L'architecture scolaire en France - Etat des lieux d'hier à aujourd'hui

L’architecture scolaire en France Etat des lieux d’hier à aujourd’hui Année 2018 - 2019 Waechter Lisa

Remerciements

Je tiens à remercier,

Serge Wachter, Mina Saidi, Emmanuel Amougou et Yannick Gourvil, enseignants du séminaire APUS : Architecture Projet Urbain et Société à l’école de l’ENSA Paris La Villette Cécile Bonnet, directrice de l’école élémentaire Niki De Saint Phalle qui a pris le temps de répondre à mes questions et de me faire visiter cette école.

Paul Le Quernec, architecte de l’école Niki de Saint-Phalle.

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Claire Le Floch, jeune architecte qui, m’a apporté des conseils et expliqué la démarche de son projet de fin d’étude.

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Remerciements

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2.2 Des outils architecturaux au service de l’enfant 2.2.1L’importance de la lumière naturelle 2.2.2 Couleurs et formes

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Sommaire Introduction

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2.3 L’exemple de la Vittra Telefonplan à Stockholm

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1. Historique des constructions scolaires en France

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3. Comment créer un lien entre l’école et l’espace public ?

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3.1 Etude et réflexion autour de l’enfant

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1.1 Aux sources de l’école publique

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1.1.1 L’école sous l’Ancien Régime et l’école simultanée 1.1.2 La Révolution 1.1.3 La loi Guizot et l’école mutuelle

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3.2 Le projet de fin d’étude de Claire le Floch

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Conclusion

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1.2 L’élaboration de l’école publique par l’Etat

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Annexes

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1.2.1 Premiers pas des architectes vers la définition d’une maison d’école spécifique 1.2.2 Des normes de plus en plus exigeantes 1.2.3 L’école des années 1880

1.3 Vers une maison pour l’enfant 1.3.1 Eau, son et exposition 1.3.2 La période d’après-guerre : entre industrialisation et standardisation 1.3.3 Les instructions de 1973 2. L’architecture scolaire au service de l’enfant 2.1 L’importance de la répartition des espaces : de la programmation à la production de l’architecte 2.1.1La programmation 2.1.2La répartition des espaces au sein de l’école Niki de Saint Phalle

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Bibliographie

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L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Sommaire

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Introduction

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Mais qu’en est-il d’aujourd’hui ? Il est intéressant de montrer l’évolution de l’architecture scolaire depuis ses premiers traités jusqu’à aujourd’hui et d’aborder sa relation avec l’extérieur afin d’en connaitre toutes ses spécificités.

L’architecture pour enfants est le lieu de rencontre entre l’imaginaire de l’enfant et celui de l’architecte. Ces lieux doivent répondre à des besoins spatiaux différents des adultes. Plus particulièrement, les lieux liés à l’éducation sont des endroits quotidiens dans lesquels l’enfant apprend et développe sa future personnalité. L’architecture qui l’entoure a en quelques sortes un rôle d’éducateur à travers ses formes, couleurs et espaces. L’école est un lieu d’apprentissage qui rassemble différents acteurs : enseignants, assistants, élèves, animateurs et parfois, sur certains temps les parents. C’est une architecture multidimensionnelle, surtout à travers l’oeil de l’enfant qui se doit d’être stimulante pour faciliter sa communication, son analyse et son comportement. Ainsi, elle doit regrouper des besoins spécifiques éveillant sa perception spatiale et ses sens (des repères notamment). Elle se doit d’être à la fois sécuritaire et sécurisante tout en respectant un fil conducteur afin que

l’enfant puisse se sentir en confiance tout en prenant une certaine liberté d’action.

Certains préceptes sont établis par les architectes tels que des espaces non encombrés par des objets et en contre parti, ajouter des fonctions aux espaces ordinaires. Utiliser un sol inégal, ne pas surprotéger l’espace, y laisser quelques endroits cachés, privilégier la lumière, la ventilation et des matériaux (bois, métal, verre) naturels avec une obligation d’espaces extérieurs s’ajoutent à cette base.

L’architecture, ici, a donc pour rôle de provoquer l’imaginaire et la découverte chez l’enfant.

Ce qui entoure l’architecture scolaire a tout autant son importance. L’enfant citadin se retrouve le plus souvent face à une rue en sortant de l’école, sans vraiment d’élément de transition.

Certaines particularités de la ville et surtout de la rue sont néfastes pour l’enfant. Ils sont assez faciles à remarquer : trottoirs trop étroits et irréguliers, souvent embarrassés de poubelles, grandes voies difficiles à traverser, voitures qui roulent vite avec leurs pots d’échappement à la hauteur de leurs têtes, bancs rares, et parfois même, des pelouses interdites dans les parcs.

Plusieurs sociologues, urbanistes et psychologues soulignent une perte de sens de la communauté à l’intérieur de nos villes et une condition de vie urbaine de plus en plus difficile à vivre. Rissotto & Giuliani (2006) nomment notamment « déshumanisation » ce phénomène qui affecte les enfants qui voient leur liberté de mouvements compromis.

Ainsi, plusieurs corps de métiers liés à l’enfant s’organisent afin de travailler avec celui-ci sur ce sujet en essayant de rendre plus accessible les espaces publics qui l’entourent et de faire de la ville un lieu d’aventure et d’épanouissement.

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« L’École de la République s’est construite en empruntant ses modèles architecturaux à la caserne et au couvent. Elle a créé des établissements qui ont été des remarquables réussites adaptées à « l’esprit du temps » ainsi qu’aux outils et pratiques pédagogiques qui faisaient consensus à l’époque.

Cette architecture se donnait pour objectif d’organiser les mouvements des groupes, de mettre en scène la parole magistrale, de faciliter le travail individuel des élèves dans des collectifs stables, de créer les conditions de la méditation... Elle était très contrainte par une donnée jugée alors intangible : la classe de vingt à trente élèves encadrée par un adulte ayant le monopole de la transmission des savoirs, dans un temps très fortement segmenté. »1

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1 : Meirieu, Philippe. «Repenser l’architecture scolaire…pour que l’école puisse faire face aux défis de la modernité» [En ligne]. URL : http://www.meirieu.com/MANIFESTESETPROPOSITIONS/ college3ememill.pdf

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1. Histoire des constructions en France

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’enfant est un terme vaste; il se pose assez rapidement la question de l’âge. J’ai axé mon travail sur les caractéristiques de l’école maternelle et élémentaire. L’enfant a un âge compris entre 5 et 12 ans à peu prés, et selon la théorie de Piaget, nous nous situons entre deux stades de développement cognitifs (2 à 7 ans et 7 à 11 ans). En effet, « les enfants passent par différents stades spécifiques à leur intellect et à leur capacité de percevoir les relations matures. » 2 A travers ces périodes, l’enfant accroit son vocabulaire, il est très curieux et a une grande envie de découvrir et d’apprendre sur le monde qui l’entoure. A partir de 7 ans, il commence à développer une logique qu’à certains moments, lorsqu’il connait déjà le thème.3 L’enfant acquiert une certaine mobilité au niveau de sa relation comme de sa réflexion.

Mon plan s’articule donc autour de trois points. Tout d’abord je relate l’historique des constructions scolaires en France de la Gaule romaine à nos jours ; puis je développe sur l’évolution des traités pédagogiques à partir du 17ème siècle en passant par les temps forts de l’histoire comme la Révolution, la Loi Guizot, puis enfin l’élaboration de l’école publique en France par l’Etat.

Dans une seconde partie, nous étudierons l’architecture des bâtiments scolaires au service de l’enfant, au travers de deux études de cas : l’école de Niki de Saint Phale et l’ouverture d’un autre type d’école à Stockholm en Suède.

Enfin, dans une dernière partie, je m’ouvre à ce qui entoure l’école et à la transition que vit quotidiennement l’enfant en passant le seuil de ce bâtiment.

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2 : DELÉCRAZ, Jérome. La théorie de Piaget : les stades du développement cognitif de l’enfant, est-ce que votre enfant se développe selon son âge ? [En ligne], mis en ligne le 4 février 2018.

URL : https://blog.cognifit.com/fr/theorie-de-piaget/ 3 :DELÉCRAZ, Jérome. La théorie de Piaget : les stades du développement cognitif de l’enfant, est-ce que votre enfant se développe selon son âge ? [En ligne], mis en ligne le 4 février 2018.

URL : https://blog.cognifit.com/fr/theorie-de-piaget/

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Avant la parution en France des « Vrayes Constitutions des Religieuses de la Congrégation de Nostre-Dame », aucun document n’évoque l’école que nous connaissons aujourd’hui.

Elle se constitue le plus souvent d’un maître qui ne transmet qu’une matière à un groupe d’enfants dans un local qu’il s’approprie.

A l’époque de la Gaule Romaine (Ie siècle av JC / Ve siècle après JC), « l’école primaire est souvent installée dans une boutique, pergula, près des portiques du forum dans les villes. La classe est isolée de la rue par une tenture ou velum.

Les élèves sont assis sur des escabeaux sans dossier. Ils écrivent sur leurs genoux et sont regroupés autour du maître : primus magister ou magister ludi.» L’enfant doit principalement apprendre à lire et écrire.4 Au cours de la renaissance carolingienne (VIIIe-Xe siècles), les écoles monastiques et épiscopales se développent dans tout l’Empire.

Du XIe au XIIIe siècles, les villes se développent et les écoles deviennent de plus en plus nombreuses. « Partout où se tient un chapitre de chanoines, soit dans une cathédrale soit dans une collégiale, existe une école avec un enseignement à la fois élémentaire et secondaire. ». 5 Entre les XIVe et XVe siècles, les petites écoles se généralisent et les enfants âgés de 6 à 8 ans suivent les leçons dans des écoles dirigées par les curés dans les villages ou les clercs dans les villes. Parallèlement, les écoles des cathédrales et des collégiales, marquées par le mélange des âges et l’absence de gradation des programmes, sont toujours d’actualité. « L’Ancien Régime ne nous offre que quelques traités de pédagogie témoignant d’un intérêt particulier pour les questions spatiales, et diverses gravures, trop rares pour nous faire une idée précise de l’état général de l’école considéré à une période donnée. »6

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Je voudrais ainsi aborder dans ce mémoire les spécificités de l’architecture scolaire au service de l’enfant.

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4 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je 5 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je 6 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur

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L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Plus de précisions arrivent avec les premiers témoignages écrits sur l’état de l’école grâce aux cahiers de doléances, puis, beaucoup plus tard à travers les rapports d’inspecteurs.7 Les premières normes concernant la construction apparaissent donc à cette période-là, marquée également par la diffusion de l’imprimerie et l’apparition du livre.

La première législation concernant le local apparait sous la période révolutionnaire mais n’est pas appliquée.

Ce n’est qu’à partir de 1833 que l’Etat prend véritablement l’école en main, il faudra cependant attendre 1858 pour avoir un véritable texte réglementant d’une façon détaillée la construction des écoles primaires. Jusqu’à aujourd’hui, on peut dire qu’il n’y a eu qu’une succession de renouvellement de la législation.

Trois périodes sont marquées chacune par un type particulier d’évolution de l’institution scolaire.

La maison d’école, avant la prise en charge de l’instruction par l’Etat. Elle correspond au temps des initiatives religieuses, ou particulières, plus ou moins autorisées, qui voit son apogée avec le développement de l’enseignement mutuel.

L’école publique s’édifie dans une seconde période. Les normes en matière de construction s’élaborent et tentent de s’imposer dans des localités encore réticentes au développement de l’instruction. Les hygiénistes plus que les architectes intègrent leurs recommandations qui donnera un visage particulier à l’école et une grande technicité aux dispositifs internes : ventilation, éclairage, chauffage, et même positionnement des élèves.

La dernière période est marquée par les découvertes pasteuriennes, les nouvelles techniques constructives qui permettent des bâtiments plus aérés, lumineux, renouvelant leur esthétique.8

La première édition de texte de pédagogie apparait en 1649 rédigée par Pierre Fourier. Il s’agit des « Vrayes Constitutions des Religieuses de la Congrégation de Nostre-Dame ». Ce traité indique que des lieux doivent être bâtis pour l’enseignement.

C’est le premier à parler d’une division de l’école en 3 classes, de la simultanéité de l’enseignement et de l’usage du tableau noir.

L’« Instruction méthodique pour l’Ecole paroissiale », éditée en 1654 par Jacques de Batencourt, selon Yves Poutet est rédigée en faveur des petites écoles et traite du cadre scolaire.

Les « Règlements pour les écoles de la ville diocèse de Lyon » de Charles Démia qui ne sont pas datés précisément sont utilisés à une échelle locale, contiennent des données sur l’agencement de l’école. Ils sont inspirés par Batencourt.

Les éditions de la « Conduite » apparaissent en 1720. Ce sont des prescriptions et non des règles absolues complétées et modifiées selon l’expérience des Frères.

Ces Traités de pédagogie sont les premiers textes normatifs que l’on rencontre en matière de construction scolaire et d’agencement de l’espace. L’architectonique du bâtiment contribue ici à la fonction d’isolement au monde extérieur.

Son agencement intérieur occupe un rôle instrumental afin d’exercer une pédagogie sur un groupe important d’élèves.

1.1.1 L’école sous l’Ancien Régime et l’école simultanée L’école est avant tout à cette période une enceinte séparant deux mondes : celui de l’adulte et celui de l’enfant. Jacques de Batencourt parle dans son écrit de la séparation complète de l’école et du monde extérieur. L’école ne doit pas donner sur une rue ni même sur des jardins ou cour extérieure. Dans un cas contraire, des barreaux doivent être installés aux fenêtres. On retrouve ces instructions dans des éditions de la «Conduite».

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1.1 Aux sources de l’école publique

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7 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur 8 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur

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Des notions d’hygiène apparaissent déjà dans les traités des XVIIe et XVIIIe siècles. Les écoles doivent être saines. On se préoccupe de la densité des élèves, de l’aération, de l’éclairage et du chauffage. La « recommandation d’aérer est commandée par deux nécessités : celle de ne pas laisser l’air perdre son caractère vivifiant, son élasticité, et celle de ne pas le laisser se charger trop de matières délétères : l’aération fréquente et régulière va diluer les puanteurs, les matières en suspension par leur raréfaction, les rendre moins nocives. »10 Les fenêtres doivent être nombreuses et si possible de chaque côté de la pièce d’enseignement.

Bien que la forme pédagogique ait pu être respectée et qu’on tenta d’y adapter du mobilier, relativement sommaire, il faut songer qu’on avait rarement les moyens de se procurer un local correspondant à l’installation idéale décrite dans ces ouvrages méthodiques.

Fig1 : Leopold Chibourg, sans titre, 1844 (Source : BARATAULT, Anne-Claire, 2006. À l’école du patrimoine, l’architecture scolaire. L’exemple de la Seine-Saint-Denis (Texte). France : Champigny-sur-Marne : SCÉRÉN-CRDP Académie de Créteil, 159p. Ressources patrimoine. p.13)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

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A l’intérieur de cet espace clos, des maitres et sous maitres assurent l’enseignement de plusieurs classes dans un espace commun (Fig1). Le mot classe ne signifie pas « cloisonnement » à cette époque-là. L’éducation est donc simultanée et l’organisation spatiale interne des écoles est soumise à la pédagogie pratiquée. Ce type d’enseignement demande une surveillance particulière. Trois espaces sont distingués dans une salle commune par les textes de « Vrayes Constitutions des Religieuses de la Congrégation de Nostre-Dame » et « Règlements pour les écoles de la ville diocèse de Lyon » : la place du maître, les bancs des lecteurs et les bancs et tables des écrivains. La table n’est pas nécessaire, seulement réservée aux meilleurs élèves la plupart du temps. Les dispositifs sont donc précis pour les meubles et leur position. Une distance entre élèves et maîtres doit être respectée, ces derniers se situent au-dessous, sur une estrade par exemple. « L’organisation de la classe varie selon les régions et le confort des écoles. Dans les écoles chrétiennes urbaines, elle obéit à des règles précises. Les élèves qui apprennent à écrire doivent être assis à une large table, alors que ceux qui apprennent à lire sans écrire sont assis sur de simples bancs et ne disposent d’aucune table. ».9

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9 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je 10 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.9

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La période révolutionnaire est prolifique en matière de projets, décrets et de lois. Elle a une action et des conséquences directes sur l’infrastructure scolaire.

L’enseignement élémentaire n’est plus pris en charge ni par des particuliers ni par l’Eglise, c’est la commune qui désormais est obligée de la prendre en charge par l’embauche d’un maître et la fourniture d’un local. L’urgence du moment n’étant pas de trouver un bâtiment d’un certain type d’architecture, tout lieu pouvant contenir une école est accepté, c’est ce qui explique une telle diversité des locaux envisagés. Des maisons de fabrique, maisons nationales, maisons religieuses et même des châteaux forts servent de lieu d’enseignement. La Révolution marque pour la première fois le souhait d’une séparation entre les filles et les garçons avec Thermidor.11

Mais, par manque de moyens pour faire des travaux et adapter ces lieux à l’enseignement, les résultats sont désolants.

En effet, en s’attaquant aux droits féodaux et aux biens du clergé, les revenus sont amoindris et on assiste au retour des petites écoles de l’Ancien Régime. côté de la pièce d’enseignement.

1.1.3 La loi Guizot et l’école mutuelle « En 1815, au début de la Restauration, la France compte environ 20 000 écoles primaires et en 1829 on en recense plus de 30 000. L’Etat veille à ce que l’instruction primaire soit fondée sur la religion et le respect de la monarchie. »12 La loi Guizot votée le 28 juin 1833 marque un tournant dans l’histoire de l’école primaire française.

Même si l’obligation scolaire n’est pas encore établie, les communes de plus de 500 habitants doivent avoir une école primaire. Chaque département doit entretenir une école normale primaire ou bien s’associer à un ou plusieurs ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

11 : Onzième mois du calendrier révolutionnaire français créée pendant la Révolution française et utilisé de 1792 à 1806. Tiré de « Histoire de l’école primaire élémentaire en France » - Jean Combes (Inspecteur de l’Education Nationale) 12 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je

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départements pour en assurer l’entretien. Le sort des enseignants est amélioré, ils doivent à présent posséder un brevet de capacité et un certificat de moralité par le maire.13 Pour vérifier que cette loi soit bien appliquée, des inspecteurs sont envoyés dans tout le Royaume et établissent un compte rendu dans le « Tableau de l’instruction primaire en France » de P. Lorain. Le rapport est peu enthousiaste, dans les campagnes, le local d’enseignement est souvent la pièce à tout faire : « On trouve des écoles-ateliers où le maître exerce une seconde fonction de boulanger, cordonnier, sabotier, tisserand… Parfois encore c’est un local non spécialisé où toutes les fonctions sont réunies. ».14 Les écoles sont « poussiéreuses, sales et malsaines ».15 Ces lieux sont associés à la maladie.

Une réelle prise de conscience est perçue sur l’état d’insalubrité des écoles et c’est la première fois qu’elle s’exprime d’une manière généralisée provoquant l’étonnement. Ce n’est que 100 ans après le passage de cette loi que l’état des écoles s’améliore réellement.

La création des écoles mutuelles16 à partir de 1815 est une parenthèse dans une période marquée par le retour de la petite école sous l’Ancien Régime.

Il y a urgence du besoin d’instruire provoquant l’apparition de dispositifs spatiaux particuliers qui ne vont pas durer dans le temps. L’effervescence intellectuelle autour de la méthode fait se multiplier les manuels destinés aux directeurs d’écoles mutuelles. Pédagogie et structure matérielles sont encore dans ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

13 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je 14 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.46 15 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.48 16 L’école mutuelle est une méthode de travail importée d’Angleterre. Opposée à l’école simultanée, elle ne prévoit qu’un seul maitre pour faire fonctionner une école jusqu’aux limites de capacités d’ordre architectural. Des moniteurs généraux et intermédiaires s’organisent pour aider le maître et enseigner à tous les niveaux. Les moniteurs sont les élèves qui ont été les premiers dans l’exercice précédent seulement.

Les élèves sont installés sur des pupitres mobiles variables suivant les matières. Cette méthode introduit la lecture et l’écriture et fait appel à des outils pédagogiques encore peu utilisés comme l’ardoise ou les tableaux muraux.

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1.1.2 La Révolution

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le même manuel et ne seront séparés qu’au moment où l’Etat va légiférer : instructions et programmes d’une part, directives de constructions de l’autre. Le premier ouvrage de plans17 destinés spécifiquement aux constructions scolaires apparait sous l’enseignement mutuel, à la fin de sa période de gloire : c’est le début d’une nouvelle ère.

maitre par niveau qui sera plus tard séparé par des cloisons en plusieurs classes.

En France en 1834, trois méthodes d’enseignement sont utilisées : Mutuelle, simultanée, individuelle.19

Au milieu de la salle, dans toute la longueur, des rangées de tables portent un pupitre du moniteur et la planchette des modèles d’écriture. Sur les côtés, et tout le long des parois sont inscrits des séries de demi-cercles (faits en tringles de fer cintrées et ajustées sur des charnières) autour desquels se répartissent les groupes d’enfants. Face à eux sur les murs, à hauteur du regard, un tableau noir où se font les exercices de calcul et auxquels sont suspendus les tableaux de lecture et de grammaire. Au fond de la salle, sur une vaste et haute estrade, accessible par des degrés et entourée d’une balustrade, le maître surveille les tables et les groupes et distribue les encouragements et réprimandes comme le ferait un capitaine de navire.18

l’architecture scolaire. L’exemple de la Seine-Saint-Denis (Texte). France : Champigny-sur-Marne : SCÉRÉN-CRDP Académie de Créteil, 159p. Ressources patrimoine. p.18)

L’école mutuelle tente de redonner au cadre de l’école publique élémentaire une structure formelle. Cette organisation montre ses faiblesses et n’est pas applicable partout selon le personnel et les élèves : il n’y a pas assez de moniteurs, il est souvent compliqué de gérer autant de classes réunies en un seul lieu… Cependant, elle va dans le sens d’un -----------------------------------------------------------------------------------------------------------17 : Il s’agit du livre « De la construction des maisons d’école primaire », A.Bouillon Paris, 1834 18 : L’école mutuelle [En ligne]. URL : le-temps-des-instituteurs.fr, 2014

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Fig 2 : Hippolithe Lecomte, Intérieur de l’école d’enseignement mutuel située rue Port-Mahon.

(Source : BARATAULT, Anne-Claire, 2006. À l’école du patrimoine,

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Le local de l’école mutuelle (Fig 2 & 3) se caractérise par un rectangle (la longueur correspond le plus souvent au double de la largeur) avec un plafond élevé de 5 à 6 mètres afin qu’il y ait suffisamment d’air pour la respiration des élèves.

Le sol doit être en terre battue avec de la chaux ou du salpêtre, sur un fond de mâchefer. Ainsi les ardoises se cassent moins en tombant et l’on prévient l’humidité ainsi que le bruit.

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19 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.82

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En 1833, Guizot est ministre de l’intérieur, il donne la première impulsion au mouvement de constructions d’écoles avec l’envie de « fournir aux autorités et inspecteurs locaux les moyens de contrôler l’édification des bâtiments sans la laisser à la fantaisie des architectes. »20 L’obligation scolaire est imposée en 1882 autant aux citoyens qu’à l’Etat, l’évolution de la recherche d’une maison d’école spécifique destinée à l’enseignement élémentaire avance.

La société est demandeuse d’écoles, les architectes veulent augmenter leurs recettes et les hygiénistes tirent la sonnette d’alarme. En effet la santé publique devient une nécessité sociale et économique. L’Etat se préoccupe progressivement des locaux destinés à abriter des écoles sur un temps plus long. Il s’informe donc de l’infrastructure scolaire existante et la compare à celle des pays voisins.

En 1880, la fréquentation scolaire est plus régulière malgré qu’à la campagne le peuple mette plus de temps à comprendre l’importance de l’instruction qui leur apparait comme un luxe. Des métiers nouveaux apparaissent avec notamment l’apparition de la presse. La France s’ouvre sur elle-même et vers l’extérieur grâce aux routes et chemins de fer. Les conditions changent.

1.2.1 Premiers pas des architectes vers la définition d’une maison d’école spécifique

Fig 3 : Plan pour d’une école mutuelle de trois cent cinquante élèves

(Source : BAILLY, Francis, 1816. Guide des fondateurs et des maitres, pour l’établissement et la direction des écoles élémentaires de l’un et de l’autre sexe, basées sur l’enseignement mutuel.Paris : Colas, 369p)

L’Etat ne peut plus agir seul et est intéressé par des plans et devis des travaux à réaliser. Il a donc besoin d’un plan « modèle » ou « type » qui soit la base de ses locaux scolaires.

L’ouvrage de A. Bouillon, « De la construction des maisons d’école primaire », se retrouve alors dans les préfectures, sous-préfectures, mairies et secrétariats de chaque académie.

Le conseil des bâtiments civils publie des recueils entre 1825 et 1850 contenant des plans d’édifices publics construits en

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1.2 L’élaboration de l’école publique par l’Etat

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20 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.94

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France. On y retrouve très peu de modèles de maisons d’école simples. La symétrie du bâtiment doit être parfaite avec un rez-de-chaussée où l’on loge les maitres et un préau couvert.

« L’édifice doit être simple dans sa distribution, sobre dans sa décoration, débarrassé de tout appendice dont l’utilité ne serait pas reconnue ». Les architectes ne définissent « que le choix des matériaux concernant l’enveloppe extérieure de l’école, et la recherche de la disposition adéquate sur le terrain proposé par les municipalités ». « L’école veut s’inspirer davantage des grands hôtels ou des grands magasins connus spécialement en fonction de programmes commandés par les nouvelles conditions de vie. » 22

Avec l’arrivée des expositions universelles et notamment celle de 1867, on retrouve pour la première fois des plans et reconstitutions de classes modèles d’autres nations sur lesquelles on peut s’appuyer et prendre exemple. C’est également une nouveauté de voir une subdivision spéciale pour le matériel destiné à l’enseignement élémentaire. Les conférences des différents pays concernent en général la construction scolaire, l’hygiène et le mobilier. 23

Fig 4 : Projet n°6. Maison d’école pour 160 enfants garçons et filles

(Source : BOUILLON, Auguste, 1834. De la construction des maisons d’école primaire. Paris [En ligne]. URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1308024/ f97.image.texteImage )

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

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Au départ, les plans de A.Bouillon (Fig 4) ne répondent à aucun règlement existant mais sont les bienvenus comme modèles. Par la suite les plans doivent s’appuyer sur un règlement précis, « la liberté accordée aux architectes est extrêmement faible. » 21

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21 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.97 22 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.98 23 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.99

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La loi Guizot marque le début de l’ère législative en matière de locaux scolaires et contrairement aux normes de la période révolutionnaire, celles-ci devront être appliquées.

La législation se préoccupe avant tout de trouver des bâtiments à usage d’école tout en ayant pour objectif de ne plus exposer les enfants à travailler dans des pièces insalubres, basses, humides, mal aérées, sans air vital.24

Avant ça, la sortie du premier texte législatif le 24 avril 1838 comportait déjà des indications précises sur la disposition et l’aménagement d’un local scolaire. C’est la première fois que l’Etat se préoccupe des détails d’un bâtiment destiné à recevoir les élèves. Les préoccupations utilitaires et non pédagogiques apparaissent dans ce texte pour la première fois à travers la salle de repas et le préau. Les recommandations hygiéniques sont également présentes avec la qualité du sol (afin de préserver de l’humidité), l’éclairage et la densité de la population écolière, « la qualité de l’« air vital » devait être assurée dans la classe par un volume suffisant et des fenêtres ouvrantes »25

Malgré ces législations, beaucoup d’écoles en 1860 sont situées encore dans des caves ou manquent d’air et de lumière, la classe reste parfois encore un local multiple.

A cette époque, l’« Etat est encore à la recherche de « sa » maison d’école, celle qui répondrait aux besoins de l’éducation et de l’instruction voulues par lui. »28

Comme le constatait déjà Bouillon en 1834, lors de visites d’écoles de la capitale, il trouve les locaux scolaires « remarquables par leurs dimensions et leurs extrême propreté » mais « tout à fait dépourvu de ventilation ».26

Les mesures deviennent plus précises en 1858 avec la circulaire ministérielle du 30 juillet. L’emplacement de l’école doit être central à l’échelle de la ville, son accès doit être facile.

Il doit être « au cœur des populations à enseigner mais préservé d’un environnement insalubre, bruyant ou immoral ». 27 L’espace doit être bien aéré et l’air renouvelé. La lumière naturelle est ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

24 : D’après le décret du 7 octobre 1850, lu dans « Les constructions scolaires en France » Michel Lainé - 1996, octobre, p.103 25 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.105 26 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.105 27 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p. 108

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importante également. La dimension de la classe est précise, elle doit être construite sur une cave, planchéisée et adaptée au nombre d’élèves. Ce sont des maisons mixtes mais avec une cloison de séparation entre les filles et les garçons. Le bâtiment est toujours lié à la mairie et abrite le logement du professeur.

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1.2.2 Des normes de plus en plus exigeantes

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28 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p. 113

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1.2.3 L’école des années 1880

Même si les écoles à classe unique restent les plus nombreuses, à la campagne, on s’organise pour mettre en place trois cours : élémentaire, moyen et supérieur. Dans les écoles urbaines, c’est à l’enfant de trouver son niveau.

Fig 5 : Plan type de 1854 d’une école pour soixante à soixante-dix élèves, pouvant servir aux deux sexes, avec bâtiment pour le logement de l’instituteur et la mairie. a. cuisine et salle à manger; b. cave et cellier; c. mairie; d. classe des garçons, classe des fillese. estrade et bureau du maître; f. tables et bancs; g. banc circulaire; h. poële; i. lieux d’aisances pour les deux classes; k. galerie couverte Les lieux d’aisances à droite et à gauche de la classe, dans chacune des cours, sont affectées aux enfants de chaque sexe, de manière à ce que le maître puisse les surveiller de sa place.

(Source :L’école mutuelle [En ligne]. URL : le-temps-des-instituteurs.fr, 2014)

Les Républicains veulent des « bâtiments solides, aux murs épais, construit avec des matériaux non friables, ancré dans un terrain sec et stable par des fondations fermes, qui devra abriter l’école constituée de ses salles de classe, sa cour et ses services annexes. » 30 Le terrain accueillant la structure ne doit être inférieure à 500 m2, jardin du maître non compris. A cette époque et au lendemain de la Révolution il faut construire vite, les matériaux de la région sont donc privilégiés. (Fig 6 &7)

De manière générale, les écoles construites à cette période permettent, grâce à la façade (Fig 6 & 7), de comprendre l’agencement intérieur du bâtiment. Par la forme des baies, on peut ainsi percevoir le préau, les salles de classe, l’habitation du maitre, … Leur rythme régulier marque la répétition de volumes identiques, surtout pour les salles de classe dont la forme doit être obligatoirement rectangulaire et commandée par le nombre et la disposition face au tableau des tables-bancs à deux ou une place dans lesquelles peuvent

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« Proclamée le 4 septembre 1870, mais définitivement instituée en 1875, la IIIe République n’est réellement dirigée par les Républicains eux-mêmes qu’à partir de 1879, date à laquelle Jules Grévy s’installe à l’Elysée. Les Républicains ne peuvent concevoir la démocratie et la République sans refonte du système éducatif. Les grandes lois Jules Ferry instituant la gratuité, l’obligation scolaire et la laïcité de l’enseignement primaire ouvrent une ère nouvelle. » 29

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29 : COMBES, Jean, 1997. Histoire de l’école primaire élémentaire en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 127p. Que sais-je 30 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p. 115

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Les volumes des établissements scolaires sont définis par leur fonction et surtout par la pédagogie qui y est pratiquée.

Les élèves sont répartis selon leur taille et les garçons et les filles occupent des espaces distincts.

Les circulations par exemple doivent être organisées de manière à ce que les déplacements soient rapides, ordonnés et en sécurité. Les murs des couloirs sont disposés de manière à recevoir les différents dessins ou objets utiles à l’enseignement.

Le règlement de 1880 donne le détail des lieux où l’on pratique certaines activités « salissantes », qui nécessitent un matériel particulier. Les écoles des garçons disposent d’un atelier avec ses outils, les écoles de filles d’une salle de couture.

L’espace propre et discipliné reste la classe. Celles-ci sont « indépendantes les unes des autres par une entrée donnant sur un couloir ou une galerie d’une largeur de 2m recevant directement l’air et la lumière. »31 Le mobilier à l’intérieur des classes se retrouve figé dans une position immuable définie par la dimension des couloirs entre les lignes de bancs qui sera au minimum de 0,50m. Le bureau du maître est posé sur une estrade de 2m de profondeur. Les élèves sont par deux ou seuls face au tableau.

L’enseignement gymnastique est obligatoire dans les écoles primaires : un gymnase ou au moins un lieu couvert pour l’appareillage spécialisé qui lui est dédié doit être construit.

Le préau n’est plus un espace de transition, il se charge d’une fonction récréative et de l’épanouissement des élèves. Deux temps permettent aux enfants de mouvoir leurs corps : la récréation et la gymnastique.

Les privés32 posent une attention particulière, partagés entre surveillance et intimité.

En ville, on ne peut utiliser que les rez-de-chaussée, il faut donc prévoir des escaliers qui sont également très réglementés, avec des volées de treize à quinze marches séparées par un palier de repos d’une longueur au moins égale à celle de l’emmarchement. Il s’agit de la partie la plus dangereuse à concevoir afin que les enfants puissent les monter et les descendre sans effort et sans se bousculer. Ils sont placés aux extrémités du bâtiment.

La législation des années 1880 marque un aboutissement et une évolution des idées et des techniques qui ont permis de les mettre en place. Les écoles se démarquent des maisons d’habitation par leurs ouvertures plus nombreuses et leur plan particulier. On assiste à un refus du pastiche avec une façade équilibrée à l’aspect solide mais souvent modeste, dont les dispositions extérieures rendent lisibles la structure interne.

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venir prendre place 40 à 50 élèves.

La hauteur sous plafond est arrêtée à 4m permettant de donner aux occupants un certain volume d’air.

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31 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p. 118 32 : Désigne les WC

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27

(Source : CHATELET, Anne-Marie, 1999. La naissance de l’architecture scolaire : les écoles élementaires parisiennes de 1870 à 1914. Paris : Honoré Champion.

Projet d’A. Julien, 1891 (Sources : Archives de Paris, cote 4212 p.83)

Fig 7 : Vue de la façade de l’école de la rue Manin, 19e.

Architecte: Louis Paul Nessy.

(Source : CHATELET, Anne-Marie, 1999. La naissance de l’architecture scolaire : les écoles élementaires parisiennes de 1870 à 1914. Paris : Honoré Champion. p.83)

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Fig 6 : Elevation & Plan du premier étage du groupe scolaire de la rue de la Plaine, 2àe, projet d’A. Julien, 1891

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1.3 Vers une maison pour l’enfant

A la suite des deux guerres, on assiste à une importante demande de construction de bâtiments utilitaires dans tout le pays. Le béton armé se développe et l’acier arrive dans les années 30. C’est le début d’une collaboration entre architecte et ingénieur entrainant une influence importante sur le progrès des techniques. Ainsi, le béton armé permet toutes combinaisons architecturales, le coffrage en planches donne aux bâtiments des façades un aspect de lignes horizontales et verticales qui se coupent et se croisent. L’angle droit est omniprésent. Le bâtiment ne s’orne pas, il transmet son aspect fonctionnel.

L’essor du « Modernisme » marque l’aspect général des constructions scolaires mais répond beaucoup moins souvent à des commandes officielles que privées.

1.3.1 Eau, son, exposition

L’Arrivée de l’eau entraine la modification des fonctions de certains espaces intérieurs.

La salle d’examen médical apparait, le nombre de cabinets 33 augmente, des douches sont même mises à disposition des élèves et la salle de couture est remplacée chez les filles par la salle d’enseignement ménager.

La « salle commune », aujourd’hui appelée salle polyvalente apparait également grâce à cette arrivée d’eau. Elle est accessible pour les enfants et adultes extérieurs à l’école à des moments distincts. Elle a une entrée dépendante sur l’extérieur en vue d’un usage périscolaire ou postscolaire, un peu comme le centre de loisir d’aujourd’hui. Cette salle permet de montrer au monde extérieur les progrès techniques que ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

33 : Désigne les WC

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connait le pays et de faire profiter des nouvelles technologies : cinématographie, TSF, phonographe.

A travers ces instructions de 1936, c’est la première fois que l’on se préoccupe du confort acoustique. L’emplacement de l’école qui abrite encore la mairie la plupart du temps en est le principal responsable et les murs ou matériaux isolants accroissent le budget. Les matériaux à grande résonance sont évités et afin de ne pas entrainer de réverbération du son. On essaye d’intégrer à la construction des matériaux absorbants.

Malheureusement, ces derniers sont souvent peu hygiéniques.

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L’exposition sud, permet aussi aux enfants d’avoir une vue sur l’extérieur. L’éclairage bilatéral est recommandé. On ne préconise plus les fenêtres ni de dos ni de face et l’on prend des précautions contre les ombres géantes et l’éblouissement.

1.3.2 La période d’après-guerre : entre industrialisation et standardisation

Après la guerre, les écoles sont détruites et la population infantile s’accroit. Afin d’en reconstruire au plus vite, tout ce qui n’est pas indispensable est écarté comme la salle de douche, la salle commune ou la cantine.35 On en revient à la salle pluridisciplinaire et pluri-fonctionnelle : on économise l’espace. La salle commune peut alors servir d’atelier de travaux manuels et/ou de cantine.

Les débuts des prototypes d’écoles préfabriquées voient le jour au début des années 50 dans l’objectif de réduire les couts et le délai de livraison. 36 Toutes les écoles ou presque sont construites sur le même schéma : Classes établies sur un ou plusieurs niveaux desservies

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Jusqu’au XIXe siècle, l’enveloppe du bâtiment renferme un lieu clos étranger au monde extérieur. Peu à peu la volonté d’abolir cette frontière se développe.

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34 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur.

35 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.176 36 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.181

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Le visage école-mairie change : l’école en tant qu’édifice public se charge d’un autre sens, les anciennes valeurs républicaines n’ont plus à s’imposer sous cette forme.

La réflexion architecturale tend à considérer les équipements sociaux comme des centres de vie voire même des unités d’habitation : la cité radieuse en est un exemple.

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L’industrialisation s’appuie sur des modèles officiels et une structure de préfabrication lourde. Toutes les constructions scolaires deviennent pratiquement identiques et répondent aux besoins en fonction de la demande et des terrains libres.

Une forme de fiche technique apparait en 1965 entrainée par l‘apparition de subventions données si celle-ci est respectée.

Elle comporte des rubriques précises quelle que soit l’école concernée : La forme du bâtiment, les dimensions (horizontales et verticales), les qualités techniques (thermiques, phoniques, protection contre les bruits d’impact…), les ouvertures intérieures et extérieures (emplacement, dimensions, menuiseries,…) les revêtements (sols, plinthes, parois verticales, …) et l’équipement immobilier (éclairage normal, de secours, ventilation, …). La construction doit être sûre et protéger contre l’humidité et les incendies. Le choix des matériaux, les circulations, les dimensions des issues dépendent de ce point.

Cette standardisation s’étale aux bâtiments qu’on construit en dur et non aux bâtiments provisoires. La forme du bâtiment dépend maintenant de la nature et fonction des locaux ainsi que des dégagements et liaisons nécessités par le programme.

L’école de 1965 est donc un bâtiment équipé d’accessoires

multiples à l’entretien facile et économique, répondant à des normes techniques précises.

L’architecte a ici encore une manœuvre restreinte et les constructions en mode traditionnel laissant libre court à leur créativité, jouant sur les volumes, l’ambiance et la transparence coutent souvent plus chers et ne sont pas souvent acceptés par les élus.

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par un long couloir donnant à chaque extrémité sur un escalier.

La classe conserve son aspect rectangulaire avec un sol non froid, facilement nettoyable, non sonore… Mais pour les économies de chauffage, la hauteur sous-plafond s’abaisse de 50 cm. L’éclairage artificiel est mis en avant pour avoir une lumière uniforme.

33

(Source : Enseignement primaire, 1961. [Texte imprimé]. L’Architecture d’aujourd’hui n°94. p.46.)

Il s’agit d’une école maternelle de 3 classes sur plan circulaire au centre du groupe scolaire qui compte 10 classes de filles et 10 classes de garçons avec des logements de fonction. Deux bâtiments sont en longueur de part et d’autre du bâtiment circulaire. Ce bâtiment montre les prouesses techniques de cette époque avec son ossature métallique et ses planchers en béton.

«L’ossature métallique est apparente et une trame de 1,75m a été adoptée. Les façades sont en parpaings de béton recouverts de carreaux en grès. Le plancher est constitué par une dalle de béton reposant sur un solivage métallique. La couverture est auto portante.» 37 «On retrouve dans ce bâtiment la combinaison de trois éléments, béton, métal, verre, utilisée simplement mais judicieusement pour donner un bâtiment à la fois fonctionnel et peu ordinaire.» 38

Fig 9 : Photographie de l’entrée de la maternelle et école des filles

(Source : Enseignement primaire, 1961. [Texte imprimé]. L’Architecture d’aujourd’hui n°94. p.46.)

Fig 10 : Vue de l’entrée de l’école des garçons depuis la maternelle

(Source : Enseignement primaire, 1961. [Texte imprimé]. L’Architecture d’aujourd’hui n°94. p.46.)

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Fig 8 : Plan du groupe scolaire de Blagis, Sceaux, P.Herbé & A.Aubert architectes

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37 : Enseignement primaire, 1961. [Texte imprimé]. L’Architecture d’aujourd’hui n°94. p.46.

38 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p. 183

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Il y a une confrontation entre deux nécessités : l’économie et le fait de devoir répondre aux besoins d’une pédagogie centrée sur l’enfant.

Les matériaux nouveaux comme le béton armé ou les matières plastiques permettent de nouvelles techniques constructives comme le fait d’alléger les murs ou d’allonger la distance entre éléments porteurs. (Fig 8, 9,10) Malgré une meilleure maitrise de la pénétration de la lumière naturelle dans les classes la forme initiale de l’école ne change pas.

L’enfant est désormais « reconnu comme un être ayant sa spécificité biologique, affective, intellectuelle et sociale » 39.

Piaget définit l’enfance comme une « étape biologiquement utile dont la signification est celle d’une adaptation progressive au milieu physique et social. »

La maison d’école de 1973 est caractérisée par la polyvalence de ses espaces, facilitée par une structure porteuse à grandes mailles. L’organisation spatiale de la classe permet la communication entre élèves et maitre. Des coins d’isolement, des espaces évolutifs aidés par des cloisons amovibles, alimentés par des revêtements de sols variés, des ambiances colorées localisées et un éclairage modulable voient le jour.

C’est à cette même période qu’a lieu la restructuration des établissements construits rapidement après la guerre.

De plus, « l’enfant des villes n’a plus d’espace propre, ni à l’extérieur, à cause de l’automobile omniprésente et envahissante, ni même chez lui à cause de l’exiguïté de l’habitat. » 40 L’école se doit en plus d’être un espace d’enseignement, d’être un lieu protecteur et de détente.

L’ambiance et les dimensions des rangements et mobiliers sont de plus en plus adaptés à l’enfant, l’école voulant se mettre à son échelle.

Alain Chomel, architecte originaire de Lyon veut construire une école à l’échelle de l’enfant et adaptée à sa psychologie en facilitant la transition entre cellule familiale et monde extérieur. Il place par exemple la classe des plus petits au plus prés de l’entrée de l’école avec le bureau de la directrice à coté. Il veut avant tout éviter de reproduire le schéma d’une école type « caserne », c’est à dire froide, anonyme, isolée par ses grilles et avec une ou plusieurs cours rectangulaires (a. sur Fig 12). La classe se construit comme une maison pour l’enfant, avec sa cuisine, son lieu de repos, des tables pour se réunir,...

(Fig 11). Il part du principe que l’école n’est pas une juxtaposition de classes, mais une entité sociale, un lieu d’apprentissage de la vie sociale. Il donne donc une place centrale aux espaces communs : préaux, salle polyvalente, restaurants.

Il met également un point d’honneur sur la relation entre la maternelle et la primaire et veut un contact entre les deux. C’est pour celà qu’une rue centrale commune permet de desservir les deux côtés du groupe scolaire à Décines. (b. sur Fig12)

Fig 11 : Photographie d’une classe à l’école «La soie».

(Source : JAILLARD, Laurence, 2017. Alain Chomel : un architecte pour l’école.

Lyon : Libel, 142p. p95 )

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1.3.3 Les instructions de 1973

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39 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.194 40 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.203

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De 1980 à 1985, les concours d’architecture se généralisent et permettent à de jeunes architectes de se faire connaitre. Le parc immobilier se diversifie et l’architecte retrouve une position de créateur. Le programme architectural prend en compte la multifonctionnalité du futur établissement scolaire qui s’élabore de plus en plus en équipe de projet.

La pédagogie enseignée aujourd’hui « associe les moments où l’enfant découvre et élabore progressivement son savoir et ceux où il revient au maitre d’expliquer et d’apporter directement des connaissances ». 41

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a b

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a

Fig 12 : Plan de masse et cours du groupe scolaire de Carnot à Décines.

(Source : JAILLARD, Laurence, 2017. Alain Chomel : un architecte pour l’école.

Lyon : Libel, 142p. )

Pour ce faire, l’architecture scolaire « se caractérise par sa transparence de fonctionnement comme par la transparence des liaisons entre des espaces recevant des activités spécifiques et qui, eux, sont traités de façon particulière. Ces espaces spécifiques s’inscrivent dans l’espace global de l’école par le traitement particulier de leur ambiance interne ; un changement d’activité amène un changement d’atmosphère, et, par-là, d’attitude. Ces lieux rythment l’espace comme ils rythment le temps de la journée ou de la semaine ; s’y rendre est un évènement et un plaisir. » 42

Le projet de Paul Le Quernec à Saint-Denis en est un bon exemple.

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a

On se pose à présent la question de ce qu’il en est en 2018 de l’architecture scolaire en France et des outils utilisés par les architectes afin de créer un lieu agréable et propice à l’éducation de l’enfant.

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41 : 1989. Construire des écoles : Guide de programmation fonctionnelle et données techniques.

CCTCT : Ministère de l’éducation nationale, 103p.

42 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.220

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2. L’architecture scolaire au service de l’enfant

L’école a trouvé aujourd’hui son identité au sein de l’ilot urbain. Souvent, elle se distingue dans l’espace public par son entrée qui a une valeur symbolique et fonctionnelle. C’est un véritable point de repère de l’établissement scolaire qui doit être accueillant. Les salles de classe favorisent un enseignement magistral et des activités libres. Elles sont desservies par des circulations aux cheminements courts. La cour de récréation est conçue pour le plaisir des élèves, aménagée pour les activités libres et diversifiées. Elle est le plus souvent encadrée par des clôtures afin d’éviter que les occupants ne quittent l’école, elle est intégrée esthétiquement au bâtiment et assure un rôle protecteur. Elle répond à la démarche de surveillance et de responsabilité des enseignants. Les autres dépendances n’ont pas beaucoup évolué.

L’école Niki de Saint Phalle est un groupe scolaire qui compte une maternelle et une école primaire. Basé à Saint-Denis 93200, ce projet réalisé par l’architecte Paul Le Quernec permet un éclairage sur l’architecture d’édifices scolaires en France. Cette étude de cas décrit la manière dont l’architecte a utilisé des outils architecturaux au service de l’enfant au travers d’un programme rigoureux.

Fig 13 : Parcelle d’implantation du projet et photographie aérienne.

(Source : Cahier des charges Tome I)

A l’encontre de cette architecture scolaire française, l’école Vittra Telefonplan dessinée par Rosan Bosch à Stockholm adopte un autre concept davantage basé sur du design intérieur. Les couloirs, murs et salles de classe n’existent plus dans cet exemple, « différents espaces permettent de travailler en groupe ou seul, assis, debout ou allongé et s’adaptent aux différentes activités ».43 Il est donc intéressant d’en faire la comparaison avec la construction de Paul Le Quernec en fin de cette seconde partie.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------43 : LEPETIT, Nicolas. Telefonplan. Ce n’est vraiment que pour les enfants (En ligne). URL : http:// www.apologie-magazine.fr

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La construction de l’école « Niki de Saint-Phalle - Petits Cailloux » s’achève en 2015 dans la circonscription 1 de la commune de Saint-Denis. Elle accole les rails de chemins de fer partant de la gare du Nord et d’anciens hangars voués à la démolition. C’est dans ce « contexte industriel trash » 44, que le projet s’est implanté, sans pour autant que l’architecte ne le prenne en compte. En effet, il le considère comme « une pâquerette qui pousserait sur une bouse de vache ». 45

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Etude de cas de l’école Niki de Saint Phalle et ouverture sur un autre type d’école en Suède

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------44 : LE QUERNEC, Paul. Se référer aux annexes p.92 45 : LE QUERNEC, Paul. Se référer aux annexes p.92

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La construction d’une première chapelle a lieu au Ve siècle. Elle s’agrandit et se modifie au fil des siècles. Dagobert Ier est le premier souverain à y être inhumé en 639. Le sanctuaire est doté de nombreux privilèges qui vont favoriser le développement de l’abbaye. Les bâtiments conventuels s’installent au sud de la Basilique alors qu’au nord se développe une vaste nécropole bordée d’églises et de galeries funéraires.

L’abbaye est ensuite alimentée d’eau grâce à la déviation, depuis Dugny, de la rivière du Croult. En 869, Charles le Chauve édifie une enceinte pour protéger Saint-Denis des invasions Vikings. Vers l’an Mil, les habitations commencent à se multiplier autour de l’abbaye, à l’abri de l’enceinte circulaire.

A partir du XIIe siècle, ce bourg devient une ville avec des places, rues, bâtiments de bois puis de pierre. L’enceinte carolingienne disparait petit à petit avec l’extension de faubourgs au nord et à l’ouest. Au nord, de nouvelles paroisses complètent le groupement d’églises déjà existantes. La Guerre de Cent Ans fait apparaitre une nouvelle enceinte pour la ville, au niveau des actuels boulevard Felix Faure, Carnot et Jules Guesde. La population s’y replie pour se protéger des incursions anglaises.

A la fin du XVIe siècle, pendant les Guerres de religion, Saint-Denis sert de place forte pour assiéger Paris. Durant la première moitié du XVIIIe siècle, l’abbaye médiévale se reconstruit sous les plans de l’architecte Robert de Cotte et le changement urbanistique majeur de cette époque se fait par le percement de l’actuelle rue Gabriel Péri (anciennement rue d’Enghien).

La ville abrite plus de 4500 habitants à la veille de la Révolution.

Elle prend le nom de Franciade pendant cette période et voit son abbaye, ses couvents et ses églises paroissiales se fermer.

Le XIXe siècle quant à lui est marqué par une grande campagne de lotissements mais c’est aux abords de la ville que se réalisent des projets d’envergure : le canal Saint-Denis relie le port au bassin de la Villette à partir de 1821 et voit arriver le chemin de fer quelques années plus tard. De grandes usines chimiques et métallurgiques s’y implantent, attirant une main-d’œuvre importante. Les secteurs de la Plaine et de Pleyel constituent l’une des plus importantes zones industrielles d’Europe.

Malgré cela, la ville vit dans une grande précarité et les conditions d’hygiène sont déplorables, cela ne s’améliore pas avec la crise économique de 1930 puis la seconde guerre mondiale qui n’arrange en rien les conditions de vie des Dyonisiens. Après la guerre et grâce à ses nombreuses industries, la ville connait un important développement économique et démographique. Beaucoup de logements HLM sont construits, remplaçant les bidonvilles.

Saint-Denis est touchée une fois encore par la crise économique des années 70, tous les secteurs de la production industrielle sont concernés et cela libère de nombreuses friches industrielles, terrains proches de Paris.

Saint-Denis est constituée de trois ensembles géographiquement distincts : La Plaine Saint-Denis, le centre-ville et la couronne des grandes cités autour du

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La ville de Saint-Denis se situe dans le département de la Seine Saint-Denis (93), au nord-est de la capitale.

Ville médiévale, nécropole royale, lieu de la révolution industrielle puis grande ville ouvrière, elle a dû s’adapter constamment aux enjeux de son temps. Depuis 30 ans, la ville connait une mutation impressionnante et accueille de nombreux nouveaux habitants. Aujourd’hui, plus de cent mille personnes y vivent et la ville se hisse au premier rang des villes les plus peuplées de la Seine Saint-Denis, devant Montreuil.

Elle appartient à la communauté d’agglomération « Plaine Commune » dont elle est la ville principale. Directement liée au projet du Grand Paris elle doit, une fois de plus, se renouveler.

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centre-ville. Le percement de l’autoroute A1 engendre une véritable fracture du territoire. Elle remplace l’avenue Wilson, axe nord-sud le long duquel toutes les usines étaient situées et donc lieu de fortes mobilisations ouvrières, où les cortèges se constituaient et grossissaient d’usine en usine.

L’école Niki De Saint-Phalle se trouve sur le territoire de la Plaine (zone industrielle qui jouxte Paris, le long de l’autoroute A1) qui connait depuis les années 90 une nouvelle ère grâce à la construction du Grand Stade, la couverture de l’autoroute et la création de deux gares RER. En quelques années le site de la Plaine est devenu le principal chantier européen.

Le projet du Grand Paris intègre la ville de Saint Denis et la future ligne 17 du métro s’y arrêtera à la station Pleyel, à quelques mètres de l’école Niki de Saint Phalle. 46 Saint-Denis

Ce projet respecte un programme précis pour ce groupe scolaire et doit donc rassembler l’ensemble des éléments suivants : - Une école maternelle de huit classes avec sa cour de récréation et sa salle polyvalente - Une école primaire de dix classes avec sa cour de récréation et sa salle polyvalente - Un restaurant scolaire - Un centre de loisirs - Un parvis - Un jardin pédagogique - Une bibliothèque Page 1 L’ensemble doit être réparti sur trois niveaux avec un sous-sol de 400m2 réservés à des espaces techniques. 47

La priorité pour l’architecte dans ce projet est que l’on puisse se déplacer et s’orienter facilement dans l’espace. Pour réussir cet objectif, le terrain se divise en six parties : trois à l’extérieur (le parvis et les deux cours de récréation maternelle et primaire) et trois à l’intérieur (école maternelle, école primaire et restaurant avec centre de loisirs). De cette division résulte un bâtiment en forme de trèfle qui s’étend sur trois niveaux et un sous-sol (services). En plus de corridors convergents et économiques, une connexion simple s’établie entre l’intérieur et l’extérieur.

Aubervilliers

Paris Fig 14 : Plan de situation, avec en point rouge : l’Ecole Niki de Saint Phalle. Le trait blanc correspond à l’Autoroute A1.

(Source : Google Earth)

Bâtiments 3D --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------46 : Histoire de la Ville [En ligne]. URL : http://ville-saint-denis.fr/histoire-de-la-ville

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2.1 L’importance de la répartition des espaces : de la programmation à la production de l’architecte

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------47 : Informations recueillies par le cahier des charges de l’opération

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Fig 15 : Schéma de la répartition des différents espaces au sein de la parcelle.

(Source : Paul Le Quernec Architecte)

L’intérieur du bâtiment est organisé et pensé comme celui d’un cerveau humain : les deux parties maternelles et primaires sont symétriques mais non identiques, en raison de leurs fonctions vitales distinctes. Les salles de classe des maternelles, au nombre de huit et toutes arrondies, sont orange, couleur qui selon l’architecte est stimulante chez l’enfant. Les salles de classe des élémentaires, au nombre de dix, sont de couleur verte et plus classique, de forme rectangulaire mais arrondie dans les coins. D’après Paul Le Quernec, ces choix entrainent une meilleure concentration et un apaisement chez l’élève. Le centre de loisir, les salles de restauration et le hall

En plus de développer la notion des flux au coeur de son projet, l’architecte veut que son bâtiment soit ludique pour les enfants et que l’éducation ne lui apparaisse pas comme un élément ennuyant. Tous les choix faits dans le cadre de ce projet ont été pensés en tenant compte de leur impact sur le développement psychomoteur des enfants. L’exemple de la façade de cette construction en est la preuve. Celle-ci évite la monotonie avec un système de revêtement en bois et de lattes peintes qui changent au fur et à mesure que le visiteur fait le tour du bâtiment: la facette inférieure des lattes est peinte en orange, celle supérieure en vert pomme et les façades avant sont brutes. Lorsque parents et enfants franchissent l’entrée et arrivent dans le hall, ils se retrouvent dans un espace qui s’étend sur une double hauteur face aux cours de récréation. Des sphères ayant le rôle de salles de lecture de la bibliothèque tombent dans le vide, plaçant l’éducation au centre du bâtiment. Cet enchainement montre à quel point, par la lumière, les couleurs et les formes l’architecte veut créer surprise, éveil et curiosité chez l’enfant.

2.1.1 La programmation « La phase de programmation est fondamentale pour l’élaboration du projet. Le programme définit l’ensemble des espaces et leurs conditions d’implantation sur le site. Il réunit les besoins des utilisateurs, les « normes » départementales, les contraintes urbaines, etc. C’est le cadre que suivra l’architecte pour réaliser son projet. » 48 Le plus souvent la surface des espaces d’un équipement ne dépend pas de l’architecte. Dans le cas de l’école Niki

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d’entrée relient ces deux parties et ont un accès direct vers les cours de récréation. Les couloirs sont eux de couleur beige et neutre.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------48 : BARATAULT, Anne-Claire, 2006. À l’école du patrimoine, l’architecture scolaire. L’exemple de la Seine-Saint-Denis (Texte). France : Champigny-sur-Marne : SCÉRÉN-CRDP Académie de Créteil, 159p. Ressources patrimoine. p 51.

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Ces éléments sont décortiqués et traités attentivement dans le cahier des charges réparti en deux tomes.

Le premier traite des objectifs et enjeux du projet, du contexte urbain, de la qualité architecturale et environnementale et pour finir, d’un tableau de surfaces.

Le second, beaucoup plus détaillé nous donne des informations sur chaque espace de l’école à savoir : son fonctionnement, sa localisation et liaison, son type d’ouverture (porte), ses réseaux divers, ses revêtements et matériaux. Il traite également de l’ambiance et du confort ainsi que des équipements et mobiliers qu’il doit contenir.

Toutes ces informations s’étalent sur environ une centaine de pages. Après lecture de tous ces éléments, on se rend vite compte que l’architecte a finalement peu de liberté dans la conception architecturale de ce groupe scolaire et de tous en général, en France en tout cas. Il a donc pour moi le rôle de lier et traiter tous ces espaces en y insérant des outils architecturaux afin de créer un lieu agréable et harmonieux pour que l’enfant puisse s’y s’épanouir.

2.1.2 La répartition des espaces au sein de l’école Niki de Saint Phalle

La succession des schémas de principe ci après nous montre comment l’architecte a traduit les directives du programme et ensuite organisé les espaces qui composent ce groupe scolaire.

Les sujets de la sécurité et de l’amusement de l’enfant sont récurrents dans les livres et autres types de témoignages --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------49 : ZAPPI, Sylvia, 2016. L’archi fait école à Saint-Denis. M le Magazine du Monde n°238.

Supplément au Monde n°22156. 5p. p71.

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sur la conception d’espaces infantiles. Les espaces doivent être bien éclairés et stimulants pour l’enfant afin d’activer au maximum sa curiosité et de l’apaiser pour se concentrer. « Aménager l’espace scolaire, c’est bâtir un lieu de telle sorte que le développement physique et la formation intellectuelle de l’élève y soient pris en charge de façon optimale; un lieu au sein duquel l’enfant accède plus sûrement à la connaissance par le jeu alterné d’une pédagogie de groupes et d’un enseignement individualisé et programmé.»50 L’école doit à la fois permettre à l’enfant de se retrouver seul pour réfléchir comme de communiquer avec le reste du groupe afin de comprendre ce qui l’entoure. Elle a un rôle d’éveil mais aussi d’insertion au sein de la société.

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de Saint Phalle, la programmation a débuté en 2011 par les programmistes de la ville de Saint-Denis. S’ensuit l’appel d’offre, lancé en 2012, puis la période des études de maitrise d’oeuvre.

Les travaux commencent en janvier 2014 et la livraison du projet en juin 2015.

Le Maire de l’époque Didier Paillard en 2016, dans les tribunes du journal Le Monde, s’était d’ailleurs réjouit de cette construction : « C’est le début d’un nouveau quartier que nous voulons aménager avec la SNCF. Nous avions demandé aux architectes de dessiner un projet architectural qui marque ce territoire, un peu comme un château moderne ». 49 Ces propos rejoignent ceux tenus par l’architecte lors de notre entretien.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------50 : FERRAN, Pierre, 1973, L’aménagement de l’espace scolaire. Paris : Delagrave, 111p.

Education et pédagogie.

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Fig 16 : Schéma de la répartition des différents espaces au sein de la parcelle (Source Paul Le Quernec)

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Certains lieux doivent avoir avant tout une liaison directe. Le hall d’entrée doit être lié à l’esplanade, la maternelle avec sa cour de récréation, même observation pour les élémentaires. Le centre de loisir et la cantine sont les espaces qui reçoivent et doivent être accessibles facilement par les maternelles et les primaires.

Le hall d’entrée, centre de rencontre et cœur du projet, occupe le milieu de la parcelle, de forme globalement carrée. Ce dernier donne accès à six parties distinctes : l’élémentaire, la maternelle, leurs deux cours de récréation, la cantine, le centre de loisirs et l’esplanade.

Lorsque l’on passe l’esplanade et qu’on entre dans le hall d’entrée, le visiteur a une vue directe sur les deux cours de récréation. Grâce à sa double hauteur, des bulles de lecture rattachées à la bibliothèque sont suspendues à l’intérieur de celui-ci. L’architecte Paul Le Quernec transmet le message aux enseignants et accompagnants que l’éducation est au centre de son bâtiment. Il attire par ailleurs la curiosité des enfants qui, s’ils ne connaissent pas les lieux, se demandent ce que sont ces bulles.

C’est dans ce hall que se trouve également la loge du gardien.

Lors de ma visite, la directrice m’a d’ailleurs confié que le gardien est centralisé pour les deux écoles, ce qui est très pratique. «L’entrée avec ses grandes vitres est claire et vraiment agréable» m’a t-elle également dit.

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(Source Paul Le Quernec)

Fig 17 : Photographie prise depuis l’escalier central donnant sur le hall d’entrée. Une bulle de lecture est reliée à la bibliothèque des maternelles. On aperçoit l’esplanade d’entrée en fond.

(Source Paul Le Quernec)

Le bâtiment a schématiquement une forme de trèfle.

(Fig 18 & 19). Au nord-est, la partie des élémentaires s’élève sur deux niveaux tandis que la partie des maternelles n’a qu’un étage comme le centre de loisirs. La terrasse créée devant ce dernier accueille un jardin pédagogique et est reliée aux deux cours de récréation par des escaliers. Lorsque la directrice de l’établissement m’a fait visiter les lieux, je n’ai pas ressenti de coupure ou d’obstacle entre la partie élémentaire et primaire.

Ces deux entités diffèrent par leur couleur et leurs formes intérieures mais se traversent facilement. C’est d’ailleurs ce qu’elle m’a fait remarquer : « C’est bien quand même, on circule facilement dans ce bâtiment. Je trouve que cette école est globalement bien agencée. Souvent dans les autres écoles tu as le réfectoire qui est à l’autre bout, il n’y a aucun lien entre la maternelle et l’élémentaire, il faut passer par la cour pour aller d’une partie à l’autre ».

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Fig 18 : Schémas de la répartition des différents espaces

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Fig 19 : Plan masse

(Source Paul Le Quernec)

Fig 20 : Plan du Rez-de-Chaussée en 3D (Source Paul Le Quernec)

Dans ses différents projets, Paul Le Quernec utilise souvent ce type de représentation en 3D avec différentes flèches et zones de couleur. (Fig 20 & 21) C’est parce qu’il met un accent particulier sur les liaisons et circulations comme nous venons de le voir, mais également sur les différentes vues. Cette caractéristique est importante dans des établissements de ce type : Le personnel qu’il soit enseignant, directeur ou gardien, se doit d’être attentif au comportement des enfants.

Légende

Comme l’explique l’architecte, « Tous les tracés sont véritablement construits selon les règles de la géométrie descriptive avec une définition précise des centres, rayons, tangentes, points d’inflexion... en opposition à la courbe intuitive dessinée à main levée et plus ou moins bien traduite par l’ordinateur».51

Liaison venant de l’extérieur Liaison physique Liaison visuelle Zone des maternelles Zone des élémentaires

Zone des sanitaires Accueil, réseau d’aide, bureaux des directrices Zone de poubelles, escaliers, cuisines

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Bureaux des directrices

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------50 : LE QUERNEC, Paul. Se référer aux annexes.p.

51 : 11H45, 2015. [En ligne]. URL : https://vimeo.com/138774272.

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Le premier étage (Fig 21) suit le schéma du rez-de-chaussée avec ses salles d’exercice, de repos et de classe au nord. La bibliothèque des maternelles offre une première bulle sur le hall d’entrée tandis que les différents dômes des salles polyvalentes sont apparents. Cela permet des ouvertures sur l’étage du dessous facilitant la surveillance des adultes et offre un côté ludique pour les enfants. (Fig 22) La répartition et surtout la proportion des espaces dans un équipement ne dépend pas que de l’architecte. Il est le plus souvent décidé et mis en place par des programmistes dépendants ici de la mairie de Saint-Denis.

Les vues et la bonne répartition des circulations sont des points importants dans ce bâtiment. L’architecte veut favoriser la fluidité du flux des élèves, permettre de simplifier l’organisation pour les enseignants et rassurer les parents.

Dôme de la salle polyvalente des élémentaires

Centre de loisirs

Dôme de la salle polyvalente des maternelles Fig 21 : Plan du R+1 en 3D (Source Paul Le Quernec)

Complément de légende Zone de la bibliothèque

Fig 22 : Ouvertures donnant sur les différentes salles polyvalentes (Source : Photographies prises lors de ma visite de l’école)

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En résulte donc de cette architecture, des circulations plutôt arrondies et courbes, surtout du côté des maternelles invitant le visiteur à poursuivre son chemin. Elles sont de couleur beige, signifiant qu’il s’agit d’un lieu neutre.

Dès son arrivée et comme précisé précédemment, le visiteur a une vue directe sur les cours de récréation et un accès rapide vers les différentes salles de classe (élémentaire), d’exercice, de repos (pour les maternelles) situées au nord et vers le restaurant, au sud. C’est un véritable carrefour des liaisons et point de rencontre.

Salles polyvalentes, bureaux des directrices et cantines donnent directement sur leurs espaces récréatifs.

De plus, le fait que le réfectoire sépare la maternelle et le primaire avec ses grandes baies vitrées et son mur percé de fenêtres permet aux plus jeunes de communiquer avec les plus grands. Cela les rassure, expliquait la première directrice de l’établissement dans les tribunes du Monde.

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2.2 Des outils architecturaux au service de l’enfant

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La question de l’éclairage apparait dans les règlements depuis les traités de 1880. A cette époque, l’éclairage diurne est d’une importance capitale pour les salles de classe où les enfants passent six heures par jour, et ceci à un âge où leur développement physique est en pleine constitution. « On avait conscience que la lumière était nécessaire à la vie, qu’elle préservait des maladies, qu’elle était garante de la préservation des organes et de la fonction de la vue, dernier impératif qui, au long des années devait prendre une importance croissante »52

C’est un fait bien connu et démontré de nombreuses fois par les scientifiques, la lumière naturelle procure du bien-être chez l’humain et la règle ne déroge pas chez les enfants.

Parmi ses bienfaits, j’en ai relevé quatre qui sont à la fois importants et intéressants dans l’architecture éducative.

La lumière naturelle régule l’humeur et joue sur le moral. En effet, en période hivernale, lorsqu’il fait nuit plus tôt, il est démontré qu’un certain nombre de personnes souffre d’une baisse d’énergie et de motivation, doublée d’un besoin excessif de sommeil.

La lumière donne de l’énergie. Le simple fait de voir la lumière du jour tôt le matin active la sécrétion de cortisol, une hormone indispensable à la forme. De plus, « notre horloge biologique contrôle plusieurs mécanismes impliqués dans le niveau d’énergie. Le travail mené dans un espace sans fenêtre, ou de nuit, perturbe l’horloge biologique.

De ce fait, elle régularise le sommeil. Je n’ai pas pu visiter les salles de repos de l’école car les enfants étaient en train de faire leur sieste mais la directrice m’a confirmé que ce sont les pièces qui comportent le moins d’ouvertures.

La lumière naturelle augmente la vigilance. On se concentre plus facilement dans une pièce baignée de lumière qu’éclairée faiblement, et de surcroît avec une lumière artificielle.

Il est donc important d’attirer et de laisser entrer dans le bâtiment un maximum de lumière naturelle de manière directe ou indirecte. Paul Le Quernec lui ajoute un rôle majeur dans l’architecture, elle révèle la matière et donc permet aux enfants de s’épanouir au mieux.

Puits de lumière naturelle sur le toit : lumière directe et naturelle sur le réfectoire

Fig 23 : Coupe AA’

(Source Paul Le Quernec)

Ouvertures des bulles : lumière indirecte pénètre à l’intérieur

Puits de lumière naturelle sur le toit : lumière directe sur le hall d’entrée. Il permet aussi d’éclairer la circulation qui s’articule tout autour.

A’

A

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2.2.1 L’importance de la lumière naturelle

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------52 : LAINE, Michel, 1996. Les constructions scolaires en France. Paris : Presses Universitaires De France - PUF, 239p.L’éducateur. p.137

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B’ H

G

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Puits de lumière naturelle sur le toit : lumière directe et zénitale donnant directement sur la salle polyvalente des maternelles

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Puits de lumière naturelle sur le toit : lumière directe sur le hall d’entrée. En plus, il permet d’éclairer la circulation qui s’articule tout autour.

Puits de lumière naturelle sur le toit : lumière directe et zénitale donnant directement sur la salle polyvalente des élémentaires

Fig 26 : Coupe HH’

(Source Paul Le Quernec)

(Source Paul Le Quernec)

Les deux salles polyvalentes sont éclairées naturellement de manière zénithale par de grandes baies vitrées qui donnent sur leur cour de récréation respective, au sud. De même, la séparation avec le couloir est vitrée.

Mis à part les salles polyvalentes, ce schéma est répété dans plusieurs espaces, pour les salles de classe et d’exercices par exemple. Malheureusement, ce système d’éclairage naturel entraine une très forte chaleur à l’intérieur des espaces comme dans les bureaux des directrices. À l’arrivée des beaux jours, ces espaces sont « invivables », selon la directrice de l’établissement élémentaire.

Fig 25 : Salle polyvalente chez les maternelles

Fig 27 : Salle polyvalente chez les élémentaires

Fig 24 : Coupe BB’

(Source : Photographies prises lors de ma visite de l’école)

(Source : Photographies prises lors de ma visite de l’école)

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G’

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2.2.2 Couleurs et formes : L’utilisation de la couleur

Fig 28 : Coupe HH’ L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

(Source Paul Le Quernec)

« Les effet de coloration varient énormément selon les matières employées et doivent être évalués dans chaque situation précise : contrastes de proximité, éclairage naturel et artificiel…, Véritable composante de l’architecture extérieure ou intérieure, la couleur est faite pour accroitre sa qualité. Elle peut aussi compenser des excès ou des manques : de surface, d’échelle, de lumière, et apporte une certaine lisibilité des volumes. Elle remplit toujours un rôle subtil qui fait partie de la joie de vivre, du plaisir de fréquenter un espace. Elle sollicite l’imagination, crée la surprise, affirme ou dénonce une mode. »54 Pour l’architecte Paul le Quernec, elles « ont un impact certain sur notre perception. » Il « les utilise comme des outils simples avec lesquels on peut rendre l’espace doux, tonique, ensoleillé, lunaire, neutre, etc. » et « les utilise aussi pour unifier les espaces et fondre le mobilier aux murs par exemple.»

Fig 29 : Lumière zénitale donnant sur le hall d’entrée (Source : Photographie prise lors de ma visite de l’école)

La couleur a également un impact sur le développement perceptif et sensitif des enfants. Elle a une importance prédominante en tant que notion d’éveil, et c’est à l’école maternelle qu’elle a sa place la plus évidente comme support pédagogique. « En primaire, elle est plus rare, comme intimidée. » 55 Nous pouvons faire cette constatation au sein du groupe scolaire de Saint-Denis. Dans la partie des maternelles, l’architecte a choisi de colorer les différentes salles en orange vif alors qu’il utilise du vert pâle pour les élémentaires. En général, au fur et à mesure que nous avançons dans notre cursus scolaire, la

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« La couleur participe à l’éveil de l’enfant, au même titre que l’apprentissage des formes, des volumes, des sons, des odeurs... La couleur modifie le volume, elle joue avec la lumière. » 53

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------53 : ALBERT-VANEL, Michel, ZIGHERA, Chantal, 1987. Des couleurs pour nos écoles. Paris : Ministère de l’éducation nationale, 77p.

54 : ALBERT-VANEL, Michel, ZIGHERA, Chantal, 1987. Des couleurs pour nos écoles. Paris : Ministère de l’éducation nationale, 77p.

55 : ALBERT-VANEL, Michel, ZIGHERA, Chantal, 1987. Des couleurs pour nos écoles. Paris : Ministère de l’éducation nationale, 77p. p.8

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D’après Jean-Gabriel Causse, les couleurs ont une incidence sur notre mémoire, plus particulièrement « Le Vert-Jaune, l’Orange et le Bleu ciel favoriseraient l’apprentissage ».56 La couleur orange améliorerait d’ailleurs les comportements sociaux. L’architecte a donc choisi cette couleur qui stimule les enfants en maternelle et a opté pour le vert pâle pour apaiser et favoriser la concentration des plus grands. Le blanc cassé est réservé aux espaces de circulation, associés à un lieu neutre.

La façade permet d’identifier un bâtiment dans l’espace urbain. On peut vouloir marquer sa spécificité ou au contraire le fondre dans son environnement. Paul le Quernec a choisi la première option avec un effet d’optique qui reprend les codes couleurs de l’intérieur afin d’attirer son visiteur. Il a pensé à utiliser des tasseaux de bois longs, de cinq centimètres de section positionnés de manière à ce qu’ils suivent un angle de 45°. De face, le tasseau garde sa couleur d’origine, d’un côté il est peint en orange et de l’autre, en vert. Ainsi le mouvement change l’effet d’optique et sa perception est toujours changeante.

Fig 31 : Salle d’éxercice des maternelles

Fig 30 : Façade de l’école

(Source : Photographie prise lors de ma visite de l’école)

Fig 32 : Salle d’éxercice des élémentaires

(Source : Photographies prises lors de ma visite de l’école)

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couleur disparait des murs.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------56 : CAUSEE, Jean-Gabriel, 2014. L’étonnant pouvoir des couleurs. Editions du palio, 192p.

ESSAI. p.73

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« La coloration correspond généralement à la phase de la petite enfance. La forme s’affirme ensuite peu à peu, aux dépens de la couleur. »57

À propos des formes à préconiser dans une architecture scolaire, Paul Le Quernec me répond « Je ne pense pas qu’il y ait de forme préconçue, bien que je reste convaincu que les espaces courbes enveloppants ont un impact réel sur les humains, et plus particulièrement sur les enfants. Je pense souvent au fait que l’habitat primitif aux quatre coins du globe était tracé sur un cercle : tipi indien, yourte mongole, case africaine, igloo, etc. »58 Son intention première est de donner une forme fluide et libre à cette construction.

La partie maternelle se repère par ses formes rondes.

Chaque classe est unique en plan et en volume, selon l’imbrication de trois cercles de trois diamètres différents (6m/4,50m/3,60m) et la hauteur des retombées du plafond (0/20cm/40cm). Ces trois cercles définissent trois espaces pour les enfants : le coin cuisine, le coin lecture et le plus grand cercle correspond au cœur de la salle d’exercice, où l’on retrouve tables et chaises et le tableau du professeur.

Le mobilier de rangement, réalisé sur mesure en bois stratifié, suit les courbes et contre-courbes des parois et des plafonds.

Cette forme ronde se retrouve au niveau de la salle polyvalente et de la bibliothèque.

Ces formes arrondies permettraient aux plus petits de se sentir comme dans un cocon, de se sentir protégés dans un lieu rassurant.

Par contre, ces lieux de forme ronde et qui ont en plus un dôme entrainent une résonance importante. Lors de

ma visite, nous nous sommes retrouvées à deux dans la salle polyvalente des maternelles, cela résonnait déjà beaucoup.

Une institutrice m’a d’ailleurs confié qu’elle n’y emmenait presque jamais ses élèves à cause du bruit et de la chaleur à partir du printemps. La même constatation est faite pour les bulles de lecture, uniquement accessibles pour l’enfant seul. Il faudrait peut-être que des parois entières soient acoustiques afin d’atténuer au maximum le bruit.

La partie réservée aux élémentaires est dessinée avec des lignes plus droites, à l’exception de quelques courbes qui camouflent élégamment les poteaux métalliques de la structure. Les salles de classes sont parfaitement rectangulaires.

L’architecte a donc opté pour une forme pyramidale pour la salle polyvalente. Nous pouvons constater un réel changement au niveau de l’acoustique en la comparant avec celle des maternelles. Il y a beaucoup moins de résonance.

La lumière, les couleurs et les formes se combinent ici afin de créer un lieu confortable, rassurant, stimulant et apaisant pour l’enfant.

Lors de ma visite, j’ai donc demandé à la directrice si les enfants se plaisaient dans cette école, ce à quoi elle a immédiatement répondu « Ah oui ils la trouvent magnifique. C’est vrai que c’est magnifique, les espaces sont beaux et très agréables ». Des propos avaient également été recueillis par Le Monde en 2016 peu après son ouverture auprès de certains parents « J’aurais adoré être dans une école comme ça » ou « Mon fils qui est en CP m’a dit plusieurs fois «cette école, elle donne trop envie d’y aller» ».

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2.2.2 Couleurs et formes : Différentes formes à l’intérieur de l’espace

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------57 : ALBERT-VANEL, Michel, ZIGHERA, Chantal, 1987. Des couleurs pour nos écoles. Paris : Ministère de l’éducation nationale, 77p. p.8 58 : LE QUERNEC, Paul. Se référer aux annexes. p. 92

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2.3 L’exemple de la Vittra Telefonplan à Stockholm

Ce type d’école utilise l’aménagement intérieur comme outil pédagogique. Et à la place d’emprunter une approche conventionnelle avec des classes, les élèves reçoivent un enseignement par groupes adaptés à leur niveau. Il n’y a d’ailleurs pas de séparations physiques de salles de classe, cet espace est ouvert. Tous les éléments s’organisent sur deux niveaux. Ce fonctionnement me fait penser aux écoles mutuelles présentes en France au XVIIIe siècle qui, dans une grande salle sans séparation, développaient un enseignement par niveau.

Après cette école réalisée en 2011, Rosan Bosch en a construit deux autres en 2012, la Vittra School Brotorp et la Vittra School Södermalm, toutes deux situées dans la région de Stockholm. C’est elle qui a pensé l’aménagement intérieur et dessiné les meubles.

C’est à travers les idées de cette méthode que Rosan Bosch a pensé et répartit les différents éléments constituants du lieu. Une fois le projet terminé, les résultats ont été traduits en un manuel de conception, modèle pour les autres écoles de ce type dans le pays.

2.3.1 Des îcones traduits par des éléments structurants

Lors de sa sollicitation pour ce projet, Rosan Bosch a rassemblé les demandes et attentes de parents, enseignants, et les a transformées en cinq besoins transmis sous forme d’icônes. (Fig 33) C’est ce qu’elle explique lors de la conférence au « TEDx Indianapolis » : « Designing for a better world starts at school ». Ces icônes ont ensuite été traduites par des structures définissant l’espace intérieur de l’école.

Fig 33 : Îcones traduits par des éléments structurants au sein des écoles de type Vittra

(Source : VAUFREY, Christine. Rosan Bosch, celle qui a osé bouleverser l’espace scolaire [En ligne]. Article, mis en ligne en 2014. URL : https://cursus.edu/ articles/27735/rosan-bosch-celle-qui-a-ose-bouleverser-lespace-scolaire#.

XAvxFi17TGK )

De gauche à droite : « « Mountain » (montagne) : désigne les espaces de communication frontale, une personne en face d’un groupe, avec un support pour accrocher ou montrer des éléments. « Cave » (la grotte) : désigne les espaces de travail individuel et concentré, séparés de leur environnement. « Campfire » (feu de camp): désigne les espaces de réunion, dans lesquels on peut former de petits groupes et discuter librement. « Watering hole » (point d’eau) : désigne les espaces de libre circulation facilitant les échanges informels. « Hands on » (main sur) : désigne les espaces dans lesquels on peut bouger, utiliser son corps, fabriquer. »59

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Les écoles de la « Vittra Education » (environ une trentaine en Suède) accordent une grande priorité au développement de nouvelles méthodes d’enseignement et d’interaction comme base du développement de l’éducation.

Ce type d’école essaye d’intégrer au maximum des outils multimédias, l’ordinateur personnel y est d’ailleurs obligatoire dès la rentrée. Mais ce qui nous importe le plus ici, c’est sa conception et les outils architecturaux qu’utilise l’architecte Rosan Bosch.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------59 : VAUFREY, Christine. Rosan Bosch, celle qui a osé bouleverser l’espace scolaire [En ligne].

Article, mis en ligne en 2014. URL : https://cursus.edu/articles/27735/rosan-bosch-celle-qui-aose-bouleverser-lespace-scolaire#.XAvxFi17TGK

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C’est pour cela qu’un immense iceberg (Fig 36), associé à la montagne, prend place au centre de l’école. Il permet de desservir le niveau supérieur, où l’on trouve la cantine, une salle de travail et des toilettes. Il prend aussi le rôle d’estrade pour différentes représentations. L’espace correspondant à la « grotte » se situe en dessous de l’iceberg (Fig 34), c’est en réalité une salle de projection.

Comme elle, certains autres lieux sont isolés comme la salle de danse (Fig 35) ou le laboratoire multimédia. Le premier correspond à l’icône « hands on », le second « campfire ».

Des ilots de travail que l’on retrouve à différents endroits peuvent bouger et s’adapter au nombre d’élèves présents.

The Stage

The Village

Island Area The Mountain

Media Lab

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Organic Table

The Tree

Window Pods

Concentration Niches Dance Studio

Organic Table

The Tree

Dance Studio

Reception The Village

Island Area The Mountain

Media Lab Wardrope West

Wardrope East The Stage

Reception Exhibition Area

Exhibition Area

Wardrope East Tower of Babel Lysavis

Headmasters Office Science Lab

Teachers Lounge

Lysavis

Tower of Babel

Lunch Club Headmasters Office Science Lab Lunch Club

Teachers Lounge

Fig 34 : Salle qui correspond à la «grotte»

Canteen Area Workshop

Canteen Area

Fig 34 : Plan du Rez-de-Chaussée et premier étage de l’école Telefonplan à Stockholm Workshop

(Source : BOSCH, Rosan Studio, 2011. Telefonplan School. [En ligne]. URL : http://www.rosanbosch.com/en/project/vittra-school-telefonplan)

Cette structure reçoit des enfants et jeunes de 6 à 16 ans. À l’encontre de l’école Niki de Saint Phalle, « il ne s’agit pas de créer un environnement favorable aux « petits » et de revenir ensuite à une organisation plus traditionnelle, quand l’école devient irrévocablement quelque chose de sérieux. » 60

Fig 35 : Salle de danse

(Source : BOSCH, Rosan Studio, 2011. Telefonplan School. [En ligne]. URL : http://www.rosanbosch.com/en/project/vittra-school-telefonplan)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Concentration Niches

Window Pods

Wardrope West

En effet, l’école de Saint-Denis a une vraie séparation entre maternelles et primaires, demandé par le programme. Elle est autant marquée par son fonctionnement (deux directrices, des professeurs différents,..) que par les outils architecturaux utilisés par Paul Le Quernec (couleurs et formes).

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------60 : VAUFREY, Christine. Rosan Bosch, celle qui a osé bouleverser l’espace scolaire [En ligne].

Article, mis en ligne en 2014. URL : https://cursus.edu/articles/27735/rosan-bosch-celle-qui-aose-bouleverser-lespace-scolaire#.XAvxFi17TGK

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Fig 36 : Iceberg reliant le rez-de-chaussée à l’étage.

(Source : BOSCH, Rosan Studio, 2011. Telefonplan School. [En ligne]. URL : http://www.rosanbosch.com/en/project/vittra-school-telefonplan)

Ces deux exemples d’écoles mettent en valeur les outils architecturaux au service des architectes afin de concevoir un lieu d’apprentissage à la fois apaisant et stimulant pour les enfants.

Après avoir étudié les caractéristiques de l’intérieur du bâtiment scolaire, on se demande comment se passe la transition avec l’espace extérieur.

La ville n’est aujourd’hui pas adaptée à l’enfant. Cette fracture n’est en réalité pas nouvelle. Au XVIIIe siècle déjà, celle-ci est jugée nocive par ceux qui la fréquentent, son air est infecté et on conseille de placer les enfants à la campagne.

A cette époque, les enfants citadins sont libres et surtout non accompagnés partout où ils se déplacent. Ils participent à des manifestations et cérémonies publiques qui ont lieu dans la rue ou sur les places.

Au XIXe siècle, cette liberté est restreinte et la bourgeoisie les enlève de l’espace urbain en général, considérée comme plus adaptée à cette tranche d’âge.

Au milieu du XXe siècle, les enfants de toutes classes sociales se replient vers le foyer. La révolution industrielle entraine une explosion démographique et le déplacement de grandes masses de la population agricole vers les villes. La voiture est omniprésente et la ville se construit autour d’elle : largeur des rues et organisation des axes de communication en sont les bons exemples. L’enfant devient alors celui des parcs, des coeurs de résidences, de lotissements ou d’équipements mis à sa disposition.

Un consensus s’est formé autour de la sécurité de ce jeune être vivant. Il ne joue plus que dans des territoires délimités provoquant une rupture entre les lieux ludiques qui l’animent et l’espace public de la rue. 61

« On apprend trop à séparer. La mission de l’enseignement est d’apprendre à relier »62

L’un des points à développer pour remédier à cela serait surement que l’école s’ouvre davantage sur l’environnement qui l’entoure et s’intègre à la rue. C’est en effet à cette période de croissance, à la maternelle ou en primaire, que nous développons le plus notre sens de l’analyse. La curiosité et l’envie de découvrir nous caractérisent. Le but de l’école serait donc de créer « une liaison entre l’élève et l’espace extérieur,

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

3. Comment créer un lien entre l’école et l’espace public ?

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------61 : BREVIGLIERI, Marc. L’enfant des villes. Considérations sur la place du jeu et la créativité de l’architecte face à l’émergence de la ville garantie, Ambiances[En ligne],Varia, mis en ligne le 20 avril 2015, consulté le 08 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/ambiances/509 ; DOI : 10.4000/ambiances.509 62 : RAYNAL, Marie, 1996. Avant propos, Lire la ville. Lire & Savoir, pp. 10-14

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L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

« C’est une vision nouvelle et intéressante de l’école.

Une école-ville, une école-récréative, une ville-récréative. Mixer les codes de l’architecture scolaire et celui de l’aménagement urbain pour permettre à l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure et en premier lieu, l’espace public. » 64

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Dans le cadre de son Projet de Fin d’Etude, Claire Le Floch, étudiante à l’époque à l’école d’architecture de Nantes (ENSA Nantes), a imaginé un projet d’architecture qui se situe entre une école et le square public lui faisant face. Il s’agit pour elle de mettre en place un lieu « poreux » ou de « transition » entre le monde adulte et celui des enfants. Son projet s’est articulé autour de la démarche du living lab.65 Elle a donc mobilisé et rencontré des acteurs territoriaux, élèves, parents, professeurs et habitants du quartier afin de comprendre les besoins de chacun et de concevoir un lieu accessible à tous. A travers ce projet non réalisé, elle s’est demandé quel rôle avait l’architecte et comment pouvait intervenir le designer au sein d’une ville pour améliorer les conditions de vie de ces jeunes usagers.

L’idée principale de son projet est de développer un espace mutualisé : « un espace de création pour les enfants en lien avec l’extérieur. » 66

Pour ce faire, elle a choisi d’implanter sur l’ile de Nantes, qui se trouve sur le cours de la Loire, au sud du centre ville. Cette île est cernée par le bras de la Madeleine au nord, et celui de Pirmil au sud. Cet archipel s’est formé par la division du fleuve et témoigne donc des grandes étapes de l’histoire urbaine nantaise.

Haute Ile

Centre ville

Ïle de Nantes

Révéler les usages des enfants dans l’espace public et prendre en compte leur mobilité, faciliter l’analyse de la ville et l’optimiser afin qu’il devienne accessible à tous sont les éléments principaux à respecter pour elle. Pour cela, elle s’est donc mise à leur place et a réfléchi avec eux, elle a donc pris une position d’intermédiaire entre l’enfant et la ville.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------63 : LE FLOCH, Claire, 2015. La ville récréative, apprentissage de l’espace public urbain par les enfants.p.12 64 : LE FLOCH, Claire, 2015. La ville récréative, apprentissage de l’espace public urbain par les enfants.p.27 65 : Méthode de recherche en innovation ouverte qui vise le développement de nouveaux produits et services. Elle répond à des problématiques concrètes dans une variété de domaines (agriculture, santé, tourisme,…). L’approche est basée sur un processus de co-création regroupant différents acteurs publics, privés, entreprises, associations, acteurs individuels,… dans des conditions réelles. C’est un projet porté par l’usager et non centré sur l’usager. Cette approche de living lac est conçue de façon à combler le fossé existant entre la recherche et la commercialisation.

D’après le guide Living Lab, mars 2014

Fig 38 : Photographie aérienne de l’île de Nantes avec l’emplacement du groupe scolaire Saint Roch où Claire Le Floch a implanté son projet en rouge.

(Source : Phtothèque de l’île de Nantes [En ligne]. URL https://www.nantes. fr/phototheque)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

afin de minimiser la rupture entre l’école (espace connu pour lui) et la ville (espace conçu pour les adultes) ». 63

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------66 : LE FLOCH, Claire, 2015. La ville récréative, apprentissage de l’espace public urbain par les enfants.

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NANTES

N

Loire

Quai Hoche d’Auvergne Rue de la Tour

Biesse Rue Grande

1 2

des Mart

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Rue Biess

Fig 38 : Plan de situation 1. Crèche associative «La Lanterne Magique»; 2. Ecole primaire Gustave Roch; 3. Ecole maternelle Gustave Roch e

(Source : Ile de Nantes : Un territoire, une histoire [En ligne]. URL http://www. iledenantes.com/fr/articles/135-un-territoire-une-histoire.html)

n

Biesse

Fig 37 : Comblement des boires de Loire

Samoa « Un projet de requalification du quartier par la Samoa vient de débuter.

Le square Gustave Roch devrait être aménagé pour 2017.»

Vic

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THOMAS SIMON

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rgère Rue Do

Bd Babin Chevaye

Fourny Rue Alexandre

50 m

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

TERRAIN D’ÉTUDES

métallurgiques, chimiques et agroalimentaires s’y implantent grâce notamment à l’ouverture de la gare de l’Etat en 1887.

La construction du pont Transbordeur symbolise l’épopée industrielle nantaise en 1903. Des canaux facilitent le transport des marchandises mais deviennent obsolètes lors de l’arrivée du chemin de fer, ainsi, leur comblement achève la transformation de l’archipel d’îles en île unique.

L’urbanisation de la partie Est de l’île est entamée après la Seconde Guerre mondiale par une vaste opération d’aménagement, la ville se tourne vers une économie tertiaire.

Cette zone commerciale et de services est en contraste avec le caractère industriel de la partie Ouest, jusqu’à ce que la fermeture des chantiers en 1987 amorce la transformation profonde qui est en cours aujourd’hui. Depuis les années 2000, ce vaste territoire est l’objet d’un grand projet de réaménagement qui a pour but de donner à cet espace la vocation le nouveau Groupe scold’être aire Gustave Roch coeur de la métropole nantaise. 67

Rue Conan Mériadec

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Le concept « Île de Nantes » apparait en 1995 avec la volonté politique d’unifier un territoire sans véritable identité.

A l’origine il s’agit d’un archipel d’îles qui, à partir du Moyen Âge, sert de point d’appui pour la première ligne de ponts (Les ponts de la Poissonnerie, de Belle-Croix, de la Madeleine, de Toussaint, des Récollets et de Pirmil) qui traverse la Loire.

Celle-ci permet donc de traverser cinq îles et relie le sud de la Loire à la ville historique.

Le fait que Nantes ait une vocation de plus en plus portuaire et maritime entraine à partir du XVIIIe siècle une transformation spatiale des rives du bras de la Madeleine. Des passages d’eau entre les îles sont comblés et des digues sont construites afin que les navires, de plus en plus importants, puissent y accéder.

(Fig 37).

Le développement industriel de la pointe ouest de l’île au XIXe siècle accélère ce processus et façonne la Prairie au Duc et l’île Sainte-Anne lorsque les chantiers navals, entreprises

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------67 : D’hier à aujourd’hui : le quartier de Nantes [En ligne]. URL : https://www.nantes.fr/home/ dans-votre-quartier/ile-de-nantes/histoire-du-quartier-ile-de-nant.html Ile de Nantes : Un territoire, une histoire [En ligne]. URL http://www.iledenantes.com/fr/articles/135-un-territoire-une-histoire.html

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3.1 Avant le projet, une étude et réflexion autour de l’enfant

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’espace urbain regroupe différents éléments qui gravitent autour de l’enfant. C’est ce qu’essaye de montrer Claire le Floch dans ce schéma.

En effet, l’enfant est curieux et l’espace urbain représente un lieu d’évasion qu’il a envie de découvrir et qu’il analyse avec intérêt. Pour ce faire, il est la plupart du temps accompagné par une personne plus âgée, qui lui apprend et lui permet de comprendre les dangers qui gravitent autour de lui dans cet RÉTROSPECTIVE espace.

C’est également un lieu de partage et de rencontre, et c’est à cet âge-là desVIVENT-ILS liens forts commencent COMMENT LESque ENFANTS L’ESPACE PUBLIC URBAIN?à se créer.

Découverte et analyse de la nature, de son environnement

Espace d’évasion S’amuser en extérieur

Apprentissage du danger Comprendre la mobilité en ville

Trajets entre les lieux de vie Apprendre hors du milieu scolaire

L’accompagnement et l’autonomie Parents/enfants vivent une expérience commune

BLA

BLA

Création de lien social Partager et vivre l’espace public avec les autres

Fig 39 : L’espace public vécu par les enfants

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

Après avoir dessiné ce petit compte rendu, elle s’est placée à la hauteur d’un enfant, c’est à dire, à environ 1m20 du sol et concentre son observation autour de son lieu d’implantation de projet. Elle se rend vite compte qu’au travers des éléments cités, l’espace urbain est semé d’embuches et pas facile à appréhender à cette hauteur. Claire a structuré --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------68 : PAQUOT, Thierry, 2015. La Ville récréative, enfants joueurs et écoles buissonnières. Infolio, 180p. Archigraphy poche. Dans Chapitre : LÉGUER, Pascal. Des villes pour les enfants

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ses observations en deux points : l’accessibilité piétonne et la visibilité.

L’accessibilité pour les piétons concerne tout autant les accompagnateurs que les enfants. En effet, souvent munis de poussettes et/ou de vélos, le parent se retrouve à butter sur des marches ou à marcher sur des trottoirs étroits. Ces derniers sont également souvent encombrés : poubelles, voitures, motos,.. et autres éléments à contourner. La visibilité de l’enfant est souvent obstruée par du mobilier urbain, les barrières par exemple. Cet élément urbain le protège mais l’empêche aussi de prévenir du danger.

Après avoir fait ces différents constats et comme je l’expliquais précédemment, Claire Le Floch a placé les futurs usagers au centre de son projet à travers la méthode du living lab. Pour elle, cette notion « était au centre de nos études et des projets sur lesquels on travaillait. J’avais envie pour mon projet de fin d’étude, de reproduire cela au sein d’une école et d’avoir un laboratoire ouvert ». 69

Elle a donc imaginé une salle vitrée et ouverte sur l’espace extérieur, rattachée à l’école et qui en même temps, empiète sur le square qui longe le coté Est du site. Ce lieu peut se transformer en fonction des besoins de chacun : salle périscolaire, de réunion pour les parents ou pour les associations… C’est ce qu’elle appelle son « Laboratoire Urbain des Enfants », le LUE. Ici, le living lab se matérialise et devient un lieu qui se transforme selon les besoins du quartier et de l’école.

Elle a nourri son imagination à travers le regard des enfants, par des ateliers qu’elle a organisés pour et avec eux.

Ils ont pu réaliser des maquettes et dessins afin qu’elle puisse recenser leurs envies pouvant être mis en place à l’intérieur de ce futur lieu.

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

« La rue n’est pas un espace de jeu et de libre circulation pour cette génération, même un trajet court se fait avec le parent ». 68

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------69 : LE FLOCH, Claire. Se référer aux annexes.p.99

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IMPLANTATION 3.2 Le projet de fin d’étude de Claire Le Floch

AMÉNAGEMENT URBAIN

« Dans cet espace on a une zone qui n’est pas poreuse, on est souvent directement confronté à des barrières parce Un point de rencontre pour On les parents à laà sortie dede l’écolclôturer e qu’on a peur de la ville. essaye la fois les enfants dans les écoles, et en même temps il y a un gros contraste entre les deux ».70

Création d’espaces d’attente pour les parents

2

3

2

Fig 40 : Plan de situation 1. Lieu d’implantation du projet; 2. Espaces d’attente pour les accompagnants bordant les deux entrées de l’école maternelle et primaire; 3. Square public.

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

Pour ce projet, Claire choisit de s’implanter entre le groupe scolaire Gustave Roch, la crèche associative de la Lanterne Magique et un parc qui les borde à l’Est. Les écoles sont entre deux axes routiers au nord et au sud.

Elle se focalise sur la transition entre l’espace public et l’espace privé de l’école. Cet endroit ne contient pas de zone de transition et de liaison entre l’intérieur de l’école et l’espace du parc.

Fig 41 : Espaces d’attente pour les parents

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

La future diplômée veut d’abord modifier les entrées de l’école primaire et maternelle donnant sur le boulevard sud à cette époque, afin qu’elles puissent s’ouvrir sur le parc Gustave Roch. (Fig 41) La crèche avait déjà son entrée face au parc. Grace à cette évolution elle veut permettre aux enfants de pouvoir « courir et se défouler quand ils sortent de l’école sans pour autant être directement dans la rue. »71

Afin de mieux comprendre comment le projet pouvait être mis en place, Claire Le Floch a dessiné quelques schémas explicatifs.

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

1

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------70 : LE FLOCH, Claire. Se référer aux annexes .p.97 71 : LE FLOCH, Claire. Se référer aux annexes p.97

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Stratégie Stratégied’occupation d’occupationdedel’espace l’espacepubl publicic N N

Fig 42 : Schéma de principe 1 : Le square comme espace de transition

NN

Fig 44 : Schéma de principe 3 : Emplacement du futur «laboratoire»

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Lesquare, square,ununespace espace Unecircul circulaation tion temporaire temporaire Le Une Espace public: créateur créateur Le square Gustave Roch dessert les trois espaces scolaires

Comme un nombre important de parents ou transition et permet une transition entre l’école et la rue. C’est arrivent en voiture sur le lieu, une vie souvent de quartier transition axeroutier routierpermet permetd’accéder d’accéderaccompagnateurs occupation de l’espace publde icdedouce de quartier UnUnaxe àà (Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

donc là que les entrées des écoles se feraient. Bon nombre de circulation temporaire pourrait être mise en place, à l’arrière du l’école,eseul , seulement ementpendant pendantleletemps temps l ’ écol problèmes liés àLelaLe proximité des boulevards seraient évités. square permettant d’accéder à se l’école, seulement aux moments square Gustave Roch déssert square Gustave Roch déssert Un point point central au Un central se forme forme au coeur coeur d’entrée et de sortie des cl a sses. des entrées et sorties des classes.

(Fig 43) d’entrée et de sortie des cl a sses. les trois espaces scolaires.

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les trois espaces scolaires. N Il permet transitiondouce douceentre entre Il permet uneune transition l’écol la rue. l’écol e ete et la rue.

N

du square, square, créant du créant un un lileu ieu d’échange d’échange

Le futur « entre laboratoire » le sequartier situera dans un espace l ’ écol e et entre l’école et le quartier délaissé de la cour, directement relié aux cuisines de l’école.

Ce point est un atout supplémentaire, permettant d’organiser des repas ou ateliers culinaires. (Fig 44)

Il existe aujourd’hui un mur qui sépare cet espace non utilisé du square. (Fig 45) Percer et créer une ouverture seraient donc la première étape de la construction.

Fig 43 : Schéma de principe 2 : Une circulation temporaire

e, un espace ransition

Une circulation temporaire

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

stave Roch déssert spaces scolaires. ransition douce entre 82 e et la rue.

Un axe routier permet d’accéder à l’école, seulement pendant le temps d’entrée et de sortie des classes.

Des ouvertures sont déjà existantes. Celle menant aux cuisines est importante et pourrait permettre d’organiser des ateliers plus facilement.

Des fenêtres du dortoir et des sanitaires donnent également sur cet espace.

Espace public: créateur de vie de quartier Un point central se forme au coeur du square, créant un lieu d’échange entre l’école et le quartier

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TION

NN

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PROJET

Optimisation de l’existant

Création d’une verrière Espace intérieur de 170 m2 dont une extension de 100 m2

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

PROJET

Les parties entourant les murs existants sont recouverts d’une ossature bois afin d’avoir une ossature mince PoseLad’une toiture toiture est en acier, permettant durabilité et fiabilité. (Fig 46) Toiture en bac acier Durabilité et fiabilité

Fig 46 : Schéma de construction 2 : Ossature bois et toiture en acier (Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

Fig 47 : Schéma de construction 1 : Etat des lieux

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

Le laboratoire65 est prolongé sur le square avec une charpente en bois permettant la création d’une verrière.

L’espace PROJET intérieur mesure 170m2 dont une extension de 100m2.

Un espace modulable qui s’adapte aux différentes activités

Fig 48 : Vue de l’intérieur 1

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Fig 45 : Schéma de construction 1 : Etat des lieux

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------72 : Désigne pour Claire Le Floch la future salle de son projet

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PROJET L’espace public devient un refuge pour de nouvelles activités

Conclusion

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Fig 49 : Vue de l’intérieur 2

(Source : LE FLOCH, Claire, 2015. Projet de fin d’étude)

A l’intérieur et afin de pouvoir modifier le lieu en fonction des besoins, Claire a imaginé un mobilier modulable avec des tables pliantes et des assises sur roulettes pouvant s’assembler et se détacher. (Fig 48) Une estrade et une scène se situent en bordure de la pièce, de part et d’autre des baies vitrées. Les enfants ou autre intervenant(s) peuvent organiser des spectacles ouverts sur le jardin et/ou sur le laboratoire. (Fig 49 & 50)

La notion de Living lab apporte une solution judicieuse à cette envie de créer un sas entre l’école et la rue. De plus Claire Le Floch répond ici à une question peu posée, celle de la transition entre l’espace privé d’une école et de l’espace public.

Par leur savoir et outils, les architectes ont permis de créer un environnement favorable à l’apprentissage et l’épanouissement des élèves qu’elle reçoit. Ce bâtiment, qui se distingue par sa façade dans l’espace urbain, doit en effet le stimuler, réveiller sa curiosité et surtout, lui donner l’envie d’apprendre. C’est ce que proposent dans leurs projets respectifs Paul Le Quernec et Rosan Bosch. Tous deux adoptent une méthode différente, l’un respectant un programme plus « classique » français et l’autre, un nouveau type d’enseignement, sans classe délimitée. A travers la répartition des espaces, les couleurs, matériaux et formes utilisées, les architectes se mettent au service de ce jeune être humain.

Enfin, la relation de ce bâtiment avec la ville est importante. L’une des deux entités est vue comme « sûre » pour l’enfant, et l’autre est perçue aujourd’hui comme un danger. La transition est donc intéressante à traiter ; c’est ce qu’a essayé de faire Claire Le Floch à travers l’imagination de cette pièce, empiétant à la fois sur l’école et sur l’espace public lui faisant face. Adaptable à plusieurs situations, elle s’ouvre à son quartier et à ses résidents en plus de ce qu’elle apporte à l’école. Ainsi, les enfants pourraient rencontrer et interagir avec des habitants du quartier. Dans le cadre d’ateliers ou représentations, les rencontres intergénérationnelles ont un effet bénéfique pour tous les intervenants, sur la mémoire, le stress ou l’humeur.

Suivant la démarche du living lab, la future diplômée de l’ENSA de Nantes place l’usager au centre du projet ;

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France s’est construite à travers les évolutions qu’a connu le pays. D’abord simple pièce « à tout faire », elle s’est ensuite appuyée sur des traités et règles mises en place par les autorités publiques pour devenir celle qu’on connait aujourd’hui. Elle devient publique, laïque et obligatoire lorsque l’Etat la prend en charge.

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« L’espace public est un véritable laboratoire expérimental. » En jouant en extérieur, l’enfant développe ses capacités d’apprentissage. Tout ce qui l’entoure n’est constitué que d’objets, formes et couleurs qui le stimulent. Enfin, c’est un lieu de rencontre où il parle et interagit avec d’autres personnes de son âge ou non. C’est « finalement un fabuleux outil d’apprentissage qui aide les plus petits à construire leur propre identité. »

Cette ville « ludique » ne se limite pas à des aires de jeux ou des espaces clos puisque les enfants peuvent en général jouer partout. En effet, à travers leur imaginaire, ils attribuent une fonction d’amusement à n’importe quel lieu.

Mais pour que nous, architectes ou même urbanistes puissions améliorer et créer davantage de lieux ludiques, il faut respecter quelques règles comme le fait qu’ils soient stimulants pour leurs accompagnants, facilement accessibles, confortables, qu’ils soient diversifiés et à la fois mystérieux.

L’utilisation d’outils architecturaux pourrait être adaptée à l’espace extérieur et permettre une certaine continuité afin de ne pas produire une rupture trop abrupte pour l’enfant.

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

l’enfant peut donc imaginer un cadre spatial qu’il aurait envie de fréquenter quotidiennement. Serait-ce la clef pour son intégration à l’espace public ? Il est en effet compliqué d’intégrer un ou plusieurs enfants à la construction d’un édifice ou d’un programme urbain. Ils peuvent cependant soulever des questions ou idées pertinentes. A cet âge-là, ils sont cependant attentifs que très peu de temps et ne pensent qu’à s’amuser. Alors pourquoi ne pas passer par le jeu pour mieux communiquer avec eux et l’utiliser de plus en plus comme outil d’apprentissage ?

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Annexes

L’architecture scolaire en France : état des lieux d’hier à aujourd’hui

Cet entretien est divisé en trois parties. La première traite de l’intérêt que Paul Le Quernec porte à l’architecture et le lien qu’il entretient avec l’architecture scolaire. La seconde, du projet en lui-même, de sa conception, des études réalisées, difficultés rencontrées et des éventuels changements qu’il ferait aujourd’hui, après coup. Enfin, la dernière partie parle des intervenants.

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1.

Moi :

« ouvez-vous me raconter brièvement votre parcours ?

De votre école à la réalisation d’équipements au travers de votre agence. Avez-vous eu un mentor qui vous a guidé pendant toutes ces années?»

L’architecte : «Bac C à Quimper en 1994, Math Sup en 1995 à Brest, concours ENSAIS (actuellement INSA Strasbourg), diplômé en 2000. Lors de mes études je me suis fait renvoyer pendant un semestre avec obligation de stage. J’ai atterri chez Dominique COULON en 1996 ou j’ai séjourné presque 5 mois. Auprès de cet architecte j’ai compris la plupart des choses que je considère comme essentielles dans la conception architecturale, bien que nos projets respectifs ne peuvent être accusés de ressemblances.»

Moi : «J’ai pu constater que vous aviez réalisé plusieurs bâtiments liés à l’éducation, pourquoi ?»

L’architecte : «Parce que je suis un cancre (rires enregistrés).

Malgré mes efforts pour cultiver la diversité programmatique des projets, il suffit d’un succès dans un domaine pour être considéré comme « spécialiste » du dit domaine. En ce qui me concerne, c’est la crèche de Sarreguemines qui a fortement orienté l’opinion des maîtres d’ouvrage quant à ma (supposée) spécialité en matière de petite enfance… alors qu’il n’en est rien!»

Moi : «Quels sont pour vous les points essentiels à développer dans ce type de bâtiment afin d’assurer son bon fonctionnement et sa pérennité ?»

L’architecte : «En ce qui concerne le bon fonctionnement, je considère que tout est dans le plan. Les courbes ne sont pas là pour faire joli mais pour raccorder rationnellement et harmonieusement toutes les fonctions. Les circulations dans mes projets ressemblent plus à des schémas nerveux qu’à des circuits imprimés d’ordinateur. C’est ce qui fait que cette architecture est organique.

Concernant la pérennité, elle relève surtout de la qualité de mise en oeuvre. Je n’ai pas encore rejoint le mouvement des architectes qui reviennent aux matériaux durables/bruts/ apparents, avec pour finition le bois, la pierre, le béton.»

Moi : «Selon vous, quels sont les espaces, formes, matériaux et couleurs à privilégier pour qu’un enfant puisse s’épanouir au mieux dans son école ?»

L’architecte : «Je ne pense pas qu’il y ait de forme préconçue, bien que je reste convaincu que les espaces courbes enveloppants ont un impact réel sur les humains, et plus particulièrement

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Entretien avec l’architecte de l’école Niki de Saint Phalle : Paul Le Quernec

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2.

Moi :

« Pour ce projet, avez-vous participé à un appel d’offre ?

Si non, comment ?»

L’architecte : «Oui. La ville de Saint-Denis a reçu 185 dossiers à l’époque, elle a retenu quatre candidats, deux parisiens et deux strasbourgeois.»

Moi : «Avez-vous conçu ce bâtiment en le liant avec son site environnant ?»

L’architecte : «Compte tenu de son contexte industriel trash (bâtiments sncf abandonnés, anciens hangars industriels promis à la démolition), et d’un projet futur résidentiel non défini au moment du concours, l’intégration à l’environnement s’est faite par opposition, avec l’idée de considérer cette école comme «une pâquerette qui pousserait sur une bouse de vache».»

Moi :

« Pourriez vous me parler plus en détail de la structure du bâtiment et des difficultés rencontrées pendant les travaux si il y en a eu.»

L’architecte : «Compliquée… charpente métal, plancher collaborant, façades en maçonnerie non porteuse… je pourrai vous trouver des images de chantier si vous le souhaitez.

Nombreuses. Heureusement nous étions en reprise générale, et les bonhommes en face de nous étaient relativement réglos.»

Moi : «La sécurité a-t-elle été au cœur de vos contraintes ?»

L’architecte : «Non.» Moi : «Vous a -t-il fallu négocier entre esthétique et sécurité ?»

L’architecte : «Oui, notamment lors de la conception du garde-corps en nid d’abeille.»

Moi : «Après quelques années passées, changeriez-vous certains éléments dans ce bâtiment ?»

L’architecte : «Probablement, mais rien de fondamental. A vrai dire il faudrait que j’y réfléchisse.»

Moi : «Quel est pour vous le véritable problème des écoles «à l’ancienne» dites «classiques» ou même «caserne» ? Pourquoi

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sur les enfants. Je pense souvent au fait que l’habitat primitif aux quatre coins du globe était tracé sur un cercle : tipi indien, yourte mongole, case africaine, igloo, etc.

Quant aux matériaux, je pense qu’ils sont qu’une importance mineure par rapport à la lumière. En effet, c’est la lumière qui révèle la matière.

Concernant les couleurs, elles ont un impact certain sur notre perception. Je les utilise comme des outils simples avec lesquels on peut rendre l’espace doux, tonique, ensoleillé, lunaire, neutre, etc. Je les utilise aussi pour unifier les espaces et fondre le mobilier aux murs par exemple.»

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L’architecte : «Je ne suis pas certain que les écoles « à l’ancienne » aient un véritable problème d’architecture. Elles sont souvent moches, certes, mais elles ont en général le bon nombre de tables, chaises, et tableaux. J’entends par là que l’architecture n’a pas le pouvoir de nous rendre meilleur en orthographe ou en calcul, hélas. Cependant, elle a le pouvoir de favoriser le cadre de vie et les conditions d’apprentissage, c’est une raison suffisante pour que les architectes fassent le maximum. Si l’on comparait l’école à une voiture, ses performances mécaniques seraient de la responsabilité des enseignants, son confort serait de la responsabilité des architectes.»

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modus operandi de la cuisson de mon escalope milanaise. En contrepartie, je m’engage à ne pas m’immiscer dans la façon dont les parents éduquent leurs enfants, ni dans la façon dont les enseignants élaborent leur programme.»

Moi :

«Avez vous eu recours à un questionnaire élaboré pour recueillir des avis de professionnels de l’éducation avant-projet ?»

L’architecte : «Comme pour tout équipement public, nous avons reçu un programme détaillé. Je vous le mets en pièce jointe pour que vous puissiez vous en faire une idée. Vous verrez qu’il soulève peu de questions tant il est détaillé.»

3.

Moi : «Quels ont été les différents intervenants dans ce projet ? Disposez-vous d’une équipe pluridisciplinaire ou faites-vous appel à des intervenants extérieurs ?»

Moi : «Avez-vous eu après la conception de ce projet un quelconque retour spontané des enseignants, parents ou élèves ?»

L’architecte : «Equipe de maîtrise d’oeuvre classique : cabinet d’architecte, associé à BET structure, fluide, acousticien, économiste, etc..»

L’architecte : « Oui, comme jamais. C’est le projet sur lequel j’ai le plus de retours positifs. A tel point qu’il a même fait l’objet d’un article de 5 pages dans le journal le monde.»

Moi :

«Avez-vous impliqué des parents, des élèves, du personnel travaillant (ou pas) dans ce futur établissement ?»

Moi : «Pensez-vous que l’architecture ait un rôle important vis à vis du comportement des enfants ?»

L’architecte : «Surtout pas! Quand je vais chez le médecin je ne lui propose pas de rédiger l’ordonnance en concertation avec lui. Quand je vais au restaurant, je ne demande pas à faire un brainstorming avec les cuistots pour m’assurer du

L’architecte : « Oui bien sûr! ainsi que pour les adultes.»

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vouloir rompre avec ?»

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Je présente rapidement mon parcours à l’Ensa Paris La Villette puis mon sujet de mémoire. J’explique à cette jeune architecte d’intérieur le sujet de mon mémoire.

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Claire Le Floch: «Votre sujet m’intéresse particulièrement car c’est ce que j’ai fais pendant toute ma dernière année d’étude. Je me suis focalisée sur la transition entre l’espace public et l’espace privé au sein de l’école. Dans cet espace on a une zone qui n’est pas poreuse, on est souvent directement confronté à des barrières parce qu’on a peur de la ville. On essaye à la fois de clôturer les enfants dans les écoles, et en même temps il y a un gros contraste entre les deux.

Je n’avais qu’un seul lieu à étudier pour ce projet. Je devais fédérer des acteurs autour, le présenter et voir si il pouvait être viable. Malheureusement je partais en stage juste après, du coup je n’ai pas pu le développer jusqu’à sa construction.

J’ai commencé à travailler sur les espaces pour les enfants : la crèche et l’école surtout. Je voulais savoir comment ils étaient conçus, pourquoi on les concevait de cette manière et comment ils sont au service des enfants. J’ai fais un bilan de l’école actuelle, des écoles novatrices, notamment dans les pays nordiques ou il y a plein de choses intéressantes.»

Moi : «Oui, je me suis renseignée à ce sujet, cela peut concerner les écoles de type Vittra par exemple.»

Claire :

« C’est ça, exactement. J’ai travaillé sur la crèche parce que cela concerne vraiment l’éveil. Il y a beaucoup de notions qui sont intéressantes au niveau de l’éveil, de l’apprentissage de

l’espace, des sons, des odeurs, des matières,… Lorsque nous sommes en ville, nous vivons dans des espaces très pollués donc savoir également comment on peut faire pour que les enfants puissent assimiler ce fait.

J’ai également travaillé sur l’école en général et sur l’apprentissage : comment cela se passe ? C’est sur le fait de l’ouvrir à la ville que je me suis vraiment penchée.

J’ai également abordé la notion du jeu. Qu’est ce que le jeu ? Quels sont ses avantages ? (Au niveau pédagogique). Les espaces de jeu en ville sont aujourd’hui très cloisonnés, ils ne favorisent pas forcément l’éveil, ne sont pas très inventifs, très structurés, normés et le comparer à des oeuvres de gens qui font de super choses, super projets, c’est intéressant.»

Moi: «En effet ! C’est pour cela que j’ai vraiment envi de traiter ce sujet pour mon mémoire mais plus autour des enfants en âge d’être à l’école primaire.»

Claire : «Oui c’est intéressant. Dans l’école ou j’ai implanté mon projet, il y avait un parc qui la bordait d’un coté, l’entrée pour les primaires donnait sur la rue principale qui est un grand boulevard. J’avais donc décidé que toutes les entrées de l’école donneraient sur ce parc.

Le bâtiment était en fait coincé au nord et au sud par de grands boulevards. Sur le coté droit de l’école, un grand couloir les reliait et n’est toujours pas utilisé aujourd’hui. J’avais décidé de travailler sur cet espace là et donc de l’aménager pour qu’il devienne lui même une entrée de l’école, que les enfants puissent courir et se défouler quand ils sortent de ce bâtiment sans pour autant être directement dans la rue.»

Moi : «C’est même surprenant qu’ils n’aient pas eu l’idée

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Entretien avec l’architecte Claire Le Floch qui nous présente son projet de fin d’étude.

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Claire : «Je ne sais pas, j’ai travaillé avec la ville, j’ai eu des contacts avec la mairie, avec l’école aussi et avec des aménageurs de l’ile de Nantes. Cette école était vétuste et le square un peu pollué, tout simplement parce que c’était un endroit qui avait connu des travaux. Tous les gravas ont été mis dans cet espace il y a longtemps. Ce n’est pas pour autant que le parc est d’ailleurs resté fermé ni même a organisé un espace pour les enfants. Je pense qu’ils n’y ont pas pensé et lorsque j’ai présenté devant le conseil des parents, de l’école et autres, j’étais un petit peu déçue, la personne qui représentait la mairie n’y a pas vraiment porté attention. La directrice de l’école était super contente de ce projet et avait vraiment envi que ce soit possible mais finalement ça ne s’est pas fait. C’est difficile pour les décideurs des villes de faire ce genre de projet malgré qu’ils soient quand même super intéressants. » Moi :

«En amont de la réalisation de ce projet, vous avez également réalisé des ateliers avec les enfants et/ou parents ?»

Claire : «Oui, j’ai fais des ateliers avec les enfants et des questionnaires pour les parents que j’avais déposé dans la classe. Ce projet était également une réponse par rapport à la dangerosité qu’il y a par rapport au boulevard. Après, plus précisément, en ce qui concerne les ateliers avec les enfants, j’en ai fais avec les petits et avec les grands parce-qu’il y avait les maternelles et les primaires. C’est très délicat parce-qu’ils ont un temps d’écoute assez restreint donc au final on fait plus de gestion des enfants que de récupérer du contenu. Je pense qu’il faut prendre de plus petits groupes et peut-être les suivre

sur un temps plus long. Il aurait peut etre fallu que je cible un quartier avec des enfants et parents qui sont d’accords. A ce moment là, c’est plus simple de se référer à une famille sur du plus long terme.»

Moi : «Connaissiez vous cette notion de living lab avant ce projet ou pas du tout?»

Claire : «Oui, un petit peu, mais vous, vous entendez par quoi exactement quand vous parlez de cette notion?»

Moi : «Le living lab représente pour moi une méthode de recherche, assez innovante, qui peut se développer sur différents types de projets et des domaines assez variés. La caractéristique principale de cette notion que j’ai retenu est le fait que l’usager soit au centre du projet. Tout s’organise autour de lui. Pour que cela s’organise, des ateliers sont mis en place ou plateformes web pour que chacun puisse donner son avis.»

Claire : «Oui c’est ça. C’est une notion que j’ai étudié à l’école: l’usager et l’usage sont au centre du projet. Dans le design, cette notion était au centre de nos études et des projets sur lesquels on travaillait. J’avais envi pour mon projet de fin d’étude, de reproduire cela au sein d’une école et d’avoir un laboratoire ouvert. La création architecturale était cette salle, vitrée et ouverte sur l’espace extérieur.

C’était un espace mutualisé: où l’on optimise le temps, les espaces, les échanges. C’était un espace de création pour les enfants en lien avec l’extérieur. En passant par cet espace là, on pouvait voir aussi ce qu’il se passait dans l’école. D’habitude, un parent ne voit pas comment cela se passe dans la classe

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de ce projet avant, y a t-il des problèmes par rapport aux autorisations?»

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Moi : «En effet, je n’avais pas compris que même des gens du quartier pouvaient y accéder.»

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Claire : «Oui, cette salle pouvait être ouverte pour l’extérieur.

Par exemple, des associations du quartier pouvaient l’utiliser.

Ce lieu pouvait même prendre le rôle d’une maison de quartier, même si le temps de l’école était terminé, on pouvait y organiser des ateliers ou réunions.»

Moi : «C’est un lieu qui peut évoluer en fonction de son usage.»

Claire : «Oui c’est ça, c’est vraiment l’idée de créer un espace supplémentaire optimisé au maximum. Il fallait qu’il soit utilisé autant pour le temps de l’école qu’après ou même pendant les vacances scolaires par les centre aérés ou autres. Cela peut être intéressant de l’utiliser à la place d’aller dans des salles de classe.

De plus, cet endroit était relié aux cuisines, donc il y avait la possibilité de faire des ateliers culinaires, ou goûters pour

enfants. Ou même pour une association de quartier qui aurait besoin d’organiser un repas.

Sur ce parc, l’idée était qu’il y ait trois entrées : une pour l’école primaire, une pour l’école maternelle et une pour la crèche tout au nord, qui est déjà existante et par laquelle les gens rentrent déjà aujourd’hui. C’est intéressant par le fait que tous les âges pouvaient se retrouver dans cet espace là. C’était un chouette projet, j’en parle avec nostalgie.»

Moi : «Est ce que ce projet a intéressé les parents ? J’ai visité l’école Nikki De Saint Phalle qui se trouve à Saint-Denis et j’ai demandé à la directrice si une certaine dynamique s’était créée par rapport à cette architecture peu banale de la part des parents. Elle m’a répondu que peu de parents s’impliquaient vraiment dans la vie scolaire.»

Claire : «C’était à peu près similaire puisque l’école était implantée dans un quartier un peu compliqué. J’ai pas senti de la part des parents un réel engouement. J’ai senti plus d’engouement de la part des gens au niveau de l’agglomération.

Ce genre de projet dépend aussi de ce que l’on va toucher, si cela touche l’espace public et l’agglomération ou si l’on touche l’espace éducatif. Ce ne sont pas les mêmes infrastructures, administrations et mêmes préoccupations.

Si vous travaillez sur un trajet, cela peut être intéressant de faire quelque chose qui puisse s’adapter selon les quartier ou se reproduire. Cela leur donne de l’intérêt parce-qu’ils pourraient l’implanter ailleurs, pas que sur un endroit précis dans la ville.

J’ai trouvé ce projet très intéressant car on travaille avec des gens différents.»

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en général. Là il pouvait passer et regarder. Même pour des gens du quartier, des personnes âgées ou autres, tous ces gens avaient la possibilité de rentrer et de voir ce qu’il se passait. Il y avait dans cette pièce des gradins et l’espace pouvait être ouvert l’été ou fermé. On pouvait donc y organiser des spectacles, des expositions de travaux des enfants etc par exemple. Cela pouvait permettre d’exposer toutes choses.

C’était donc un espace poreux entre l’espace de l’école et l’espace public. De plus, ce lieu était hors de danger puisque à l’abris des boulevards à coté. »

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