Haïti

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3. Tendances et moteurs de la croissance La croissance a été décevante La croissance économique d’Haïti a globalement été décevante au cours des quatre dernières décennies. De 1971 à 2013, la croissance du PIB s’est établie en moyenne à 1,2 % par année, restant ainsi bien inférieure à la moyenne de la région Amérique latine et Caraïbes (3,5 %) et de celle des économies affichant un niveau de développement similaire (3,3 %) (figure 3.1). Les rares périodes de croissance positive sont restées éphémères, et ont souvent été suivies d’un ralentissement de l’activité ­économique. De plus, compte tenu de la croissance démographique importante du pays, le PIB par habitant a même reculé de 0,7 % par année en moyenne entre 1971 et 2013. Le PIB par habitant d’Haïti, qui a augmenté pendant les années 1970 à l’instar des autres pays d’Amérique latine et des ­Caraïbes, a depuis perdu du terrain (­figure 3.2). Alors que les pays à faible revenu affichent en moyenne une hausse de leur PIB par habitant depuis le milieu des années 1990, Haïti est demeuré à la traîne. La croissance d’Haïti a essentiellement été alimentée par l’essor de la population active. L’examen des facteurs de croissance montre que la main-d’œuvre a été le principal moteur de l’expansion économique d’Haïti (tableau 3.1). L’amélioration de l’espérance de vie et la réduction des taux de fécondité (de 5,7 naissances/femme en 1971 à 3,2 en 2012) ont contribué à l’augmentation de la population d’âge actif (59 % de la population a entre 15 et 64 ans, contre seulement

54 % en 1971). L’accumulation de capitaux, bien que faible pendant la majeure partie de la période considérée, augmente depuis 2000. Même si elle est surestimée, l’accumulation de capitaux a sans doute profité du réengagement des bailleurs de fonds et des flux d’aide qui ont suivi le séisme de 2010, pour reconstruire les infrastructures endommagées.1 L’accès à des prêts concessionnels a également permis de stimuler les investissements publics (encadré 3.1). L’économie a toutefois été freinée par des chocs de productivité. La croissance du PIB réel a été décevante au cours de la période considérée, malgré les augmentations des facteurs de production, soulignant ainsi l’évolution négative de la productivité totale des facteurs (PTF). Cette évolution pourrait être due aux catastrophes naturelles et à l’instabilité politique qui ont frappé Haïti.2 La croissance de la PTF n’a duré que quelques années après le retour à la démocratie (19951999). Pendant ces épisodes, les améliorations de la productivité ont pu découler de la réaffectation des facteurs vers des secteurs économiques à plus forte productivité, de la « qualité » accrue des moyens de production (main-d’œuvre et capital) ou de l’adoption de nouvelles technologies (FMI, 2004). Les catastrophes naturelles pèsent sur les résultats économiques d’Haïti depuis quarante ans. Entre 1971 et 2013, l’économie haïtienne a subi de nombreux chocs nuisibles à sa croissance. Bien qu’au cours de cette période le pays ait été frappé presque tous les ans par des catastrophes naturelles (­figure 3.3), leurs incidences économiques varient selon la nature des catastrophes : les effets des inondations

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