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04 : No6, Printemps 2010

supervues 009 à vaison-la-romaine par fabien pinaroli

35 chambres avec vues et quelques scénarios —

Supervues 009 : 35 artistes, 21 galeries et institutions, 
expositions, performances, projections vidéo pendant trois jours, Hôtel Burrhus, Vaisonla-Romaine, les 11, 12 et 13 décembre 2009.

Le public va et vient dans le dédale de couloirs et d’escaliers, discute avec les artistes dans les chambres qu’ils ont investies, squatte la salle vidéo ou assiste à une performance dans le hall de l’hôtel. Les propriétaires sont collectionneurs, ils ont organisé pendant dix ans un festival cinéma expérimental et sont passionnés de jazz. L’événement privilégie donc l’échange et le mouvement façon jam-session. Le contexte très connoté d’une chambre d’hôtel diffère du cube blanc et les artistes développent en conséquence des stratégies d’accrochage. Ici, trois d’entre elles retiennent l’attention : La chambre du collectionneur, L’artiste absent et La résidence hôtelière. Dans la première on trouve par exemple les chambres de Rémy Jacquier, Hippolyte Hentgen, Paul Raguénès, David Wolle ou Josué Rauscher qui ont accroché de manière très classique des œuvres directement sorties de l’atelier. L’espace invite à la contemplation mais

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à la relation intime aussi, ou encore à la tractation financière. On est au cœur du triangle classique peintre-galeriste-collectionneur et le lit au centre de la composition, tient de l’écran pour les projections mentales flottantes. L’artiste absent : le visiteur se trouve seul plongé dans l’univers fantastique, la mise en scène inquiétante ou l’appartement abandonné de Grégoire Bergeret, Thierry Mouillé ou Jean-Baptiste Ganne. Par cette vacuité, la chambre devient le décor d’une fiction et catalyse l’imagination. Dans un tel cas, l’irruption de l’artiste n’est pas forcément la bienvenue. De leur côté, Catherine Crozat, Lucja Ramotowski-Brunet ou Éric Watier se mettent en situation d’une Résidence hôtelière. Ils tirent parti d’un contexte qui excède souvent la simple chambre d’hôtel. Le mobilier design de l’hôtel Burrhus fait l’objet d’une enquête plastique, Vaison est témoin d’une relation adultère à géométrie variable et nos stéréotypes paysagers sont méthodiquement déconstruits. Pas de mises en scène mais des accrochages simples qui résistent à la tentation d’utiliser de

façon redondante les éléments de la chambre d’hôtel. 
JeanBaptiste et Laurence Gurly se sont entourés de quatre amis artistes et de 21 structures d’art contemporain publiques et privées pour une programmation en conséquence légèrement hétéroclite. Mais l’intérêt de Supervues réside dans la saveur des mélanges que Jean-Marc Chapoulie a pu incarner au cours de ses performances iconophiles, savantes et déjantées

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a. Lionel Fourneau : Les invités à Supervues 009, 2009. b. Jean-Marc Chapoulie : Tentative de mettre sous hypnose mon ordinateur par l’intermédiaire de sa webcam et Expérience de la catalepsie du coq, 2009. © Denis Rouxel.

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