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Étude de la Banque mondiale
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Dans le segment de marché à but lucratif, la procédure de fixation des prix publics comprend deux étapes : a) les grossistes importateurs établissent leur prix de cession aux officines, en appliquant sur le PGHT un taux de marge d’environ 40 %132; ce taux inclut les frais entre PGHT et les prix DDP133 et une rétrocession à la centrale d’achat lorsqu’elle existe ; b) le pharmacien d’officine applique, sur le prix de cession grossiste ainsi calculé, un taux de marge de 32 % pour calculer son prix de vente134. Les différences qui existent à l’origine entre les PGHT sont a énuées par les différences entre les taux de marge des grossistes et ainsi, le prix de vente d’un même médicament est, à quelques F CFA près, le même dans toutes les pharmacies d’officine. Ainsi, la libéralisation des prix décidée en 1994, suite à la dévaluation du FCFA135, n’a eu que peu d’effets : la baisse des prix qui aurait dû en résulter ne s’est jamais produite et la concurrence ne joue, depuis, que très peu : les prix entre médicaments identiques (même dénomination commerciale, même molécule, même forme pharmaceutique et même dosage) sont quasi identiques d’une pharmacie à l’autre.
Ce mécanisme de formation des prix ne s’applique cependant pas aux MEG que fournit la CAMEG aux pharmacies d’officine, pour lesquels la marge correspond à la différence entre prix de cession CAMEG et prix public fixé par arrêté interministériel comme expliqué plus haut. Exprimées en pourcentage, ces marges correspondent à des taux qui peuvent parfois excéder 100 % (voir figure 2.15). Figure 2.15. Prix d’achat, prix de vente et marges commerciales des MEG les plus vendus, fournis par la CAMEG aux pharmacies d’officine privées (valeurs en FCFA)
Ampicilline 1g inj Amoxicilline 500 mg gel Amoxicilline 250 mg sp Cotrimoxazole. 480 mg cp Ibuprofène 400 mg cp Paracétamol 500 mg cp Quinine 300 mg cp
Prix cession CAMEG
Prix vente au public (arrêté)
Marge brute en valeur absolue
Marge brute en valeur relative
135,4 28,0 334,1 7,9 7,0 3,4 32,3
250,0 45,0 500,0 10,0 12,0 8,0 40,0
114,6 17,1 165,9 2,1 5,1 4,6 7,7
85% 61% 50% 26% 73% 135% 24%
Source : Bansse (2010).
Compte tenu du fait que les mécanismes de formation des prix de vente sont identiques dans les deux segments (marges ad valorem) et que les prix d’achat du segment lucratif sont beaucoup plus importants que ceux du segment non lucratif136, les prix de vente du segment lucratif sont beaucoup plus élevés que ceux du segment à but non lucratif : une comparaison réalisée dans les deux segments de marché, sur un échantillon composé des 60 médicaments les plus vendus dans le segment à but lucratif137, fait apparaître un écart moyen de l’ordre de 3,3 ; la même comparaison réalisée sur les prix de vente de traitement de trois pathologies traceuses (IRA chez l’adulte et l’enfant et une IST) présentent des écarts de prix allant de 1,8 à 2,5 et 6,0 (voir tableau 2.12).