Wolvendael mag n°573

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Symphonie

Les amateurs de jardinage bio défilent dans la "semençothèque" de Gilbert et Josine Cardon (ci-dessus) qui contient 6500 variétés de graines. A droite, Josine fait les honneurs du jardin aux visiteurs.

en sol majeur

C'est un jardin extraordinaire, à tous points de vue. Jamais arrosé, jamais bêché, pas un gramme d'engrais chimique en quarante ans et pourtant, ce potager croule sous les fruits et légumes. Un jardin de Candide qui a tout d'une mini-jungle, le figuier y côtoie la bourrache: 5000 plantes et arbres sur à peine 1800 m2. En Thaïlande, au Brésil? Non: à Mouscron.

Une enfilade de petites maisons de briques rouges, toutes semblables. Nous sommes jeudi, dernier jour où les amateurs de jardinage biologique en permaculture viennent passer leurs commandes groupées d'arbustes pour la prochaine saison. L'entrée est déroutante. Un couloir étroit dans lequel on se glisse à côté d'un buffet en chêne sculpté et d'un VTT débouche sur une pièce où trône un grand aquarium. Mais il y a deux mille livres de jardinage dans les rayonnages et, plus loin, dans une salle de réunion, ces livres font place à des milliers de boîtes de graines et de semences numérotées. "Six mille cinq cents" précise Gilbert Cardon, la soixantaine robuste et l'accent un peu rocailleux. Josine, son épouse, chevelure d'argent et yeux vifs, accompagne les visiteurs qui défilent dans le jardin, au bout de la maison tout en longueur. Pour une fin d’octobre, la végétation est d’une étonnante vigueur, ça grimpe, ça s’enlace, ça pousse, ça s’enroule, se déroule et dégringole de partout dans un apparent désordre. De temps en temps, on voit un bout de ciel bleu aujourd’hui - au travers des feuillages

tous différents. Comme une jungle où la canopée serait à deux, trois mètres de haut. Dans ce labyrinthe vert, on s’efface entre les plantes pour laisser passer les visiteurs qui circulent, un plan photocopié à la main, sur des caillebotis. Ils ont le regard émerveillé d’enfants qui découvrent le paradis d’un jardin clos, tranquillement exubérant, en pleine ville.

Ne pas bêcher, ne pas arroser

C’est un jardin didactique. Des petits panneaux, ici et là, donnent des conseils de base, comme celui de cultiver à l’abri des arbustes, qui protègent du froid et entretiennent l’humidité de la terre. Riche en humus, elle n’a pas besoin d’arrosage, les galeries des nombreux vers qu’elle contient la transforment en une espèce d’éponge qui retient l’eau. “Il ne faut pas bêcher ni enfouir les déchets en terre” conseille Josine. “Bêcher rend la terre plus compacte, en finale. Les déchets enfouis ne sont pas correctement absorbés par les micro-organismes, qui distribuent mal la nourriture aux plantes. Il suffit de rabattre, de détruire les herbes qui envahissent les cultures et laisser en

Dossier: Tout beau, tout bio


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