lambada - Septembre 2020


L’un est de Metz, les autres sont de Nancy. S’il est hors de question d’opposer nos deux villes chéries, analysons donc ce que ces musiciens made in chez nous ont dans le ventre. La Cité—La musique

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Par Benjamin Bottemer

© Louis Perruchaud

NCY Milky Band vs Romain Muller

NCY Milky band Héritiers d’un « groove français », la formation nancéienne croise funk, hip-hop, électronique et augmente la dose de jazz pour son futur album. Avec Louis Treffel et Quentin Thomas, claviériste et saxophoniste du groupe.

Le son « On ne se pose jamais la question de l’étiquette, nos influences sont multiples à l’image de notre album de covers Our Gurus, qui est comme une mixtape où on reprend Boards of Canada, Gainsbourg, Madlib ou Dorothy Ashby... On évoque aussi l’héritage d’un groove français des 70’s, un groove organique et léger incarné par Jean-Claude Vannier, François de Roubaix ou Bernard Estardy. Depuis 2019, NCY Milky band compte de nouveaux membres qui ont une forte culture jazz, ce sera l’empreinte de notre futur album. »

L’album « On l’a enregistré dans les conditions du live, en jouant tous en même temps : c’est plus vivant, plus risqué aussi, mais il y a un vrai feeling. Notre musique a plus de sens lorsqu’elle est jouée ainsi, pour favoriser l’improvisation et le groove. La sortie est prévue début 2021 et un premier morceau sortira déjà fin septembre. » Le label « Black Milk music records a été fondé à Nancy il y a dix ans [par Joseph Petitpain et Louis Treffel, qui était aussi le bassiste de M.A. Beat ! ndlr]. Aujourd’hui, il rassemble des


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groupes autour d’un studio et d’une structure qui aide chacun à se professionnaliser et à se diffuser : The Fat Badgers de Strasbourg, le projet jazz The Storm Watchers et Ghost in the tape, fondés par d’ex-membres de M.A.Beat ! ou Franck Flower pour Nancy mais aussi LTF, un projet hip-hop et funk russe, Émile Sornin de Forever Pavot avec La Récré... On en retrouve plusieurs dans notre compilation BMM records vol.1, sortie en juin en vinyle. » La ville « Il y a deux lieux où l’on vit notre musique à Nancy : le studio de Black Milk Music, un grand lieu de rencontres où on organise souvent des jams, et une coloc’ du côté du quartier des Trois Maisons, où les musiciens se succèdent depuis des années. Ceux qui aiment le jazz, le hip-hop et la funk à Nancy, c’est là-bas qu’ils doivent aller ! »

Romain Muller Le chanteur et compositeur messin Romain Muller poursuit sa discoromance en s’engageant dans un long format après son EP Bain de minuit. Étienne Daho, Blonde Redhead ou encore Alain Souchon sont conviés au mariage des influences. Le son « En solo je me dévoile davantage, j’écris des choses plus personnelles et plus profondes qu’avec Posterboy machine, mon précédent groupe. Mes influences vont du rock à l’électro en passant par la variété française : je peux aussi bien accrocher sur la guitare de Blonde Redhead qu’apprécier le côté cœur tendre de Souchon, mais aussi Gainsbourg, Étienne Daho, Véronique Sanson... et la disco aussi ! Dans mes textes comme dans ma musique, j’essaye d’aller à l’essentiel, de trouver les mots justes et pour le son, d’aller au plus minimal. Il y a un côté ritournelle qui me plaît bien, et qui n’a rien de simple à réaliser. »

© Romain Gamba

Nouveau single Burn’IN en attendant Love Alert www.blackmilkmusic.fr

L’album « Je l’ai écrit en deux mois, juste après la sortie de Bain de minuit. Il y aura donc logiquement une vraie continuité entre l’EP et l’album, mais avec la possibilité de raconter une histoire plus longue, un passage de titres lumineux à des choses plus sombres dans la seconde partie. La sortie est prévue au printemps de l’année prochaine. » Le label « Coco machine a été créé pour défendre et mettre en avant des artistes que j’aime beaucoup comme 2Pan Heads, le Baguette crew et Rémi Saint Jacques de Bellecroix. J’ai souvent été refroidi par le discours très stratégique des labels : Coco machine veut conserver une rigueur mais aussi garder une proximité, un côté humain, un sens de l’écoute. C’est aussi une cour de récré, notamment avec nos soirées ! »

La ville « Je suis né à Épinal, j’ai habité à Strasbourg mais Metz est ma ville de cœur. Dès mon arrivée, j’ai fait beaucoup de rencontres, notamment à Bliiida : Romain Gamba [également photographe pour Zut, ndlr], qui réalise mes clips, Céline Kriebs ma graphiste... Le projet est à mon nom mais l’univers existe grâce à eux. Metz est un grand village où les connexions sont rapides et faciles, et où vivent et travaillent des artistes aux pratiques très différentes, qui m’inspirent beaucoup. » Nouveau single disponible Un Parapluie pour deux En concert le 10 novembre à la BAM à Metz www.cocomachine.fr


Dans ses bandes dessinées, Baru dépeint la classe ouvrière du bassin minier de son enfance, la culture populaire, les luttes traversées d’instants de grâce. Sa nouvelle série Bella Ciao évoque un siècle d’immigration italienne. La Cité—L’entretien

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Par Benjamin Bottemer Portrait Arno Paul

La résistance en héritage

Hervé Barulea alias Baru a débuté sa carrière dans les pages du magazine Pilote au milieu des années 80 avec Quéquette blues : les copains, le rock’n’roll, une cité ouvrière de l’Est, le choc des générations, la lutte pour exister et s’affirmer... tout était déjà là. Par la suite, chaque album enrichira le « portrait de classe » que dessine depuis trois décennies ce fils d’ouvrier italien né à Thil, près de Villerupt, récompensé par deux Prix du meilleur album et un Grand prix à Angoulême. Depuis Les Années Spoutnik ou la Guerre des boutons à l’ombre des hauts-fourneaux à La Piscine de Micheville entre baloches, bistrots et terrains de foot, du Chemin de l’Amérique, histoire de boxe et d’amour, en passant par ses albums aux airs de romans noirs comme L’Autoroute du Soleil, Fais péter les basses, Bruno ! ou Pauvres Zhéros, c’est « cette violence sociale faite aux miens » que l’auteur reconstitue de son trait vivant et dynamique. En cette rentrée, après plusieurs années de silence et de travail, il livre le premier tome d’une ambitieuse série baptisée Bella Ciao. Entre bonheurs et drames, comme toujours chez Baru, c’est la question de l’intégration, du « prix à payer pour devenir transparent » qu’il aborde, voyageant entre les époques, entre l’Histoire et les histoires.

Le premier tome de Bella ciao est paru en septembre, sept ans après votre dernier album. Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce projet ? Ça aurait pu être mon premier album ! J’y pense depuis le début des années 80, mais à la première occasion je m’y dérobais. Bella Ciao complète une sorte de trilogie que j’ai un peu écrite à l’envers : Quéquette blues se passe en 1965, Les Années Spoutnik, sorti entre 1999 et 2003, se déroule en 1957 et Bella Ciao nous fait remonter le temps jusqu’à la fin du XIXe siècle, en tout cas dans sa première partie. Après avoir parlé de ceux que Fellini aurait appelé les vittelloni, les « petits veaux » [d’après le titre de son film sorti en 1953, ndlr], ces enfants et adolescents mieux intégrés, j’aborde l’histoire des parents et des grands-parents. Bella Ciao débute par le lynchage survenu à Aigues-Mortes en 1893, lorsque des ouvriers français et la population locale s’en sont pris aux ouvriers venus d’Italie, tuant dix d’entre eux. Pourquoi avoir choisi cet événement en ouverture ? Pour que le lecteur perçoive d’emblée que tout ce que les immigrés italiens ont acquis par la suite découle de cet événement. Bella Ciao parle d’intégration, du prix qu’il

a fallu payer pour devenir transparent, ce qui ne veut pas dire invisible : les immigrés ont beaucoup apporté à la société française ; j’en suis heureux, je suis un féroce intégrationniste ! J’espère d’ailleurs que les lecteurs de Bella Ciao comprendront que je parle ici de tous les immigrés. D’Aigues-Mortes en 1893, on est ensuite transportés au milieu d’une communion en 1961 où dialoguent les générations, puis lors de la montée du fascisme en passant par la fin des années 60. Pourquoi avez-vous opté, contrairement à votre habitude, pour une telle chronologie ? Bella Ciao parle de mémoire, il m’a paru évident qu’il fonctionne de la même façon, par associations d’idées. J’utilise le trait et la couleur pour distinguer la réalité stricte de la fiction, les moments où je parle de ceux où la parole est donnée à Teodorico Martini, qui est un archétype d’immigré de la seconde génération comme moi. Vos histoires semblent fortement inspirées de votre vécu, pourtant vous parlez de « miettes autobiographiques ». Depuis mes débuts, je fais de la bande dessinée pour mettre en majesté ma


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La Cité—L’entretien

classe : la classe ouvrière, pas pour parler de moi. Mes albums composent un portrait de classe. Quéquette blues était déjà un portrait de groupe, mais comme j’étais le narrateur on l’a perçu comme un portrait de moi... Depuis je fais très attention à cela pour que l’on m’épargne cette étiquette autobiographique. Vos expériences, votre histoire et celles de vos proches sont tout de même à l’origine de tout ce que vous racontez... On retrouve de moi partout et nulle part en même temps. Ces « miettes autobiographiques » cessent de l’être lorsqu’elles sont prises dans un récit qui les dépasse : mettre

« Je fais de la bande dessinée pour mettre en majesté ma classe : la classe ouvrière. » bout à bout mes expériences personnelles n’aurait eu aucun intérêt. Je suis un raconteur d’histoires et donc un menteur professionnel ! Je cours depuis mes débuts après un effet de réalité pour amener une meilleure compréhension des choses, pour créer des fictions qui renvoient à une lecture du monde. Bella Ciao, l’hymne des partisans qui est le titre de votre nouvelle série, est d’ailleurs lui aussi une fiction, un mythe comme vous le racontez dans ce premier tome. Que représente cette chanson pour vous ? J’avais d’abord choisi ce titre pour la raison très simple que Bella Ciao étant l’hymne des partisans qui luttaient tout à la fois contre les nazis et contre le fascisme mussolinien, il relia les immigrés italiens à

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leur histoire. J’ai découvert en cours d’écriture que c’était beaucoup plus compliqué que cela et j’ai dû me résigner à quelques révisions déchirantes, mais je crois être retombé sur mes pieds au profit du récit.

au plus profond de nous, qui est très lié au corps. C’est pour moi une réserve inépuisable d’énergie et de joie qui m’a beaucoup aidé à supporter les périodes difficiles. J’en écoute toujours lorsque je dessine.

« Ce qui compte, c’est les millions de gens pour lesquels Bella Ciao est et restera une chanson de résistance », comme le dit Antoine, l’un des protagonistes. Même si les partisans ne l’ont jamais chanté, c’est devenu un hymne à la résistance pour d’autres générations, dont la mienne. Quand je bois un verre avec des amis, on l’entonne à pleins poumons... C’est quelque chose que je partage « maintenant ». C’est ce « maintenant » qui m’intéresse : mon album Bella Ciao s’adresse aux gens d’aujourd’hui.

Pour évoquer à nouveau cette culture populaire à laquelle vous rendez largement hommage, qu’en est-il du polar ? Plusieurs de vos histoires s’inspirent du genre, que vous avez aussi adapté. Je parlerais plutôt de roman noir. Longtemps, BD, rock et roman noir ont été au même niveau : dans le caniveau. Quand tu aimais le rock souvent tu lisais du roman noir et de la BD, qui constituent pour moi la littérature du monde contemporain, celle qui dépeint le mieux le monde d’aujourd’hui.

On y retrouve plusieurs des thèmes qui composent votre œuvre : la famille, l’amitié, le communisme... Car ce sont des outils d’intégration, des armes même. La famille représentait, pour les classes dominées, un groupe uni face à l’adversité du monde. De la même façon, le communisme a été pour ceux qui n’avaient pas été à l’école un outil intellectuel pour se comprendre, retourner le rapport de force à leur avantage. Moi, grâce à l’école, aux études, sur lesquelles mes parents comptaient beaucoup pour faire face au déterminisme social, je me suis éloigné de ma classe... pour ensuite la mettre en scène, lui rendre hommage dans mes albums. Elle existe toujours, même si elle est niée par les classes dominantes : que la classe ouvrière ne se reconnaisse plus comme telle est la plus grande victoire du capitalisme.

Quel regard portez-vous sur la bande dessinée en 2020 ? D’une part, par rapport à mes débuts il y a une tendance beaucoup plus forte à publier des histoires comme les miennes, c’est-à-dire qui racontent le monde tel qu’il est. Les publications de tous genres se multiplient, ce qui est génial pour les lecteurs, moins pour les auteurs : beaucoup sont publiés dans des conditions indignes, souvent par de petits éditeurs qui n’ont pas les moyens de les rémunérer décemment. Il y a un encombrement du marché mais le gâteau n’a pas beaucoup grossi. Il y a peu d’espoir qu’un auteur qui débute aujourd’hui connaisse une longévité comme la mienne, à part pour celui qui trouvera une formule qui fait vendre.

Le rock’n’roll est également très présent dans vos albums : un outil de résistance lui aussi ? J’ai vite compris que le rock’n’roll n’était pas une musique de rebelles, plutôt du bruit qui va chercher quelque chose

Où en est la réalisation des deux prochains tomes de Bella Ciao ? J’en ai presque achevé le scénario, et je tiens ma fin... dans le second tome, la Seconde Guerre mondiale aura une place importante. J’évoquerais notamment l’histoire du camp de prisonniers de Thil et de l’évasion organisée par des résistants pour


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en faire sortir les Européens de l’Est qui y étaient détenus. J’y parlerai aussi de la question du retour au pays, de l’illusion que beaucoup ont entretenu que l’immigration n’était qu’une période transitoire ; illusion qui disparaissait avec l’arrivée des enfants, le mariage ou la naturalisation, comme l’a fait mon père pour échapper à la conscription mussolinienne. On retrouvera aussi une recette de cuisine, comme celle des capelettes à la fin du premier tome. Cette scène finale s’achève sur un clin d’œil aux Années Spoutnik, où le petit Igor a les larmes aux yeux en dégustant ces fameuses capelettes. Vos albums sont aussi remplis de tendresse, d’humour, souvent vus à hauteur d’enfant ou d’adolescent : qu’apportent à vos récits ces jeunes héros ? J’aime la soif d’absolu, la capacité d’indignation de ceux qui ne sont pas encore devenus cyniques mais ne sont plus pour autant des enfants. J’espère qu’il y a toujours cet adolescent en moi. Bella Ciao (uno), chez Futuropolis.


Ici ou là en Lorraine, les expositions reviennent. Sélection subjective de 5 expositions où il est question de flux, de libertés, de reconnexion, de plaisirs, de lignes… et de corsets. La Cité—Les arts

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Par Benjamin Bottemer

Les expos de la rentrée Le Ciel comme atelier, Yves Klein et ses contemporains au Centre Pompidou-Metz L’une des premières superstars de l’art contemporain s’invite dans une Grande Nef tout en verticalité, idéale pour évoquer le travail de celui qui traça son nom dans le ciel niçois en 1946. Avec la présence des spatialistes des groupes NUL et ZERO et des japonais de Gutai, l’exposition trace un portrait de groupe : celui de toute une génération éprise de liberté, de reconnexion avec les éléments et avec leur humanité au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Couleurs en profondeur, hymnes aux corps, à la lumière, au mouvement traversent les toiles et les volumes. Jusqu’au 1er février 2021 à Metz www.centrepompidou-metz.fr

Yves Klein travaillant à l’OpéraThéâtre de Gelsenkirchen, 1958 Photographie © Charles Wilp / BPK, Berlin © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2020

Céline Condorelli, Exposition Deux ans de vacances 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine Photo : Fred Dott

Deux ans de vacances de Céline Condorelli au FRAC Lorraine Connue pour ses travaux croisant art et architecture, Céline Condorelli a puisé dans les collections des trois FRAC du Grand Est pour évoquer l’articulation entre temps travaillé et temps libéré. Loisirs et espaces publics, expérience de notre temps dédié aux loisirs ou au travail, structures, lieux et institutions qui les soutiennent... en dialogue avec ses propres œuvres, l’artiste propose une exposition comme un espace de frottement qui confronte plaisirs partagés, contraintes communes et réalité physique individuelle. Version été jusqu’au 30 octobre, version hiver du 3 novembre au 24 janvier à Metz www.fraclorraine.org


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Suivez-moi jeune homme au Musée de l’Image Huit structures muséales et des collectionneurs privés contribuent à cette exposition consacrée aux images de la mode féminine de 1850 à 1939. De la gravure de mode, qui connaît son âge d’or au XIXe siècle à la toute jeune photographie, celles-ci reflètent l’évolution des styles mais aussi celle des mœurs et du statut des femmes, que les premiers magazines et les grands magasins font entrer dans l’imaginaire populaire. Les « toilettes politiques » de l’impératrice Eugénie côtoient les illustrations moquant la mode du corset, les premières réclames et l’explosion de la presse féminine. Du 17 octobre au 3 janvier à Épinal museedelimage.fr

Studio Reutlinger, Paris – Portrait de femme, 4e quart du XIXe siècle Coll. Musée Nicéphore Niépce Ville de Chalon-sur-Saône Photo : S. Jouanny Paul Iribe Femina (couverture) 15 février 1912

Le droit des objets à (se) disposer d’eux-mêmes au Musée des Beaux-Arts Nouvelle collaboration entre un musée nancéien et le Centre National des Arts Plastiques après Zone de confort en 2015 et Le Grand détournement en 2017, et nouvelle promenade au sein de la collection design du CNAP (Centre national des Arts plastiques), installée parmi les collections du Musée des Beaux-Arts par l’artiste Pierre Gliner. Des pièces de Ronan et Erwan Bouroullec, Laureline Galliot, Bless à Constance Guisset ou Enzo Mari se confrontent au musée, où se déploient également les 8 000 objets de la collection du CNAP grâce à une œuvre numérique générant des expositions virtuelles. Jusqu’au 18 janvier à Nancy musee-des-beaux-arts.nancy.fr Constance Guisset, Trois conversations, 2014 © Adagp, Paris, 2020 / Cnap Photo : Constance Guisset Studio

Archive élastique de Merlin Carpenter à la Synagogue de Delme Le village de Delme est traversé par une route fréquemment empruntée par camions et convois exceptionnels : c’est le point de départ choisi par Merlin Carpenter, incarnant les flux sempiternels de notre système économique. Pour l’occasion, l’artiste transformera la synagogue en entrepôt de stockage, ou lieu d’archivage, occupé par plusieurs hautes colonnes de cartons sur palettes, comme en attente d’être chargées et distribuées vers d’énigmatiques destinations. Une nouvelle relecture du lieu, véritable tradition pour la structure mosellane. Du 24 octobre au 31 janvier à Delme cac-synagoguedelme.org


La Cité—Les instants flash Par Aurélie Vautrin Photo Arno Paul Assistante Suzie Maya

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La vie secrète des femmes Julia Kerninon

Elle a le verbe haut, le regard aiguisé, un petit air effronté qui cohabite avec une touchante humilité. À trente et quelques années, Julia Kerninon vient de publier son cinquième roman aux éditions de L’Iconoclaste, le portrait d’une femme-fille-mère libre, à la vie intense, secrète – multiple : Liv Maria. Un livre qui, s’il résonne furieusement dans l’actualité, a pourtant été commencé il y a 17 ans. « J’avance toujours sur plusieurs manuscrits à la fois, ça m’évite de stresser et permet à chaque histoire de mâturer. C’est le cas ici : le sujet de Liv Maria m’est apparu encore plus sensible au moment où je suis devenue mère. Comment fait-on cohabiter la personne que l’on était avant, avec ses expériences parfois contradictoires et pas

toujours maternelles, avec celle que l’on est à présent ? » Comme dans ses précédents récits, Buvard ou Ma dévotion par exemple, Julia Kerninon explore la féminité sous toutes ses formes, les mensonges, les omissions, les non-dits – la douceur pour conter la douleur. « Toutes les femmes ont une vie secrète – les hommes aussi d’ailleurs, mais comme ils ont tout le temps la parole, je ne vais pas en plus la leur donner dans mes livres, faut pas déconner ! Aussi, parce que toutes les valeurs associées aux femmes sont considérées comme des valeurs de merde, alors que ce sont des piliers, les enfants, les liens, la famille. » Féministe, Julia Kerninon ? Oui indubitablement, « entre autres combats », préciset-elle en souriant. Ainsi, ses livres sont

comme des puzzles, qu’elle s’amuse à remettre sans cesse en question. « Écrire un roman, c’est comme jouer aux échecs. C’est résoudre un problème que l’on s’est posé tout seul. » Inutile de préciser que la demoiselle est plutôt douée pour trouver les solutions. Liv Maria, aux éditions de L’Iconoclaste. Propos recueillis dans le parc de la Pépinière à Nancy, à l’occasion du Livre sur la Place, le 13 septembre 2020.


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Par Aurélie Vautrin Photo Arno Paul

Ses fortes failles Pomme

Opération à cœur ouvert. À 23 ans à peine, Pomme affiche fièrement une maturité non pas “sans” mais “avec” failles. « Le truc de l’artiste qui fait rêver les gens, j’ai essayé, je n’arrive pas à m’y plier. Sur l’album précédant, j’avais fait énormément de compromis pour correspondre à l’image que l’on attendait de moi, pour passer à la radio, plaire au public. Et au final, le disque n’avait pas marché » Du coup, virage à 180°, la demoiselle se ré-approprie son style, retrouve sa musique – se retrouve, elle. « Si je ne m’octroyais pas cette liberté, ça ne servait à rien de faire un autre disque. » En résulte un album arrangé le plus simplement possible, en cinq jours, avec ce quelque chose de poésie brute qui la raconte et nous

raconte à la fois. « J’avais besoin d’entendre de l’art qui parle d’imperfections, même si ce n’est pas le plus sexy ni le plus vendeur. Dans la société, les médias, y a ce truc de tout le temps bien parler, d’aller bien, de sourire. Sauf que ce n’est pas vrai. » Les Failles comme un journal intime en musique, onze titres aux paroles évocatrices, des mots sur des maux – à moins que ce ne soit l’inverse. Alors autant dire qu’empocher une Victoire de la Musique pour un disque « hyper intime » fut une vraie surprise… À l’époque, à ses côtés sur la short-list des Révélations, quatre autres chanteuses. Particularité d’une ère post #MeToo ? « Je crois surtout que c’est une histoire de regard, parce qu’il y a toujours eu des meufs

avec des choses à dire. C’est juste que là, les médias ont décidé de les mettre en lumière. Et non, il n’y en a pas trop, franchement le temps que ça se réajuste Ça pourrait encore durer 150 ans qu’il n’y aurait pas de problèmes d’inégalité inversée je crois ! » Bref, Pomme, la langue de bois, elle ne connaît pas. Et c’est très bien comme ça. Propos recueillis le 22 janvier à L’Autre Canal, à Nancy Pomme sera en concert à la Salle Poirel le mercredi 14 octobre 2020 dans le cadre du NJP.


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Pedro Soler & Gaspar Claus © Cyrille Choupas

Droit au chœur Saviez-vous que la chapelle du Château de Lunéville se transforme régulièrement en salle de concerts ? Musique classique ou baroque, musique du monde, musique actuelle… La jolie salle à l’acoustique tout particulière se prête à merveille au changement de style. Y résonneront bientôt le jazz manouche de Minor Sing en concert décentralisé du NJP, mais également l’ode aux femmes compositrices du flamboyant Trio Morgenstern en mode piano-violon-violoncelle ; les vibrations rock-orientales d’Interzone, le duo composé de Serge Teyssot-Gay – guitariste de feu Noir Désir –, et Khaled Jaramani, professeur d’oud au conservatoire de Damas ;

avant de s’enflammer sous les cordes andalouses du projet père-fils Pedro Soler & Gaspar Claus. Autre bonne nouvelle : la session de rattrapage des concerts du printemps a si bien trouvé son public cet été qu’il se pourrait bien qu’une série de concerts estivaux soient ajoutés à la dizaine de rendez-vous déjà programmés pour 2021. Changez d’air ! (A.V.) Concerts au château de Lunéville Jusqu’à décembre 2020 www.chateauluneville.meurtheet-moselle.fr


Vous vous souvenez de Je veux te voir (dans un film pornographique en action avec ta *humhum*) ? Eh bien les revoilà, toujours aussi décalé, déjanté, fou à lier ! Le duo Yelle est en effet de retour en France avec Je t’aime encore, un nouvel album explosif qui réussit la gageure d’être ultra contemporain et complètement anachronique, tendre, émouvant et totally crazy. Autant dire qu’on adore ça ! (A.V.)

Lewis OfMan Le 7 novembre à L’Autre Canal, à Nancy www.lautrecanalnancy.fr

Yelle Le 3 décembre à la BAM, à Metz www.citemusicale-metz.fr

Femme.s Actuelle.s Dans la vie ordinaire d’une femme au foyer ordinaire, un rouage se bloque et la machine dérape, sans retour en arrière. Furieusement dans l’air du temps, Suzy Storck met en lumière “la femme invisible” de notre société et crie le renoncement, l’abandon, la résignation. Une parole forte et nécessaire qui claque comme un coup de fouet dans la partition au cordeau d’une pièce écrite au scalpel par Magali Mougel. Présentée au Théâtre du Peuple durant l’été 2019, la mise en scène de Simon Delétang (directeur de cette magnifique salle à Bussang) part enfin en tournée. Inratable. (A.V.) Suzy Storck Les 16 et 17 novembre au CDN Théâtre de la Manufacture, à Nancy www.theatre-manufacture.fr

Frac Lorraine

Croyez-le ou non, mais le vrai nom de Lewis OfMan, c’est Lewis Delhomme – eh oui, le cool kid est un bel et bien frenchie. À 20 ans à peine, le petit surdoué affiche une liste de remix et de collabs longue comme le bras : Keziah Jones, Vendredi sur Mer, Alt-J, Phoenix, The Pirouettes... De quoi laisser rêveur ? Tu m’étonnes. D’autant qu’à la fois compositeur, musicien et producteur, le gamin aux doigts d’argent est parfaitement autodidacte, avec un déclic pour la musique il y a seulement 10 ans. Ses compos pétillent comme une bulle de champagne, quelque part entre paillettes disco des 70’s, rayons de soleil sur la Riviera italienne, et battle de breakdance dans les rues d’Atlanta le mois dernier. En résulte une ambiance ouatée « mélodic-groove » résolument ancrée dans notre époque, du genre à te faire voyager sans bouger de ton fauteuil – si ce n’est pour aller frétiller du bas du dos sur le dancefloor. Avec en prime, un petit côté dynamiteur pop délicieusement mutin et furieusement salvateur. C’est clair : il va falloir garder un œil sur lui. (A.V.)

49 Nord 6 Est

Je veux te voir

Deux ans

Dandy Cool

vacances

Céline Condorelli

Fonds régional d’art contemporain de Lorraine 1 bis, rue des Trinitaires 57000 Metz (France) fraclorraine.org

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et les collections des 3 Frac du Grand Est

23 07 20  24 01 21 ↳ Expositions, ateliers rencontres, événements

de

Degrés Est : Thomas Schmahl

Le 49 Nord 6 Est bénéficie du soutien de la Région Grand Est et du ministère de la culture Drac Grand Est

UN SEUL AMOUR ET POUR TOUJOURS

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L.U.C.A. Last Universal Common Ancestor © Leslie Artamonow

Résistances traversantes

Humains de souche

Étonnant projet que voilà : la Cie Roland furieux s’est attelée à l’adaptation sur les planches de la fameuse dystopie d’Alain Damasio, Les Furtifs (La Volte, 2019)… Un roman d’anticipation façon critique acerbe du capitalisme à la 1984 de George Orwell, qui nous entraîne dans un futur prohibitif, régit par les multinationales, où le murmure de la révolte finit par se transformer en grondement sourd. De ce projet fou résulte un spectacle hybride, entre littérature et création musicale, conçu pour trois voix et un orchestre acoustique de huit musiciens… Un mélange de notes égrenées et de voix parlées, « une ode à la sécession, un chemin de résistance pour songer à fracasser les liens de notre “servitude volontaire” » comme l’expliquent Laëtitia Pitz et Benoit Di Marco. « Un bloc acoustique pour donner à entendre les fureurs d’une langue, pour retranscrire sur scène une chronique futuriste dont le présent de notre société de surveillance nous offre déjà un avant-goût. » Et pour que, peut-être, la résistance s’organise peu à peu… (A.V.)

Avec humour, autodérision et beaucoup d’espoir, deux comédiens italo-belges (ou belge-italiens ?) remontent jusqu’au temps des dinosaures pour répondre à la question, d’apparence anodine, « tu viens d’où ? ». Véritable Objet Scénique Non Identifié, mêlant à la fois théâtre, vidéo, danse, témoignages et relevés scientifiques, L.U.C.A. fait s’emmêler les époques, les souvenirs, les petites et la grande Histoire.s, pour parler de construction d’identité, de génétique, de racisme, de migrations et d’intégrations… Et finalement partir à la découverte de ce « Last Universal Common Ancestor », aka notre ancêtre commun. « Notre pièce tente de démontrer que les origines et les races n’existent pas tant que cette fameuse question n’est pas posée », soulignent Hervé Guerrisi et Grégory Carnoli, eux-mêmes petits-fils d’Italiens débarqués en Belgique pour travailler dans les mines. Un road-trip intérieur profondément humain aux allures d’odes à la mixité sociale, génétique et culturelle. Que ça fait du bien ! (A.V.)

Les Furtifs Les 9 et 10 décembre à L’Arsenal, à Metz www.citemusicale-metz.fr

L.U.C.A. Last Universal Common Ancestor Le 11 décembre au Carreau Théâtre, à Forbach www.carreau-forbach.com


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www.lescoiffeurscreateurs.com 11, rue des Clercs - METZ 03 87 37 13 13

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Nina Robert Clearstream et eux Dans un documentaire récemment diffusé à la télévision, la fille de Denis Robert, journaliste qui révéla le scandale Clearstream, revient sur l’impact de cette sombre affaire sur sa famille. Vernon Subutex © Jean-Marie Dandoy

Morceaux choisis « La vie se joue souvent en deux manches : dans un premier temps, elle t’endort en te faisant croire que tu gères, et sur la deuxième partie, quand elle te voit détendu et désarmé, elle repasse les plats et te défonce. » Est-il vraiment nécessaire de présenter Vernon Subutex, la série de romans furieusement rock’n’roll de Virginie Despentes, qui, page après page, noie les aléas de notre époque dans un baril de vitriol ? Cinq ans après la parution du premier tome, Perrine Maurin et la Cie Les Patries Imaginaires nous offrent une relecture toute particulière de ce roman culte, sous la forme d’un spectacle rageur entre concert et théâtre. Ici, l’ambition n’est pas de restituer l’intrigue du livre, mais plutôt « de donner à entendre sa galerie de personnages, les humanités, comme on feuillète un album photo ». Sur scène, deux musiciens, un acteur et une actrice et des fragments choisis qui transforment la pièce en « expérience à vivre », aussi profondément engagée qu’enragée. (A.V.) Vernon Subutex, Fragments Les 1er et 2 décembre au CCAM, à Vandœuvre-lès-Nancy www.centremalraux.com

Est-ce une manière de saluer le courage de votre père ? Oui, mais pas seulement celui de mon père : celui du bloc familial. L’impulsion est venue après avoir vu L’enquête, le film de Vincent Garenq, qui retranscrivait parfaitement l’affaire politique, mais mettait de côté la sphère personnelle. On vit dans un monde où on cherche à faire de la vie un conte pour rendre la réalité moins douloureuse… J’ai ressenti le besoin d’affronter ce passé pour l’accepter, pour dire à ma famille qu’on s’en est sorti, ensemble. Ce film, c’est également ma pierre à l’édifice dans le soutien aux lanceurs d’alertes. Mon père a servi d’exemple, on a cherché à l’écraser, mais ça n’a pas fonctionné. Y a-t-il eu des moments où vous auriez préféré que votre père ne se lance pas là-dedans ? Jamais. Je suis très fière de ce qu’il a fait. Il faut parfois faire une sorte de don de soi pour le collectif… Il y a quelque temps, notre cher ministre de la Justice a comparé les lanceurs d’alertes à des balances. C’est terrible. Ce sont des hommes qui se battent pour le collectif, pour la liberté… J’aurais juste aimé, je crois, que mon père ne minimise pas ce qui nous arrivait. Les huissiers, les insultes, les menaces de mort, tout ça, ce n’était pas rien. Mais si c’était à refaire, jamais je ne préférais qu’il n’ait rien découvert. Qu’a pensé votre famille en voyant votre documentaire ? Il faut savoir qu’au départ, même s’ils m’ont tous soutenue, aucun n’était vraiment ravi – mon père aurait préféré que je reprenne le flambeau, ma sœur avait peur que je m’enferme dans une case… Au final, tout le monde est très ému. Pudeur, larmes… Et fierté commune d’être encore là. (A.V.) Clearstream et moi, un documentaire de Nina Robert, 2020


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19 sept. 20 — 18 janv. 21 48

Le droit des objets à (se) disposer d’eux-mêmes Pierre Giner déploie toute la collection design du Centre national des arts plastiques

Centre national des arts plastiques


Les beaux habits du soir un à un que l’on quitte. Tombent indolemment sur l’aube des planchers. On dirait que notre fantôme les habite. Ils sont autour de nous comme un plaisir fauché. Les acteurs revenant sur scène. Ainsi de souvenirs notre vie est jonchée. ——— Le Style. Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956

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Robe Drea en faux cuir et casaque Carola en piquÊ de coton Isabel Marant, bottes en daim Casadei et sac Boston Celine. PortÊs ensemble, un collier sautoir en perles de Tahiti et multirangs en perles et labradorites, bague en or et perle de Tahiti, Éric Humbert.


SEPT IEME CIEL

Photos Alexis Delon / Preview | www.preview.fr Réalisation | Myriam Commot-Delon Mannequin Anaïs | www.upmodels.fr Maquillage Julie Gless | www.julieglessmaquilleuse.com Coiffure Gregory Alcudia | www.la-fabrik.art Post-prod Emmanuel Van Hecke  Preview | www.preview.fr


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Manteau Allover Logo A-shape en laine et cachemire, legging en jersey de coton stretch, sac Hourglass et escarpins Drapy, le tout Balenciaga. Bague Pistil en or blanc pavÊ de trois brillants Éric Humbert.



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Manteau Cam en laine et cachemire, blouse Bold en crêpe de Chine, pantalon en gabardine et sac pochette, le tout Joseph. Chapeau feutre Atelier Boketto. Collier en perles baroques et bague en or blanc, brillants et perles australiennes Éric Humbert. Pendentif Galaxie en grenat Spessartite, brillants et deux ors 18 carats Éric Humbert. Page de droite : Bottines Carly Clergerie.


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Et on s’offrait une cure de mode-ration afin de réussir à concilier son attrait pour le style et la maîtrise de son empreinte carbone ? On décide désormais de miser sur des pièces éthiques et durables. Des conseils pour s’y retrouver.

Le Style—Le goût

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Par Charlotte Médot

Repenser la mode

Anne Gothier gère le concept store Ekyog by Midori, Julien Le Cam est aux commandes de Monsieur Cam et enfin Johann Sichel dirige la boutique Continuum. Tous les trois sont animés par la même envie : proposer une sélection de produits responsables en accord avec leurs valeurs et engagements. Profondément passionnés et non culpabilisateurs, ils nous livrent leurs conseils pour un shopping aussi qualitatif qu’intelligent. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’ouvrir votre propre magasin et de miser sur des produits responsables/ durables ? Johann Sichel : J’ai constaté que les clients ne savaient pas ce qu’ils consommaient car les vendeurs (moi le premier) mentaient ou cachaient l’origine des produits et des matières. J’ai donc développé ma propre structure avec des marques européennes qui compensent leur production par du recyclage ou la plantation d’arbres et qui limitent de leur empreinte carbone. Anne Gothier : J’ai été contactée par Ekyog pour gérer la boutique de Metz. Ça a été une grosse prise de conscience, cela a changé ma vision des choses et ma façon de consommer au sens large. J’avais aussi à cœur de mettre à disposition d’autres

jolies marques qui partagent les mêmes valeurs et la même envie de changer les mentalités sur la surconsommation. Comment sélectionnez-vous vos articles ? Quels sont les critères les plus importants ? A. G. : Pour moi, le plus important est que les marques respectent un engagement écologique (choix des matières premières, gestion des déchets, de l’eau) et éthique (non au travail des enfants, un salaire juste et des conditions de travail décentes). Mais je n’oublie pas le style pour autant car le but est de se faire plaisir. Julien Le Cam : Je choisis des marques avec un esprit héritage qui disposent d’un savoir-faire historique et qui travaillent des produits de qualité sur la durée. Je privilégie la fabrication japonaise, italienne, américaine, portugaise et française pour garder un niveau de confection élevé. Puis, je ne travaille qu’avec des matières naturelles, pas de synthétique/polyester ou dérivé. J. S. : Je sélectionne mes marques en fonction de plusieurs critères : leur ADN, leur mode de production et les prix qu’elles pratiquent. Ensuite, je recherche des produits de qualité qui peuvent s’associer au maximum avec la garderobe de mes clients.

Selon vous, quels sont les bons réflexes à adopter pour mieux consommer ? A. G. : Il faut apprendre à lire les étiquettes et reconnaître les différentes certifications ou labels. Le label Gots [Global organic textile standard, ndlr] reste LA référence pour le textile. Il existe aussi des sites Internet tels que We Dress Fair qui listent les marques vertueuses. Internet reste une mine d’informations, il faut donc procéder à des enquêtes personnelles pour éviter les mauvaises surprises. J. S. : Il ne faut pas se laisser influencer par les belles publicités et les fausses promesses. Il est nécessaire de regarder et d’observer les produits, mais aussi de comprendre la philosophie de la marque. J. L. C. : Il faut commencer par faire le tri dans sa propre armoire et réfléchir par usage, c’est-à-dire la fréquence de port. Je recommande aussi de se rapprocher des marques historiques distribuées dans des boutiques indépendantes avec des commerçants qui peuvent partager leurs conseils. Certes, investir dans une pièce de qualité sera plus cher sur le moment mais la rentabilité sur la durée est incomparable…


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1 — L’intemporel On investit dans des classiques à la matière quasiment indestructible. Importé directement du Japon, ce jean est le meilleur allié des looks intemporels. Jean Straight, Japan Blue Jeans, 189 € Chez Monsieur Cam 15, en Fournirue à Metz www.monsieurcam.com

2 — Le confort Des chaussures au dépareillement subtil, unisexes, ultra-confortables et made in Europe. L’équation parfaite de la paire idéale. Modèle Honey, CAVAL, 175 € Chez Continuum 39, rue de la Tête d’Or à Metz e-shop : continuum-store.fr

3 — La douceur On craque pour des pièces en maille toute douce. Composé de soie, mohair et laine, ce gilet est l’atout réconfortant sur lequel il faudra compter ces prochains mois… Gilet Cala en couleur foret, 195 € Chez Ekyog by Midori 9, en Fournirue à Metz www.ekyog.com

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Le Style—La beauté

Atouts démasqués Le masque est le nouvel accessoire mode dont tout le monde se serait bien passé. Pourtant, son ancrage sur nos jolis minois nous encourage à nous bichonner jusqu’au bout des pointes (et des cils). 1

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Domenico Toscano, Les coiffeurs créateurs Quels sont les bons réflexes à adopter pour entretenir sa coiffure ? Le premier automatisme est de se rendre dans un salon car seul un professionnel pourra analyser votre chevelure et vous conseiller des produits en fonction de votre type de cheveux. Il faut ensuite se constituer une routine et s’y tenir. On utilise bien évidemment un shampoing, des soins, puis pour le côté style, je recommande d’utiliser un produit texturisant qui va construire et gainer le cheveu. Enfin, il ne faut pas avoir peur de couper régulièrement ses pointes afin de revigorer sa chevelure. Peut-on encore parler de tendances coiffures ? Je pense que la tendance est propre à chaque client.e. Selon moi, notre coiffure est comme un accessoire de mode qu’on adapte au gré de ses envies. Le mieux est d’avoir une coupe qui s’adapte à différents types de coiffage pour cela on peut utiliser des outils comme les boucleurs, les lisseurs et on peut embellir le tout avec des bandeaux, des turbans ou des pinces.

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Ses produits chouchou : 1 — Turbans Paloma Germain Comment ne pas craquer pour les turbans signés Paloma Germain ? La créatrice française travaille à partir de fins de séries de tissus qu’elle recycle et transforme en véritable accessoire de mode. 2 — Anti.Gravity.Spray de Kevin Murphy Le meilleur allié pour texturiser vos cheveux. Ce produit iconique va leur apporter du volume et leur donner du corps tout en les hydratant. Chez Les Coiffeurs Créateurs 11, rue des Clercs à Metz lescoiffeurscreateurs.com


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Antoine, Les Garçons coiffeurs « Le virage vers le végétal nécessite une véritable prise de conscience. Tout d’abord, il faut entamer un dialogue avec son coiffeur et lui parler de cette envie. Puis, il faut apprendre à s’adapter, faire des concessions pour privilégier sa nature de cheveux et la sublimer naturellement. Nous procédons étape par étape, on commence par détoxifier le cheveu pour qu’il soit prêt à recevoir des nouveaux soins et en fonction de son type, nous allons recommander les produits adaptés. Chaque chevelure est différente. Le plus important est de créer un lien avec les professionnels et de ne surtout pas faire son auto-diagnostic. »

Ses recommandations : 3 — Soin spécial et gamme Végétalement Provence Cette gamme de soin à base de kératine végétale est le must pour les cheveux très secs et abimés. Elle s’organise en deux étapes : le premier soin est à recevoir en salon sous les conseils d’un professionnel qui pourra juger s’il est adapté à votre type de cheveux et ensuite il faut le compléter à la maison avec la routine dédiée. Elle se compose d’un shampoing, d’un beurre de soin et d’une huile nutritive. 4 — Compléments alimentaires Végétalement Provence C’est durant la période automnale que l’on constate une chute de cheveux saisonnière. Pour y pallier, il faut agir en interne en commençant une cure de compléments alimentaires, booster son capital et redynamiser ses cheveux. Il existe différentes gammes pour répondre à vos besoins et envies. Chez Les Garçons Coiffeurs 9, rue des Carmes à Nancy christianetlescoiffeurs.fr

La beauté du regard, si on osait ? Gaelle Boulanger est « brow artist » depuis 2012. Alors que le regard est désormais devenu notre principal outil d’expression, elle nous livre ses conseils d’experte pour mettre en avant « le reflet de notre âme ». Comment peut-on souligner son regard de façon naturelle au quotidien ? Les sourcils sont essentiels pour mettre en valeur le regard. Une ligne de sourcils mal définie rend le regard triste, éteint ou fatigué. Il faut donc bien restructurer ses sourcils par l’épilation : elle permet de révéler la forme qui mettra le regard en valeur. En cas de trous ou de sourcils clairsemés, il est recommandé d’appliquer de manière légère un crayon, un fard ou une pommade de la même couleur que les poils, afin de densifier la ligne de sourcils. Une touche de mascara brun ou noir sur les cils, et le regard est embelli ! Quelles sont les prestations auxquelles on peut avoir recours pour embellir son regard ? On peut procéder à une restructuration et compléter ce soin par une teinture en cas de sourcils trop clairs. Il y a aussi le « brow lift » pour discipliner les poils et les positionner de manière harmonieuse. Et enfin la micropigmentation pour densifier la ligne, combler les trous ou structurer davantage les sourcils. Pour les cils, le rehaussement associé à une teinture est le soin idéal ! Il permet de courber, galber et colorer vos cils naturels pour un regard plus ouvert.Les extensions de cils sont également une bonne alternative pour éviter de mettre du mascara : cela permet d’allonger et de donner plus de volume. Institut Gaëlle B 4, rue Gambetta à Metz gaelleb.com


Et si on décidait de faire le deuil de l’été sans déprimer ? Pour l’automne, on résiste en se créant un arsenal de produits tendances et réjouissants. Égayer cette saison, c’est possible. La preuve par 11 ! Le Style—Le shopping

Par Charlotte Médot

Fall In Love 1 — La basket Des lignes minimalistes qui élanceront toutes les silhouettes vers la saison froide avec élégance... Le modèle Vision de la jeune marque française Newlab est unisexe, végane (la toile est composée d’AppleSkin, matière produite à base de déchets de pommes produite en Italie, la semelle, de matières recyclées récoltés dans les océans), fabriqué main au Portugal et bougrement élégant.

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Newlab chez La Cour des Hommes 11, rue des Clercs à Metz lacourdeshommes.com

2 — La bougie On se met directement dans l’ambiance en se créant une ambiance cocooning et apaisante. Pour ce faire, la marque messine Dvorah propose une large gamme de bougies aux senteurs entêtantes qui embaumeront votre intérieur. Dvorah chez Atelier Ginkgo 20, rue Saint Pierre à Metz Ô saveurs 27, avenue de la Liberté à Le Ban Saint Martin dvorah.shop

3 — La combinaison La marque danoise Fabric Copenhagen nous offre la pièce qu’on ose dégainer à la maison comme à la ville. Composée exclusivement de velours de soie, c’est l’association parfaite entre confort et luxe absolu.

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Fabric Copenhagen chez La Boutique La Villa 1901 15, rue Saint-Dizier à Nancy boutique.lavilla1901.fr

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4 — La basket version kids Matières nobles, résistantes et couleur pile dans la tendance, le combo parfait pour une sneaker qui ravira les kids et leurs parents. Car après tout, le style n’a pas d’âge ! 10 nis chez Cousins Cousines 16, rue du Pont Mouja à Nancy cousins-cousines.fr

5 — Les lunettes Pour cette saison, on glisse sur notre nez ce modèle audacieux et chocolaté tout en transparence. Une monture signée Nathalie Blanc, l’ambassadrice de l’industrie française de la lunetterie. Nathalie Blanc chez Optique Moise 54, rue Serpenoise à Metz www.optiquemoise.fr

6 — Le manteau Un intemporel de la mode enfantine : le manteau tout doux. Pour affronter les batailles de feuilles mortes tout en élégance. Emile & Ida chez Cousins Cousines 16, rue du Pont Mouja à Nancy cousins-cousines.fr

7— Le canapé Le designer Philipe Niro signe pour Ligne Roset le canapé Phileas. On se love dans ce divan réconfortant à la couleur brique et au matelassage inspiré des banquettes du mythique Orient Express. Pour voyager tout en restant allongé. Ligne Roset chez Espaces Brajou La Sapinière, rue Affouages à Laxou www.espacesbrajou.fr


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8 — La robe La robe longue est l’intemporel qu’on adapte à toutes les saisons. Cette pièce, c’est LA signature de la marque familiale Louizon. Ici, on craque pour son imprimé inédit et sa matière vaporeuse qui sublimera chacun de vos pas. Louizon chez Les Âmes Galantes 26, rue Taison à Metz 03 87 74 55 22

9— Le short On craque pour ce short en tweed signé Balmain. Une pièce ultra-désirable qui donne envie de ressortir ses gambettes sans se soucier du thermomètre. Balmain chez CJ Couture 5, rue du Forgeron à Terville www.lbycj.com

10 — La veste La griffe belge Arte Antwerp fait monter la température avec cette veste unique et ambitieuse. Fabriqué en sherpa doux et coloré d’un puissant bleu cobalt, c’est l’allié parfait qui nous donne envie d’hiberner tout en restant stylé. Arte Antwerp chez Boulet 51, Grand rue à Nancy boulet-store.com

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11— Le pouf L’essentiel de nos terrasses ou jardins se mue pour la saison automnale et propose une gamme tout en velours. Idéal pour une moment détente mais attention à ne pas rester coincé… Fatboy chez Espaces Brajou La Sapinière, rue Affouages à Laxou www.espacesbrajou.fr


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Le Style—Le parfum

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Les parfums cultes #14 Diorissimo, Edmond Roudnitska, 1956 Par Sylvia Dubost Illustration Laetitia Gorsy

Sur cette route des parfums cultes où nous cheminons, nous avions hâte d’arriver à lui, à qui nous vouons un amour éternel, presque aussi grand que celui que nous portons à Après l’ondée (Guerlain, 1906) qui tient à ce jour encore le record de citation dans ces pages… Alors que la mode est aux parfums très capiteux, Edmond Roudnitska (auteur notamment de la troublante Eau d’Hermès) se lance dans une création qu’il veut simple et moderne. Pour ce nez génial et cérébral, la parfumerie s’est fourvoyée en abusant de matières trop sucrées et trop alimentaires (I hear you, Edmond…). Il revient alors à ce qu’il considère comme l’essentiel : les fleurs. À Christian Dior, pour qui il a déjà créé Diorama et Eau fraîche, il propose un soliflore muguet. Cette clochette délicate au parfum étonnamment puissant et au dessin très graphique, symbole du bonheur, est la fleur fétiche du couturier. Son parfum étant impossible à extraire, Roudnitska doit l’évoquer en associant les matières. Il réussit une composition magistrale devant laquelle

les critiques se pâment encore. Luca Turin compare sa virtuosité et son esprit à l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart. C’est un ravissement, un grand éclat de rire en même temps qu’un parfum d’une rare profondeur. Si l’on tend bien le nez, son apparente simplicité révèle une grande complexité. Diorissimo est certes un soliflore, mais c’est d’abord une brassée. On reconnaît indubitablement le muguet, mais on distingue aussi les fleurs qui ont permis de le recréer : ylang-ylang, amaryllis, jasmin, une note verte de jacinthe qui évoque le croquant des feuilles, un lit de santal et de civette qui soutient le tout. Diorissimo oscille entre réalisme et impressionnisme, il rend palpables le croquant et la fraîcheur humide des clochettes tout en dépliant l’imaginaire. Gai, lumineux, riche et intense, Diorissimo a la fougue de la jeunesse et d’un matin de printemps. Il irradie la légèreté et la joie de vivre, et la critique Rebecca Veuillet-Gallot l’imagine très justement sur Grace Kelly dans High Society, jupe corolle et

bouche en fleur. Malheureusement, des reformulations à répétition ont gravement endommagé cette belle composition. Diorissimo était un tintinnabulement, il est devenu strident. S’il fallait néanmoins choisir une version contemporaine, on préfèrera l’eau de parfum. Peut-être même qu’on hésitera avec Lily of the Valley de Penhaligon’s… Mais dès qu’on remet le nez dans la version vintage, on se rappelle qu’au mitan des années 50, la joliesse s’était incarnée dans un flacon.


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Do the write thing Pour sa campagne « Vous êtes ce qui vous inspire », Montblanc a fait appel à trois hommes aux parcours inspirants, l’acteur Taron Egerton, le chanteur et écrivain Chen Kun mais aussi Spike Lee. Le célèbre scénariste primé à Cannes prête son image à la griffe et met en lumière un nouveau modèle de l’intemporel stylo plume Meisterstück. Cet objet de désir fait partie de la collection Le Petit Prince, il revêt pour l’occasion une résine couleur bordeaux et orne sa plume d’une rose, symbole incontournable du roman de Saint-Exupéry. (C.M.) Montblanc 30, rue Marguerite Puhl-Demange à Metz 22, rue Gambetta à Nancy www.montblanc.com


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La main verte

Niid it

Le nouveau temple des passionnés de végétal se trouve à Metz. Entre les produits de décoration et les bougies aux senteurs enivrantes, on retrouve une large sélection de plantes ainsi que des créations inédites pensées par la maîtresse des lieux, fleuriste depuis 23 ans. Son expertise nous donnera à coup sûr l’envie de nous mettre au vert sans passer par la case désastre. On sort les arrosoirs ! (C.M.)

Allier style et musique tout en soutenant les artistes français, c’est le nouveau projet lancé par les messins de Blotter Atelier. Pour cette collaboration inédite, ils ont décidé de s’associer à NIID, deux frères à la fois musiciens, producteurs et performers. En guise de célébration, le duo a composé un morceau exclusif spécialement pour la communauté Blotter. Coté textile, les pièces de la collection se parent d’un tout nouveau logo : une note, symbole d’une synergie musique/mode qui se veut bientôt récurrente pour la marque. (C.M.)

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Shérif, fais-moi peur Ouvert le 7 février, l’Échappatoire, situé à l’entrée du Technopôle, est le dernier né des escape game à Metz. Pour l’instant, il propose une salle intitulée le Shérif de Youth Heaven. Ce dernier vient vous placer dans une cellule miteuse alors que vous étiez sur le coup de « réaliser la transaction de drogue du siècle », selon le scénario proposé. Les joueurs disposent d’une heure pour parvenir à s’enfuir après avoir résolu plusieurs énigmes. « On essaie d’insister sur l’immersion pour faire vivre une aventure aux joueurs en leur donnant l’impression d’avoir voyagé », explique Antoine Augier, le fondateur du concept. Les 30, 31 octobre et 1er novembre, l’Échappatoire se mettra au diapason d’Halloween avec Panique à Youth Heaven. « À terme, l’ambition est d’avoir huit salles », poursuit Antoine qui dispose d’une surface de 1000 m2. La deuxième salle ouvrira courant novembre et, cette fois, les joueurs seront dans la peau des justiciers. En l’occurrence des agents de la police scientifique chargés de trouver un maximum de preuves pour coffrer un mafieux de haut vol. (F.V.) L’Échappatoire - Escape Game 8 rue des Feivres à Metz www.echappatoire.fr

La révolution électrique Bienvenue dans l’électro-mobilité ! Le premier véhicule 100% électrique conçu par Volkswagen est arrivé chez les concessionnaires de l’Hexagone. L’ID.3 ou un pari similaire à ceux entrepris dans un passé, plus ou moins lointain, avec la mythique Coccinelle puis la Golf. C’est un nouveau virage pour le premier constructeur mondial qui a adopté une « stratégie de décarbonisation, avec pour objectif de parvenir à un bilan carbone neutre au plus tard en 2050 ». Le premier modèle, l’ID.3 Life, équipé d’une batterie de 58 kWh, présente une autonomie de 425 km. Le véhicule est aussi pourvu de nombreux équipements tels un régulateur de vitesse adaptatif (ACC), la navigation, la fonction téléphonie « Comfort » avec chargement à induction et des sièges chauffants. Deux autres variantes existent dans la gamme ID.3. Mais la révolution silencieuse de VW se poursuivra avec la sortie de l’ID.4, premier SUV 100% électrique, disponible d’ici la fin de l’année. (F.V.) Volkswagen 2, allée du Château de Gassion à Thionville 03 55 68 40 00


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On oublie toujours que le paysan est le « père nourricier de l’humanité », c’est le titre qu’il a et il n’y a aucune fonction comparable à celle-là. Or, aujourd’hui […], la paysannerie est en danger à peu près partout. Elle a beaucoup de mal à survivre. Je voudrais qu’il y ait une « exception paysanne » oui, un peu comme il y a une « exception culturelle ». ——— La Table.

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Michel Serres, philosophe et historien des sciences Émission Le Sens des choses, France Culture


Connaît-on vraiment le chocolat ? Apporté par les conquistadors espagnols au XVII siècle, il est réservé à la bourgeoisie et d’abord consommé sous forme de boisson – la favorite de Louis XV – puis en mousse, avant de passionner les grands chefs, dont Auguste Escoffier. Fabrice Dumay, maître chocolatier, nous aide à lever quelques mystères.

La Table—Le produit  e

Par Cécile Becker Photos William Henrion

Le chocolat « C’est un produit et un vecteur d’histoire. Il a été façonné au cours des siècles par l’intervention humaine, l’imagination et l’amour du produit bien fait. De ce point de vue, le chocolat est le seul aliment qui puisse se mesurer au vin, en termes de culture, d’histoire, de rapport culturel. » Pour Serge Guérin, sociologue grand adorateur du chocolat (Éloge (politique) du chocolat), c’est simple, le chocolat est un « humanisme ». Sur Internet, de nombreuses légendes circulent à son compte, confirmant notre besoin de justifier nos vices. Les grands groupes industriels, Mars et Nestlé en tête, se sont

échinés à commander de nombreuses études scientifiques pour transformer l’image de cette douceur, quitte à nous faire gober qu’il serait sain pour la santé. Aphrodisiaque pour les uns – notons qu’un aliment ne peut être aphrodisiaque, il peut favoriser l’afflux sanguin, et par conséquent l’érection, mais jamais accélérer la libido, qui elle, se construit dans la psyché –, « antidépresseur » pour les autres – normal, se faire plaisir stimule les endorphines –, il est l’objet des fantasmes les plus fous. Un journaliste s’était d’ailleurs amusé à diffuser une fausse étude affirmant que le chocolat

noir faisait maigrir pour révéler la crédulité des médias. Alors, le chocolat est-il sain ? Fabrice Dumay, notre maître chocolatier répond : « Plus le chocolat est fort en cacao, meilleur il est pour la santé, mais il contient toujours du sucre. Le bon équilibre c’est d’avoir environ 75% de cacao. » Il confirme que plus on a avancé dans le temps, plus le chocolat s’est allégé en sucre. Le moins sain ? Le chocolat blanc évidemment, qui ne contient pas de cacao en poudre (contrairement aux autres chocolats) mais est produit à partir du beurre de cacao et contient produits laitiers et sucre.


Mais c’est quoi le (bon) chocolat ? Le chocolat est obtenu à partir des fèves de cacao, dégagées de leur cabosse. Les fèves sont fermentées, séchées et torréfiées pour révéler ses arômes. « Comme le vin, le cacao a son terroir et est sélectionné pour celui-ci : on a des origines diverses, Mexique, Madagascar… Et le travail des cacaoculteurs joue énormément sur la qualité de la fève. » Problème : 99% des fèves de cacao sont récoltées pour les industriels et pâtissent forcément de la rapidité avec laquelle elles sont transformées. C’est précisément pour cette raison que la confédération des chocolatiers confiseurs, dont Fabrice Dumay fait partie, a décidé de se rapprocher des producteurs pour changer la donne et s’assurer une qualité supérieure. Depuis six mois, ils travaillent en direct avec une coopérative de 30 planteurs au Cameroun pour les sensibiliser à une culture vertueuse des fèves de cacao : chouchouter les arbres, ne pas désherber, ne pas traiter (ou alors en bio), ne pas faire travailler les enfants, fermenter chaque récolte à part – certains mélangeaient les récoltes, les fèves étaient donc trop ou trop peu fermentées. En contrepartie, ils garantissent un prix d’achat deux fois et demi supérieur à celui pratiqué par les industriels et s’assurent que les revenus reviennent directement aux familles. Le Club des chocolatiers engagés a créé une charte et a officiellement été lancé le 1er octobre dernier, journée mondiale du cacao. Qu’est-ce qu’on mange ? Chez Dumay, des bonbons de chocolat (pralines et ganaches), des tablettes pures origines ou créées dans le labo de Marly (dont celle à l’effigie des monuments messins), des orangettes, mendiants ou florentins. Mais aussi et peut-être surtout, des chardons lorrains fabriqués artisanalement, dans la plus pure tradition. « Un bon chardon, nécessite trois jours de travail », précise notre spécialiste. Les pralines contiennent les fruits secs et l’huile naturelle de ces derniers (et la pâte de cacao, évidemment), les ganaches recèlent elles de corps gras et lactés, et éventuellement d’autres liquides, émulsionnés avec le chocolat. Il est donc techniquement faux de nommer les bonbons de chocolat, pralinés. Les possibilités, en fonction des origines et des ingrédients, sont infinies : au chocolatier de faire preuve de créativité. Chez Dumay, on travaille sans arômes et sans conservateurs et les bonbons sont réalisés sur table (non moulés). Après chablonnage, le chocolat et ses autres ingrédients sont étalés sur plus d’un mètre, puis découpés et enrobés. « Tout est ensuite une question d’équilibre et de temps. Le chocolat, il est comme le chocolatier, il n’aime pas être stressé », plaisante Fabrice Dumay. À la maison Dumay, on ne lésinera jamais sur le temps de recherche, de travail et de confection. Les chocolats sont « fabriqués minute » (à la commande), et jamais congelés. « On préférera toujours proposer moins de produits mais les faire comme il faut. » Et ça fait toute la différence… Prochaine étape : proposer des biscuits, cakes, petits fours et pour la saison chaude, des glaces. Chocolaterie Dumay 138, rue de Vallières à Metz 2123, rue de Metz à Marly chocolaterie-dumay.fr

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Racine. Le nom de ce nouveau et exaltant restaurant ne fait aucun doute : le terroir avant tout. Dans l’assiette, une élégance brute directement inspirée par les produits sourcés à deux pas. Aux manettes, Martin Debuiche, 28 ans, débarqué de Paris à Nancy par l’éleveur et boucher du cru, Alexandre Polmard.

La Table—Le portrait

Par Cécile Becker Photos William Henrion

Le goût des bonnes choses

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Campée en pleine rue Stanislas, l’adresse a de quoi surprendre : un décor bucolique fait de bois et végétaux évoquant les champs, les herbes folles, les fruits et légumes gorgés de soleil. Le choix des couleurs et la rusticité des matériaux s’accordent avec élégance au nom du restaurant, Racine, quand les assiettes viennent parfaire l’alliance. Tout concorde. Les circuits courts, le terroir, la fraîcheur. Martin Debuiche ne badine pas avec les produits : c’est lorsqu’ils arrivent le matin ou qu’il parcourt les allées des marchés qu’il prend le plus de plaisir. Des couleurs, des goûts, une fulgurance et le reste suit, naturellement. « D’abord les saisons, après la recette », précise-t-il. Ce goût-là, celui des bonnes choses, lui vient de loin et pas forcément par la cuisine : « Par le coup de fourchette surtout. » Né à Fontainebleau d’une mère bibliothécaire et d’un père banquier, pas cuisiniers pour un sou, c’est d’abord la gourmandise qui le guide, puis la passion des beaux produits ramenés par ses parents qui, dès qu’ils partent en voyage, n’hésitent pas à visiter

les productrices et les producteurs croisés sur leur chemin. La cuisine, il n’en est pas question avant que l’ennui ne le guette sur les bancs de l’école. « J’ai fait mon premier stage de découverte à 13 ans dans un restaurant et j’ai rapidement pris conscience que la cuisine était le lieu où je m’accomplissais le plus. » La suite n’est que de la logique : l’apprentissage à 14 ans, l’ennui, toujours, qui le rattrape et le pousse à changer de crémerie tous les ans, le BEP, le Baccalauréat et petit à petit, l’envie de finesse, de haut vol et de « pousser la porte de belles tables ». Il commence par un hôtel-restaurant 5 étoiles en Seine-et-Marne, puis “ monte ” à Paris. Après une grande brasserie de 300 couverts pour se faire la main, le voilà aux côtés de Jean-Pierre Vigoto officiant chez l’impressionnant et impressionniste Apicius. Il commence demi-chef de partie et finit second. Au-delà de la folie d’une brigade de 25 en cuisine qui lui inculque forcément la rigueur, il garde surtout de ce passage « une vision de la cuisine », une sensibilité aux produits, à la saisonnalité et à leur provenance. Déjà et peut-être sans vraiment le savoir, il affirme son goût pour le terroir, mais pas seulement : « Ce qui m’a beaucoup plu chez ce grand monsieur, c’est son souci de la lisibilité. La cuisine, je l’imaginais comme ça mais je ne pensais pas qu’on pouvait faire de très grands plats à partir de classiques en jouant simplement sur les associations et les assaisonnements. En travaillant sur ces deux éléments, on peut amener le plat vers d’autres directions, en ne dénaturant jamais le produit. » Mais les allers-retours Fontainebleau-Paris et ses trois heures de sommeil par nuit, puis la chambre de bonne, les horaires à rallonge et le rythme soutenu finissent par le mater. Il se met sur pause et crée un statut d’autoentrepreneur ; son téléphone ne s’arrête plus de sonner : conseiller les restaurants, élaborer des cartes, penser les équipes, remplacer les chefs. L’éleveur et boucher Alexandre Polmard le contacte alors et lui demande de donner un second souffle à son restaurant parisien. Martin

Debuiche le prévient : « Je savais déjà que je voulais ouvrir mon restaurant, je lui ai dit que je continuerai jusqu’à ce que je trouve un local. » Il le trouvera, à Nancy, accolé à Polmard où il se rend régulièrement pour travailler sur la carte. Ça ne s’invente pas. Les deux hommes s’associent pour monter Racine en prenant garde de ne pas mettre les deux adresses en concurrence. « Je travaille très peu la viande rouge et me tourne plutôt vers le cochon, l’agneau ou le porc. Ne pas être sur le même créneau me pose des contraintes avec lesquelles je dois constamment jouer. » Et le résultat tranche avec ce qu’on peut trouver à Nancy : des grands classiques revus, corrigés et twistés comme son ris de veau ou son pigeon, déjà des best-sellers. À une heure estivale, nous aurons goûté un gazpacho de tomates anciennes accompagné d’un sorbet moutarde superbement équilibré, puis à une poitrine de porc fondante et ce qu’il faut de croustillance, relevée d’une sauce soja et de petits pois crus. Pour faire simple, c’est une cuisine brute mais élégante (comme le décor), toujours créative, ancrée de pieds fermes dans son terroir. Le chef ne s’arrête jamais de compléter son carnet de belles adresses alentours : La Ferme des salines pour les lapins, les vaches limousines et les porcs, La Forestière du champignon à Golbey, le Poulailler du Moulnot ou les pigeons de Thierry Laurent… « Ça n’en finit jamais. » Mais forcément cette exigence a un prix qu’il s’emploie à défendre auprès de client·e·s pas toujours sensibilisé·e·s : « Le juste prix, c’est surtout celui qui permet de faire bosser les petits : les petits producteurs, les artisans du coin. Nous, il ne nous reste plus qu’à mettre à l’honneur le produit, expliquet-il avant d’ajouter, rêveur : Si je pouvais avoir mon potager devant le restaurant, la biquette à côté et être en autosuffisance, ce serait chouette... » Tout pour le goût, toujours. Ce fameux goût des bonnes choses. Racine 9, rue Stanislas à Nancy 09 86 33 24 20


La Table—Les nouveaux lieux

18, rue de Ladoucette à Metz 03 87 09 39 89

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Photos William Henrion

Le Salon Bleu La belle bleue ! C’est dingue, on l’aura traversée cette place Saint-Jacques sans vraiment remarquer cette sublime façade Art déco ! Il aura fallu que le lieu soit complètement rénové pour révéler ses couleurs et formes d’antan : des lignes étonnantes et un bleu flashy qui a évidemment inspiré les propriétaires pour dénicher le nom de ce salon de thé créatif : Le Salon Bleu.

On aime Nous sommes tombés en amour pour leurs ravissantes viennoiseries, surtout leurs croissants bicolores dont les goûts changent en fonction des saisons. Les pâtisseries ne sont pas en reste avec des créations à tomber par terre : le citron praline et son short bread, le Paris Brest pistache (une tuerie) ou l’abricot tatin et crumble de sarrasin. On aime bien sûr la déco, déclinée du bleu de la façade.

C’est qui ? Laurine et Sébastien se sont associés au couple Dudot (boulangerie Dudot) pour ouvrir leur première affaire. L’histoire est simple : Sébastien travaillait chez les Dudot depuis l’âge de 14 ans, Laurine officiait en cuisine ici ou là, elle et il se sont lancés. Au Salon Bleu, elle se charge du comptoir salé (des plats du jour simplissimes, traditionnels et goûteux, des tartines, des quiches…) et élabore les cartes, il se concentre sur les viennoiseries et pâtisseries.

On trouve Des produits de saison, bio et locaux quand c’est possible. Le café est bio. Les jus de fruits maison sont excellents. Une formule petit-déj ou brunch, une formule du jour (plat du jour + dessert, 11,50 €). Un service au poil. (C.B.)


23, place de Chambre à Metz 09 81 53 23 56

19, place Saint-Louis à Metz www.les3fils.fr

35, rue des Maréchaux à Nancy 03 83 35 54 99

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Mazi

Made in chez nous Ici, pas de concept ou plutôt si, mais celui du bon sens : des produits frais du marché, bio à 95 % et sourcés en circuit court le plus possible. La carte est réduite – ce qui est synonyme de fraîcheur mais aussi d’un travail attentif en cuisine – et remplie de malices. Les plats, plutôt classiques, sont toujours relevés d’une petite originalité : la quiche lorraine ? Oui, mais accompagnée d’une glace au lard fumé s’il vous plaît. Ça sent l’authenticité et le terroir.

Qui ? Quoi ? Comment ? Après le Vivian’s Pub et L’Établi de Papy Louis, Damien et Jean se sont associés avec Virgile pour ce troisième établissement, toujours place Saint-Louis. L’idée ? Une déco rappelant l’époque prohibition, une cuisine canaille et des bières comme s’il en pleuvait, en bouteilles ou à la pression, provenant généralement de belles brasseries françaises (avec les locales du parcours, la Piggy et la Tuilerie), rehaussées de quelques classiques.

C’est quoi ? Le nouveau QG des amateurs de cuisine méditerranéenne. Niché en plein cœur de la célèbre « rue gourmande », ce restaurant aussi moderne que chaleureux est bien décidé à nous faire découvrir ou redécouvrir les multiples saveurs de la cuisine grecque.

Un resto pour toutes et tous On s’adapte à tous les régimes et c’est d’autant plus appréciable que les assiettes sont toujours gourmandes. Les végétarien·nnes seront ravi·e·s autant que les viandard·es (le cochon de lait, une merveille !) ou les fans de poissons (aile de raie, turbot).

La cuisine Des planches, des tartines (sur pain de campagne ou roasties, c’est original), des plats typiques de brasserie plutôt bien ficelés (œuf cocotte, escargots, terrines, coquillettes au comté et à l’huile de truffe, croziflette – parfait pour l’hiver à venir –, boudin noir, magret, burgers…) et leur fameuse omelette. L’idée est franchement plaisante : plutôt rare de trouver des plats franchouillards à la carte.

On mange quoi ? En grec, Mazi signifie « ensemble » alors ici le mot d’ordre est la convivialité. Tous les mets sont placés en centre de table et le partage est fortement recommandé. Au menu ? Une multitude de mezze avec les incontournables de la cuisine du soleil comme le houmous, le tzatziki ou le ktipiti mais aussi les traditionnels Souva’, des tranches de viande ou falafels (pour l’option veggie) enroulées dans du pain pita. Enfin, on se laisse tenter par leurs desserts ultra-gourmands tels que les loukoumades, des petits beignets saupoudrés de noisettes et recouverts de sauce chocolat.

Le + et le C’est grand (trèèès) grand donc plus facile (a priori) d’y trouver une place. On regrette que le service ne soit pas plus personnalisé, il reste néanmoins sympathique. (C.B.)

On aime La décoration qui nous transporte directement au fin fond des Cyclades. La cuisine fraîche et savoureuse qui nous donne le sentiment d’un été éternel. (C.M.)

Les + Une carte des vins étonnamment longue comme le bras (environ 300 références), bien pensée et bien présentée. La vue bien sûr, plein phare sur la cathédrale. Les desserts, franchement parfaits. (C.B.)

Photo Monsieur Med

Au cul d’poule Les Trois Fils


« Locavorisme (nom masculin) : Mouvement prônant de ne consommer que des fruits et des légumes locaux et de saison, afin de contribuer au développement durable. » En mai dernier, le mot faisait son entrée dans le dictionnaire alors que les Français·e·s émergeaient du confinement et remettaient en cause leurs habitudes. Le circuit court, la diminution du gaspillage alimentaire, la réduction des emballages (…) ont plus que jamais le vent en poupe. Retour sur un modèle de consommation devenu mode de vie.

La Table—La tendance

Par Aurélie Vautrin Photos William Henrion

Courts-circuits pour grandes idées À la Ferme Saunier & cow, GAEC du Gué, où l’on produit yahourts, fromages blancs, crème fraîche, etc.

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La facilité des grandes surfaces a longtemps fait florès – gain de temps, gain d’argent –, quitte à rogner sur la qualité : solution simple-basique dans une société qui file à 142 à l’heure même les jours les plus calmes. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, force est de constater que les emplettes en circuit court – vente directe ou avec un seul intermédiaire, selon la définition du ministère de l’Agriculture – font de plus en plus disjoncter la donne. Une prise de conscience largement accélérée par le contexte sanitaire – à l’époque, la crise de la vache folle, aujourd’hui, la Covid-19. Désormais, entre drives fermiers, magasins collectifs, Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP), marchés locaux, potagers urbains partagés, paniers tout prêts ou à créer en ligne, chantiers d’insertion ou vente directe chez le producteur, de nombreuses solutions existent partout en France, et la Lorraine ne fait pas exception, bien au contraire. (Re)connexion en cours Pour celles et ceux qui franchissent le pas, les raisons sont multiples. « Privilégier le circuit court, cela fait partie d’un état d’esprit », explique Thomas Guinot de la Ferme de La Petite Seille, non loin de Nancy. Il n’est pas question de profil type, de générations ou de niveaux de vie mais plutôt de vouloir manger sainement, retrouver la fraîcheur et le goût des produits, participer à l’économie du territoire, réduire l’impact sur la planète et la biodiversité, sauvegarder

les savoir-faire, lutter contre la malbouffe et ses conséquences désastreuses sur la santé… La démarche est avant tout personnelle. Humaine. Choisie. Avec toujours cette notion de “lien” à ressouder entre consommateur et producteur, comme un dommage collatéral de la mondialisation. C’est d’ailleurs l’une des motivations de l’ouverture de La Belle Campagne, juste à côté de Nancy… Un magasin collectif créé et tenu par 35 producteurs lorrains, où l’on peut acheter viandes, légumes, laitages et pains en provenance directe des exploitations. « Ce magasin, c’est vraiment la continuité de nos fermes, raconte Thomas Saunier, producteur au GAEC du Gué, associé à La Belle Campagne. C’est pouvoir être en contact direct avec le consommateur, lui expliquer comment on travaille, on fonctionne, on produit. On vit une époque où l’on a vite fait de balancer des polémiques, là c’est l’opportunité de montrer qu’il y a aussi des producteurs qui font attention à leur environnement et se soucient du bien-être animal par exemple. » Ainsi, il ne s’agit pas forcément de réapprendre au public à consommer, simplement à le sensibiliser sur le fait de manger responsable. Quitte, pourquoi pas, à lui donner envie de mettre la main à la terre en l’aidant à développer son propre potager, même au cœur des grandes villes. « L’envie première de La Causerie, c’est d’installer un cercle vertueux, confie Émilie Clavel, la fondatrice de l’association. Créer des moments d’échanges avec ses amis, sa famille, ses voisins autour de tout ce cycle : du

moment où l’on plante la graine, à celui où l’on cuisine et consomme le produit. » Pour ce faire, elle travaille d’arrache-pied sur un projet de pépinière de quartier, un potager-jardin-compost partagé pour sensibiliser à la permaculture urbaine, entretenir le lien social, et rendre accessible l’accès à un savoir-faire qui a tendance à se perdre. « C’est aussi l’occasion de se retrouver autour de graines anciennes, comme le melon de Lunéville par exemple. » Question de goût Parce que manger local, quand on y pense, c’est une question de bon sens (au MoyenÂge, le peuple mangeait bio, local et de saison sans avoir besoin de l’intellectualiser) – mais une question pas toujours évidente à mettre en place dans une société où l’on court sans cesse après le temps. Car évidemment, il n’est guère envisageable de se passer des grandes surfaces pour certains produits… Il faut donc se permettre de consacrer de précieuses minutes supplémentaires à la conso locale. Thomas Nommer est le fondateur du Café Fauve, un restaurant solidaire prônant la démocratisation de l’alimentation durable près de Metz – une cuisine simple, saine et raisonnée, rendue accessible à toutes et tous grâce à des prix très abordables. « Nous ne proposons que des produits locaux, issus de la région. Pouvoir raconter à nos clients l’histoire de ce qu’ils ont dans l’assiette, c’est primordial, en cela le cuisinier aussi fait partie intégrante de ce fameux lien. Aujourd’hui,


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À La Belle Campagne, magasin collectif à Vandœuvre-lès-Nancy.

je dirais que les deux principaux freins, pour le consommateur, comme pour nous restaurateurs, ce sont la logistique et le prix. Car ne proposer que du local au menu, c’est aussi se battre tous les jours pour aller chercher les produits auprès de petits producteurs qui ne peuvent raisonnablement pas proposer de livraisons, ni faire de méga-promo comme une grande enseigne. Je ne vais pas vous le cacher, ce serait beaucoup plus simple de faire autrement. » Plus simple, certes, mais pas question pour autant de succomber aux chants des sirènes de la facilité : « Ça n’aurait aucun sens. » Adopter une consommation en circuit court serait donc avant tout une question de volonté… Ou de contraintes – le printemps dernier en fût la preuve quand, en plein confinement et par peur de la pénurie, ces structures ont connu un boom vertigineux auquel elles ont su faire face, façon équilibristes sans filet. C’est le cas par exemple des Emplettes Paysannes, un drive fermier regroupant une soixantaine de producteurs aux alentours de Nancy, qui a adapté son service de livraison. « Le drive a connu une explosion, notamment en termes de nombre de nouveaux clients, entre 30 et 50 personnes supplémentaires par se-

maine sur nos quatre sites, avec une multiplication du chiffre d’affaires par cinq, souligne Thomas Guinot. C’est aussi dû au fait que nous avons été capables de fournir des produits qui n’étaient plus en rayons dans les supermarchés, comme les œufs ou la farine. Cela a été compliqué car nous sommes pour la plupart des petites structures, et nous n’étions pas forcément préparés ni équipés pour gérer une aussi grosse augmentation en si peu de temps. La plupart ont fait énormément d’heures supplémentaires pour arriver à suivre. » Quitte à adapter également la production habituelle pour se focaliser sur les produits les plus recherchés.

confiants. « Nous avons gardé une partie des nouveaux clients : cet été nous avons fait un chiffre deux fois plus élevé que l’année dernière. J’espère sincèrement que ce qui s’est passé va forcer les gens à revoir leur mode de vie, et à aller vers quelque chose de plus sain, à renforcer les liens. Mais c’est à nous aussi, petits producteurs, de continuer à proposer des produits de qualité à prix abordable. En espérant également que les autorités fassent des efforts, aussi bien pour nous que pour les consommateurs… » À bon entendeur…

Et maintenant ? « Dès le 11 mai, ça a été un peu la douche froide, se souvient Thomas Saunier. Nos nouveaux clients ont repris leurs habitudes. Pendant un temps, on a eu la sensation d’avoir servi un peu de bouche-trou. Mais c’est compréhensible aussi. Pendant cette période, les gens avaient du temps pour cuisiner, pour chercher les bons produits… À présent, c’est forcément plus compliqué. C’est regrettable, mais je pense que l’on va dans le bon sens pour le manger sainement. » Du côté d’Emplettes Paysannes aussi, les producteurs restent

Emplettes Paysannes emplettespaysannes.fr

La Belle Campagne facebook.com/labellecampagne54

La Causerie lacauserie54.wixsite.com Café Fauve cafefauve.fr LorAmap loramap.org


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