2 La RDC a eu un passé colonial et postcolonial turbulent. L’indépendance du pays en juin 1960 fut suivie par la déclaration d’indépendance des provinces du Kasaï et du Katanga. Patrice Lumumba, le premier Premier ministre élu, demanda l’appui de l’Union Soviétique. Après seulement 10 semaines au pouvoir, Lumumba fut renversé par un coup d’Etat, déporté, puis assassiné au Katanga. Le Général Mobutu Sese Seko réprima le mouvement indépendantiste dans les deux provinces avec l’appui de troupes étrangères et prit officiellement la tête du pays en 1965. Dès le début de son règne autocratique, Mobutu nationalisa les ressources minières et créa des entreprises étatiques exerçant un monopole sur les concessions minières. En 1970, Mobutu lança un plan de développement décennal (Objectif 80), visant à transformer la RDC en pays industrialisé, financé par des emprunts domestiques et extérieurs. La « Zaïrianisation », campagne d’indigénisation et de nationalisation de l’économie, a rapidement suivi. Treize mois plus tard, un programme de « radicalisation » fut mis en place pour corriger la Zaïrianisation, ce qui entraîna une concentration encore plus grande des intérêts et des ressources du pays entre les mains des proches du pouvoir. La Zaïrianisation et la radicalisation affaiblirent sévèrement l’économie du pays (Meditz & Merril 1994) et eurent comme conséquences l’inflation et le chômage, la liquidation des stocks et des actifs des entreprises, ainsi qu’une pénurie des produits de première nécessité. Cette situation provoqua le départ des investisseurs nationaux et étrangers, entraînant une fuite massive de capitaux et la quasi-disparition de l’économie agricole. Durant les années 1970 et 1980, les chocs et influences externes ont conduit à l’effondrement de l’économie après 1990. Pendant les années de guerre froide, le pays était un allié stratégique des États-Unis contre l’Angola soutenue par les communistes. La situation économique se fragilisa davantage lorsque les prix du cuivre chutèrent brutalement dans les années 1970, après des années de croissance soutenue. En 1986, le prix du cobalt chuta à son tour de 58 %. À la fin des années 1980, la production minière diminua fortement, provoquant un effondrement généralisé de l’économie. La banque centrale fit faillite et les dettes cessèrent d’être honorées, compte tenu de la pénurie des réserves en devises étrangères et la perte de tout intérêt par les acteurs internationaux à soutenir le pays. Au début des années 1990, la RDC sombra dans une guerre majeure avec des conséquences humanitaires dramatiques. Au cours des années 1990, une pression interne croissante conduisit Mobutu à proclamer la Troisième République et promulguer un changement de la Constitution censé ouvrir la voie à la démocratisation du pays. Les pillages de Kinshasa par l’armée en 1991-1993 et l’incapacité de Mobutu à contrôler l’effondrement des services publics affaiblirent encore son gouvernement. Les hostilités dans les pays voisins à l’Est de la RDC s’étendirent sur le territoire congolais. En 1997, Mobutu perdit le pouvoir et Laurent-Désiré Kabila devint le nouveau chef du pays qui fut renommé République démocratique du Congo. Ce coup d’Etat fut suivi par une guerre, souvent appelée la Première guerre mondiale africaine, qui pourrait avoir causé