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Politiques et programmes actuels de filets sociaux
ministères sectoriels chargés des services de base. Ainsi, le ministère de l’Éducation assume la responsabilité des programmes de cantines scolaires alors que le Commissariat à la Sécurité Alimentaire voit à la distribution d’aliments subventionnés ou gratuits pendant les périodes de crise. Dans certains pays, les ministères décisionnels dotés de mandats prioritaires de réduction de la pauvreté qui ont réussi à cibler et à verser des prestations aux plus vulnérables sont devenus des chefs de file en matière de protection sociale. Au Rwanda, le ministère du Gouvernement Local assure la gestion des principaux programmes de protection sociale (le Fonds d’Assistance aux Survivants du Génocide et le Programme Vision 2020 Umurenge) (VUP) en coordination avec les autres ministères (ministère du Genre et de la Promotion de la Famille, ministère de la Santé et ministère de l’Éducation) responsables de plus petites interventions. En outre, le programme rwandais a également l’avantage de bénéficier de la forte adhésion du ministère des Finances. Au Cameroun, où le ministère des Affaires Sociales assure traditionnellement des services d’assistance sociale aux groupes exclus, le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire se pose actuellement, à travers son Comité Technique Intersectoriel de Suivi des Programmes Économiques, en tant leader dans l’établissement de programmes de filets sociaux ciblant les que ménages les plus pauvres. À Madagascar par contre, puisqu’aucun ministère n’est en mesure de diriger le programme de protection sociale, le Bureau du Président assume présentement la responsabilité du principal programme de filets sociaux, Tsena Mora, qui offre aux ménages pauvres des zones urbaines des denrées alimentaires à des prix subventionnés. Parmi les 22 pays étudiés, 86 pour cent ne possédaient aucun système de filet social et mettaient plutôt en œuvre de façon non coordonnée plusieurs programmes de filets sociaux ponctuels (Figure 3.3). Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, notamment l’absence de stratégie opérationnelle de protection sociale, la forte influence de plusieurs PTF, et l’absence, au sein des pouvoirs publics, d’un champion solide des filets sociaux pouvant assurer une coordination efficace des PTF. En fait, même si un seul des 15 PFR examinés a développé son propre système de filets sociaux (le PSNP et les autres programmes qui travaillent ensemble à la réduction de l’insécurité alimentaire en Éthiopie), près de la moitié d’entre eux (40 pour cent) ont entamé un processus à cet effet. Des systèmes de filets sociaux sont déjà opérationnels dans près du tiers des PRI examinés par l’étude et 43 pour cent de plus évoluent vers un système plus coordonné. Le Botswana est le seul à posséder un système complet de programmes de filets sociaux alors que Maurice, qui a pourtant en main tous les éléments nécessaires, ne fait preuve d’aucune coordination systématique. Le Kenya, le Malawi, le Mozambique, le Rwanda et la Tanzanie ont entrepris l’établissement de systèmes de filets sociaux ou encore d’unification et de réforme de leurs programmes en cours. Le Ghana, le Libéria et le Mali ont en outre manifesté leur intérêt envers la réforme de leurs programmes actuels et l’élaboration de systèmes nationaux de filets sociaux. Réduire la pauvreté et investir dans le capital humain • http://dx.doi.org/10.1596/978-1-4648-0570-7