Mémoire - RAP, un art aux multiples influences

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RAP RYTHM AND POETRY

Un art aux influences multiples

MDADG HARCHANI Yona

2019-2021 École de Condé 1


HARCHANI Yona Mastère Direction Artistique et Design Graphique École de Condé - 2019-2021 Tuteurs : Marie Balmer Nicolas Guy Roxane Andres

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Remerciements Je souhaite remercier toutes les personnes qui m’ont aidée et soutenue lors de mon travail de recherche et de création. Badreddine pour son soutien sans faille. Alicia et Margot pour leur grande aide. Je souhaite également remercier Marie Balmer, Nicolas Guy et Roxane Andres pour m’avoir guidée durant tout le processus.

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sommaire

9 - 26 PARTIE I AVANT-PROPOS ...............................................................................................................

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INTRODUCTION ...............................................................................................................

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LEXIQUE ...............................................................................................................................

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HISTORIQUE ....................................................................................................................

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Naissance et construction d’un mouvement

CONTEXTE SOCIO-CULTUREL ......................................................................

Des premiers échos à son succès populaire

Qui sont les rappeurs français ?

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sommaire

26 - 133 PARTIE II EXPERIMENTATIONS GRAPHIQUES ...................................................... 26

Rythme et poésie

Migration et impact culturel

Identité et double culture

CONCLUSION ................................................................................................................... 77 RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT .......................................................... 78

Diversité des sonorités

Empreintes vocales

Punchlines en héritage

CONSLUSION ................................................................................................................. 124

Intentions de projet

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................... 128

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Avant propos J’ai grandi en écoutant beaucoup de musique, celle de mes parents. J’ai d’abord apprécié le rythme et les mélodies, avant d’en comprendre les paroles. Au milieu des disques d’Aznavour, de Cheb Mami, d’Eddy Mitchell, de Mickeal Jackson et de l’Orchestre de Barbes, j’entendais les paroles de Sniper. Elles me parlaient, car le groupe semblait parler d’une génération proche de la mienne. Mais j’avais également l’impression d’entrer dans un monde que je ne connaissais pas. Sniper était engagé, comme beaucoup de rappeurs à cette époque. Les textes étaient remplis de messages politiques, revendicateurs et dénonciateurs. Ils s’adressaient aux personnes qui leur ressemblaient, que ce soit par leurs origines, leurs statuts sociaux ou leurs modes de vie. Grâce à son succès commercial, le groupe a touché un plus grand public. Et, dans ma tête aussi, leurs textes faisaient écho. Leur musique semblait être le témoignage d’une époque, d’une génération et d’un contexte social et politique complexe et en plein bouleversement. J’ai découvert au travers du rap et depuis ma campagne natale, la réalité des banlieues, et parfois la violence de certains vécus. À une période où les violences policières faisaient déjà des victimes et les banlieues s’enflammaient... Je ne vivais pas dans cette réalité et me posais beaucoup de questions.

Dès que je fus assez grande pour me créer mes propres playlists, je les remplissais de morceaux de rap. C’était alors un genre encore très underground en France. Les journalistes en parlaient à la télévision comme une « sous-culture ». Pourtant, c’était souvent les textes qui me marquaient le plus. J’aimais écouter les histoires, racontées au travers d’une élocution et de mots bruts et parfois violents, à l’image de la réalité dépeinte. À mes 10 ans, ma mère est devenue famille d’accueil, nous avons alors accueilli chez nous des jeunes au parcours de vie compliqué. Ma mère les aidait alors à se construire après leurs prises en charge par des institutions telles que la Protection Judiciaire de la Jeunesse, la ASE ou la DDASS. Ces jeunes étaient des délinquants mineurs, de jeunes migrants arrivés seuls. C’était parfois des enfants otés à leur famille, car leurs parents ne pouvaient les assumer financièrement, ou ne leur procuraient pas de bons soins. Certains avaient subi de la négligeance et parfois des violences.... Ayant toujours été très curieuse, j’avais très souvent de longues conversations avec mes parents concernant les situations de ces jeunes, et pourquoi il fallait les aider à construire une vie plus stable. Ils m’expliquaient comment un environnement sain pouvait les empêcher de se retrouver dans une situation « compliquée ».

J’ai grandi aux côtés d’enfants étrangers à ma famille, et je me suis construie en apprenant d’eux et de leurs histoires. Cela m’a obligée à faire face à nouveau à une réalité loin d’être rose. À nouveau, un lien se tissait vers les textes de rap, car, les seuls échos aux histoires de ces enfants s’y trouvaient. Ce qui me semblait être autrefois une réalité lointaine, était alors plus proche de moi que jamais. C’est ainsi que j’ai compris que les rappeurs étaient une voix pour une population oubliée du système, de plusieurs manières. C’est plus que l’expression d’une communauté unique. Le rap est témoin de l’existence des gens dont personne ne parle jamais. Je ne pense pas en faire moi-même partie. Quoi qu’il en soit je me sens proche de ce discours, je le comprends et j’en témoigne également. Cette musique m’a été très utile dans mon éducation, ma culture et mon éveil au monde, m’apportant parfois des réponses sur ma propre identité. Ces mots m’ont poussée à ouvrir très jeune les yeux sur une réalité loin d’être celle que l’on imagine étant enfant. M’obligeant à faire face à une réalité nuancée de gris, plutôt que tout en noir ou tout en blanc.

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Introduction La France est la deuxième nation du rap. Alors que les médias imaginaient le rap comme une tendance passagère dans les années 90, il vit depuis 30 ans maintenant. Né dans les années 70 comme un courant de musique alternatif, il est resté longtemps « underground » avant de devenir l’un des styles musicaux les plus écoutés au monde. Le rap a bercé plusieurs générations et ne cesse de croître. Il est tout bonnement impossible de nier son succès. Comme tout type d’art, ce qui l’influence est aussi important que l’art lui-même. Le rap français a su écrire sa propre histoire, et ce malgré la grande inspiration qu’il a puisé de ses pairs américains. Cette identité, très ancrée dans son territoire est aujourd’hui plus que jamais l’écho d’une jeunesse française.

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Lexique RAP. Sigle signifiant « Rythm And Poetry » ou « Rythme Et Poésie » en français. Le mot hérite également du vertre « to rap » qui signifie « bavarder, baratiner ». C’est un mouvement musical créé dans les années 70 dans la communauté noire américaine du Bronx inspiré par la musique Jazz et la Funk. HIP-HOP. Mouvement créé par Afrikaa Bambaataa et la Zulu Nation en 1979 dans le but de réunir un groupe de jeunes du bronx afin de les éloigner de la violence et des gangs New Yorkais. Le hip-hop réunissait de jeunes artistes qui pratiquent : la breakdance, le graffe, le djing et le rap et intègre des valeurs revendicatrices et artistiques. MAJOR. Désignent les groupes multinationaux à l’origine producteurs et distributeurs de disques (BMG, Sony music, Polygram)

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CERTIFICATION. Représentée sous forme de disque en musique, c’est une récompense remise à un artiste pour souligner un nombre de ventes. En France elles sont attribuées par la SNEP (syndicat national de l’édition phonographique) chargé de vérifier les chiffres de ventes. FLOW. C’est un terme qui définit la manière dont les rappeurs disent leur texte. Il prend en compte la diction, le respiration et l’émotion. SAMPLE. C’est un échantillon musicale qui est réutilisé tel quel, ou modifié, dans le cadre d’une nouvelle production musical. SAMPLING. Technique apparue dans les années 80 qui consiste à réutiliser des échantillons de morceaux existant afin de les intégrer à une autre production musicale.


SCRATCHING. Technique apparue dans les années 80 qui consiste à faire crisser un vinyle sur une platine en l’arrêtant manuellement ou en créeant des mouvements de vas et vient sur la platine. BEATS. Signifie « battement » en français. Correspond à la partie basse d’un morceau fréquemment utilisé en boucle dans une composition afin de créer un rythme. BREAKBEATS. C’est un terme qui définit les passages d’un morceau du musique durant lesquels seule la partie instrumentale est présente. HOOD. Terme qui signifie « quartier » en français. C’est la manière dont sont appelées les quartiers américains qui sont très pauvres et dans lesquels on retrouve une grande population immigrée.

CRATE DIGGER. C’est le nom donné aux États-Unis aux personnes qui cherchent perpétuellement des disques vinyles dans les magasins de musique, en particulier à la recherche d’ albums rares ou aux sonorités intéressantes. PUNCHLINE. Du mot « punch » en anglais qui signifie « frapper ». C’est un terme qui désigne une phrase forte et/ou choc utilisée dans les textes rap qui a parfois vocation à provoquer ou créer de la surprise. RÉFÉRENCE. C’est l’identification d’une personne, un événement, un lieu, un personnage fictif, une date... dans un texte rap. SWIPE. Signifie « glisser » en français. Le swipe est une interaction tactile que l’on effectue avec son doigt sur un téléphone.

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HISTORIQUE

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Rap Naissance et construction d’un mouvement

Le rap c’est quoi ? Il existe plusieurs définitions au mot Rap. La plus connue est celle qui définit le rap comme étant un acronyme de Rythm And Poetry (rythme et poésie). Le mot serait également dérivé du verbe to rap qui lui préexistait et signifie : bavarder ou chatter. Ces différentes définitions donnent en quelque sorte un sens au style musical et permettent de mieux en comprendre l’essence même. Le rap, c’est avant tout un mouvement musical. Il naît à la fin des années 70 à New York dans le quartier du Bronx, au cœur de la communauté noire américaine. Les précurseurs du mouvement sont notamment inspirés par la musique de leurs ainées : funk, disco et jazz. En effet, les fondements même du style sont basés sur des techniques de reproductions et d’appropriations musicales telles que le sampling ou le scratching. Les morceaux de l’époque sont alors utilisés comme les fondations d’un style musical qui imposera ensuite ses propres codes. 14

Le style est notamment défini par des paroles rythmées par un instrumental martelé. C’est leur diction particulière et la manière d’exprimer le texte qui vient créer la différence. Entre le parler et la chanson, les rappeurs jouent avec mots et rythmes dans le but de transmettre une émotion particulière ou un message. Le mouvement étant né dans un contexte d’instabilité sociale entre tensions et violences, le style s’inscrit également dans une idéologie particulière de reven-

dication et d’expression anti-politique. Les paroles sont engagées et impactantes. Faisant écho au vécu et à la ferveur grandissante des populations pauvres et racisées des « hoods » américains dont l’état ne se soucie alors que très peu. L’art devient alors un vivier important d’expressions et de revendications pour la population noire américaine qui souffre encore d’un racisme systémique dans ses quartiers.


Construction musicale Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce ne sont pas les rappeurs qui sont à l’initiative du style. Malgré le fait qu’ils soient aujourd’hui en tête d’affiche, ce sont les DJ’s qui sont les premiers à se faire connaître. En effet le rap s’est d’abord construit par sa partie instrumentale. Il est difficile de retracer l’histoire du rap en datant précisément sa création. Le mouvement est né d’initiatives individuelles et parsemées. Cependant dans tous les écrits que j’ai pu lire un nom semble faire l’unanimité quant à l’importance de son rôle dans la création de ce nouveau style musical : DJ Kool Herc.

Culture du sample DJ Kool Herc, immigré jamaïcain, initie le Bronx aux soirées Sound system qu’il importe de son pays natal. Il renomme ses soirées « Block party » et joue à ciel ouvert dans son quartier. Lors de ses soirées, les danseurs s’emparent de la piste pendant les passages instrumentaux qu’on appelle « breakbeats ». C’est « une respiration, dans un morceau, une cassure rythmique où la batterie joue soudainement seule ou peu accompagnée, qui rompt la structure musicale principale de la chanson » précise Brice Miclet dans l’ouvrage Sample! Aux origines du son HIPHOP. En 1973, lors d’une énième soirée il décide alors de ne passer que les breakbeats de ses disques, à la suite et en boucle. Il nomme cette technique de bouclage le Merry go round. Kool Herc

joue des morceaux de l’époque encore peu connus « Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces morceaux sont, à l’époque, plus ou moins des nouveautées (...) Ses mixs ne sont pas dans l’hommage, dans la référence. Ils sont des playlists d’une scène actuelle soul, funk, et rythm and blues...» explique également Brice Miclet. Très vite, les DJ’s mais aussi les maisons de disques sont fascinés par l’énergie que fédère ces échantillons insrumentaux très rythmés et la possibilité qui s’ouvre à eux pour se les approprier. Ils copient cette technique. La technique sera tellement institutionnalisée qu’elle mènera à la création de plusieurs outils numérique et automatisés comme la boîte à rythmes et les échantillonneurs pour faciliter la pratique.

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CONTEXTE SOCIOCULTUREL 17


Rap français Des premiers échos à son succès populaire

Au début des années 80, le rap traverse l’Atlantique, des États-Unis à la France.

très vite leur public, mais n’en font pas pour autant un succès commercial.

C’est un style musical alors très peu connu et même considéré comme underground. Il trouve pourtant un public, auprès duquel la musicalité et les textes font échos, en effet « C’est parmi les français immigrés ou d’Outre-Mer qu’on s’intéresse en premier aux musiques noires américaines, dont le rap » déclare Karim Hammou, sociologue et auteur du livre Une histoire du rap français.

À cette époque, l’industrie musicale est basée sur un système dans lequel les radios ont une grande importance, puisqu’elles permettent de diffuser les artistes à une échelle nationale.

Très vite, plus qu’un public la France voit naître le rap français et les rappeurs. De la même manière que l’ont fait leurs homologues américains les rappeurs français racontent les banlieues, la pauvreté et l’injustice sociale qui y grandit.

Dès 1994, la loi «Toubon » impose aux radios privées des réglementations de diffusion. En effet, il est alors obligatoire de diffuser un minimum de 40% de chansons d’expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions.

Cette voix nouvelle se fait notamment entendre par les médias. Dans un contexte social tendu, entre bavures policières et émeutes, « on cherche des personnes et des voix qui mettent en scène ces banlieues dont on parle. Et on va les chercher du côté des rappeurs » affirme Karim Hammou

Alors que les programmes de diffusions mettent majoritairement en avant la variété française, cette loi ouvre une brèche à de nouveaux artistes pour se faire une place dans l’industrie nationale. C’est grâce à cela que les premiers groupes de rap français sont diffusés en radio. Notamment le très connu « Je danse le mia » de IAM . On parle alors de titres très dansants, qui ne sont qu’une infime partie du paysage rap du moment.

Au début des années 90 les grosses maisons de disques s’intéressent finalement aux rappeurs et décident de signer quelques artistes qui rencontrent

La radio qui fait toute la différence et qui vient définitivement changer l’histoire du rap en France, c’est Skyrock.

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Un popularité enfin revélée En 1996, Laurent Bouneau directeur général des programmes de la radio fait le pari un peu risqué de miser sur le rap pour se démarquer de ses concurrents. Un pari payant pour la radio qui s’impose comme un précurseur dans le milieu. « Chaque jour plus de 3 millions de personnes écoutent Skyrock et le rap devient peu à peu un courant musical grand public ». Pour preuve des chiffres du ministère de la culture qui rescence la proportion de français qui dit écouter du rap. En 1996 on compte 4% de la population contre 14% en 2008. La radio a un telle impact sur la scène rap qu’elle en devient un maillon inévitable et à double tranchant. En effet en filtrant les

Jul a planète rap

diffusions selon ses critères de diffusion la radio vient formater le style et créer un rap commercial. Les critères dont Laurent Bouneau parle lui même sont : d’abord et avant tout sa sensibilité personelle, un structure musicale basée autour d’un refrain chanté, des textes propres et lissés et un format de maximum 3’30. Début des années 2000, le rap vit une popularité étouffée, et est la musique la plus piratée. Nombreux sont les artistes qui ne bénéficient pas de leurs succès, alors même qu’ils sont très populaires. La raison étant que les ventes de CD s’effondrent. De 1996 à 2010 Skyrock offre alors malgré tout une grande visibilité à de nombreux artistes et reste un passage inévitable pour promouvoir sa musique. Fred Musa animateur de Skyrock

En 2010 le streaming développe et révolutionne la manière de diffuser la musique boulversant ainsi tout les codes établis de l’industrie. La scène rap étant déjà très présente sur internet,puisque très peu représentée dans les médias traditionnels, il faut peu de temps aux labels et aux artistes pour s’organiser autour du streaming et opter pour un nouveau mode de promotion principalement axé autour du digital.

représentait que 16% des albums dans le top 200, il représente en 2016 déjà le double avec 30%, et son ascension vient s’affirmer alors qu’en 2018 le rap représente 48% du top album.

Ce nouveau mode de diffusion, qui crée également un nouveau mode de rémunération permet aux artistes de se développer et d’atteindre un public beaucoup plus large.

Le format de diffusion correspond parfaitement à la cible puisque le public rap est jeune. Il se situe entre 15 et 25 ans et c’est une cible sur-représentée sur les plateformes de streaming. Le nouveau moyen de comptabiliser les performances d’un artiste ne se base pas non plus sur les ventes mais sur l’écoute d’un morceau. Corrélant ainsi parfaitement au nouveau mode de consomation des plus jeunes.

En 2016, les streams sont enfin comptabilisés dans le calcul pour les certifications. Le rap se voit alors de retour dans le top des charts. Alors que le genre ne

C’est ainsi que les 10 artistes français les plus écoutés sur la plateforme de streaming spotify ces 10 dernières années ne sont que des rappeurs. 19


Qui sont les rappeurs français ?

Des générations mélangées La toute première génération de rappeurs avait entre 15 et 25 ans dans les années 90. 20 ans plus tard certains ont quitté le milieu ou se sont reconvertis pour faire partie des acteurs de l’ombre. En créant des structures comme des labels ou encore des boites de production, ils laissent ainsi la place à la nouvelle génération en participant toujours au développement du rap. Malgré tout,certains ont réussi à se renouveler assez pour garder une place importante dans les charts. On peut notamment citer Booba (44 ans), dont la carrière s’avère être définitivement la plus longue et également la plus constante en France. Mais on peut également nommer RimK (42 ans), Nessbeal (42 ans), Mac Tyer (41 ans), le Roi Heenok (47 ans), Kery James (43 ans) ou encore Alonzo (38 ans). Ce sont tous des rappeurs qui ont su s’adapter malgré le décalage d’âge avec leur cible. Ils ont su évoluer vers une musique actuelle, mais aucun ne fait le rap qu’il a pu faire à ses débuts. C’est d’ailleurs une preuve que le rap est un

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style en constante évolution. Il faut pouvoir s’adapter aux nouvelles demandes du public tout en gardant son univers musical. Les rappeurs les plus populaires restent majoritairement dans la tranche d’âge des moins de 30 ans. En 2015, une nouvelle génération de rappeurs a fait son apparition notamment grâce à l’essor commercial du genre via le streaming, et l’apparition des réseaux sociaux. La moyenne d’age des rappeurs Français a alors beaucoup baissé. Les plus jeunes ont désormais un moyen plus simple pour se faire connaître, et nombreux sont ceux qui commencent très tôt. C’est d’ailleurs en 2020, qu’un disque d’or a été décerné à RK alors âgé de 16 ans. Il est donc devenu le rappeur le plus jeune de l’histoire du rap français a avoir décroché une certification. Un art ancré dans son territoire Aujourd’hui les rappeurs français sont originaires de nombreuses régions partout en France. Il existe néanmoins deux grandes


scènes qui prédominent le marché, autant par les artistes qui y résident que par leur popularité : la scène parisienne qui prend également en compte toutes les villes aux alentours et la scène marseillaise. Paris et Marseille, sont les premières zones d’émergence du rap français avant que celui-ci ne se développe partout en province. Ce sont égalements deux villes dans lesquelles le genre a évolué de manière très différente. Nourissant même une rivalité qui marqua « l’âge d’or du rap français ». Cette rivalité s’essoufle au cours des années 2000 pour laisser place à de nombreuses collaborations entre les artistes des deux villes. Aujourd’hui, la scène rap française est éclatée dans de nombreuses métropoles, et même dans les zones rurales. Internet a brisé cette rupture entre culture urbaine et province, permettant à des rappeurs de se developper partout en France. Le rap est particulièrement ancré dans son territoire au delà d’influences parfois différentes, il existe une réccurrence dans le souhait de s’identifier comme appartenant à une ville. D’apres le docteur Severin Guillard, spécialisé en géographie et auteur d’une thèse sur l’ancrage du rap dans les villes françaises et états-uniennes au début des années 2010, le rap a eu un rôle important dans l’importation de cette dimension au sein de la musique française. Malgré quelques utilisations de cet ancrage territorial dans la variété française « le développement du rap a aussi changé la manière dont s’exprime cette question dans le contexte français. Alors que, aux

Etats-Unis, on associe depuis longtemps des scènes musicales et des sons à certaines villes, cette dimension a longtemps été peu présente en France : cela s’inscrit dans la continuité d’une tradition jacobine qui a bien souvent effacé les distinctions entre les territoires. Or, en établissant un lien explicite entre pratique musicale et contexte géographique, le rap français a contribué à importer cette dimension. » Cette manière de s’ancrer participe également, selon lui, à la revendication d’une crédibilité longtemps considérée comme une accrédiation de légitimité dans le milieu rap : la street cred. « Alors que les rappeurs sont associés, à partir du début des années 1990, à l’image du « jeune de banlieue », l’ancrage dans les quartiers populaires est devenu, à partir de la fin de la décennie, un élément qui permet de faire valoir l’authenticité des artistes dans le rap français. Cette dimension a été renforcée dans les localités qui sont devenues emblématiques, comme la SeineSaint-Denis ou Marseille. » (1)

Le dernier exemple en date illustrant parfaitement ce phénomène c’est l’album « 13 organisé» à l’initiative du rappeur Jul 50 rappeurs marseillais se sont réunis pour produire un album en commun. L’album a reçu un succès immédiat puisqu’il est certifié d’or (50 000 ventes) 13 jours seulement après sa publication, et reçoit la plus haute certification, soit l’album de platine (100 000 ventes), 59 jours après sa sortie.

Cette identification par territoire mène pour beaucoup à une association à la banlieue. Le traitement médiatique des banlieues étant souvent vu par le prisme du fait-divers, elle est rejetée par les habitants. Ainsi les rappeurs s’en font les porte-paroles pour délivrer un témoignage de l’intérieur. D’après Mr Guillard « il serait réducteur de considérer que les morceaux produits par les rappeurs n’ont eu qu’un seul objectif. Les thématiques des morceaux sur les cités recouvrent un spectre assez large, qui vont de la dénonciation des conditions de vie dans ces espaces à la revendication d’une appartenance géographique, en passant par la chronique de terrain »

1 François Chevalier, De NTM à PNL : ce que la géographie nous apprend de l’histoire du rap français ,Télérama, 2020

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Design et rap français Pour des jeunes créatifs comme Fifou, c’était une aubaine car ils y voyaient une opportunité de proposer librement leurs idées et surtout de se faire une place. C’est ainsi que très vite photographes et designers graphiques, sensibles à cette musique et

Début des années 90 à l’arrivée du rap en France le mouvement était très undergound, aucun label n’investit encore dans cette musique tout juste venue des États-Unis. Les artistes ne disposaient alors d’aucun budget pour leur communication.

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à cet univers créent avec les moyens qu’ils ont, les premiers visuels du rap français. La photographie est très présente sur les pochettes et souvent retouchée, accompagnée d’un titre et du nom du groupe/rappeur. La typographie est quant à elle plus travaillée et plus recherchée. C’est l’élément qui vient les distinguer des autres, les designer cherchent à coller à l’image des artistes ou à l’univers de l’album. On note donc des influences très diverses dans le choix des typographies. Beaucoup viennent d’ailleurs comme leur homologues américains créer une marque, au travers d’un logo que l’on retrouve ensuite sur tous les supports de communication (textiles, pochettes, clip etc...). Pour exemple le groupe IAM dont on reconnait bien le logo malgré quelques évolutions au cours de ces 20 dernères années. 1. Rohff - Code de l’honneur créé par Eliott Zaye 2. Supreme NTM - Supreme NTM créé par Armen 3. Sniper - Du rire au larmes créé par G. Kashima 4. La cautions - Peins de maures créé Kerozen 5. Salif - Tous ensembe, chacun pour soi créé par Armen 6. Doc Gyneco - Première consultation créé par Armen


Depuis 2015 le rap devient, grâce au streaming, beaucoup plus puissant commercialement. Par conséquent les budgets consacrés à leurs communications visuelles évoluent et certains artsites en font une priorité et créent des concepts très impactant. Dans le même temps les musicalités se diversifient et les styles graphiques également. L’industrie du rap propose alors une plus grande diversité d’univers artistique.

Album objet de Nekfeu « Les étoiles vagabondes » créé par Reagular.

On note également une diversifictation des graphistes, en effet pendant plusieurs années les graphistes, Fifou et Koria ont créé une grosse majorité des pochettes. Des artistes comme PNL et Jul viennent bousculer ce monopole en proposant des appels d’offre public pour leurs visuels. C’est notamment grace à cette démarche que les graphistes dans l’industrie du rap se sont multipliés. On retrouve désormais des pochettes aux inspirations et aux styles complètement différents inspiré visuellement d’univers rock, gaming, rétro, abstraits etc.

Pochette de l’album du Jul « La machine » créé par Zeigh grâce à un logicel de modélisation 3D

Aujourd’hui des rappeurs aux gros succès commerciaux comme Nekfeu créent des albums objets en quantité limités.

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PROBLÉMATIQUE Comment le design graphique peut jouer un rôle dans la retranscription d’un mouvement artistique comme le rap ? Notamment dans la traduction graphique de son aspect multiculturel ?

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CONCLUSION L’histoire du rap en France et dans le monde nous montre à quel point c’est une culture immergée dans une atmosphère multiculturelle. Né de la migration et enrichi par le mélange avec les cultures des territoires dans lequels il a évolué. C’est un style musical qui se nourrit de ses voyages et se modèle avec le temps. Aujourd’hui la grande majorité des auditeurs de rap consomme la musique résultante de toutes ces évolutions sans comprendre, ou même chercher à comprendre d’où elle vient, et pourquoi elle a évolué ainsi sur le territoire français. Quelles ont été les influences des rappeurs français ? Quelle est la culture qui a nourri le rap français ? Quelle identité le rap français s’est-il forgé ? L’impact culturel est un art né d’une autre culture, c’est au coeur du rap, et c’est la question qui guidera toute la réfléxion rédigée dans ce mémoire et menée par trois notions : la musicalité, la migration et la question d’identité.

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EXPÉRIMENTATIONS GRAPHIQUES 27


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RYTHME ET POESIE Les caractéristiques du rap se compose en trois éléments importants : la partie instrumentale, le texte et l’oralité. La production instrumentale, est souvent très rythmée par des beats, le texte vient se caler et jouer avec le rythme de la musique et les rappeurs viennent jouer avec les intonations pour appuyer certains éléments du texte. Le rythme est au coeur de chacun de ces éléments et fait partie de la culture rap. Un terme est dailleurs utilisé pour définir la manière dont les artistes viennent jouer avec celui-ci : on appelle ça le flow. Unique et et remarquable c’est souvent ce qui a fait le nom des plus grands rappeurs, ci ce n’est pas leur plume.

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Photographie de concert - Victor Rovdang, 2017


« Le rap remet au goût du jour la joute oratoire et l’improvisation. Et loin d’être un sous-genre musical, il apparaît comme l’avatar contemporain de la poésie orale. » Julien Barret

« L’art ou l’artisanat de la rimes »


Instrumentale Sample et accumulation Il existe de nombreuses manières de représenter graphiquement la musique. Il est important de s’intéresser à différentes manières de proceder pour mieux comprendre comment la musique est perçue et à quel point cette représentation est subjective, quand bien même il existe des manières formelles de la traduire. Dans les références ci-contre on peut observer différentes manières de traduire la musique par plusieurs compositeurs et musiciens. Ces traductions sont parfois illisibles par autrui mais correspondent à leur sensibilité musicale. La manière de composer la musique est tout aussi diverse, et a beaucoup évolué depuis l’ère du numérique. Le rap est connu pour une manière de composer bien spécifique. En effet la musique rap s’est en premier lieu appuyée sur des morceaux existants pour venir composer autour de boucles choisies. Cette technique que l’on appelle le sampling est une grande caractéristique du style et est à l’origine de la création d’un outil appelé « le sampler » (en français « échantilloneur » ) Ces échantillons de sample sont modifiés par les DJ grâce à différentes techniques (le scratching,le rythme scandé par les MC, le cutting ect.). Souvent de l’ordre de l’aléatoire dans les débuts, l’accumulation de ces différents sons vient former un nouvel ensemble.

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Esquisse pour la musique d’un film coloré, N°4, Miroslav Ponc, 1925

Photogrammes, Rudolf Pfenninger, 1931

Partition graphique d’Electronische Studie de Karlheinz Stockhausen. 33


Affiches de Muler Brockman Le graphiste traduit ici la musique, il crée donc ses affiches de concert en traduisant graphiquement et de manière abstraite des codes musicaux tels que le rythme. Ce qui est intéressant c’est la manière dont il compose ses affiches en mettant en avant des éléments isolés de la musique comme le rythme du texte ou des éléments graphiques faisaint échos aux partitions de musique et à ce qu’on connait des retransciptions modernes de la musique.

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Look/hear - Ran ZHENG - 2016 L’auteure traduit graphiquement différentes sonorités pour permettre de les visualiser au travers de lettres composées de plusieurs couches de formes qui correspondent au différents sons. Ces formes réagissent différements selon la fréquence et le niveau sonore. Ce qui est intéressant c’est la manière scientifique au travers de laquelle les sonorités sont traduites l’automatisation d’un système graphique qui permet d’obtenir des réponses plus objectives résultant directement du son.

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Échantillonage et accumulation Création de plusieurs échantillons de représentations musicales. Qui viennent s’accumuler et créer différents motifs. L’objectif était de représenter l’idée de la construction musicale au travers d’éléments graphiques. Et de démontrer la caractère aléatoire utilisé par les DJs lors de la création de boucle de sample ou lors de l’utilisation de méthode comme le scratching et le cutting.

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Intérprétation de la musique de Gyorge Legeti Artikulation par Rainer Wehinger.

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Création d’un glossaire graphique de vulgarisation Traduction graphique d’éléments caractéristiques du rap. Le glossaire est inspiré de la ponctuation pour permettre au grand public de comprendre le principe de l’éléments via des codes qu’il connaît déjà. L’objectif étant de pouvoir réutiliser ces éléments graphiques pour traduire graphiquement une musique.

INSTRUMENTAL

Sample

Breaks

Beats

Boucle

Scratch

TEXTE

Flow

Punchline

Kicker

Texte

Rimes

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Textes Rythme et message Dans son nom déjà, le rap s’associe avec la poésie, mais pas seulement. En effet, le texte a une grande valeur. Autrefois très engagés, les sujets se sont diversifiés, menant à des thèmes beaucoup plus légers. Néanmois, le texte garde une place centrale dans la musique rap et si ce n’est pas dans le fond, c’est dans la forme. Comme la poésie, on trouve dans le rap beaucoup de figures de style. Métaphore, énumération, hyperbole, anaphores etc. sont courantes et font partie de la manière dont le texte se construit. De même, les rimes et les métriques de poésie sont utilisées dans le rap. On joue avec les syllabes, les sonorités, et le sens de mots. Cela fait écho à l’oulipo, manière de rédiger la poésie sous contrainte. Dans l’objectif « d’inventer des structures, des formes ou des contraintes nouvelles, susceptibles de permettre la production d’œuvres originales » ou de « travailler sur des œuvres littéraires passées pour y retrouver les traces, parfois évidentes, parfois plus difficiles à déceler, de l’utilisation de structures, formes ou contraintes. » Historique de l’Oulipo - Marcel Bénabou (oulipo.net)

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Reconnais-toi - Guillaume Appolinaire Le poème est rédigé sous la forme d’un caligramme

Olipo book - Elizabeth Laferrière Mise en page d’une pièce de théatre selon différentes contraites

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Experimentation autour de la traduction graphique du texte «Menace de mort » de Youssoupha au travers d’un caligramme. Dans cette chanson, il raconte avoir été poursuivi pour menaces de mort, suite à un de ses textes. Il décrit alors ironiquement son art comme une arme.

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Experimentation autour de la traduction graphique du texte « Ma France à moi » de Diams au travers d’un caligramme. Dans cette chanson, elle raconte sa France idéale et ce qu’elle ne comprend plus dans le pays.

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Expérimentation sur la traduction graphique d’un texte au travers d’un Oulipo. Application de contraintes au texte « Pitbull » de Booba. Les règles ont été créées en se basant sur le flow. Cinq espaces ont été apppliqués à chaque ‘respiration’ dans la chanson, et dix espaces à chaque fin de vers. Ces espaces ont ensuites été mis en avant au travers de rectangles à la taille de ceux-ci. Ce qui a formé un motif qui représente le flow du rappeur. 44


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Oralité Rythmes et intonations Le rythme et les intonations font partie intégrante de l’identité du rap et des rappeurs. C’est d’ailleurs ce qui les différencie les uns des autres. De la même manière que peuvent le faire des comédiens de théatre dans une pièce, la manière de parler qu’utilisent les rappeurs pour réciter leurs chansons les pousse à intégrer une forte intonation pour faire passer la bonne émotion et le bon message. Il existe d’ailleurs un terme pour qualifer ces intonations qui varient d’un rappeur à un autre : le flow. Ce termes englobe, la manière d’accentuer un mot, de parler plus ou moins vite, de mettre plus ou moins d’émotion et la manière d’articuler les coupure et les respirations. Plus un flow est distinct plus il est reconaissable et c’est souvent une élément important dans le succès d’un artiste.

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Much Flow - The royal studio - 2017 Le projet s’articule autour de la création d’une identité pour un festival du musique. La police de caractère créée est évolutive et permet de créer « un ensemble fluide de mises en page et une accumulation vivante de langages visuels contemporains » Citations tirées de la présentation Behance du projet. Ce qui est intéressant c’est la traduction graphique de l’émotion ou la sensation que peut procurer une musique pour l’utiliser dans une composition ou une identité graphique comme un élément de base. 47


Éxperimentation sur la prosodie Travail d’écoute afin de placer différent éléménents de prosodie, notamment lors le ton baisse (jaune), les coupures (noir) et les accentuations (bleu).

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MIGRATION & IMPACT CULTUREL Le rap est né aux États-Unis influencé des populations migrantes d’Afrique et des Caraïbes. Il s’exporte ensuite vers la France où il se fait une grande place dans les villes de Marseille et de Paris. Porteur de l’héritage de toutes ces migrations il se retrouve alors à nouveau baigné dans une nouvelle culture : celle de la France, pays de la littérature et des poètes. Les rappeurs français s’inspirent librement de leurs pairs poètes. Et jouent avec les mots et les figures de style de la même manière. En plus du gros impact de la culture française, les migrations africaines vers la France ont beaucoup impregné le Sud de la culture maghrebine, et Paris de la culture noire-africaine. Les populations immigrées sont baignées dans cette culture hip-hop et laissent aussi leurs marques dans la musique qu’elles produisent. C’est ainsi que le rap français se crée une identité bien spécifique, en s’imprégnant de nombreuses cultures.

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Photographie de Sebastien Goldberg, 2015


« Les migrations ont contribuées non seulement à irriguer les arts, les modes de vie, la culture française mais aussi et parfois à en être les principaux vecteurs » Musée national de l’histoire de l’immigration


Mouvement Voyage et inconnu La migration implique l’idée de voyage, partir du connu pour aller vers l’inconnu. Il existe pourtant une constante entre les deux, l’être. Les notions de mouvement et d’inconnu connotent beaucoup de choses graphiquement et pourtant les migrations sont souvent représentées de manière formelle et scientifique en délaissant l’aspect humain de celles-ci. C’est avant tout une expérience, bonne ou mauvaise. Elle enrichit l’existence et quelque chose en nait. Expérimenter autour de cela permet de découvrir les « accidents » qui peuvent en naitre graphiquement.

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Migration Journal Ces éditions explorent l’idée de la migration sous toutes ses formes : circulation des personnes, des biens, des informations, mais aussi de la faune et de la flore, à travers le monde . Pour cela des artistes, journalistes, universitaires, designers, architectes, philosophes, militants et citoyens ont travaillés sur ces éditions en collaboration. Ce qui est intéressant c’est l’approche divers du sujet. Les traductions graphiques autour des différentes définitions de la migration sont créées par différents artistes qui en ont donc des visions propres, ce qui rend les traductions graphiques très diverses et conceptuelles.

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Expérimentations sur le mouvement L’objectif est d’observer les accidents que crée le mouvement sur la typographie. Les déformations créées par le scanner sur le mot migration créent un effet de fusion entre les mots, et de nouvelles formes qui rappellent le principe de fusion des cultures et l’idée de transition.

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Transition Impact et dualité La migration implique également de se retrouver dans un entre-eux. Entre deux cultures, entre deux pays, entre deux vies différentes et distinctes qui se rencontrent pourtant parfois dans une seule existence. La notion de double culture a beaucoup été étudiée en sociologie. La migration crée non seulement un flux de personnes mais également une migration culturelle, qui vient ensuite se confronter à la culture du pays d’accueil, créant différentes assimilations, en impactant l’une sur l’autre. Ces croisements créent des cultures mixtes et nouvelles dont on ne connait pas forcément le résultat. De cette même manière l’expérimentation autour de l’accumulation, la superposition et la fusion permet de mieux en comprendre les facteurs et de l’appliquer graphiquement.

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Travail de surimpréssion de Karen Martins Affiche de l’agence Eurostandard pour l’évenement les Urbaines. Pour ces affiches l’agence a travaillé sur le mélange d’images dans le but qu’elles soient plus ou moins perçues et qu’en même temps elles forment un ensemble

Son travail est basé sur l’expérimentation de superposition et de fusion d’éléments graphiques qui viennent créer des compositions plus ou moins aléatoires.

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Éxperimentations sur la fusion L’objectif est de fusionner des symboles des pays dit de départ et ceux dit d’accueil (source Musée national de l’Immigration) et de créer un nouveau symbole de la fusion de ces deux éléments. Ici la technique a été appliquée sur les drapeaux de 8 pays. Le processus est effectué de manière aléatoire et n’est pas représentatif des flux migratoires existants.

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Éxperimentations sur la fusion Application du même processus que les expérimentations précédentes. En utilisant ici la forme des pays de départ et ceux dit d’acceuil. Ici la technique a été appliqué sur les formes de 8 pays. Le processus est effectué de manière aléatoire et n’est pas représentatif des flux migratoires existants.

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IDENTITÉ & DOUBLE CULTURE « C’est parmi les français immigrés ou d’OutreMer qu’on s’intéresse en premier aux musiques noires américaines, dont le rap » déclare Karim Hammou, sociologue et autour du livre Une histoire du rap français. Ce mélange de cultures qui a tant inspiré le rap français est notamment dû au fait que les premières populations à être sensibles au rap alors tout juste arrivé des États-Unis sont principalement les populations d’immigrés ou leurs enfants. Les héritiers de l’immigration sont alors imprégnés par deux cultures, celles qu’ils apprennent à l’école et celle qu’ils connaissent à la maison. Ils viennent alors piocher dans les influences musicales de ces deux cultures, pour créer quelque chose de novateur et de très différent de la musique noire américaine, car influencés plus directement par leurs pays d’origine.

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Photographie de Nathlie Teteh, 2020


« L’individu qui procède de deux traditions culturelles différentes, est ainsi conduit, à recomposer, synthétiser, réinterpréter, et donc transformer ces différentes traditions, en se les appropriant, pour créer une nouvelle réalité » Michel Giraud

pour « Mythes et stratégie de la double identité »


Construction identitaire Héritage et nuances Identité subjective. Correspond à l’aspect universel et inaliénable de l’homme. La partie de nous que l’on ne peut choisir. Tout ce avec quoi l’on naît. Ce qui comprend aussi bien l’aspect physique d’une personne que sa situation familiale et l’endroit où elle naît. Identité objective. Qui se construit au fil des expériences de vie et au travers de différents facteurs d’influence. C’est cette identité qui rend l’homme unique mais qui lui procure aussi un sentiment d’appartenance, à différentes échelles. La question d’identité est importante car elle permet alors de comprendre tout ce qui a influencé et façonné quelqu’un ou quelque chose. En l’occurence,le courant musical qu’est le rap connaît de nombreuses influences et en France,il s’inscrit dans un contexte culturel très riche duquel il s’est profondémment nourri. Mais également d’autres cultures dont la population a migrée en France. Ce mélange de cultures a créé un rap très éloigné de ce qui existe partout ailleurs dans le monde. Et c’est cette identité qui fait la force du rap français.

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Identité interne - Quentin DMR - 2020 « Avec Identité Interne, l’artiste recrée un lien entre ces élèves et leur parcours scolaire, questionnant la personnalité de chacun pour la retranscrire par l’image comme un témoignage. Chaque ‘identité interne’ personnelle devient une identité sociale collective et partagée. » Ce qui est intéressant dans ce projet c’est la déconstruction des visages et ce que l’acumulation de plusieurs permet d’obtenir.

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Expérimentation sur la construction identitaire L’objectif est de recréer un visage à partir d’éléments de visages différents. Pour exprimer l’idée de la construction identitaire.

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Expérimentation sur l’empreinte et l’identité subjective L’objectif est de représenter l’idée de l’empreinte propre à chacun et de l’identité subjective qui se crée par l’accumulation et l’influence d’éléments exterieurs sur lesquels l’Homme ne peut influer. Créations de 6 traces aléatoires et superpositions de ces traces qui viennent créer différents motifs.

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CONCLUSION Les recherches effectuées dans le cadre des expérimentations graphiques ont permis de parcourir les différentes notions qui pouvaient être liées au rap d’un point de vue général. Ainsi on a pu expérimenter autour de la musicalité, l’oralité, l’écrit, l’identité, la migration, la double culture et l’impact culturel... Pour mieux en comprendre les codes et s’approprier les notions. Autant de notions qui font partie de l’essence du rap. L’aspect social et culturel étant très important. C’est un genre musical très ancré dans sa société et un vecteur social important. Le graphisme dans le rap est à son image, divers et aux influences multiples. Il est très difficile de définir des codes graphiques autour de ce style de musique car il n’en existe pas vraiment. Les codes varient selon les époques selon les lieux, mais aussi selon les sous genres. Ainsi ma réfléxion autour de ce sujet se focalise davantage autour de cet aspect multi-culturel qui soulève des enjeux graphiques intéressants. La suite des recherches est donc axée sur l’identité du rap français en l’appliquant à tous les pans importants de la musique : la production musicale, le texte et l’aspect visuel.

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RECHERCHE & DÉVELOPPE-MENT 79


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DIVERSITÉ DES SONORITÉS Création d’une identité pour un outil mis à disposition des acteurs de l’industrie du rap. Cet outil a pour objectif de mettre en avant la production musicale et la diversité de celle-ci. En effet, il exsite de nombreux producteurs avec des styles et des influences tout aussi diverses. Cet outil développé sous forme d’application permet de réunir un large catalogue de productions au sein d’une même plateforme afin de faciliter la démarche d’achat/échange entre les différents acteurs. Mais également de favoriser la découverte de nouveaux talents et de permettre des recherches plus spécifiques grâce à différentes options.

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Interface Tinder Tinder est une application de rencontre qui permet de trouver son « match ». Ce qui est intéressant c’est le principe de présentation aléatoire de profil, ainsi que la fonction « swip » qui permet de matcher ou passer.

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Photographie de Questlove, DJ, journaliste et producteur américain. Le naissance du rap met à l’honneur le sample (voir lexique). De nombreux DJ et amateurs de musique passent alors des heures à fouiller les disquaires pour trouver la perle rare : une nouvelle boucle originale à utiliser dans un morceau pour se différencier de la concurrence. On les appelles les Crate diggers. Ce qui est intéressant c’est cette corélation entre l’idée de fouiller chez un disquaire et la manière de chercher de la musique aujourd’hui.

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Naming

DIGGERS Inspiré de « crate diggers ». Personnification de l’utilisateur. Il est directement inclus dans le nom. Notion de communauté.

DIG IT Inspiré de « crate diggers ». Appel à l’action de l’utilisateur.

TRACKER Track = morceau de musique Tracker = outil de recherche. Jeu de mot entre les deux qui définit l’objectif de l’application.

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Charte graphique Logo Le logo est créé avec la typographie gilroy qui comporte des lettres très rondes. Celles-ci font un rappel à l’univers du digging car elles rappellent la forme du vinyle.

Élément graphique et icônes Le son dans son aspect physique et mathématique fait partie intégrante du métier de beatmaker et d’ingénieur du son. Ainsi retranscrire l’idée de la musique en s’inspirant de cet élément permet de faire un lien avec cet aspect du métier.

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Couleurs Les couleurs représentent des nuances plus ou moins sombres et plus ou moins contrastées afin de mettre en avant l’idée de diversité, de pluralité et de choix en rappel au concept qui est de proposer des productions de style et d’artistes différents.

#ff5c46

#fc0000

#a90f0f

#262323

Typographie Barlow : Créée par JeremyTribby la typographie Barlow est une linéale avec très peu de contraste entre les pleins et les déliés ce qui facilite sa lecture. Sa géometrie la rend également lisible sur de petits supports et permet donc de l’utiliser sur des formats web.

Titre : Barlow Bold

Boutons : Barlow Medium

Texte : Barlow regular

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UX flow

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Wireframes

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Interface utilisateur

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Fonctionnement L’utilisateur crée son profil sur l’application, il peut créer un profil « Digger » afin de venir trouver des productions ou un profil « Créateur » pour publier ses créations

Il existe dans l’application deux types de publications : les publications des créateurs à l’intention des managers/artistes/labels et les appels d’offres publiés par les « Diggers » à l’intention des créateurs.

L’utilisateur peut utiliser le swipe pour laisser venir les productions ou il peut affiner ses recherches via des filtres basés sur la rythmique ou l’humeur de la production. 92


Concept Le concept est inspiré du « match » deTinder car la recherche d’instrumentaux est souvent basée sur un coup de coeur. Le swipe à gauche permet alors de naviguer facilement d’une instrumentale à l’autre jusqu’à entendre quelque chose qui attire l’attention. On peut alors facilement swiper à droite pour ajouter la production à ses favoris on peut également l’écouter en boucle ou acceder directement au contact du beatmaker.

Le lecteur auquel on accède en cliquant sur le vinyle permet de découvrir des productions de manière aléatoire Le swipe vers la gauche signifie « passer la musique »

Le swipe vers la droite signifie « ajouter aux favoris »

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CONCLUSION Ce projet permet de mettre l’accent sur la diversité des productions dans le paysage musical mais aussi de s’inscrire dans la réalité d’un système qui évolue à grande vitesse à l’heure où le rap fait partie des musiques les plus écoutées en France. En se basant sur un comportement humain l’application répond efficacement à un besoin. En effet, en mettant en avant l’aspect aléatoire et presque automatisé de la recherche et l’aspect « coup de coeur » au coeur du concept de l’algorithme on propose aux artistes et autres acteurs de l’industrie un système qui facilite ce travail de recherche.

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EMPREINTE VOCALE Le projet se construit autour de la création d’une identité graphique pour un label de musique, dans laquelle est éditée une collection de vinyles consacrés à la publication de morceaux phares des acteurs de la scène urbaine. À travers cela, l’idée est de mettre en place une nouvelle méthode de traduction graphique pour la musique. En s’adaptant davantage aux objectifs et aux codes de la musique rap. Pour cela le principe graphique se focalise sur un élément très important dans celui-ci : le flow. Ce terme définit la manière dont les rappeurs récitent leurs textes et comprend les notions : de diction, de respiration et d’émotions.

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Expérimentations personnelles autour du flow L’idée était de créer un motif grâce une technique tirée de l’oulipo. En créant des espacements spécifiques pour chaque type de respiration (fin de phrases ou coupure). Ces espacements ont été définies selon des règles préalablement définis. Ce qui est intéressant c’est de voir que le motif traduit bien l’idée de rythme et qu’il peut être utilisé comme étant l’empreinte d’une musique pour ainsi devenir sa traduction visuelle. ­ ­ ¡

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Quartetto Sincronie performing Beethoven par Manlio Massimetti & Angela Testa - 2019 Au travers de ce projet les auteurs ont souhaité représenter la performance de l’orchestre Quartetto Sincronie. Ils ont traduit cette performance musicale au travers d’une nouveau système graphique inspiré par les partitions. Ce qui est intéressant c’est de voir qu’il est toujours possible d’inventer une nouveau système graphique traduisant de la musique. Cela dépénd des éléments pris en compte mais également de la manière dont on souhaite l’articuler.

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Naming

ACCENT LYRIQUE

Lien avec la ponctuation et le rythme dans une phrase Accentuation d’un aspect (diction, flow) Le motif reprend la forme de l’accent Accent en langue : différenciation / significatif

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Définition du lyrisme : qui exprime des sentiments intimes au moyen de rythmes et d’images propres à communiquer au lecteur l’émotion du poète


Principe colorimétrique « Des chercheurs américains de l’Université de Californie, à Berkeley ont réalisé une étude auprès de 100 personnes sur la musique et les couleurs. La moitié des sujets vivent dans la baie de San Francisco, l’autre moitié à Guadalajara au Mexique. La conclusion de cette étude est que le cerveau humain associe les mélodies écoutées à des couleurs, ce lien variant en fonction du sentiment qu’inspire la musique.» Cf. Les associations musique-couleur sont guidées par l’émotion. Afin d’intégrer la notion d’émotion, j’ai recherché une corrélation entre celle-ci et la couleur. D’après la recherche la musique induit chez les auditeurs une nuance de couleurs selon plusieurs critères.

joyeux

L’énergie transmise, située entre « heureux » « en colère » et « triste » permet de définir la balance entre bleu-jaune et vert-rouge. Son intensité émotionnelle définit également la saturation et la luminosité de la couleur (voir ci-contre).

sexy / sensualité festif / joie romantique / amour relaxant / détente morose / nostalgie chagrin / tristesse triste

agressif / colère doux

puissant

egotrip / hautain

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Charte graphique Logo Le logo est inspiré du concept. En effet là où sur les pochettes on retrouve du vide à la place du texte dans le logo le nom du label vient se poser entre les respirations

Accent Lyrique Production

Élement graphique Chaque chanson crée un motif particulier qui peut être utilisé dans son entièreté ou partiellement pour créer des pochettes, en combinaison avec d’autres éléments graphiques comme la typographie, l’iconographie

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Couleurs Chaque nuance correspond à une humeur que l’on peut retrouver dans le rap. Elles sont choisi selon un principe scientifique (cf. page101 ) selon lequel les émotions seraient reliées dans notre cerveau à une couleur.

Détente C0 M17 J65 N0

Romance C0 M69 J70 N0

Festif C19 M94 J64 N0

Sensualité C0 M67 J29 N0

Morosité C38 M15 J13 N0

Colère C75 M65 J30 N0

Tristesse C74 M64 J0 N0

Egotrip C55 M61 J0 N0

Typographie FF Good pro & Headlines. Conçue par Lukasz Dziedzic en 2007, et publiée par la fonderie Font Font. On comptait en premier lieu seulement 9 styles mais elle est revisée à plusieurs reprises et devient en 2014 la plus grande famille de la fonderie avec un total de 196 styles.

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CONCLUSION Ce projet permet de rendre compte des immenses possibilités qu’il existe pour traduire la musique. Selon les éléments sur lesquels on se base il est possible de donner des résultats extrèmement divers. Le processus mis en place pour ce projet permet quant à lui de mettre en avant l’individualité de chaque rappeur, au delà de leurs voix, c’est aussi leur flow qui vient les différencier les uns des autres et créer ainsi un motif basé sur ce qu’on peut appeler leur « empreinte vocale ».

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PUNCHLINES EN HÉRITAGE Ce projet a pour objectif d’exposer des affiches qui mettent en avant l’aspect engagé du rap et les références historiques que l’on peut retrouver dans les textes dans le cadre d’une exposition sur le sujet. La plupart des recherches présentées auparavant ont mené à créer ce projet. En effet on mêle ici l’aspect écrit du rap, donc les textes, et l’aspect multi-culturel dans lequel ils peuvent s’inscrire. La punchline étant volontairement provocatrice et parfois vulgaire, comme peuvent l’être par exemple, des pancartes de manifestation. L’idée était de les traiter de la même façon : comme un message directement adressé à quelqu’un. Et d’ainsi les présenter comme étant le sujet principal d’un support, ici l’affiche.

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Outfest - Kristine Lim - 2018 Le Outfest est un festival qui fait la promotion de l’égalité des LGBTQ en partageant et en faisant la promotion des histoires LGBTQ à l’écran. Il rassemble films et cinéastes queer depuis plus de 35 ans. Ce qui est intéressant c’est la manière dont l’identité retranscrit l’idée du cri que l’on peut ici associer à la protestation. Le jeu typographique permet de créer une dynamique que l’on reconnait comme étant assimilée à l’oralité.

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BSKT - La lettre sous toutes ses sonorités « Inspiré du Human Beatboxing, l’expression musicale du corps par la composition de musique en utilisant que la bouche, la gorge et le nez, cette typographie reflète la musicalité et les différents rythmes que l’on retrouve dans cette discipline. » Ce qui est intéressant c’est que le projet traite du beat-boxing un art qui s’inscrit dans l’univers rap. Et également le fait de traiter différemment les lettres selon la manière dont elles sont accentuées et dites est intéressante car c’est une pratique qui s’applique également dans le rap au niveau de mots. L’accentuation est différente selon chaque rappeur et devient souvent son empreinte vocale.

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Charte graphique Grilles Les grilles sont inspirées des pays d’origine des rappeurs français. Seulement les trois plus intéressantes graphiquement ont été séléctionnées parmi 46. Les comores

Ecosse

Madagascar

Textes Les textes sont des punchlines choisies pour leur aspect engagé et en lien avec l’idée de migration dans le but d’interpeler sur les origines et influences multiculturelles dans le rap. Terenga - Sams « A mes ancêtre tirailleurs, ma situation j’dédie » Arabia - Sniper « Un occident paternaliste, mais bien complice du sort que ces gens subissent » La caution - Thé à la menthe « Nos parents n’ont pas, donc on erre sans avoir. » Rim K - Dans la tête d’un jeune beurre « La première vague d’immigrés a servi à reconstruire la France » Déracinés - Sams « Mon trésor est public, découvert à la banque »

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Couleurs Le choix de deux couleurs opposées sur la roue chromatique permet de transmettre l’idée de contraste et de deux éléments distincts comme peuvent l’être un pays de départ et un pays d’arrivée dans le trajet qu’est la migration. L’opposition est une notion récurrente dans les textes rap qui traitent de ce sujet opposant souvent deux visions, deux modes de vies, deux populations, ou simplement deux pays.

C : 79 M : 14 J : 77 N :01

C : 79 M : 14 J : 77 N :01

Typographie Acumin pro. Créée par Robert Slimbach, c’est une linéale qui dispose de pas moins de 90 styles ce qui permet de varier les graisses et les chasses dans les affiches pour donner plus ou moins d’impacts à certains mots ou certaines phrases.

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UN OCCIDENT

ARABIA SNIPER

PATERNA - LISTE MAIS BIEN

COMPLICE DU SORT QUE CES GENS

SUBISSENT 118


RIM’K DANS LA TÊTE D’UN JEUNE BEUR

LA PREMIÈRE VAGUE

D’IMMI -GRÉS A SERVI À

RECONS -TRUIRE LA FRANCE

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LA CAUTION

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DONC ON ERRE SANS AVOIR

NOS PARENTS N’ONT PAS

THÉ À LA MENTHE


TERENGA SAM’S

TERENGA SAM’S

MON TRÉSOR EST PUBLIC

DÉCOUVERT À LA BANQUE 121


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CONCLUSION Ce projet permet de mettre en contexte le rap. C’est une musique qui a toujours été engagée et provocatrice car souvent délaissée et moquée par les médias. Cependant on remarque qu’au delà de la simple provocation vulgaire, le rap s’inscrit également dans une histoire, notamment celle de la France et de nombreux des pays avec lesquels elle a partagé un pan de son histoire. L’utilisation d’un symbole tel que le diapo est fort et quand bien même on ne reconnait pas exactement quel pays il représente chacun peut en reconnaitre la forme et comprendre que cette grille vient soutenir la portée politique et engagée du message.

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CONCLUSION Aux prémices de ce mémoire l’objcetif était de démontrer la spécificité du rap français, de pars son identité historique et culturelle. On a pu traiter de sa grande diversité musicale, de ses multiples influences et de ses spécifités... Autant d’éléments qui en font sa richesse. Les codes graphiques du rap ne sont que très peu définis et permettent une grande ouverture artistique quant aux productions visuelles qui sont utilisées. Finalement l’une des plus grandes inspirations du rap français : c’est tout le contexte socio-culturel qui l’entoure. La diversité des éthnies, des âges, des expériences, des status. C’est un courant musical qui nait du mélange et ses multiples influences sont sa plus grande richesse.

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Intention de projet Influences et références du rap français Au cours de ces différentes recherches, j’ai pu rendre compte que quelque soit l’aspect à travers lequel on observe et étudie le rap, il est multiple : dans ses flows, ses visuels, ses musicalités. Cette multiplicité vient, comme on a pu le voir, du contexte multiculturel dans lequel le rap français a évolué. Et c’est finalement ces influences de tous horizons qui ont créé ce qu’est le rap français aujourd’hui. C’est pourquoi je souhaite mettre en avant ces influences au travers d’un projet ludique et éducatif. Pour découvrir et s’intéresser de plus prês à tout ce qui crée cet univers rap. Mais sous un angle différent, afin de proposer une approche innovante de ce style de musique. Pour potentiellement toucher un public différent et peu aguérit du sujet.

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BIBLIOGRAPHIE 129


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Bazin H., La culture hip-hop, édition. Desclée de Brouwer, 1995

PODCASTS

Béthune C., Pour une esthétique du rap, édition. Klincksieck, 2004

Consultation du rap en France : une sociologie du rap - France Culture

PUBLICATIONS CAIRN

L’identité est-elle identifiable ? - France Culture

Michelle Auzanneau, « Identités Africaines, 130


VIDÉOS Marc Bettinelli, Pourquoi l’année 1991 a changé la face du rap, le Monde, 2020 Marc Bettinelli, La France est-elle vraiment la « deuxième terre du rap » ?, le Monde, 2020 Marc Bettinelli, Comment le rap a pris d’assaut le streaming musical, le Monde, 2020 Marc Bettinelli, Comment les rappeurs ont conquis l’industrie musicale, le Monde, 2020

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MDADG HARCHANI Yona 132

2019-2021 École de Condé


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