Terre-net Le Magazine - N°102

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Ce magazine contient de la réalité augmentée

ADJUVANTS

Quelques gouttes pour doper l’efficacité des produits

DÉCRYPTAGE

Réforme des retraites

MACHINISME

Prêts à moduler la dose ?

CULTURES

Démocratiser les OAD

- Web-agri.fr - Terre-net-occasions.fr ISSN 2112-6690 N° 102 - JANVIER-FÉVRIER 2023 - 7 €
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Journalistes : Amélie BACHELET (rédactrice en chef adjointe Terre-net.fr), Céline CLÉMENT (installation-transmission), Sophie GUYOMARD (cultures), Delphine JEANNE (économie et politique), Laure SAUVAGE (marchés)

Ont participé à ce numéro : Antoine HUMEAU

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Pour Groupe ISA, Gérard JULIEN, directeur de la publication, Hervé NOIRET, directeur général NGPA

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1, boulevard d’Italie – 77127 LIEUSAINT N° 102 – Janvier-février 2022

Dépôt légal : à parution - Diffusion : 50 000 exemplaires

Crédits photos de la couverture : Luc Tiffay/Terre-net Média/ Adobe Stock/Antoine Humeau

Soucieux de la préservation de l’environnement, Terre-net Média sélectionne des fournisseurs engagés dans une démarche environnementale. Ce magazine est imprimé sur du papier 100 % certifié PEFC issu de forêts gérées durablement. Les encres utilisées sont végétales. Tous les produits qui ont servi à la réalisation de ce magazine ont été recyclés ou retraités conformément à la certification IMPRIM’VERT.

Origine du papier : Suisse - Taux de fibres recyclées : 52 %

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DUQUEF

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Clap de fin pour les néonicotinoïdes

Cette fois, il semble que la messe soit dite concernant les néonicotinoïdes (NNI) ! Le gouvernement français ne montera pas au créneau une fois de plus à Bruxelles pour défendre ses producteurs de betteraves sucrières. Toutefois, en guise de remplacement, le ministère annonce la probable mise en place d’une rustine sous forme de compensation financière vouée à maintenir la production pour assurer le fonctionnement des usines. Bien que la filière se soit mobilisée à Paris, le mécontentement des planteurs a été noyé dans une actualité déjà bien occupée par le dossier de la réforme des retraites. À noter aussi que la fin des NNI était annoncée depuis longtemps, et que la filière a sans doute tenu pour acquis le renouvellement des dérogations plutôt que de se concentrer sur les alternatives capables d’assurer sa pérennité. Au final, le dossier compte comme une épine supplémentaire au pied du monde agricole. Les contraintes ne manquent pourtant pas, entre nécessité de respecter davantage l’environnement, objectif de réduction des IFT, besoin de produire toujours plus pour nourrir la population mondiale grandissante… Branle-bas de combat au sein des bureaux d’études des constructeurs de matériels, qui tentent de développer de nouvelles technologies capables de relever les défis. Des solutions existent et depuis la flambée des prix des engrais et de l’énergie, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à emboîter le pas, après avoir été de simples observateurs curieux de connaître la capacité de retour sur investissement des matériels équipés. Outil d’aide à la décision ou système de modulation de la dose intraparcellaire, la filière agroéquipements est unanime, la demande décuple et difficile d’y répondre depuis l’allongement des délais de livraison et l’augmentation des prix ! Même si tous ne seront pas équipés dès la prochaine campagne, il est temps de se poser les bonnes questions pour surmonter les difficultés. Dans ce numéro, vous trouverez des clés afin d’alimenter votre réflexion quant aux outils permettant de fiabiliser les interventions et d’adapter la dose employée au réel besoin des plantes en vue de réduire la facture. Côté phyto, le marché des adjuvants pourrait lui aussi connaître un véritable essor, tant ces derniers se montrent prometteurs quant au renforcement de l’efficacité des produits chimiques pulvérisés. Des substances énergisantes dont le rôle est également de réduire la quantité de matière active utilisée dans les fermes.

Bonne lecture !

Sébastien Duquef

Par SÉBASTIEN
ÉDITO
Annonceurs & Agences Remise des certificats d'envois postaux Éthique1 Lecteurs Pas de publi-information dissimulée Éthique2 JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 3

N° 102

Janvier-février 2023

REPÈRES

6 Bon à savoir

7 Agenda

10 Décryptage : réforme des retraites, quels impacts ?

TENEZ-VOUS PRÊT

12 TEMPS FORT

Les OAD veulent se démocratiser

18 Qui a immatriculé le plus de tracteurs en France en 2022 ?

DOSSIER

20 Adjuvants : quelques gouttes pour doper l’efficacité des produits

PARTAGE D’EXPÉRIENCE

30 TEMPS FORT Êtes-vous prêts pour la modulation intraparcellaire ?

38 Projet Descinn : ces agriculteurs qui repensent leurs systèmes de cultures

BRÈVES DES CHAMPS

40 En photos : réduire l’impact environnemental de la profession

42 La revue des réseaux

44 Néonicotinoïdes : la filière betterave va-t-elle rendre son dernier souffle ?

45 Éclairage : la justice de l’UE bannit les dérogations sur les néonicotinoïdes

46 Shopping

47 Vu sur le Web

48 Terre-net.fr a fait peau neuve !

Sont joints à ce numéro, sur une partie de la diffusion, un encart Bayer, et sur la totalité de la diffusion, un encart Duraplas.

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SOMMAIRE 4 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
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Terre-net.fr Web-agri.fr Terre-net-occasions.fr JANVIER-FÉVRIER Quelques gouttes pour doper l’efficacité des produits CULTURES Démocratiser les OAD MACHINISME Prêts moduler la dose ? DÉCRYPTAGE Réforme des retraites Cemagazinecontient delaréalitéaugmentée
Mode d’emploi 20
P. 8 Adoptez la réalité augmentée !
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QUAND ON GÈRE

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L’énergie

RÉSERVES D’EAU

Trois quarts des nappes phréatiques sous la normale mensuelle

Dans son bulletin de janvier sur l’état des nappes phréatiques, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) s’inquiète.

« En décembre, la recharge s’est poursuivie sur les nappes réactives et a débuté sur les nappes inertielles. Elle est cependant restée peu intense et, de ce fait, le niveau est peu satisfaisant », résume-t-il. Le niveau au 1er janvier 2023 était inférieur à celui de l’année précédente et plus des trois quarts des nappes demeurent sous les normales mensuelles. Les déficits accumulés courant 2022 sont tels que les pluies de l’automne se sont montrées insuffisantes.

Elles ont juste permis d’humidifier le sol et ont profité à la végétation. « Les nappes réactives ont un temps de réponse rapide aux pluies infiltrées. Ainsi, la phase de recharge est active depuis septembre 2022 sur les nappes du Grand-Est. Ce secteur a bénéficié de pluies efficaces dès le début de l’automne. La recharge ne s’est, par contre, amorcée qu’entre novembre et décembre, soit avec plus d’un mois de retard, sur les autres nappes réactives du territoire », précise le BRGM. Quant aux nappes inertielles, elles sont en phase de transition entre la période de vidange et celle de recharge. « Les niveaux sont globalement en hausse, ou stables sur les nappes les moins inertielles ou ayant bénéficié d’une pluviométrie excédentaire durant l’automne. Les nappes très inertielles du nord de la France restent majoritairement en légère baisse », ajoute le Bureau. Selon ce dernier, les nappes dont la situation était satisfaisante à fin décembre sont celles situées le long du littoral de la Manche à la Bretagne, la nappe alluviale de la plaine d’Alsace nord et de BourgogneFranche-Comté, ainsi que les nappes du littoral méditerranéen, du Languedoc à la Côte d’Azur (à l’exception des nappes alluviales de l’est de la Côte d’Azur, au niveau préoccupant) et en Corse. Les nappes aux niveaux bas à très bas sont celle de la craie champenoise, celles des sables du Maine, de la craie de Touraine, des calcaires du Poitou, de Vendée, du Périgord et des Causses du Quercy ainsi que du plio-quaternaire aquitain, et les nappes inertielles des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté, qui atteignent des niveaux très bas, tandis que les nappes inertielles du Rhône moyen et du Bas-Dauphiné affichent des niveaux bas.

POMMES DE TERRE

L’UNPT DEMANDE À SÉCURISER

LA PRODUCTION

« On n’a pas connu de rendement moyen de cet ordre, aux environs de 39 t/ha, depuis vingt-sept ans », a déploré le 10 janvier Geoffroy d’Évry, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Alors que l’année s’annonçait plutôt bonne, la chaleur liée aux canicules de l’été a eu des impacts particulièrement négatifs, épargnant davantage les secteurs frais et primeur, qui se récoltent plus tôt. Si l’irrigation a permis de compenser le stress climatique, la chaleur a limité la croissance, portant les rendements en pommes de terre de consommation à 39,2 t/ha, soit 12 % de moins qu’en 2021, et à 39,5 % pour la pomme de terre féculière, soit 28 % de moins que l’année précédente. Au total, la production française atteint 6 millions de tonnes (Mt), réparties en 1,2 Mt pour le frais sur le marché intérieur, 3,2 Mt à l’export (1,4 Mt pour le frais et 1,8 Mt pour l’industrie), et 1,3 Mt pour la transformation sur le territoire national. Le reste des volumes est constitué par une partie de primeur et une part de déchets (environ 5 %), indique Geoffroy d’Évry.

L’atmosphère est constituée à près de 80 % d’azote sous forme gazeuse (N2), peu utile à la plupart des organismes vivants jusqu’à ce que les microbes ne le transforment en ammoniac métabolisable. Le processus achemine quelque 200 millions de tonnes (Mt) d’azote vers le sol et les océans chaque année. Il retrouve le chemin de l’atmosphère grâce aux bactéries, mais ce cycle naturel est massivement déséquilibré par l’utilisation de près de 120 Mt d’engrais chimiques chaque année.

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr REPÈRES Bon à savoir 6 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
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TERRE-NET MÉDIA

BETTERAVES SUCRIÈRES LA FRANCE RENONCE AUX NÉONICOTINOÏDES

Le gouvernement ne proposera pas de troisième année de dérogation sur l’enrobage des semences de betteraves, c’est terminé pour les néonicotinoïdes. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a précisé que « la décision de la Cour de justice [européenne] est suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système ». Cette dernière a estimé, jeudi 19 janvier, qu’aucune dérogation concernant les semences traitées aux néonicotinoïdes n’était justifiée, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves sucrières. Les producteurs sont effondrés. Les surfaces vont baisser, des planteurs vont abandonner la culture. Si la pression jaunisse est faible, les producteurs sauront gérer, mais « si c’est comme en 2020, où un tiers de la récolte avait

été perdu, ce sera catastrophique », d’après Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves.

AGENDA

25 février au 5 mars

Salon International de l’Agriculture à Paris Expo Portes de Versailles (75)

www.salon-agriculture.com

7 au 8 juin

Salon de l’herbe et des fourrages à Poussay (88)

www.salonherbe.com

5 au 7 septembre

Innov-agri à Outarville (45)

www.innovagri.com

20 et 21 septembre

Tech&Bio 2023 à Bourg-lèsValence (26)

www.tech-n-bio.com/fr

12 au 18 novembre

Agritechnica à Hanovre (Allemagne)

www.agritechnica.com/en

LA CITATION

ANTOINE NOGIER, président de France agrivoltaïsme, le 10 janvier, après l’adoption du projet en première lecture par l’Assemblée nationale

CRÉDITS CARBONE

Les start-up se heurtent à la frilosité des agriculteurs

L’ancien ministre de l’Agriculture Julien

Denormandie estimait en février dernier que le marché de la compensation volontaire de carbone pourrait être « multiplié par quinze d’ici 2030 ». Le potentiel est

important mais, au moment où il s’exprimait, il n’y avait encore que 1 000 agriculteurs engagés dans une telle démarche, et une soixantaine de financeurs. « Les agriculteurs voient dans le crédit carbone quelque chose de nouveau, qui peut donc faire peur, il y a un relatif scepticisme, observe Thibaut Savoye, patron de la start-up Carbone Farmers. Ils voient aussi cela comme une contrainte, des contrôles en plus, et parfois l’écologie est perçue comme un gros mot. » Le principe est simple : l’agriculteur s’engage à améliorer ses pratiques et obtient une rémunération complémentaire provenant d’entreprises

qui souhaitent compenser leurs émissions. À raison de 30 à 35 € la tonne de CO2, sur un an, cela peut représenter plusieurs milliers d’euros pour une exploitation de 200 à 300 ha. « Financement, plutôt que rémunération », corrige Étienne Variot, patron de Rize, start-up de vingt personnes qui se donne pour ambition « d’accompagner les agriculteurs dans leur transition écologique ». Cela consiste à mettre en place des couverts intermédiaires, allonger ses rotations, insérer des légumineuses, modifier la fertilisation, etc. afin d’obtenir un sol plus résilient, avec des propriétés agronomiques supérieures.

JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 7
La reconnaissance par la loi de l’agrivoltaïsme comme outil agricole est fondamentale. C’est la garantie que l’agrivoltaïsme servira tout à la fois la souveraineté alimentaire et énergétique. En tant qu’outil agricole d’adaptation aux changements climatiques, son potentiel peut représenter près de 60 % des volumes d’énergie d’origine photovoltaïque déployés d’ici 2050.
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MARIAGE, PACS OU CONCUBINAGE

Que risque votre conjoint en cas de dettes sur la ferme ?

Si 2023 commence avec un évènement important à l’horizon, comme votre mariage, pacs ou décision de vivre en concubinage, et que votre conjoint ne travaille pas sur la ferme, est-il tenu de répondre de vos dettes professionnelles agricoles éventuelles ?

Plusieurs possibilités existent, explique Véronique Hamon, juriste à la chambre d’agriculture de Bretagne, selon vos motivations personnelles, souvent variées, telles que « la famille, les enfants, les impôts, les règles successorales, le métier exercé (entrepreneur ou salarié) ». La profession d’agriculteur étant « à risque, continuet-elle, les engagements financiers (tel un emprunt foncier), et par conséquent les dettes, contractés par l’un des membres du couple peuvent engager les biens de l’autre ». En cas de concubinage, pacs ou mariage sous un régime de séparation des biens, « vous êtes seul tenu responsable des dettes sur votre patrimoine personnel. Les créanciers ne pourront saisir que les biens personnels de la personne avec laquelle ils ont traité, pas ceux de son conjoint, sauf s’il est co-emprunteur ou se porte caution ». En cas de mariage sous le régime de la communauté légale réduite aux acquêts (régime s’appliquant automatiquement en l’absence de contrat notarié),

INNOVATION

« bien que ce soit non obligatoire, le prêteur demandera généralement pour un emprunt, même professionnel, la signature du conjoint à titre de garantie supplémentaire, le plus souvent comme co-emprunteur, d’autant que les acquisitions réalisées pendant le mariage deviennent des biens communs. » Si l’emprunt est signé par un seul des époux, « son patrimoine propre, les biens acquis avant le mariage ou reçus par donation ou succession, et ses revenus serviront de garantie ». Si l’emprunt est signé par un seul des époux avec le consentement de son conjoint, « le patrimoine propre de l’emprunteur et les biens communs serviront de garantie. Le patrimoine propre du conjoint consentant à l’emprunt n’est pas engagé » Enfin, si l’emprunt est signé par les deux époux, « ils prennent alors chacun la qualité d’emprunteur et leurs patrimoines propres serviront dans leur intégralité de garantie ».

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REPÈRES Bon à savoir 8 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
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STOCK

DÉCIDER D’UNE STRATÉGIE, CHOISIR LES OUTILS !

Le travail du sol pèse lourd dans les performances économiques des exploitations : les opérations, surtout celles de travail profond, sont coûteuses en énergie et en charges de mécanisation. Par ailleurs, le travail du sol impacte considérablement, à certaines périodes, l’organisation du travail. Enfin, il est un levier important pour mettre en œuvre de nouvelles manières de produire.

Ainsi, les choix en matière de préparation des sols sont, dans une exploitation agricole, déterminants sur les plans économique, agronomique et environnemental.

Dans une première partie, cet ouvrage présente le rôle du travail du sol pour relever les défis de la baisse des charges, de la réduction des impacts environnementaux, de la contribution à la diminution des émissions de carbone.

BON DE COMMANDE

Nom / Prénom

GAEC / société

On y trouvera des repères intéressant les systèmes de culture nouveaux, aussi bien que les systèmes plus conventionnels.

Il présente les e ets du travail du sol sur le fonctionnement des cultures, les états du milieu cultivé et l’environnement.

Cette première partie s’est enrichie de références aux aspects climatiques et techniques, comme les besoins en puissance par exemple.

Dans une seconde partie mise à jour, sont listées et décrites l’ensemble des machines agricoles en plus de trente types, permettant de répondre aux objectifs de gestion du sol de chaque exploitation.

LES AUTEURS

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L’âge légal de départ à la retraite va passer progressivement à 64 ans (soit 172 trimestres) pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961, les 64 ans concernent tous ceux nés à partir de 1968.

RÉFORME DES RETRAITES

Pension, durée de cotisation : quels impacts pour les retraites agricoles ?

Alors qu’une partie des Français manifeste contre la réforme des retraites présentée par le gouvernement, certains syndicats agricoles sont également associés au mouvement de contestation. Quels seraient, concrètement, les impacts de cette réforme sur les agriculteurs ?

Présentée le 10 janvier par la Première ministre Élisabeth Borne, la réforme des retraites soulève de vives contestations, cristallisées par la mobilisation nationale. Recul progressif à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, durée de cotisation à quarante-trois ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein dès 2027, maintien du départ anticipé entre 58 et 62 ans pour les carrières longues, et pension minimale à 1 200 € net par mois pour tous les retraités constituent les principaux points de cette réforme. Qu’en est-il du côté des agriculteurs ?

1La retraite à 1 200 € minimum, qui est concerné ?

Les agriculteurs font partie des catégories socio-professionnelles dont les pensions de retraite sont les plus basses. Pour bénéficier du minimum à 1 200 €/mois, soit 85 % du Smic, il faudra avoir cotisé toute sa carrière avec des revenus proches du Smic. Aujourd’hui, depuis le vote de la loi Chassaigne, les retraités touchent 85 % du Smic, soit autour de 1 150 € par mois. Cependant, beaucoup de petites retraites agricoles sont encore exclues de cette loi en raison

10 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 REPÈRES Décryptage
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d’un amendement ajouté par le gouvernement. C’est en effet la totalité des pensions qui est incluse dans le calcul pour atteindre les 85 % du Smic, et pas uniquement la pension agricole. « D’après les calculs d’André Chassaigne, l’application de l’amendement a fait chuter d’un tiers le nombre de bénéficiaires de la garantie de retraite minimale (de 290 000 à 196 000 bénéficiaires) », indique Basta!, qui a contacté le député à ce sujet. Ce dispositif ne concerne que les carrières complètes et exclut donc une part importante des agriculteurs et surtout, des agricultrices, ce que dénonce notamment la Confédération paysanne. Au final, le dispositif pourrait donc ne concerner que très peu de monde : selon un rapport d’experts (cité par Mediapart le 15 janvier) mandatés par le gouvernement, qui ont étudié la trajectoire professionnelle de 2,5 millions de personnes pendant vingt-et-un ans, seules 48 auraient un salaire n’ayant pas dépassé le niveau du Smic pendant toute leur carrière. De son côté, la FNSEA, qui n’est pas fondamentalement opposée à la réforme, estime que ce minimum à 1 200 €/mois doit être étendu aux conjoints d’agriculteurs à carrière complète, qui aujourd’hui ne touchent que 741 €. Pour les agricultrices et conjointes d’agriculteurs, une autre difficulté s’ajoute puisqu’une partie a également arrêté plusieurs fois sa carrière pour cause, notamment, de maternité. En 2015, sur les 155 000 agricultrices retraitées, 115 000 justifiaient d’une carrière complète et 40 000 d’une carrière incomplète, dont 14 000 avec moins de vingt-cinq ans d’assurance (d’après les données du ministère de l’Agriculture).

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Allongement de la durée de cotisation

Comme les autres professions, les agriculteurs devraient également, avec cette réforme, travailler davantage pour avoir droit à une retraite à taux plein. Auparavant fixé à 62 ans, l’âge légal de départ va passer progressivement à 64 ans (soit 172 trimestres) pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961, les 64 ans concernant toutes les personnes nées à partir de 1968. À noter que la réforme prévoit d’adapter

L’ASSEMBLÉE VOTE UNE AUGMENTATION DES RETRAITES DES AGRICULTEURS NON-SALARIÉS

Le texte voté par l’Assemblée nationale prévoit d’étendre aux non-salariés agricoles, notamment les chefs d’exploitation et les conjoints collaborateurs, le calcul de la retraite de base sur les seules vingt-cinq meilleures années, et non plus sur l’intégralité de la carrière. Selon les données de la MSA, les chefs d’exploitation à la retraite touchent en moyenne 1 079 € bruts pour une carrière complète (hors réversion). 580 € bruts, c’est l’écart de pension constaté chaque mois entre un agriculteur retraité et un salarié à la retraite, a souligné le rapporteur du texte Julien Dive. C’est un terrible aveu d’échec de notre système d’assurance vieillesse pour une profession aux conditions de travail contraignantes, avec deux tiers des agriculteurs qui ne partent pas plus de trois jours consécutifs en vacances par an. Le député de l’Aisne a introduit un amendement reculant à janvier 2026, et non plus 2024, l’entrée en vigueur progressive de cette mesure. Il s’agit de donner à la MSA le temps de s’adapter au nouveau mode de calcul. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, s’est dit favorable à la proposition de loi ainsi amendée, y voyant un compromis républicain.

L’Assemblée nationale vote une augmentation des retraites des agriculteurs nonsalariés, cela concernera notamment les chefs d’exploitation et les conjoints collaborateurs.

le dispositif carrières longues pour qu’aucune personne ayant commencé à travailler tôt ne soit obligée de travailler plus de quarante-quatre ans. Dans les faits, les agriculteurs prennent en moyenne leur retraite à 63,4 ans (63,1 ans pour les hommes et 63,8 ans pour les femmes en 2021, selon la MSA). L’allongement de la durée de cotisation aurait plusieurs conséquences. Actuellement, si l’agriculteur a cotisé suffisamment à l’âge de 62 ans, mais choisit de partir à 63 ans, il bénéficie d’une majoration de sa pension de retraite, qui s’applique lorsque l’assuré continue son activité au-delà de la durée d’assurance requise pour bénéficier du taux plein et après l’âge légal de départ à la retraite. Devoir cotiser plus longtemps pour atteindre une pension complète oblige nécessairement à s’arrêter de travailler plus tard, dans des métiers qui peuvent user physiquement plus rapidement que d’autres professions. Si le travail est aujourd’hui moins pénible qu’il y a quarante ans, la charge mentale de la

gestion de l’exploitation s’est en revanche développée, estime par ailleurs le président de l’Association nationale des retraités agricoles de France (ANRAF). Il évoque un travail « beaucoup plus intellectuel, avec beaucoup plus de tracas, beaucoup plus de normes et de contrôles ».

3Pénibilité et invalidité

En outre, une partie des agriculteurs doit s’arrêter pour raisons de santé ou d’invalidité. Le gouvernement prévoit de réintégrer trois critères abandonnés en 2017 − port de charges lourdes, postures pénibles et vibrations mécaniques −, mais sous réserve d’un examen médical. Un fonds de « prévention de l’usure professionnelle » doté d’un milliard d’euros doit également être mis en place. Le gouvernement a aussi précisé que les exploitants partis à la retraite au titre de l’invalidité ou du handicap devraient être éligibles à la pension minimale. Les personnes en invalidité et en inaptitude pourront partir à la retraite à taux plein dès l’âge de 62 ans. ■

Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 11
ASSEMBLÉE NATIONALE

TENEZ-VOUS PRÊT Cultures

Pour que les agriculteurs adoptent massivement les OAD, ceux-ci doivent être à la fois utiles et faciles à employer, estime Delphine Bouttet, d’Arvalis-Institut du végétal.

OUTILS D’AIDE À LA DÉCISION

Objectif

: davantage de démocratisation

Les outils d’aide à la décision, en grandes cultures, permettent de raisonner ses interventions pour la protection contre les maladies, la fertilisation ou l’irrigation. Les céréaliers sont de plus en plus nombreux à les utiliser, mais la démocratisation est encore loin. Témoignages.

12 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023

Qu’ils concernent la fertilisation azotée, les traitements contre les maladies des céréales ou encore – bientôt – les engrais de fond, les outils d’aide à la décision (OAD) en grandes cultures visent tous le même objectif : mieux anticiper pour gagner en efficience et en précision. Certains permettent également de piloter l’irrigation. En grandes cultures, 19 % des exploitations en utilisent (34 % des surfaces couvertes), contre seulement 7 % en polyculture-élevage.

Les OAD, Nicolas Van Ooteghem s’en sert pour gagner en confort de travail et en précision. Il exploite seul 180 ha de grandes cultures à Conty, à 30 km au sud d’Amiens (Somme). Pour la protection contre les maladies, il emploie Xarvio, l’outil

développé par BASF, depuis un an sur ses céréales. « Cela me permet de doser les bons produits selon la durée de la pluie et l’humidité, détaille-t-il. Je peux juger de l’intérêt de tel ou tel en fonction de sa rémanence, par exemple. » Mais « l’œil de l’agriculteur est encore utile, parce qu’on n’a pas toujours pleinement confiance en l’OAD ! » ajoute-t-il. Aide à la décision, pas plus pas moins. En blé, la détection des maladies peut en effet manquer de précision. « Les stades sont à plus ou moins cinq jours, ce n’est pas toujours facile de réajuster, mais ce n’est pas si grave puisque des produits curatifs existent », relativise Matthieu Catonnet, ingénieur-conseil productions végétales à la chambre d’agriculture de la Somme.

Efficace en pomme de terre

En pomme de terre, un OAD fait figure de référence : Mileos. L’outil a été développé par Arvalis-Institut du végétal sur la base d’une modélisation du cycle du mildiou. Il utilise toutes les données météo, les stades de la plante, la variété ou les dates de plantation pour préconiser ou non un traitement, de façon très précise. Depuis une quinzaine d’années qu’il existe, les « patatiers » l’ont largement adopté. « En termes de réduction du nombre de passages, c’est clairement gagnant, économiquement parlant », appuie Aymeric Lepage, conseiller agroéquipement à la chambre d’agriculture de l’Aisne.

À Mignerette, dans le Loiret, Joël Facy utilise le logiciel en ligne Cerc’OAD, pour le pilotage de ses 50 ha de betteraves sucrières. « Je me connecte à l’extranet de Cristal Union, explique-t-il, je saisis mes parcelles, le risque par rapport à chacune (faible, moyen ou élevé) selon que l’on a eu ou non des attaques importantes de cercosporiose. Après chaque intervention, on rentre les dates et les volumes d’eau, les produits pulvérisés, et le modèle calcule

Par ANTOINE HUMEAU redaction@terre-net-media.fr JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 13
ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL
Des OAD commencent à émerger pour les traitements fongicides. Ici, l’outil Xarvio Field Manager.
à
BASF

TENEZ-VOUS PRÊT Cultures

Technicien préparant la pesée de colza en début d’hiver. La réglette colza conçue par Terres inovia indique ensuite la dose d’azote totale requise pour l’ensemble du cycle de culture.

l’évolution de la maladie. Quand on arrive à 100 %, c’est le moment de sortir le pulvérisateur pour une couverture fongicide. » L’agriculteur aurait gagné « facile 5 t/an en moyenne ». Le logiciel lancé par la coopérative sucrière, gratuit pour les planteurs, est né il y a quelques années, mais moins d’un quart des adhérents y fait appel. « C’est pourtant assez simple et rapide à utiliser, assure Joël Facy, il suffit de quelques minutes pour saisir les parcelles. Malheureusement, beaucoup restent sur leur modèle traditionnel, à intervenir systématiquement le 14 juillet et le 15 août sans se poser de questions. »

Les OAD de fertilisation azotée dopés par le coût des intrants

Pour la fertilisation azotée, les exploitants sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux OAD, augmentation du prix des intrants oblige. En colza, Julien Bricquet emploie tout simplement la réglette de Terres Inovia, sur ses parcelles de SaintAmand-sur-Fion (Marne). « On fait des pesées de colza à l’entrée de l’hiver sur 1 m2 , développe-t-il, puis on recommence le printemps venu. Grâce aux objectifs de rendements, la dose d’azote totale nécessaire est estimée pour la durée du cycle de culture. »

La réglette colza propose aussi l’échelonnement des apports.

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Julien Bricquet, producteur de grandes cultures et champagne AOC à Saint-Amand-sur-Fion (Marne)

« Je ne suis pas écolo, mais si on peut faire de la préservation, c’est bien. Pour les traitements contre la septoriose sur mes blés, j’utilise depuis trois ans le modèle Septo-LIS d’Arvalis, que j’ai par l’intermédiaire du logiciel de gestion parcellaire Geofolia. Je rentre mes parcelles dans le logiciel et selon les dates de semis, la variété, l’hygrométrie, etc., j’ai des préconisations d’intervention en fonction des risques. Cela fonctionne par codes couleur : vert, orange, rouge. Plus on se rapproche du rouge, plus la date d’intervention s’approche. Grâce à cela, je ne fais plus du traitement sécuritaire, mais de l’optimisation. Il y a deux ans, j’ai pu faire zéro fongicide, par exemple. Ce service me coûte 180 à 200 € par an, soit 4 €/ha, c’est largement rentabilisé. »

Nicolas Van Ooteghem, de son côté, utilise le service de la chambre d’agriculture MesSatimages depuis deux ans. Des images satellites sont prises en entrée et sortie d’hiver, en vue d’estimer la biomasse du colza. L’agriculteur doit ensuite entrer quelques informations : objectifs de rendement, fréquence

JULIEN BRICQUET, agriculteur dans la Marne à

« Mon OAD pour la fusariose sur les blés est largement rentabilisé »
DR 14 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
« Grâce aux objectifs de rendements, la dose d’azote totale nécessaire est estimée pour la durée du cycle de culture »
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des apports organiques… L’algorithme calcule la dose totale à apporter sur l’ensemble du cycle de végétation. Grâce à son épandeur d’engrais adapté, l’exploitant va même plus loin et module la dose à l’intérieur de la parcelle. « Pas de gains de rendement, mais plus de confort de travail et une économie d’environ 3O unités/ha cette année », résume-t-il. Soit un gain de plus de 60 €/ha !

« En blé, gagner 3 q/ha et 0,4 % sur le taux de protéines »

Pour la fertilisation azotée des parcelles de blé, Nicolas Van  Ooteghem se sert de Farmstar. Mais « 13 €/ha, c’est un peu cher, alors je vais sans doute passer à MesSatimages », indique-t-il. Claas commercialise un système équivalent baptisé « Cropview ». Le dispositif, intégré à la plateforme 365 Farmnet, permet de moduler la dose intraparcellaire. Principal avantage : sa simplicité d’utilisation. En effet, les données sont envoyées vers le cloud, fini la clé USB. « Avec Cropview, l’agriculteur choisit sa stratégie sans que la coopérative n’intervienne », met aussi en avant Émeline Lesage, responsable des nouvelles technologies chez Claas France. Quel que soit l’outil, le fonctionnement est à peu près le même : une cartographie est réalisée – généralement par satellite, car les coûts sont désormais bien moins élevés que par drone –, un indice de nutrition azotée (INN) est déterminé, puis l’algorithme calcule la quantité d’azote nécessaire au dernier apport en fonction des objectifs de rendement, de la variété et de la date de semis. « Quand on utilise un outil tel que Farmstar, améliorer le rendement de 3 q/ha et le taux de protéines de 0,4 % est possible », souligne Romain Val, directeur de la valorisation chez Arvalis-Institut du végétal.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, au Gaec des Fabres, Denis Vernet teste depuis plusieurs années l’OAD éPilot développé par Arvalis-Institut du végétal. Un outil qui sert à la fois pour la

Des OAD pour la fertilisation azotée existent aussi sans utilisation d’images satellite. C’est le cas, par exemple, de N-Tester, conçu par Yara.

Pour la fertilisation azotée sur les blés, l’OAD Farmstar avec cartographie satellite peut faire gagner 3 q/ha et 0,4 % sur le taux de protéines, selon Arvalis-Institut du végétal.

fertilisation et l’irrigation, et qu’il utilise pour le blé et le maïs. « Toutes les semaines, on a une réactualisation des courbes de développement pour nous indiquer, en fonction de nos apports passés, quand il faudra apporter de l’eau ou de l’azote, décrit le producteur de lavandin et de grandes cultures. C’est hyper intéressant, parce que cela nous permet de savoir exactement quand intervenir et quelle sera la conséquence si on n’en fait rien. C’est un outil vraiment indispensable. » Des OAD pour la fertilisation azotée existent aussi sans utilisation d’images satellite. C’est le cas, par exemple, de N-Tester, conçu par Yara il y a vingt-cinq ans. Avec lui, le principe consiste à mesurer la teneur en chlorophylle de la plante à l’aide d’une pince. Il faut passer dans la parcelle lorsque le blé est entre les stades « trois nœuds » et « dernière feuille étalée ».

Réduire la consommation d’eau Pour l’irrigation, deux sortes d’OAD existent. À partir de la variété, du type de sol et des dates de semis, deux types de calcul sont effectués. L’un simule le développement de la culture pour estimer les besoins en eau selon son stade de développement et les diverses données climatiques. L’autre, effectué en parallèle, est une simulation de bilan hydrique, grâce au type de sol, au climat et aux irrigations réalisées. L’OAD indique, de façon anticipée, les besoins en eau de la culture, en tenant compte du type

16 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
YARA
ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL

de matériel dont dispose l’agriculteur afin que ce dernier puisse s’organiser pour la planification de ses tours d’eau. ArvalisInstitut du végétal avait conduit des essais sur 6 000 ha en 2021. L’outil Irré-LIS avait permis « d’économiser 20 à 60 mm d’eau sans diminuer le rendement », met en avant Romain Val.

Comment démocratiser l’usage ?

Les OAD peuvent permettre de réduire les intrants, et donc de réaliser des économies. Toutefois, « l’objectif n’est pas forcément de les diminuer, prévient le directeur de la valorisation chez Arvalis-Institut du végétal. Certaines années, cela peut provoquer des diminutions, et parfois cela peut être des augmentations. Il vaut donc mieux parler d’efficience. » Sur la digiferme de Boigneville (Essonne), ferme expérimentale dont elle est la responsable, Delphine Bouttet assure qu’elle ne saurait pas s’en passer aujourd’hui : « Cela donne une connaissance que vous ne pouvez pas avoir seul, cela vous permet de réduire les doses sans prendre de risques. » Mais si l’on excepte Mileos, les OAD demeurent néanmoins « très peu utilisés, même si l’on voit une progression sur l’azote pour des raisons économiques », constate Matthieu Catonnet, de la chambre d’agriculture de la Somme.

« Il y a encore un problème de coût », reconnaît Romain Val. Pour assurer le développement de ces outils, il faudrait aussi « communiquer sur la valeur ajoutée qu’ils apportent et qu’il y ait

L’OAD Irré-LIS a permis

ROMAIN VAL, directeur de la valorisation chez Arvalis-Institut du végétal

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Hubert Caron, céréalier à Graincourt-lès-Havrincourt (Pas-de-Calais)

« Le seul OAD que j’utilise, c’est Wanaka, un concurrent de Farmstar, pour la fertilisation azotée. J’ai commencé avec Farmstar il y a dix ans environ, cela me permettait de connaître la dose prévisionnelle totale à appliquer pour mon blé. Selon que je décide d’apporter cela en trois ou quatre fois, l’outil me donnait des moyennes prévisionnelles pour chaque apport, avec des variables de 70 à 130 unités selon les zones. On appliquait cela à la louche, de façon manuelle, avec un distributeur d’engrais classique. Faire cela sans semoir adapté, c’est de l’agriculture de précision pas très précise ! Utiliser Farmstar sans être correctement équipé, c’est perdre 2/3 des bénéfices attendus. Depuis trois ou quatre ans, on a un semoir adapté, connecté en Isobus, ce qui me permet de faire de la modulation intraparcellaire. »

une vraie interopérabilité entre eux, c’est-à-dire permettre que tous communiquent les uns avec les autres », suggère-t-il. La responsable des nouvelles technologies chez Claas France acquiesce. « L’objectif de notre plateforme 365 Farmnet, c’est de rendre plus facile l’échange, le partage des données d’une machine à une plateforme », assure Émeline Lesage. Mais si l’agriculteur veut utiliser l’OAD de Bayer Climate FieldView, par exemple, sur 365 Farmnet, il doit passer à la caisse… Il lui faut en effet l’option de configuration, et elle est payante. À quel prix ? Motus.

Vers un pilotage stratégique de son exploitation

La démocratisation des OAD passera aussi par davantage de simplicité d’utilisation. Ils doivent être ergonomiques, « user friendly, insiste Delphine Bouttet. L’agriculteur doit pouvoir comprendre ce qui forge le modèle, l’interpréter pour se l’approprier. L’interface doit être attractive, l’outil facile à utiliser sans avoir bac+10. » Et puis les OAD doivent être utiles, c’est-à-dire répondre à un besoin, tel que prévoir les maladies. « Si l’OAD fait la même chose que ce que l’agriculteur est capable de faire en allant voir le champ, ça n’a pas d’utilité », ajoute la responsable.

Pour l’irrigation, l’OAD (ici Irre-Lis) anticipe les besoins en eau de la culture en tenant compte du type de matériel dont dispose l’agriculteur afin que ce dernier puisse s’organiser pour la planification de ses tours d’eau.

Les OAD, aujourd’hui, sont essentiellement « tactiques », mais sans doute s’achemine-t-on vers un développement des OAD dits « stratégiques ». Ces derniers dépassent le simple pilotage d’une culture, rendant possible de se projeter sur l’évolution de son exploitation. Ils proposent ainsi des simulations, permettent entre autres de raisonner un assolement pour qu’il soit plus résilient dans les années futures. « L’avenir, c’est le développement des OAD stratégiques, confirme Delphine Bouttet. C’est indispensable dans un contexte où les contraintes – réglementation, climat, prix… – sont de plus en plus importantes et de plus en plus difficiles à appréhender. » ■

« Farmstar sans être correctement équipé, c’est perdre 2/3 des bénéfices »
DR JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 17
« d’économiser 20 à 60 mm d’eau sans diminuer le rendement »
ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL

Qui a immatriculé le plus de tracteurs en France en 2022 ?

Terre-net a publié ses estimations, issues du Système d’immatriculation des véhicules du ministère de l’Intérieur. Celles-ci montrent la solidité du marché qui, malgré le contexte économique difficile, affiche 28 480 premières immatriculations en 2022, contre 28 360 en 2021. Le palmarès réserve cependant quelques surprises.

les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur et son Système d’immatriculation des véhicules (SIV), l’Italien enregistrerait la baisse de part de marché la plus marquée en 2022.

Comme chaque début d’année, les chiffres des parts de marché tracteurs pour 2022 viennent d’être publiés par la rédaction de Terre-net. Malgré le contexte économique et logistique complexe, entre difficultés d’approvisionnement, passage au Stage V, hausse des coûts et allongement des délais de livraison, le marché global des tracteurs agricoles de plus de 50 ch de puissance se montre relativement stable. Les premières immatriculations indiquent 28 480 machines, contre 28 360 en 2021, soit en légère hausse (+ 0,4 %) par rapport à l’an passé. Cependant, toutes les marques n’ont pas subi et géré les difficultés de la même manière, d’où des évolutions positives ou négatives, parfois assez marquées.

L’indétrônable leader reste sans conteste John Deere, qui continue de creuser l’écart avec ses poursuivants, plaçant Fendt et New Holland à plus de 8 points derrière lui. Cette année, c’est Fendt qui crée la surprise, en délogeant New Holland de la deuxième marche. Selon

MÉTHODOLOGIE

Focus sur le trio de tête Revenons-en à John Deere. Il écrase ses concurrents dans la course à la tête du classement des ventes de tracteurs agricoles avec 22,9 % de part de marché. Une très nette progression de 2,4 points par rapport à 2021, que le constructeur explique grâce à trois éléments. D’une part, le succès de ses séries 6R et 6M, qui correspondent au cœur du marché français, d’autre part, l’usine de Mannheim, en Allemagne, qui a plutôt bien géré les difficultés d’approvisionnement pour continuer à livrer durant toute l’année. Enfin, dans un contexte de flambée du prix des intrants et de l’énergie, de prise en compte des attentes environnementales et sociétales, les agriculteurs se tourneraient davantage vers les nouvelles technologies pour limiter les apports et réduire les coûts de production, secteur avec lequel la marque est familière, en ayant fait son fer de lance depuis longtemps.

Les données présentées dans ces pages sont issues des immatriculations brutes officielles du Système d’immatriculation des véhicules (SIV) fournies par le ministère de l’Intérieur. Elles sont filtrées pour ne conserver que les tracteurs agricoles neufs de plus de 50 ch de puissance. Chenillards, quads, tracteurs espaces verts et télescopiques sont exclus des résultats, de manière à conserver l’estimation la plus fine possible du marché du tracteur agricole. Résultat : les chiffres publiés par Terre-net ont été retravaillés de manière indépendante avec le concours d’Hyltel, d’après les données du SIV. Seules les parts de marché supérieures à 1 % ont été retenues, pour gagner en lisibilité.

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr 18 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 TENEZ-VOUS PRÊT Machinisme
PARTS DE MARCHÉ
ADOBE STOCK

Chez Fendt, la stabilité paye en 2022. Effectivement, sans progression notable de son résultat, la marque bavaroise monte une marche supplémentaire sur le podium. Bénéficiant du relâchement de New Holland et, semblerait-il, là aussi, de l’intérêt croissant des agriculteurs pour les engins premium, le constructeur accède à la deuxième place du classement. Du côté de New Holland, nul doute que 2022 gardera une saveur amère. Si 2021 avait permis à la marque de reprendre du souffle, cette dernière année aura été plus difficile, avec la plus importante baisse observée au classement des parts de marché par rapport à ses concurrents. Celle-ci s’expliquerait notamment par une transition de gamme en tracteurs spécialisés dans un contexte assez compliqué.

Des constructeurs qui ont su s’adapter

Claas peut dire qu’il a eu chaud, son maintien en quatrième position se fait de justesse. À souligner cependant que l’Allemand partage sa place avec Massey Ferguson, qui atteint également 10,1 %. Ce dernier, avec John Deere et Valtra, signe l’une des plus belles progressions de 2022 : + 1,5 point, ce qui rattrape la chute de 2021 et montre à quel point les murs de l’usine de Beauvais ont dû trembler il y a un an. Le palmarès confirme non seulement la bonne année commerciale du constructeur français, mais aussi le succès rencontré par ses nouvelles séries de tracteurs.

Chez Case IH, le cap est tenu ! Les tracteurs rouges conservent leur sixième place avec 7,6 % de part de marché. Résultat en légère baisse, donc, mais face aux difficultés rencontrées par l’outil industriel, autant dire que le score est louable. Quant à Valtra et sa cinquième génération de tracteurs, ils confirment leur résultat et continuent de progresser. Avec désormais 2 points d’avance sur Kubota, les chiffres sont difficilement discutables, la septième place revient nettement à la marque finlandaise et souligne, ici aussi, que les machines répondent bien à la demande du marché français.

Retour du côté de Kubota. Avec 4,8 %, le Nippon perd une place au classement et joue du coude à coude avec Deutz-Fahr. Celui-ci vient de renouveler ses gammes

et c’est bénéfique. La huitième place lui échappe de peu, même si la marque perd 0,9 point, des retards de livraison ayant naturellement freiné ses immatriculations de tracteurs. Les premières unités ont débarqué en concession courant du second semestre. Difficile, ensuite, de rattraper le retard… McCormick et le groupe italien Argo Tractors font leur petit bonhomme de chemin. La marque figure parmi les rares à se maintenir au niveau de l’an passé

et ce, malgré les difficultés de production rencontrées. Italien toujours, Same perd 0,2 % en 2022 mais semble assez fier de son résultat sur le marché spécifique des modèles spécialisés. Avec 1,4 %, la marque reste au tableau d’affichage. L’usine de Treviglio (Italie) a su s’adapter au contexte. Enfin, Landini, autre marque du groupe Argo Tractors, conserve le même score qu’en 2021, confirmant que le développement du réseau de concessions constitue la bonne stratégie. ■

JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 19
* Estimations calculées d'après les chiffres fournis par le SIV du ministère de l'Intérieur Massey Ferguson et Valtra, en progression, signent chacune une belle performance. Le groupe Agco traverse la crise plutôt confortablement.
TERRE-NET MÉDIA

DOSSIER

20 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023

UTILISER DES ADJUVANTS POUR RENFORCER L’EFFICACITÉ DES MATIÈRES ACTIVES

Les adjuvants présentent plusieurs atouts en ce qui concerne la diminution des IFT. Ils améliorent les capacités de rétention et d’étalement des gouttelettes sur les feuilles. Selon les familles de produits, la dose peut même diminuer. Ils permettent également de limiter la dérive et de réduire le lessivage. Un marché qui a donc le vent en poupe et devrait poursuivre sa croissance.

JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 21
LUC TIFFAY
PULVÉRISATION

Même s’ils entrent dans les bouillies agricoles, les adjuvants ne sont pas considérés comme des produits phytopharmaceutiques. Ils n’ont aucune action protectrice contre les bioagresseurs, contrairement aux phyto. Leur rôle est de renforcer l’efficacité de la matière active en améliorant ses performances, via une meilleure rétention et/ou un étalement supérieur. Ils permettent aussi de limiter les effets néfastes lors de l’application, tels que le ruissellement ou la dérive. À noter qu’à eux seuls, les adjuvants ne suffisent pas à diminuer la dose de matière active utilisée. Et au moment de l’intervention, des conditions optimales restent indispensables (température inférieure à 25 °C et hygrométrie supérieure à 60 %).

Bien qu’ils n’aient donc pas d’effet protecteur, les adjuvants sont soumis à une AMM (autorisation de mise sur le marché). Pour recevoir leur homologation, ils doivent posséder au moins une des

Même s’ils entrent dans les bouillies agricoles, les adjuvants ne sont pas des produits phytopharmaceutiques et n’ont aucune action protectrice contre les bioagresseurs. Ils renforcent l’efficacité de la matière active en améliorant sa capacité de rétention et/ou d’étalement.

L’eau de pluie est douce, elle ne contient pas d’ions calcium ni magnésium dissous, ce qui favorise l’efficacité de nombreuses matières actives.

fonctions détaillées dans le tableau ci-dessous à gauche.

Correction de la dureté de l’eau

La dureté de l’eau est caractérisée par la présence d’ions calcium et magnésium dissous. En France, elle est exprimée en TH (titre hydrotimétrique), avec des valeurs qui s’étalent de 25 (en Seine-et-Marne) à plus de 60. Les minéraux vont complexer certaines matières actives comme le glyphosate et certaines sulfonylurées. Ils vont aussi rendre le mélange plus difficile au moment de la préparation des bouillies, et ralentir la vitesse de pénétration des matières actives dans la plante.

Afin de savoir quelle est la dureté de son eau, il suffit de regarder les factures ou de se renseigner en mairie. Autre possibilité : acheter, dans les rayons adoucisseurs d’eau ou piscines des enseignes de bricolage, un kit de procédés chimiques permettant de mesurer la dureté. En pratique, un point de TH correspond à 4 mg de calcium et/ou 2,4 mg de magnésium par litre d’eau. Par exemple, une eau à 32 de TH contient 32 x 4 = 128 mg/L de calcium. Pour réduire la dureté, le sulfate d’ammonium constitue la

DOSSIER PULVÉRISATION 22 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
PHOTOS ADOBE STOCK
à

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substance la plus efficace. Dans une bouillie prévue à 100 L/ha, 100 g de sulfate d’ammonium corrigent 25 points de TH.

À noter que l’eau de pluie est douce, c’est-à-dire qu’elle ne contient ni calcium ni magnésium dissous. Légèrement acide, elle favorise l’efficacité de nombreuses matières actives.

Trois types d’adjuvants

Rappelons que l’emploi d’un adjuvant vise à améliorer les propriétés de la bouillie à laquelle on l’associe. Ceci passe donc avant tout par une bonne connaissance de ses mécanismes d’action, en vue de raisonner au mieux sa mise en œuvre. Historiquement, les adjuvants sont classés en trois catégories, selon leur nature chimique : les mouillants (composés tensio-actifs), les huiles (huiles minérales ou végétales) et les sulfates (ou sels ; le plus souvent une solution aqueuse de sulfate d’ammonium). Cette classification est actuellement complétée par une approche techniquement

L’AVIS D’ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL

L’effet humectant du sulfate d’ammonium

« Différents sels existent sur le marché. Ceux autorisés en tant qu’adjuvants sont composés de sulfate d’ammonium. Une de ses propriétés est son effet hygroscopique, appelé aussi “effet humectant”. Il capte l’humidité de l’air pour réhydrater les gouttes pulvérisées et ainsi les maintenir plus longtemps en phase liquide. Autrement dit, il évite la dessiccation. Arvalis-Institut du végétal a montré l’effet humectant du sulfate d’ammonium lorsqu’il est mélangé avec les sulfonylurées. Cependant, il ne remplace pas l’huile ou le mouillant. Le sulfate d’ammonium doit être ajouté à un autre adjuvant pour qu’un gain d’efficacité puisse être observé. Sans compter que son action ne remplace pas les bonnes conditions de traitement (hygrométrie maximale, températures clémentes et absence de vent). Si la pulvérisation est faite en mauvaises conditions, celles-ci seront toujours préjudiciables, même en sa présence. En outre, le sulfate d’ammonium joue un rôle de correcteur d’eau. Le sulfate, chargé négativement, piège les ions calcium, chargés positivement. Il limite ainsi leur effet sur les molécules sensibles à la dureté de l’eau. Rappelons que seul le glyphosate est sensible à ce caractère. Mais attention, utiliser du sulfate d’ammonium autorisé comme engrais à des fins de correction de dureté est proscrit. Il faut utiliser des adjuvants formulés à base de sulfate d’ammonium. La dose usuelle est de 1 L/ha. »

Associé à un antigraminées racinaire, un adjuvant pourra permettre de limiter la dérive au moment de l’application. C’est l’un des seuls intérêts.

plus précise, qui consiste à les caractériser selon leurs fonctionnalités.

Pour choisir son adjuvant, il faut prendre en compte le type de produit à pulvériser. Commençons par les herbicides. En règle générale, les adjuvants ont peu d’intérêt avec les antigraminées racinaires, les graminées étant des adventices peu mouillables en raison du port dressé de leurs feuilles et de leur pilosité souvent importante. Utiliser des adjuvants pour limiter la dérive lors de l’application est toutefois possible. Les chambres d’agriculture préconisent cependant d’éviter d’associer un antigraminées racinaire et foliaire avec de l’huile, celle-ci favorisant l’absorption foliaire au lieu de l’absorption racinaire. Résultat : la détoxification de la matière active dans la plante diminue. Avec les antigraminées foliaires, le recours aux adjuvants régule l’efficacité sur des adventices peu mouillables de type vulpin. Utiliser une huile, végétale ou minérale, est également possible. Autre choix : mélanger un adjuvant de type mouillant avec du sulfate d’ammonium, ou de l’huile avec un mouillant et du sulfate d’ammonium. Cette combinaison associe la capacité de rétention, la pénétration et les propriétés hygroscopiques des substances. Les dicotylédones, quant à elles, sont plus mouillables que les graminées ce qui, dès lors qu’on intervient sur des plantes jeunes, peut réduire la quantité

ADJUVANT + ANTIDICOTYLÉDONE RACINAIRE DE CONTACT RACINAIRE ET FOLIAIRE FOLIAIRE Peu d’intérêt, car absorption racinaire. Adjuvant antidérive possible. Ne surtout pas utiliser d’huile. Un mouillant est possible. Formulation assez adjuvantée, inutile de compléter. Peu d’intérêt. Mieux vaut appliquer avec une température supérieure à 12 °C. DOSSIER PULVÉRISATION 24 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
ADOBE STOCK
L’eau de pluie est douce, elle ne contient ni calcium ni magnésium dissous

de produit nécessaire. N’ayant pas encore fabriqué sa cuticule de protection, le végétal se montre en effet plus vulnérable (à l’exception du gaillet).

Insecticides, régulateurs et fongicides

Globalement, l’intérêt d’associer des adjuvants aux produits insecticides est moindre, à part dans quelques cas. Lors de traitements avec des volumes de bouillie inférieurs à 100 L/ ha, notamment, employer un mouillant peut s’avérer nécessaire pour améliorer la couverture de la plante. De même, lors d’interventions sur des cultures à forte biomasse (pucerons sur pois, méligèthes sur colza…), les mouillants amélioreront la couverture de la végétation. Du côté des régulateurs de croissance, en conditions difficiles (manque d’hygrométrie, faible réceptivité de la plante, formulation SL), il peut y avoir un intérêt à compléter avec de l’adjuvant. Cependant, son effet sera visible seulement dans un cas sur deux. Acidifier la bouillie permet aussi de réguler son efficacité. Mais éviter les mélanges du type herbicide + régulateur + huile est néanmoins préférable, ils sont généralement très agressifs. Avec les fongicides, enfin, l’intérêt ou non d’adjoindre un adjuvant à la préparation est déterminé par le

VRAI FAUX ou VRAI

➜ Les adjuvants pour bouillies phytopharmaceutiques sont autorisés en agriculture bio.

Depuis le 1er janvier 2022, les adjuvants sont acceptés dans les bouillies phytopharmaceutiques appliquées en agriculture biologique (AB), en vertu du règlement (CE) n° 1107/2009.

➜ Le marché mondial des adjuvants agricoles se stabilise.

Il devrait croître de 5,8 % au cours de la période 2022-2027. La nécessité d’une augmentation de la productivité agricole, afin de répondre à la demande alimentaire

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mondiale, nécessite l’utilisation accrue de produits chimiques pour protéger les cultures. Ce qui stimule le marché. En outre, l’accent est mis sur l’efficacité accrue de ces produits, en conditions climatiques variées, nécessitant donc d’innover.

Deux tiers des adjuvants consommés sont des mouillants.

Le marché est fortement dominé par les adjuvants de type mouillant. Presque 100 % des huiles sont utilisées en grandes cultures, alors que les professionnels estiment que les mouillants le sont majoritairement à 83 %.

mode d’action du produit. Même si certaines formulations sont déjà bien adjuvantées, en ajouter peut accroître la rétention du traitement sur la feuille, permettre un étalement plus important et limiter la sensibilité au lessivage. Des essais ont montré, par exemple, le bon comportement du Pictor Pro en à

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JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 25
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A-PDT/2022-2023
VRAI FAUX
à

Tous les adjuvants dits « mouillants » jouent le même rôle : étaler les gouttelettes de produit et mieux les accrocher au feuillage.

La dérive du dicamba est aussi phytotoxique que celle du 2,4-D et peut causer des dommages importants aux arbres fruitiers, aux pois, aux pommes de terre et, comme ici, au soja. Son application par temps très chaud (plus de 30 °C), très humide ou brumeux est à éviter.

« Adjuvant », quèsaco ?

96 %

C’est le pourcentage d’agriculteurs, sur les 430 sondés lors de l’enquête ADquation menée durant l’été 2021, répartis sur l’ensemble du territoire, qui se disent prêts à continuer d’utiliser des adjuvants. Plus de 70 % sont des utilisateurs réguliers. L’échantillon comportait 30 % d’exploitations 100 % élevage non-utilisatrices d’adjuvants, donc par déduction, l’usage de ces derniers avoisine les 100 % dans les exploitations céréalières ou dites de « grandes cultures ». Améliorer l’efficacité des programmes de protection des cultures représente la première motivation des agriculteurs à l’utilisation d’adjuvants.

mélange avec le Sticman dans la lutte contre le sclérotinia. Des nouveautés type Osiris Win ou Bell Star, en revanche, sont assez adjuvantées pour ne pas en nécessiter davantage. Toutefois, lors des applications à bas volume, ajouter un mouillant et du sulfate d’ammonium s’avère utile pour limiter la dérive et conserver l’hygrométrie autour de la goutte. Attention : ne surtout pas les mélanger avec de l’huile !

Et les huiles ?

Les huiles aident à la pénétration des traitements dans les plantes en agissant sur les cires épicuticulaires, qui sont désorganisées pour faciliter le passage du produit. Le plus souvent, elles s’utilisent avec des produits systémiques et sur des plantes peu mouillables, indépendamment du volume de bouillie pulvérisé. Les sulfonylurées sont couramment associées à de l’huile. Cependant, il faut veiller à ne pas les utiliser à tort, car elles peuvent être fatales. Ajouter de l’huile à un fongicide blé peut, par exemple, engendrer la pénétration de la substance dans les feuilles, qui migre ensuite vers l’extrémité de celles-ci. S’ensuivront des brûlures très marquées pouvant affecter le rendement. Ajoutées aux herbicides racinaires, surtout de contact, les huiles forcent la pénétration du produit dans la plante et génèrent de la phytotoxicité sur la culture. Les « mouillants » regroupent différentes catégories, telles que les adjuvants cationiques, non ioniques, terpènes, organo-silicones, latex… Tous jouent le même rôle : étaler les gouttelettes et mieux les accrocher au feuillage. Leur efficacité dépend du triptyque plante/adjuvant/formulation du produit. Certaines préparations intègrent déjà des adjuvants, additionnés à la substance active, alors inutile d’en rajouter ! La mouillabilité des plantes constitue un facteur important. Logiquement, ajouter un mouillant sur des plantes mouillables se révèle inutile. À l’inverse, en utiliser sur des végétaux peu mouillables se justifie. Par ailleurs, le mode d’action du produit ne doit pas être négligé. Un dit « de contact » agit là où il tombe. Par conséquent, il gagne à être étalé à la surface des feuilles. Ajouter un mouillant s’avère donc intéressant avec les produits de contact pulvérisés sur des plantes peu mouillables. Petite précision : le mouillant s’utilise aussi en mélange avec un inhibiteur de l’ALS (acétolactate synthase) sur les

DOSSIER PULVÉRISATION 26 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
Il s’agit d’un produit que l’on ajoute à un autre pour en améliorer ou changer certaines propriétés
à
PHOTOS ADOBE STOCK

graminées. Les expérimentations ont montré que, dès lors qu’ils sont utiles, les mouillants sont intéressants quel que soit le volume de bouillie à l’hectare. Dans les pays où les volumes de bouillie sont couramment bas (inférieurs à 100 L/ha), les adjuvants sont quasi systématiquement apportés dans le pulvérisateur. En France, ce sont également les agriculteurs pratiquant les bas volumes qui les connaissent le plus. Le marché national couvre environ 15 millions d’hectares, dont 12 en grandes cultures. Sa progression est forte puisqu’en trois ans, les chiffres ont augmenté de 17 %. La part de l’huile passe nettement en dessous de 40 %, plus de 60 % étant au profit des mouillants. Son recul s’explique par la meilleure sélectivité des mouillants, leurs bonnes performances comme rétenteurs et leur faible dose/ha. Le marché français est loin d’être saturé, car son potentiel (surfaces à couvrir avec un adjuvant) dépasse les 50 millions d’hectares. En Grande-Bretagne, par exemple, ce sont entre 80 et 90 % des surfaces cultivées qui reçoivent une application adjuvée.

Quid de la réglementation ?

Comme les produits phyto, les adjuvants doivent bénéficier de leur AMM, définie par la directive CE 91/414 sur la base d’un dossier de preuves

Le potentiel du marché français des adjuvants est important : seulement 15 millions d’hectares sont couverts, là où 50 millions pourraient en recevoir.

LES ADJUVANTS PORTÉS PAR LES CHARTES DE BON VOISINAGE

Les territoires mettent en place une charte de bon voisinage visant à favoriser le dialogue entre les habitants, les élus locaux et les agriculteurs. L’objectif est de répondre aux enjeux de santé publique liés à l’utilisation de produits phyto agricoles – en particulier à proximité des lieux habités – en formalisant l’engagement des agriculteurs régionaux, du département ou de la filière et des acteurs locaux à adopter les bonnes pratiques en termes de protection des cultures et à le faire savoir. Cette charte concerne les applications phytosanitaires, y compris celles réalisées en agriculture biologique, bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché. Les agriculteurs, selon la disposition de leurs parcelles à proximité d’habitations et leurs productions, choisissent la ou les mesures les plus adaptées parmi les exemples suivants : recourir à du matériel antidérive (buses, récupérateurs…), utiliser des adjuvants limitant la dérive, privilégier les produits à moindre risque, adapter les horaires de traitement en fonction du voisinage, tenir compte du sens du vent, travailler avec les élus locaux et les riverains sur des implantations volontaires d’équipements « écrans » permettant de capter les embruns (haies, filets…). Les adjuvants facilitent l’action des matières actives en améliorant leurs performances et diminuent les effets néfastes comme le ruissellement ou la dérive. Leur efficacité est optimisée, ce qui contribue au respect de l’environnement, de l’utilisateur et du consommateur.

La chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne a mis en place sa charte de bon voisinage en associant les agriculteurs, les élus locaux et les habitants ruraux.

démontrant leur efficacité et leur mode d’action selon sept fonctions, et sur au moins l’un des 28 usages retenus. Sans oublier de prendre en compte leurs caractéristiques toxicologiques et éco-toxicologiques. Les sept critères d’homologation d’un adjuvant sont les suivants : améliorer la qualité de la bouillie (compatibilisant, stabilisant, anti-moussant, modification du pH), c’est-à-dire stabiliser et maintenir les propriétés physiques des matières actives lors de sa préparation ; améliorer la qualité de pulvérisation, c’est-à-dire régulariser ou augmenter l’angle de la lame de pulvérisation ou limiter la dérive ; augmenter la rétention, c’est-à-dire augmenter la quantité de bouillie retenue par le couvert végétal juste après la pulvérisation ; augmenter l’étalement (angle de goutte, tension de surface), c’est-à-dire augmenter la surface de contact d’une goutte à l’équilibre ; maintenir les propriétés de la préparation (humectation, résistance aux UV), c’est-à-dire stabiliser et maintenir les propriétés physiques ou chimiques des matières actives sur le végétal ; réduire le lessivage (quantité de bouillie restant sur la plante après la pluie) et enfin, améliorer la pénétration, c’est-à-dire la rapidité ou la quantité de matière active pénétrant dans la plante. Le plan Écophyto ne comptabilise pas l’utilisation des adjuvants dans son calcul. Celui-ci totalise le nombre de doses homologuées utilisées sur un hectare au cours d’une campagne. L’indicateur peut être calculé à l’échelle d’un ensemble de parcelles, d’une exploitation ou d’un territoire ; il peut aussi être décliné par grandes catégories de produits (herbicides, insecticides ou autre). Depuis son instauration, il est utilisé comme indicateur de suivi de réduction des risques liés aux produits chimiques. Par exemple, deux interventions sur l’année représentent : 1 ha traité avec un produit homologué à 1 L = 1d’IFT + 1 ha traité à 70 % de l’AMM = 0,7 soit un total de 1,7 d’IFT. ■

DOSSIER PULVÉRISATION 28 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
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À partir d’une cartographie de la biomasse et de données comme la variété, la date d’implantation ou la pluviométrie, la machine ajuste automatiquement la dose d’azote à épandre selon les besoins estimés.

MODULATION DE DOSE

Êtes-vous prêts pour la modulation intraparcellaire ?

Par ANTOINE HUMEAU redaction@terre-net-media.fr 30 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 PARTAGE D'EXPÉRIENCE Machinisme
CHAMBRE D’AGRICULTURE DE L’AISNE

Et si le moment était venu de se mettre à la modulation intraparcellaire ? Alors que le prix des intrants atteint des sommets, chercher à optimiser la dose n’a rien d’anormal.

essentiellement la fertilisation azotée, mais la méthode peut aussi être utilisée pour les apports de fond, les semis et pourquoi pas les traitements fongiques.

C’est en fertilisation azotée que la modulation de dose intraparcellaire est le plus avancée. À partir d’une cartographie de la biomasse, effectuée le plus souvent par satellite, la machine ajuste automatiquement la dose d’azote à épandre selon la préconisation des besoins. Pour limiter la fatigue, mieux vaut s’équiper d’un appareil capable de gérer automatiquement la variation à partir des données transmises. Moduler les intrants manuellement à l’aide de la géolocalisation sur son smartphone reste cependant possible, en adaptant la dose ou en modifiant la vitesse d’avancement. Certains s’aident aussi de capteurs de biomasse, mais la pratique se cantonne à une certaine élite. « La dose s’ajuste en temps réel selon les informations détectées par les capteurs installés sur le tracteur.

La technique est précise, son seul inconvénient est qu’il est impossible de connaître à l’avance le volume d’engrais à épandre », glisse Florent Hendrycks, chef de produit épandeurs électronique et digital chez Amazone.

Sur son exploitation de 270 ha installée à Graincourt-lèsHavrincourt (Pas-de-Calais), Hubert Caron a commencé à moduler manuellement il y a une dizaine d’années. « Grâce aux cartes, explique-t-il, je connaissais la dose prévisionnelle totale d’azote pour le blé, et j’avais des variations entre 70 et 130 unités selon les zones. J’appliquais cela à la louche avec mon distributeur d’engrais classique, c’était de l’agriculture de précision peu précise ! » Aujourd’hui, l’agriculteur bénéficie d’un semoir Kverneland multidose connecté via l’Isobus.

Intérêt agronomique, pas économique Si la technique est maîtrisée depuis des années en fertilisation azotée, reste à en mesurer les gains. « Modulation ne veut pas forcément dire économie de produit, prévient Vincent Gérard, responsable solutions électroniques et connectées chez Kuhn. Le but est plutôt d’optimiser les rendements ou de maximiser les taux de protéines. »

La chambre d’agriculture des Hauts-de-France a mené des essais sur la culture du blé. En modulant au stade « épi 1 cm », le rendement augmente « mais le facteur gain reste limité », constate Aline Dupont, ingénieure agroéquipements connectés à la chambre d’agriculture de la Somme. Selon des résultats de 2015,

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JANVIER-FÉVRIER 2023 / à
Modulation
doses multi-points 160 kg/ha 190 kg/ha 150 kg/ha 170 kg/ha
de
À l’heure actuelle, la modulation concerne

PARTAGE D’EXPÉRIENCE Machinisme

cela varie seulement sur 2 q en moyenne. Quant au dernier apport, il influe davantage sur le taux de protéines. Mais « cela permet de réduire la pollution des nappes phréatiques », ajoute-telle. « Si vraiment vous voulez faire des économies d’engrais, mieux vaut opter pour la coupure de tronçon », propose David Guy, directeur général du groupe Burel (Sulky).

Pour l’engrais de fond, coûteux mais intéressant

Si la modulation intraparcellaire intéresse de plus en plus d’agriculteurs en fertilisation azotée (dans l’Aisne, par exemple, 12 à 15 % d’entre eux y ont recours), elle est, en revanche, beaucoup moins répandue au niveau des engrais de fond. Principal frein : le coût. Il faut compter 100 à 120 €/ha, zonage des parcelles et analyses chimiques inclus. Pour répartir la bonne quantité d’intrants selon le besoin, connaître le potentiel du sol s’avère nécessaire. Afin de le déterminer, plusieurs méthodes existent :

L’AVIS DE L’EXPERT

Aymeric Lepage, conseiller agroéquipements à la chambre d’agriculture de l’Aisne

« Le premier intérêt de la modulation est agronomique »

« Le premier intérêt de la modulation de dose intraparcellaire pour la fertilisation azotée est agronomique. Le deuxième, qui y est lié, concerne l’adaptation aux besoins des plantes. Ensuite, ceux qui modulaient manuellement jusque-là peuvent y trouver un gain en termes de confort de travail. En revanche, il ne faut pas s’attendre à de vraies économies, sinon à la marge. Les gains, sur les rendements, peuvent aller tout au plus jusqu’à 2 q/ha, mais cela reste difficile à évaluer. Au niveau des semis, la modulation de dose est utile agronomiquement. C’est intéressant notamment pour le blé, parce que le semis, c’est la base de la culture. En réduisant sa densité, l’exploitant peut économiser de la semence. Enfin, pour ce qui concerne les traitements fongiques, reste des doutes à lever sur la justesse technique et sur le réel intérêt de la méthode. »

Kuhn, dont tous les distributeurs d’engrais sont compatibles avec la modulation de dose, propose une application gratuite sans abonnement baptisée « Kuhn Easy Maps ». Elle permet d’accéder à un premier niveau de modulation.

32 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
Pour répartir les quantités d’intrants selon les besoins, il faut connaître les potentiels de sol
KUHN
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conductivité, synthèse des données existantes sur l’exploitation… Quelle que soit l’option choisie, analyser chimiquement son sol demeure obligatoire (une analyse par hectare). Et cela coûte. Les premières méthodes permettent d’établir des cartes de teneur chimique pour différents éléments tels que le phosphore, le potassium, le magnésium, le pH, etc. À partir de ces données, des cartes de préconisation sont établies en fonction de la culture, du type de sol, de l’historique de fertilisation et des objectifs de rendement.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Gaec des Fabres, qui cultive des grandes cultures et du lavandin, tente ainsi de réduire la quantité d’engrais de fond utilisée. Il s’agit de la première exploitation agricole du secteur à avoir intégré la démarche Be Api fertilité, portée par l’union de coopératives InVivo. « On recueille des images aériennes depuis très longtemps et on redécoupe les parcelles en fonction de leur historique, détaille Denis Vernet, co-gérant du Gaec. Dans chacune des microparcelles de 0,8 ha, on fait ensuite des prélèvements, on module, cela nous permet d’économiser 20 à 30 % d’engrais selon les années. »

« Fertiliser davantage sur les zones moins bien pourvues par rapport au potentiel permet de gagner quelques points de rentabilité, assure de son côté Aline Dupont. Vous pouvez aussi envisager de faire des impasses sur des zones bien pourvues. »

Grâce à la modulation, l’économie s’élève à six unités de phosphore et 48 unités de potasse en moyenne par hectare, selon une étude menée par la chambre d’agriculture de la Somme sur

une exploitation produisant des cultures exigeantes. « Compte tenu de la flambée du prix des intrants, l’économie représente environ 80 €/ha aux cours actuels », évalue l’ingénieure agroéquipements connectés. En revanche, pas d’effets significatifs sur les rendements. « Si l’on considère uniquement l’économie d’intrants, reprend-elle, alors le retour sur investissement se fait dès la cinquième année. On prend en compte les charges liées à la réalisation des cartes de préconisations et au matériel : guidage, déblocage de la licence… »

Au semis, la modulation manuelle demeure Côté semis, de plus en plus d’agriculteurs modulent manuellement dans l’objectif d’avoir une population suffisante en sortie d’hiver. La modulation intraparcellaire automatique, elle, semble pour l’instant réservée à une poignée de précurseurs. La technique reste en effet complexe et onéreuse au démarrage. Il faut cartographier le potentiel des sols, à l’aide de la conductivité ou via la topographie, de la géologie et des images satellite sur sol nu. Ensuite, il faut bénéficier d’un semoir équipé d’une régulation électronique, et que le terminal accepte la carte.

« Beaucoup d’agriculteurs s’interrogent sur les trémies, sur la possibilité de gérer semences, engrais et microgranulés en un seul passage. Jamais nous ne sommes interpellés sur des questions liées à la modulation de dose », témoigne Florent Hugon, responsable produits semis chez Horsch. « Le service coûte cher, pointe JeanCharles Lescieux, chef produit épandeur d’engrais Bogballe. En

34 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
CHAMBRE D’AGRICULTURE DE LA SOMME
Récolte des essais modulation intraparcellaire en bande réalisés par la chambre d’agriculture de la Somme à Aizecourt-leHaut (Somme). Pour les semis, les meilleurs gains obtenus sont 2 q/ha.

L’AVIS DU CONSTRUCTEUR

Florent Hugon, responsable produit semis chez Horsch

« Au semis, un intérêt notable dans les parcelles très hétérogènes »

outre, il est indispensable de posséder un semoir adapté, qui coûte cher également et qui n’est pas renouvelé aussi souvent qu’un épandeur d’engrais. » Le retour sur investissement se révèle difficile à chiffrer. D’après les résultats des essais conduits par la chambre d’agriculture des Hauts-de-France, « le gain le plus important que l’on obtient se monte à 2 q/ha et dans le pire des cas, ça ne fait aucune différence », résume Aline Dupont, spécialiste des équipements connectés. Si l’intérêt économique est plutôt limité, la modulation de la dose de semis a du sens agronomiquement, surtout les années sèches, estime néanmoins Aline Dupont. On adapte le peuplement de la culture en fonction du potentiel du sol et de sa capacité de rétention d’eau.

Avec les fongicides, peu de perspectives

La modulation intraparcellaire en protection fongicide n’est pas davantage répandue. L’outil développé par BASF, Xarvio Field Manager, permet d’adapter la quantité de produit sur la base d’une carte de la biomasse, avec un modèle de prévision des stades de développement de la plante en fonction des dates de semis, de la variété, des données météorologiques… Résultat : moduler la pulvérisation à l’échelle de la rampe, de la buse ou du tronçon s’avère possible, selon le matériel dont l’agriculteur dispose. Celui-ci choisit la substance, la dose maximale qu’il veut appliquer et la machine adapte automatiquement selon la zone dans laquelle elle se situe.

« Les économies peuvent atteindre 15 % », prétend Jérôme Clair, responsable Xarvio Digital Farming Solutions. Ici, l’objectif est bien de réduire la quantité de produit. Cependant, les

à

JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 35
Pour moduler les doses d’engrais de fond, la ferme 3.0 d’Aizecourt-le-Haut doit délimiter préalablement les zones de potentiels de sol en utilisant des images satellite du sol nu. CHAMBRE D’AGRICULTURE DE LA SOMME
DR
« Au semis, il est possible de moduler la dose selon deux manières. La première, manuelle, est la plus répandue. Elle s’opère à partir du terminal de commandes standard en cabine, sans nécessiter d’option particulière pour gérer les cartes de préconisations. L’opérateur fait varier la dose dans les zones du champ qui le nécessitent directement via l’interrupteur. La seconde méthode est la gestion automatique de la dose à partir des préconisations fournies par la carte. Dans ce cas, il est indispensable de posséder un récepteur GPS et d’activer la licence (payante) Isobus-TC, par exemple Track leader II avec un terminal Horsch. Pour ceux qui veulent gérer indépendamment la modulation de dose de plusieurs produits (semences, engrais, microgranulés), le dispositif Multi-control est également disponible en option. Un équipement intéressant si l’exploitant est équipé d’un outil à plusieurs trémies. Il est nécessaire, toutefois, que le fermier ait des compétences solides en matière d’utilisation du GPS et du terminal. La modulation de dose est particulièrement intéressante dans les situations à fort potentiel de rendement ou inversement, dans les parcelles très hétérogènes. »

PARTAGE D’EXPÉRIENCE Machinisme

Le coût constitue le principal frein au développement de la modulation de dose intraparcellaire côté semis. Celui-ci s’explique par les diagnostics de sol à réaliser, nécessitant des tests de conductivité, des carottages, des fosses d’analyses…

agriculteurs sont encore réticents. « Ils ont peur du risque encouru en réduisant la dose, constate Aymeric Lepage, de la chambre d’agriculture de l’Aisne. Le potentiel de développement de la technique est limité dans un futur proche. »

De nombreux freins à lever

Le développement de la modulation intraparcellaire, de façon générale, se heurte à son coût élevé. Mais « depuis deux ans, avec l’augmentation du prix de l’ammonitrate, les ventes d’outils équipés de la modulation de dose sont en plein essor », constate David Guy. Autre frein : l’aspect technique. « Aujourd’hui, dans un cas sur deux, personne ne s’inscrit pour suivre la formation à l’utilisation des machines, regrette François-Xavier Janin, chef de produit grandes cultures pour France Pulvé. Il faut réussir à démocratiser ces nouvelles technologies. » Les constructeurs de matériels semblent unanimes : tout ça est trop compliqué. « Les exploitants ont peur de l’électronique », constate Florent Hendrycks,

d’Amazone. Et puis, « quand on ne fait pas soi-même la carte de modulation, on n’est pas maître de son système, d’où certaines réticences », signale, Jean-Charles Lescieux. Au passage, il s’interroge sur la fiabilité des services clés en main proposés par certaines coopératives.

Les constructeurs ont, en tout cas, bien conscience de la nécessité de simplifier l’accès aux technologies. Onze d’entre eux ont d’ailleurs créé un outil universel de transfert de données, baptisé « Agri-router ». Le logiciel permet d’interconnecter les solutions, du bureau vers le champ et vice-versa. ■

36 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023
KUHN
Onze constructeurs de matériels ont développé une plateforme d’échange de données indépendante et universelle, baptisée « Agri-router ».
LEMKEN
« Depuis deux ans, avec l’augmentation du prix de l’ammonitrate, les ventes d’équipements de modulation de dose sont en plein essor
»
DAVID GUY, directeur général du groupe Burel

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PROJET DESCINN

Ces agriculteurs qui repensent leurs systèmes de cultures

En Auvergne-Rhône-Alpes, sept exploitations ont intégré le projet Développement et étude de systèmes de cultures innovants, ou « Descinn », depuis 2016 ou 2019. Comme son nom l’indique, ce dispositif accompagne les agriculteurs dans leurs changements, via l’expérimentation-système.

L’objectif d’une expérimentationsystème est d’évaluer la faisabilité technique d’une nouvelle méthode de culture, ainsi que la cohérence agronomique des décisions prises, et d’établir les règles de décision pour la piloter », indique Thomas Pacaud, responsable de pôle à la chambre d’agriculture régionale d’AuvergneRhône-Alpes. Particularité du projet Développement et étude de systèmes de cultures innovants (Descinn) : « ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui définissent

le système à tester, lors d’un atelier de coconception. En cohérence avec leurs objectifs, le contexte et le matériel présent sur leur exploitation », précise Mickaël Bimbard, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture de l’Allier.

Allonger la rotation

Installé à Neure, dans le nord de l’Allier, Jean-Marc Chamignon apprécie notamment « les échanges avec les autres agriculteurs engagés, et l’appui technique de la chambre d’agriculture. On peut poser

les problèmes à plusieurs », précise-t-il. Jean-Marc Chamignon a intégré le projet Descinn en 2019. Cette année-là, il a eu l’opportunité de reprendre un étang aux portes de son exploitation. « Cela m’a permis de sécuriser les cultures d’hiver, d’intégrer notamment du maïs pour allonger la rotation, initialement colza/blé/orge, et ainsi de contribuer à limiter le souci de ray-grass résistants », indique-t-il.

Autre objectif recherché : sécuriser son autonomie fourragère, car Jean-Marc

Par SOPHIE GUYOMARD sguyomard@terre-net-media.fr « 38 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 PARTAGE D'EXPÉRIENCE Cultures
PIXABAY
Le projet Descinn regroupe sept exploitations partenaires réparties sur les départements de l’Allier, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme.

Chamignon élève 140 vaches charolaises. En cas de manque d’herbe, le maïs peut être transféré en fourrage. La luzerne complète la production. Elle offre un double avantage : allonger la rotation et renforcer l’autonomie protéique de l’exploitation. Le tournesol a également été testé, mais se révèle « plus compliqué dans le secteur ».

Limiter le travail du sol et l’érosion

Autre partenaire, depuis 2016, du réseau Descinn, Didier Manlhiot est établi à Saint-Rémy-de-Chargnat, dans le Puyde-Dôme. « Les terres de l’exploitation sont très usantes, explique-t-il, l’objectif était de réduire le travail du sol. Cela fonctionne et permet de baisser les coûts de production. » Afin de limiter l’érosion, l’agriculteur implante des couverts végétaux. « Le but est aussi de faire revenir les auxiliaires de culture pour limiter l’usage de produits phyto », précise-t-il.

Selon Didier Manlhiot, le colza joue un rôle important dans sa transition vers le semis direct. « Il structure le sol grâce à son pivot et facilite la gestion des graminées dans les rotations céréalières. Les plantes compagnes pérennes (féverole, trèfle et luzerne ou lotier) associées au colza servent dans l’interculture, une fois le colza récolté. Le blé est semé directement dans le couvert de légumineuses. » En cinq ans, le taux de MO de l’exploitation est passé de 2 à 3 % environ, et les techniques d’agriculture de conservation n’ont pas pénalisé la productivité des cultures.

Les premiers enseignements

Toutes les expérimentations-systèmes menées dans le cadre de Descinn font l’objet d’une modélisation avec l’outil Systerre, afin de construire des indicateurs relatifs sur les différents facteurs d’évaluation (rentabilité technico-économique, temps de travail, consommation de produits phyto, risque d’émissions de gaz à effet de serre (GES)…). Si les résultats complets par exploitation ne seront disponibles qu’à partir de l’automne 2023, la chambre d’agriculture régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes a présenté les premières observations issues de la mise en commun des projets Descinn et Terrae.

L’EXPLOITATION DE JEAN-MARC CHAMIGNON EN BREF

■ SAU : 260 ha, dont 100 ha en cultures de vente, le reste en prairies permanentes

■ Type de sol : très sableux, 10 % argile

■ Cumul de précipitations annuel : entre 650 et 750 mm, secteur souvent sujet aux coups de chaud estivaux

■ Élevage de 140 vaches charolaises, engraissement de vaches de réforme et production de broutards

Jean-François Vian, enseignant-chercheur à l’Isara et docteur en sciences agronomiques, remarque « une augmentation assez générale des charges de semences entre les systèmes de référence et ceux innovants, essentiellement due aux couverts

entraîne aussi des bénéfices quant aux émissions de GES.

Concernant les charges de mécanisation, « les économies sont faibles, car les systèmes de référence étaient déjà en TCS et/ou avec du matériel amorti ». Pour Jean-François Vian, « les résultats auraient été différents si les systèmes initiaux étaient concernés par une plus forte mécanisation ou en système labour. Par ailleurs, le facteur carburant a aussi un faible effet dans le bilan global. » Une baisse des IFT (indice de fréquence de traitement) est constatée grâce à la diversification de la rotation. Pour les systèmes en transition vers l’agriculture de conservation des sols (ACS), l’IFT herbicides cultures n’augmente pas si la rotation est allongée, par contre, on observe une hausse de l’IFT herbicides pour les intercultures.

L’importance de la maîtrise technique

Parmi les autres constantes observées : la maîtrise technique, notamment en ACS, est déterminante, surtout pendant la période de transition. Passer par un système d’accompagnement, des discussions collectives, des formations, etc. est recommandé, afin d’éviter certains échecs techniques et repérer des combinaisons de pratiques qui fonctionnent ainsi que des règles de décision permettant d’intervenir au bon moment.

végétaux. Elle n’est pas toujours compensée par des baisses de charges ». Toutefois les équipes notent « une diminution des achats d’engrais grâce à la valorisation des couverts végétaux et à l’insertion de légumineuses dans les rotations » Cela

L’EXPLOITATION DE DIDIER MANLHIOT EN BREF

■ SAU : 110 ha de grandes cultures

■ Rotation : blé tendre et blé semences, maïs semences, tournesol, colza, orge/lin/lentilles selon l’assolement

■ Types de sols : hétérogènes ; argilocalcaire superficiels, alluvions et terres granitiques

Dans les résultats jusque-là analysés, « les charges liées aux couverts végétaux sont non négligeables, pour un retour sur investissement parfois faible », rapportent les équipes. Mais ces dernières précisent toutefois : « Toutes nos modélisations sont basées sur des prix d’avant 2022. Si on refaisait la simulation avec le prix des engrais actuel, l’intérêt des couverts végétaux serait plus flagrant. » La production de semences à l’échelle territoriale ou de l’exploitation peut également constituer une solution pour réduire les charges. « Et si les effets sur l’environnement sont variables selon les systèmes, la clef de la gestion des GES reste la gestion de l’azote, et la baisse des produits phyto est essentiellement liée à la diversification des rotations », concluent les équipes. ■

JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 39
En cinq ans, le taux de MO est passé de 2 à 3 % environ, et les techniques d’agriculture de conservation n’ont pas pénalisé la productivité des cultures

New Holland : ça gaz fort avec le T7 Methane Power au GNL !

Après le T6.180, New Holland a dévoilé son T7.270 version Methane Power. À la différence de son petit frère, il embarque du gaz liquéfié maintenu à -162 °C dans un réservoir en inox semblable en termes de capacité et d’autonomie à celui des modèles diesels. Fini les réservoirs additionnels !

NOUVELLES TECHNOLOGIES

Réduire l’impact environnemental de la profession

Tractoristes, équipementiers, manufacturiers… tous tentent de limiter l’impact des machines agricoles sur l’environnement. Qu’il s’agisse d’hydrogène, d’électricité, de méthane ou encore d’intelligence artificielle, les alternatives existent et, en vue de s’adapter aux particularités de chaque engin, devraient rester variées.

Manitou : carburer à l’hydrogène

Le groupe français a présenté sa feuille de route pour le développement de modèles fonctionnant à l’hydrogène et a dévoilé son prototype de chariot télescopique motorisé par un bloc fonctionnant à l’hydrogène vert. Objectif : 43 % de machines dites « basse émission » commercialisées en 2030.

John Deere : quelle motorisation, demain ?

Alors que les exigences environnementales se font plus pressantes sur tous les continents, John Deere a choisi de ne pas choisir, préférant travailler sur tous les types de motorisation afin de pouvoir adapter sa réponse en fonction du pays et du type de machine.

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.f 40 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 BRÈVES DES CHAMPS En photos
NEW HOLLAND MANITOU JOHN DEERE

Lemken : investissement

artificielle

dans l’intelligence

Lemken continue d’investir dans les technologies de pointe. La marque a récemment annoncé sa prise de participation au sein de la société néerlandaise Track32, spécialisée dans les logiciels et l’intelligence artificielle. Une collaboration qui devrait faire gagner les outils en précision, qu’ils soient pilotés par un opérateur ou un robot, à l’avenir.

CES 2023 : les fermes de plus en plus connectées

Depuis son téléphone, l’agriculteur surveille la santé de ses cultures, le niveau d’aliments contenus dans les silos… Au dernier salon de l’électronique CES (Consumer Electronics Show), à Las Vegas, qui s’est tenu du 5 au 8 janvier, start-up et géants de l’agriculture ont proposé de nombreux outils pour collecter des données, les analyser et aider les exploitants à prendre les bonnes décisions.

FPT Industrial : le N67 équipe le 1er tracteur GNL

FPT Industrial a spécialement développé son moteur N67 NG pour le nouveau tracteur T7 Methane Power LNG (Liquified Natural Gas) de New Holland. Il a été conçu pour offrir les mêmes performances que la version diesel équivalente question puissance, couple, durabilité et intervalles de maintenance. Pour l’opérateur, aucune différence, excepté qu’il faut faire le plein avec du biométhane liquéfié, issu idéalement de la méthanisation installée sur la ferme. Résultat : bilan carbone négatif et mise en place d’écosystèmes circulaires sur les exploitations.

BKT : des pneus spécifiques aux engins électriques

Pour le moment, le pneu AgriMaxFactor est le seul à porter le logo « E-Ready » imprimé sur son flanc, mais à l’avenir, tous les modèles BKT devraient intégrer cette technologie. Les engins électriques sont en effet plus lourds (jusqu’à plus 30 %) à cause des batteries, ce qui affecte le travail du pneu. Sans compter qu’ils atteignent rapidement leur puissance maximale dès que le conducteur appuie sur l’accélérateur. Leurs déplacements plus rapides et plus intenses que ceux des tracteurs conventionnels influent sur l’usure. Enfin, la conception du pneu ne doit pas augmenter la consommation électrique. La résistance au roulement doit donc être minimisée.

Agritechnica 2023 : la productivité verte en fil conducteur

Au programme du prochain salon allemand Agritechnica (du 12 au 18 novembre à Hanovre) : évènements en direct, démonstrations et série de « scènes d’experts » explorant des sujets tels que la pulvérisation intelligente, la détection intelligente à distance, la connectivité, les équipements agricoles autonomes et les systèmes de transmission alternatifs. Sans oublier la partie efficacité et économie de ressources grâce aux pneus, au lestage et aux systèmes d’assistance.

DLG JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 41
FPT INDUSTRIAL LEMKEN ADOBE STOCK BKT

Des conditions idéales pour le labour d’hiver

Vous êtes tous d’accord. Cet hiver, les conditions météorologiques sont plutôt idéales pour faire du bon boulot ! Après un épisode neigeux ou une série de gelées matinales, pendant de belles journées presque printanières, vous avez profité de ce début d’année pour avancer dans les champs et préparer la prochaine saison. Les mouettes n’ont pas manqué l’occasion de venir grignoter quelques vers de terre fraîchement mis à l’air !

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.f 42 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 BRÈVES DES CHAMPS Online
LA REVUE DES RÉSEAUX

CES MOISSONNEUSES-BATTEUSES DE LÉGENDE DE 1920 À 1990 !

TOME 3

Pour cet ultime volume de la série sur « les moissonneusesbatteuses de 1920 à 1990 », vous découvrirez des marques et des modèles connus car utilisés en France. Mais vous découvrirez également d’autres marques et d’autres modèles, jamais commercialisés dans notre pays mais dont les documents publicitaires avaient pourtant été édités dans notre langue sans rencontrer de succès auprès des agriculteurs.

C’est 50 nouvelles marques qui compléteront la collection des deux premiers tomes.

avaient

L’AUTEUR

Bernard Gibert

BON DE COMMANDE

Aujourd’hui, l’auteur ne pourra plus faire d’ouvrages présentant autant de modèles car quelques marques seulement se partagent le marché mondial dont les plus connues sont : John Deere avec toute sorte de modèles, Case avec ses Axial Flow, New Holland avec ses CR, MasseyFerguson avec son Ideal, sa toute nouvelle machine.

2022 - 376 pages

21 x 29,7 cm - 45 ¤

Réf. : 923029

www.editions-france-agricole.fr

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Lau :

« À quand la tonne à 51 € comme dans certains pays de l’Union européenne pour compenser la baisse du rendement betteravier suite à la suppression des néonicotinoïdes ? »

Jean :

« On va remplacer cette substance par une usine à gaz censée indemniser les pertes. On peut faire confiance à notre administration pour établir un protocole ad hoc qui amènera, potentiellement, au bout d’un certain temps, à une pseudo-indemnité si on a rempli un certain nombre de conditions imaginées par des agronomes de salon. »

agri27 :

« Le ministre baisse son pantalon devant Bruxelles. »

Emmanuel :

« On comprend mieux pourquoi Julien Denormandie a préféré quitter son poste… Et on a voulu nous faire croire que la dérogation d’utilisation des néonicotinoïdes serait valable trois ans ?! Malgré les engagements sur les moyens de recherche mis en place, la filière betteravière française est remise en cause ! Et le ministre acquiesce !! La France est vraiment malmenée et ne pèse pas lourd !!! Dire qu’Emmanuel Macron veut relancer nos outils de production et notre souveraineté industrielle et alimentaire !!!! »

Néonicotinoïdes

La filière betteravière va-t-elle rendre son dernier souffle ?

La fin des dérogations sur les néonicotinoïdes, décidée il y a quelques jours par l’Union européenne puis la France, a fait l’effet d’une déflagration dans le monde betteravier et chez les lecteurs de Terre-net. Lesquels ne mâchent pas leurs mots et parlent de « trahison ». La filière va morfler…

Thierry :

« Comment enterrer un pays leader en Europe !!! [...] Merci à tous nos gouvernants technocrates !! »

Nico :

« Que la France interdise les colliers antipuces, les aérosols anti-acariens, puisqu’ils contiennent des néonicotinoïdes et sont utilisés sans aucune protection par le grand public, y compris par nos détracteurs. »

Momo :

« Ne pas faire de betterave en 2023 ! Une année sans sucre, ça fera réfléchir ! Ce n’est pas difficile, il y a encore le temps d’implanter autre chose. [...] Ce n’est peut-être pas ce qu’ils veulent, mais c’est ce qu’ils méritent. »

donc dans le sol, et alors que la culture est récoltée avant floraison. Mais en Allemagne, ces produits sont autorisés en pulvérisation, et sont volatils dans l’air. Où les NNI sont-ils les plus dangereux ?? [...] »

Jpland :

Mika80 :

« En Europe, on n’a pas le droit d’utiliser des NNI en enrobage de graines,

«

[…] encore une fois, on met la charrue avant les bœufs ! Bien que nous devions aller dans ce sens, quelles substances ou méthodes alternatives aux néonicotinoïdes ? Allons-nous devoir importer du sucre de Russie, deuxième producteur mondial (défense de rire), ou d’ailleurs sans garantie d’absence de l’insecticide ? Je crains de me retrouver sans réponse et que se reproduise ce qui est déjà survenu par manque d’anticipation, comme la crise énergétique, par exemple [...] »

Mika80 :

« La recherche n’est pas encore prête et pour le peu de variétés de betterave résistantes à la jaunisse qui seraient disponibles, la quantité de semence ne sera pas suffisante. […] que ceux qui sont pour l’arrêt des dérogations sur les néonicotinoïdes soient privés de 50 % de leur salaire ! »

Arnaud :

« Encaissons les aides Pac et allons travailler ailleurs : plein de monde cherche des travailleurs. » ■

Par CÉLINE CLÉMENT ceclement@terre-net-media.fr 44 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 BRÈVES DES CHAMPS Paroles de lecteurs
« C’est pas grave, on va importer du sucre de betteraves aux néonicotinoïdes d’ailleurs dans le monde. »
SALUT

La justice de l’UE bannit les dérogations sur les néonicotinoïdes

En l’absence de nouvelle dérogation pour utiliser les néonicotinoïdes, la production de betteraves sucrières risque d’être décimée par la jaunisse, véhiculée par les pucerons, comme en 2020.

Aucune dérogation n’est possible à l’interdiction européenne des semences traitées aux néonicotinoïdes, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves, a estimé jeudi 19 janvier la Cour de justice de l’Union européenne, compromettant les « autorisations d’urgence » octroyées par plusieurs pays, dont la France.

L’Union européenne interdit depuis 2018 l’usage en plein champ de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride), accusés d’accélérer le déclin massif des colonies d’abeilles. Apparues dans les années 1990, ces matières actives protègent notamment les betteraves de la jaunisse, transmise par les pucerons verts, en s’attaquant au système nerveux des insectes, donc des pollinisateurs. Onze États membres de l’Union ont adopté des « autorisations d’urgence » de ces molécules pour faire face à la baisse de leurs rendements due aux maladies, dont la

Belgique et la France. Ils s’apprêtaient, pour la troisième année, à renouveler la dérogation pour le traitement des semences dont les semis démarreront en mars.

Si la France, premier producteur de sucre européen, renonçait à une nouvelle dérogation, 24 000 planteurs français se retrouveraient dans « une situation très difficile », a réagi Christian Durlin, producteur du nord de la France, auprès de l’AFP. Selon la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), « la brutalité d’une telle décision, appliquée en l’état, risquerait d’entraîner des conséquences désastreuses et irréversibles dans nos territoires ruraux

alors même que les politiques encouragent la souveraineté énergétique et la réindustrialisation de la France. »

Néonicotinoïdes : point final !

Le gouvernement a d’abord annoncé analyser la situation. Mais « revenir année après année sur cette interdiction est un renoncement assumé du gouvernement à protéger les insectes, la biodiversité, notre environnement et notre santé. Cela doit s’arrêter », juge la Confédération paysanne, pour qui « la filière betterave a eu le temps de se préparer ». Finalement, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a déclaré à l’occasion d’un point presse à Paris : « Je n’ai aucune intention de balader les agriculteurs et en particulier ceux qui sont inquiets, car c’est dans quatre à six semaines qu’ils vont prendre la décision d’implanter leurs semences. » Le gouvernement ne proposera donc pas une « troisième année de dérogation sur l’enrobage des semences de betteraves, c’est terminé pour cet élément-là, la décision de la Cour de justice européenne est suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système » , a-t-il souligné.

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a salué la « grande victoire pour la biodiversité » avec cette décision qui « témoigne que la protection de la biodiversité, le respect du droit européen et la garantie du revenu des agriculteurs peuvent être conciliés » « Néonicotinoïdes : point final ! » a de son côté claironné l’association Agir pour l’environnement, qui avait par deux fois porté ce combat contre les néonicotinoïdes devant le Conseil d’État, réclamant en vain leur interdiction totale.

Le groupe coopératif Cristal Union a annoncé que la tonne de betteraves sucrières serait achetée 45 € pour 16 ° de teneur en sucre, contre un peu plus de 40 € en 2022, soit près de 12,5 % de plus. L’objectif est « d’aider les adhérents à passer le cap » après le « coup de massue ». ■

Par DELPHINE JEANNE et AFP djeanne@terre-net-media.fr JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 45 BRÈVES DES CHAMPS Éclairage
CHEZ LES BETTERAVIERS
DÉFLAGRATION
CGB

KVERNELAND

Acquisition de la marque française Phenix Agrosystem

Fin janvier, le groupe Kverneland a signé l’acquisition de 100 % des parts de l’entreprise BC Technique SAS, acteur dans la fabrication de bineuses, d’interfaces de guidage, de houes rotatives et de herses étrilles. Les produits, distribués sous la marque Phenix Agrosystem, ont pour but de maîtriser la végétation adventice dans les cultures. Yasukazu Kamada, président et CEO de Kverneland Group, a précisé que l’acquisition de Phenix Agrosystem renforcerait l’engagement stratégique du groupe à fournir des solutions pour une agriculture durable. Question distribution, le réseau actuel devrait perdurer. En parallèle, les outils seront fabriqués aux couleurs de Kverneland et de Kubota.

KRONE SMARTCONNECT SOLAR UN BOÎTIER AUTONOME METTANT EN RÉSEAU TOUTES LES MACHINES

Krone ajoute un boîtier connecté à son offre.

Simple à utiliser, le SmartConnect Solar dispose d’un capteur solaire le rendant totalement autonome.

L’unité de télémétrie rend la collecte des données des matériels toujours plus facile.

Faucheuses, faneuses, andaineurs… tous les outils, même dépourvus d’électronique embarqué, peuvent en bénéficier. Et ceci indépendamment de la marque.

Textos

➜ Fertilisation : être moins accro aux engrais sans sacrifier les rendements Réduire le recours aux engrais azotés tout en conservant des rendements agricoles capables de nourrir 10 milliards d’humains est possible et bénéficierait à l’environnement comme à la santé, estiment des chercheurs dans une étude publiée par la prestigieuse revue scientifique Nature

➜ AGPB : coûts de production non couverts en 2023

Malgré des cours intéressants en 2022, l’AGPB alerte sur la campagne à venir, alors que le prix des céréales redescend et que les charges demeurent à des

VÄDERSTAD UN CHIFFRE D’AFFAIRES RECORD DE 550 M€ EN 2022 !

Väderstad a atteint un nouveau chiffre d’affaires record. Après avoir cumulé 420 millions d’euros (M€) en 2021, le constructeur suédois annonce 550 M€ pour l’exercice 2022. Une année très particulière pour de nombreuses entreprises, lié aux difficultés engendrées par la pandémie de Covid-19. L’impact est multiple : augmentation du nombre de congés maladie, difficultés d’approvisionnement en matières premières et en composants, flambée du prix de l’acier… À cela s’ajoutent les répercussions de la guerre en Ukraine. Concernant le marché français, les ventes ont fortement progressé, avec une hausse de 18 %.

niveaux jamais atteints. À ces difficultés s’ajoutent des décisions politiques ou administratives incohérentes avec l’enjeu de souveraineté alimentaire, comme sur les néonicotinoïdes ou les dates de semis d’orge de printemps, déplore le syndicat des producteurs de céréales.

➜ Droit : peut-on vous refuser l’accès à une parcelle enclavée ? Selon Magali Broustal, juriste aux chambres d’agriculture de Bretagne, une situation d’enclave implique un terrain isolé ne disposant d’aucun accès ou disposant d’une issue insuffisante sur la voie publique, qui rend obligatoire

le passage par une autre parcelle, en l’occurrence celle de votre voisin. Dans ce cas, l’article 682 du Code civil reconnaît au propriétaire du terrain enclavé un droit de passage, par l’endroit le plus court et le moins dommageable, deux conditions cumulatives.

➜ Reliquats azotés : soigner ses prélèvements de terre Mesurer les reliquats azotés en sortie d’hiver est primordial afin d’ajuster au mieux le plan de fumure des cultures. Pour obtenir des résultats de qualité, Arvalis-Institut du végétal préconise de réaliser un minimum de 14 prélèvements dans un cercle de 20 m de diamètre.

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr 46 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 KRONE
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➜ À VOIR SUR YOUTUBE

Découverte d’une ferme aux Pays-Bas

L’agriculteur loirétain Gilles Van Kempen (alias « Gilles VK ») est né aux PaysBas, sur la ferme où est né son grandpère. « Mes grands-parents sont arrivés en France entre les deux guerres », explique-t-il. Le Youtubeur a profité d’un passage chez ses cousins éloignés, qui gèrent désormais l’exploitation –170 ha dont 30 d’oignons, 60 de pommes de terre, 20 de betteraves sucrières, 40 de blé tendre et 20 d’endives –, pour tourner une vidéo. « Les sols sont très riches, faciles à travailler et très humides l’hiver. préciset-il. Des fossés ont été creusés pour évacuer l’eau. »

Parcourez la ferme néerlandaise en vidéo.

À VOIR SUR YOUTUBE

Conseils et retour d’expérience sur le strip-till

Le strip-till consiste à travailler seulement la bande de semis. Dans une vidéo, Jérémy Guil, de la chambre d’agriculture de Bretagne, et Florian Salmon, éleveur en Ille-etVilaine, reviennent sur ses avantages et ses inconvénients, et livrent leurs conseils. Réduire la consommation de carburant et le besoin de puissance de traction, maintenir les résidus de surface pour limiter l’érosion, tels sont les principaux atouts de la technique. L’outil spécifique nécessaire a cependant un coût élevé.

Découvrir la vidéo en réalité augmentée.

➜ À VOIR SUR YOUTUBE

Anicet Bretagne cultive du chanvre depuis 2009

Selon Anicet Bretagne, agriculteur icaunais, « le chanvre est peu gourmand en intrants, nécessite peu d’engrais et aucun produit phyto sur l’ensemble de son cycle. » La graine (ou chènevis) est récoltée pour l’alimentation animale ou humaine. Les fibres, le bois (la chènevotte) et les poussières peuvent servir à fabriquer de la pâte à papier, du textile, de la plasturgie… Quant à la fleur et la feuille, « il est dorénavant possible de récolter ces organes dont la teneur en CBD est la plus élevée », précise Louis-Marie Allard, ingénieur développement chez Terres Inovia.

Apprenez-en davantage grâce à la réalité augmentée.

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr JANVIER-FÉVRIER 2023 / Le Magazine / 47
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D’AGRICULTURE DE BRETAGNE

INFORMATIONS AGRICOLES

Terre-net.fr a fait peau neuve !

Le site Internet Terre-net.fr s’est refait une beauté pour fluidifier la navigation, présenter ses contenus marchés et météo de manière plus structurée, et mettre davantage en avant les avis et les commentaires de ses lecteurs qui réagissent sur les sujets agricoles.

Terre-net.fr n’avait pas bénéficié d’un ravalement de façade depuis 2014 ! Depuis plusieurs mois, toute l’équipe travaillait à la rénovation de l’un des sites leader de l’information agricole. Depuis le 7 décembre 2022, la nouvelle mouture est en ligne.

L’entête, en premier lieu, a été enrichi. Il propose maintenant différentes portes d’entrée à l’information : des premières indications sur la météo et le cours du blé, du maïs et du colza, des « entrées » pour accéder plus rapidement aux vidéos et aux podcasts, sans oublier le formulaire d’inscription pour recevoir facilement les newsletters.

Communautés, réactivité, partage d’idées !

Grâce à l’onglet « Idées et débats », l’agriculteur retrouve plus facilement les contenus lui offrant la parole : témoignages, reportages, réactions et avis sur les sujets du moment. L’idée est de souligner que sur Terre-net.fr, les dires de l’exploitant

ont autant d’importance et de valeur que ceux des représentants professionnels ou du ministre.

Aux entrées habituelles vers les communautés d’informations – marchés, météo,

de matériels agricoles d’occasion de Terre-net Occasions.

Une lecture facilitée

actualité des cultures, machinisme –s’ajoutent quatre autres thématiques. Dans un contexte où plus de la moitié des exploitations sont gérées par des agriculteurs de plus de 55 ans, l’accès « Installation » permet de retrouver toute l’actualité d’un enjeu clé pour la profession. Comme son nom l’indique, « Économie-politique » reprend les actualités de la filière, « Élevage » redirige directement vers le contenu du site Web-agri. fr, et enfin l’onglet « Services » regroupe les offres d’emploi proposées par JobAgri. com ainsi que les petites annonces

La rubrique « Marchés » (cotations, analyses et tendances…) a été hiérarchisée selon l’importance des sujets et le niveau d’expertise. Choisissez la culture ou le type d’engrais, puis accédez à leurs cotations, les analyses et les tendances y correspondant. L’espace « Météo » met davantage en avant les prévisions à dix jours, incluant les données météorologiques et agronomiques utiles. Dorénavant, Terrenet.fr met aussi plus en avant les commentaires, notamment grâce aux espaces « Ça fait réagir » et « Articles les plus commentés ». Davantage de sondages sont également présents, selon les centres d’intérêt de l’internaute.

Outre ces évolutions en matière de navigation, le site continue de proposer des formats d’information différenciants (infographies, cartes interactives…), traités dans la pluralité à laquelle le lecteur peut contribuer. Le tout via des pages plus aérées. ■

Par ARNAUD CARPON acarpon@terre-net-media.fr 48 / Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2023 BRÈVES DES CHAMPS Le saviez-vous ?
Des pages plus aérées proposant la pluralité et facilitant l’interaction avec le lecteur
Depuis le 7 décembre 2022, Terre-net.fr a changé de look pour rendre la navigation plus fluide et faciliter l’accès aux informations. TERRE-NET MÉDIA
TOUTES LES MARQUES COTÉES www.terre-net-occasions.fr Suivez nous sur 1ER SERVICE ONLINE 100% GRATUIT POUR TOUS LES PROFESSIONNELS AGRICOLES
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