DE LA SECURITE AU BIEN-ÊTRE ALIMENTAIRE

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1.1 L’économie du bien-être : perspective historique Pour appréhender le bien-être objectif (ou bien-être économique) auquel le bien-être est souvent réduit, différentes approches sont possibles :

1.1.1 L’approche utilitariste6 dans laquelle le bien-être est appréhendé par le niveau de satisfaction ou d’utilité de la personne obtenue par la consommation ou l’obtention d’un bien ou d’un service

Dans une société donnée, l'objectif de l’économie est d’assurer la plus grande utilité (ou le plus grand bien-être) possible à ses membres. Bentham définit l’utilité comme la somme des plaisirs à laquelle on soustrait la somme des peines, les « plaisirs » étant entendus dans un sens plus large que la seule satisfaction des désirs matériels et égoïstes et pouvant être intellectuels et altruistes (Bentham et al., 1996). Pour Bentham, le critère à retenir est le plus grand bonheur du plus grand nombre7. Pareto (1897) avait déjà critiqué cette approche du fait de la non-additivité des utilités individuelles. Le bien-être collectif ne peut pas se résumer à la somme des « bien-être » individuels car chacun a une échelle de préférence qui lui est propre (principe d’utilité ordinale qui implique la non-comparabilité interpersonnelle des utilités) mais aussi parce que, en suivant le critère de Bentham, il est possible que la construction de ce que l’on croit être l’intérêt général nécessite des sacrifices individuels. Pareto parle d’optimum lorsque l’allocation des ressources ne peut plus être modifiée pour augmenter la satisfaction d’une personne sans diminuer celle d’au moins une autre. Pigou (1946) conteste cette approche au nom des effets externes : si l’activité d’un individu engendre des externalités négatives pour d’autres, il n’y a plus d’optimum possible car l’augmentation du bien-être de l’un réduit le bien-être des autres (qui subissent les nuisances). L’optimum social et l’optimum de Pareto ne sont donc pas confondus.

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L’utilitarisme est une forme de welfarisme. Le welfarisme considère que les utilités individuelles constituent l'information nécessaire et suffisante pour l'évaluation et que la fonction de bien-être social peut être obtenue par simple addition des utilités individuelles (Davoine, 2007). A l’inverse, l’anti-welfarisme qui prévaut aujourd’hui dans l’économie du bonheur se décline sous trois formes (Davoine, 2007) : - l’utilité est un étalon pertinent mais il est nécessaire de tenir compte des handicaps, des talents et des goûts dispencieux - l’utilité est une des dimensions du bien - l’utilité est sans importance, seuls comptent la morale ou le droit naturel

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Pour le philosophe Mill (1988) qui s’inspire des travaux de Bentham, « le bonheur est la seule fin de l’action humaine et la promotion du bonheur est la pierre de touche qui permet de juger la conduite humaine ; de là, il s’ensuit nécessairement que le bonheur doit être le critère de la moralité ».

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