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Des arbres et des enfants

Bonjour,

En préalable, je voudrais préciser que je me réjouis de la nouvelle municipalité, je me réjouis des arbres, je me réjouis d’une future amélioration de la qualité de l’air, bref je me réjouis.

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Malheureusement ma joie est ternie, depuis quelques jours, par la mine dépitée de mon fils de 14 ans. En parfait adolescent alangui, il a passé la quasi-totalité du confinement à passer de son lit au canapé et du canapé à son lit, sans autre exercice physique que le parcours entre ces deux couches et une agilité des pouces décuplée par son portable et sa console. Quelques jours avant le déconfinement, par un retournement brutal dont seuls les adolescents sont capables, mon fils s’est mis en tête de devenir un maître du skateboard, un roi de la planche, un prince de la roulette. Quelle ne fut pas notre joie de parents, de voir ce corps amaigri par le manque d’exercice et une croissance soudaine, sortir tous les jours pour affermir équilibre et dextérité en vue d’exécuter des figures aux noms barbares : pop shov-it, ollie et autres kick flips.

Les nécessités du confinement ayant interdit l’accès aux parcs publics, mon fils s’est rabattu, comme beaucoup d’autres jeunes du quartier, sur la place du Tribunal, dont la minéralité tant décriée est pour eux une bénédiction dans l’art de la glisse.

Depuis quelques jours donc, mon fils rentre plus tôt à la maison, la planche triste, et m’explique qu’il s’est fait déloger par la maréchaussée. L’intervention de la police a d’abord été relativement bienveillante, elle agissait visiblement à la demande de l’un ou l’autre riverain importuné par le bruit. Ce soir l’injonction a été plus violente, avec menaces d’amendes et rappel à une réglementation dont je n’ai pas réussi à comprendre la teneur. Les questions que je me pose : Que veut-on interdire exactement ? La réunion de quelques jeunes ? Une place n’est-elle pas prévue pour cela ?

Doit-on réduire au silence tous les espaces publics pour la tranquillité de quelques riverains auxquels il faudrait peut-être rappeler qu’ils habitent dans une ville ? Je précise que mon fils exerce ses figures jusqu’à l’heure très tardive de 20h, au-delà nous lui demandons de rentrer à la maison pour le dîner familial. Sauf erreur de ma part, le tapage est caractérisé à partir de 22h…

Mon fils menace de reprendre la position horizontale permanente. Son moral et son état physique sont menacés, j’aimerais qu’on m’explique ce qu’une ville comme Strasbourg veut combattre en envoyant des policiers dégager avec violence des jeunes qui ne font rien d’autres qu’être ensemble autour d’une activité physique innocente.

Encore une fois je me réjouis des arbres plantés sur la place du Tribunal, mais pourquoi ne peut-on pas avoir des arbres et des enfants?

* Il a souhaité rester anonyme pour préserver le moral de son fils

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