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O.3 La couverture de l’internet mobile est associée à une consommation plus élevée et à une pauvreté plus faible

FIGURE O.3

La couverture de l’internet mobile est associée à une consommation plus élevée et à une pauvreté plus faible

Pourcentage de changement associé à la couverture 3G (%) 50

40

30

20

10

0

–10

–20

–30

Consommation totale Consommation alimentaire Consommation non alimentaire Pauvreté (US$1,9 par jour) Pauvreté (US$3,2 par jour)

Estimations ponctuelles Intervalle de confiance (95%)

Source : Masaki, Rodriguez-Castelan et Granguillhome-Ochoa (2020). Note : Voir figure 2.3.

soient pas exhaustives, elles fournissent des indications utiles pour éclairer les discussions politiques sur les stratégies visant à améliorer les effets de l’accès à l’internet mobile à haut débit sur le bien-être et à réduire la fracture numérique entre les territoires et les groupes socio-économiques.

Le gouvernement du Sénégal devrait améliorer la disponibilité d’infrastructures numériques à coût réduit, étayées par un meilleur accès à l’électricité, en particulier dans les zones rurales, non seulement pour empêcher l’élargissement des fractures numériques, mais pour les réduire activement. Les politiques axées sur la couverture universelle et abordable du haut débit et de l’électricité sont parmi les plus conséquentes pour atteindre les populations exclues, notamment les personnes vivant dans des zones rurales et isolées. Dans ce contexte, l’accélération des actions visant à activer le Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT) et la délégation de la gestion de l’infrastructure publique de fibre optique à un opérateur de gros du secteur privé pourraient contribuer à réduire la fracture numérique en tirant parti des investissements privés. L’approfondissement des réformes en cours pour accroître la concurrence dans les domaines des infrastructures et de la fourniture de services numériques, notamment en stimulant l’entrée sur le marché de nouveaux fournisseurs de services, tout en réduisant le pouvoir de marché des opérateurs dominants du haut débit, peut également contribuer à réduire les tarifs pour tous. Il est important qu’une politique de partage des infrastructures pour les zones rurales récemment adoptée soit mise en œuvre avec des garanties adéquates pour empêcher les comportements anticoncurrentiels. Pour tirer parti des avantages régionaux non négligeables, le Sénégal devrait également envisager de jouer un rôle de chef de file dans l’augmentation de l’harmonisation régionale, notamment en assurant la coordination au niveau supranational concernant le cadre des communications électroniques de l’UEMOA et les règles de la CEDEAO, en mettant pleinement en œuvre les réglementations d’itinérance de la CEDEAO et

en plaidant pour l’élimination des règles restrictives (ou inexistantes) dans les pays de la CEDEAO pour stimuler le développement de marchés de données entièrement régionaux.

Il est nécessaire d’adopter des politiques concomitantes en matière de demande pour renforcer les effets positifs de l’accès à l’internet mobile à haut débit et garantir son utilisation productive. Les politiques qui réduisent les contraintes budgétaires des ménages, telles que les transferts directs d’aide sociale et la suppression des obstacles à l’inclusion financière, sont une condition essentielle pour améliorer l’adoption de l’internet mobile. Encourager la tarification zéro pour les applications de messagerie, par exemple par le biais d’un forfait à faible utilisation n’intéressant que les ménages à faibles revenus, peut aider à tirer parti des effets de réseau. La promotion du contenu en langue locale et la poursuite des investissements dans les compétences numériques peuvent favoriser une utilisation efficace de la couverture mobile. Il est important de noter que les groupes vulnérables peuvent requérir une attention particulière, notamment des approches adaptées au sexe, à l’âge et à la situation géographique des personnes.

Bien qu’une analyse réglementaire détaillée dépasse le cadre de ce rapport, certains aspects réglementaires, tant du côté de l’offre que de la demande, sont abordés dans l’analyse. Le rapport contribue ainsi à faire ressortir l’importance des cadres réglementaires pour une adoption et une utilisation accrue des technologies numériques. Il est particulièrement important de promouvoir l’entrée sur le marché et l’innovation, ainsi que d’adopter une approche plus souple sur les données, les modèles commerciaux numériques et les préoccupations relatives à la confidentialité et au partage des données, qui contribuent à façonner le caractère inclusif de la croissance numérique. Ces questions font l’objet d’une analyse approfondie dans le rapport sur le développement mondial 2021 “Des données pour une vie meilleure”.

APERÇU DU CHAPITRE 3—ENTREPRISES : L’INNOVATION AU SERVICE DE PLUS D’EMPLOIS DE QUALITÉ POUR UNE POPULATION CROISSANTE

De meilleurs emplois pour un plus grand nombre de personnes nécessitent des entreprises plus performantes et plus nombreuses. Des entreprises plus productives et en plus grand nombre, à leur tour, exigent : la mise à niveau technologique et la génération et l’utilisation de nouvelles technologies par les entreprises existantes, étayées par des capacités accrues des gestionnaires et des travailleurs ; un plus grand nombre d’enterprises nouvelles, notamment des startups technologiques ; et un meilleur accès au financement. Le Sénégal doit axer ses politiques de soutien sur les entreprises tant formelles qu’informelles.7 Les emplois du secteur privé formel ne représentent que 5 % de la population active en âge de travailler, soit moins de 200 000 emplois, alors que la population en âge de travailler augmente de 300 000 par an, pour atteindre environ 430 000 par an en 2030. Par conséquent, pour soutenir une croissance plus inclusive, il faut également mettre l’accent sur la stimulation de la productivité des entreprises informelles, en leur accordant un soutien public suffisamment attractif pour les encourager à se formaliser à la longue.

Soutien à la mise à niveau technologique pour des entreprises plus productives

Les entreprises sénégalaises ont pris du retard dans l’adoption de technologies plus sophistiquées. Par rapport à l’État du Ceará au Brésil,8 le Sénégal présente un écart de 36 % dans l’adoption et l’utilisation de tout type de technologies plus sophistiquées pour les fonctions générales de l’entreprise (par exemple, la tenue de la comptabilité à la main par rapport à une simple feuille de calcul Excel ou l’utilisation d’une solution plus sophistiquée de planification des ressources de l’entreprise (ERP)), et un écart de 30 % pour la technologie la plus fréquemment utilisée. L’entreprise moyenne du Sénégal est également à la traîne du Vietnam en termes de sophistication technologique dans ces fonctions générales de l’entreprise, à la fois sur la marge extensive (si l’entreprise utilise la technologie du tout) et sur la marge intensive (si c’est la technologie utilisée le plus intensivement par l’entreprise). En outre, le Sénégal est en retard dans l’adoption et l’utilisation de technologies plus sophistiquées pour les fonctions spécifiques à un secteur. Par exemple, la préparation des terres pour l’agriculture reste en grande partie manuelle, seule une petite partie des entreprises utilisant un tracteur à un seul essieu, et presque aucune n’utilisant des versions plus sophistiquées de tracteurs guidés par GPS avec les capteurs de l’internet des objets.

L’adoption de meilleures technologies est associée à une croissance plus rapide de l’emploi. Aujourd’hui, presque toutes les technologies plus sophistiquées comportent des éléments numériques. Les entreprises qui utilisent des technologies plus sophistiquées sont plus productives que celles qui utilisent des technologies moins sophistiquées. Les entreprises qui utilisent des technologies plus sophistiquées enregistrent également une croissance de l’emploi plus rapide que celles qui utilisent des technologies moins sophistiquées. Il est intéressant de noter que les entreprises qui utilisent de manière intensive des technologies plus sophistiquées pour des fonctions générales de l’entreprise (FGE), telles que l’administration commerciale et la planification de la production, enregistrent une croissance de l’emploi plus rapide (une augmentation d’un point de l’indice d’adoption de la technologie est associée à une augmentation de 14 % du nombre de travailleurs dans l’entreprise moyenne) que celles qui les utilisent moins fréquemment et que celles qui utilisent des technologies plus sophistiquées pour des fonctions spécifiques à un secteur (FSS), en tenant compte de la taille initiale, de l’âge, du secteur, de la région, du statut d’exportateur et de la propriété étrangère ou nationale (figure O.4). De plus, l’utilisation de technologies numériques internes à l’entreprise pour l’administration des affaires et la planification de la production est associée à une plus forte croissance moyenne de l’emploi que l’utilisation de technologies numériques externes à l’entreprise pour l’approvisionnement en amont et le marketing, les ventes et les méthodes de paiement en aval. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que ces derniers exigent un écosystème d’adoption plus étendu et plus efficace, intégrant d’autres entreprises et particuliers en amont et en aval en tant qu’utilisateurs. Finalement, et d’une importance cruciale en termes de réduction des fractures numériques, la croissance de l’emploi générée par la mise à niveau technologique est une croissance inclusive : les entreprises disposant de technologies plus sophistiquées génèrent non seulement plus d’emplois mais augmentent également la part des travailleurs non qualifiés sur leur masse salariale.

Les micro-entreprises informelles sont encore plus en retard en termes d’adoption des technologies.9 Cela signifie inversement qu’il pourrait y avoir un plus grand potentiel de mise à niveau technologique et d’apprentissage continu,

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