My first document

Page 1


« Nous visons les 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030 »

Président du groupe Samsic, l’un des fleurons de l’économie bretonne, Thierry Geffroy a de l’ambition : il vise les 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030. Le dirigeant rennais nous a accordé un long entretien à l’occasion du Forum Économique Breton. La double croissance organique et externe guide l’entreprise qui emploie 125 000 salariés. Elle vient d’opérer un rachat stratégique en Allemagne. D’autres acquisitions sont en vue.

On vous voit peu dans les médias, vous êtes peu présent dans les réseaux économiques. À quoi répondait votre présence au Forum Économique Breton (FEB) cette année ? Quel message êtesvous venu délivrer ?

J’ai une forte sensibilité à la Bretagne, tout en étant bien évidemment ouvert au monde et aux rencontres, et je reste très attaché à mon territoire. J’ai été sollicité il y a trois ans, j’ai répondu par la positive car le partage d’expériences est essentiel et la connaissance des autres me grandit. Et puis c’est toujours un plaisir de rencontrer nos partenaires (des entreprises régionales ou nationales présentes au FEB et clientes de Samsic, NDLR). Et l’ensemble se fait dans une bonne ambiance. Pour autant, je n’aime pas trop prendre la parole en public, je parle peu aux journalistes pour les mêmes raisons. Être dans l’histoire ne m’intéresse pas, y participer davantage. C’est Samsic qui m’intéresse !

Samsic, malgré son envergure nationale internationale, est un groupe breton, qui a son siège social à Cesson-Sévigné près de Rennes. C’est cet attachement au territoire que vous êtes aussi venu réaffirmer ?

C’est vrai que quand on s’est interrogés, il y a cinq ans, sur le nouveau siège de Samsic, on s’est posé la question de se dire qu’on est un groupe international, que les moyens de communication ne sont pas toujours simples, notamment aéroportuaires. La raison voudrait qu’on soit parisien. Mais la réponse a été « non » à l’unanimité par le comité de direction puisqu’on est très attachés à notre territoire. On ne veut pas le dégrader mais au contraire le renforcer, c’est dans nos valeurs d’entreprise familiale. On ne quitte pas la mère patrie !

Samsic génère 3,65 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon les derniers chiffres partagés par le groupe. Comment est-il ventiler derrière vos trois grands pôles d’activité (Samsic Facility, Samsic RH et Samsic Airport) ?

Samsic Facility, c’est une société de services dédiée à la mainte-

Thierry Geffroy, président du groupe Samsic
Rennes SERVICES

BIO EXPRESS

1968 Naissance

1992 Entre dans le groupe Samsic

1998 Prend la direction de Samsic Emploi

2019 Devient président du directoire du groupe Samsic

2024 Le groupe Samsic génère 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires

nance des équipements, Samsic RH, c’est une société de travail temporaire et Samsic Airport, c’est la sécurité et la sûreté aéroportuaire. On approche les 2 milliards pour le facility, les 1,5 milliard pour les RH, le reste va pour l’activité Airport (aéroport). Et il y a quelques filiales indépendantes dont on ne parle jamais parce que ce sont des prises de participation. On fait 150 lignes de services : tous les grands métiers du nettoyage. Ceux du tertiaire, de l’agroalimentaire, du nucléaire… Il y a plein de métiers dans un métier. Et on continue d’innover. Par exemple dans le facility management, en allant vers la conciergerie privée ou la conciergerie d’entreprise. Ce n’est pas des métiers qui existaient il y a 10-15 ans, on essaie de s’adapter au marché d’aujourd’hui.

Qu’est-ce que qui tire la croissance de l’entreprise ?

C’est d’abord la croissance organique, celle que vous développez par la force des hommes et des femmes qui ont la capacité d’aller proposer de nouveaux services à nos clients, et à en fidéliser de nouveaux.

Mais pour gagner de l’argent et créer les emplois de demain, on mise aussi sur la croissance externe. À parts égales on fait aujourd’hui autant de croissance externe que de croissance organique. C’est la grande force de cette entreprise.

L’actualité, c’est le rachat que vous venez d’opérer auprès du groupe allemand Service Concept (600 salariés). Pourquoi vous êtes-vous positionnés sur cette entreprise ? Que va-t-elle apporter au groupe ?

D’abord on rachète beaucoup d’entreprises familiales et c’est encore le cas cette fois-ci. C’est touchant parce que le cédant nous transmet l’œuvre de sa vie. Notre devoir derrière, c’est de s’engager avec eux. L’objectif, avec ce rachat, c’est de pouvoir continuer de nous développer en Allemagne. Dans tous les pays, c’est important. Acheter pour acheter, ça n’a aucun intérêt, ce n’est pas un puzzle. L’idée c’est de renforcer l’entreprise, de la rendre pérenne, d’avoir une vision d’avenir.

« La raison voudrait qu’on soit parisien… mais on ne quitte pas la mère patrie ! »

Avez-vous d’autres acquisitions en vue ?

Oui, il y a trois autres deals en cours. Un en Irlande et deux autres en France. Des dossiers, il y en a partout, en France et dans les pays limitrophes. On les étudie avec le comité de direction et l’actionnaire (Christian Roulleau, le fondateur, propriétaire à 100 % du groupe Samsic et d’autres actifs derrière son familly office For-Bzh, NDLR). C’est un échange permanent. On veut continuer à construire parce qu’on a décidé dans la famille (Thierry Geffroy est le gendre de Christian Roulleau, NDLR) que l’entreprise irait encore plus loin.

C’est-à-dire ?

Quand j’ai été nommé, début 2019, on faisait 2,07 milliards d’euros de chiffre d’affaires et cinq ans plus tard on approche des 4 milliards. On a presque doublé le chiffre d’affaires, malgré une succession de coups durs : le Covid, les guerres, la crise de l’énergie… L’objectif de 2030, c’est 5 milliards d’euros. On se nourrit de l’ambition de demain.

Quels sont vos axes de développement à venir ?

On veut renforcer nos pôles d’activité et renforcer notre territorialité. On fait un métier de services, il faut qu’on soit présent sur tous les territoires français et sur tous les territoires européens qui possèdent déjà un drapeau Samsic. Nous nous déployons dans 27 pays (Angleterre, Portugal, Roumanie, Espagne... mais aussi l’Afrique ou le Qatar, NDLR), mon idée ce n’est pas forcément d’en avoir 35. C’est de se renforcer partout où nous sommes présents, parce qu’on a un engagement vis-à-vis de nos clients (quelque 30 000 entreprises) et de nos salariés. Il faut

BELUIN

rester concentré sur nos sujets. Quand on définit une stratégie, l’objectif c’est justement de s’y tenir, en restant opportunistes mais il faut tenter de s’y tenir.

Christian Roulleau participe-t-il encore aux décisions sur les projets stratégiques de l’entreprise ?

Toujours. D’abord c’est le président fondateur que je tiens en honneur et en respect.

On est très liés pour 1 000 raisons et c’est très agréable de fonctionner comme ça. Et c’est toujours très intéressant de confronter ses idées pour prendre la meilleure des décisions.

Généralement, on a une vision commune. Notre objectif, il est le même, c’est de poursuivre cette belle œuvre entrepreneuriale.

La question de la hausse du Smic fait beaucoup parler dans le débat public. Samsic pratique des salaires plutôt bas pour certains métiers. Seriez-vous favorable à la hausse du salaire minimum ?

D’abord je sais d’où je viens, je connais ce monde (Issu d’un milieu modeste, autodidacte, Thierry Geffroy, dans l’entreprise depuis plus de 30 ans, a gravi tous les échelons, NDLR).

Ensuite, on ne vit pas dans un monde fermé, on vit la mondialisation et on a des fédérations métiers. Samsic ne peut pas décider seul des rémunérations d’une activité.

Si j’augmente mes salariés mais que mes concurrents ne le font pas, je coule. De grands groupes agroalimentaires français et bretons n’existent plus aujourd’hui parce qu’ils ont pris de mauvaises décisions stratégiques… Mon devoir est d’être attentif au salarié, mais aussi à la compétition mondiale.

L’entreprise est sécurisée pour les années à venir, mais notre rentabilité est très faible.

La masse salariale, c’est plus de 75 % de notre facturation.

Si on bouge le curseur de la rémunération, le multiple c’est le nombre de salariés. Et nous en avons 125 000… Ce n’est pas si simple que ça d’augmenter les salaires en France !

« Quand on est chef d’entreprise, il faut aimer les gens »

Vous l’évoquiez en début d’interview, Samsic déménagera prochainement son siège de Cesson-Sévigné pour l’installer à Rennes, au sein du quartier d’affaires EuroRennes. On a appris récemment que votre projet immobilier avait été revu à la baisse. Le transfert de vos activités va-t-il s’en trouver contrarier ?

Ça ne changera rien. C’était un projet qui faisait 32 000 mètres tcarrés et qui restera sur le même périmètre, un peu moins parce que la tour va être diminuée de moitié, ce qui est mieux ainsi d’ailleurs. On ne pourrait pas faire d’IGH (Immeuble de grande hauteur, NDLR) aujourd’hui parce que les coûts seraient délirants. Le projet de départ (une tour de 82 mètres, NDLR) était séduisant mais économiquement il n’était pas réaliste parce que derrière nous sommes engagés sur de la vente de logements à des prix responsables.

Quand les premiers coups de pioche seront-ils donnés ?

La pose de la première pierre, ça sera avant le 31 décembre 2024. Il y a eu du retard à cause du Covid et d’autres phénomènes. C’est le siège de Samsic qui va commencer et ensuite ce sera la tour et tout l’environnement

qu’il y a autour. En gros, c’est trois ans de construction (la livraison est prévue début 2027, NDLR). Dans le nouveau siège, on pourra accueillir environ 750 personnes, contre 550 aujourd’hui au sein du groupe.

Samsic ramène très vite au Stade Rennais, le club de football incontournable de l’Illeet-Vilaine et de Bretagne. Vous en êtes le sponsor maillot depuis 2004 et vous venez de renouveler votre engagement jusqu’en 2029. Que vous offre ce soutien indéfectible aux Rouge et Noir ?

Répartition du chiffre d’affaires

Le Stade Rennais, c’est un fleuron du football français et européen, et on s’est toujours inscrits dans la durée. On le prouve encore avec ce sponsoring. Nous étions à 20 ans d’engagement, on va passer à 25, on ira peut-être à 30, je le souhaite d’ailleurs. On a d’excellentes relations avec la présidence, les actionnaires, la famille Pinault qui a un soutien extraordinaire. On a une chance inouïe de les avoir parmi nous, et avec nous. Donc on suit un mouvement qui est positif, qui libère des énergies pleines d’émotions et de passions. Et on en est très fiers et très heureux. Ce sont des liens quasi inaltérables entre nous, le sport et le Stade Rennais.

Le bonheur était le fil rouge du FEB 2024. Le trouvez-vous dans le travail, ce bonheur, à piloter au quotidien votre entreprise et le destin de 125 000 salariés ?

Quand on est chef d’entreprise, il faut aimer les gens. Si on n’aime pas les personnes avec qui l’on travaille, on n’a pas les mêmes conditions de bonheur. Il faut être capable d’avoir un leadership pour emporter des salariés dans un projet, et un projet qui est pérenne. Les entreprises familiales sont très résilientes. Le travail du comité de direction n’est pas jugé de manière immédiate. Si ça ne va pas le mois prochain, il n’y aura pas de révolution chez Samsic parce que la confiance est là. Si l’année est difficile, on aura une vision de l’avenir. Le bonheur on va le trouver dans l’épanouissement professionnel, parce que c’est le sens du collectif ! Baptiste Coupin

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
My first document by zoelaunay35 - Issuu