Yosr KBAIRI, Mémoire ingénieur AgroParisTech

MÉMOIRE

Présenté par : Yosr KBAIRI Dans le cadre de la dominante d’approfondissement : IDEA (Ingénierie de l’Environnement, Eau, Déchets et Aménagements durables)

Contribution à l’élaboration d’une stratégie territoriale Trame Verte et Bleue à Paris Requalification d’un réservoir urbain de biodiversité Pour l’obtention du : DIPLOME D’INGENIEUR d’AGROPARISTECH

Stage effectué du 01/12/2013 au 31/08/2014 A : Mairie de Paris – Direction des Espaces Verts et de l’Environnement – Agence d’écologie urbaine 103 avenue de France 75013 Paris

Enseignants responsables : Sylvain CHAILLOU et Marie-Reine FLEISCH

Soutenu le : 17 septembre 2014

Maîtres de stage : Bernard VIEL et Claude FRISON

AgroParisTech grande école européenne d'ingénieurs et de managers dans le domaine du vivant et de l'environnement

Département SIAFEE Engagement de non plagiat

 Principes - Le plagiat se définit comme l’action d’un individu qui présente comme sien ce qu’il a pris à autrui.

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Recopier quasi intégralement un texte ou une partie de texte, sans véritable contribution personnelle, même si la source est citée.

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 Sanction : En cas de manquement à ces consignes, le département SIAFEE se réserve le droit d’exiger la réécriture du document, dans ce cas la validation de l’Unité d’Enseignement ou du diplôme de fin d’études sera suspendue.

 Engagement : Je soussignée Yosr KBAIRI Reconnais avoir lu et m’engage à respecter les consignes de non plagiat A Paris le 31 août 2014 Signature : KBAIRI

.

ABSTRACT

This study addresses the question of strengthening the Green Blue Grid in Paris. The challenge is to implement an ecological functionality in a compact and highly artificialized urban area. An experiment based on a multi actor approach was first conducted in an urban green space acting as a biodiversity core area. The findings demonstrate that design optimization combined with best management practices can maximize ecological functionality at the site’s scale. The analysis of actor system interacting with the target helped define differentiated mobilization strategies. The possibility to utilize the existing tools offered by the Local Planning Scheme was then discussed as this scheme is being up-graded in Paris. It is concluded that constraining instruments are efficient to protect the ecological network components and to improve their quality at the scale of the city unless they are well designed and monitored. Finally, the investigation of the stakes of Paris Green Blue Grid at the interface of bordering localities and of institutional and political actors points out some recommendations to insure the coherence of the ecological functionality implementation strategy at different scales.

Keywords : urban Green Blue Grid, urban ecological network, ecological functionality, functionality implementation strategy, urban biodiversity core area

RESUME

Cette étude est focalisée sur le renforcement de la Trame Verte et Bleue à Paris.

L’introduction d’une fonctionnalité écologique pour la requalification de ce territoire urbain compact et fortement artificialisé constitue un défi. Une expérimentation de requalification est d’abord menée sur un espace vert urbain jouant le rôle de réservoir de biodiversité. Les résultats montrent que l’optimisation des aménagements et des pratiques de gestion peut maximiser la fonctionnalité écologique à l’échelle d’un site.

L’analyse du jeu d’acteurs du projet de requalification a permis de définir des stratégies de mobilisation différenciées. La possibilité d’utiliser les outils existants du Plan Local d’Urbanisme a été ensuite discutée puisqu’une procédure de modification générale de ce document a été engagée. Des instruments contraignants sont efficaces pour protéger les composantes du réseau écologique et pour renforcer leur qualité à l’échelle de la ville à condition qu’ils soient bien conçus et contrôlés. Enfin, l’étude des enjeux de la Trame verte et bleue de Paris à l’interface des collectivités limitrophes et des acteurs politiques et techniques aboutit à quelques recommandations pour garantir la cohérence de la stratégie de requalification aux différentes échelles.

Mots clés : trame verte et bleue urbaine, réseau écologique, fonctionnalité écologique, stratégie de requalification, réservoir urbain de biodiversité

REMERCIEMENTS Je remercie en premier lieu Bernard Viel qui m’a donné l’opportunité d’explorer un sujet nouveau et passionnant au sein de l’Agence d’écologie urbaine.

De même, je remercie Claude Frison pour sa disponibilité et son écoute active. Ses remarques constructives et ses suggestions pertinentes m’ont beaucoup aidée à approfondir mes analyses et à élargir le champ de ma réflexion.

Un grand merci à Solenne Wilcox qui a témoigné un grand intérêt à mon étude en suivant de près mon avancement.

Je remercie également toutes les personnes qui ont contribué au développement de mon étude, en particulier: -

Paul-Robert Takacs pour ses apports en botanique ;

-

Bénédicte Janin pour ses éclairages précieux sur les documents d’urbanisme ;

-

Pierre Chedal-Anglay, Philippe Jacob et Béatrice Jannic pour leur participation active aux réunions que j’ai organisées avec les collectivités territoriales limitrophes.

Un grand merci aux membres de l’équipe de la division Patrimoine Naturel, j’ai été marquée par la force du travail de conviction qu’ils mènent tous les jours et par les moments très agréables que j’ai partagés avec eux.

Je remercie également Sylvain Chaillou et Marie-Reine Fleisch qui m’ont beaucoup aidée pendant mon stage.

Enfin, le remerciement ultime revient à mes parents pour leur soutien sans faille tout au long de mon parcours. Leurs encouragements m’ont toujours stimulée pour atteindre mes objectifs.

SOMMAIRE INTRODUCTION

1

I.

2

CONTEXTE A.

La politique nationale Trame Verte et Bleue

2

B.

La politique Trame Verte et Bleue à Paris

4

II.

UNE PROBLEMATIQUE EMERGENTE

10

III.

ETUDE DE LA REQUALIFICATION D’UN SITE D’EXPERIMENTATION

11

A.

Etude des enjeux

11

B.

Analyse du jeu d’acteurs et des stratégies de mobilisation

18

C.

Analyse des solutions de requalification

23

IV. PRISE EN COMPTE DE LA FONCTIONNALITE ECOLOGIQUE DANS LE PROJET D’URBANISME DE LA VILLE OU REQUALIFICATION DU PROJET D’URBANISME DE LA VILLE : QUELLES AMBITIONS ? QUELS MOYENS ? QUELS FREINS ? EXEMPLE DU PLAN LOCAL D’URBANISME 39 A.

Dans le rapport de présentation

40

B.

Dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable

41

C.

Dans le règlement

42

D. la ville

Les limites des documents d’urbanisme dans la prise en compte de la fonctionnalité écologique de 45

V. LES CONTINUITES ECOLOGIQUES A LA FRONTIERE DES TERRITOIRES : DES METHODES D’IDENTIFICATION A LA LECTURE TERRITORIALE DES ENJEUX

46

A.

Des méthodes d’identification très divergentes

46

B.

Une lecture territoriale plus propice à la co-construction

47

VI. DES PORTEURS DU PROJET INSTITUTIONNELS ET POLITIQUES AUX TEMPORALITES DIVERGENTES MAIS AUX INTERETS CONVERGENTS 48 A.

La participation comme levier de mobilisation du citoyen et du politique

49

B.

L’information et la sensibilisation du citoyen (et des élus)

50

C. La pédagogie : un enjeu majeur d’une démarche de mobilisation et de sensibilisation des citoyens et des élus 51 CONCLUSION

52

INTRODUCTION

Compacte et fortement artificialisée, la ville de Paris forme le cœur urbain dense de la région Ile de France. Malgré cette situation plutôt hostile à la biodiversité, Paris recèle une richesse floristique et faunistique surprenante : plus de 2000 espèces de plantes sauvages et de champignons et autant d’espèces animales y sont présentes. La présence d’un maillage d’habitats à caractère naturel d’origine anthropique, englobant notamment des espaces verts, explique en grande partie la diversité observée.

Paris a mené une politique volontariste pour inscrire des secteurs et des liaisons urbains d’intérêt écologique dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique en lien avec tous les acteurs afin d’aboutir à terme à une requalification du territoire urbain et affirmer ainsi sa fonctionnalité écologique.

Cette étude essaie de démontrer que la requalification du territoire parisien s’opèrera à plusieurs échelles.

La première partie est focalisée sur l’échelle d’un site en tenant compte de ses enjeux urbains ; elle traite de l’optimisation des potentialités écologiques d’un réservoir urbain de biodiversité par une approche multi-acteurs tout en mobilisant la gestion et l’aménagement d’habitats à caractère naturel comme leviers d’actions.

La deuxième partie confronte l’ensemble des outils existants pour la prise en compte des continuités écologiques à la réalité du projet d’urbanisme de la collectivité parisienne. Le saut d’échelle est triple puisqu’on passe : (1) d’un site ponctuel à l’ensemble du territoire (2) de la mobilisation volontaire à la contrainte réglementaire et enfin (3) de la théorie à l’application concrète des instruments juridiques.

Les deux dernières parties soulèvent, dans une optique d’ouverture, des questions relatives à la cohérence de la stratégie de requalification du territoire parisien d’une part entre Paris et les communes limitrophes et d’autre part entre acteurs politiques et institutionnels du projet Trame Verte et Bleue. Des éléments de réponses sont suggérés pour assurer une action collective coordonnée et cohérente. La question d’échelle est traitée ici d’un point de vue (1) spatioadministratif et (2) politico-administratif.

I.

CONTEXTE

A. La politique nationale Trame Verte et Bleue 1. Une politique nationale à déclinaison multi scalaire Les lois Grenelle I (Loi n°2099-967 du 3 août 2009) et II (Loi n°2010-788 du 12 juillet 2010) ont doté la France d’une politique publique nationale visant à enrayer la perte de la biodiversité en assurant la préservation des réseaux écologiques. L’engagement en faveur de la biodiversité s’est traduit concrètement par l’instauration de la Trame Verte et Bleue comme outil de reconstruction d’un réseau écologique cohérent sur le territoire national.

L’Etat a opté pour le déploiement de la politique nationale par les collectivités territoriales dans le respect du principe de subsidiarité. Ainsi, l’Etat définit les orientations nationales pour la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques. La Région est tenue d’élaborer, en lien avec l’Etat, un Schéma Régional de Cohérence Ecologique. Les communes ou les intercommunalités sont également mises à contribution en garantissant la prise en compte de la biodiversité et des continuités écologiques dans les documents d’urbanisme comme le Schéma de Cohérence Territorial ou le Plan Local d’Urbanisme et dans les projets d’aménagement.

Ces choix stratégiques offrent une latitude d’interprétation aux collectivités territoriales face au contexte et aux enjeux de leurs territoires et favorisent une gouvernance partagée par tous les acteurs territoriaux, décrite par le Comité opérationnel Trame Verte et Bleue comme « facteur de réussite » (Allag-Dhuisme F., 2010). Ils permettent également de mobiliser les instruments juridiques existants pour que la Trame Verte et Bleue soit un pilier de l’aménagement durable du territoire, sans induire un niveau de complexité juridique supplémentaire. Enfin, un autre avantage est le désengagement de l’Etat du financement d’une politique nationale ambitieuse (Cormier L., 2013) d’autant plus que les coûts de sa mise en œuvre n’ont jamais fait l’objet d’une estimation.

2. Des fondements théoriques à la mise en œuvre pratique La politique Trame Verte et Bleue s’appuie fortement sur les concepts de l’écologie du paysage où le paysage est un système spatial complexe d’un niveau supérieur à celui de l’écosystème.

Dans ce cadre théorique, la trame verte et bleue correspond au réseau écologique formé par des réservoirs de biodiversité reliés par des corridors écologiques et situé dans une matrice (Forman & Gordon, 1981) : -

un réservoir de biodiversité permet aux espèces animales et végétales d’accomplir l’ensemble de leur cycle de vie (alimentation, reproduction, repos, hibernation, etc.) ce qui lui confère une diversité biologique plus importante en termes de richesse spécifique et d’abondance des espèces ;

-

un corridor est une voie de déplacement des espèces de faune et de flore et assure ainsi leur circulation, dispersion ou migration. Qu’il soit linéaire, en pas japonais ou paysager, un corridor est un élément de jonction fonctionnelle entre des réservoirs de biodiversité ;

-

la matrice est définie par exclusion, il s’agit des espaces plus ou moins hostiles où les possibilités de vie et de déplacement des espèces sont très réduites voire inexistantes.

Les composantes aquatique et terrestre de la trame verte et bleue sont théoriquement indissociables mais peuvent être décomposées en différents types de milieux, appelés soustrames (forestier, agricole, urbain, périurbain, rural, aquatique, humide, etc.) pour faciliter 2

l’identification des réservoirs de biodiversité. La trame verte et bleue correspond ainsi à l’ensemble des sous-trames et à leurs interactions. Trois approches sont possibles pour élaborer une trame verte et bleue : -

une approche par « espèces cibles » ou groupes d’espèces cibles associés à une ou plusieurs sous-trames ; une approche par « habitats » axée sur la flore et la végétation, support d’une faune caractéristique ; et une approche par secteurs d’intérêt écologique.

La « perméabilité » du paysage conditionne les déplacements des espèces et affecte ainsi la diversité biologique. La densité du maillage écologique en zones vitales et en continuités de circulation fonctionnelles favorise la perméabilité du paysage. Inversement, la densité des barrières physiques ou immatérielles fragmente les habitats et accentue leur isolement ; elle a un impact négatif sur la perméabilité du paysage. Il existe donc deux principaux leviers d’actions pour préserver et restaurer les continuités écologiques : -

un nombre suffisant de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques en bon état de conservation et équitablement répartis dans l’espace; une matrice la moins hostile possible.

La mobilisation de ces leviers d’action pour les différentes sous-trames identifiées dans le territoire et pour les différentes échelles spatiales (locale, régionale et interrégionale) permet d’aboutir à une trame verte et bleue fonctionnelle (Figure 1).

Réservoir de biodiversité

Corridor

Niveau interrégional

Niveau régional

Niveau local

Figure 1 : Schéma d’une trame verte et bleue fonctionnelle aux différentes échelles Source : Adapté et simplifié d’après Riechen et al. 2004

La discipline de référence de la politique Trame Verte et Bleue apporte donc une approche spatio-temporelle applicable à différentes échelles territoriales et à différents types de milieux.

Ce cadre théorique a plusieurs conséquences sur les choix stratégiques de mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue : 3

-

elle n’est pas cantonnée aux habitats et milieux exceptionnels ou aux espèces emblématiques et patrimoniales puisqu’elle prend en compte la diversité du vivant dans toute sa globalité, elle n’est pas en rupture avec les autres politiques publiques de préservation de la biodiversité, qu’elles soient génériques ou territorialisées, puisqu’elle leur est complémentaire et synergique, elle ne fige pas les continuités écologiques puisque le réseau écologique évolue potentiellement selon les actions de préservation et de restauration entreprises par les acteurs du territoire.

3. Préservation de la biodiversité par une approche « multifonctionnelle » La reconstruction de réseaux écologiques fonctionnels a pour finalité de contrecarrer l’altération des capacités de vie et de déplacement des espèces dans une optique d’adaptation au changement climatique. En effet, les mécanismes de déplacement des espèces sont incontournables pour l’ajustement de leur aire de répartition.

Toutefois, la politique Trame Verte et Bleue préconise une approche multifonctionnelle qui contribue à l’amélioration des services rendus à la collectivité par la biodiversité. La trame verte et bleue est centrée sur les écosystèmes et les espèces mais reste tournée vers l’Homme et la Société. La multifonctionnalité de la trame verte et bleue s’apprécie particulièrement en milieu urbain.

Une trame verte et bleue urbaine contribue à la préservation de la biodiversité urbaine et à l’atténuation de l’empreinte écologique de la ville qui s’étend au-delà de ses limites administratives. Elle permet aussi de diversifier les paysages urbains, notamment en limitant la banalisation et l’uniformisation des espaces verts, voire de l’espace public. Un réseau écologique fonctionnel devient un levier d’action à mobiliser pour augmenter l’attractivité du territoire. Les éléments semi-naturels ou à caractère naturel en ville constituent par ailleurs un actif pour les citadins : ils procurent une meilleure qualité de vie, contribuent à leur bien-être et leur offrent une expérience en lien avec la faune et la flore.

B. La politique Trame Verte et Bleue à Paris 1. Un milieu urbain dense a priori hostile à la biodiversité et aux continuités écologiques Avec une superficie de 105 km² et plus de 2 millions d’habitants, Paris est la ville la plus peuplée de France : la densité de la population en 2010 s’est élevée à plus de 21 000 habitants/km² (INSEE, 2013), soit l’équivalent de 20 fois la densité dans la région Ile-de-France qui atteint 1000 habitants/m² (ibid.).

A cette forte pression anthropique s’ajoute la présence d’un important réseau d’infrastructures linéaires et l’artificialisation des surfaces. A titre d’exemple, près de 13,5 km² de chaussées et de 11 km² de trottoirs gérés par les services municipaux se déploient à Paris (Paris, Voies de circulation, 2013). Ces surfaces constituent en général des barrières physiques à la circulation des espèces non volantes et conduisent à l’isolement des ‘patchs’ de biodiversité. L’éclairage urbain intense à Paris engendre quant à lui une forte pollution lumineuse. Le parc d’éclairage municipal qui compte 200 000 sources, 61 000 candélabres et 300 sites d’illumination (Paris, Eclairage public, 2013), constitue une barrière immatérielle aux déplacements des espèces, notamment les espèces lucifuges à cause des phénomènes de sur-prédation, de désertion et des perturbations de l’horloge biologique des espèces (ANPCEN, 2013).

4

En termes de diversité biologique, Paris ne comporte aucun zonage d’inventaire ou de protection spécifique. Les sites favorables à l’accueil de la faune et de la flore sont dispersés de façon ponctuelle sur le territoire parisien. A titre d’exemple, les squares, jardins et parcs municipaux représentent 580 ha, soit 5,5% du territoire parisien. Les bois de Boulogne et le bois de Vincennes, deux secteurs d’intérêt écologique par rapport à leur environnement urbain, sont quasi déconnectés des forêts régionales. Certains espaces comme les friches urbaines temporaires constituent des habitats précieux mais sont soumis à de fortes pressions urbaines liées notamment à la construction. Enfin, faut-il rappeler que ces sites sont des milieux créés et aménagés par l’Homme et qu’ils subissent en permanence son action en termes de fréquentation et d’usages ? En d’autres mots, les continuités écologiques ne correspondent pas à un état préexistant à Paris, territoire intensément artificialisé et remanié.

Figure 2 : Les spécificités des continuités écologiques en zone urbaine dense

A gauche : dans le contexte urbain dense, la matrice est relativement hostile à cause de l’imperméabilisation intense du sol et de la forte densité du bâti. Les réservoirs de biodiversité urbains sont fragilisés par le morcellement, l’enclavement, ou une taille insuffisante, etc. Les corridors écologiques sont présents de façon ponctuelle et sont souvent interrompus par des barrières infranchissables pour certaines espèces (production personnelle) A droite : schéma théorique des continuités écologiques largement admis (adapté et simplifié d’après l’IRSTEA)

2. Une démarche volontariste pour s’intégrer dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique de la Région Ile- de-France La Ville de Paris présente sur son territoire des réservoirs de biodiversité d’intérêt régional tels que les bois de Boulogne et de Vincennes. Les infrastructures ferroviaires constituent des corridors écologiques fonctionnels pour les plantes en ville (Penone, Machon, Julliard, & Le Viol, 2012). La Seine est aussi un réservoir et corridor de dimension non seulement régionale mais aussi nationale. Paris devait donc s’inscrire naturellement dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique d’Ile de France, à l’instar des autres collectivités territoriales. La volonté de Paris de s’intégrer dans ce dispositif trouve son origine dans le Plan Biodiversité, adopté en novembre 2011 par le Conseil de Paris (Paris, Plan Biodiversité, 2011).

5

Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique de la Région Ile de France a été co-élaboré par l’Etat et la Région et a été adopté en octobre 2013 après 3 ans de travaux qui ont impliqué notamment un Comité trame verte et bleue. Ce comité a constitué un espace d’information, d’échanges et de consultation réunissant des acteurs locaux et régionaux pour la validation du dispositif (décret n°2011-739 du 28 juin 2011).

La concertation nécessaire à l’élaboration du Schéma Régional de Cohérence Ecologique a été basée sur deux types d’ateliers : -

-

7 ateliers thématiques ayant permis de co-définir des outils de travail adaptés aux enjeux associés à différentes échelles (communale ou intra communale) et à différentes zones (infrastructures linéaires, eau et milieux humides, zone agricole, zone forestière et les espaces urbains et périurbains) ; 10 ateliers territoriaux d’information et de débat ayant permis de confronter les enjeux et la Trame Verte et Bleue identifiés sur un territoire avec la connaissance de ses acteurs et de leurs projets éventuels.

Lors de ces ateliers, la Ville de Paris a été représentée auprès de la Région et de la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie par la Direction de l’Urbanisme, désignée référent unique. Néanmoins, la contribution de l’Observatoire Parisien de la Biodiversité au processus de concertation a été significative en termes d’appui scientifique et technique.

La Ville de Paris a ainsi adopté une démarche volontariste et a souhaité mieux prendre en compte les enjeux propres à la zone urbaine dense ainsi que ses continuités urbaines dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique. Ces objectifs ont été partiellement atteints. En effet, la détermination des réservoirs de biodiversité s’est basée sur les zonages de protection, de gestion et de connaissance existants et les zones urbaines ont été exclues. Les secteurs reconnus d’intérêt écologique en contexte urbain dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique, comme le jardin du Luxembourg, le parc des Buttes Chaumont ou encore le cimetière du Père Lachaise, sont simplement des espaces à enjeux à une échelle locale et non régionale. De plus, si les négociations entre la Ville de Paris et l’Etat-Région ont permis de prendre en compte les canaux, Saint-Martin et de l’Ourcq, quelques tronçons de la Petite ceinture et certains faisceaux ferroviaires, la reconnaissance de la Ceinture Verte de Paris comme liaison d’intérêt écologique a été rejetée1. Enfin, le « cœur d’agglomération », c'est-àdire le secteur correspondant à Paris et la Petite Couronne, a été traité dans une carte distincte de la carte des composantes de la Trame Verte et Bleue de la Région et de la carte des objectifs de sa préservation et de sa restauration. La première différence est liée à l’échelle : 1/75 000ème pour le cœur d’agglomération et 1/100 000ème pour les autres secteurs de la Région ; la seconde repose sur une plus grande précision concernant l’occupation du sol et la cartographie des habitats (notamment les boisements et les surfaces herbacées plus ou moins artificialisées). Au prix d’une plus grande précision, Paris et la Petite Couronne ont été en quelque sorte ‘marginalisés’ de la cartographie globale.

1

Source : Philippe JACOB (Observatoire Parisien de la Biodiversité)

6

Figure 3 : Carte de la Trame verte et bleue des départements de Paris et de la Petite Couronne (Source : Schéma Régional de Cohérence Ecologique d’Ile de France)

3. Un projet Trame verte et bleue piloté par une entité d’expertise et de conseil positionnée au sein de l’Agence d’écologie urbaine L’Agence d’écologie urbaine co-élabore et pilote une grande partie des plans environnementaux de la Ville de Paris. Son action transversale au territoire parisien s’articule autour de trois objectifs : -

Anticiper les enjeux environnementaux à Paris par une vision prospective et la mise en place de plans d’actions, de veille technique et réglementaire et d’expérimentations innovantes ; Développer la connaissance de l’environnement urbain grâce à des expertises ciblées et complémentaires et partager cette connaissance en instaurant un dialogue permanent avec les parties prenantes ; Mobiliser tous les acteurs du territoire par l’animation de réseaux et la facilitation du passage à l’action.

-

Grâce à l’expertise de son équipe en matière d’espèces et d’habitats des milieux à caractère naturel transformés, la Division Patrimoine naturel a été chargée de l’élaboration de la Trame Verte et Bleue dans ses volets technique et stratégique. La prise en compte de toutes les contraintes liées au contexte urbain impose des méthodes qui doivent être à la fois adaptées à la biodiversité urbaine et cohérentes avec le Schéma Régional de Cohérence Ecologique d’Ile de France.

L’approche retenue pour la mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue à Paris repose sur 48 « espèces cibles » (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). En effet, l’approche « habitats » n’est pas appropriée puisque la végétation dépend des choix d’aménagement et non des caractéristiques écologiques du milieu. Les 48 espèces ou groupes (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et insectes) sont inféodées aux 6 sous-trames suivantes : -

sous-trame des milieux herbacés ; sous-trame arbustive et lianescente ; sous-trame arborée ; sous-trame des milieux minéraux perméables (i.e. avec interstices). sous-trame des milieux aquatiques courants et de leurs berges ; sous-trame des mares, plans d’eau et milieux humides.

Une typologie de 91 habitats parisiens (ANNEXE 2) a été établie afin d’évaluer les potentialités d’un espace à accueillir ces espèces à enjeux. Les habitats les plus favorables à l’accueil de la flore spontanée et de la faune sauvage ont été identifiés comme habitats prioritaires pour Paris ; leur nombre s’élève à 31 (ANNEXE 3). Cette typologie a l’avantage de faire, dans la mesure du possible, un rapprochement avec des typologies existantes (CORINE Biotope, typologie des milieux semi-naturels élaborée dans le cadre de la gestion différenciée, etc.).

La caractérisation de l’état initial des continuités écologiques repose sur une qualification écologique fine des réservoirs et des corridors urbains. Elle permet de mieux cerner les forces et faiblesses du territoire en termes de densité et de fonctionnalité des réservoirs de biodiversité ; notamment visuellement grâce à une cartographie.

Les emprises retenues pour la qualification écologique au titre de réservoirs urbains de biodiversité sont les espaces verts dont la superficie est supérieure au seuil de 1 ha et qui renferment au moins deux sous-trames terrestres. La compacité a représenté un critère supplémentaire apprécié visuellement (mais qui aurait pu être estimé par des ratios reliant la surface et le périmètre d’une emprise). La démarche de qualification n’a pas été restreinte aux frontières administratives de la gestion municipale et a englobé des espaces verts publics

(municipaux et non municipaux) et privés ; soit 70 espaces verts et 8 cimetières intra-muros en gestion municipale et 35 espaces verts hors gestion municipale.

La qualification d’une emprise a été basée sur un questionnaire (ANNEXE 4) permettant d’évaluer de façon objective son potentiel écologique actuel en se basant sur 9 critères : l’âge du secteur, sa surface, le nombre de sous-trames terrestres, la diversité au sein des sous-trames terrestres, la présence connue d’habitats prioritaires ponctuels, la présence d’espèces cibles, la fréquentation humaine, l’éclairage et la gestion écologique. Selon la note globale obtenue après agrégation des notes attribuées aux différents critères, une emprise peut être qualifiée de réservoir urbain de biodiversité fonctionnel, réservoir urbain de biodiversité intermédiaire ou espace relais.

La phase stratégique, pas encore entamée, consiste à définir des objectifs stratégiques en termes de création de nouveaux espaces, de préservation des secteurs fonctionnels et de renforcement des secteurs fragiles. La déclinaison de ces objectifs en un plan d’action opérationnel sera conditionnée par le niveau de contraintes imposées ; des scénarios plus ou moins ambitieux seront envisageables. L’évaluation de l’atteinte des objectifs de requalification fournira des éléments pour le réajustement des objectifs stratégiques. Il s’agira en effet d’une démarche itérative d’amélioration continue (Figure 4). Cette étape peut se décliner à différentes échelles, du territoire parisien au petit square ou au quartier.

Figure 4 : Elaboration de la stratégie Trame Verte et Bleue à Paris

9

II.

UNE PROBLEMATIQUE EMERGENTE

L’objectif premier de ma mission est de fournir des recommandations sur la conduite de la « requalification urbaine », dans le cadre d’une aide à l’élaboration de la stratégie territoriale Trame Verte et Bleue à Paris. L’étude se focalisera sur les réservoirs urbains de biodiversité ; un site d’expérimentation sera choisi pour analyser les perspectives d’évolution en lien avec les gestionnaires et les aménageurs.

La requalification du territoire urbain suppose une inversion du regard, d’où l’originalité de cette étude. Ce territoire a été longtemps considéré comme une ‘tache grise’, c’est-à-dire à une rupture des continuités écologiques. Au lieu de dresser un état des lieux tragique et statique, mon analyse se base sur des potentialités écologiques pour impulser des actions de création ou de renforcement d’une fonctionnalité écologique supposée. La matrice urbaine devient ainsi moins hostile, ce qui favoriserait la connectivité entre milieux naturels fragmentés par ailleurs.

Cette problématique, intervenant après une prise de conscience de l’urgence d’agir, soulève une question fondamentale relative aux modalités d’action. L’emboîtement des composantes de la Trame Verte et Bleue à différentes échelles apporte une pluralité de stratégies complémentaires.

A Paris, certaines orientations stratégiques du Plan Biodiversité focalisent sur de grandes unités constitutives des continuités écologiques (i.e. Requalification de la ceinture verte), des soustrames (i.e. Renforcement des sous-trames aquatique et humide) ou encore sur des habitats à caractère naturel (i.e. Aménagement de zones refuges).

La nouvelle approche « site-spécifique » testée dans le cadre de cette étude permettra de: -

‘décomposer’ le site en ses éléments constitutifs pour identifier les sous-trames, les habitats et micro-habitats à consolider ; ‘recomposer’ pour assurer une intégration cohérente des échelles inférieures et / ou supérieures pertinentes.

Si les habitats à caractère naturel dans les espaces urbains se rapprochent des écosystèmes naturels par leur composition et par leur fonctionnement (Bretzel, Malorgiob, Paolettib, & Pezzarossa, 2012 ), ils subissent une forte pression d’origine anthropique liée aux pratiques des usagers et aux interventions d’entretien par les gestionnaires. Par ailleurs, leur présence parfois ponctuelle et dispersée sur le territoire accentue leur fragilité. Face à ce constat, ces habitats seraient potentiellement sensibles à : -

un changement des modalités de gestion et d’usage favorisant l’expression des cycles biologiques des espèces (critère qualitatif) ; l’augmentation de leur densité (ou leur surface) à une échelle adaptée (quantitatif).

En partant de ces hypothèses, on retient le principe de deux variables d’ajustement qui ne s’excluent pas mais qui se complètent. Leur combinaison permet d’agir positivement sur les habitats et ainsi sur la représentativité et la diversité des sous-trames d’un site. Il en découle une gamme de solutions possibles. Je me suis attachée à l’analyse de ces solutions au regard de l’impact écologique potentiel, la faisabilité technico-économique et l’acceptabilité sociale.

Malgré mon choix d’un terrain d’étude ponctuel et localisé, il m’est paru indispensable de mettre en lumière les enjeux de la cohérence de l’action dans le territoire, espace qui se caractérise par la multiplicité de ses acteurs, la divergence de leurs temporalités et l’imbrication des échelons spatio-administratifs. Les enjeux de cohérence se posent au même titre à l’interface des territoires. L’ensemble de mes questionnements trouve un écho au sein de ma structure d’accueil : l’Agence d’écologie urbaine travaille conjointement avec l’administration et l’exécutif

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municipal parisiens et doit se préparer à l’évolution de son rôle à l’aune de la concrétisation de Paris Métropole en 2016.

Après une première phase d’appropriation et d’application de la méthode de qualification écologique du territoire parisien, puis de compréhension des principes de gestion, d’aménagement et de concertation au sein de la Direction des espaces verts et de l’environnement, mon étude s’est déclinée en plusieurs étapes.

III.

ETUDE DE LA REQUALIFICATION D’UN SITE D’EXPERIMENTATION

Ma recherche d’un site d’expérimentation s’est orientée vers des espaces verts municipaux qualifiés de réservoirs urbains de biodiversité de niveau intermédiaire et dont la surface est supérieure à 2 ha. J’ai écarté délibérément les sites étudiés dans le cadre des travaux d’expertise de la division d’accueil. Le Square Séverine situé dans le 20ème arrondissement et ayant une surface de 2,4 hectares remplit ces critères. De plus, il a fait l’objet d’une étude de faisabilité paysagère en vue d’un projet de rénovation. Je me suis donc saisie de cette opportunité pour tester ma méthode de requalification.

A. Etude des enjeux La compréhension des enjeux du site et de son périmètre est un préalable indispensable à une réflexion sur des perspectives d’évolution réalistes. Un espace vert est avant tout un aménagement urbain et un espace social ; j’ai donc cherché à analyser son contexte urbain historique et actuel, son intérêt paysager et patrimonial, les pratiques des usagers et enfin le lien entre sa configuration et les pratiques de gestion d’une part et ses potentialités écologiques de l’autre. Mon analyse s’est appuyée sur le croisement des informations issues de : - la bibliographie disponible sur le site, notamment : les études historique et paysagère, le plan de gestion, le questionnaire de qualification écologique ; - des visites exploratoires et des observations de terrain ; - des interviews avec les parties prenantes.

1. Un aménagement urbain historique en périphérie de Paris dont l’évolution est encadrée par une protection dans le Plan Local d’Urbanisme Le Square Séverine a été créé en 1933 par Roger Lardat, architecte-voyer2 de la Ville de Paris. Il se démarque par une forte identité historique et un style néo-classique des années 30. La composante architecturale, assurant des fonctions à la fois utilitaire et décorative, reste aujourd’hui fortement présente. L’espace a toutefois subi de nombreuses transformations au fil du temps. A titre d’exemple, deux fontaines existaient historiquement dans la partie haute du square. Elles ont été comblées, engazonnées et agrémentées de topiaires en 1981 (Figure 5). « Deux miroirs d’eau avec fontaines complètent l’aménagement de la partie haute (…)» © in L’architecture d’aujourd’hui, avril 1935

Agent de la Ville de Paris exerçant des fonctions techniques ou administratives dans les domaines de l'architecture, de l'environnement, de l'urbanisme, de la construction, de l'aménagement foncier et urbain 2

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Figure 5 : Emplacement historique de l’une des deux fontaines

Le site a été édifié sur l’ancien bastion gardant la Porte de Bagnolet et représente un exemple de l’urbanisation des anciennes fortifications de Thiers de la zone non aedificandi (APUR, 2013). Il fait ainsi partie de la ‘Ceinture Verte’ et se situe à l’interface de Paris et de deux communes limitrophes de la petite couronne qui sont Bagnolet et Montreuil (Figure 6).

Figure 6 : Vue perspective de l’état actuel du Square Séverine Source : Atelier parisien de l’urbanisme, 2009

La Ceinture verte forme un véritable anneau de 38 km de long jouxté par le Boulevard Périphérique d’un côté et par la Petite ceinture ferroviaire de l’autre. Le projet d’aménagement initial consistait en la création d’espaces verts sur l’ensemble de cette zone mais il a évolué au fil des années avec la construction de logements sociaux et d’autres équipements urbains (stades, gymnases, centres sportifs…). Le territoire de la Ceinture verte continue à se transformer grâce aux Grands Projets de Renouvellement Urbain et aux orientations du Projet d’Aménagement et de Développement Durable du Plan Local d’Urbanisme. La requalification de ce territoire, inscrite dans le Plan Biodiversité, est axée entre autres sur le renforcement de l’armature verte et le développement de continuités urbaines entre Paris et sa couronne.

Les évolutions du site en termes de gestion et d’aménagement sont actuellement cadrées par un classement en espace boisé (EBC) dans le Plan Local d’Urbanisme en vigueur. En effet, ce statut de protection interdit théoriquement tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre le boisement existant ou à créer, garantissant ainsi une protection forte de la végétation arbustive et arborée.

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2. Un tissu urbain plutôt hostile, extrêmement dense et aux fonctions urbaines restreintes exerçant une influence sur la captation des usagers Le secteur de la Porte de Bagnolet est un secteur urbain excentré mais intermodal et bien desservi par les transports en commun (métro, tram, bus). Le square est donc accessible par l’intermédiaire de différents moyens de transport. Toutefois, l’avenue de Bagnolet et la rue Le Vau, situées du côté de la banlieue, sont relativement hostiles aux circulations douces (à pieds ou à vélo), contrairement au Boulevard Davout et à la rue Delaure. Ceci s’explique par leur proximité du Boulevard Périphérique et de l’échangeur autoroutier de la Porte de Bagnolet induisant un niveau relativement élevé de pollution atmosphérique et de nuisances sonores.

Ainsi, la rupture physique et visuelle entre Paris et sa banlieue persiste. Cette discontinuité urbaine implique une accessibilité asymétrique au square qui constitue tout de même un espace de verdure et de respiration qui rend plus ‘agréable à vivre’ le tissu urbain environnant.

Le secteur délimité par la rue Léon Frapié, la rue Dulaure, le Boulevard Périphérique et le Boulevard Mortier, englobant donc le square, correspond à un quartier résidentiel extrêmement dense en logements sociaux HBM (Habitations Bon Marché). La densité d’habitants et d’emplois y dépasse 800 habitants/emplois par hectare (APUR, 2009).

D’un point de vue socio-économique, ce secteur est caractérisé par :  des ménages populaires et modestes, voire fragiles (les ouvriers et les employés représentent plus de 50% des actifs et la part des chômeurs dans la population active s’élève à 15 - 20%)  une population diversifiée regroupant des tranches d’âge différentes (les jeunes de moins 20 ans représentent plus de 20% de la population tout comme les seniors de plus de 60 ans) et de nombreuses origines ethniques.

L’équipement local est dense et se concentre dans l’emprise de la ceinture verte mais reste peu diversifié. En effet, les établissements éducatifs et sportifs sont largement prédominants et les espaces publics polyvalents, surtout à vocation culturelle, sont rares. Dans ce contexte, la demande sociale en matière d’équipements publics est potentiellement très forte mais se heurte à une offre insuffisante et/ou incomplète. Les espaces verts de proximité drainent donc un important bassin d’usagers hétérogènes et des usages hétéroclites, usages qui ont parfois tendance à les dévaloriser.

3. Un espace public formé par une mosaïque d’espaces monofonctionnels plus ou moins (dé)valorisés A l’instar d’autres espaces verts parisiens, les équipements mis à disposition dans le square Séverine sont diversifiés et répondent globalement aux besoins de différentes tranches d’âge des usagers. Les observations de terrain révèlent toutefois une sectorisation de l’espace, sectorisation favorisée par sa configuration et par son appropriation par certains groupes d’usagers. En effet, on peut identifier des ‘zones’ monofonctionnelles comme par exemple : -

La zone centrale isolée par des barrières physiques qui concentre les usages des enfants et des familles (aire de jeux, tables de pique-nique, etc.) ; L’aire de jeux de ballons, séparée du reste du square, qui accueille surtout les adolescents.

Les barrières physiques matérialiseraient-elles les limites d’un territoire destiné à certains groupes d’usagers « désirés », par opposition à des usagers « non désirés » ? Cette question se pose légitimement au regard de la présence d’usagers en difficulté sociale et/ou économique et qui 13

peut susciter des craintes voire des phénomènes d’intolérance sociale. Le trafic de substances illicites, connu et toléré dans l’emprise du square, ne ferait que revivifier les peurs en amplifiant l’opposition des usagers ‘dans la légalité’ aux usagers ‘dans l’illégalité’.

L’auditorium et l’abri (un chalet), situés à deux points clés du square, ne sont valorisés par aucune activité culturelle ni pédagogique et ont donc été détournés pour des usages ‘habituels’ ou ‘inhabituels’. L’abri accueille par exemple occasionnellement des personnes Sans Domicile Fixe. L’auditorium est devenu un lieu symbolique par la fresque murale dressée à la mémoire d’un jeune du quartier. Des bancs ont été déplacés et installés sur la scène de l’auditorium et à l’ombre des arbres de tilleuls qui l’entourent. Ce comportement d’auto-valorisation d’un espace dépourvu d’usages est une forme d’appropriation de l’espace par les usagers, appropriation qui démontre la perception des qualités de la végétation par le public.

Conclusion La localisation du square dans un secteur résidentiel monofonctionnel et périphérique est défavorable à un rayonnement au-delà du quartier proche malgré son style historique unique. Le square capte donc des usagers de quartier et contribue à l’amélioration de leur cadre de vie. Il capte aussi des usages générateurs de conflits qui lui confèrent une image très négative.

4. Un site constitutif d’une continuité urbaine entre Paris et la petite couronne Le square Séverine s’inscrit logiquement dans la Trame verte et bleue de Paris en faisant partie de la ceinture verte dont l’intérêt en terme de continuité écologique est reconnu dans le Plan Biodiversité de Paris. Formée par une mosaïque d’espaces verts, cette emprise joue le rôle d’une armature verte favorisant la porosité du paysage à l’interface du cœur urbain dense de Paris et des communes limitrophes. De plus, elle bénéficie d’une proximité de continuités écologiques d’intérêt régional : les Bois de Boulogne et de Vincennes, deux réservoirs urbains de biodiversité fonctionnels, et la Petite ceinture ferroviaire, corridor écologique linéaire.

Le tronçon de la Ceinture verte occupé par le square est préservé des constructions sur quasiment toute la largeur comme l’indique la coupe ci-dessous :

Boulevard Mortier

Square Séverine

Boulevard Périphérique Bâti

Figure 7 : Coupe du tronçon de la Ceinture verte au niveau du square Séverine (échelle non respectée)

Entre la Porte de Bagnolet et la Porte des Lilas, 2 espaces verts municipaux (Léon Frapié et Fleury-Fougères) ainsi que de nombreux jardins d’immeuble plus ou moins étendus forment le maillage vert de la Ceinture verte. Le Square Emmanuel Fleury, le plus proche du square Séverine se distingue par sa richesse en habitats prioritaires ponctuels (verger, roncier, prairie à caractère naturel, pièce d’eau close en eau de façon permanente avec une végétation aquatique).

A moins de 700 mètres à l’ouest, on note la présence d’un réservoir urbain de biodiversité fonctionnel regroupant le Cimetière du Père Lachaise, le square Emmanuel de Champlain et le Jardin Naturel. Ce réservoir abrite une diversité d’habitats et d’espèces et constitue un espace urbain remarquable d’un point de vue de la biodiversité.

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Les éléments constitutifs majeurs des corridors écologiques dans le périmètre du site sont essentiellement : les talus qui bordent le Boulevard Périphérique, les arbres d’alignement des voies, ou encore des friches urbaines présentes de façon diffuse, notamment au niveau des talus du Collège Pierre Mendès France avoisinant.

Au-delà du territoire parisien, le site étudié est à moins d’un km du parc départemental Jean Moulin-les Guilands, commun à Bagnolet et Montreuil et qui couvre 25 ha. Il appartient à la Zone de Protection Spéciale FR 1112013 « Sites de Seine-Saint-Denis », unique site européen Natura 2000 en zone urbaine dense. Ce parc renferme des habitats naturels (friche thermophile, herbacée à arbustive et plan d’eau avec une végétation de zone humide du type roselière) et des espèces à enjeu pour Paris : mante religieuse et orthoptères, pic épeichette, gobe-mouche gris, moineau friquet, etc. (UrbanEco, 2011). La continuité entre les deux espaces est très fragile, au moins en surface. En effet, l’échangeur autoroutier de la Porte de Bagnolet crée une entaille dans le territoire et amplifie la fracture due au Boulevard Périphérique.

5. Des conditions écologiques peu diversifiées dans un secteur géré de manière relativement intensive Le square Séverine a été qualifié de réservoir urbain de biodiversité intermédiaire. La Figure 8 récapitule les notes attribuées à chaque critère du questionnaire de qualification écologique (ANNEXE 4).

Surface du secteur 3 3 Gestion écologique

Age du secteur 3 2

1,5

1 Eclairage 3

Nombre de sous-trames terrestres

0

1

Diversité au sein des sous-trames terrestres

Fréquentation humaine 2

1,92

Présence connue d'espèces cibles ou d'espèces 1,25

Présence connue d'habitats prioritaires ponctuels 1

Figure 8 : Etat initial de la qualification écologique du square Séverine.

(Note maximale : 3 ; note minimale : 1)

Trois critères ont clairement tiré vers le haut la note globale. Il s’agit de la surface du square qui dépasse 2 ha, son âge dépassant 50 ans et enfin l’absence d’éclairage due à une panne technique au moment de la qualification mais qui a été réparée (la note calculée en tenant compte des conditions réelles d’éclairage ne modifie pas la qualification du site en réservoir intermédiaire).

Les facteurs qui dégradent la qualité écologique du site sont plus nombreux : 15

 Une surface à priori satisfaisante mais une configuration paysagère critique Le square a une surface qui dépasse le seuil fixé à 2 ha ce qui lui vaut une note maximale pour ce critère, note à relativiser. En effet, 60% environ des surfaces sont minérales, en sol stabilisé, et sont donc relativement hostiles à l’accueil de la faune et la flore. De plus, les milieux à caractère naturel sont linéaires (faible compacité) et/ou situés en périphérie du square (Figure 9) et sont clairement exposés aux perturbations environnementales.

Figure 9 : Plan du Square Séverine Source : Service du Paysage et de l’aménagement

 Des sous-trames terrestres peu diversifiées dont la qualité est affaiblie par des pratiques de gestion plutôt intensives Les sous-trames arborée et herbacée sont les seules sous-trames terrestres présentes à plus de 20% dans le square.

La strate arborée regroupe près de 200 arbres appartenant à 30 essences différentes, dont le tiers comporte des cavités potentiellement favorables à l’accueil de la faune cavernicole. Malgré cette forte richesse spécifique, la strate arborée est fortement dominée par les espèces exotiques et horticoles : les espèces régionales sont rares en terme de nombre d’espèces et d’individus. Le même constat peut être dressé pour la sous-trame arbustive et lianescente, qui est en plus largement sous-représentée dans le secteur. Les arbres et les arbustes sont principalement conduits en forme libre, ce qui atténue l’impact négatif de la taille sur la floraison 16

et la fructification. En revanche, la taille des haies, des topiaires et des alignements architecturés est plus stricte. On peut souligner que les interventions de taille ne sont pas planifiées de façon à respecter les cycles biologiques des espèces comme par exemple les périodes de nidification des oiseaux ou d’hibernation des hérissons. La présence du bois mort n’est pas tolérée pour des questions sécuritaires, à l’image de la quasi-totalité des espaces verts. Des opérations de ‘nettoyage’ permettent d’exporter régulièrement le bois mort.

La qualité écologique de la sous-trame herbacée est dégradée par des pratiques de gestion intensives. En effet, 80% des surfaces, en pelouse ou en prairie, sont régulièrement tondues pour s’adapter à la fréquentation humaine et maintenir leur aspect esthétique. L’intérêt de la prairie est amoindri par une hauteur de coupe très basse similaire à la hauteur de coupe d’une pelouse. Les surfaces non accessibles au public sont tondues plus fréquemment puisqu’il s’agit de gazon et de pelouses ornementales. On peut toutefois noter quelques éléments positifs : -

une prairie à caractère naturel accueillant notamment quelques pieds d’une orchidée sauvage, l’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) ; une végétation tapissante (couvre-sol) qui s’étend sur une surface relativement importante constituant ainsi un refuge protecteur pour les espèces ; des espèces spontanées et sauvages qui poussent le long des allées minérales ; des décorations florales, vivaces et plantes annuelles et bisannuelles, ayant une floraison favorable aux insectes.

 Des sous-trames aquatique et humide absentes Le square est dépourvu d’habitats prioritaires ponctuels, pourtant très favorables à l’accueil de la biodiversité à Paris (ANNEXE 3). Les habitats des sous-trames aquatique et humide font particulièrement défaut et auraient pu contribuer à la diversification des milieux de vie et des espèces.

 Une seule espèce cible connue présente sur le site Les conditions écologiques du site sont clairement très peu diversifiées voire pauvres pour accueillir des espèces relativement exigeantes comme les espèces cibles. Le Hérisson d’Europe, Erinaceus europaeus, est la seule espèce cible inventoriée. Vu la situation du square en hauteur et son contexte urbain hostile, il ne serait pas exclu que l’individu ait été introduit.

 Comparaison avec le Jardin Naturel (20ème arrondissement) Créé en 1995, le Jardin Naturel au 20ème arrondissement a une surface de seulement 6300 m², soit un quart de la surface du square Séverine. Les deux espaces présentent des niveaux de fréquentation équivalents et des caractéristiques d’éclairage identiques, au moment du diagnostic. Le Jardin Naturel a été qualifié de réservoir urbain de biodiversité fonctionnel grâce à la qualité de ses habitats diversifiés et ses modes de gestion respectueux de la faune et la flore (Figure 10). Cette comparaison est intéressante dans la mesure où elle illustre la pertinence de mes hypothèses sur les variables d’ajustement que je me propose d’étudier.

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Séverine

Jardin naturel

Surface du secteur 3 Gestion écologique

Eclairage

2

1 0

Fréquentation humaine

Présence connue d'espèces cibles ou d'espèces

Age du secteur

Nombre de sous-trames terrestres

Diversité au sein des soustrames terrestres

Présence connue d'habitats prioritaires ponctuels

Figure 10 : Comparaison de l'état initial de la qualification écologique du square Séverine et du Jardin Naturel

B. Analyse du jeu d’acteurs et des stratégies de mobilisation 1. Identification des acteurs Seuls les acteurs clés de la phase de formulation et d’étude des solutions de requalification sont présentés.  Les acteurs institutionnels Le Square Séverine est une emprise intégralement gérée par la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement dont l’organigramme est présenté en ANNEXE 5. Les acteurs institutionnels sont donc restreints à ses services :  Le Service d’exploitation des jardins Il s’agit du service chargé de la gestion de l’ensemble des parcs, jardins et squares urbains, y compris le Square Séverine. Ce service est caractérisé par une organisation décentralisée et il a été donc important de tenir compte de trois niveaux d’organisation : -

l’équipe locale  du pôle horticole chargée de la gestion du végétal dans le site ; la division territoriale du 20ème arrondissement  travaillant en lien avec la Mairie d’arrondissement ; la mission technique centrale à la Direction  définissant les orientations techniques et environnementales pour l’ensemble du service.  Le Service de l’Arbre et des Bois

Ce service assure la gestion du patrimoine arboré parisien. Ses divisions territoriales sont chargées de la gestion et de l’entretien des arbres (taille, élagage, nettoyage de bois mort, diagnostic phytosanitaire, etc.) ainsi que de leur rénovation dans les espaces verts, entre autres.

La division Est assure ces missions dans le 20ème arrondissement. La mission technique, positionnée à un niveau central, assure un rôle d’animation de l’ensemble des divisions et intervient notamment dans l’évolution et l’harmonisation des pratiques de gestion.

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J’ai fait le choix d’écarter cet acteur de mon étude pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le choix des essences se décide en amont d’un projet de création. Or, ici je traite d’une problématique relative au réaménagement. Le remplacement des arbres dans les espaces verts reste ponctuel : une rénovation massive du patrimoine arboré est rare et est très cadrée dans un espace boisé classé comme le Square Séverine. Par ailleurs, il y a une forte dépendance entre les choix de gestion historiques et actuels puisque la temporalité de gestion des arbres est longue. Enfin, l’échelle spatio-temporelle de mon étude n’est pas adaptée pour traiter de la question du changement des modalités de gestion et de conservation des arbres à Paris. Les pratiques de gestion sont quasi ‘systématiques’ pour les arbres de l’ensemble des espaces verts ; la sécurité du public étant la première priorité.

Une sensibilité aux pratiques écologiques se développe progressivement mais s’opèrera sur le long terme.  Le service du Paysage et de l’Aménagement Il s’agit d’un service d’appui en matière d’aménagement paysager assurant la gestion et la mise en œuvre de projets de création et de rénovation d’espaces verts ou de végétalisation de l’espace public. On s’intéresse ici à la division Urbanisme et paysage  qui réalise les études de faisabilité urbaine et paysagère en amont des projets.  L’Agence d’Ecologie Urbaine : acteur  (Cf. supra, 3) Ces acteurs institutionnels diffèrent par la nature de leurs rôles (fonctionnel/opérationnel) et par leur positionnement dans l’organigramme de la Direction (central/local).

Figure 11 : Typologie des acteurs institutionnels

On identifie trois groupes d’acteurs (Figure 11) : -

Les acteurs () : un rôle fonctionnel d’appui et de conseil dans une entité centrale ; L’acteur () : un rôle fonctionnel de contrôle et d’encadrement dans une entité territoriale associée aux élus politiques ; L’acteur () : un rôle opérationnel de gestion et d’entretien à une échelle locale

Il est possible d’identifier un ‘éloignement’ entre les experts naturalistes () et les gestionnaires (). Le déséquilibre entre les deux (en termes de nombre et de répartition géographique) n’est pas propice à la diffusion de bonnes pratiques, la sensibilisation ou encore l’accompagnement des initiatives locales. Manquerait-il un maillon intermédiaire pour assurer une véritable connexion entre naturalistes et gestionnaires ? La division territoriale () peut théoriquement assurer cette mission mais elle est orientée vers des problématiques courantes de gestion et 19

d’administration. La Maison Paris Nature de l’Agence d’écologie urbaine intervient ponctuellement pour la sensibilisation des jardiniers au suivi de la faune et de la flore, mais ses interventions restent ponctuelles. L’école du Breuil, organisme interne à la Ville de Paris, assure en revanche un rôle de formation de manière permanente.  Architecte des Bâtiments de France (ABF) Le square est situé dans le périmètre de protection du pavillon de l’Ermitage dans le jardin de l’Hospice Debrousse inscrit au titre des monuments historiques (dans un rayon de 500 m autour du monument). Tout projet est donc soumis à la consultation de l’architecte des Bâtiments de France. Si celui-ci estime qu’il y a co-visibilité, son accord est indispensable pour que le projet soit autorisé par la Mairie. Sinon, il peut formuler un avis simple mais qui ne s’impose pas à la Mairie.

 La Mairie d’arrondissement Les projets d’aménagement des espaces verts sont élaborés en concertation avec les Mairies d’arrondissement de façon à permettre aux élus d’exprimer leurs attentes et de concrétiser leurs engagements. L’élue chargée des espaces verts au 20ème arrondissement () a initié des marches exploratoires participatives pour élaborer un diagnostic partagé du site étudié. Elle constitue donc un acteur important en termes de compréhension des enjeux, notamment en lien avec les usagers.

 Les usagers : bénéficiaires/acteurs L’évolution du site affecte les usages en influençant leurs perceptions et leurs pratiques ().

Inversement, certains usages impactent la qualité écologique du site (piétinement, dégradation, déchets, etc.). Des aménagements peuvent par ailleurs impliquer des mesures de prévention ou des stratégies de communication spécifiques. Les usagers orientent paradoxalement les perspectives d’évolution du site même s’ils ne participent pas directement à l’élaboration des propositions de requalification.

Après identification des acteurs, leurs interactions ont été étudiées en m’inspirant de la méthode des matrices des acteurs (ICRA, 1997).

2. Jeu d’acteurs et positions relatives Les acteurs clés influent sur le projet de requalification écologique du site en fonction de leurs positions relatives. Indépendamment de son pouvoir d’influence sur les décisions, un acteur peut être jugé plus ou moins important selon le niveau de priorité de ses attentes et de ses intérêts.

Importance

+

7 5

4

6

1

2 3

-

+

Influence

Figure 12 : Positions relatives des acteurs en termes d'influence et d'importance

20

 Les jardiniers ont un rôle opérationnel de gestion et d’entretien à l’échelle du site. Leurs choix des modalités d’intervention ont un impact direct sur sa qualité écologique du site. Les jardiniers disposent par ailleurs d’une grande marge de manœuvre dans l’évolution de l’espace à travers le renouvellement des plantations, la création de décorations florales ou encore l’installation de petits aménagements pour la faune. Ce sont eux qui participent également à des protocoles de suivi de la faune et de la flore intégrés ou non à des programmes de sciences participatives. Il s’agit donc d’un groupe d’acteurs important et influent. La division territoriale n’est pas chargée de la formulation des solutions d’aménagement et de gestion. Toutefois, elle dispose du budget, du pouvoir de validation et de l’autorité hiérarchique sur le premier groupe d’acteurs ainsi que d’un rôle d’interface avec les élus ce qui lui confère un grand pouvoir d’influence. La mission technique du service central détient des savoirs techniques et bénéficie d’une position transversale dans l’organisation et correspond ainsi à un acteur influent, sur une échelle plus large que le site d’étude. Il s’agit d’un acteur important à moyen et long termes pour négocier des orientations et des stratégies plus respectueuses de la faune et de la flore dans l’ensemble des espaces verts. Dans le cadre de ce projet et à court terme, son importance est plutôt faible. Le service du paysage et de l’aménagement a le monopole d’un savoir-faire spécialisé en lien avec l’étude et la réalisation de projets de réaménagement, d’où son influence. Il est directement impliqué dans la formalisation d’intentions paysagères potentiellement favorables à la biodiversité : choix des palettes végétales, configuration des milieux à caractère naturel, création des habitats prioritaires, etc. C’est donc un acteur à la fois influent et important. La division Patrimoine Naturel n’a pas de pouvoir d’influence de nature hiérarchique.

Toutefois, elle combine expertise en matière de biodiversité urbaine, pédagogie et capacité de négociation, des forces qui lui permettent d’être un acteur influent à condition que la prise de décision soit concertée. Cet acteur est donc un facilitateur de la requalification écologique mais n’en est pas garant. La Mairie d’arrondissement a une autorité politique qui s’exprime aussi dans les espaces verts municipaux. L’élue politique a également des demandes précises quant aux perspectives d’évolution du site et relaie les demandes des usagers. Dans le cas de ce projet il s’agit clairement d’un acteur, très influent et très important. Ceci n’est peut-être pas vrai pour d’autres mairies d’arrondissement. Les usagers n’interviennent pas dans la proposition de pistes d’amélioration mais plutôt dans le processus de concertation, notamment dans le cadre des grands projets de restructuration, d’où leur influence. Il s’agit aussi d’acteurs/bénéficiaires hautement importants puisque leurs attentes et leurs usages peuvent constituer un élément facilitateur ou bloquant pour la mise en œuvre d’une solution. Il est par exemple difficile de retenir une solution qui les prive d’un usage.

Sur la base de cette analyse, il a été possible de définir des stratégies de mobilisation ciblées puis de proposer quelques recommandations.

3. Stratégies de mobilisation La mobilisation s’est recentrée sur les acteurs les plus importants dans l’étude des propositions de requalification du site. Chaque acteur ou groupe d’acteurs clé a des « cartes » différentes (Bantuelle, Morel, & Dario, 1998) et doit être mobilisé différemment : 21

-

L’élue a été consultée lors de la phase d’étude des enjeux pour comprendre ses intérêts et ses attentes et en tenir compte lors de l’étude des solutions envisagées.

-

La rencontre avec l’agent supérieur horticole a été l’occasion de lui restituer l’état initial de la qualification écologique du site, avec un graphique à l’appui (cf. Supra : Figure 8). Cette stratégie de présentation a permis de visualiser de façon concrète de sa marge de manœuvre, en insistant sur les choix de gestion, et de l’engager dans une discussion constructive. Les axes d’amélioration ont ainsi pu être analysés au regard de ses contraintes et de ses intérêts. Lors de la ‘tournée’, je lui ai proposé de matérialiser ses propositions sur une carte et sur le terrain ; ce qui me semble une bonne technique pour initier une réflexion quant à l’évolution possible du site.

-

-

Les échanges avec le paysagiste ont été axés dans un premier temps sur l’écoute, puisqu’il s’agit du ‘meneur’ du projet de réaménagement, puis sur la négociation afin d’assurer une prise en compte optimale des objectifs de qualité écologique dans ses intentions paysagères.

La division territoriale a été informée de mon étude ; j’ai souhaité organiser une réunion collective associant plusieurs parties prenantes (agents de terrain, agent de maîtrise horticole, technicien, chef de division, paysagiste, etc.). Cette réunion n’a pas eu lieu à cause de l’indisponibilité de certains interlocuteurs ; je l’ai donc remplacée par une réunion de restitution qui aura lieu à l’issue de mon étude.

Les usagers ont été consultés par une enquête pour mieux comprendre leurs attentes et cerner leur acceptation des solutions de requalification retenues.

4. Que peut-on retenir de cette analyse ? Recommandations sur les stratégies de mobilisation des acteurs L’analyse du jeu d’acteurs présentée ci-dessus permet de développer des stratégies différenciées pour mieux mobiliser, négocier, favoriser les alliances et mener le travail de conviction. Ce qu’il faut en retenir c’est la méthode et non les conclusions, spécifiques à une situation donnée.

En ce qui concerne le déroulement de la mobilisation, j’ai saisi au fil des échanges que mon statut d’apprenante pourrait interférer et générer une incompréhension sur la finalité des contributions des différents acteurs. Il est donc crucial de clarifier le motif de la mobilisation dès le départ. Un motif partagé par tous pourrait être ‘la volonté de requalifier des espaces urbains pour accueillir de nouvelles fonctionnalités’. La fonctionnalité écologique pourrait être présentée comme ‘chef de file’ pour unir autour d’un objectif commun mais ne suffira peut-être pas à elle seule. Elle devra en réalité être retranscrite en fonctionnalités paysagères, d’usages, etc. pour s’assurer que le motif de l’action de requalification réponde aux ‘espoirs’ et aux ‘ambitions’ de tous les acteurs.

En d’autres mots, pour reformuler le motif spécifique à un acteur il faudrait répondre à cette question : « Qu’est ce qui est important pour l’acteur X pour qu’il ait l’envie de se rallier, de coopérer et d’agir ? ». Par ailleurs, un autre point positif que j’ai noté est la disposition des différents acteurs à un travail collaboratif vu le temps consacré aux visites exploratoires et aux réunions de travail. Capitaliser sur les expériences passées et les réussites collectives (i.e. La qualification des emprises en lien avec les gestionnaires) ne peut que renforcer cet état d’esprit.

Enfin, tous les acteurs ont montré un intérêt pour la connaissance ‘naturaliste’ ; démultiplier les occasions du partage de la connaissance, de manière formelle ou informelle, peut renforcer le besoin et l’envie de travailler ensemble pour apporter une expertise interne ‘rare’.

En ce qui concerne la question d’échelle, le choix d’une échelle micro a permis d’établir une relation de proximité avec les acteurs locaux dans l’espoir d’accroître la légitimité de l’action à leurs yeux. Ceci ne pourra peut-être pas être reproductible partout compte tenu des délais 22

d’élaboration d’une stratégie territoriale. De plus, son inconvénient est de masquer des acteurs hautement stratégiques positionnés à une échelle supérieure. C’est le cas de la mission technique du Service d’Exploitation des Jardins qui a une action d’animation et de coordination de l’ensemble des divisions territoriales. D’où l’intérêt de combiner une approche «par site » à une approche transversale pour garantir la cohérence de l’ensemble et mobiliser tous les acteurs locaux quels que soient leur niveau d’intérêt.

Enfin, le square n’est pas représentatif de l’hétérogénéité des emprises qualifiées au titre d’un réservoir urbain de biodiversité. L’appartenance des acteurs institutionnels à une même entité peut être considérée comme un catalyseur des échanges et la source d’un pouvoir d’influence. La mobilisation des acteurs non municipaux peut nécessiter un niveau de formalisme supplémentaire et demandera des instruments incitatifs et fédérateurs (charte, convention de gestion, à l’image de la charte de gestion qui est en cours d’élaboration par l’Observatoire Parisien de la Biodiversité.

C. Analyse des solutions de requalification Trois propositions issues de l’étude d’intentions paysagères ont été sélectionnées. Il s’agit de la création d’une mare ou d’un bassin, la végétalisation de surfaces en sol stabilisé et de la suppression d’une haie pour la mise en accessibilité du square.

Ces propositions ont été ensuite analysées au regard de mes hypothèses de départ sur la variables d’ajustement (cf. Supra : II) ; a été mené(e): -

-

-

une recherche bibliographique pour cerner les possibilités d’optimisation écologique de chaque proposition en intégrant la faisabilité technique et paysagère ; une estimation des coûts de chaque solution à l’aide des prix disponibles avec les marchés de la Direction et d’un devis réalisé auprès d’une entreprise privée ; un travail transversal d’échanges pour co-construire les solutions de requalification avec les parties prenantes clés (paysagiste et équipe de jardiniers).

La restitution de cette phase rend compte de l’ensemble de mes résultats, y compris le déroulement du processus de co-construction, les avis des parties prenantes et mes interprétations.

1. Créer des milieux humides pour diversifier les conditions écologiques à l’échelle d’un espace vert et renforcer le maillage des « espaces bleus » à l’échelle locale a. Les milieux humides : de véritables ‘hotspots’ de biodiversité à Paris Les habitats des milieux humides peuvent être considérés comme des « hotspot de biodiversité » (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014 ; Gledhill, James, & Davies, 2008). Leur restauration, réhabilitation ou création constitue donc un investissement positif pour la biodiversité, en particulier en contexte urbain.

23

Les odonates (libellules et demoiselles) et les amphibiens (crapauds, tritons, grenouilles et apparentés) constituent les principaux cortèges d’espèces cibles associées à ces habitats. Leur cycle de développement amphibie nécessite la présence d’un compartiment aquatique pour la reproduction et le développement larvaire et d’un compartiment terrestre pour la maturation sexuelle, l’alimentation et le repos. Par ailleurs, les auteurs d’une étude menée en Allemagne (Dortmund) préconisent l’aménagement de ce type d’habitats pour promouvoir la diversité des papillons en ville (Goertzen & Suhling, 2013).

Figure 13 : Libellule dans une mégaphorbiaie (Square des Grands Moulins) © Yosr KBAIRI

La densité des habitats des milieux humides est désormais reconnue comme étant facteur déterminant de la diversité des espèces qui lui sont associées (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014 ; Gledhill, James, & Davies, 2008). Leur nombre s’élève à 22 000 (potentiels, vus ou caractérisés) en Ile de France et à 86 (présence confirmée) à Paris (Bricault, Guitet, Melin, & Seguin, 2013). Ces milieux recèlent une importante richesse : 446 espèces floristiques (dont 99 d’intérêt patrimonial), 44 espèces d’odonates (dont 24 d’intérêt patrimonial) et 17 espèces d’amphibiens (dont 10 d’intérêt patrimonial) ont été dénombrées à l’échelle régionale (ibid.).

De nombreux habitats des milieux humides ont été créés et aménagés depuis quelques années à Paris. Ainsi, une étude récente du Muséum National d’Histoire Naturelle a permis de conclure que la localisation des habitats des milieux humides dans le contexte urbain parisien ne semble pas influer sur leurs caractéristiques locales ni sur la diversité spécifique des odonates. Le gradient d’urbanisation semble être plus déterminant pour les amphibiens, au déplacement terrestre, et pour d’autres groupes d’espèces comme les papillons. Par ailleurs, le contact avec la Seine renforce la probabilité d’accueillir la diversité biologique des milieux humides à Paris (Biotope, 2013). Ces habitats sont donc pertinents même dans le cœur urbain de la ville (Céréghino, Boix, Cauchie, Martens, & Oertli, 2014). Malgré ce potentiel, le maillage des habitats des milieux humides reste lacunaire. Pour pallier cette répartition déséquilibrée, une approche en réseau été développée par le bureau d’études Biotope. Cette approche est axée sur la création de sous-réseaux d’habitats de milieux humides dans un rayon de 500 m autour des habitats existants puis sur la mise en relation des sous-réseaux à l’échelle du tissu urbain. Les hypothèses sous-jacentes à la méthode sont cohérentes avec la capacité de dispersion des odonates, espèces les plus exigeantes.

Dans le périmètre du site étudié, on note la présence d’une mare écologique de 10 m² dans le square Emanuel Fleury, à plus de 1 km des autres habitats des milieux humides. En appliquant le raisonnement ci-dessus, l’installation de ce type d’habitat au square Séverine est pertinente d’un point de vue écologique et stratégique.

b. Un choix à faire parmi une mosaïque d’habitats D’origine anthropique, les habitats des milieux humides à Paris sont extrêmement diversifiés selon la présence permanente ou temporaire de l’eau, la gamme végétale ou encore le degré d’artificialisation du paysage écologique environnant en termes de densité et de hauteur du bâti.

Il s’agit d’une véritable mosaïque d’étangs, de lacs, de mares, de bassins végétalisés, etc.  La division territoriale du service d’exploitation des jardins et la mairie du 20 ème arrondissement ont exprimé la volonté d’installer une mare dans le cadre du projet de requalification du square Séverine.

Les mares ont la réputation d’être ‘naturelles’, ‘écologiques’ et ‘faciles’ à entretenir. Elles seraient par conséquent ‘communiquantes’ auprès du public et mieux acceptées par les gestionnaires que 24

les bassins. Or, ce type d’habitat me semblerait pas compatible avec le caractère historique et patrimonial du jardin et serait plus approprié dans des espaces à tendance naturelle. L’étude historique (Fritsch, 2012) corrobore cette hypothèse dans la mesure où elle démontre l’existence passée de deux fontaines (Cf. supra : 1).  Le paysagiste s’est orienté vers la restauration des deux bassins pour rappeler l’aménagement originel tout en supprimant le système complexe de fontainerie, incompatible avec une végétalisation et sûrement plus couteux en termes d’aménagement et de gestion. Il espère ainsi réaffirmer un axe majeur du square qui a disparu avec la destruction des deux aménagements. Il souhaite implanter une végétation aquatique indigène pour l’un des deux bassins et une végétation exotique (pourtant non recommandée) pour l’autre pour produire un effet de contraste.

Comment peut-on mieux optimiser les potentialités écologiques des différents types d’habitats des milieux humides ? L’image de la mare ‘idéale’ ‘en haricot’, largement diffusée dans divers guides techniques, serait-elle définitivement ancrée dans les esprits ?

c. Un outil qualitatif d’aide à la décision La finalité de cet outil n’est pas de fournir une conclusion quant à la prévalence d’un aménagement par rapport à un autre ni le ‘profil idéal’ d’un habitat des milieux humides. Une approche dichotomique me paraît réductrice, surtout que la complexité des fonctionnalités écologiques des milieux humides en milieu urbain est encore peu élucidée. Elle me paraît aussi dangereuse d’un point de vue stratégique en bloquant les aménagements, qui ne sont peut-être pas idéaux d’un point de vue écologique, mais dont la contribution à la biodiversité urbaine n’est sûrement pas nulle. L’objectif que je me suis fixé était d’imaginer des questions pertinentes pour pouvoir optimiser les potentialités écologiques de l’habitat en amont de la conception de l’aménagement tout en tenant compte des questionnements propres aux aménageurs (paysage, esthétique, etc.).

Je me suis donc appuyée sur des travaux scientifiques et des observations empiriques pour recenser les variables explicatives de la diversité des habitats des milieux humides. Ces variables relèvent des caractéristiques physiques ou biologiques locales (habitat in situ) et aussi du paysage écologique environnant (autour de l’habitat). Seules les variables pouvant être optimisées par l’aménageur sont présentées ci-dessous (les variables les plus déterminantes visà-vis des potentialités écologiques de l’habitat sont soulignées) :  Le paysage écologique périphérique L’occupation du sol en périphérie de l’habitat est un facteur à considérer vu le caractère amphibie des espèces cibles en question. La richesse spécifique des odonates est négativement affectée par une forte densité du bâti. A contrario, un paysage écologique du type forestier ou ouvert l’influence positivement (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014 ; Samways & Steytler, 1996). Les amphibiens sont également sensibles à des occupations du sol hostiles à leurs déplacements. La présence de milieux, ouverts ou fermés, riches en éléments à caractère naturel dans le périmètre proche de l’habitat leur est favorable.  L’exposition Les zones ouvertes et dégagées de l’ombrage des ligneux sont à privilégier lors de l’installation d’un habitat des milieux humides (Willigalla & Fartmann, 2012). L’ombrage semble extrêmement défavorable à la diversité biologique de ces habitats (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014).  La surface Une règle générale en écologie permet de relier positivement la surface de l’habitat à la richesse et l’abondance des espèces qui lui sont inféodées. Cette règle est vérifiée pour des habitats des 25

milieux humides, notamment pour le groupe des odonates (Oertli, et al., 2002), en particulier en contexte urbain et pour des habitats de tailles variables (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014).  La pente des berges et la profondeur Un terrassement optimal d’une mare permet une hétérogénéité des conditions écologiques grâce à une gradation de la profondeur et une modulation de la pente (une berge douce Vs. une berge abrupte) favorisant ainsi l’expression d’une large gamme de plantes aquatiques.

Les pentes abruptes sont souvent estimées ‘défavorables à la biodiversité’ mais ne sont pas incompatibles avec une végétalisation. Des petits aménagements doivent être développés pour empêcher le piégeage des amphibiens.  La végétation Le rôle déterminant de la végétation a été démontré dans de nombreux travaux scientifiques (Jeanmougin, Leprieur, Loïs, & Clergeau, 2014) et confirmé par des observations empiriques. La composition et la structure de la végétation ainsi que son recouvrement ont un impact direct sur des mécanismes biologiques comme le développement larvaire (odonates) ou la ponte (odonates et les amphibiens) et sur la disponibilité de micro-habitats, d’abris et de ressources alimentaires. La proportion des macrophytes submergées et émergentes aurait une influence directe à la fois sur la richesse spécifique et l’abondance des odonates (ibid.).

La végétation fait également partie intégrante des intentions paysagères dans un projet d’aménagement. Il conviendrait donc d’examiner la palette végétale3 au regard de :      

L’origine des espèces : des espèces végétales régionales seraient plus adaptées au climat local, nécessiteraient moins d’entretien et correspondraient aux besoins alimentaires des espèces de faune régionales ; L’écologie des espèces : leurs besoins en lumière, en oxygène, etc. ; La hauteur maximale : la hauteur des plantes pourrait conditionner la visibilité de la surface libre de l’eau par les usagers ; La vigueur : les plantes les plus vigoureuses ont tendance à coloniser l’habitat et à exclure les autres par compétition, d’où l’intérêt de tenir compte de leur densité de plantations et de la capacité d’accueil de l’habitat ; La tolérance à des variations, ponctuelles ou temporaires, du niveau de l’eau ; La variabilité saisonnière : l’aspect esthétique peut être critique pendant certaines périodes de l’année (par exemple en hiver).

 L’introduction d’animaux L’introduction des poissons ou d’oiseaux d’eau intervient ultérieurement à l’aménagement mais il faut savoir qu’elle contribue à un appauvrissement de la diversité biologique tant d’un point de vue faunistique que floristique. Leur action se manifeste par un enrichissement organique du milieu ou la consommation de la végétation aquatique ou encore la prédation. Pour le groupe des odonates par exemple, il convient de rappeler que la pression de densité est déjà critique vu la forte densité de prédateurs en milieu urbain (i.e. les oiseaux) et leur fragilité à certains stades de développement (par exemple lors de l’émergence).

L’outil est présenté en ANNEXE 6.

3

Source : Paul-Robert Takacs

26

d. De fortes réticences de la part du gestionnaire Le responsable de l’équipe de jardiniers a catégoriquement refusé l’installation d’un habitat des milieux humides dans le square. Il justifiait sa position en premier lieu par l’incapacité de ses équipes à assurer l’importante charge de travail qui serait induite par ce type d’habitats.

Pour avoir une base de discussion plus objective, je me suis appuyée sur le calendrier des interventions de gestion d’une mare issu de la documentation technique interne. Parmi toutes les interventions listées, le seul ramassage des déchets semble cristalliser toutes ses réticences.

Le gestionnaire m’a expliqué en effet que le volume de déchets ramassés s’élève à 1600 litres par jour, soit 584 m3 par an, et que ce volume risque de se voir à la hausse avec une mare ou un bassin. Il s’appuyait notamment sur la fréquentation de l’espace par des usagers qui ne seraient par ‘prédisposés’ pour ce type de milieu, faisant ainsi allusion au problème de mal-usages.

Curieusement les autres interventions d’entretien de la végétation n’ont même pas été évoquées par le gestionnaire. Enfin, l’argumentaire s’est orienté vers la sécurité des usagers, en particulier les enfants. Selon le gestionnaire, un milieu humide serait source d’insécurité ; les clôtures réglementaires nécessaires à la prévention des risques de chute ou de noyade rendraient son aspect inesthétique. Il était toutefois incapable de fournir des précisions sur les références réglementaires.

Cette réaction n’est que ponctuelle et ne peut être généralisable. Elle est malgré tout révélatrice d’une possible méconnaissance ou confusion autour de concepts dont la compréhension n’est pas partagée par tous. L’inflexion du discours est également révélatrice d’une volonté de déplacer la responsabilité. Un acteur ne souhaite pas être perçu comme bloquant et cherchera à accrocher ses positions à d’autres acteurs importants dans le processus de prise de décision.

e. Des responsabilités non négligeables Les préoccupations sécuritaires évoquées ci-dessus sont bien réelles. On note toutefois un silence juridique sur la sécurisation des milieux humides situés dans des espaces verts.

En se référant à la réglementation4, il s’avère qu’un dispositif de protection d’une hauteur minimale de 1 m est nécessaire si la hauteur de chute est supérieure à 40 cm et qu’un gardecorps devant respecter une norme5 doit être prévu si la hauteur de chute dépasse 1 m. En revanche, une pente inférieure à 40 cm sur 90 cm supprime l’obligation de protection.

Les implications en termes de conception de l’aménagement sont relativement contraignantes.

Afin de concilier les objectifs paysagers et esthétiques avec les objectifs de sécurité du public, il est possible de prévoir une profondeur inférieure à 40 cm, par exemple en rehaussant localement le niveau de substrat.

f.

Un investissement positif pour la biodiversité urbaine mais coûteux

Mon objectif initial consistait en une évaluation du coût global afférent à l’aménagement d’une zone humide artificielle en vue de comparer les deux alternatives retenues pour le site étudié.

Le coût global (CERTU, 2011) supporté par la collectivité ne se limite pas à l’investissement initial mais inclut aussi les frais de fonctionnement pendant toute la durée de vie de l’aménagement en terme d’exploitation, de maintenance et de réparations. Il ne se réduit pas aux coûts financiers mais englobe également les coûts humains liés à la conception et à la gestion.

4

Arrêté du 1er août 2006 fixant les dispositions relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées en extérieur

5

Norme Française P 01-012

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đ?‘Şđ?’?Ăťđ?’• đ?’ˆđ?’?đ?’?đ?’ƒđ?’‚đ?’? = đ?‘°đ?’?đ?’—đ?’†đ?’”đ?’•đ?’Šđ?’”đ?’”đ?’†đ?’Žđ?’†đ?’?đ?’• + đ?‘­đ?’?đ?’?đ?’„đ?’•đ?’Šđ?’?đ?’?đ?’?đ?’†đ?’Žđ?’†đ?’?đ?’• = đ?‘Şđ?’?Ăťđ?’•đ?’” đ?’‡đ?’Šđ?’?đ?’‚đ?’?đ?’„đ?’Šđ?’†đ?’“đ?’” + đ?‘Şđ?’?Ăťđ?’•đ?’” đ?’‰đ?’–đ?’Žđ?’‚đ?’Šđ?’?đ?’” Cette approche est pertinente pour une structure comme la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement puisqu’elle combine les rĂ´les de l’investisseur, du maĂŽtre d’ouvrage et du gestionnaire. Son application s’est rĂŠvĂŠlĂŠe nĂŠanmoins complexe et il a ĂŠtĂŠ nĂŠcessaire de poser quelques hypothèses pour restreindre le pĂŠrimètre de l’analyse : ďƒ¨ Hypothèse 1 : on estime que la Direction dispose des effectifs nĂŠcessaires dans les services concepteurs et gestionnaires et que les ressources humaines ne reprĂŠsentent pas un facteur limitant pour la rĂŠalisation d’un projet d’amĂŠnagement de cette dimension ; ďƒ¨ Hypothèse 2 : on suppose que le montant de l’investissement initial constitue la seule barrière Ă la rĂŠalisation de l’amĂŠnagement. Les dĂŠpenses de maintenance et d’exploitation sont admissibles quel que soit leur montant dès lors qu’elles sont ĂŠchelonnĂŠes dans le temps.

L’Êvaluation s’est finalement limitÊe aux travaux relatifs au terrassement, à l’ÊtanchÊitÊ et à l’apport de terre vÊgÊtale. Les travaux qui n’ont pas ÊtÊ pris en compte sont : -

La fourniture des vÊgÊtaux (la palette vÊgÊtale n’a pas ÊtÊ arrêtÊe par le paysagiste) ; L’adduction d’eau (on suppose que les pièces d’eau sont alimentÊes ponctuellement en se raccordant à une bouche d’arrosage) ; Le traitement des abords.

Le calcul est dĂŠtaillĂŠ en ANNEXE 7.

On peut dÊduire, en première approximation, que l’amÊnagement d’une mare est la solution la plus Êconomique et la plus facile à mettre en œuvre, à surface Êquivalente (mais les profondeurs sont nÊcessairement diffÊrentes). En effet, les travaux du gÊnie civil augmentent considÊrablement le coÝt global de l’amÊnagement d’un bassin. Celui-ci est en revanche un amÊnagement plus pÊrenne : la dÊgradation de l’ÊtanchÊitÊ d’une mare semble être un problème rÊcurrent impliquant des dÊpenses de maintenance curative ultÊrieures.

Tableau 1 : RÊcapitulatif des coÝts d’amÊnagement d’une mare et d’un bassin vÊgÊtalisÊ

Postes de coÝts SÊcurisation du chantier RÊfection du fond en bÊton Mise en place d’une ÊtanchÊitÊ Apport et mise en place de terre vÊgÊtale Autres (enlèvement de pots encombrants) Total

Mare (surface : 100 m² ; profondeur : 0,75 m) 1 387₏ X 11 984₏ 720₏

Bassin vÊgÊtalisÊ (surface : 100 m² ; profondeur : 0,5 m) 2 440₏ 12 905₏ 9 622₏ 720₏

X

2 400â‚Ź

14 091â‚Ź

25 647â‚Ź

Même si l’alimentation en eau a ÊtÊ exclue de l’estimation des coÝts, cet aspect peut être abordÊ de façon qualitative. Le raccordement au rÊseau d’eau non potable est plus avantageux qu’un raccordement au rÊseau d’eau potable : le coÝt de revient du mètre cube pour la Direction se situe aujourd’hui autour de 22 cts dans le premier cas et grimpe à 3,2 euros dans le deuxième (taxe d’assainissement comprise)6 . Le passage à un fonctionnement en eau non potable a ÊtÊ 6

Source : Fabien BERROIR (Mission technique du Service d’Exploitation des Jardins)

28

jugé rentable pour le square Séverine à un horizon de 5 ans, sur la base d’un critère de surface, et nécessitera en effet des dépenses d’investissement pour la remise en état du réseau abandonné.

2. Raisonner les pratiques de gestion pour préserver la qualité écologique de ses habitats herbacés a. Une forte dépendance entre pratiques de gestion et diversité faunistique et floristique des milieux herbacés Une pelouse ou une prairie abandonnée peut évoluer vers une friche, puis à plus long terme vers un espace boisé fermé par le développement de végétaux ligneux. Les interventions humaines jouent donc un rôle régulateur permettant de maintenir le milieu ouvert tandis que son retrait conduit à terme à sa fermeture. Selon les usages, les milieux herbacés sont entretenus par une tonte ou une fauche permettant de maîtriser la biomasse des plantes selon une fréquence modulable. Les pelouses hautement fréquentées par le public sont tondues régulièrement pour assurer un aspect esthétique tandis qu’une prairie inaccessible au public est parfaitement compatible avec une fauche annuelle.

La date ou la période d’intervention impacte potentiellement la richesse spécifique et l’abondance des espèces végétales dans une prairie (Huhta & Rautio, 1998). De plus, elle peut influencer la productivité des plantes en termes de densité et de biomasse (Bretzel, Malorgiob, Paolettib, & Pezzarossa, 2012 ). Une fauche tardive, en septembre, semble être plus favorable à la diversité floristique (Dubreuil, 2006) et à une production uniforme de biomasse (équilibrée entre les espèces sans croissance excessive d’une espèce au dépend des autres). En effet, elle permet aux plantes annuelles de compléter leur cycle de vie en produisant des graines et aux plantes vivaces d’allouer suffisamment de nutriments aux organes de réserves permettant leur survie (Huhta A.-P. , Rautio, Tuomi, & Laine, 2001). Au contraire, une fauche précoce va favoriser par exemple les plantes à floraison tardive.

La diversité floristique de la strate herbacée, notamment en dicotylédones, dépend également de la fertilité chimique du sol : elle est d’autant plus importante que le sol est pauvre en matières organiques et en nutriments. En effet, un niveau de fertilité faible atténue la compétition intra spécifique et interspécifique dans une prairie. Ainsi, il est conseillé d’exporter les produits de tonte ou de fauche afin d’éviter l’enrichissement du milieu. Un délai de séchage sur place facilitera la fuite des animaux et permettra le dépôt des graines. Notons néanmoins que l’exportation de ces résidus organiques entraîne une diminution des ressources nutritives pour la communauté des décomposeurs, ce qui réduirait la fertilité biologique du sol.

La richesse de l’habitat en espèces végétales favorise la diversité des espèces animales à tous les niveaux trophiques. Par exemple, les plantes à fleurs offrent des ressources alimentaires (pollen et nectar) aux insectes phytophages qui sont à leur tour consommés par leurs prédateurs (oiseaux et mammifères). De plus, elle permet des micro-variations locales au niveau du sol, ce qui génère un habitat complexe, riche en abris et en zones refuges surtout pour les insectes.

La hauteur de fauche ou de tonte conditionne le rendu esthétique mais pas seulement. Tout d’abord, la coupe constitue une perturbation de l’équilibre de la plante puisqu’elle va réduire la surface foliaire ; les ressources énergétiques de la plante vont donc être mobilisées afin de rétablir la surface foliaire, au détriment des autres parties de la plante y compris les fleurs indispensables à la reproduction. De plus, une hauteur de végétation élevée assure une régulation de la température de la couverture végétale, notamment pendant l’été : le microclimat local frais situé au niveau de la végétation offre des zones refuges aux insectes, notamment en pleine chaleur. Enfin, une coupe plus haute permet de préserver les chenilles et les chrysalides des insectes se trouvant à ras du sol.

29

La présence de zones refuges est vitale pour les insectes. Les dommages occasionnés lors d’une intervention ne sont pas négligeables et se traduisent par une surmortalité, une destruction mécanique des micro-habitats et des ressources alimentaires (pollen et nectar), une simplification des habitats complexes, etc. Ces dommages sont bien évidemment variables selon le groupe d’organismes et leur position préférentielle (ras du sol, tige, feuilles ou fleur) mais on peut retenir que les stades de développement caractérisés par une faible mobilité (chrysalide, larve, œuf) sont particulièrement sensibles. Ainsi, une rotation entre zones fauchées et zones au repos permettrait d’augmenter la survie des individus, de garantir des ressources alimentaires notamment en automne et d’offrir des abris (Noordijk, et al., 2010).

Une chrysalide de zygène (à gauche) et une araignée (à droite) n’ont pas la même capacité de fuir.

Prairie des Archives de Paris (gestion par une fauche annuelle tardive) Crédit photo : Yosr KBAIRI

On peut souligner qu’une fauche centrifuge, de l’intérieur vers l’extérieur, améliore la survie de la faune puisqu’elle assure un ‘guidage’ de la fuite du centre de la parcelle vers les bords (Agridea, 2011).

Figure 14 : Matérialisation de la fauche centrifuge sur une parcelle (Source : Agridea, 2011)

Enfin, le matériel d’entretien est capital puisqu’il favorise ou non une expression optimale des espèces de faune et de flore. Par exemple, le gyrobroyage est incompatible avec un objectif de biodiversité puisque les plantes (et les insectes) sont hachés, aspirés avant d’être expulsés (Schiess-Bühler C. & Frick R., 2011). La perte de biodiversité est donc considérable sans même parler de l’enrichissement du sol par le broyat organique qui reste sur place. Une motofaucheuse assure en revanche une coupe nette à une hauteur réglable et favorise ainsi une bonne repousse des plantes tout en préservant la faune au niveau du sol ou de la végétation.

b. Une marge de manœuvre existe mais elle est peu exploitée car elle nécessite une organisation matérielle et une évolution des représentations du métier de jardinier et non simplement un investissement financier Le square Séverine comporte des surfaces non négligeables qualifiées de ‘prairie 1’. Cette catégorie correspond selon la terminologie du référentiel de gestion différenciée à une surface herbacée dominée par les graminées (à hauteur de 75 - 80%), intensément fréquentée par le public. La gestion est jugée ‘extensive’ : la fréquence d’intervention ne dépasse pas 5 tontes par an et la hauteur de coupe se situe au-delà de 9 cm de végétation. La dénomination ‘prairie’ est 30

finalement un abus de langage : il faut admettre que la combinaison piétinement/gestion est difficilement conciliable avec la diversité typique d’une prairie à caractère naturel.

Une parcelle en faible pente, périphérique et déjà inaccessible au public aurait pu constituer une ‘micro-poche’ de biodiversité à l’échelle du site sans nuire à son esthétique. Cette situation est théoriquement favorable à une fauche annuelle tardive, et à défaut à des coupes moins fréquentes et plus hautes. Par ailleurs, cette parcelle est potentiellement extensible, à hauteur de 250 m², sans compromettre la symétrie qui caractérise l’aménagement historique. La surface minérale qui la jouxte est ‘inutile’ dans la mesure où elle ne joue aucun rôle dans le cheminement.

Les travaux nécessaires à l’augmentation de la surface de la parcelle identifiée sont relativement faciles à mettre en œuvre. Le décapage du sol stabilisé, le terrassement, l’apport de terre végétale ou encore le semis peuvent être réalisés en régie ou confiés à des entreprises dans le cadre de marchés publics existants. Le changement des pratiques préconisé se heurte cependant à un obstacle d’ordre matériel. En effet, les jardiniers du square ne disposent pas d’une motofaucheuse, plus appropriée qu’une tondeuse pour l’entretien d’une prairie. La seule motofaucheuse thermique mutualisable sur l’ensemble du territoire parisien est située au 14ème arrondissement7. L’achat du matériel adéquat et sa mutualisation à une échelle optimale selon les besoins, par exemple entre les ateliers de jardinage d’un arrondissement, peut constituer un bon compromis technico-économique si l’amélioration de la biodiversité est un véritable objectif de gestion.

Enfin, il me parait pertinent d’attirer l’attention sur un frein potentiel quant à l’acceptation d’une gestion extensive. L’extensification des pratiques de gestion permet un gain de temps qui pourra être en partie consacré à l’observation d’un milieu à caractère naturel ou à la participation à des programmes de sciences participatives. Or, la devise dans le Service d’Exploitation des Jardins est de « répondre aux attentes des usagers ». Dans quelle mesure accepterait-on que le jardinier ‘ écoute les attentes de la nature’? L’extensification du travail suppose également une inversion radicale du regard. Une gestion extensive est un facteur déterminant de la performance écologique mais peut être interprétée comme une mauvaise performance individuelle puisqu’elle implique un plan de charge plus allégé. Dans quelle mesure accepterait-on de conjuguer la performance écologique à la performance individuelle au lieu de les opposer?

3. Saisir toutes les opportunités pour renforcer la sous-trame arbustive Le square est inaccessible en sa majeure partie aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.

Les travaux de mise en accessibilité sont donc incontournables mais impliquent la suppression d’un talus planté de plantes vivaces et d’une haie. Or, la sous-trame arbustive est déjà le maillon faible des sous-trames terrestres dans le square même si la haie en question est exotique (Thuya sp.) et stérile et que sa suppression ne constituerait pas une perte significative en soi. Deux stratégies ont été alors adoptées :

a. Réduction de l’impact Il est possible de maintenir des massifs arbustifs dans les zones situées en dehors des cheminements. Trois paramètres d’optimisation ont été mobilisés : la palette végétale, la structure des massifs et la gestion.

Le principe des niches écologiques stipule que la richesse animale est positivement corrélée à la richesse végétale. Ainsi, plus un massif est diversifié, plus le peuplement animal qu’il héberge est diversifié (Debras & Mouret, 2013).

7

Source : Liste du matériel mécanique mutualisable établie par la Mission Technique

31

La complexité structurale du massif favorise également une richesse faunistique et peut s’apprécier à l’échelle de l’arbuste et à celle du massif (ibid.). Un individu ligneux ayant des ramifications complexes et des structures végétales multiples (feuille, fleur, bourgeons, etc.) peut abriter une diversité d’insectes phytophages spécialisés favorisant ainsi la diversité de leurs prédateurs aux niveaux trophiques supérieurs. De même, la hauteur du massif, sa largeur, sa stratification ainsi que la densité des plants sont autant de paramètres qui conditionnent la variabilité dans l’espace et donc la complexité structurale. La qualité écologique d’un massif large, haut, densément planté et stratifié est supérieure à celle d’un massif monostratifié et de dimensions réduites.

Les interventions de gestion vont modifier la qualité de l’habitat à court terme. Une taille architecturée vise à contenir la croissance des ramifications et conduit à une simplification de la forme du massif ; une taille sévère au moment inapproprié peut compromettre la floraison et la fructification des arbustes. Ces interventions réduisent potentiellement les sites colonisables par les espèces animales. Une taille raisonnée, dite ‘libre’, rapproche mieux la structure du massif arbustif de celle qui est rencontrée dans les milieux naturels ; ce qui permet l’installation d’un nombre d’espèces animales plus important. Des travaux ont montré par ailleurs que la gestion des haies agit sur leur composition floristique et donc sur leur peuplement animal, en particulier entomologique (Hooper, 1976; Constant, Eybert, & Maheo, 1976).

Ces paramètres ont été croisés avec les contraintes du site, notamment son caractère architecturé : un massif arbustif indigène plurispécifique au port libre serait difficilement acceptable malgré son intérêt écologique.

Le choix de la palette végétale a été recentré sur deux espèces régionales : le charme (Carpinus betulus) et le houx (Ilex aquifolium). Le houx a l’avantage de présenter une fructification intéressante pour les oiseaux mais les baies naissent sur le bois de deux ans. La taille ne doit donc pas nuire à la fructification de l’ensemble du massif : la taille structurée peut être réservée aux arbustes en périphérie du massif tandis qu’une taille libre des arbustes au centre permettra l’expression de la fructification à leur sommet.

b. Compensation de l’impact La deuxième opportunité est d’implanter des massifs arbustifs sur la partie périphérique du square, en excluant les parcelles gérées en prairie (qui comportent des orchidées sauvages).

Toutefois, il n’est pas possible de planter partout afin de maintenir un équilibre entre vues ouvertes et vues fermées depuis l’extérieur du square. Les emplacements potentiels ont été choisis par le gestionnaire lors d’une visite de terrain. Des espèces régionales lui ont été proposées mais son intérêt portait prioritairement sur le caractère esthétique en terme de fleurissement.

c. Amélioration des capacités de production de végétaux d’origine régionale La capacité à s’approvisionner en arbustes d’origine régionale via le Centre de Production Horticole de Rungis semble être limitée, au moins pour les dimensions de l’aménagement proposé (ANNEXE 7). A titre d’exemple, l’espèce régionale de houx n’est produite qu’à raison de 15 plants par an8, soit une quantité 6 fois plus faible que les besoins pour la seule opération d’aménagement étudiée. Une fourniture en interne offrirait des coûts compétitifs ‘incomparables’ aux prix pratiqués sur le marché et serait en plus cohérente avec une politique d’achats responsable et locale.

8

Catalogue du Centre de Production Horticole de Rungis (2013)

32

d. Evacuer les préoccupations d’ordre sécuritaire avant d’agir Une image négative est associée aux massifs arbustifs, en particulier dans les espaces verts périphériques et ‘sensibles’. Ils constitueraient en effet des zones calmes propices à l’accueil des personnes sans domicile fixe et à des pratiques addictives. Ces craintes expliqueraient donc une lutte acharnée et officieuse contre les arbustes qui se manifeste soit par leur proscription soit par des choix optant pour des arbustes ‘piquants’. Or ces végétaux ne sont sûrement pas à la source de problèmes sociaux rencontrés dans les espaces verts et dans l’espace public.

4. Comprendre les préférences des usagers Selon une enquête de l’Union nationale des entreprises du paysage en 2013, près d’un français sur deux déclare que la proximité d’un espace vert est un critère très important dans le choix de son lieu d’habitation (UNEP-IPSOS, 2013). L’intérêt des français pour les jardins et les espaces verts repose en premier lieu sur leurs qualités environnementales. La dimension esthétique et décorative semble être reléguée loin derrière leur capacité à offrir un lieu de bien-être, de rencontre et de partage (ibid.).

Le projet de requalification du territoire urbain, motivé par la Trame Verte et Bleue, permettra de renforcer la nature en ville. On vise ainsi l’amélioration du cadre de vie des citadins par une offre en espaces verts de qualité de façon à remédier à la prédominance du minéral dans le tissu urbain. D’où l’intérêt de s’interroger sur le rapport entre le citadin et la nature dans un espace vert et de comprendre ses attentes avant de concevoir des aménagements.

C’est dans cette optique que se situe mon étude exploratoire des préférences des usagers au sein du square Séverine.

a. Méthodologie Cette étude s’est déroulée entre juin et août et a permis d’interroger sur le terrain 21 personnes qui ont accepté de répondre à un questionnaire. Pour chaque proposition de requalification, des photos correspondant à différents types d’habitat (haie libre ou architecturée ; prairie ou pelouse ; mare, bassin végétalisé ou non) ont été présentées aux personnes interrogées en vue de recueillir à chaque fois une préférence personnelle pour un seul type d’habitat. Il leur a été ensuite demandé de préciser, dans l’ordre : -

le type d’habitat qui s’intègre de manière optimale dans le square ; leur ressenti vis-à-vis de chaque type d’habitats (question ouverte) ; leur appréciation de l’intérêt de certains habitats (mare et bassin végétalisés, prairie et haie libre) pour la nature.

L’avantage de cette méthode est de recueillir des informations quantitatives et qualitatives rapidement et sans interférer avec les personnes enquêtées. Les photos constituent le seul input mais leur utilisation permet d’associer les réponses à une image partagée. Cette méthode d’enquête a été déjà mise en œuvre pour l’étude du ressenti des usagers dans des espaces verts (Long & Tonini, 2012). Elle est utilisée ici pour dégager des pistes de réflexion prioritaires dans le cadre d’un projet d’aménagement, d’où la nouveauté.

b. De nombreux éclairages sur les perceptions et les attentes des usagers en lien avec la nature en ville La majorité des usagers interrogés déclare avoir une préférence pour les habitats à caractère naturel, sauf pour la prairie. La comparaison des propos recueillis (cf. Tableau, page 35) dégage une explication potentielle. En effet, la pelouse est identifiée comme un espace accessible et favorable à de nombreuses activités tandis que la prairie est interdite d’accès, ce qui dégraderait sa valeur aux yeux des usagers malgré toutes ses autres qualités évoquées. La question d’usage 33

ou d’interdiction d’usage ne se pose pas pour les points d’eau ni pour les haies, d’où la différence entre les préférences déclarées.

Le caractère naturel en ville est apprécié, dès lors qu’il ne prive pas d’un usage. Comment peuton alors contrecarrer cette appréhension ? Une communication sur l’intérêt pour la biodiversité n’est visiblement pas suffisante vu que les (ou certains) usagers perçoivent déjà cet intérêt. Une solution pour favoriser une expression optimale de la faune et de la flore serait de saisir les opportunités de lieux inaccessibles ou difficilement accessibles. C’est la solution qui a été retenue pour choisir les parcelles à convertir en prairie à caractère naturel au square Séverine.

Le caractère naturel des habitats évoque de manière très forte chez les participants un milieu naturel ou rural par contraste avec le milieu urbain et ‘Paris’. Ceci ferait allusion à un besoin de s’évader du ‘béton’ et de la ville et traduirait une envie d’expérimenter des paysages à tendance plus naturelle et moins artificielle, autres que des paysages devenus banals et étroitement associés aux espaces verts ‘parisiens’ (i.e. : la pelouse). De plus, le caractère naturel ne semble pas s’opposer à une valeur esthétique contrairement aux idées reçues. Par exemple, le terme ‘joli’ est utilisé de façon récurrente, indépendamment du caractère naturel ou artificiel des différents types d’habitats. Le caractère artificiel est facilement ‘détectable’ et est souvent associé à un intérêt décoratif.

Introduire de nouvelles formes de nature plus ‘libre’, plus ‘diversifiée’ et plus ‘dépaysante’ n’impacterait en rien leur perception positive par les usagers, à condition qu’une intervention humaine d’entretien soit apparente. L’opinion est ici partagée : un entretien marqué est négativement perçu par certains car il traduirait un interventionnisme (de ‘trop’) et une détérioration de la nature ; pour d’autres il traduirait un travail de qualité et une intervention soignée. Les formes d’intervention les plus extensives ne seraient pas perceptibles ce qui renvoie à l’abandon et au « laisser-pousser ».

Le recours de la Ville de Paris à une signalisation via des panneaux indiquant qu’‘Ici nous favorisons la biodiversité’ me semble inefficace et contreproductif. D’une part, ces messages peuvent être interprétés comme un prétexte justifiant un éventuel manque de moyens pour entretenir. De plus, ils renforcent une équivalence erronée entre « rien faire » et « favoriser la biodiversité ». Une alternative qui s’applique de plus en plus est de marquer un espace géré de manière extensive par une intervention intensive localisée. L’enjeu est en effet de démontrer un retrait volontaire sans stéréotyper les formes de nature les plus sauvages.

Pour finir, une grande partie des participants établit un lien entre les habitats et les animaux ou les ‘bestioles’. Les avis sont souvent catégoriques : soit on s’enthousiasme pour les ‘oiseaux et les papillons’ soit on s’inquiète des animaux « nuisibles » comme les rats ou les insectes. Une participante associe insectes et bactéries pour évoquer peut-être l’idée de maladie. La communication sur les espèces cibles (animales) de la Trame Verte et Bleue auprès du public devra tenir compte de la position mitigée vis-à-vis des animaux en ville, de façon à empêcher des amalgames.

34

Tableau 2 : Propos recueillis par les usagers sur les solutions d'aménagement étudiées

Type d’habitat Bassin non végétalisé Bassin végétalisé ou mare

Prairie

Pelouse

Haie libre

Haie architecturée

Propos recueillis (après regroupement par thème) Ambiance : « détente, apaisement, triste, calme » Esthétique : « décor, poisson rouge » Nature : « eau, oiseaux, rivière » Usage : « se baigner, plonger, dangereux » Ambiance : « détente, apaisant, moderne (bassin végétalisé), convivial, vert, verdure, écologique» Evasion : « paysage lointain, forêt sauvage (mare), métropole, marais poitevin, fait moins square de quartier » Esthétique : « super joli » Nature : « nature (4), eau (3), plantes, oiseaux, papillons» Nuisance : « bactéries, insectes (3), jeter les saletés » Passé : « enfance » Ambiance : «calme, sauvage, plaisir, beaucoup de verdure » Evasion : « campagne (3), montagne, forêt, petite maison » Esthétique : « jolie (3), décoration en ville » Nature : « nature(3), nature à foison, naturel, pousse naturellement, biodiversité, graines pour les oiseaux, animaux non nuisibles » Usage/Interdiction d’usage: « se promener, ne pas toucher, ne pas pouvoir marcher ‘dessus’, interdite, détruite par les enfants » Artificialité : « moins naturelle, plus domestique » Entretien : « propre, entretenue, tondue » Esthétique : « joli, verdure » Antinature : « pas favorable à la biodiversité » Usages : pratique, s’asseoir, pique-niquer, ballon, Usagers : famille (2), enfants, jeunes Urbain : « square en ville, espace vert dans le béton, Paris, ‘ il y en a à Paris’ » Ambiance : « ombre, ça doit être comme ça, ‘flippant’ » Entretien : « à nettoyer, il faut l’entretenir, on ne fait rien sans doute, on laisse pousser » Esthétique : « beau, joli » Evasion : « liberté, forêt (2), campagne(2) » Nature : « nature (4), naturel, animaux, oiseaux» Nuisible : bêtes, rats, serpent Ambiance : « triste, pas naturelle (2), fermée» Antinature : «détériorer la nature » Caractère privatif : « maison individuelle, barrière » Entretien : « on s’occupe bien, on travaille plus, bien taillée, moins laissée à l’abandon, élagage» Esthétique : « décor, carrée, beau visuellement » Intervention humaine : « trop façonnée, trop structurée, trop préparée, impeccable »

35

5. Synthèse et enjeux Solutions

Contribuer à la densification du réseau des habitats des milieux humides

/

+

N°2 : Création d’un bassin végétalisé -

Augmenter la densité de la strate arbustive + Raisonner la gestion /

+++

++

+

+

++

++

++

+++

+

+

+

-

++

+/-

+

++

+

++

Action très facile à mettre en œuvre, peu coûteuse et mobilisatrice

Action globalement facile à mettre en œuvre et peu coûteuse  Fourniture des végétaux d’origine régionale en interne  Intérêt esthétique  Image négative

Alternatives

N° 1 : Création d’une mare

Faisabilité technique (réalisation) Faisabilité technique (gestion) Coût économique Acceptabilité par les acteurs Acceptabilité par les usagers Synthèse

Augmenter la surface d’une prairie + Raisonner la gestion

1ère alternative est plus facile à mettre en œuvre, plus économique et mieux acceptée  

Enjeux 

Intégration paysagère Quantification de la charge de gestion afférente à un habitat Application de la réglementation

  



Pertinence stratégique

++

+

Précision du langage Actualisation du référentiel de gestion ?

Acquisition et mutualisation du matériel de gestion adapté Acceptation d’une extensification du travail +++

++

6. Suivre l’évolution de la fonctionnalité écologique La validation des hypothèses émises sur les variables d’ajustement de la qualité écologique du site passe par un suivi dans le temps.

a. Les espèces cibles : un indicateur qualitatif de la fonctionnalité écologique La Division Patrimoine Naturel souhaite utiliser les espèces cibles (ANNEXE 1) comme indicateur de la fonctionnalité écologique. Les espèces ou groupes d’espèces cibles sont les plus exigeantes en termes de conditions écologiques ; leurs exigences sont représentatives de celles

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des autres espèces inféodées au même type de milieu. La présence d’une espèce cible démontrera la fonctionnalité de la sous-trame à laquelle elle est associée.

Chacune des trois solutions proposées ci-dessus cible le renforcement d’une sous-trame. En un premier temps, il me semble pertinent de tenir en compte des espèces volantes uniquement. De nombreuses espèces au mode de déplacement terrestre semblent être volontairement introduites (hérisson, amphibiens, etc.) ; leur présence ne serait en rien révélatrice d’une véritable fonctionnalité écologique des corridors.

Tableau 3 : Espèces cibles proposées pour le suivi de la fonctionnalité écologique des milieux créés

Sous-trame ciblée

Espèces ou groupe d’espèces cibles indicateurs d’une fonctionnalité écologique

Sous-trame des milieux humides (Cf. supra : 1)

Odonates

Colonisation spontanée du milieu et reproduction détectable

Azuré des nerpruns

Le houx (Ilex aquifolium) est une plante hôte susceptible d’accueillir la ponte sur ses inflorescences et ses bourgeons

Insectes : orthoptères, lépidoptères (azuré de la bugrane, machaon)

Arrivée spontanée

Sous-trame arbustive (Cf. supra : 3) Sous-trame herbacée

Justification

Cf. supra : 2)

L’obtention de l’indicateur peut être basée sur des observations ponctuelles. Il est également possible de définir un protocole simple qui prend en compte :  l’interférence entre les conditions météorologiques et l’activité des espèces ;  la période d’observation ;  la localisation de l’observation.

La qualification du lieu d’observation (type de l’habitat, caractéristiques de l’habitat et du paysage écologique, etc.) pourra être utile pour des comparaisons spatiales entre des habitats du même type sur un secteur donné. Les périodes d’observation peuvent être spécifiées en se limitant par exemple aux périodes de reproduction. Pour un groupe comme les Odonates, des observations pendant la période d’émergence permettront de repérer des exuvies de manière à confirmer la présence d’une population reproductrice. On contournera ainsi l’inconvénient des observations ponctuelles portant sur des individus adultes ‘de passage’.

Simple et qualitatif, cet indicateur peut renseigner sur la colonisation du site par des espèces d’intérêt. En revanche, il n’est pas informatif sur le plan quantitatif puisqu’on s’intéresse simplement à l’absence/présence et non à l’abondance. Son application par les gestionnaires supposera une capacité à (re)connaître les espèces. Des fiches de sensibilisation ont été élaborées par un autre stagiaire pour communiquer sur ces espèces et aider à leur observation.

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b. Le protocole Florilège : un indicateur sur la fonctionnalité écologique des prairies urbaines Le protocole Florilèges (Plante&Cité, 2014) s’adresse aux gestionnaires et aide à évaluer la qualité écologique et les modes de gestion des prairies urbaines ayant une surface minimale de 130 m². Il s’appuie notamment sur l’inventaire de 47 espèces de monocotylédones et dicotylédones faciles à reconnaître (ou à identifier) sur 10 quadrats de 1m² chacun situés au centre de la parcelle selon des dispositions bien définies.

J’ai pu participer à la phase d’expérimentation de ce protocole, phase qui a eu lieu entre le 15 juin et le 15 juillet dans différents espaces verts à Paris (prairie des Archives de Paris, bois de Vincennes, ferme de Paris, etc.). L’ensemble des participants s’accordent sur sa pertinence pour les prairies urbaines parisiennes. Quelques ajustements ont été suggérés notamment concernant l’ajout de quelques espèces de dicotylédones et le déroulement du protocole en pratique (matériel nécessaire pour la matérialisation des quadrats par exemple).

Mes observations sur le terrain m’ont permis de conclure que ce protocole est très stimulant pour les jardiniers puisqu’il focalise sur la diversité du végétal. Par ailleurs, leur participation à une démarche collective peut être valorisante et valorisée et contribuera à terme à une conscientisation quant à la dépendance entre leurs choix de gestion et la biodiversité urbaine.

c. Des indicateurs quantitatifs sur l’évolution des pratiques Au-delà de l’évaluation de la fonctionnalité écologique, il est possible de suivre le progrès de la démarche de requalification par des indicateurs quantitatifs portant sur les habitats qu’on peut intégrer sur un secteur d’intervention (un site, un ensemble de sites, un arrondissement, etc.) comme par exemple :    

l’évolution de la surface de massifs arbustifs d’essences régionales en taille libre l’évolution de la surface de prairies à caractère naturel nombre de participants à des protocoles de sciences participatives etc.

L’expérimentation de requalification d’un réservoir urbain de biodiversité a permis d’analyser de façon concrète les leviers d’action et les obstacles à cette requalification, non seulement d’un point de vue technico-économique mais également d’un point de vue organisationnel en tenant compte du positionnement de la structure d’accueil.

Pendant ma période de stage, l’opportunité de mieux prendre en compte les continuités écologiques dans le projet d’urbanisme de la Ville de Paris s’est présentée ; opportunité qui s’est traduite par l’engagement d’une procédure d’évolution du Plan Local d’Urbanisme. Il m’est paru important d’élucider les moyens d’actions de la Division Patrimoine Naturel en lien avec cette procédure. La partie suivante est une exploration du champ des possibles d’un point de vue réglementaire ; elle s’intègre parfaitement dans le cadre de mon étude ayant pour objectif premier la contribution à l’élaboration d’une stratégie globale qui ne se limite pas aux réservoirs urbains de biodiversité.

38

IV.

PRISE EN COMPTE DE LA FONCTIONNALITE ECOLOGIQUE DANS LE PROJET D’URBANISME DE LA VILLE OU REQUALIFICATION DU PROJET D’URBANISME DE LA VILLE : QUELLES AMBITIONS ? QUELS MOYENS ? QUELS FREINS ? EXEMPLE DU PLAN LOCAL D’URBANISME

Les prévisions et les décisions des collectivités publiques en matière d’utilisation de l’espace doivent désormais assurer « la préservation de la biodiversité notamment par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques” (Code de l’Urbanisme, Article L110).

Les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d’urbanisme ou les cartes communales fixent dans ce sens « les conditions permettant d’assurer, dans le respect des objectifs du développement durable : […] la préservation de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts ainsi que la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques » (Code de l’urbanisme. Article L121-1 §3).

A Paris, le Plan Local d’Urbanisme s’applique à l’ensemble du territoire communal avec un régime spécifique pour les deux secteurs sauvegardés du 7ème arrondissement et du Marais (Plans de Sauvegarde et de Mise en Valeur sous la responsabilité de l’Etat). Le seul secteur placé en dehors du périmètre d’application du Plan Local d’Urbanisme est le jardin du Luxembourg, placé sous la responsabilité du Sénat. Le Plan Local d’Urbanisme est entré en vigueur le 1er septembre 2006. Le Conseil de Paris a approuvé dans sa délibération du 8 juillet 2014 le lancement d’une procédure qui aboutira fin 2015 (Figure 15) à une modification avec enquête publique du Plan Local d’Urbanisme (ANNEXE 8).

Figure 15 : Calendrier de modification du Plan Local d'Urbanisme parisien

Cette procédure pilotée par la Direction de l’Urbanisme constitue une réelle opportunité pour mieux intégrer la Trame Verte et Bleue dans le rapport de présentation et le règlement écrit et graphique. Par ailleurs, le vœu de l’exécutif municipal concernant cette procédure suggère : -

-

-

la consultation des communes voisines sur les évolutions de leurs plans locaux d’urbanisme afin d’éclairer les choix de la Ville notamment en matière d’inscription des corridors écologiques ; l’étude des possibilités offertes par la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement pour agir sur la performance énergétique et environnementale des bâtiments existants ou à construire ; l’étude de l’inscription de nouvelles réserves ou périmètres de localisation pour […] les équipements nécessaires à la transition écologique.

Afin de répondre à l’ensemble des questions soulevées, les différentes composantes (ANNEXE 8) du Plan Local d’Urbanisme parisien ont été examinées en croisant les outils « théoriques » recensés dans la bibliographie (Brouard-Masson, Cheret, & Letessier,

39

2013) et des dires d’experts9. Les pistes d’action sont analysées au regard de l’état des lieux dressé, non seulement dans le cadre de la procédure de modification engagée mais aussi dans celui d’une procédure ultérieure.

A. Dans le rapport de présentation Dans le Plan Local d’Urbanisme en vigueur Les continuités écologiques ne sont pas abordées de façon explicite dans le diagnostic. L’accent est mis sur le rôle des espaces verts dans l’amélioration du cadre de vie des habitants et ce sans évoquer leur contribution à la biodiversité urbaine. En effet, les enjeux associés aux espaces verts s’articulent principalement autour de la répartition inégale des espaces verts de proximité sur le territoire, l’accessibilité au public et les prescriptions de protection des espaces verts privés.

Les projets de la collectivité sont orientés vers la mise en valeur et le réaménagement de l’existant et la création de nouveaux « espaces de respiration ». Des emprises telle que la Petite Ceinture ou les berges de Seine sont actuellement identifiées comme une opportunité pour des projets d’aménagement « de bonne dimension » ; sans que leur impact positif ou négatif sur ces éléments de continuités écologiques soit mentionné.

L’état initial de l’environnement ne comporte pas de chapitre spécifique aux continuités écologiques. La biodiversité est traitée sous l’angle ‘patrimoine naturel’ : des inventaires de faune et de flore sont intégrés pour témoigner de façon qualitative de la biodiversité urbaine à Paris en mettant l’accent sur le caractère patrimonial ou protégé de certaines espèces. Deux enjeux sont particulièrement mis en évidence :  la préservation des habitats supports de cette diversité biologique ;  Les « lacunes dans le maillage général » d’espaces verts affectant à la fois la « desserte par des espaces verts » tout comme la diversité et la « continuité biologique ».

Conclusion : Le rapport de présentation évoque donc de façon partielle et incomplète les composantes et les enjeux de la Trame Verte et Bleue sur le territoire parisien.

Dans le cadre de la procédure de modification engagée Le décalage entre le calendrier de cette procédure et le calendrier du projet d’élaboration de la Trame Verte et Bleue est un frein à une intégration optimale des continuités écologiques dans le rapport de présentation, au moins à court terme. A ce stade, il serait possible d’adopter les orientations et les prescriptions favorables à la préservation et l’amélioration des continuités écologiques énoncées dans le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) d’Ile de France, le Schéma Directeur de la Région Ile de France (SDRIF) ou encore le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du Bassin Seine Normandie ; et ce dans un rapport de prise en compte (SRCE) ou de compatibilité (SDRIF et SDAGE).

Dans le cadre d’une procédure d’évolution ultérieure Il serait opportun de :  caractériser les éléments de continuités écologiques d’intérêt régional en lien avec le schéma régional de cohérence écologique d’Ile de France ;  inscrire les corridors potentiels entre paris et les communes limitrophes ;  caractériser les continuités écologiques d’intérêt infrarégional/local en termes de composantes (réservoirs de biodiversité et corridors) et de fonctionnalité écologique potentielle ou avérée ;  insister sur la diversité des éléments constitutifs des continuités écologiques et rappeler l’importance de tous les espaces : verts, ferroviaire, humides et fluviaux ; 9

Direction de l’Urbanisme et Agence d’écologie urbaine (entité Sites et Paysages) de la Ville de Paris

40

 

  



mettre en évidence les spécificités des continuités écologiques en zone urbaine dense, notamment la fragilité des habitats à caractère naturel ; intégrer la diversité biologique dans sa globalité, qu’elle soit animale, végétale ou microscopique, ordinaire ou remarquable, tout en s’appuyant sur la notion d’espèces animales cibles indicatrices de la fonctionnalité écologique des continuités ; expliciter les différentes sous-trames et leur matérialisation en milieu urbain; souligner les enjeux de pérennisation de la sous-trame des milieux humides (ANNEXE 9) et de renaturation des berges de la seine; valoriser le caractère multifonctionnel de la trame verte et bleue, c'est-à-dire ses dimensions écologique, paysagère, patrimoniale, sociale et économique, contribuant au développement et à l’attractivité du territoire ; hiérarchiser les enjeux de préservation et de renforcement des continuités écologiques en lien avec les projets d’aménagement et de développement identifiés sur le territoire.

B. Dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable Dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme en vigueur Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable comporte des orientations qui se rattachent de façon plus ou moins directe aux continuités écologiques. On note que l’accent est mis sur la trame verte et que la trame bleue n’est pas explicitement évoquée. En effet, la mise en valeur de la Seine et des canaux, est axée sur les activités socio-économiques, y compris les usages récréatifs, sans que leur intérêt écologique soit évoqué.

Le tableau ci-dessous récapitule les grandes lignes de ces orientations (les parenthèses indiquent une référence indirecte aux continuités écologiques) : Tableau 4 : Orientations du Projet d'Aménagement et de Développement Durable favorables aux continuités urbaines (Plan Local d'Urbanisme en vigueur en août 2014)

Partie 1 : Améliorer durablement le cadre de vie quotidien de tous les parisiens Développer la trame verte  Mise en valeur du patrimoine naturel (faune et flore) à Paris et favoriser la  Création de nouveaux jardins, notamment dans les biodiversité secteurs déficitaires  Réaménagement d’anciens espaces verts publics  Protection et mise en valeur des espaces verts privés  (Création de liaisons piétonnes entres espaces verts)  Amélioration de la qualité des espaces verts dans le cadre des Grands Projets de Renouvellement Urbain  Végétalisation de nouveaux espaces (clôtures, façades, terrasses, murs, délaissés)  Maintien ou aménagement de milieux de vie et création de continuités écologiques à différentes échelles (opérations d’aménagement, de construction ou de réhabilitation et traitement des espaces libres)  Incitation des institutions publiques et les propriétaires privés à favoriser la « continuité biologique » entre les différents espaces verts Mettre en valeur la Seine  (Etablir des continuités d’itinéraires pour les et les canaux circulations douces et les promenades)

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Partie 4 : Impliquer tous les partenaires, acteurs de la mise en œuvre du projet Schéma des objectifs  Valoriser la ceinture verte et les bois d’évolution des territoires de  Aménager des espaces verts la couronne  (Développer des continuités urbaines) Dans le cadre d’une procédure d’évolution du Plan Local d’Aménagement Une procédure de modification du Plan Local d’Urbanisme ne doit pas porter atteinte au Projet d’Aménagement et de Développement Durable. Seule une procédure de révision permettra le remaniement des objectifs du Projet d’Aménagement et de Développement Durable de manière à intégrer de façon plus inclusive des orientations en matière de préservation et de renforcement des continuités écologiques.

C. Dans le règlement Si le rapport de présentation permet une prise en compte de la Trame Verte et Bleue dans sa globalité, le règlement offre la possibilité de l’intégrer dans les documents graphiques à condition que les éléments cartographiques soient accompagnés par des prescriptions particulières dans le règlement écrit.

La prise en compte des continuités écologiques peut se traduire par : - des zones indicées dans les documents graphiques ; - des règles spécifiques dans certains articles du règlement ; - des éléments et des secteurs ponctuels dans les documents graphiques assortis de prescriptions spécifiques.

1. Zonage dans les documents graphiques Dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme en vigueur Le territoire communal parisien couvert par le Plan Local d’Urbanisme est divisé en 4 zones : -

zone naturelle et forestière (N) ; zone urbaine verte (UV) ; zone urbaine générale (UG) ; zone de grands services urbains (GSU).

La zone N regroupe deux espaces boisés majeurs, le Bois de Boulogne et le Bois de Vincennes, qui constituent deux réservoirs urbains de biodiversité. La zone urbaine verte caractérisée par la faible densité du bâti renferme notamment des espaces verts qui jouent le rôle de réservoirs urbains de biodiversité plus ou moins fonctionnels. Elle inclut également la Seine et les canaux dans leur globalité (plan d’eau, berges basses et quais) qui correspondent à la composante aquatique de la Trame Verte et Bleue de Paris. La zone urbaine générale comporte des espaces végétalisés diffus qui forment potentiellement des corridors en mosaïque. Enfin, la zone urbaine de grands services urbaine contribue à son tour aux continuités écologiques par les infrastructures ferroviaires formant des corridors linéaires.

Conclusion : les composantes des continuités écologiques sont présentes de façon diffuse dans les différentes zones et sont donc soumises à des dispositions variables. De plus, les dispositions relatives à une zone peuvent être parfois génériques et insuffisants vis-à-vis des enjeux d’un espace identifié comme secteur ou liaison d’intérêt écologique.

Dans le cadre d’une évolution du Plan Local d’Urbanisme Un zonage indicé peut être utile pour identifier des composantes de la Trame Verte et Bleue à l’échelle de la parcelle et définir des règles de préservation plus ou moins exigeantes en fonction 42

des enjeux, sans nécessairement interdire ni restreindre les usages ou la constructibilité. Cet outil offre également la possibilité de protéger des espaces à restaurer ou à requalifier, sans aucune contrainte en termes de délai et de sanction. Quel que soit l’usage, il est nécessaire de justifier des règles spécifiques dans le rapport de présentation et de fournir une liste explicative des zones indicées détaillant leurs fonctions et les usages interdits ou permis.

Vu l’état actuel des connaissances des continuités écologiques à Paris, un zonage indicé peut être source de contentieux et n’est pas pertinent à court terme, c'est-à-dire dans le cadre de la procédure de modification engagée. Cet outil, nécessitant concertation et validation politique, ne peut être mobilisé que dans le cadre d’une procédure ultérieure.

2. Articles du règlement Dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme en vigueur Le règlement écrit comporte jusqu’à 14 articles qui définissent les dispositions applicables dans chaque zone. Aucun article ne mentionne de façon explicite les continuités écologiques mais on souligne quelques expressions qui y font référence : « le biotope », « la continuité biologique », « intérêt écologique », etc. De plus, la formulation de certaines dispositions visant à favoriser la continuité est parfois équivoque et est ainsi source d’ambigüités. On peut citer à titre d’exemples10 : -

-

l’article UG 13.1.1 relatif aux caractéristiques des espaces libres de la zone urbaine générale : « Leur aménagement en contiguïté des espaces libres existant sur les terrains voisins peut être imposé pour assurer une continuité des espaces non bâtis et de la végétalisation »  Cette disposition peut être rejetée puisque l’article sous-entend la possibilité de ne pas l’imposer l’article UGSU 13.1.1 relatif aux caractéristiques des espaces libres de la zone des grands services urbains : « Les espaces libres aux abords des constructions doivent être préférentiellement aménagés en continuité avec les espaces libres existant le cas échéant sur les terrains voisins »  Cette disposition est rendue non obligatoire par l’utilisation du terme « préférentiellement »

Dans le cadre d’une procédure d’évolution du Plan Local d’Urbanisme Les articles 11 et 13 peuvent être mieux mobilisés pour répondre de façon plus forte aux enjeux de continuités écologiques. L’introduction d’un 15ème article dans le règlement en application de l’article R.123-9 du Code de l’Urbanisme peut être une opportunité pour intégrer la notion de constructions performantes d’un point de vue biodiversité.

Tableau 5 : Articles du règlement écrit du Plan Local d'Urbanisme à mobiliser

Articles

Thématique

Article 4

Desserte par les réseaux



Article 11

Aspect extérieur

 

Article 12

Stationnement



Article 13

Espaces libres Plantations

 

10

Possibilités de prise en compte des continuités écologiques Réduction de la pollution lumineuse due à l’éclairage public et privé Perméabilité des clôtures Végétalisation du bâti (terrasses, toitures et murs) Porosité des revêtements des places de stationnement Compacité des espaces libres Continuité entre espaces libres sur des terrains

Source : Bénédicte Janin

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Espaces boisés classés    Article 15

Performance énergétique et environnementale



voisins Maximisation de la végétalisation des espaces libres en pleine terre (redéfinir le coefficient de biotope) Diversification des strates (arborée, arbustive et herbacée) Diversification des essences de plantations en privilégiant les essences régionales « Constructions à biodiversité positive » : 15ème cible de la démarche Haute Qualité Environnementale

3. Protection d’éléments à enjeux pour les continuités écologiques Trois outils définis par le Code de l’Urbanisme existent et sont appliqués de façon plus ou moins satisfaisante pour préserver les éléments et les secteurs à enjeux pour la biodiversité. a. Prescriptions spécifiques à un élément ou un secteur d’intérêt écologique La Trame Verte et Bleue peut justifier l’identification d’éléments et de secteurs d’intérêt écologique et la définition de prescriptions spécifiques visant à leur protection, mise en valeur et requalification (Code de l’Urbanisme, article L. 123-1). Les travaux ayant pour effet la modification ou la suppression d’un élément sont soumis à déclaration préalable (Code de l’Urbanisme, article R.4321- 23). Il est donc possible de s’y opposer ou de formuler des prescriptions particulières relatives à leur réalisation. De même, la mise en place d’une clôture dans un secteur nécessite une déclaration préalable (Code de l’Urbanisme, article R.421-12). Il est donc capital de formuler des prescriptions précises concernant la qualité, la pérennité et la perméabilité des éléments et des secteurs. Toutefois, les prescriptions peuvent empêcher la destruction mais ne permettent pas d’intégrer des aspects liés à la gestion ou à l’entretien.

Dans le Plan Local d’Urbanisme en vigueur Les éléments identifiés et les secteurs délimités pour leur intérêt patrimonial, paysager ou écologique en application de l’article L 123-1 du Code de l’urbanisme sont de 4 types : espace vert privé, espace libre protégé, espace libre à végétaliser et espace à libérer. Leur contribution réelle aux continuités écologiques est variable en fonction de l’importance de la composante végétale relativement à la composante minérale. De plus, les prescriptions relatives au traitement de ces espaces se focalisent surtout sur la strate arborée.

Dans le cadre d’une procédure d’évolution du Plan Local d’Urbanisme Il serait pertinent d’identifier clairement les espaces qui contribuent de façon significative aux continuités écologiques. Les prescriptions peuvent préconiser la diversification de la végétation et un traitement de qualité pour l’ensemble des strates. b. Espace boisé classé Le classement en espace boisé en application de l’article L.130-1 constitue une protection forte d’une large gamme d’espaces et d’éléments isolés, existants ou à créer tels que : les bois, les espaces boisés ou encore les plantations d’alignement. Ce statut de protection est contraignant dans la mesure où il : - interdit tout changement d’affectation ou mode d’occupation du sol pouvant porter atteinte à la conservation, la protection ou la création de boisements ; - impose une déclaration préalable à toute opération de coupe ou d’abattage.

De plus, la suppression ou la réduction d’espaces boisés classés nécessite une procédure de révision ce qui garantit une protection relativement stable dans le temps.

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Dans le Plan Local d’Urbanisme en vigueur Les espaces classés en EBC correspondent aux bois de Boulogne et de Vincennes (Zone Naturelle et Forestières, N) et à de nombreux parcs et jardins publics (Zone Urbaine Verte, UV). En pratique, ce statut n’a pas empêché l’imperméabilisation des sols dans le cadre de quelques projets d’aménagement portés par la Ville ou les Mairies d’arrondissement (aires de skate ou de jeux, terrains de sport, etc.). La Direction Régionale et Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt, autorité qui instruit les demandes de coupes et d’abattages, a d’ailleurs épinglé la Ville de Paris pour la contradiction entre ses engagements en termes d’usages et de protection dans le domaine des espaces boisés classés.

Dans le cadre d’une évolution du Plan Local d’Urbanisme Le classement d’un réservoir urbain de biodiversité où l’enjeu de préservation et d’amélioration est très fort peut être pertinent. Il permettra de lutter non seulement contre l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols mais aussi contre la banalisation d’espaces à tendance naturelle très précieux en milieu urbain.

Par ailleurs, une nouvelle catégorie, probablement dénommée « espace paysager classé », pourrait également émerger pour permettre une plus grande souplesse vis-à-vis des spécificités des espaces classés en milieu urbain. c. Emplacements réservés pour espace vert Un emplacement réservé implique à terme l’acquisition de l’emprise par la Collectivité. Ceci permet la maîtrise foncière de lieux stratégiques pour la biodiversité et/ou la réalisation d’aménagements visant à préserver ou reconstituer des continuités écologiques, en particulier des corridors. Cet outil fige l’usage du sol sans être un gage d’acquisition puisque le propriétaire n’est pas contraint de vendre par un délai. En revanche, la collectivité est tenue de se porter acquéreur dans une limite d’un an et d’être en mesure de le faire.

Dans le cadre d’une évolution du Plan Local d’Urbanisme La volonté de densifier Paris afin de développer l’offre en logements limite de façon significative les superficies réservées à la création de nouveaux espaces verts. La Petite Ceinture, propriété de Réseaux Ferrés de France, est l’une des rares emprises à reconquérir pour concrétiser des projets en lien avec les continuités écologiques.

D. Les limites des documents d’urbanisme dans la prise en compte de la fonctionnalité écologique de la ville Le Plan Local d’Urbanisme peut être un outil puissant pour une meilleure prise en compte des continuités écologiques dans les décisions des collectivités publiques et des acteurs privés en matière d’aménagement et d’urbanisme.

Toutefois, ce document n’est pas la panacée.

La volonté de sécuriser le document et de limiter les contentieux a parfois des effets pervers. Les formulations évasives et ambiguës peuvent conduire à des prescriptions sans effet concret. La crainte d’utiliser des termes ayant une valeur réglementaire conduit à des choix terminologiques vidés de tout sens. L’enjeu est de formuler des prescriptions précises et non-équivoques qui dotent les autorités compétentes d’un vrai pouvoir de décision et de régulation.

Par ailleurs, les prescriptions réglementaires ne peuvent préciser des règles d’usage, y compris des mesures de gestion. Des cahiers de recommandations et de bonnes pratiques peuvent être annexés à titre informatif mais leur impact est nettement plus faible que celui du règlement opposable. Enfin, le caractère prescriptif du Plan Local d’Urbanisme nécessite des dispositifs et des moyens de contrôle et de sanction pour faire appliquer ces dispositions de façon systématique. Si ces moyens sont insuffisants, les prescriptions peuvent ne pas être suivies d’effets.

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V.

LES CONTINUITES ECOLOGIQUES A LA FRONTIERE DES TERRITOIRES : DES METHODES D’IDENTIFICATION A LA LECTURE TERRITORIALE DES ENJEUX

Grâce à l’application du vertueux principe de subsidiarité, aucune méthode n’est imposée aux collectivités territoriales pour l’identification des continuités écologiques, au-delà du respect des critères de cohérence nationale (MNHN) et de la prise en compte du Schéma Régional de Cohérence Ecologique. Les collectivités disposent également d’une latitude d’appréciation pour définir les instruments adéquats pour leur préservation et/ou restauration. Ce principe peut toutefois poser problème à la frontière des territoires ; ou les représentations peuvent converger ‘sur les cartes’ sans signifier pour autant ni des méthodes de travail compatibles ni des enjeux réciproquement au même niveau d’importance. Or, l’élaboration d’une stratégie territoriale nécessite une articulation cohérente non seulement avec l’échelle supérieure (i.e. régionale) mais aussi avec les collectivités territoriales d’une échelle équivalente. C’est pour cette raison que je me suis attachée à l’identification des sources potentielles d’incohérence et des pistes de coopération entre collectivités limitrophes.

La question été traitée de manière qualitative en focalisant sur l’interface entre Paris et l’arc Nord-Est parisien (dans la continuité du site d’expérimentation choisi). Des rencontres bilatérales et/ou multilatérales ont été organisées avec différentes collectivités dans un souci de représentativité et non d’exhaustivité géographique : Les Lilas et Bagnolet (communes), Est Ensemble et Plaine commune (communautés de communes) et la Seine-Saint-Denis (département).

A. Des méthodes d’identification très divergentes Le département de la Seine-Saint-Denis propose une « enveloppe optimale » de sa Trame Verte et Bleue délibérément large intégrant des composantes réglementaires (arrêté préfectoral de protection de biotope et sites Natura 2000) et des sites à caractère naturel à forte valeur écologique (friches, délaissés urbains, carrières à ciel ouvert, zones humides, etc.). Les corridors sont identifiés de manière plus floue ; il s’agit des liaisons du Schéma Régional de Cohérence Ecologique et des liaisons spécifiques au contexte urbain (i.e. : arbres d’alignement et voies ferrées). La définition de cette enveloppe est basée sur un modèle de connectivité des milieux herbacés « naturels » élaboré par le Muséum National d’Histoire Naturelle. L’équipe technique rencontrée n’a pas elle-même choisi cette approche et est consciente de ses limites mais souligne ses atouts d’un point de vue stratégique : -

-

Elle met en exergue la valeur écologique des friches urbaines, ce qui peut motiver ultérieurement des instruments de compensation des projets d’urbanisation à venir dans un territoire sous une haute tension foncière, ou du moins empêcher leur destruction intégrale ; Elle ne se substitue pas à des analyses fines à une échelle locale (communale ou intercommunale) puisque le modèle scientifique n’est fonctionnel qu’à l’échelle départementale ; Elle met en évidence des sous-réseaux fonctionnels en lien avec les départements limitrophes, dont Paris.

Les intercommunalités assurent la déclinaison locale de la Trame Verte et Bleue et le département leur apporte un soutien pour la rédaction des cahiers des charges. Les communautés de communes Est Ensemble et Plaine Commune ont sélectionné le même groupement de prestataires. Le volet écologique est traité selon une approche « habitats » (l’approche par « espèces cibles » a été jugée peu crédible en milieu urbain par les prestataires).

La trame verte est basée sur deux sous-trames boisée et herbacée. Les réservoirs ont une surface minimale de 7500 m² et sont classés en deux niveaux (primaire et secondaire). Les corridors 46

sont classés selon leur ‘rugosité’ aux déplacements des espèces. La composante bleue est représentée par la sous-trame aquatique uniquement, les milieux humides étant considérés comme des ‘isolats’. La mise en œuvre pratique est axée sur des méthodes cartographiques sous SIG ; la validation est assurée par des échanges avec les acteurs du territoire et des prospections de terrain limitées aux zones fragiles ou de conflit. Les préconisations de renforcement seront localisées et concerneront des zones d’intervention prioritaires.

Les méthodes cartographiques ont été testées sur le tissu urbain parisien n’ont pas abouti à des résultats concluants. La méthode retenue à Paris, orientée vers le terrain, s’est révélée plus réaliste et plus proche des acteurs. Elle est toutefois difficilement reconductible sur des territoires plus vastes et encore moins dans le cadre de missions sous-traitées et contraintes dans le temps. C’est pourquoi la proposition d’une étude fine des corridors potentiels entre Paris et Est Ensemble et Plaine Commune a par exemple été rejetée.

B. Une lecture territoriale plus propice à la co-construction L’entrée méthodologique semble être peu pertinente pour aborder la mise en cohérence des trames vertes et bleue à une échelle infrarégionale. Il faut admettre qu’il n’y a pas de méthode unique et parfaite. Des choix méthodologiques clairement établis et assumés sont une donnée avec laquelle il convient de composer. Ces choix sont une partie de la réponse à une problématique partagée ; l’autre partie réside dans la coopération territoriale.

Les échanges informels au fil des rencontres ont permis d’amorcer une dynamique de partage de l’information et de la connaissance. Par exemple, il a été convenu de réaliser la qualification écologique du cimetière parisien de Pantin par deux méthodes différentes (SIG et inventaires par le groupement de prestataires et questionnaire de qualification écologique par la Ville de Paris). La combinaison des approches permettra une validation croisée des résultats, ce qui constitue une véritable valeur ajoutée pour les deux parties. Par ailleurs, la mutualisation des études et des résultats d’expérimentations spécifiques aux continuités écologiques urbaines permettra un apprentissage collectif. Le département de la Seine-Saint-Denis a accumulé une expertise sur l’accompagnement technique de porteurs de projet en lien avec la Trame Verte et Bleue via des méthodes de médiation innovantes (Seine-Saint-Denis, 2014). Le transfert de cette expertise peut être utile pour mettre en place des actions efficaces et ne pas reproduire des erreurs faites par ailleurs.

Il est également possible d’identifier des acteurs cibles à mobiliser par les différentes collectivités citées ; il s’agit des propriétaires et/ou gestionnaires d’espaces d’intérêt écologique comme les bailleurs sociaux, Réseaux Ferrés de France ou encore Voies Navigables de France. La mobilisation peut être d’autant plus efficace que les enjeux sont exprimés d’une seule voix par un réseau de collectivités.

Les intérêts peuvent être parfois asymétriques. Par exemple, des liaisons peuvent être créées entre les parcs parisiens et le Bois de Vincennes d’une part et les parcs départementaux Jean Moulin-Les Guilands et des Beaumont d’autre part ; ce sont des corridors à enjeux pour Paris mais de moindre importance pour la Seine-Saint Denis. Dans ce cas, une négociation reste à amorcer pour définir des actions stratégiques partagées plus efficaces que des actions unilatérales.

Au-delà des recommandations spécifiques proposées, Cash et al. (2006) suggèrent quelques facteurs de réussite des démarches menées à la frontière des institutions. « L’acquisition d’un langage commun, au départ, et à terme d’indicateurs communs » est un enjeu crucial pour les acteurs parisiens11.

11

Source : Claude FRISON (Divsion Patrimoine naturel)

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Médiation

Engagement réciproque

Coproduction

Coordination

Langage commun

Processus participatif

Figure 16 : Facteurs de réussite d'une démarche à la frontière des institutions

VI.

DES PORTEURS DU PROJET INSTITUTIONNELS ET POLITIQUES AUX TEMPORALITES DIVERGENTES MAIS AUX INTERETS CONVERGENTS

La finalité de la politique nationale Trame Verte et Bleue s’inscrit dans un horizon ‘lointain’. Il s’agit d’une adaptation des espèces aux changements climatiques grâce au déplacement de leurs aires de répartition et aux échanges génétiques entre les populations, phénomènes qui se déroulent sur des temps longs.

En revanche, l’action territoriale doit se déclencher dans l’immédiat. Les acteurs institutionnels ou ‘techniques’ (i.e. administration comme la Division Patrimoine Naturel) qui mettent au point les méthodes d’identification et de représentation des réseaux écologiques ont besoin de temps pour s’approprier la théorie scientifique et assurer sa déclinaison sur le terrain. Ils ont également besoin d’un cadre stable pour planifier et assurer la cohérence de l’action. Les acteurs politiques, qui valident la stratégie et lui assurent un niveau d’ambition à la hauteur des enjeux, inscrivent leur action dans une autre temporalité, celle du cycle électoral. Les élus doivent en effet concrétiser les objectifs d’un programme électoral à l’horizon d’une mandature afin de préserver leur crédibilité auprès des électeurs et s’assurer une ‘longévité’ politique.

Le décalage des temporalités peut être illustré par la procédure de modification du Plan Local d’Urbanisme engagée à Paris. Alors que la qualification des continuités écologiques n’a pas été achevée et que la connaissance de leur état initial n’est que partielle, l’exécutif municipal a approuvé une évolution du document afin de « faciliter la mise en œuvre des engagements d’Anne Hidalgo » prioritairement en matière de logement (La gazette des communes, 2014).

Dans ce contexte, la prise en compte des continuités écologiques pourrait ne pas être optimale.

La prise de conscience du décalage entre les temporalités de ces deux groupes d’acteurs doit permettre de dépasser la simple opposition de leurs intérêts et de dégager des pistes de travail mutuellement bénéfiques.

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A. La participation comme levier de mobilisation du citoyen et du politique Le public peut être un médiateur entre les acteurs institutionnels et politiques du projet Trame verte et bleue ; il leur permet de trouver un « horizon temporel d’équilibre » pour mener l’action (Angelier, Delille, Vede, & Benhamou, 2010).

La requalification du territoire urbain à l’aide de la Trame verte et bleue être une opportunité pour réinventer de nouveaux modes de prise de décision et de création. Le citadin n’est plus simplement un ‘consommateur’ de la nature en ville créée et pensée exclusivement par les collectivités urbaines. Il peut être acteur en se l’appropriant et en contribuant à sa conception, son développement et à sa préservation.

Ceci permet de concrétiser le concept de démocratie participative, de plus en plus convoité par les acteurs politiques qui y trouvent une légitimation de l’action publique au quotidien (Ile-de-France, 2014). A Paris, le Conseil municipal a par exemple formulé un vœu pour lancer une consultation citoyenne permettant aux parisiens d’identifier 200 lieux à végétaliser pendant la mandature.

Figure 17 : Un projet participatif de végétalisation de la ville (Juillet 2014)

Des marches exploratoires thématiques pourraient réunir exécutif municipal, services administratifs et usagers pour co-construire des solutions de requalification de certains secteurs ou emprises ou pour favoriser des projets citoyens qui s’intègrent dans la Trame verte et bleue urbaine. La démarche est mise en œuvre par la mairie du 20ème arrondissement sur plusieurs thématiques (aménagement, voirie, propreté, espaces verts, etc.) et peut être reproduite sur les zones d’intervention prioritaire.

Un autre exemple illustrant la participation citoyenne en lien avec la Trame Verte et Bleue est la ‘Trame verte Multi’Colors’ dans le quartier Saint-Blaise au 20ème arrondissement (Multi'Colors, 2014). Il s’agit d’une appropriation artistique de la Trame verte et bleue par la société civile qui a conduit à une végétalisation innovante de l’espace public (ci-dessous). L’enjeu est par contre d’accepter une incertitude sur les résultats puisque l’action citoyenne n’est que partiellement balisée par les pouvoirs publics.

Figure 18 : Appropriation artistique de la trame verte et bleue

Figure 19 : Maire et habitants du 20ème arrondissement en Action

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Retour sur le projet 'Trame verte Multi'Colors'  Naissance du projet « Trame verte Multi’Colors » L’idée du projet est née lorsque l’association n’a pas réussi à maintenir son activité de jardinage au Square des Cardeurs dans le quartier Saint-Blaise. Une des possibilités était de « jardiner l’espace public ». Le quartier étant particulièrement riche en petits espaces verts, l’association a eu l’idée de créer « une trame en pas japonais » à l’aide de pots végétalisés installés sur les potelets de l’espace public.  Objectifs Le quartier Saint-Blaise est le quartier le plus peuplé d’Europe et est identifié Zone Prioritaire de Sécurité. Il témoigne d’une césure entre les grands ensembles de « Paris, ville dense » et les résidences de « la campagne à Paris ». L’objectif était donc de relier des quartiers, des espaces verts et les générations par une démarche participative.  Organisation de la participation citoyenne Le projet a mobilisé des riverains de tous les âges : enfants, adultes et seniors, notamment pour la décoration des pots (dimension artistique). L’association a initialement établi une liste de plantes mellifères et favorables à la biodiversité mais la végétalisation s’est déroulée de manière désorganisée (dons de plants et de graines en nature, contribution des habitants). L’entretien courant s’est révélé par contre difficile à gérer par plusieurs personnes et certains pots ont été adoptés par des commerçants ou des habitants. De plus, des incidents de vol et de détérioration ont eu lieu ; seules les graminées ont résisté au vol. Les résultats sont globalement mitigés.  Sensibilisation à la biodiversité L’association a mené une activité de sensibilisation à la biodiversité urbaine via des stages de décoration thématiques sur l’eau, les papillons, le rapport entre la nature et le béton ou ville ainsi que des films et des observations au Jardin Naturel.  Périmètre La vocation du projet est expérimentale. La difficulté à fédérer les participants et de trouver une association de quartier pour prendre le relais de la gestion décourage l’élargissement de l’expérience au-delà du quartier.  Financement 80% du budget provient de la Direction de la Politique de la Ville et de l’intégration Les dons en nature de la mairie du 20° et des fonds privés ont apporté le reste du financement.  Bilan La perception du projet par les participants a été positive. L’exposition des créations dans l’espace a été en effet très gratifiante. La tolérance des pouvoirs publics vis-à-vis de la végétalisation (contrairement au tag par exemple) a favorisé l’investissement de l’espace public par le citoyen, mis en valeur le rôle de la biodiversité et permis un espace public plus vert et « plus humain ». Certains habitants ont par contre perçu le projet négativement, il « dénaturerait » le quartier, selon eux. Par ailleurs, la participation peut s’avérer insuffisante puisque la pérennité du projet dépend de l’appropriation et de l’implication.

B. L’information et la sensibilisation du citoyen (et des élus) L’information, la sensibilisation et l’éducation des citoyens à l’importance de la biodiversité est une des orientations de la Stratégie Française pour la Biodiversité (MEDDE, 2004). Le citoyen informé, éclairé et conscient des enjeux de la diversité biologique, y compris dans l’écosystème urbain, peut orienter par son expression citoyenne, électorale et non électorale, les élus politiques qu’il a choisis vers des décisions conciliant les objectifs de court-terme (i.e. : mandature) avec les objectifs de long-terme (i.e. : développement durable).

Cette transcription du concept du ‘citizen empowerment’ va au-delà de la simple ‘communication’. Sans exclure l’importance d’établir une stratégie de communication (COMMnetKern, 2010), la communication agit de manière passive sur l’opinion ; tandis que le ‘citizen empowerment’ vise un partage actif et personnalisé des ressources avec le plus grand nombre de citoyens pour leur permettre un gain en influence et en pouvoir (McLean & Andersson, 2009).

Deux expériences menées par la Ville de Paris en lien avec des sujets environnementaux en sont une illustration : le processus d’élaboration du Livre Blanc de la Biodiversité (Mairie de Paris, 2010) et une conférence citoyenne, dite « de consensus », sur le thème « Ondes, santé, société » (Robin des toits, 2009). La pratique n’est donc pas nouvelle et il suffira de la réactiver sur des sujets relatifs aux continuités écologiques parisiennes. Par exemple, l’étude menée sur le rôle de la Petite Ceinture en matière de biodiversité peut être restituée aux parisiens à l’occasion d’un 50

‘cycle de conférences citoyen’. Ceci apportera un éclairage sur les enjeux de préservation sur le long-terme de l’identité ferroviaire et écologique du réseau dans son ensemble et sa continuité, réseau mal connu ou méconnu à la fois par la population et les décideurs (Bretelle, 2009).

C. La pédagogie : un enjeu majeur d’une démarche de mobilisation et de sensibilisation des citoyens et des élus Le vocabulaire associé à la Trame Verte et Bleue peut être perçu par le public ou les élus politiques comme étant abstrait et conceptuel. Mobiliser et sensibiliser ces acteurs suppose l’utilisation d’un langage adapté qui repose sur le vécu, l’expérience et le quotidien de chacun.

Une étude portant sur la conception ‘habitante’ de la trame verte et bleue urbaine à Paris et menée auprès des habitants du 20ème arrondissement (Grésillon, et al., 2012) suggère fortement l’utilisation d’images et de métaphores pour illustrer les concepts de la Trame Verte et Bleue.

Ainsi, l’idée de liberté peut évoquer la connectivité entre espaces, par opposition à l’enfermement et l’enclavement12. De même, l’idée de ‘respiration’ peut décrire un flux contribuant à la vie, tout comme le déplacement des espèces indispensable à leur survie13. L’idée de respiration est largement utilisée par les élus politiques parisiens. Par exemple, la Maire du 20ème arrondissement insiste dans son programme électoral sur l’intérêt des espaces verts pour « faire respirer le 20ème pour le bien-être de tous » (Calandra & Hidalgo, 2014). Le cimetière du Père Lachaise est décrit comme le ‘poumon vert de l’est parisien’ (ibid.). Par ailleurs, l’opération « Paris respire » illustre l’idée de circulation et de déplacements. On identifie donc un langage commun partagé par l’habitant ordinaire et par l’élu politique qui peut être valorisé et repris dans le cadre d’une communication sur les continuités écologiques.

12 13

L’arbre d’alignement parisien est qualifié par un participant à l’étude comme « prisonnier » du bitume Une autre participante à l’étude assimile les liaisons à un « souffle » entre des « plots de nature »

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CONCLUSION Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une aide à l’élaboration d’une stratégie territoriale de renforcement des continuités écologiques à Paris.

Elle apporte en premier lieu une méthode concrète de requalification des réservoirs urbains de biodiversité axée sur l’optimisation de deux variables d’ajustement (aménagement et gestion) dont la combinaison offre une gamme de solutions possibles. Intersectée avec une analyse technico-économique, cette méthode semble être réaliste et reproductible sur le territoire parisien.

L’analyse des jeux d’acteurs à une échelle ‘micro’ (i.e. site d’expérimentation), à l’échelle du territoire parisien et à sa frontière, permet de suggérer des stratégies favorisant la mobilisation, les alliances et les synergies entre acteurs à toutes les échelles.

L’étude d’une inscription réglementaire de la fonctionnalité écologique dans les documents d’urbanisme, au regard de ses atouts et ses faiblesses à différents horizons temporels, conclut quant à la pertinence de cette option à condition qu’elle soit combinée avec d’autres actions.

Le croisement de différentes méthodes de travail (bibliographie, terrain, observation, enquête, interview, etc.) est une autre valeur ajoutée relative cette fois-ci au processus de production.

D’autres travaux sont en cours de développement et restent à développer pour compléter mon étude, notamment en lien avec la requalification des corridors écologiques et de la matrice urbaine. Au-delà du volet technico-scientifique, il est fortement suggéré de réfléchir sur la possibilité d’établir un plan de communication stratégique qui facilitera sûrement le processus de co-construction avec toutes les parties prenantes.

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LISTE DES CONTACTS > MAIRIE DE PARIS < Direction Des Espaces Verts Et De L’environnement  Agence d’écologie urbaine Division Patrimoine Naturel Claude FRISON Paul-Robert TAKACS

01.71.28.50.64 01.71.28.53.62

Observatoire Parisien de la Biodiversité Philippe JACOB Béatrice JANNIC

01.71.28.50.70 01.55.43.30.48

Division Site et Paysages Bénédicte JANIN

01.71.28.50.71

 Service d’Exploitation des Jardins Mission technique Barbara LEFORT Fabien BERROIR

01.71.28.51.25 01.71.28.51.03

Division territoriale du 20ème arrondissement Emmanuelle SANCHEZ 01.55.78.19.20 Lucien NOYAL 01.55.78.19.26 Didier THOMAS 01.43.61.22.80  Service du Paysage et de l’Aménagement Division Urbanisme et Paysages Hugues CORNETTE

01.71.28.51.51

Direction de L’Urbanisme  Sous-direction des études et des règlements d’urbanisme Bureau de la stratégie urbaine Jamila MLIKI

01.42.76.23.08

Bureau des règlements d’urbanisme Jean-Paul THIEVENAZ Anne PERENNES Elisabeth VALOGNES-ARCACHE

01.42.76.21.73 01.42.76.30.98 01.42.76.39.76

Délégation à Paris Métropole et aux Coopérations Interterritoriales Pierre CHEDAL-ANGLAY

01.42.76.75.38

> MAIRIE DU 20ème ARRONDISSEMENT < 1ère adjointe à la Maire du 20e chargée de la démocratie locale, du budget participatif, des espaces verts, de la nature, de la préservation et de la biodiversité Florence DE MASSOL

01.43.15.20.67

> ASSOCIATION MULTI’COLORS < Sylvie Faye

06.83.84.32.78

> CONSEIL GENERAL DE LA SEINE SAINT DENIS <  Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine Gaëlle STOTZENBACH Laura ALBARIC

01.43.93.11.56 01.43.93.95.70

> MAIRE DES LILAS <  Service Espaces Publics Gilles JACQUEMOIRE

01.55.82.18.40

> MAIRIE DE BAGNOLET <  Service Espaces Verts Christophe SARRAN Marielle DECROIX

06.72.62.66.46 06.23.89.10.34

>COMMUNAUTE DE COMMUNES EST ENSEMBLE <  Direction de l’environnement et de l’écologie urbaine Magali GORCE > COMMUNAUTE DE COMMUNES PLAINE COMMUNE <  Délégation Générale à l’Écologie Urbaine Valérie BRIDOUX

01.55.93.48.99

> BUREAU D’ETUDES URBAN ECO < Marine LINGLART

09.72.34.47.89

LISTE DES ANNEXES ANNEXE 1 : LISTE DES ESPECES CIBLES ANNEXE 2 : TYPOLOGIE DES HABITATS PARISIENS ANNEXE 3 : HABITATS PRIORITAIRES POUR PARIS ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE DE QUALIFICATION ECOLOGIQUE D'UN RESERVOIR URBAIN DE BIODIVERSITE ANNEXE 5 : ORGANIGRAMME DE LA DIRECTION DES ESPACES VERTS ET DE L'ENVIRONNEMENT ANNEXE 6 : OUTIL QUALITATIF D'AIDE A LA DECISION POUR L'OPTIMISATION DES POTENTIALITES ECOLOGIQUES D'UN MILIEU HUMIDE ANNEXE 7 : ESTIMATION DES COUTS D'AMENAGEMENT ANNEXE 8 : COMPOSANTES DU PLAN LOCAL D’URBANISME ET PROCEDURES D’EVOLUTION ANNEXE 9 : ENJEUX DE PRESERVATION DES MILIEUX HUMIDES EN ZONE URBAINE DENSE ANNEXE 10 : LE COEFFICIENT DE BIOTOPE, ORIGINE ET AMÉLIORATIONS POSSIBLES

ANNEXE 1 : LISTE DES ESPECES CIBLES

Groupe

Insectes

Poissons

Amphibiens

Reptiles

Espèce

Nom latin

Azuré de la Bugrane

Polyommatus icarus

Azuré des nerpruns

Celastrina argiolus

Hespérie de l'alcée

Carcharodus alceae

Paon de jour

Inachis io

Tircis

Pararge aegeria

Vulcain

Vanessa atalanta

Insectes pollinisateurs : hyménoptères (bourdons, abeilles)

/

Orthoptères (sauterelles, criquets, …)

/

Mante religieuse

Mantis religiosa

Odonates

/

Anguille

Anguilla anguilla

Brochet

Esox lucius

Truite fario

Salmo trutta fario

Vandoise

Leuciscus leuciscus

Bouvière

Rhodeus sericeus

Barbeau

Barbus barbus

Saumon

Salmo salar

Alyte accoucheur

Alytes obstetricans

Crapaud commun

Bufo bufo

Grenouille rousse

Rana temporaria

Grenouille verte

Pelophylax kl. esculentus

Triton palmé

Lissotriton helveticus

Triton ponctué

Lissotriton vulgaris

Lézard des murailles

Podarcis muralis

Orvet fragile

Anguis fragilis

Oiseaux

Mammifères

Mammifères volant

Bouvreuil pivoine

Pyrrhula pyrrhula

Gobemouche gris

Muscicapa striata

Grimpereau des jardins

Certhia brachydactyla

Linotte mélodieuse

Carduelis cannabina

Moineau friquet

Passer montanus

Pic épeiche

Dendrocopos major

Pic épeichette

Dendrocopos minor

Pic mar

Dendrocopos medius

Pic noir

Dryocopus martius

Pic vert

Picus viridis

Chouette hulotte

Strix aluco

Fauvette grisette

Sylvia communis

Martin pêcheur

Alcedo atthis

Rousserolle effarvatte

Acrocephalus scirpaceu

Campagnol roussâtre

Clethrionomys glareolus

Ecureuil roux

Sciurus vulgaris

Hérisson d’Europe

Erinaceus europaeus

Oreillard roux

Plecotus auritus

Murin à moustaches

Myotis mystacinus

Murin de Daubenton

Myotis daubentonii

Noctule commune

Nyctalus noctula

Pipistrelle commune

Pipistrellus pipistrellus

Sérotine commune

Eptesicus serotinus

Niveau 4

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1

ANNEXE 2 : TYPOLOGIE DES HABITATS PARISIENS

1

Libellé

Sol

1

1

Sol imperméable

1

1

1

1

1

1

1

Sol imperméable : route, voirie, chemin minéral sans interstices

1

1

1

2

Sol imperméable : route, voirie, chemin minéral avec interstices

1

2

1

2

1

Sol perméable : sable stabilisé

1

2

2

Sol perméable : terre nue

1

2

3

Sol perméable : mulch

1

2

4

Sol perméable : gravats et ballasts

Sol imperméable : route, voirie, chemin minéral

Sol perméable

2

Milieux aquatiques

2

1

Eau courante

2

1

1

2

1

1

2

1

2

2

1

2

2

2

2

2

1

2

2

1

1

Eau close, en eau de façon permanente, sans végétation aquatique (dont bassins chlorés)

2

2

1

2

Eau close, en eau de façon permanente, avec végétation aquatique*

2

2

2

2

2

2

1

Eau close, en eau de façon temporaire, sans végétation de milieux humides

2

2

2

2

Eau close, en eau de façon temporaire, avec végétation de milieux humides*

Eau courante sans végétation* 1

Eau courante sans végétation ; frayère minérale (réelle ou potentielle)* Eau courante avec végétation*

1

Eau courante avec végétation ; frayère végétale (réelle ou potentielle)* Eau close Eau close, en eau de façon permanente

Eau close, en eau de façon temporaire

Niveau 4

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1 3

Libellé

Milieux végétaux

3

1

Végétation herbacée

3

1

1

3

1

1

1

Végétation herbacée de milieux humides dominée par les dicotylédones ( = mégaphorbiaie)*

3

1

1

2

Végétation herbacée de milieux humides dominée par les monocotylédones (joncs, graminées, laîches, iris) hautes ( = roselière haute)*

3

1

1

3

Autres végétations herbacées de milieux humides et de berges*

3

1

2

Pelouse

3

1

3

Prairie à caractère naturel*

3

1

4

Décoration florale

3

1

4

1

Décoration florale à base d'annuelles et de bisannuelles (dont "prairies fleuries" horticoles)

3

1

4

2

Décoration florale à base de vivaces (dont bulbeuses)

3

1

5

3

1

5

1

Végétations tapissantes indigènes

3

1

5

2

Végétations tapissantes exotiques ou horticoles

3

1

6

3

1

6

1

Friche herbacée jeune sur sol assez épais à épais

3

1

6

2

Friche herbacée âgée sur sol assez épais à épais*

3

1

6

3

Friche herbacée sur sol très sec et/ou mince*

3

1

7

3

1

7

1

Potager

3

1

7

2

Champ

3

1

8

Coupe et recrue forestière, zone de chablis*

3

1

9

Flore et litière de sous-bois*

3

2

3

2

1

3

2

1

1

Massif arbustif ou haie indigène conduit en taille libre*

3

2

1

2

Massif arbustif ou haie indigène conduit en taille structurée ou architecturée*

3

2

2

3

2

2

1

Massif arbustif ou haie exotique et/ou horticole conduit en taille libre

3

2

2

2

Massif arbustif ou haie exotique et/ou horticole conduit en taille structurée ou

Végétation herbacée de milieux humides*

Végétations tapissantes

Friche herbacée

Agriculture urbaine

Massif arbustif ou haie Massif arbustif ou haie indigène*

Massif arbustif ou haie exotique et/ou horticole

Niveau 4

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1

Libellé architecturée

3

2

3

Roncier*

3

3

3

3

1

3

3

1

1

Arbres indigènes à cavités*

3

3

1

2

Arbres indigènes sans cavités

3

3

2

3

3

2

1

Arbres exotiques à cavités*

3

3

2

2

Arbres exotiques sans cavités

3

3

3

3

4

Arbres Arbres indigènes

Arbres exotiques et/ou horticoles

Verger* Petit espace jardiné multi-strates

4

Eléments du bâti

4

1

Mur

4

1

1

4

1

1

1

Mur avec interstices non végétalisés*

4

1

1

2

Mur avec interstices végétalisés par une végétation herbacée*

4

1

1

3

Mur avec interstices végétalisés par des plantes grimpantes indigènes*

4

1

1

4

Mur avec interstices végétalisés par des plantes grimpantes exotiques et /ou horticoles*

4

1

2

4

1

2

1

Mur sans interstices non végétalisés

4

1

2

2

Mur sans interstices végétalisés par des plantes grimpantes indigènes

4

1

2

3

Mur sans interstices végétalisés par des plantes grimpantes exotiques et /ou horticoles

4

2

4

2

1

Perré avec interstices*

4

2

2

Perré sans interstices*

4

3

4

3

1

Bâti et ouvrages d'art sans interstices

4

3

2

Bâti et ouvrages d'art avec interstices

4

4

4

4

1

Clôture non végétalisée

4

4

2

Clôture végétalisée

Mur avec interstices (dont cavités)*

Mur sans interstices

Perré*

Bâti et ouvrages d'art

Clôture

4 5

Niveau 4

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1

Libellé

Sépulture

ANNEXE 3 : HABITATS PRIORITAIRES POUR PARIS Milieux aquatiques Eau courante sans végétation* (niveau 3) Eau courante sans végétation ; frayère minérale (réelle ou potentielle)* (niveau 4) Eau courante avec végétation*(niveau 3) Eau courante avec végétation ; frayère végétale (réelle ou potentielle)* (niveau 4) Eau courante avec végétations enracinées immergées ; frayère végétale (réelle ou potentielle)* (niveau 4) Eau courante avec végétations enracinées flottantes ; frayère végétale (réelle ou potentielle)* (niveau 4) Eau close, en eau de façon permanente, avec végétation aquatique*(niveau 3) Eau close, en eau de façon temporaire, avec végétation de milieux humides* (niveau 4) Milieux végétaux Végétation herbacée de milieux humides*(niveau 3) Végétation herbacée de milieux humides dominée par les dicotylédones (mégaphorbiaie)* (niveau 4) Végétation herbacée de milieux humides dominée par les monocotylédones (joncs, graminées, laîches, iris) hautes (roselière haute)* (niveau 4) Autres végétations herbacées de milieux humides et de berges* (niveau 4) Prairie à caractère naturel* (niveau 3) Friche herbacée âgée sur sol assez épais à épais* (niveau 4) Friche herbacée sur sol très sec et/ou mince* (niveau 4) Coupe et recrue forestière, zone de chablis* (niveau 3) Flore et litière de sous-bois* (niveau 3) Massif arbustif ou haie indigène* (niveau 3) Massif arbustif ou haie indigène conduit en taille libre* (niveau 4) Massif arbustif ou haie indigène conduit en taille structurée ou architecturée* (niveau 4) Roncier* (niveau 3) Arbres indigènes à cavités* (niveau 4) Ripisylve* (niveau 4) Arbres exotiques à cavités* (niveau 4) Verger* (niveau 3)

Eléments du bâti Mur avec interstices (dont cavités)* (niveau 3) Mur avec interstices non végétalisés* (niveau 4) Mur avec interstices végétalisés par une végétation herbacée* (niveau 4) Mur avec interstices végétalisés par des plantes grimpantes indigènes* (niveau 4) Mur avec interstices végétalisés par des plantes grimpantes exotiques et/ou horticoles* (niveau 4) Perré* (niveau 2) Perré avec interstices* (niveau 3) Perré avec interstices non végétalisé* (niveau 4) Perré avec interstices végétalisé* (niveau 4) Perré sans interstices* (niveau 3)

ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE DE QUALIFICATION ECOLOGIQUE D'UN RESERVOIR URBAIN DE BIODIVERSITE Nota bene : les questions sont présentées à titre indicatif et les règles de calcul ne sont pas explicitées 1. Surface du secteur 1.1. Quelle est la surface du secteur considéré ? (en m²)

2. Age du secteur Par défaut celui du jardin sinon celle des éléments les plus anciens 2.1. Quelle est l’année de création du secteur considéré ?

3. Nombre de sous-trames terrestres 3.1 Des milieux constitutifs de la sous-trame des milieux herbacés (friches, pelouses et prairies) sont-ils présents sur plus de 20% du secteur ?

3.2 Des milieux constitutifs de la sous-trame arbustive et lianescente sont-ils présents sur plus de 20% du secteur ?

3.3 Des milieux constitutifs de la sous-trame arborée (projection des houppiers au sol) sontils présents sur plus de 20% du secteur ?

3.4 Des milieux constitutifs de la sous-trame des milieux minéraux sont-ils présents sur au moins 25 m² ?

4. Diversité au sein des sous-trames terrestres 4.1 Diversité dans la sous-trame herbacée 4.1.1 Les pelouses sont-elles régulièrement tondues (> 5 tontes / an) sont-elles dominantes ?

4.1.1 Les pelouses gérées de manière plus extensive (< 5 tontes / an) sont-elles dominantes ?

4.1.2 Quelle est la surface relative (en pourcentage) des prairies à caractère naturel et des friches ?

4.1.3 Est-ce que la sous-trame présente des fleurissements ?

4.1.4 Est-ce que des orties ou des massifs d’ortie sont présentes (volontairement) ?

4.2 Diversité dans la sous-trame arbustive et lianescente ?

4.2.1 Les essences exotiques/horticoles sont-elles dominantes ?

4.2.2 Les essences régionales sont-elles dominantes ?

4.2.3 Les essences exotiques/horticoles et régionales se répartissent-elles de manière équivalente ?

4.2.4 Quelle est la part (en pourcentage) en « taille libre » de la strate arbustive?

4.3 Diversité dans la sous-trame arborée ?

4.3.1 Les essences exotiques/horticoles sont-elles dominantes ?

4.3.2 Les essences régionales sont-elles dominantes ?

4.3.3 Les essences exotiques/horticoles et régionales se répartissent-elles de manière équivalente ?

4.3.4 Quelle est la part (en pourcentage) d’arbres à cavité sur le nombre total d’arbres ?

4.4 Diversité dans la sous-trame des milieux minéraux perméables avec interstices (habitat du lézard des murailles) 4.4.1 Des milieux horizontaux ou à faible déclivité avec interstices sont-ils présents ?

4.4.2 Des milieux minéraux verticaux (murs et bâtis) avec interstices sont-ils présents ?

4.4.3 4.4.4

5

Une végétation herbacée ou grimpante colonise-t-elle les éléments horizontaux ou à faible déclivité avec interstices ?

Une végétation herbacée ou grimpante colonise-t-elle les éléments verticaux avec interstices ?

Présence connue d’habitats prioritaires ponctuels 5.1 Des habitats d’eau courante non traitée sont-ils présents ?

5.2 Des habitats d’eau close (bassin, mare, etc.) pourvus de végétation, en eau de façon permanente ou temporaire, sont-ils présents ?

5.3 Une ou plusieurs zones humides végétalisées de plus de 25 m² sont-elles présentes ? (roselières, mégaphorbiaie, noue, fossé humide, etc.)

5.4 Un ou plusieurs ronciers sont-ils présents (volontairement) ?

5.5 Des arbres fruitiers en nombre supérieur ou égal à 5 individus (verger) sont-ils présents ?

6

Présence connue ou observée d’espèces-cibles ou de groupes d’espèces cibles 6.1 Combien d’espèces cibles associées aux 6 sous-trames présentes sont connues du secteur ?

Présence d’espèces ou de groupement végétal patrimonial, protégé, rare (Bonus : +0,25) 6.2 La présence de chauve-souris est-elle avérée sur le secteur ?

6.3 Des chauves-souris fréquentent-elles le secteur au sein d’un gîte, en période de reproduction ou d’hivernage ? (Bonus : +0, 5)

7

Fréquentation humaine 7.1 La fréquentation du secteur considéré est-elle : élevée, moyenne ou faible ?

7.2 Des zones de quiétude/espaces refuges sont-ils présents sur le secteur considéré ?

8

Eclairage 8.1 Durée et intensité de l’éclairage nocturne 8.1.1 L’éclairage fonctionne-t-il selon le « régime voirie » ? (allumé toute la nuit) 8.1.2 L’éclairage fonctionne-t-il selon le « régime square» ? (éteint une partie de la nuit) 8.2 Direction de l’éclairage 8.2.1 L’éclairage est-il de type multidirectionnel depuis le sol ?

8.2.2 L’éclairage est-il en hauteur à projection multidirectionnelle ?

8.2.3 L’éclairage est-il en hauteur à projection ciblée et/ou vers le sol ?

8.3 Présence /absence de zones de pénombre 8.3.1 Les zones de pénombre couvrent-elles moins de 25% du secteur étudié ?

8.3.2 Les zones de pénombre couvrent-elles entre 25% et 50 % du secteur étudié ?

8.3.3 Les zones de pénombre couvrent-elles plus de 50 % du secteur étudié ?

9

Gestion écologique 9.1 Principes de la gestion écologique 9.1.1 Si existantes, y-a-t-il un suivi des espèces invasives animales ou végétales ?

9.1.2 Les espèces indigènes et spontanées sont-elles favorisées ?

9.1.3 Y-a-t-il création de micro-habitats spécifiques sur le site pour favoriser certaines espèces ?

9.2 Choix des végétaux 9.2.1 Y-a-t-il recours majoritaire à la flore régionale lors de renouvellement/replantations ?

9.3 Conduite des végétaux

9.3.1

Les interventions sur la strate arbustive se font-elles en dehors des périodes de nidification ?

9.3.2 Les méthodes de fauche utilisées prennent-elles en compte la préservation de la faune (présence d’îlots refuge, fauche du centre vers la périphérie, etc.) ?

9.3.3 Le bois mort et les arbres morts sur pieds sont-ils conservés ?

9.3.4 Les méthodes de curage et faucardage prennent-elles en compte la préservation de la faune et la flore présente (rotation et îlots refuges) ?

9.4 Traitement sanitaire des végétaux 9.4.1 Les traitements avec des produits phytosanitaires dangereux pour la faune auxiliaire ou l’environnement sont-ils proscrits ?

ANNEXE 5 : ORGANIGRAMME DE LA DIRECTION DES ESPACES VERTS ET DE L'ENVIRONNEMENT

ANNEXE 6 : OUTIL QUALITATIF D'AIDE A LA DECISION POUR L'OPTIMISATION DES POTENTIALITES ECOLOGIQUES D'UN MILIEU HUMIDE Une note entre 1 (valeur minimale) et 3 (valeur maximale) est attribuée à chacun des 7 critères retenus selon les règles détaillées ci-dessous. Les échelles proposées ont été choisies en fonction des caractéristiques connues des habitats des milieux humides à Paris.

La note globale correspond à la moyenne des notes des 7 critères. Selon la valeur de cette note, les aménageurs peuvent tirer les conclusions suivantes : - L’aménagement est à améliorer si la note est dans l’intervalle [1 ; 1,9[ ; - L’aménagement est satisfaisant si la note est dans l’intervalle [1,9 ; 2,8[ ; - L’aménagement est optimal si la note est dans l’intervalle [2,8 ; 3].  Critère 1 : le paysage écologique périphérique Densité et hauteur du bâti Dans un rayon de 500 m

Milieux à caractère naturel ouverts ou fermés Dans un rayon de 500 m Densité du bâti et/ou hauteur Absence des bâtis élevés Présence Densité du bâti et hauteur du Absence bâti faibles Présence

Valeur du critère 1 2 2 3

 Critère 2 : l’exposition Surface ombragée Surface ombragée dépassant 50% de la superficie totale de l’habitat Surface ombragée de 25% à 50% de la superficie totale de l’habitat Surface ombragée à moins de 25 de la superficie totale de l’habitat

Valeur du critère 1 2 3

 Critère 3 : la surface Classe de surface de l’habitat des milieux humides < 25 m² De 25 m² à 100 m² > 100 m²

Valeur du critère 1 2 3

 Critère 4 : la profondeur o

Si la surface est supérieure ou égale à 100 m²

Profondeur de l’habitat des milieux humides < 50 cm De 50 à 100 cm De 100 cm à 150 cm

Valeur du critère 1 2 3

o

Si la surface est inférieure à 100 m²

Profondeur de l’habitat des milieux humides < 50 cm De 50 à 80 cm De 80 cm à 100 cm

Valeur du critère 1 2 3

 Critère 5 : la pente des berges Nature des berges Présence exclusive de berges verticales Présence de berges inclinées (forte pente) Présence d’au moins une berge douce (pente entre 10% et 20%)

Valeur du critère 1 2 3

 Critère 6 : la végétation La note de ce critère est obtenue par le calcul de la moyenne des notes des 7 sous-critères.

Caractéristiques de la végétation Présence de macrophytes submergées et émergentes sur au moins un tiers de la superficie totale de l’habitat Espèces majoritairement (à plus de 50%) régionales Densité des plantes les plus vigoureuses optimisée Besoins des espèces adaptées au milieu (lumière, oxygène, etc.)

Hauteur maximale de la végétation n’altérant pas la visibilité de l’habitat des milieux humides Plantes tolérant des variations ponctuelles ou temporaires du niveau de l’eau Variabilité saisonnière de l’aspect esthétique acceptable

Valeur du critère (colonne de gauche : oui ; colonne de droite : non)

3

1

 Critère 7 : l’introduction d’animaux Introduction d’animaux Introduction volontaire de poissons et d’oiseaux d’eau Introduction involontaire de poissons et d’oiseaux d’eau Non introduction de de poissons et d’oiseaux d’eau

Valeur du critère 1 2 3

ANNEXE 7 : ESTIMATION DES COUTS D'AMENAGEMENT

Les prix unitaires présentés sont issus des marchés publics de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (en vigueur en juillet 2014) sauf indication contraire.

I.

Coûts d’aménagement d’un habitat des milieux humides  Coûts d’aménagement d’une mare 1. Surface et profondeur

La surface de la mare est fixée à 100 m² (pour comparer à un bassin de la même surface). La profondeur moyenne des mares à Paris se situe autour de 75 cm (la profondeur optimale est entre 1 m et 1,5 m).

2. Sécurisation du chantier Le chantier est sécurisé par 80 mètres de clôtures sur toute sa durée estimée à 3 jours.

Travaux

Unité

Installation et clôture du chantier : transport, mise en place et enlèvement des clôtures Installation et clôture du chantier : amortissement y compris manutention

ml ml/j

80

Prix unitaire HT 13,00 €

240

0,50 €

Total

Prix total TTC 1 243,84 € 143,52 € 1 387,36€

3. Mise en place d’une étanchéité Deux alternatives existent : -

pose d’un EPDM (Ethylene Propylene Diene Monomer) pond liner sur un fond constitué de 10 cm de sable et de feutre ; pose d’une couche en argile sur une épaisseur de 30 cm.

La mise en place de l’étanchéité nécessite au préalable des travaux de : -

terrassement ; chargement, transport et déchargement des déblais ; ratissage (égalisation de la surface) ; cylindrage (compaction).

Le volume de la terre à évacuer est calculé en fonction de la nature de l’étanchéité. Pour une surface de 100 m², le volume est de 85 m3 pour la première alternative et s’élève à 105 m3 pour la seconde.

-

Coût de mise en place d’une étanchéité du type EPDM Pond Liner Travaux

Unité

Terrassements

m³

85

Prix unitaire HT 40,00 €

Chargement, transport et décharge

m³

85

39,00 €

3 964,74 €

Ratissage

m²

100

3,00 €

358,80 €

Règlement cylindrage

m²

100

4,25 €

508,30 €

Mise en place grillage

m²

100

2,50 €

299,00 €

Mise en place sable

m³

10

57,00 €

681,72 €

Mise en place feutre

m²

110

1,00 €

131,56 €

Mise en place liner

m²

110

15,00 €

1 973,40 €

Total

-

Prix total TTC 4 066,40 €

10 83,92 €

Coût de mise en place d’une étanchéité du type couche d’argile Travaux

Unité

Terrassements

m³

105

Prix unitaire HT 40,00 €

Prix total TTC 5 023,20 €

Chargement, transport et décharge

m³

105

39,00 €

4 897,62 €

Ratissage

m²

100

3,00 €

358,80 €

Règlement cylindrage

m²

100

4,25 €

508,30 €

Mise en place grillage

m²

100

2,50 €

299,00 €

Mise en place argile

m³

100

50,00 €

Total

5 980,00 € 17 066,92 €

Ces calculs montrent qu’une étanchéité en EPDM Pond Liner est plus économique. L’expérience a également montré qu’elle est la plus pérenne14. On retient donc la première alternative.

4. Apport et mise en place de terre végétale Mare ou bassin/ Travaux Apport et mise en place de terre végétale

Unité m³

30

Prix unitaire HT 20,00 €

Prix total TTC 720,00 €

 Coûts d’aménagement d’un bassin végétalisé 1. Surface et profondeur La surface d’un bassin est de 100 m² et sa profondeur hypothétique est de 50 cm (hypothétique car les plans de coupe n’ont pas été retrouvés ; un bassin des années 30 a une profondeur entre 40 cm et 60 cm15).

2. Sécurisation du chantier Le chantier est sécurisé par des clôtures de 80 m sur toute sa durée, soit 25 jours (22 jours16 pour la réfection du fond en béton et 3 jours pour les autres travaux).

Source : Barbara LEFORT (Service d’Exploitation des Jardins) Source : Lucien NOYAL et Fabien BERROIR (Service d’exploitation des Jardins) 16 Source : Etandex (Entreprise titulaire du marché) 14 15

Travaux

Unité

Installation et clôture du chantier : transport, mise en place et enlèvement des clôtures Installation et clôture du chantier : amortissement y compris manutention

ml ml/j

80

Prix unitaire HT 13,00 €

240

0,50 €

Total

Prix total TTC 1 243,84 € 143,52 € 1387,36

3. Enlèvement de pots encombrants Quatre pots géants (de plus d’1 m3) sont posés aux coins de chaque bassin. Une entreprise de paysage a été contactée afin d’estimer le coût de leur enlèvement.

Travaux

Unité

Enlèvement des pots géants

U

Prix unitaire TTC 4 600,00 €

Prix total TTC 2 400,00 €

4. Réfection du fond en béton Travaux

Unité

Installation et clôture du chantier : transport, mise en place et enlèvement des clôtures Installation et clôture du chantier : amortissement y compris manutention

ml

Réparation du support Membrane armée collée

Prix unitaire HT

Prix total TTC

80

13,00 €

1 243,84 €

2000

0,50 €

1 196,00 €

kg

300

8,50 €

3 049,80 €

m²

100

62,00 €

7 415,20 €

ml/j

Total

12 904,84

La quantité du produit de réparation est calculée à raison de 3 kg par m² sur 2 mm d’épaisseur17.

5. Mise en place d’une étanchéité Le volume de terre à évacuer s’élève à 60 m3.

Travaux Terrassements

m³

60

Prix unitaire HT 40,00 €

Chargement, transport et décharge

m³

60

39,00 €

2 798,64 €

Ratissage

m²

100

3,00 €

358,80 €

Règlement cylindrage

m²

100

4,25 €

508,30 €

Mise en place grillage

m²

100

2,50 €

299,00 €

Mise en place sable

m³

10

57,00 €

681,72 €

Mise en place feutre

m²

110

1,00 €

131,56 €

Mise en place liner

m²

110

15,00 €

1 973,40 €

Total 17

Source : Etandex (Entreprise titulaire du marché)

Unité

Prix total TTC 2 870,40 €

9 621,82 €

 Comparaison des coûts d’aménagement d’une mare et d’un bassin végétalisé Coûts Sécurisation du chantier Réfection du fond en béton Mise en place d’une étanchéité Apport et mise en place de terre végétale Autres (enlèvement de pots encombrants) Total

II.

Mare (surface : 100 m² ; profondeur : 0,75 m) 1 387 X 11 984 720

Bassin végétalisé (surface : 100 m² ; profondeur : 0,5 m) 2 440 12 905 9622 720

X

2 400

14 091

25 647

Coûts d’aménagement de deux massifs arbustifs 1. Préparation du sol Surface (m²)

Prix unitaire TTC (€) 180

Total TTC 4

720

2. Fourniture de végétaux Nombre de plantes nécessaires Surface totale

m²

180

Densité

unité/m²

2

Arbustes

unité/m²

360

Nombre de plantes par espèces Massif

Espèce

Proportion

Nombre d'unités

Monospécifique

Carpinus betulus

1

360

Mixte

Carpinus betulus

0,7

252

Ilex aquifolium

0,3

93

Capacités de production du Centre de Production Horticole de Rungis 18 Espèce

Capacité de production

Commentaire

1000 unités

Production suffisante

15 unités

Production insuffisante (6 fois plus faible que les besoins)

Carpinus betulus Ilex aquifolium

18

Source : Catalogue de 2013

Coût de fourniture des végétaux Hypothèse 1 : Fourniture à 100% auprès du Centre de Production Horticole (CPH) Plantation

Espèce

Force (cm)

Prix unitaire

Nombre d'unités

Total

Monospécifique

Carpinus betulus

125/150

3€

360

1080€

Mixte

Carpinus betulus

125/150

3€

252

918€

Ilex aquifolium

30/40

1,5€

15

Hypothèse 2 (réaliste) : Fourniture auprès du CPH et d’une entreprise privée Plantation Monospécifique Mixte

19

Espèce Carpinus betulus Carpinus betulus Ilex aquifolium

Force (cm) 125/150

Prix unitaire Entreprise privée19 X

125/150 30/40 80/100

Source : Devis auprès d’une entreprise de paysage

Prix unitaire CPH

Nombre d'unités

Total

3€

360

1080€

X

3€

252

7549€

X

1,5€

15

72,8

X

93

ANNEXE 8 : COMPOSANTES DU PLAN LOCAL D’URBANISME ET PROCEDURES D’EVOLUTION Le Plan local d’Urbanisme est un document d’urbanisme qui fixe les règles générales d’utilisation du sol traduisant ainsi le projet global d’urbanisme et d’aménagement d’une commune ou d’une communauté de commune.

Il comporte un rapport de présentation, un projet d’aménagement et de développement durable, des orientations d’aménagement et de programmation, un règlement écrit et graphique et des annexes (Code de l’Urbanisme, Article L. 123-1).

Le Plan Local d’Urbanisme n’est pas figé : il s’agit d’un document évolutif grâce à des procédures d’élaboration et d’évolution (révision, révision allégée, modification, modification simplifiée, mise à jour ou mise à compatibilité). Chacune de ces procédures a un champ d’application et des modalités spécifiques définies par le Code de l’Urbanisme.

Révision

Porte atteinte au Projet d’Aménagement et de Développement Durables (P.A.D.D)

Révision allégée

Induit une réduction d’une zone agricole (A) ou naturelle et forestière (N), d’un Espace Boisé Classé (EBC) ou d’une zone de protection Induit des risques de nuisances

Modification Avec enquête publique

Augmente de 20% ou plus les possibilités de construire Diminue les possibilités de construire Diminue la zone urbaine (U) ou à urbaniser (AU) Ouvre à l’urbanisation une zone non équipée destinée à l’urbanisation future (2AU)

Modification

Modifie le règlement écrit ou graphique ou les Orientations Particulières d’Aménagement (OAP)

Modification simplifiée Sans enquête publique

Augmente de 50% maximum les règles de densité pour le logement social Augmente de 30% maximum les règles de logement haute qualité environnementale Rectifie une erreur matérielle

ANNEXE 9 : ENJEUX DE PRESERVATION DES MILIEUX HUMIDES EN ZONE URBAINE DENSE Les plans d’eau d’origine anthropique (mare, bassin végétalisé, etc.) forment la sous-trame des milieux humides à Paris et constituent des « hotspots de biodiversité » en ville. Ils se distinguent des habitats naturels par une faible connectivité, une forte fragmentation par la matrice urbaine, une déconnexion du réseau hydrographique naturel et le caractère artificiel de leur sol et végétation. A cela s’ajoute l’absence d’un statut juridique propre permettant leur préservation.

L’article L. 211-1 du Code de l’Environnement définit les zones humides comme « des terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » et instaure l’obligation de les préserver.

Cette définition générale permet de couvrir la grande diversité des zones humides mais une zone d’ombre subsiste quant à leur origine naturelle ou anthropique. L’arrêté du 24 juin 2008 a permis d’expliciter les critères de définition et la délimitation des milieux humides au titre de l’article L. 214-7-1 du Code de l’Environnement. Il s’agit de la morphologie du sol et la présence d’une végétation hygrophile, certainement inapplicables dans le contexte urbain où ces habitats sont créés de toutes pièces. La circulaire du 18 janvier 2010 précise toutefois que des inventaires de zones humides à des fins notamment de connaissance ou de localisation pour la planification de l’action ne requièrent pas nécessairement l’application de la méthode d’identification de l’arrêté en question. Elle souligne également que la définition des zones humides à l’article L.211-1 du Code de l’Environnement est « l’unique définition en droit français de ces zones ».

On peut donc retenir que le cadre juridique offre par sa souplesse une latitude d’interprétation aux décideurs. Les zones humides artificielles urbaines qui se rattachent de façon consistante avec la définition inscrite dans le droit français peuvent faire l’objet d’inventaires et de cartes, à valeur contractuelle ou réglementaire. Cet état des lieux peut éclairer l’action les décideurs en vue d’assurer la pérennité, la fonctionnalité et l’aménagement durable de ces habitats.

ANNEXE 10 : LE COEFFICIENT DE BIOTOPE, ORIGINE ET AMÉLIORATIONS POSSIBLES Origine du coefficient de biotope Le coefficient de biotope par surface a été développé par la ville de Berlin afin d’optimiser le fonctionnement de l’écosystème urbain dans le cœur dense de la ville notamment en maximisant la perméabilité du sol et les surfaces végétalisées. Il est défini par le ratio entre toutes les surfaces ‘éco-aménageables’ sur une parcelle et la surface totale de cette parcelle. Les surfaces éco-aménageables, peuvent être horizontales ou verticales, sur sol ou hors sol ; elles sont affectées d’un coefficient fixé relativement à leurs valeurs écologiques.

Surface Surface imperméable Surface semi-perméable Surface semi-ouverte Espaces verts sur dalle

Espaces verts sur dalle

Espaces verts en plein terre Infiltration d’eau de pluie par m² de surface de toit Verdissement vertical, jusqu'à la hauteur de 10 m Planter la toiture

Description Revêtement imperméable pour l’air et l’eau, sans végétation (dallage, béton, bitume, etc.)

Revêtement perméable pour l’air et l’eau, sans végétation Revêtement perméable pour l’air et l’eau, infiltration de l’eau de pluie, avec végétation Espaces verts sur les dalles de rez-de chaussées ou des garages souterrains avec une profondeur jusqu’à 80 cm Espaces verts sans corrélation en pleine terre avec une épaisseur de terre végétale au moins de 80 cm Continuité avec la terre naturelle, disponible au développement de la flore et de la faune Infiltration de l’eau de pluie dans des surfaces plantées Végétalisation des murs aveugles jusqu’à 10 m Planter sur les toits de manière extensive ou intensive

Coefficient de valeur écologique par m² de surface 0 0,3 0,5 0,5

0,7

1 0,2 0,5 0,7

Le coefficient de biotope s’applique aux constructions neuves et aux constructions existantes dans le cadre d’opérations de restructuration et de rénovation ; sa valeur étant modulée par la nature du projet et la vocation des constructions.

La souplesse du système offre aux aménageurs de nombreuses options pour atteindre la valeur cible du coefficient de biotope sur une parcelle donnée ce qui améliore son acceptabilité. Il permet également d’attribuer les coefficients de pondération les plus forts aux formes de végétalisation les plus durables qui contribuent au mieux à la fonctionnalité écologique ; avec une lacune majeure puisqu’il ne définit pas de seuil minimal pour ces surfaces. Ce système est également défaillant d’un point de vue qualitatif puisqu’il ne comporte aucune spécification quant aux modes de gestion, à la diversification des strates ou encore l’indigénat des espèces. Si on s’intéresse à l’exemple des toitures, une végétation extensive de sédum sur un substrat mince sera équivalente à une végétation plus exubérante combinant une strate herbacée et

arbustive sur un substrat plus épais. Enfin, les alternatives s’auto-excluent inéluctablement ce qui rend difficile la promotion d’une végétalisation en pleine terre parallèlement à une végétalisation du bâti.

Evolution et adaptations du coefficient de Biotope Berlinois  A Malmö (Suède) La ville de Malmö s’est inspirée du coefficient de biotope par surface berlinois, dans le cadre d’une opération de transformation d’un quartier déshérité en un éco-quartier (Bo01), pour établir un ‘facteur d’espaces verts’. La valeur cible retenue pour tous types d’aménagement a été fixée à 0,5. L’innovation réside dans l’élaboration d’un système de ‘points verts’ qui regroupent 35 options pour renforcer le maillage des espaces verts et bleus dans le quartier, améliorer la qualité architecturale des espaces libres ou encore favoriser la gestion des eaux pluviales. Les aménageurs sont tenus de cumuler, au moins, 10 ‘points verts’ parmi la liste suivante : 1. Installer un nichoir à oiseaux par appartement 2. Créer un biotope spécifique à un groupe d’insectes (y compris les insectes associés aux habitats des milieux humides) 3. Installer un nichoir à chauve-souris 4. Perméabiliser toute la surface libre des constructions 5. Mettre en place un sol suffisamment profond et de qualité pour le développement des végétaux 6. Aménager un jardin rustique multi-strates 7. Végétaliser tous les murs, dans la mesure du possible avec des plantes grimpantes 8. Aménager un m² d’habitat des milieux humides par 5m² de surface en dalle dans la cour 9. Opter pour une palette végétale riche en plantes nectarifères 10. Planter au plus 5 individus d’arbres et/ou d’arbustes de la même espèce 11. Aménager des habitats qui soient tous caractéristiques des milieux humides 12. Aménager des habitats qui soient tous caractéristiques des milieux secs 13. Aménager des habitats qui soient tous à caractère naturel 14. Permettre la circulation des eaux pluviales en surface sur une distance d’au moins 10 m avant de rejoindre le réseau de collecte 15. Installer des surfaces végétalisées et exclure les pelouses tondues 16. Collecter et recycler les eaux pluviales issues des toits et des surfaces imperméabilisées pour l’irrigation des surfaces végétalisées 17. Valoriser toutes les plantes par un usage domestique 18. Installer des habitats pour les amphibiens et des espaces refuges pour leur hibernation 19. Aménager au moins 5 m² de jardin d’hiver ou de serre pour chaque appartement 20. Assurer une alimentation pour les oiseaux pendant toute l’année 21. Planter au moins deux variétés tardives d’arbres fruitiers ou d’arbustes à baies par 100 m² de surface libre des constructions 22. Installer sur les façades des aménagements favorables à la nidification des hirondelles 23. Mettre en place des cultures sur toute la surface libre (fruits, baies, et légumes) 24. Coopérer des experts en écologie 25. Traiter et réutiliser l’eau dans l’espace libre 26. Composter tous les déchets domestiques biodégradables et les déchets verts 27. Utiliser exclusivement des matériaux de construction recyclés dans la cour

28.

29.

30.

31.

32.

33.

34.

35.

Doter chaque appartement d’au moins 2 m² de parcelles ou de pots au niveau du balcon Installer un habitat des milieux humides sur au moins la moitié de la surface de la cour Choisir un thème par cour : couleur, texture…

Planter des arbres et arbustes dans la cour ayant tous une fructification intéressante pour la faune Choisir le thème de la végétation structurée/architecturée Réserver une partie de la surface libre à une succession naturelle de la végétation (la végétation se développe et se régénère naturellement) Planter au moins 50 plantes à fleurs spontanées d’origine indigène Végétaliser tous les toits

Le système de points verts a permis d’intégrer des prescriptions qualitatives et des mesures de compensation particulièrement favorables à la biodiversité. L’opération s’est révélée extrêmement coûteuse ce qui s’est répercuté automatiquement sur la valeur de l’immobilier, rendu alors inaccessibles à des ménages modestes. L’absence d’un dispositif de contrôle et de suivi durables s’est traduite par une perte progressive des espaces ayant un intérêt écologique : des prairies ont par exemple été converties en pelouses. Certains projets n’ont même pas atteint la cible ambitieuse. Enfin, le site n’a pas fait l’objet d’inventaires préalablement à l’opération d’aménagement et il a été donc difficile de mesurer le gain écologique éventuel. Malgré ces résultats relativement décevants, les deux instruments incitatifs employés constituent une innovation majeure en matière de planification urbaine, d’autant plus que le projet a été amorcé en 1995.  A Flaghussen (Suède) L’expérience menée à Malmö a été réitérée dans une autre ville, Falghussen, en implémentant des améliorations. Les institutions publiques ont souhaité instaurer un ‘dialogue créatif ’avec les aménageurs pour atteindre les objectifs environnementaux tout en garantissant des coûts soutenables. Le facteur d’espace vert a été appliqué de façon moins contraignantes : le seuil minimal de 0.5 a été abandonné la valeur cible dépend alors au coefficient d’occupation du sol.

Le système des ‘points verts’ a été recentré sur des objectifs de renforcement de la biodiversité et a été remplacé par une liste de biotopes et d’habitats à aménager.

Malgré les bonnes intentions affichées par le ‘dialogue créatif’, l’échec était particulièrement remarquable. En l’absence d’un seuil minimal, le facteur d’espace vert a été rendu inopérant d’autant plus que la valeur écologique de certaines surfaces é été surestimée, comme par exemple les toitures végétalisées extensives. On a donc conclu sur l’importance d’une cible suffisamment élevée mais réaliste et d’une réévaluation plus fine des facteurs de pondération pour garantir l’impact positif souhaité par le facteur d’espace vert.

La révision de cette politique en 2011 a permis d’abandonner le système de ‘points verts’ et d’intégrer les prescriptions qualitatives dans le facteur d’espace ver. Les habitats gérés de façon plus extensive ont une valeur supérieure et les habitats ponctuels très favorables à la faune permettent d’obtenir des points supplémentaires.

Conclusions Les différentes expériences présentées montrent l’intérêt de l’innovation et l’audace dans la planification urbaine pour assurer non seulement le renouvellement de l’écosystème urbain mais aussi sa résilience. Des décisions contraignantes et impopulaires s’imposent parfois pour induire une rupture avec les modes de fonctionnement dominants mais inopérants.

Expérimenter et échouer dans une optique d’apprentissage collectif et d’amélioration continue ne doit plus faire peur. Dans un contexte de changements globaux, la reconduction de schémas existants pour répondre à des enjeux émergents peut être tout aussi dangereuse que l’inaction.

Sources  Kazmierczak, A. and Carter, J. (2010) Adaptation to climate change using green and blue infrastructure. A database of case studies.  Kruuse, A. (2011)GRaBS Expert Paper 6 : the green space factor and the green points system.  Site web : http://www.stadtentwicklung.berlin.de/