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Gerald Watelet, vu de l’intérieur Photos © Olivier Polet
“Uccle, c’est vraiment mon coin”, dit l’animateur de la RTBF, qui y achève l’installation de son quatrième chez-soi, à un jet de pierre de Sainte-Elisabeth. Haut perché et lumineux, avec des baies largement ouvertes sur la verdure tendre du printemps, le nouveau nid de Gerald Watelet a l’air de ravir ses oiseaux qui chantent à tue-tête dans leur cage. Il aime les oiseaux - même son réveil-matin chante - il aime les jolies cages et en a d’ailleurs une collection dans son garage: “Mais si j’étais en pleine nature, comme autrefois à Namur, j’aurais plein d’autres animaux, j’adore ça.” Fatalement ici, au quatrième étage, seuls les oiseaux et le chien Orson ont le droit de partager avec le maître de céans les 120 m2 de l’appartement des années 70 dans lequel, dit-il, il a “tout cassé”, ramenant le nombre de chambres de trois à une seule, en suite avec dressing et salle de bains. “Pourquoi garder des petites pièces dont on n’a pas l’usage? Des chambres où on ne va pas, ce sont des mètres carrés pour rien”. Dans le même mouvement, il a supprimé le hall d’entrée et la porte s’ouvre directement sur le vaste living. “Comme dans les séries TV américaines”, s’amuse-t-il. Si ce n’est qu’ici, “c’est du Belge”, surtout, et même du 100 %
At home
Watelet au sol, où le pied foule avec délices une omniprésente moquette de laine tuftée qu’il a dessinée et fait tisser par Didden.
Tout est signé W
Dans une paroi d’ébène de Macassar, la coquille chromée qui encadre l’âtre fonctionnel, il y tenait - et le look assez Mondrian de la hotte de la cuisine sont aussi des créations personnelles. Sans l’être nécessairement, tout le reste de la décoration porte clairement sa marque. Les portes tapissées de velours rehaussé par des bobèches de cristal sur des platines en argent, provenant d’un palacio portugais; le tissu des coussins du canapé, “taillé dans les rideaux du bar de la Villa Lorraine que Marcel Kreusch avait rénové, en 1960”; le tissu mural très seventies de sa chambre à coucher, qu’il a fait rééditer chez Pierre Frey à Paris; le dressing du parfait gentleman, à faire pâlir de jalousie un héros de P.G.Wodehouse, avec son intelligente idée d’îlot central piquée dans une cuisine, agencé pour abriter tout le linge. Les
lampes de bambou laqué, dont la maison Tagoli à Bruxelles réalise les abat-jours. Jusqu’aux barrières mobiles, dissimulées dans les parois vert pomme de l’entrée de la cuisine, qui en interdisent l’accès au chien gourmand... Sur quatre mètres carrés à vue de nez, cette cuisine à la dominante noire, avec vue sur le parc, concentre tout ce qu’il faut à un maître-coq pour réussir des plats magnifiques. Ce ne sont pas les recettes qui lui manquent, Gerald en a publié 14 ouvrages déjà, ce serait plutôt le temps: si sa carte de visite le désigne sobrement comme “Ensemblier”, c’est sans doute aussi par manque de place. Car avec Gerald Watelet, l’ensemble vaut bien plus que la somme des parties. Cet homme-là s’est littéralement recommencé chaque fois qu’il en avait l’envie, exactement comme il recommence tout le décor qu’il s’est créé, à chaque déménagement ailleurs. Tenez, la dernière fois, il a vendu chez Cornette de Saint-Cyr tout ce qui meublait ses pénates. Pour se remettre à chiner, avec un plaisir gourmand, car il aime autant les maisons que tout ce qui