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AFRIQUE DU SUD
CHILD RIGHTS & GLOBAL GOALS
Vincent et Tadiwanashe Ă Muhrewa, au Zimbabwe, a ichent fiĂšrement leur pancarte en faveur des droits des filles.
SM la reine Silvia de SuĂšde | Swedish Postcode Lottery
ForumCiv/Sida | Queen Silviaâs Care About the Children
Foundation | Survé Philanthropies | Kronprinsessan
Margaretas Minnesfond | Sparbanksstiftelsen Rekarne
Familjen Bergqvists Insamlingsstiftelse | Peace Parks Foundation | Rotary District 2370
Tous les parrains des droits de lâenfant et donateurs | Microsoft | Google | DecideAndAct
ForeSight Group | Twitch Health Capital
PunaMusta | Gripsholms Slottsförvaltning
Svenska KulturpÀrlor | ICA Torghallen
StrÀngnÀs UN Association | Arkitektkopia/ StrÀngnÀs Kopia | SkomakargÄrden
Lilla Akademien
Le Globe tâest destinĂ©, Ă toi et Ă tous les autres jeunes qui participent au Programme du Prix des enfants du monde. Ici, tu rencontreras des ami·e·s du monde entier, tu apprendras Ă connaĂźtre tes droits et obtiendras des conseils pour rendre le monde meilleur !
personnes présentées dans ce numéro du Globe viennent des pays suivants
RĂ©dacteur en chef et directeur de la publication : Magnus Bergmar Ont collaborĂ© aux no 70/71 : Andreas Lönn, Johan Bjerke, Carmilla Floyd, Erik Halkjaer, Jesper Klemedsson, Charles Drawin, Christine Olsson, Kim Naylor, Bo ĂhlĂ©n, Faisal Anayat, Alfredo Cau, Yubraj Pokhrel, Brunel Atindogbe/DaringPix Traduction : Lingonorden (anglais, français), Glenda Kölbrant (portugais) Graphisme: Fidelity
Tu souhaites tâengager pour faire respecter les droits de lâenfant lĂ oĂč tu vis, dans ton pays et dans le monde ? GrĂące au Programme du Prix des enfants du monde (PEM) et au Globe, dĂ©couvre nos ambassadeurs, nos hĂ©ros et les enfants qui se battent courageusement pour un monde meilleur pour les enfants. Toi aussi, participe au changement !
La Convention internationale des droits de lâenfant concerne tous les enfants, partout. Observe les enfants autour de toi, Ă la maison et Ă lâĂ©cole. Les filles et les garçons ont-ils les mĂȘmes droits ?
Arrivez-vous Ă vous faire entendre sur des sujets qui vous concernent, toi et tes ami·e·s ? Comment amĂ©liorer la situation des enfants lĂ oĂč tu vis, dans ton pays et dans le monde ?
Pars Ă la rencontre des enfants du Jury du PEM, des Ambassadeurs des droits de lâenfant et des enfants pour qui ils se battent.
Rends-toi aux pages 8 Ă 36.
Marche ou cours 3 km avec ton message sur une pancarte pour quâun maximum de personnes le voient. Course aprĂšs course, des enfants de nombreux pays feront le tour de la planĂšte pour une sociĂ©tĂ© et un monde meilleurs.
Rends-toi aux pages 102 Ă 105.
Avec toute ton Ă©cole, et mĂȘme des invitĂ©s, cĂ©lĂšbre les droits de lâenfant et explique quels changements tu voudrais voir pour quâils soient mieux respectĂ©s.
Plus dâidĂ©es aux pages 102 Ă 105.
Maintenant, tu sais tout sur les droits de lâenfant, la dĂ©mocratie et comment les enfants peuvent ĂȘtre acteurs du changement. Partage ce que tu as appris avec dâautres enfants pour mieux faire respecter les droits de lâenfant oĂč tu vis, en France et dans le monde, aujourdâhui et Ă lâavenir ! Bonne chance ! Inspire-toi des autres acteurs du changement aux pages 33 Ă 41 et 106 Ă 113.
programme du Prix des enfants du monde se déroule du 1er février au 1er octobre 2023.
46 millions dâenfants ont dĂ©jĂ participĂ© au programme annuel du PEM, lâune des plus grandes initiatives mondiales dâĂ©ducation aux droits de lâenfant.
DĂ©couvre les objectifs de dĂ©veloppement durable de lâONU et comment ils sont liĂ©s aux droits de lâenfant. Des pays du monde entier se sont engagĂ©s Ă atteindre ces objectifs avant 2030, pour faire reculer la pauvretĂ©, augmenter lâĂ©galitĂ© et freiner le changement climatique. Tu en apprendras plus sur le changement climatique, les enfants, les animaux et la nature aux pages 37 Ă 47.
Cette annĂ©e, il y a trois candidats au vote oĂč toi et des millions dâautres enfants dĂ©signeront le laurĂ©at du Prix des enfants du monde pour les droits de lâenfant 2023. Tous ont accompli des choses remarquables pour les enfants.
Pour tout savoir sur leur travail et les enfants pour qui ils se battent, rends-toi aux pages 51 Ă 97.
Lors de la JournĂ©e des acteurs du changement, toi et tes ami·e·s pouvez faire entendre votre voix. NâhĂ©site pas Ă inviter ta famille, les politiques et les mĂ©dias ! Commence par organiser un vote dĂ©mocratique pour les droits de lâenfant : le Vote mondial.
Inspire-toi des pages 100 et 101.
DĂ©couvre lâhistoire de la dĂ©mocratie et les principes dĂ©mocratiques avant la journĂ©e du Vote mondial.
Rends-toi aux pages 48 Ă 50.
Utilise ces nouvelles connaissances pour organiser avec dâautres enfants la JournĂ©e des acteurs du changement, en rĂ©alisant les a iches, urnes et isoloirs.
Lorsque ton vote et celui de millions dâautres enfants auront Ă©tĂ© dĂ©comptĂ©s, nous dĂ©voileront quel hĂ©ros des droits de lâenfant aura recueilli le plus de voix. Tous les HĂ©ros des droits de lâenfant sont honorĂ©s par une cĂ©rĂ©monie au chĂąteau de Gripsholm, Ă Mariefred en SuĂšde.
Pages 114 Ă 116.
Cette annĂ©e, nous cĂ©lĂ©brons le vingtiĂšme Programme du Prix des enfants du monde. Toi et tes ami·e·s allez beaucoup apprendre sur les droits de lâenfant, notamment que les filles et les garçons ont les mĂȘmes droits et que votre pays sâest engagĂ© Ă faire respecter vos droits. Vous allez aussi rencontrer des HĂ©ros des droits de lâenfant, devenir des acteurs du changement comme eux et voter lors du Vote mondial !
Commencez par dĂ©couvrir ce que sont les droits de lâenfant et dans quelle mesure ils sont respectĂ©s dans votre pays. Basez-vous sur votre expĂ©rience pour trouver comment amĂ©liorer la vie des enfants lĂ oĂč vous vivez. Pages 8â9 et fiche thĂ©matique.
Ensuite, il est temps de faire le tour du monde des droits de lâenfant. Rencontrez les enfants du Jury du PEM, qui sont dâanciens soldats, esclaves ou sans abri. Pages 10 Ă 24.
Les filles et les garçons ont les mĂȘmes droits, mais ceux des filles sont plus souvent bafouĂ©s. Discutez ensemble pour trouver comment dĂ©fendre les droits des filles, comme les garçons sur la photo. Pages 25 Ă 41.
Utilisez le Globe pour dĂ©couvrir les Objectifs de lâONU en matiĂšre de dĂ©veloppement durable et de changement climatique. Pages 42 Ă 47.
Avant de participer Ă la grande Ă©lection du Vote mondial, il faut apprendre lâhistoire de la dĂ©mocratie... Pages 48 Ă 50.
... et dĂ©couvrir les trois HĂ©ros et HĂ©roĂŻnes des droits de lâenfant et les enfants pour lesquels il et elles se battent.
Ensuite, il faudra préparer la Journée des Acteurs du changement Il faudra fabriquer un registre, des urnes et des isoloirs, et découper les bulletins de vote. Page 98.
Aussi en écrivant des discours et en réalisant des affiches et des pancartes. Page 99.
Le grand jour est enfin arrivé, la Journée des Acteurs du changement, pendant laquelle aura lieu le Vote mondial. Pages 100 à 102.
AprĂšs le Vote mondial, tous les enfants se rassemblent pour lâĂ©vĂ©nement Ma Voix pour le changement.
Ils ont invité leurs parents, les politiques et les médias à écouter leurs discours et admirer leurs pancartes. Page 103.
Jusquâici, cinq millions de kilomĂštres ont Ă©tĂ© parcourus en courant, marchant et dansant dans le cadre dâAutour du globe pour les droits et le changement, qui conclut la JournĂ©e des Acteurs du changement Pages 104 Ă 105.
Si vous avez participĂ© au Programme du PEM, vous pouvez devenir actrices et acteurs du changement en promouvant les droits de lâenfant et lâĂ©galitĂ© des droits des filles auprĂšs de vos camarades, famille, voisins...
Vous pouvez aussi parler aux responsables politiques locaux, et demander aux journalistes dâĂ©crire davantage sur les droits de lâenfant et de vous interviewer. Pages 106 Ă 112.
Toi et tous les autres enfants avez des droits spĂ©cifiques jusquâĂ lâĂąge de 18 ans. Câest la Convention de lâONU relative aux Droits de lâEnfant qui te donne ces droits.
Tous les pays du monde, Ă lâexception des Ătats-Unis* ont ratifiĂ© (se sont engagĂ©s Ă respecter) la Convention. DĂšs lors, ils penseront toujours en premier lieu au bien des enfants et seront Ă votre Ă©coute.
Les idées générales de la Convention sont :
âą Tous les enfants ont les mĂȘmes droits et la mĂȘme valeur.
âą Tu as le droit Ă la satisfaction de tes besoins fondamentaux.
âą Tu as le droit Ă la protection contre la violence et lâexploitation.
âą Tu as le droit Ă la libertĂ© dâopinion et au respect.
Qu'est-ce qu'une convention ?
Une convention est un accord international, un engagement entre pays. La Convention relative aux Droits de lâEnfant est lâune des neuf conventions de lâONU sur les droits de lâhomme.
Ce mĂȘme jour en 1989 lâONU adoptait la Convention relative aux Droits de lâEnfant. Une journĂ©e Ă fĂȘter !
*Les Ătats-Unis ont signĂ© la Convention, mais ce n'est pas juridiquement contraignant.
Article 1
Tous les enfants du monde de moins de 18 ans jouissent de ces droits.
Article 2
Tous les enfants ont la mĂȘme valeur. Tous les enfants ont les mĂȘmes droits. Personne ne sera discriminĂ©. Tu ne seras pas discriminĂ© Ă cause de la couleur de ta peau, ton sexe, ta langue, ta foi ou tes idĂ©es.
Article 3
En prenant les dĂ©cisions qui concernent les enfants, les adultes doivent penser Ă âlâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant'. Les politiciens, les autoritĂ©s et les tribunaux doivent ĂȘtre conscients de comment leurs dĂ©cisions influencent les enfants, quâil sâagisse dâun enfant ou de plusieurs.
Article 6
Tu as droit à la vie et à la possibilité de te développer.
Article 7
Tu as droit à un nom et à une nationalité.
Article 9
Tu as le droit de vivre avec tes parents, de grandir avec eux, sauf si cela est contraire Ă ton intĂ©rĂȘt.
Article 12â15
Tu as le droit de dire ce que tu penses. Ton avis sera respectĂ© dans toutes les questions qui te concernent, Ă la maison, Ă lâĂ©cole, avec les autoritĂ©s et les tribunaux.
Article 18
Ton pÚre et ta mÚre ont la commune responsabilité de ton éducation et de ton développement. Ils doivent toujours et avant tout, penser à ton bien.
Article 19
Tu as le droit dâĂȘtre protĂ©gĂ© contre toute forme de violence, nĂ©gligence et mauvais traitements. Tes parents ou autres tuteurs nâont pas le droit de tâexploiter.
Article 20â21
Tu as droit Ă une protection mĂȘme si tu nâas pas de famille.
Article 22
Si tu es rĂ©fugiĂ©, tu as droit Ă la protection et Ă lâaide. Tu as le mĂȘme droit que les autres enfants dans le pays dâaccueil. Si tu tâes enfui seul, on tâaidera Ă retrouver ta famille.
Article 23
Tous les enfants ont droit à une vie décente. Si tu as un handicap, tu as droit à des soins spéciaux.
Article 24
Si tu tombes malade tu as droit à la santé et aux services médicaux.
Article 28â29
Tu as le droit dâaller Ă lâĂ©cole et Ă apprendre ce qui est important, par exemple le respect des droits humains et des autres cultures, lâĂ©galitĂ© des droits pour tous et la nature. Tu te dĂ©velopperas autant que possible Ă lâĂ©cole.
Article 30
On respectera les propres idées et croyances de chaque enfant. Toi, qui appartiens à une minorité, tu as le droit, par exemple, de parler ta propre langue et pratiquer ta propre culture et foi.
Article 31
Tu as droit aux loisirs, au repos, au jeu et Ă vivre dans un environnement propre.
Article 32
On ne tâobligera pas Ă faire un travail dangereux ou qui entrave tes activitĂ©s scolaires et met ta santĂ© en danger.
Article 34
On ne tâexposera pas Ă la violence et on ne tâobligera pas Ă la prostitution. Tu as droit Ă lâaide et au soutien en cas de maltraitance.
Article 35
Tu as droit Ă la protection contre la vente ou lâenlĂšvement.
Article 37
Tu ne peux ĂȘtre soumis Ă une peine cruelle ou dĂ©gradante.
Article 38
Tu ne peux pas ĂȘtre enrĂŽlĂ© dans une armĂ©e et/ou participer aux conflits armĂ©s.
Article 42
Tu as droit Ă lâinformation et Ă la connaissance concernant tes droits. Les parents et autres adultes doivent connaĂźtre le texte de la Convention relative aux Droits de lâEnfant.
Les enfants ont le droit de porter plainte contre les violations de leurs droits directement au ComitĂ© des Droits de lâEnfant de lâONU sâils nâont pas Ă©tĂ© aidĂ©s dans leur propre pays. Cela est possible grĂące Ă un nouveau texte additionnel Ă la Convention de lâONU relative aux Droits de lâEnfant. Les enfants dans les pays qui ont reconnu lâamendement peuvent mieux faire entendre leur voix concernant leurs droits. Ton pays ne l'a pas encore reconnu ? Toi et tes camarades, vous pouvez contacter les responsables politiques et exiger que ce soit fait.
La Convention relative aux Droits de lâEnfant est composĂ©e dâune longue sĂ©rie de droits valables pour tous les enfants. Voici lâidĂ©e gĂ©nĂ©rale de quelques-uns des 54 articles.
Tu trouveras plus dâinformations sur worldschildrensprize.org/ childrights
Le droit de protester !
Tu as droit Ă la survie et au dĂ©veloppement. Tu as Ă©galement le droit Ă ĂȘtre en bonne santĂ© et aux soins si tu es malade. Le manque de nourriture, dâeau potable et dâune bonne hygiĂšne aïŹecte la santĂ© de nombreux enfants. Environ deux millions dâenfants meurent avant leur naissance ou Ă la naissance, souvent parce que leur mĂšre ne reçoit pas les soins dont elle a besoin avant ou pendant lâaccouchement.
Dans le monde, environ 1 enfant sur 7 de moins de cinq ans souïŹ re de malnutrition. Cela aïŹecte leur dĂ©veloppement pour le reste de leur vie. Beaucoup dâenfants, une moyenne de 15 000 par jour, soit un enfant toutes les six secondes, meurent avant dâavoir atteint lâĂąge de cinq ans. Dans les pays Ă faible revenu, au moins la moitiĂ© des jeunes enfants meurent de maladies Ă©vitables telles que la pneumonie, la diarrhĂ©e, le tĂ©tanos et le sida. Seuls 6 enfants sur 10 atteints de paludisme reçoivent des soins, et seulement la moitiĂ© des enfants pauvres dans les pays touchĂ©s par le paludisme ont des moustiquaires sous lesquelles dormir. Mais beaucoup de choses se sont amĂ©liorĂ©es : Depuis 1990, la mortalitĂ© infantile dans le monde a plus que diminuĂ© de moitiĂ© !
Quand tu viens au monde, tu as droit Ă un nom et Ă ĂȘtre enregistrĂ© comme citoyen de ton pays. Chaque annĂ©e 140 millions
dâenfants naissent dans le monde. Un quart d'entre eux ne sont jamais enregistrĂ©s avant l'Ăąge de cinq ans. 237 millions dâenfants de moins de cinq ans nâont pas de preuve Ă©crite de leur existence ! Cela peut sâavĂ©rer diïŹcile pour eux de pouvoir aller Ă lâĂ©cole ou chez un mĂ©decin.
Toi qui es handicapĂ©, par exemple si tu vois ou entend mal, si tu es atteint de TDAH ou du syndrome de Down, tu as les mĂȘmes droits que les autres. Tu as droit au soutien qui te permettra de prendre une part active Ă la vie sociale. Mais les enfants handicapĂ©s sont parmi les plus vulnĂ©rables. Dans beaucoup de pays, ils nâont pas le droit dâaller Ă lâĂ©cole, de jouer ou de participer Ă la vie sociale comme les autres enfants. Il sâagit dâau moins 93 millions dâenfants dans le monde, mais les statistiques sont incertaines et il y en a probablement plus.
Tu as droit Ă la protection contre lâexploitation Ă©conomique et contre le travail qui nuit Ă ta santĂ© ou qui tâempĂȘche dâaller Ă lâĂ©cole. Les enfants de moins de 12 ans ne doivent pas travailler du tout. Le nombre dâenfants qui sont obligĂ©s de travailler a atteint ces derniĂšres annĂ©es 160 millions, ce qui correspond Ă 1 enfant sur 10. Dans les pays les plus pauvres, environ 1 enfant sur 4 travaille.
Pour 79 millions dâenfants, le travail est trĂšs prĂ©judiciable Ă leur sĂ©curitĂ©, leur santĂ©, leur dĂ©veloppement et leur scolaritĂ©. Les plus touchĂ©s sont les ïŹ lles exploitĂ©es dans le commerce du sexe et environ 300 000 enfants utilisĂ©s dans la guerre comme soldats, porteurs ou dĂ©mineurs. En raison de la pandĂ©mie de Covid-19, 9 millions dâenfants supplĂ©mentaires risquent dâĂȘtre contraints de travailler en 2022. Plus de garçons que de ïŹ lles travaillent, et dans les zones rurales il y a plus dâenfants qui travaillent que dans les villes. Et on estime quâun tiers des millions de personnes exploitĂ©es chaque annĂ©e dans le cadre de la traite des ĂȘtres humains, sont des enfants.
Tu as droit Ă lâĂ©cole. LâĂ©cole primaire doit ĂȘtre gratuite pour tous. Environ 9 enfants sur 10 dans le monde suivent lâĂ©cole primaire et, de nos jours, de plus en plus dâenfants commencent lâĂ©cole. Mais beaucoup dâentre eux sont obligĂ©s de quitter lâĂ©cole prĂ©maturĂ©ment. Dans les pays les plus pauvres environ 7 enfants sur 10 ne terminent pas lâĂ©cole secondaire et 8 enfants sur 10 ne terminent pas lâĂ©cole supĂ©rieure. Plus de la moitiĂ© des enfants qui ne vont pas Ă lâĂ©cole sont des ïŹ lles.
LâaccĂšs Ă la technique et Ă internet augmente partout dans le monde ce qui oïŹ re la possibilitĂ© Ă beaucoup de gens de sâinformer, de sâexprimer et de prendre part Ă la vie de la sociĂ©tĂ©. Mais lâaccĂšs Ă internet
Tous les pays qui ont ratifiĂ© la Convention de lâONU relative aux Droits de lâEnfant ont promis de respecter les Droits de lâEnfant. MalgrĂ© cela les violations de ces droits sont courantes dans toutes les parties du monde.
nâest pas Ă©galitaire. Bien que la fracture numĂ©rique se rĂ©duise plus rapidement quâauparavant, moins de 1 enfant sur 10 dans les pays pauvres a accĂšs Ă Internet, contre 9 enfants sur 10 dans les pays riches. Les plus dĂ©favorisĂ©s sont les enfants qui vivent Ă la campagne.
Environ 7 millions dâenfants dans le monde sont privĂ©s de libertĂ©, souvent en prison ou dans des conditions quasi carcĂ©rales. Parmi eux, 330 000 sont dĂ©tenus dans des camps de rĂ©fugiĂ©s et 19 000 enfants sont dĂ©tenus en prison avec un parent. Selon la Convention relative aux Droits de lâEnfant, tu ne peux ĂȘtre emprisonnĂ© quâen dernier recours et pour la durĂ©e la plus courte possible. Les enfants qui commettent des crimes doivent recevoir des soins et de lâaide et ils ne doivent jamais ĂȘtre condamnĂ©s Ă la rĂ©clusion Ă perpĂ©tuitĂ© ou Ă la peine de mort. Aucun enfant ne peut ĂȘtre soumis Ă la torture ou Ă dâautres traitements cruels. Pourtant la violence, lâisolement et dâautres abus contre les enfants privĂ©s de libertĂ© sont courants.
Les enfants rĂ©fugiĂ©s ont les mĂȘmes droits que les autres enfants. 37 millions dâenfants dans le monde sont actuellement en fuite, bien plus quâil y a quelques annĂ©es. Certains fuient la guerre et les conïŹits, dâautres en raison de persĂ©cutions ou de catastrophes naturelles. La grande majoritĂ© de ceux qui ont Ă©tĂ© contraints de fuir leur pays sâinstallent dans un pays voisin.
Les enfants en fuite ne peuvent souvent pas aller Ă lâĂ©cole et souïŹ rent souvent de problĂšmes de santĂ© mentale et physique.
Les enfants qui appartiennent, dans leur propre pays, Ă des groupes minoritaires ou autochtones ont droit Ă leur langue, leur culture et leur foi. Les autochtones sont par exemple les toutes premiĂšres populations dâun pays. Les AborigĂšnes dâAustralie ou les Lapons dâEurope du Nord, sont des peuples autochtones. Les groupes autochtones ou minoritaires sont souvent dĂ©savantagĂ©s. Certains ne peuvent pas parler leur propre langue, dâautres nâont pas le droit de pratiquer leur foi ou dâaimer qui ils veulent. Beaucoup sont discriminĂ©s, ils nâont pas les mĂȘmes chances que les autres enfants concernant les prestations comme, par exemple lâĂ©cole ou les soins mĂ©dicaux.
Le changement climatique peut provoquer plus de sĂ©cheresses, inondations, canicules et autres conditions climatiques extrĂȘmes. Des enfants en meurent ou en pĂątissent, mais les catastrophes naturelles risquent Ă©galement dâaccentuer le manque de nourriture et dâeau potable ainsi que la diïŹ usion de diarrhĂ©es et malaria, maladies qui touchent fortement les enfants. On estime quâenviron 7 millions dâenfants sont en fuite en raison de conditions mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes et de catastrophes naturelles telles que les inondations. Dans le mĂȘme temps, un demi-million dâenfants de moins de cinq ans meurent chaque annĂ©e Ă cause de la pollution de lâair, et beaucoup plus souïŹ rent de lĂ©sions pulmonaires et cĂ©rĂ©brales.
Tu as le droit Ă la protection contre toute forme de violences, nĂ©gligences, maltraitances et abus, mais de nombreux pays autorisent les chĂątiments corporels dans les Ă©coles et seuls 63 des pays du monde ont interdit toutes les formes de punition physique des enfants. 1 enfant sur 3 dĂ©clare avoir Ă©tĂ© victime de harcĂšlement et/ou de maltraitance Ă lâĂ©cole. Les enfants sont Ă©galement exposĂ©s Ă des crimes haineux ou Ă des abus sexuels sur Internet. Les ïŹ lles sont particuliĂšrement touchĂ©es par la violence. On estime quâenviron 1 ïŹ lle sur 3 dans le monde est exposĂ©e Ă la violence physique ou sexuelle Ă un moment donnĂ© de sa vie, souvent par un proche comme un parent, un voisin, un enseignant ou un partenaire. Certains enfants sont exposĂ©s Ă de fausses informations, Ă des crimes haineux et Ă des abus sexuels en ligne.
Tu as droit Ă un bon foyer oĂč tu peux tâĂ©panouir, te sentir bien et en sĂ©curitĂ© et ĂȘtre aidĂ© dans tes Ă©tudes. Les enfants de familles Ă faible revenu ont moins accĂšs Ă tous ces services que les enfants de familles Ă revenu Ă©levĂ©. Environ 400 millions dâenfants dans le monde vivent dans la pauvretĂ© et ce nombre devrait augmenter en raison de la pandĂ©mie de Covid. Des millions dâenfants vivent sans abri, certains vivent seuls ou avec dâautres enfants dans la rue.
Tu as le droit de dire ce que tu penses Ă propos de toutes les questions qui te concernent. Les adultes doivent Ă©couter lâavis des enfants avant dâagir et leur dĂ©cision devra toujours viser le bien de lâenfant.
Sources: Unicef, VĂ€rldsbanken, ILO, FN.
Les membres du Jury des enfants du Prix des enfants du monde sont, en raison de leur vĂ©cu, experts en droits de lâenfant. Chaque enfant du Jury reprĂ©sente tous les enfants du monde ayant vĂ©cu les mĂȘmes expĂ©riences. Mais il ou elle reprĂ©sente aussi les enfants de son pays ou de son continent. Dans la mesure du possible, toutes les rĂ©gions du monde et toutes les grandes religions sont reprĂ©sentĂ©es dans le Jury.
En faisant le rĂ©cit de leur vie, les enfants du Jury prĂ©sentent les violations des droits de lâenfant dont ils ont Ă©tĂ© victimes ou contre lesquelles ils se battent. Ainsi, ils font connaĂźtre les droits de lâenfant Ă des millions dâenfants de par le monde. Ils peuvent faire partie du Jury jusquâĂ leur 18 ans. Chaque annĂ©e, le Jury des enfants dĂ©signe parmi tous les nominĂ©s
les trois candidats au Prix des enfants du monde pour les droits de lâenfant. Les enfants du Jury sont les Ambassadeurs du Prix des enfants du monde dans leur pays et dans le monde. Le Jury des enfants dirige la cĂ©rĂ©monie annuelle du Prix des enfants du monde Ă Mariefred en SuĂšde.
ReprĂ©sente les enfants ayant grandi en orphelinat et ceux discriminĂ©s en raison de leur pauvretĂ© et/ou parce quâils appartiennent Ă une minoritĂ© de leur pays.
Dario a grandi Ă Ferentari, dans une hutte en bois que son pĂšre avait construite directement sur le trottoir, sans chauffage, ni toilettes ou eau courante. Sa mĂšre faisait tout pour que les enfants se sentent bien, mais son pĂšre dĂ©pensait lâargent de la famille en alcool.
â Quand jâavais neuf ans, on nous a envoyĂ©s, ma petite sĆur et moi, dans la rue pour trouver de lâargent pour acheter Ă manger. La police nous a arrĂȘtĂ©s et nous avons Ă©tĂ© placĂ©s dans un orphelinat. Au dĂ©but, câĂ©tait horriblement difficile. Maman nous manquait et on pleurait chaque jour. Petit Ă petit, on sâest fait des amis et les choses se sont amĂ©liorĂ©es. Ă lâorphelinat, beaucoup dâenfants, comme Dario, sont issus de familles roms. Depuis des siĂšcles, les Roms sont le groupe minoritaire le plus discriminĂ© dâEurope.
â Si je le pouvais, je ramasserais toutes les ordures et toutes les drogues dans ma rĂ©gion pour que les gens soient gentils les uns envers les autres. Et tous les enfants pourraient grandir avec leur famille.
ReprĂ©sente les enfants habilitĂ©s Ă dĂ©fendre les droits de lâenfant, en particulier des droits Ă©gaux pour les filles.
Ambassadrice des droits de lâenfant du PEM, Kim a créé un Club des droits de lâenfant dans son Ă©cole. GrĂące Ă elle, des milliers dâenfants ont pris connaissance de leurs droits et se sont engagĂ©s dans la lutte pour un monde meilleur pour les enfants.
â Quand jâĂ©tais petite, je ne savais pas que les enfants ont des droits. JâĂ©tais triste de voir des enfants qui nâallaient pas Ă lâĂ©cole, des enfants battus et des
filles exposĂ©es aux abus sexuels et au mariage dâenfants. Maintenant, je parle au nom des enfants qui nâosent pas parler, ou qui ne savent pas quâils ont des droits. Je me bats tout particuliĂšrement pour les filles, pour quâelles aient leurs propres toilettes Ă lâĂ©cole et pour que le mariage dâenfants soit totalement aboli. Ătre
Ambassadrice des droits de lâenfant du PEM est un honneur. Cela compte plus que tout pour moi. Et je sais que ma gĂ©nĂ©ration fera tout pour amĂ©liorer la situation des enfants dans le monde.
Représente les enfants qui vivent en zone occupée et qui soutiennent le dialogue pour la paix.
PrĂšs de lâĂ©cole dâOmar se trouve un barrage routier avec des soldats armĂ©s. Cela cause souvent des problĂšmes et des fuites de gaz lacrymogĂšne dans lâĂ©cole. Ăa pique les yeux et angoisse Omar.
â La meilleure chose Ă faire pour moi est alors dâĂ©couter de la musique ou de
ReprĂ©sente les enfants des peuples autochtones qui se battent pour leurs droits, ceux victimes de violences et ceux touchĂ©s par la dĂ©gradation de lâenvironnement.
Jhonmalis habite en Amazonie brésilienne et appartient au peuple autochtone Guarani. Depuis plus de 40 ans, sa famille lutte pour récupérer les terres volées par des entreprises forestiÚres et des politiciens corrompus. Le grand-pÚre
jouer du piano, ça me rend heureux. Jâai un clavier que jâaimerais apporter Ă lâĂ©cole, mais câest trop dangereux. Il faudrait que je le transporte dans un grand sac et les gens pourraient croire que câest une arme. Les soldats israĂ©liens sont trĂšs suspicieux. Ma mĂšre a peur quâon me tire dessus. Jâai vĂ©cu toute ma vie sous lâoccupation et ça en affecte chaque aspect. Les soldats nous traitent, moi et les autres Palestiniens, comme si nous nâĂ©tions pas dâici. Cela me rend triste et en colĂšre. Je sens dans mon cĆur que ce nâest pas juste. Câest mon pays aprĂšs tout, et je devrais avoir le droit de me dĂ©placer librement.
Au lieu de ça, on a lâimpression de vivre dans une prison. Parfois, il est facile de perdre espoir, mais jâessaie de croire au changement.
de Jhonmalis a été tué en raison de ce combat.
â Il Ă©tait trĂšs courageux et câest un grand modĂšle pour moi. Le pire jour de ma vie a Ă©tĂ© quand quelquâun a tirĂ© sur notre maison, jâai cru que jâallais mourir. Aujourdâhui, le peuple guarani vit dans des camps dĂ©labrĂ©s aux bords de grandes routes, et ils ne peuvent ni pĂȘcher, ni chasser. Les adultes, dont le pĂšre de Jhonmalis, vont mal, ils commencent Ă boire, Ă se droguer et Ă se battre. Son pĂšre a disparu aprĂšs avoir attaquĂ© sa femme avec un couteau alors quâil Ă©tait ivre. Tous les matins avant lâĂ©cole, Jhonmalis et sa petite sĆur doivent travailler dans les champs pour aider Ă faire vivre leur famille.
â Je suis fiĂšre de ma mĂšre, qui se bat avec acharnement pour nous, ses enfants ! Mon rĂȘve est de mettre fin Ă la violence Ă lâĂ©gard des enfants et des femmes.
Représente les enfants qui vivent en zone de conflit et qui soutiennent le dialogue pour la paix.
â Câest important pour moi dâĂȘtre engagĂ©e, de suivre ce qui se passe dans le monde et de faire de mon mieux pour amĂ©liorer la situation. Je fais partie du conseil des Ă©lĂšves et dâune association de jeunes. RĂ©cemment, jâai participĂ© Ă beaucoup de manifestations pour les droits des fi lles et des personnes LGBTQIA+, et contre le harcĂšlement et la corruption.
En 2021, lâaugmentation de la violence et des tirs de roquettes lors du conïŹit entre IsraĂ«l et la Palestine a eff rayĂ© et angoissĂ© Zohar et ses ami·e·s. MĂȘme si elle habite Ă HaĂŻfa, une ville Ă la population mixte, elle nâa rencontrĂ© que rĂ©cemment de jeunes palestiniens pour la premiĂšre fois.
Sur worldschildrens prize.org, tu pourras retrouver plus de rĂ©cits dâenfants du Jury et aussi rencontrer dâanciens membres.
â Bien sĂ»r, je savais que des Palestiniens vivent ici, mais je nâen connaissais pas personnellement. LâannĂ©e derniĂšre, jâai commencĂ© une nouvelle activitĂ© oĂč jâai rencontrĂ© des fi lles arabophones. On a aussi créé un groupe mixte pour apprendre Ă coder ensemble. Ces Palestiniennes sont super sympas, et câest trĂšs intĂ©ressant de dĂ©couvrir leur culture, que je ne connaissais presque pas. On ne se connaĂźt pas du tout, alors quâon est voisines. Je pense que câest plus facile de haĂŻr les membres dâune communautĂ© quand on ne connaĂźt rien de leur histoire, ni de leur vie. Quand on apprend Ă se connaĂźtre, on sâaperçoit quâon est tous des ĂȘtres humains, pas si diffĂ©rents que ça. Si la sociĂ©tĂ© dans son ensemble pouvait rĂ©aliser ça, il y aurait plus de chances quâon se comprenne mieux. Le nombre de fois oĂč ce processus Ă©choue ou le nombre de territoires quâIsraĂ«l doit cĂ©der, ça nâa aucune importance. On doit continuer Ă essayer de trouver une façon de vivre ensemble en paix.
â Je continuerai Ă aller Ă lâĂ©cole. Tuez-moi si vous voulez â, a dit Rizwan Ă lâhomme qui braquait un fusil sur sa tempe. Lâhomme voulait le forcer Ă quitter lâĂ©cole pour aller rejoindre les champs du landlord (le propriĂ©taire terrien, en anglais) avec les autres enfants contraints dây travailler pour rembourser des dettes. Cette histoire illustrant le courage de Rizwan a circulĂ© et a donnĂ© Ă dâautres familles le courage dâenvoyer leurs enfants Ă lâĂ©cole.
Quatre ans plus tard, Rizwan a Ă©tĂ© secouru lorsquâune grande inondation, causĂ©e par le changement climatique, a rasĂ© la maison de sa famille et tuĂ© leurs animaux.
ââMon grand-pĂšre Shamla est nĂ© esclave, il travaillait pour rembourser les dettes de mon arriĂšre-grandpĂšre, qui avait contractĂ© un prĂȘt auprĂšs du propriĂ©taire. Câest ainsi que lâon rentre dans le systĂšme de la servitude pour dettes et que le propriĂ©taire peut forcer toute la famille Ă travailler dans ses champs. Mais quand mon grand-pĂšre est devenu adulte, il a rĂ©ussi Ă rĂ©gler les dettes de notre famille.
Le propriĂ©taire ne permettait pas aux enfants du village dâaller Ă lâĂ©cole, alors mon pĂšre a dĂ» aller Ă lâĂ©cole dans le village de ma grand-mĂšre. Mon grand-pĂšre a Ă©galement aidĂ© un autre garçon du village, Naveed, Ă aller dans cette mĂȘme Ă©cole. Plus tard, Naveed est revenu au village et a lui-mĂȘme ouvert une Ă©cole. Quand le propriĂ©taire lâa dĂ©couvert, il est
Les frÚres menacés
Deux hommes armĂ©s de fusils ont menacĂ© Rizwan et son frĂšre aĂźnĂ© Sami Ullah alors quâils se rendaient Ă lâĂ©cole. Depuis lâinondation les deux frĂšres vivent dans les tentes que lâon aperçoit derriĂšre eux.
venu ici dans sa jeep avec des hommes armĂ©s et a ordonnĂ© de fermer lâĂ©cole.
Les villageois ont soutenu Naveed et le propriétaire a dû partir, trÚs en colÚre.
Un an plus tard, un homme a abattu Naveed devant ses Ă©lĂšves. De nombreux villageois ont pris peur et nâont plus autorisĂ© leurs enfants Ă aller Ă lâĂ©cole. Mais mon frĂšre et moi allions dans une autre Ă©cole, Ă cinq kilomĂštres de lĂ .
Au travail !
CâĂ©tait lâannĂ©e suivant le meurtre de lâinstituteur, jâavais dix ans. Nous nous sommes levĂ©s Ă quatre heures et avons chercher de lâeau, avant de nous rendre Ă la mosquĂ©e pour prier. AprĂšs avoir pris le petit dĂ©jeuner, du pain et des pommes de terre, nous sommes partis Ă lâĂ©cole.
Soudain, deux hommes armĂ©s de fusils nous ont arrĂȘtĂ©s. Mon grand frĂšre sâest enfuit, mais moi, je voulais savoir ce quâils voulaient. Lâun des hommes mâa
Les murs se sont eïŹondrĂ©s
Alors que le soleil se levait, Rizwan a vu le premier mur sâeïŹondrer sous les ïżœlots dâeau.
attrapĂ© le bras, lâautre a mis son fusil sur ma tempe et mâa dit :
â Si tu ne vas pas travailler dans les champs, je te fais un trou dans la tĂȘte. Tu es un mauvais exemple pour les autres enfants.
â Je continuerai d'aller Ă l'Ă©cole. Tuezmoi si vous voulez ! ai-je dit. Des gens sont arrivĂ©s, alors les hommes sont partis et je suis allĂ© Ă lâĂ©cole. Quand je suis rentrĂ© Ă la maison, mon frĂšre mâa demandĂ© : â Pourquoi tu ne tâes pas enfui ? Jâai cru quâils allaient te tuer.
Mon pĂšre et dâautres hommes du village sont allĂ©s chez le propriĂ©taire pour lui parler, mais il a prĂ©tendu ne pas connaĂźtre les hommes.
Jamais libres
Toutes les familles de notre village, y compris celle de mon oncle, sont obligées de travailler pour rembourser leurs dettes au propriétaire terrien. Nous
Le nettoyage
AprĂšs lâeïŹondrement de la maison de sa famille, Rizwan nettoie le site.
Ici, il transporte une des portes.
La plupart des enfants du village doivent travailler et ne peuvent pas aller Ă lâĂ©cole. Rizwan ne travaille que dans le petit champ de la famille avant dâaller Ă lâĂ©cole.
Rizwan reprĂ©sente les enfants qui voient leurs droits bafouĂ©s en raison du changement climatique et dâautres dĂ©gradations environnementales.
CE QUE JE PRĂFĂRE : aller Ă lâĂ©cole.
CE QUE JE NâAIME PAS : la maniĂšre dont les propriĂ©taires terriens traitent les gens pauvres.
LE PIRE : la grande inondation.
MON OBJECTIF : aider ma famille Ă assurer son avenir.
menacer mon frĂšre et moi avait pour but de nous faire quitter lâĂ©cole, afin que les autres enfants ne sâimaginent pas quâil soit possible dâaller Ă lâĂ©cole.
Les propriĂ©taires terriens sont trĂšs cruels. Ils nâhĂ©sitent Ă pas Ă casser un bras ou une jambe Ă leurs travailleurs. Si quelquâun proteste, le propriĂ©taire ordonne au contremaĂźtre de le tuer. Personne nâose le dĂ©noncer, car câest dangereux. Et il nây a pas de police ici. Les pauvres nâont aucun droit. Cela me rĂ©volte. Ils maltraitent Ă©galement les femmes et les filles.
Le propriĂ©taire possĂšde des milliers dâhectares de terres, mais les familles endettĂ©es ne reçoivent que du blĂ© et du riz et trĂšs peu dâargent, afin quâelles ne puissent jamais sâacquitter de leurs dettes.
Lâeau monte ...
Jâavais terminĂ© mes devoirs avant le coucher du soleil, car nous nâavons pas dâĂ©lectricitĂ© ici. Pour le dĂźner, Maman avait fait du pain avec des carottes.
La réserve à riz
Rizwan et les onze membres de sa famille, comme les enfants sur la photo ci-dessous, ont pu ĂȘtre sauvĂ©s de la noyade en prenant place dans deux grands tonneaux, qui servent normalement Ă fabriquer du sucre.
Jâai Ă©tĂ© rĂ©veillĂ© au milieu de la nuit par les cris de papa. Il y avait de lâeau partout. Je pensais que lâeau allait nous tuer. Lâeau continuait Ă monter et mon oncle a dit quâil fallait sauver nos familles. En pleurant, ma mĂšre a demandĂ© :
â Mais comment sauver tout le monde ?
Papa nous a demandĂ© de lâaider Ă porter deux grands bols jusquâĂ la porte. Ils nous servent Ă fabriquer du sucre Ă partir de cannes Ă sucre. Nous avons mis sept personnes dans lâun et cinq dans lâautre. Mon papa et mon oncle ont rĂ©ussi Ă patauger dans lâeau, en poussant les bols devant eux.
Jâai vu un mur sâeffondrer. Jâai pensĂ© Ă nos animaux et au fait que notre chien allait mourir. Mes larmes coulaient sans sâarrĂȘter.
Dormir sur la route Papa et mon oncle ont nous ont poussĂ© dans les tonneaux sur quatre kilomĂštres, jusquâĂ une route situĂ©e en hauteur. Les deux premiĂšres nuits, nous sommes restĂ©s assis Ă regarder lâeau, puis avons dormi sur la route. Le jour, le soleil tapait et la nuit, de gros moustiques nous piquaient. On nous a donnĂ© deux tentes et quelques couvertures, donc la troisiĂšme
Rizwan va chercher du riz dans la rĂ©serve qui se trouve dans la cour. Lâinondation a dĂ©truit toute la nourriture de la famille.
nuit, nous avons pu dormir Ă lâabri. Nous sommes restĂ©s lĂ pendant 22 jours.
Jâavais toujours envie dâaller Ă lâĂ©cole et je me rappelle combien de temps jâai dĂ» attendre avant dây retourner, deux mois et huit jours !
Nous avions 10 poules, 24 poulets, 3 chĂšvres, 2 agneaux et 2 vaches. Quand nous sommes revenus Ă la maison, ils sâĂ©taient tous noyĂ©s et avaient Ă©tĂ© emportĂ©s par lâeau. c
Le Pakistan est gravement touchĂ© par le changement climatique, qui a un impact majeur sur les glaciers de lâHimalaya. Les 7 000 et quelques glaciers que compte le pays fondent rapidement. Comme le pays est situĂ© en aval de lâHimalaya, il souïŹre de graves inondations. En 2022, un tiers du pays a Ă©tĂ© inondĂ© et les pluies de la mousson sont venues aggraver ces inondations. Dans la province du Sindh, 680 mm de pluie sont tombĂ©s en un jour.
Les inondations ont aïŹectĂ© 33 millions de personnes et 1 700 personnes sont mortes.
Le propriĂ©taire veut que tous les enfants travaillent dans ses champs, mais Rizwan, lui, va Ă lâĂ©cole tous les matins.
Les 10 poules, 24 poulets, 3 chĂšvres, 2 agneaux et 2 vaches de la famille ont Ă©tĂ© emportĂ©s par lâinondation. Mais son chien avait survĂ©cu.
ReprĂ©sente les filles qui sont forcĂ©es, ou risquent dâĂȘtre forcĂ©es, de se marier et dâarrĂȘter lâĂ©cole.
Jury des enfants
Alcina a grandi dans le village de Malhacule, à cÎté du parc national de Limpopo, au Mozambique. Son pÚre pratiquait le braconnage pour subvenir aux besoin de sa famille.
Il a arrĂȘtĂ© lorsque des gardes-forestiers armĂ©s ont commencĂ© Ă protĂ©ger les animaux sauvages. La famille est alors devenue encore plus pauvre.
Alcina va Ă lâĂ©cole, mais nâa pas le temps de jouer. Elle doit ramasser du bois, aller chercher de lâeau, faire la cuisine et la vaisselle ...
LorsquâAlcina avait treize ans et Ă©tait en cinquiĂšme annĂ©e, un braconnier dâune quarantaine dâannĂ©es a commencĂ© Ă oïŹrir de lâargent, de la nourriture et de la biĂšre Ă ses parents.
MĂȘme si cet homme Ă©tait dĂ©jĂ mariĂ©, les parents dâAlcina lâont forcĂ©e Ă se marier avec lui. Contre son grĂ©, elle a dĂ» arrĂȘter lâĂ©cole et aller vivre avec lui dans un autre village.
Ă tout juste quatorze ans, Alcina a donnĂ© naissance Ă son ïżœils Peter.
Alcina Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©e. Elle avait abandonnĂ© tous ses rĂȘves dâavenir et ne savait pas ce quâelle allait pouvoir faire de sa vie. Toute la journĂ©e, elle Ă©tait occupĂ©e par les tĂąches mĂ©nagĂšres.
En novembre 2021, Ricardo, lâancien professeur principal dâAlcina, et quatre de ses Ă©lĂšves ont suivi un cours sur les droits de lâenfant (p. 37). â Avant dâassister Ă ce cours, je ne savais pas que les ïżœilles ont les mĂȘmes droits que les garçons. Maintenant, jâai intĂ©grĂ© les droits des ïżœilles Ă ma classe, explique le professeur en les Ă©crivant au tableau.
Un mois plus tard, Alcina est retournĂ©e dans son village natal pour demander du maĂŻs Ă ses parents. Elle y a rencontrĂ© Ricardo, qui lui a demandĂ© pourquoi elle nâallait plus Ă lâĂ©cole. Alcina lui a racontĂ© tout ce qui lui Ă©tait arrivĂ©.
Alcina a retrouvĂ© ses camarades et a pris connaissance de ses droits. Elle aide Ă la maison et sâoccupe de son ïżœils, et elle est heureuse de pouvoir Ă nouveau rĂȘver dâavenir.
Ricardo a expliquĂ© aux parents dâAlcina que la loi mozambicaine interdit le mariage dâenfants, et ils ont acceptĂ© de laisser leur ïżœille vivre chez eux avec son ïżœils et retourner Ă lâĂ©cole.
En mai 2022, Alcina et la ZimbabwĂ©enne Kim ont accompagnĂ© la reine Silvia Ă la CĂ©rĂ©monie du Prix des droits de lâenfant au chĂąteau de Gripsholm, en SuĂšde.
Pendant la cĂ©rĂ©monie, elle a expliquĂ© Ă lâassemblĂ©e quâau sein du Jury, elle reprĂ©sente toutes les ïżœilles forcĂ©es de se marier et dâarrĂȘter lâĂ©cole.
Alcina est devenue Ambassadrice des droits de lâenfant et fait partie du Jury des enfants du PEM. Câest sa mĂšre qui sâoccupe de Peter lorsquâelle va Ă lâĂ©cole et lors de son voyage en SuĂšde.
Alcina participe au projet du PEM Mes droits & Mon avenir, qui informe les ïżœilles du Mozambique et du Zimbabwe de leurs droits et les aide Ă retourner Ă lâĂ©cole.
Kwame avait cinq ans et ne savait pas nager lorsquâil a dĂ» suivre son maĂźtre sur un canoĂ« pour aller poser des ïżœilets de pĂȘche. On lâa forcĂ© Ă aller pĂȘcher chaque jour et chaque nuit, avec un seul repas par jour et de lâeau du lac pour boire. Mais aprĂšs trois longues annĂ©es, un bateau est arrivĂ© ...
Lorsque Kwame avait cinq ans, un couple sâest prĂ©sentĂ© chez lui, Ă Winneba, au Ghana. Ils ont demandĂ© Ă emmener Kwame avec eux, pour quâils puissent lâenvoyer Ă lâĂ©cole. Le couple a donnĂ© un peu dâargent Ă ses parents. Le lendemain, lorsque Kwame sâest rĂ©veillĂ© dans leur voiture, il Ă©tait dans la ville de Yeti, au bord de lâimmense lac Volta.
â On a pris un bateau pour aller sur une Ăźle. LĂ , le couple mâa dĂ©posĂ© chez un homme, qui mâa dit de le suivre dans le canoĂ« pour aller pĂȘcher. Au dĂ©but, câĂ©tait trĂšs difficile, et je ne savais pas nager, raconte Kwame.
Il Ă©tait devenu un esclave, forcĂ© de travailler chaque jour et chaque nuit, sans espoir dâun avenir meilleur.
â Je rĂȘvais quâun jour je serai riche et que je rentrerai chez moi, accueilli par les cris de joie de ma famille.
Deux heures de sommeil
Chaque soir Ă six heures, Kwame mettait les filets dans le bateau et partait sur le lac avec son maĂźtre, Brother Abbam.
â La lueur de la lune et des Ă©toiles nous Ă©clairait, mais on utilisait aussi des lampes torches. Quand il faisait mauvais temps, on nây voyait rien et jâavais peur.
â Dâabord, on posait les filets, quâon devait relever tĂŽt le matin. Ensuite, on jetait un autre filet, encore et encore, et on le traĂźnait derriĂšre le canoĂ« pendant des heures. On ne rentrait que vers minuit, explique Kwame. Il dormait deux ou trois heures dans le canoĂ« avant quâil ne soit lâheure de retourner sur le lac relever les filets.
Son maĂźtre frappait souvent Kwame avec une rame ou avec le ïżœilin dâacier servant Ă fabriquer les ïżœilets.
Lorsquâil rentrait le matin, Kwame se jetait dans le lac pour se laver (pendant ces trois annĂ©es, on ne lui a jamais donnĂ© de savon pour se laver ou laver ses habits).
Ensuite, il emportait les poissons pĂȘchĂ©s Ă la femme de son maĂźtre et lâai-
dait Ă les fumer. LâaprĂšs-midi, Kwame retournait au canoĂ« pour vider lâeau qui sây Ă©tait accumulĂ©e, avant dây mettre les filets en prĂ©vision de leur dĂ©part Ă six heures.
Un travail dangereux
De nombreux enfants esclaves se sont noyĂ©s en pĂȘchant sur le lac Volta.
â Une fois, Brother Abbam a voulu que je plonge pour dĂ©gager un filet coincĂ©, mais je nâai pas osĂ©. Alors il mâa mis la tĂȘte sous lâeau. Jâai cru que jâallais mourir.
â Quand il se mettait en colĂšre, il me frappait avec la rame, dit Kwame en montrant une cicatrice sur son front. Il me frappait aussi avec le filin en acier avec lequel on faisait les filets, et me traitait dâidiot.
â Les filles de Brother Abbam avaient droit Ă trois repas par jour, avec du poisson et de la sauce pour le kenkey (bouillie de maĂŻs) et le banku (bouillie de manioc), et parfois Ă du soda. Pendant trois ans, je nâai eu que lâeau du lac Ă boire. Je nâavais quâun seul repas par jour, et juste de la bouillie sans rien dâautre.
Enfin libéré
â Jâai entendu quâil existait des gens qui venaient chercher les enfants. Mais Brother Abbam et les autres propriĂ©taires dâesclaves nous faisaient peur, en nous disant quâils voulaient nous kidnapper, et quâil fallait quâon parte se cacher.
Ă lâĂąge de huit ans, alors quâil avait passĂ© trois ans en esclavage, Kwame sâoccupait des filets sur la plage quand il a vu
Jury des enfantsun bateau Ă moteur sâapprocher.
On appelle les pĂȘcheurs esclaves les « garçons partis Ă Yeti ». Câest lĂ que la plupart dâentre eux arrivent, avant dâĂȘtre envoyĂ©s chez un maĂźtre. Au Ghana, lâesclavage des enfants est courant. Les enfants sont achetĂ©s et emmenĂ©s loin de leurs parents, gĂ©nĂ©ralement des mĂšres seules qui nâont pas les moyens de les nourrir. Souvent, une famille emprunte de lâargent Ă un marchand dâes-
â Je ne me suis pas enfui car jâai cru que câĂ©tait ma mĂšre qui venait me chercher.
En lieu sûr
Kwame a Ă©tĂ© emmenĂ© au Refuge pour enfants esclaves de lâorganisation Challenging Heights.
â Jâavais un vrai lit et le matin, je me levais, faisais mon lit, prenais une douche et mangeais mon petit-dĂ©jeuner, avant dâaller Ă lâĂ©cole. Plus personne ne me frappait et je mangeais Ă ma faim.
â Je dessine et je peins beaucoup mais jamais rien qui me rappelle les malheurs que jâai vĂ©cus quand jâĂ©tais esclave.
Au Refuge, Kwame avait maintenant
claves pour payer des funĂ©railles. Si elle nâarrive pas Ă le rembourser, il prend les enfants. La famille reçoit une quinzaine dâeuros et les enfants doivent travailler au moins deux ans, souvent plus. Puisque le Ghana dispose dâune loi interdisant lâesclavage des enfants, Challenging Heights peut se faire aider de la police.
des amis, il mangeait trois repas par jour et il pouvait regarder la tĂ©lĂ©. AprĂšs un an lĂ -bas, on a commencĂ© Ă parler de le rĂ©unir avec sa famille, qui lui manquait beaucoup. Mais avant de renter chez lui, il y avait une chose que Kwame ne voulait absolument pas manquer : â Je voulais fĂȘter NoĂ«l au Refuge encore une fois. On a rĂ©pĂ©tĂ© des chants et des danses de NoĂ«l, moi je dansais. On a eu de beaux habits, des bonbons, des gĂąteaux et du soda. Le repas de NoĂ«l Ă©tait dĂ©licieux, du poulet et du riz.
Son retour sâest passĂ© presque comme Kwame lâavait imaginĂ©. Il nâĂ©tait pas devenu riche, mais sa famille a pleurĂ© et criĂ© de joie en le retrouvant. â Pendant que jâĂ©tais sur lâĂźle et au Refuge, je pensais beaucoup Ă mes parents et je les ai aussitĂŽt reconnus quand je les ai vus. Papa mâa pris dans ses bras et mâa soulevĂ© en lâair ! â Je suis heureux maintenant. Challenging Heights me donne des habits, et aide papa Ă payer mes frais scolaires. Je suis en septiĂšme annĂ©e maintenant. c
ReprĂ©sente les enfants qui travaillent et ceux exposĂ©s Ă lâesclavage et Ă la traite dâĂȘtres humains.
MEILLEUR SOUVENIR : NoĂ«l au Refuge PIRE SOUVENIR : quand le maĂźtre mâa mis la tĂȘte sous lâeau.
PLUS GRAND BONHEUR : quand jâai retrouvĂ© ma famille et que papa mâa pris dans ses bras.
CE QUE JE PRĂFĂRE : peindre des tableaux.
Son maĂźtre avait prĂ©venu Kwame que des gens mĂ©chants sâintĂ©ressaient aux enfants et quâil devait les fuir. Mais Kwame ne sâest pas enfui quand le bateau de Challenging Heights est arrivĂ© pour lâemmener au Refuge.
Kwame travaillait tous les jours de la semaine et ne dormait que quelques heures par nuit.
Bindu croit que la parente Ă©loignĂ©e est son amie, mais la femme lâattire en Inde, oĂč Bindu est enfermĂ©e dans une maison avec de nombreuses autres ïżœilles ...
Bindu, 12 ans, et sa mĂšre reçoivent souvent la visite de Karuna, une parente Ă©loignĂ©e. Elle encourage souvent Bindu Ă voyager vers de nouveaux endroits. Bindu dit non, mais elle est de plus en plus curieuse de ce quâelle entend.
Lorsque Bindu est mordue par un chien, Karuna se trouve par hasard chez elle.
â Je vais tâaccompagner Ă lâhĂŽpital pour que tu puisses te faire vacciner contre le tĂ©tanos, dit-elle.
Sur le chemin du retour aprĂšs la vaccination Karuna dit :
â Ta mĂšre te gronde toujours. Comment peux-tu le supporter ? Ici, au NĂ©pal, il nây a quâun seul internat, je vais tây emmener afin que tu puisses recevoir une Ă©ducation.
Le voyage commence
Plus tard dans la journĂ©e, Bindu sort quand elle entend Karuna lâappeler. Alors quâelle sâapproche de Karuna, celle-ci la tire Ă soi et couvre sa bouche avec un chĂąle. Elle sâen va avec Bindu par une ruelle. Lorsquâelles atteignent un pont, un homme Ă©tranger les attend.
â Il tâemmĂšnera Ă lâinternat, explique Karuna.
Lâhomme emmĂšne Bindu dans une chambre dâhĂŽtel. Avant quâelle ne puisse
Bindu vient dâune famille pauvre et nâĂ©tait presque pas allĂ©e Ă lâĂ©cole avant dâĂȘtre emmenĂ©e en Inde. DĂ©sireuse dâapprendre, elle a rapidement Ă©tĂ© promue en deuxiĂšme annĂ©e Ă lâĂ©cole Teresa Academy de Maiti, chez elle au NĂ©pal.
sâendormir, le tĂ©lĂ©phone de lâhomme sonne. Câest Karuna, qui veut lui parler.
â Jâai dit Ă ta mĂšre que tu es en sĂ©curitĂ©.
Je veux voir ma mÚre, répond Bindu.
â Quâest-ce que tu veux lui dire ?
â Tout.
â Si tu le fais, je te tuerai toi et ta famille, prĂ©vient Karuna.
Lâhomme a bu de lâalcool et ses ronflements empĂȘchent Bindu de dormir pendant toute la nuit. Le lendemain matin, il dit Ă Bindu de sauter dans un mini-taxi. Ils roulent toute la journĂ©e et continuent le lendemain.
LorsquâaprĂšs trois jours, ils arrivent Ă Delhi, en Inde, Bindu est emmenĂ©e dans une maison oĂč elle rencontre la sĆur de
C'est à cause d'une morsure de chien que tout a commencé et que Bindu a été attirée loin de chez elle par une femme qu'elle connaissait.
Karuna. On la fait entrer dans une piĂšce oĂč Bindu voit de nombreuses filles qui ne portent presquâaucun vĂȘtement.
â Que font les filles ici ? demande Bindu.
â Elles vendent des vĂȘtements et font dâautres choses, est la rĂ©ponse.
Quand Bindu demande si câest dans une Ă©cole oĂč elle est arrivĂ©e, comme Karuna lâa promis, les autres filles se moquent dâelle.
â Toutes ces filles qui dorment ici travaillent dans notre bordel, explique alors la sĆur de Karuna.
â Tu nâas pas honte de vendre des filles comme ça, dit Bindu quand elle rĂ©alise oĂč elle a atterri.
â Je nâai tuĂ© personne, pourquoi devrais-je avoir honte, rĂ©pond la femme.
ReprĂ©sente les enfants qui sont victimes de la traite des ĂȘtres humains et exploitĂ©s dans le trafic sexuel dâenfants.
LE PIRE : Quand jâai Ă©tĂ© emmenĂ©e en Inde.
LE MEILLEUR : Revoir maman.
CâĂTAIT DUR DE : Le dire Ă la police.
AIME : Peindre et chanter.
VEUT ĂTRE : Travailleuse sociale et aider les autres.
Trente nouvelles filles vont bientĂŽt arriver. â Sâil vous plaĂźt, laissez-moi rentrer chez moi, supplie Bindu en pleurant. â Nous ne te laisserons sortir dâici Ă aucun prix, rĂ©plique la sĆur de Karuna. Bindu est transfĂ©rĂ©e dans une autre maison, oĂč elle sâoccupe des jeunes enfants des filles et des femmes plus ĂągĂ©es pendant un mois. Chaque jour, on donne a Bindu un mĂ©dicament, mais elle ne sait ni pourquoi on le lui donne, ni pourquoi la sĆur de Karuna veut la faire grandir plus vite pour quâelle paraisse plus ĂągĂ©e.
Le sauvetage arrive
Bindu est emmenĂ©e dans une autre maison, dont la sĆur de Karuna est Ă©galement responsable. Jour aprĂšs jour, Bindu
est tenue enfermĂ©e dans une piĂšce. Elle pleure tous les jours et aspire Ă rentrer chez elle, mais nâa plus aucun espoir dâĂȘtre libre.
Au NĂ©pal, la mĂšre de Bindu est allĂ©e Ă lâorganisation Maiti NĂ©pal et leur a dit que sa fille avait disparu. Maiti, qui lutte contre le trafic sexuel dâenfants, contacte une organisation indienne et la police de Delhi.
AprĂšs avoir passĂ© une semaine dans la piĂšce, Bindu entend soudain des voix au ton dĂ©terminĂ© devant la porte, qui finit par sâouvrir. Il y a des policiers et dâautres personnes quâelle ne connaĂźt pas. Puis, tout va trĂšs vite. Les vĂȘtements de Bindu sont emballĂ©s dans un sac et bientĂŽt elle est dans une voiture sur le chemin du retour au NĂ©pal.
Ă son retour au NĂ©pal, Bindu peut vivre Ă lâorphelinat protĂ©gĂ© de Maiti NĂ©pal. Elle nâa pas Ă©tĂ© Ă lâĂ©cole depuis longtemps, alors elle commence la premiĂšre annĂ©e Ă lâĂ©cole Teresa Academy de Maiti, avec des enfants plus jeunes. Mais son envie dâapprendre lui vaut dâĂȘtre rapidement promue en seconde. La plupart des camarades de classe de Bindu sont des orphelins ou dâautres enfants pauvres qui vivent Ă©galement chez Maiti.
Lâhomme qui a enlevĂ© Bindu a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et accusĂ© de trafic dâĂȘtres humains, mais nâa pas encore Ă©tĂ© condamnĂ©. Bien quâon ait rĂ©ussi Ă libĂ©rer Bindu avant quâon la soumette Ă des abus, lâhomme sera condamnĂ© Ă une longue peine de prison. c
La famille de Bindu est trĂšs pauvre. Aïżœin de pouvoir aller Ă l'Ă©cole, elle est restĂ© vivre avec l'organisation Maiti NĂ©pal, mais sa mĂšre Rajita va lui rendre visite.
Bindu vient dâĂȘtre libĂ©rĂ©e par la police et les travailleurs sociaux et est ici sur le chemin du retour vers le NĂ©pal.
Bindu veut avoir une Ă©ducation et aider les autres enfants en diïżœicultĂ©.
Espoir a pleurĂ© tout au long de la marche Ă travers la forĂȘt. Sa chemise Ă©tait trempĂ©e de larmes, comme sâil avait plu. Sâil sâarrĂȘtait, le soldat le frappait avec un bĂąton. Espoir ne cessait de penser Ă sa mĂšre et Ă son pĂšre en se disant quâil ne les reverrait plus jamais ...
Espoir vient de la province du SudKivu en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Voici le rĂ©cit de ce quâil a vĂ©cu pendant trois ans :
âJâavais dix ans, presque onze. Chaque jour, je me levais tĂŽt pour travailler pendant la matinĂ©e, surtout pour transporter les dĂ©chets et pour faire les rĂ©coltes dans les champs. Pour une demi-journĂ©e de travail, je recevais 2000 CDF (1 USD) ou un kilo de manioc.
Jâallais Ă lâĂ©cole lâaprĂšs-midi. AprĂšs lâĂ©cole, nous jouions au football avec un ballon fabriquĂ© en plastique. Tous les mercredis et samedis, je rĂ©pĂ©tais avec la chorale de lâĂ©glise. Le soir je faisais mes devoirs Ă la lueur du feu.
Jâavais entendu parler des garçons des villages environnants qui avaient Ă©tĂ© enlevĂ©s et quâon avait forcĂ© Ă devenir enfants soldats. Jâavais tout le temps peur quâun jour, on mâenlĂšverait moi aussi. Mais comme ma famille est trĂšs pauvre, nous ne pouvions rien y faire. Nous ne pouvions pas aller habiter en ville, ce qui aurait Ă©tĂ© plus sĂ»r.
Je me suis levĂ© tĂŽt comme dâhabitude, jâai mangĂ© une patate douce froide, jâai bu un verre dâeau et jâai commencĂ© la marche vers lâĂ©cole avec deux amis. Il faut une heure pour aller Ă lâĂ©cole et nous avions lâhabitude de parler des choses amusantes qui sâĂ©taient passĂ©es.
Soudain, un groupe dâhommes armĂ©s sortis dâun buisson se tenaient devant nous sur le chemin. Jâavais tellement peur que jâĂ©tais pĂ©trifiĂ©. Jâai immĂ©diatement pensĂ© Ă la mort, mais avec lâaide de Dieu, je nâai pas Ă©tĂ© tuĂ©. Nous pleurions et tremblions de terreur.
â Sâil vous plaĂźt, laissez nous retourner dans nos familles, avons-nous suppliĂ©.
â Pourquoi ça, ont-ils dit en nous frappant avec des bĂątons pendant quâils nous entraĂźnaient dans la forĂȘt.
â Nâessayez pas de vous Ă©chapper ! Et ne vous arrĂȘtez pas ! A ordonnĂ© lâun dâeux. Nous transportions nos sacs dâĂ©cole et de lourds sacs de nourriture, quâils avaient volĂ©s quelque part.
A mangé du manioc cru
La forĂȘt me faisait peur. Jâavais peur que les animaux sauvages nous tuent et nous mangent. Au dĂ©but de la marche, nous avons essayĂ© de nous Ă©chapper. Alors ils nous ont placĂ©s tout devant et lâun dâeux a dit dâune voix rauque :
â ImbĂ©ciles ! Essayez seulement de de vous enfuir ! Nous allons vous aider Ă rencontrer vos ancĂȘtres morts lĂ oĂč ils se trouvent maintenant. Et nous nâaurons aucune pitiĂ© de vous.
Nous marchions jour et nuit, nous mangions du manioc cru pris dans des sacs que nous Ă©tions obligĂ©s de porter et buvions lâeau des sources. Quand nous Ă©tions trop fatiguĂ©s et Ă la traĂźne, ils nous frappaient avec leurs bĂątons pour nous faire marcher plus vite.
Je pensais que je ne reverrais plus jamais ma mĂšre et mon pĂšre ni mes frĂšres et sĆurs. Jâavais devant moi lâimage de comment jâallais ĂȘtre tuĂ© par les soldats, qui me battaient comme si jâĂ©tais un serpent.
La guerre en RD Congo, qui dure depuis 1998, est lâune des guerres les plus brutales de lâhistoire mondiale. Plus de 6 millions de personnes sont mortes au combat, ou de faim et de maladie Ă la suite de la guerre. Il y a eu au plus 30 000 enfants soldats dans le pays, aujourdâhui il y en a peut-ĂȘtre 15 000. Plus de 7 millions dâenfants ne vont pas Ă lâĂ©cole
DĂšs que les enfants soldats arrivent au centre dâaccueil de lâorganisation BVES, ils brĂ»lent leur uniforme, pour signiïżœier quâils vont dĂ©sormais laisser leur temps dâenfants soldats derriĂšre eux. âPlus jamais dâuniforme militaireâ et âL'Ă©cole, oui. Camp militaire, plus jamaisâ est Ă©crit sur deux pancartes.
Je pleurais tout le temps. Ma chemise Ă©tait trempĂ©e de larmes, comme sâil avait plu.
A essayĂ© dâaider les enfants
Nous avons dâabord dĂ» passer par un rite dâinitiation avec des drogues et des fĂ©tiches, des objets que nous devions emporter au combat pour nous protĂ©ger des balles. Ensuite, nous avons appris Ă tirer. Il mâa fallu trois mois pour pouvoir bien utiliser les armes. Dâabord la carabine automatique AK47, puis la mitrailleuse PKM.
Ensuite, jâai participĂ© Ă des combats contre dâautres groupes armĂ©s et contre lâarmĂ©e de notre pays.
Un soir, nous avons bu du kanyanga qui mâa rendu ivre. Jâai tirĂ© plusieurs fois en lâair et le commandant de la compagnie mâa ordonnĂ© de payer 40 000 CDF (20 USD) pour les balles, mais il mâĂ©tait impossible de payer autant. Alors il a ordonnĂ© Ă mes camarades de me donner 15 coups de fouet. Cette nuit-lĂ , je me suis enfui pour retourner dans mon village natal. Mais je suis tombĂ© sur un autre
Tous les enfants qui sont allés au centre BVES pour enfants de la rue, reçoivent un sac avec des choses qui faciliteront leur vie lorsqu'ils retournent dans leurs familles.
Représente les enfants forcés à devenir soldats et les enfants dans les conflits armés.
AIME : Ma famille.
LE PLUS AMUSANT : Jouer au football et chanter dans une chorale.
LE PIRE : Ătre enlevĂ© et torturĂ©.
LE PLUS IMPORTANT : Aller Ă lâĂ©cole.
MATIĂRES PRĂFĂRĂES : français, histoire, Ă©tudes sociales et morales.
VEUT ĂTRE : Enseignant et sauveur dâenfants.
groupe armĂ© et jâai Ă©tĂ© torturĂ© jusquâĂ ce que jâaccepte de les suivre. Nous avons commis des vols dans les champs et dans les maisons et des vols de vĂ©hicules le soir et la nuit.
â Je nâai jamais participĂ© Ă des enlĂšvements dâenfants. Lorsque mes camarades revenaient avec de nouveaux enfants, jâessayais dâapprendre Ă ces enfants Ă sâĂ©chapper et de moi-mĂȘme Ă Ă©chapper Ă mon destin.
Enfin libre
â Je voulais revoir ma famille et une nuit je suis parti. En chemin, jâai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par un soldat du gouvernement qui mâa emmenĂ© dans une prison. Jâai Ă©tĂ© placĂ© dans une petite cellule avec des hommes qui mâont maltraitĂ©. Ils volaient ma nourriture, la vendaient et avec lâargent achetaient des cigarettes. Il y avait tellement de monde que pendant la nuit, nous devions nous lever et dormir Ă tour de rĂŽle par terre.
â Lâorganisation BVES est venue visiter ma cellule. Quand ils ont vu que jâĂ©tais un enfant, ils ont demandĂ© au gardien de me
remettre Ă eux. Jâai ainsi Ă©tĂ© admis au centre BVES pour enfants soldats libĂ©rĂ©s oĂč jâai pu me rĂ©tablir jusquâĂ ce que je me sois senti prĂȘt Ă rentrer chez moi.
Retour Ă la maison !
Ainsi est venu le jour que jâattendais depuis que jâavais Ă©tĂ© enlevĂ©, le jour oĂč je retrouverais ma famille. Nous Ă©tions tous si heureux et nous pleurions tous. Au bout de quelques jours, la peur a commencĂ© Ă me gagner. Depuis, jâai toujours peur dâĂȘtre Ă nouveau enlevĂ© si les groupes armĂ©s dĂ©couvrent que je suis de retour au village. Jâai aussi peur dâĂȘtre Ă nouveau arrĂȘtĂ© par les soldats du gouvernement. Retourner Ă lâĂ©cole signifie beaucoup pour moi. Je sens que cela mâaide Ă pouvoir prĂ©parer mon avenir et celui de ma famille. Mon objectif est de devenir enseignant. Mais je veux aussi me battre pour les Droits de lâEnfant et empĂȘcher que des enfants soient enlevĂ©s par les groupes armĂ©s et sĂ©parĂ©s de leurs familles. c
Le sac contient :
Brosse Ă dents et dentifrice
Des chaussures Nouveaux habits
La famille et les deux chats partagent un lit double. Dahlia et Mersadez ont chacune un mur oĂč elles aïżœichent leurs photos et leurs dessins.
Mersadez a 12 ans lorsquâelle apprend un jour que la famille nâa que quelques jours pour quitter son logement. De nouveau.
ersadez vit avec sa mĂšre StĂ©phanie et sa petite sĆur Dahlia dans une petite chambre dâĂ©tudiant. Mais depuis que sa mĂšre StĂ©phanie a Ă©tĂ© victime dâun grave accident de voiture, elle nâa plus pu travailler ni Ă©tudier, alors elles ne peuvent plus y rester.
Un matin Ă cinq heures, Mersadez charge ses affaires dans une camionnette que sa mĂšre a louĂ©e. La famille nâa nulle part oĂč aller, alors elles doivent dormir dans la voiture pendant presque une semaine.
â Il nây avait pas de place pour sâallonger, alors nous dormions assis. Le matin, nous empruntions les toilettes dans les magasins et chez McDonalds pour nous brosser les dents et nous laver.
Mersadez avait Ă©tĂ© sans abri dĂ©jĂ Ă plusieurs reprises, mais cette fois-lĂ câĂ©tait pire que les autres fois, car elles devaient vivre dans la voiture.
â CâĂ©tait eff rayant, dit Mersadez. Pour la premiĂšre fois, jâai perdu tout espoir. Je pensais que je nâaurais jamais une maison
Mersadez fait ses devoirs Ă la table Ă manger pendant que sa petite sĆur Dahlia, 8 ans, sort les goĂ»ters.
Ă moi. Que rien ne serait plus jamais bien. AprĂšs un peu moins dâune semaine, la famille a dĂ©mĂ©nagĂ© dans un motel transformĂ© en refuge.
â Ensuite, nous avons dĂ©mĂ©nagĂ© souvent, jusquâau motel oĂč nous vivons maintenant, dans une chambre avec une kitchenette. Nous habitons ici depuis deux ans. Maman prĂ©fĂšre que nous ne quittions pas la piĂšce aprĂšs lâĂ©cole. Elle a toujours essayĂ© de nous protĂ©ger du mieux quâelle pouvait, dit Mersadez.
Aujourdâhui, plus de deux millions dâenfants aux Ătats-Unis sont sans abri, parfois parce que leurs parents perdent leur emploi et ne peuvent pas payer le loyer. Dâautres ont des mĂšres fuyant un partenaire violent. La mĂšre de Mersadez a eu elle-mĂȘme un dĂ©but de vie difficile. Parfois, elle se sent encore tellement mal Ă propos de son enfance quâelle ne peut pas travailler et gagner de lâargent.
â La plupart des gens Ă lâĂ©cole sont trĂšs aisĂ©s. Sâils savaient que je suis sans abri, leur image de moi changerait complĂštement. Au lieu dâĂȘtre un ĂȘtre humain, une amie, je serais juste une sans-abri pour eux, pas un ĂȘtre humain. Je ne veux pas que quelquâun se sente dĂ©solĂ© pour moi ou me traite diffĂ©remment.
Pendant la Covid-19 Mersadez et Dahlia ont longtemps suivi des cours Ă distance via internet. CâĂ©tait dur dâĂȘtre enfermĂ©es dans la chambre de motel presque tout le temps en essayant de suivre Ă lâĂ©cole.. Mersadez a ensuite bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâaide dans ses travaux scolaires par lâorganisation School on Wheels, fondĂ©e par Agnes Stevens, HĂ©roĂŻne des Droits de lâEnfant du PEM.
â Aujourdâhui je me dĂ©brouille bien toute seule et je peux aussi aider ma petite sĆur. c
Représente les enfants sans abri et qui défendent les autres enfants sans abri.
AIME : LâĂ©cole
Maman ne veut pas que Mersadez et Dahlia traĂźnent dans le motel, car certaines personnes qui y vivent ont des problĂšmes de drogue et peuvent devenir violentes. Mais la plupart sont gentils, disent les sĆurs.
Personne ne doit savoir
Les camarades de classe de Mersadez ne savent pas oĂč elle habite.
ADORE : Danser, surtout le hip hop.
NâAIME PAS : Ne pas avoir de chez moi et ne jamais pouvoir me sentir en sĂ©curitĂ©.
VEUT ĂTRE : Biologiste marin.
Sur la pancarte de cette jeune fille, on peut lire « LâĂ©ducation des filles rend le monde meilleur ». Filles et garçons ont les mĂȘmes droits, comme le proclame le nom du projet auquel elle participe : Toi Moi MĂȘmes Droits. Si lâon observe des violations des droits des garçons et des filles, celles des droits des filles sont plus nombreuses. La jeune fille Ă la pancarte veut que davantage de filles aillent Ă lâĂ©cole et que lâon comprenne quâune fille Ă©duquĂ©e nâaura pas seulement une vie meilleure, mais aide aussi sa famille et son pays. Comme le dit Malala, lâHĂ©roĂŻne des droits de lâenfant de la dĂ©cennie :
â Aujourdâhui, 127 millions de filles ne vont pas Ă lâĂ©cole. Ces filles ont des rĂȘves, comme toi et moi !
Aux pages 26 Ă 36, tu en sauras plus sur les droits des filles au BĂ©nin, au SĂ©nĂ©gal et au Burkina Faso, oĂč 1 200 filles et garçons de 300 Ă©coles sont devenus Ambassadeurs des droits de lâenfant. Avec leurs enseignants, qui ont suivi la mĂȘme formation, ils ont aidĂ© les 150 000 enfants de leurs Ă©coles Ă participer au Programme du PEM et Ă sâĂ©duquer aux droits des filles par le biais du projet Toi Moi MĂȘmes Droits
Toi Moi MĂȘmes Droits bĂ©nĂ©ficie du soutien de la fondation Care About the Children de la reine Silvia. Ce projet est exĂ©cutĂ© par les organisations partenaires de la Fondation du Prix des enfants du monde : ONG JEC au BĂ©nin, ESPDDE au SĂ©nĂ©gal et ASEF au Burkina Faso. Il bĂ©nĂ©ficie du soutien des ministĂšres de lâĂducation des trois pays : le ministĂšre des Enseignements secondaires du BĂ©nin, le ministĂšre de lâĂducation nationale du SĂ©nĂ©gal et le ministĂšre de lâĂducation nationale et de lâAlphabĂ©tisation du Burkina Faso.
Toutes les filles et tous les garçons ont les mĂȘmes droits et devraient avoir la possibilitĂ© de mener une bonne vie. Câest ce que stipule la Convention des Nations Unies relative aux Droits de lâEnfant, convention que presque tous les pays du monde se sont engagĂ©s Ă respecter. Le gouvernement de ton pays a promis de dĂ©fendre les Droits de lâEnfant. Mais quâen est-il chez toi, Ă la maison, Ă lâĂ©cole, pendant ton temps libre, dans ton village, ta ville et ton pays ?
La convention contient des droits qui sâappliquent particuliĂšrement Ă toi et Ă chaque enfant. Elle est divisĂ©e en diïŹĂ©rentes parties appelĂ©es articles. Lâarticle 2 stipule que nul ne peut ĂȘtre discriminĂ©, câest-Ă -dire ĂȘtre maltraitĂ© en raison par exemple de son sexe. Voici quelques exemples de ce que les articles de lâONU disent sur les droits des ïŹ lles Ă lâendroit oĂč tu vis.
ARTICLE 31: Tu as le droit au jeu, au repos et aux loisirs Tous les enfants ont le mĂȘme droit au jeu et au repos. Mais parce que les ïŹ lles doivent souvent aider Ă la maison plus que leurs frĂšres, elles ont moins de temps libre. Pendant quâelles font le mĂ©nage, la lessive, la cuisine, vont chercher lâeau et sâoccupent de leurs frĂšres et sĆurs plus jeunes, leurs frĂšres sont souvent libres. Quand les ïŹ lles ont enïŹn ïŹni leurs tĂąches mĂ©nagĂšres, la nuit est tombĂ©e et il fait noir. Ceux qui nâont pas dâĂ©lectricitĂ© Ă la maison peuvent alors avoir des diïŹcultĂ©s Ă faire leurs devoirs.
ARTICLE 19: Tu as le droit Ă la protection contre toute forme de violence
Personne nâa le droit de frapper ou de blesser un enfant, mais il est courant que les adultes exposent les enfants Ă la violence. Les ïŹ lles et mĂȘme leurs mĂšres sont particuliĂšrement touchĂ©es. Les ïŹ lles sont Ă©galement victimes de violences de la part de garçons de leur Ăąge et dâhommes Ă lâextĂ©rieur de la maison. Si les ïŹ lles essaient de parler ou de chercher refuge, elles ne sont souvent pas crues et nâobtiennent aucune aide.
ARTICLE 24: Tu as le droit à la santé et aux soins médicaux si tu tombes malade
Lorsquâelles tombent malades, les ïŹ lles reçoivent souvent moins de soins que les garçons, en particulier dans les familles pauvres, oĂč elles doivent
Ă©galement travailler plus durement. Parfois, sâil y a peu de nourriture, elles mangent moins que leurs frĂšres. Les garçons pauvres sont plus souvent vaccinĂ©s que les ïŹ lles contre les maladies dangereuses. Dans les pays oĂč il nây a pas une vraie Ă©galitĂ© entre les sexes, davantage de ïŹ lles que de garçons meurent avant dâatteindre lâĂąge de cinq ans. Dans les pays riches, au contraire, il meurt plus de garçons que de ïŹ lles avant lâĂąge de cinq ans.
Tous les enfants ont le droit au bien-ĂȘtre et le droit de se sentir bien avec soi-mĂȘme.
Mais les ïŹ lles subissent souvent plus de pressions que les garçons sur la maniĂšre de se tenir et de se comporter. Cela peut aller de la façon dont elles sâhabillent, Ă leurs loisirs et Ă leurs rĂȘves dâavenir. Certaines ïŹ lles nâont pas le droit de faire du vĂ©lo, de danser ou de courir, simplement parce quâelles sont des ïŹ lles.
ARTICLES 28â29: Tu as le droit dâaller Ă lâĂ©cole
Tous les enfants ont droit Ă lâĂ©ducation, mais plus de garçons que de ïŹ lles peuvent commencer lâĂ©cole et de nombreuses ïŹ lles sont obligĂ©es dâarrĂȘter les Ă©tudes avant la ïŹn de la scolaritĂ©. Parfois, câest parce que les parents veulent que les ïŹ lles aident aux tĂąches mĂ©nagĂšres. Certains craignent que les ïŹ lles soient agressĂ©es par des hommes sur le chemin de lâĂ©cole. Dâautres pensent que lâĂ©ducation dâune ïŹ lle câest du gaspillage, car elle appartiendra Ă une autre famille lorsquâelle se mariera. Beaucoup de ïŹ lles
CélÚbre et défends les droits des filles
LâOrganisation des Nations Unies, ONU, a instituĂ© une JournĂ©e internationale de la fille, cĂ©lĂ©brĂ©e le 11 octobre de chaque annĂ©e. Toi et tes amis pouvez organiser une manifestation oĂč vous dĂ©fendez lâĂ©galitĂ© des droits entre filles et garçons et rappelez Ă tout le monde autour de vous que les droits des filles doivent ĂȘtre respectĂ©s ! Il est important que les filles ne soient pas seules dans la lutte pour lâĂ©galitĂ© des droits. Les garçons sont Ă©galement nĂ©cessaires pour crĂ©er le changement.
restent Ă la maison quand elles ont leurs rĂšgles parce que lâĂ©cole ne dispose pas de toilettes sĂ©parĂ©es. Elles ratent des cours et celles qui ne peuvent pas les rattraper abandonnent lâĂ©cole. Dâautres ïŹ lles arrĂȘtent parce quâun adulte Ă lâĂ©cole les maltraite. Il y a mĂȘme des enseignants et des directeurs qui essaient de forcer les Ă©lĂšves Ă avoir des relations sexuelles sous la menace de mauvaises notes et de les faire Ă©chouer aux examens.
Une ïŹ lle scolarisĂ©e se marie plus tard, aura moins dâenfants et ils seront en meilleure santĂ©. Pour chaque annĂ©e scolaire supplĂ©mentaire, son revenu futur augmente jusquâĂ un cinquiĂšme ! Câest bon pour elle et sa famille, mais aussi pour lâensemble du pays.
ARTICLE 32: Tu as droit Ă la protection contre les travaux nuisibles et/ou dangereux
Selon la Convention relative aux Droits de lâEnfant, personne ne doit travailler avant lâĂąge de douze ans et on nâa pas le droit de te faire travailler de longues journĂ©es Ă des tĂąches
lourdes ou dangereuses avant lâĂąge de 18 ans. Pourtant, de nombreux enfants sont contraints de commencer Ă travailler tĂŽt et Ă eïŹectuer des tĂąches nuisibles. Les ïŹ lles occupent souvent certains des emplois les moins bien payĂ©s et les plus dangereux. Elles peinent dans lâagriculture, les usines, sur les chantiers de construction et comme bonnes dans des maisons privĂ©es. Parfois, elles ne reçoivent mĂȘme pas de salaire, juste un peu de nourriture.
ARTICLES 34â35: Tu as droit Ă la protection contre les abus, lâenlĂšvement et/ou la vente
On ne peut pas te forcer Ă te marier si tu es un enfant, câestĂ -dire si tu as moins de 18 ans. Pourtant, les ïŹ lles en particulier, sont victimes de mariage prĂ©coce. Douze millions de ïŹ lles sont mariĂ©es chaque annĂ©e, soit 23 par minute, presque une ïŹ lle toutes les deux secondes. Parfois, on force les ïŹ lles Ă se marier parce que la famille a besoin de lâargent ou du bĂ©tail que la famille du mari fournit
en Ă©change dâune Ă©pouse. Cette pratique est gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ©e comme la traite des enfants.
Les ïŹ lles mariĂ©es voient nombre de leurs droits violĂ©s. Elles sont souvent forcĂ©es de quitter lâĂ©cole et sont beaucoup plus souvent victimes de violences de la part de leur mari que celles qui se marient Ă lâĂąge adulte. Cela peut Ă©galement mettre en danger la vie de la ïŹ lle dâaccoucher avant que son corps ne soit complĂštement formĂ©. Les blessures lors de lâaccouchement sont aujourdâhui la cause majeure de dĂ©cĂšs dans le monde chez les ïŹlles pauvres ĂągĂ©es de 15 Ă 19 ans.
ARTICLE 37: Nul ne peut te soumettre Ă un traitement cruel
Personne nâa le droit de te faire du mal mĂȘme si cela a pour but de suivre les vieilles traditions. Il existe de nombreuses traditions qui sont bonnes pour les enfants et les adultes, mais aussi certaines qui sont mauvaises. Bon nombre dâanciennes traditions qui blessent les ïŹ lles sont associĂ©es au mariage. Par exemple, beaucoup pensent quâune ïŹ lle ne peut pas se marier tant
quâelle nâa pas Ă©tĂ© excisĂ©e. La tradition de couper dans les parties gĂ©nitales des ïŹ lles (parties intimes) est trĂšs douloureuse et peut Ă©galement causer des infections et des blessures graves qui aïŹectent le reste de la vie de la ïŹ lle.
ARTICLES 12â15: Tu as le droit de donner ton avis et le droit dâĂȘtre entendu Filles et garçons ont le mĂȘme droit de dire ce quâils pensent, de prendre part et de dĂ©cider des questions qui les concernent. Il est souvent plus difïŹcile pour les ïŹ lles que pour les garçons de faire entendre leur voix et dâĂȘtre Ă©coutĂ©es dans la famille, Ă lâĂ©cole et dans la sociĂ©tĂ©. Elles ont moins la possibilitĂ© de dĂ©cider dâelles-mĂȘmes et de leur propre corps. Pour les ïŹ lles vivant dans les villages ruraux la chance dâaller Ă lâĂ©cole et dâavoir une bonne vie est moindre que pour les ïŹ lles vivant dans les villes. c
Quelle importance ?
Bien entendu, lâĂ©galitĂ© des droits et la possibilitĂ© de mener une bonne vie sont des Ă©lĂ©ments importants pour chaque enfant, que tu sois fille ou garçon. Il est Ă©galement important pour lâensemble de la sociĂ©tĂ© que les filles et les femmes aient les mĂȘmes droits que les garçons et les hommes. Si les filles ont accĂšs Ă lâĂ©ducation et que lâĂ©galitĂ© des sexes progresse, cela conduira Ă une rĂ©duction de la pauvretĂ© et Ă une vie meilleure pour tous.
Je veux voir des changements pour que les filles ne soient plus traitĂ©es comme des esclaves. Je veux que nous, les filles, ayons les mĂȘmes droits que les garçons et Ă©tudions longtemps avant de devoir nous marier. Et il faut nous Ă©couter, nous les filles, car on a des idĂ©es qui peuvent rĂ©soudre les problĂšmes, dit Anita, 14 ans, au Burkina Faso.
Qand je faisais la grande section, jâai eu une maladie qui a touchĂ© ma jambe gauche et ma cuisse droite. AprĂšs quelques mois Ă la maison, jâai eu une blessure Ă la jambe gauche. Le mĂ©decin a dit que je devais subir une opĂ©ration.
Anita aide à la maison, mais ses frÚres aident tout autant aux tùches ménagÚres.
Quand jâai commencĂ© la classe CE1, le mĂ©decin a radiographiĂ© ma cuisse droite et mâa dit quâil devait Ă©galement lâopĂ©rer. Jâai toujours du mal Ă marcher, mais je suis trĂšs ïŹĂšre que mes parents ne mâaient pas rejetĂ©e, mĂȘme si nous sommes de pauvres agriculteurs.
« Nous, les garçons, devons aussi faire la vaisselle »
« Câest la faute des parents si lâon dit toujours aux filles quâelles sont infĂ©rieures aux garçons. Et nous, les garçons, nous Ă©chappons aux tĂąches mĂ©nagĂšres et laissons tout le travail aux filles. Ce nâest pas juste. Les filles font la vaisselle, la cuisine et lavent les vĂȘtements de leurs frĂšres. Elles quittent lâĂ©cole pour devenir domestiques dans la maison de quelquâun dâautre. Nous, les garçons et les hommes, devons Ă©galement faire les travaux mĂ©nagers pour montrer que nous sommes Ă©gaux et pour ne pas faire de la femme ou de la fille une esclave domestique. »
Abdoul Fatao, 14 ans, Burkina Faso
Les droits violés de ses amies
Il est important de connaĂźtre les Droits de lâEnfant pour pouvoir avertir Ă ceux qui nous maltraitent et aussi pour apprendre Ă ceux qui ne connaissent pas les Droits de lâEnfant quâils existent.
Les droits des ïŹ lles ne sont pas res-
« Je suis un garçon, je fais la vaisselle et je balaie la maison et je suis fier que ma mĂšre mâait appris cela. Dans la famille, la fille nâa pas le droit de parler et les filles nâont pas le droit dâhĂ©riter. Jâai entendu un parent dire que câĂ©tait un gaspillage dâargent dâinscrire une fille Ă lâĂ©cole parce quâelle va se marier et dĂ©mĂ©nager chez son mari. Je trouve que câest honteux et mĂ©chant de penser Ă sa propre fille comme si on avait donnĂ© naissance Ă une Ă©trangĂšre. La fille a le droit dâaller Ă lâĂ©cole. Les parents ne respectent pas les Droits de lâEnfant. Câest pourquoi le PEM nous confie Ă nous, les enfants, le soin de lutter pour dĂ©fendre nos propres droits. »
Daouda, 11 ans, Burkina Faso
pectĂ©s ici. Mon amie Alice a vu ses droits violĂ©s lorsque son pĂšre lâa donnĂ©e en mariage alors quâelle avait quatorze ans. Elle a refusĂ©, mais son pĂšre lâa forcĂ©e. Elle pleurait tout le temps. Alice voulait sâenfuir, mais son mari lâa empĂȘchĂ©e de le faire. Ă quinze ans, elle a eu son premier enfant.
« Je connais deux jumeaux, un garçon et une fille. Leur pÚre a payé les frais de scolarité du garçon, mais la fille est restée à la maison pour devenir bonne dans une autre famille. Son pÚre viole ses droits alors je vais lui apprendre à respecter les droits des filles. »
Hayfa, 10 ans, Burkina Faso
« Dans presque toutes les familles, les filles font la vaisselle, lavent les vĂȘtements et balaient la cour pendant que les garçons peuvent Ă©tudier ou jouer. Les parents traitent les filles comme des esclaves et les garçons comme les chefs
« On traite les filles dâune façon honteuse »Abdoul Daouda Hayfa Aminata
Une autre de mes amies, Ami, a dĂ» quitter lâĂ©cole. Ses parents disaient quâune ïŹ lle nâa pas besoin dâaller Ă lâĂ©cole, quâelle doit sâoccuper du mĂ©nage. Son pĂšre nâa plus payĂ© les frais de scolaritĂ© ce qui a fait quâelle a dĂ» arrĂȘter alors quâelle Ă©tait en CM1. Ami a pleurĂ© et pleurĂ©, et a priĂ© ses parents de la laisser continuer lâĂ©cole, mais ils nâĂ©taient pas dâaccord. Quand elle a eu quinze ans, son pĂšre lâa forcĂ©e Ă Ă©pouser un vieil homme.
de la cour. Câest la faute des parents et de la tradition qui fait toujours passer la fille en dernier. Pour arrĂȘter cela, nous devons Ă©duquer les parents afin quâils comprennent quâune fille a les mĂȘmes droits quâun garçon. Les droits de la plupart des filles sont violĂ©s. Je forme les parents et mes voisins au respect des Droits de lâEnfant. »
Aminata, 11 ans, Burkina Faso
« Nous avons fui notre village pour Ă©chapper aux attaques terroristes. Une Ă©quipe Ă©tait Ă la recherche des enfants en fuite pour les inscrire Ă lâĂ©cole, mais mon pĂšre a refusĂ© de leur donner mon nom. Il leur a seulement donnĂ© le nom de mes frĂšres qui ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă reprendre lâĂ©cole. MĂȘme ma mĂšre veut que
â Nous, les filles, devons pouvoir Ă©tudier longtemps, avant de nous marier, dit Anita, Ă droite, dans la salle informatique du CollĂšge Yennenga Progress dans le village de Nakamtenga.
Je veux voir des changements pour que les ïŹ lles ne soient plus traitĂ©es comme des esclaves. Je veux que nous, les ïŹ lles, ayons les mĂȘmes droits que les garçons et Ă©tudions longtemps avant de devoir nous marier.
Mes frĂšres et sĆurs sont dâaccord Je parle Ă mes frĂšres et sĆurs, mes parents, mes grands-parents et mes amis de lâimportance pour chacun de nous de connaĂźtre les Droits de lâEnfant et surtout
je reste Ă la maison pour faire toutes les tĂąches mĂ©nagĂšres. Chaque matin, je dois aller chercher de lâeau Ă deux kilomĂštres de lĂ , dans huit bidons de 20 kilos sur un chariot. Je suis comme une prisonniĂšre condamnĂ©e Ă travailler sans interruption et sans repos. Une fille est comme une machine qui doit fonctionner continuellement. Les dirigeants de notre pays doivent absolument interdire cela. »
Salamata, 12 ans, Burkina Faso
les droits des ïŹ lles. Nous ne devons pas ĂȘtre maltraitĂ©es, nous devons ĂȘtre instruites, nous ne devons pas ĂȘtre donnĂ©es en mariage, nous devons avoir le droit de parler. Nous devons avoir les mĂȘmes droits que les garçons.
Mes frĂšres, mes sĆurs et mes amis disent quâils pensent que câest normal que ce soit comme je dis. Mais les plus ĂągĂ©s de ma famille, comme mes grands-parents, pensent que cela nâa aucun sens dâĂ©duquer une ïŹ lle. Elle est donnĂ©e en mariage tĂŽt parce que câest notre coutume ici. Ils disent aussi quâune ïŹ lle nâa pas le droit de parler, que seuls les garçons ont ce droit. Moi, je pense quâil faut Ă©couter les ïŹ lles, parce que parfois nous, les ïŹ lles, avons des idĂ©es sur la maniĂšre de rĂ©soudre les problĂšmes.
Dans ma famille, les garçons et les ïŹ lles ont les mĂȘmes tĂąches Ă la maison, car mes parents ont compris que les droits des ïŹ lles sont importants et que tous les enfants doivent ĂȘtre traitĂ©s sur un pied dâĂ©galitĂ©. Je pense que mes parents ont fait un bon choix parce que les garçons et les ïŹ lles doivent avoir les mĂȘmes droits.
Il est important dâĂȘtre Ambassadrice des Droits de lâEnfant du PEM, car on peut alors diïŹ user les connaissances sur les Droits de lâEnfant. Cela fait du bien de pouvoir formuler avec dâautres enfants les changements que nous souhaitons voir. » c
« Mon professeur mâa mise enceinte. Pour respecter la tradition on mâa rejetĂ©e de ma famille et je suis allĂ©e vivre avec ma tante. Mes frĂšres et sĆurs nâavaient pas le droit de me parler. Je pense quâil faut mettre fin aux coutumes traditionnelles qui violent les Droits de lâEnfant. Je ne peux pas comprendre que si un garçon met une fille enceinte, il ne sera ni exclu ni puni par sa famille. Pourquoi on ne punit que les filles ?
Je ne peux plus aller Ă lâĂ©cole et ma tante veut me forcer Ă Ă©pouser un homme plus ĂągĂ©. Ma tante mâa emmenĂ©e chez cet homme. Ă peine avait-elle disparu quâil sâest jetĂ© sur moi. Je me suis mise Ă hurler. Alors il a nouĂ© un mouchoir autour de ma bouche et mâa liĂ© les mains avec une corde. Quand ma tante est revenue, je pleurais et je lui ai dit que lâhomme mâavait violĂ©e. Elle mâa frappĂ©e et lâhomme lui a donnĂ© 5 000 francs. Je suis comme un produit que ma tante essaie de vendre. On ne me laissera pas aller Ă lâĂ©cole, mais je ferai tout pour que le mariage non plus ne se fasse pas. Le gouvernement doit lutter contre le mariage forcĂ© et le viol. »
Ornela, 17 ans, Burkina Faso
« Il nây a que mes frĂšres qui vont Ă lâĂ©cole »
« Ma tante essaye de me vendre »Salamata Ornela
â Je veux que nos parents comprennent que nous, les filles, avons le droit de parler et de nous exprimer librement sur ce qui nous concerne, dit Djiba. Elle nâa pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e Ă la naissance, elle a subi lâexcision, elle doit travailler beaucoup Ă la maison et son droit dâexpression nâest pas respectĂ©.
Depuis lâarrivĂ©e du Programme du Prix des Enfants du Monde dans le village de Djiba au SĂ©nĂ©gal, Djiba est membre Ă la fois du Club des Droits de lâEnfant du PEM et de la Commission dâAlerte du Club, oĂč les enfants victimes des violations de leurs droits peuvent en parler Ă dâautres enfants. Ceux-ci prĂ©sentent ensuite la question aux dirigeants locaux de lâĂ©cole et du village et tentent de trouver une solution dans lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant.
« Jâai perdu ma mĂšre Ă lâĂąge de sept ans et je vis avec mon pĂšre et sa nouvelle femme. On ne me traite pas de la mĂȘme maniĂšre que les enfants de ma belle-mĂšre parce que je ne suis pas sa ïŹ lle. Je fais tout le mĂ©nage, je pile le mil, le maĂŻs et les cacahuĂštes. DĂšs que je rentre de lâĂ©cole, je
Jâaime beaucoup aller Ă lâĂ©cole parce que jâoublie le travail domestique et je me repose, dit Djiba.
dois prĂ©parer la nourriture. Je dois avoir ïŹni la vaisselle et la lessive tĂŽt pour avoir le temps de ramasser du bois de chauïŹage dans la forĂȘt et de revenir avant le crĂ©puscule. Si je ne lave pas les vĂȘtements de mes frĂšres et sĆurs et ceux de mes parents, je suis punie.
Jâaime beaucoup aller Ă lâĂ©cole parce que jâoublie le travail domestique et je me repose. Jâai Ă©chouĂ© Ă lâexamen lâannĂ©e derniĂšre, mais cette annĂ©e, je me donne-
Les amies AĂŻcha, Antoinette, Rachel et Blandine sont Ambassadrices des Droits de lâEnfant du PEM. Elles font Ă©galement partie de la Commission dâAlerte du village contre les violations des Droits de lâEnfant. AprĂšs avoir Ă©coutĂ© des enfants maltraitĂ©s par des adultes, elles rencontrent la direction du village ou de lâĂ©cole pour trouver une solution qui soit bonne pour lâenfant.
« Ici, le sort des filles de mon Ăąge est dĂ©jĂ dĂ©cidĂ© par la tradition. Tu dois te marier tĂŽt, si tu ne vas pas Ă lâĂ©cole. LâĂ©cole nâest pas la chose la plus importante pour nos parents, ce qui est important câest de trouver un homme le plus tĂŽt possible pour leur fille. Je nâai pas le droit de parler, ils dĂ©cident ce que je dois faire, sinon on me bat.
Je voudrais ĂȘtre mĂ©decin pour aider les enfants, mais je voudrais aussi ĂȘtre avocate et dĂ©fendre les droits des filles, des garçons et des femmes, car ils ne sont souvent pas Ă©coutĂ©s et tous sont
rai Ă fond pour rĂ©ussir parce que je veux devenir enseignante comme notre directrice dâĂ©cole.
Voyage en Guinée
Nous avons de la famille Ă la fois au SĂ©nĂ©gal et en GuinĂ©e. Quand jâavais 9 ans et que jâĂ©tais en CE1, nous sommes allĂ©s, comme dâhabitude, en GuinĂ©e pendant les vacances dâĂ©tĂ©. Je nâavais aucune idĂ©e de ce qui mâattendait cette annĂ©e-lĂ .
obligés de faire ce que les hommes ont décidé. »
AĂŻcha, 16 ans, Ambassadrice des droits de lâenfant, SĂ©nĂ©gal
Quand nous sommes arrivĂ©s au village, jâai rencontrĂ© plusieurs ïŹ lles de mon Ăąge.
Le lendemain, il y avait une fĂȘte avec tam-tam et danse dans le village. Ma tante mâa emmenĂ©e dans la case oĂč se trouvaient les trois exciseuses.
â Ne crie pas ! Si tu cries les autres se moqueront de toi parce que tu seras la seule Ă avoir criĂ©, mâa dit lâune dâelles en me mettant la main sur la bouche.
Je crois que câest pour lâhonneur des parents, aïŹn quâils puissent trouver un mari Ă leur ïŹ lle, que nous sommes soumises Ă lâexcision. Si tu ne le fais pas, on peut tâinterdire de cuisiner lors des fĂȘtes
« Les filles de notre village font toutes les tĂąches mĂ©nagĂšres. Elles font la cuisine, vont chercher du bois, pilent le mil, le maĂŻs et les cacahuĂštes, lavent les vĂȘtements et la vaisselle dans la riviĂšre. Elles vont chercher lâeau du puits et sâoccupent des cultures. Les filles travaillent plus que les garçons. Il faut que ça change. Jâaide mes sĆurs en lavant les marmites et en allant chercher lâeau du puits dans des bidons de 20 litres. Je ne voudrais pas ĂȘtre une fille. Beaucoup dâentre elles sont emmenĂ©es dans un village de GuinĂ©e pour ĂȘtre excisĂ©es et elles en sou rent beaucoup. Je soutiens le changement pour que les droits des filles soient respectĂ©s et quâelles aient les mĂȘmes chances Ă lâĂ©cole que nous, les garçons. »
El Hadji, 12 ans, du mĂȘme village que Djiba, SĂ©nĂ©gal
et cĂ©rĂ©monies, tu fais honte Ă ta famille et on ne te respecte pas. Dans notre village, la plupart des ïŹ lles de mon Ăąge sont excisĂ©es. Mais je ne pense pas que ce soit normal de nous faire ça, Ă nous les ïŹ lles. Certaines ïŹ lles rentrent malades Ă la maison. Beaucoup ont du mal Ă marcher et Ă sâasseoir. Parfois, des ïŹ lles meurent. On nous emmĂšne en GuinĂ©e car au SĂ©nĂ©gal, les parents peuvent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s si la police dĂ©couvre quâils ont fait exciser leurs ïŹ lles.
Le droit de parler
Je crois que nos parents doivent connaĂźtre les Droits de lâEnfant pour que nous puissions mettre ïŹn Ă la tradition de lâexcision et rĂ©gler dâautres questions, comme le fait que nous, les enfants, avons
le droit de dire ce que nous pensons et dâĂȘtre Ă©coutĂ©s. Chez nous, aucun adulte nâĂ©coute les enfants et surtout nous, les ïŹ lles, nâavons pas le droit de parler. Je veux que mes parents comprennent que jâai le droit de parler librement. Si les adultes ne nous permettent pas de dire ce que nous pensons, nous, les enfants, ne suivons les dĂ©cisions des adultes quâaveuglement, comme des troupeaux de moutons.
Je veux continuer Ă Ă©tudier pour aider les ïŹ lles et les femmes Ă mieux vivre et Ă participer Ă la prise de dĂ©cisions. Une ïŹ lle ne doit pas ĂȘtre forcĂ©e dâĂ©pouser un homme quâelle nâa pas choisi dâĂ©pouser. » Djiba, 13 ans, Ambassadrice des droits de lâenfant, SĂ©nĂ©gal
« JâĂ©tais en cinquiĂšme lorsque nous avons reçu Le Globe dans notre Ă©cole. Nous avons alors dĂ©couvert les Droits de lâEnfant et rĂ©alisĂ© que plusieurs de nos droits sont violĂ©s. La pire forme de violence contre les filles est lâexcision. Nous avons fait une piĂšce de théùtre dans notre Club des Droits de lâEnfant du PEM, qui montre Ă quel point lâexcision est mauvaise pour les filles et nous avons jouĂ© la piĂšce pour nos parents.
Nous, qui sommes les Ambassadeurs des Droits de lâEnfant du PEM, faisons Ă©galement partie dâune Commission dâAlerte. Les
enfants peuvent nous parler des violations de leurs droits. Nous discutons ensuite la question avec la direction du village. Lâattitude de nos parents commence Ă changer et nous continuerons jusquâĂ ce que toutes les formes de maltraitance envers les enfants soient finalement abandonnĂ©es. »
Pierre, 14 ans, Ambassadeur des droits de lâenfant du mĂȘme village que AĂŻcha, SĂ©nĂ©gal
Nous avons dĂ©couvert les Droits de lâEnfant
â Je veux voir le changement qui fera que chaque fille pourra aller Ă lâĂ©cole, dit GrĂące, qui pendant sept ans a Ă©tĂ© bonne et a travaillĂ© dans un magasin.
«Jâavais huit ans quand mon pĂšre a dit quâon mâenverrait chez une femme Ă Cotonou. Maman voulait que je reste au village, mais elle nâavait aucune inïŹuence. Je voulais continuer dâaller Ă lâĂ©cole et je pleurais.
â OĂč est-ce que nous allons et quâest-ce que je vais faire lĂ -bas, jâai demandĂ© Ă mon pĂšre dans le bus. Il mâa laissĂ©e chez ma tutrice et jâai pleurĂ© pendant des jours parce que je voulais retourner dans ma famille.
Je me levais Ă six heures pour nettoyer la maison et faire la vaisselle. Au lieu dâaller Ă lâĂ©cole je travaillais dans le magasin de ma tutrice.
RĂȘves brisĂ©s
AprĂšs quelques mois, ma tutrice mâa emmenĂ©e chez sa sĆur au Ghana, oĂč jâai dĂ» mâoccuper des enfants et du mĂ©nage. Comme je mâoccupais bien de mes tĂąches, ma tutrice
voulait me laisser commencer lâĂ©cole. Mais quand mon pĂšre lâa appris, il a protestĂ© et a dit que je devais retourner Ă la maison. Câest ainsi que mon rĂȘve dâaller Ă lâĂ©cole a Ă©tĂ© brisĂ©. Mon pĂšre mâa envoyĂ©e chez une autre femme, avec laquelle je suis restĂ©e plusieurs annĂ©es. Papa recevait toujours mon salaire mensuel, 15 000 francs CFA. Il utilisait tout lâargent pour des boissons fortes. Quand il a appris que ma tutrice allait me permettre de faire un apprentissage dans un atelier de couture, papa a de nouveau protestĂ© et mâa fait revenir Ă la maison au village. Papa a refusĂ© de me laisser faire lâapprentissage parce que selon les termes du contrat, si jâallais Ă lâĂ©cole ou si je commençais une formation, ma tutrice nâaurait plus envoyĂ© dâargent Ă mon pĂšre. Papa ne pense quâĂ lâargent.
Il faut que ça change Maman Ă©tait heureuse de me revoir, mais elle ne pouvait rien faire pour moi ni pour ma sĆur, qui partage le mĂȘme sort que moi. Aujourdâhui je suis de nouveau en ville et jâaide ma nouvelle tutrice Ă gĂ©rer son magasin.
Je nâai jamais pu donner mon opinion Ă propos de ma vie. Quand je pense Ă mes frĂšres qui ont pu aller Ă lâĂ©cole,
je me sens si triste que jâen pleure. Je ne sais ni lire ni Ă©crire, mais jâespĂšre quâun jour je pourrai. Je veux que ça change et que chaque ïŹ lle puisse aller Ă lâĂ©cole. »
Grùce, 15 ans, Bénin
« LĂ oĂč je vis, il y a des filles qui sont domestiques, dâautres sont soumises aux mariages forcĂ©s et Ă la violence. Mon amie Prisca a Ă©tĂ© mariĂ©e contre sa volontĂ© Ă un homme vieux et riche qui promettait de belles choses Ă ses parents. Câest pour cela que jâai dĂ©cidĂ© de lutter contre toutes ces pratiques afin que les filles soient traitĂ©es de la mĂȘme maniĂšre que les garçons. »
Carlo, 16 ans, Bénin
«Ce qui me fait prendre mon rĂŽle dâAmbassadeur des droits de lâenfant trĂšs au sĂ©rieux, ce sont toutes les violations de ces droits que je vois dans mon quartier et dont jâai moi-mĂȘme Ă©tĂ© victime. Je vois Marie, dix ans, qui travaille dans une Ă©picerie. Sa responsable la maltraite et lâinsulte toute la journĂ©e. Marie a toujours lâair triste et ne rit jamais.
Ă cĂŽtĂ© de lâĂ©picerie, il y a un salon de coiïŹ ure oĂč une ïŹ llette de six ans est apprentie. Un jour, jây suis allĂ© me faire couper les cheveux et jâai vu la petite grimper sur un tabouret pour atteindre les Ă©tagĂšres, qui sont bien plus hautes quâelle. Le coiïŹeur est arrivĂ© et lui a criĂ©
dessus parce quâelle nâavait pas encore balayĂ©, et il lâa frappĂ©e au visage. Ăa mâa rĂ©voltĂ©.
En classe, jâai parlĂ© du mariage forcĂ© et des agressions des ïŹ lles, et mes camarades ont apprĂ©ciĂ©. Ils mâĂ©coutent quand je parle des droits des ïŹ lles. Jâutilise le Globe et le livret Toi Moi MĂȘmes Droits pour leur parler de ces sujets. En dehors de lâĂ©cole, jâai convaincu un vendeur de pain dâarrĂȘter de frapper sa ïŹ lle. Je parle aussi beaucoup du Programme et des droits des ïŹ lles Ă mes copains du club de foot. Au dĂ©but, ils croyaient que jâinventais tout ça. Je fais aussi attention Ă apprendre Ă mes ami·e·s Ă faire leurs devoirs. Je suis heureux dâĂȘtre Ambassadeur des droits de lâenfant.
Je veux réussir
Câest dur pour moi de parler de mon parcours. Dans ma famille, je faisais presque toutes les tĂąches mĂ©nagĂšres avec ma mĂšre et mes sĆurs. MĂȘme si ces tĂąches Ă©taient bien rĂ©parties, mon droit Ă la nourriture et Ă une Ă©ducation nâĂ©tait pas respectĂ©. Souvent, je ne mangeais pas assez et parfois, jâavais faim du matin au soir. Parfois, mes parents sortaient la
« Je savais que les droits de lâenfant existent et je voyais des violations des droits des ïŹ lles, mais je nâavais jamais le courage de dire quoi que ce soit. Le directeur de lâĂ©cole mâa parlĂ© du Programme du PEM. Câest lui qui mâa proposĂ© de suivre la formation Toi Moi MĂȘmes Droits. Je suis trĂšs heureuse de lâavoir fait, car ça mâa donnĂ© les armes nĂ©cessaires pour dĂ©fendre les droits de lâenfant si quelquâun ne les respecte pas. Jâai vu un ïŹ lm sur Kim et Hassan, les Ambassadeurs PEM des droits de
lâenfant au Zimbabwe, ça mâa donnĂ© du courage.
nuit pour chercher des restes de nourriture et vĂ©riïŹer sâil restait quelque chose dans les jarres du marchand de riz.
Je suis entrĂ© Ă lâĂ©cole trĂšs tard, jâavais dĂ©jĂ neuf ans. Mes parents avaient du mal Ă payer ma scolaritĂ© et je me faisais toujours renvoyer de la classe. Jâavais trĂšs honte Ă cause de ça.
Aujourdâhui, jâhabite chez mon oncle. La nourriture manque souvent chez lui aussi. Mais cela ne mâempĂȘche pas dâĂ©tudier et de faire de mon mieux. Je veux rĂ©ussir dans la vie. »
Archille, 15 ans, Ambassadeur des droits de lâenfant, CEG EkpĂš, BĂ©nin
Le Programme est trĂšs important pour moi. Il me permet dâinformer mes camarades des droits des ïŹ lles. Jâutilise beaucoup le Globe et le livret Toi Moi MĂȘmes Droits.
AprĂšs la formation, jâai parlĂ© dâĂ©galitĂ© avec ma sĆur jumelle, ma grand-mĂšre, mon oncle et ma tante. Ils me soutiennent pour dĂ©fendre les droits des enfants, des orphelins et de ceux placĂ©s en famille dâaccueil. »
Francine, 17 ans, Ambassadrice des droits de lâenfant, CEG TohouĂš, BĂ©nin
Ă Parakou, au BĂ©nin, un garçon tient une pancarte « Toi et Moi MĂȘmes Droits ».
â Je savais que les filles ont des droits qui ne sont pas respectĂ©s, mais je nâavais pas la force de faire quoi que ce soit. La formation me permet dâagir pour changer les choses, explique Syntiche, 16 ans, de ZinviĂ©, au BĂ©nin. Elle et un millier dâenfants ont suivi la formation de deux jours pour devenir Ambassadeurs des droits de lâenfant et experts en droits des filles.
I«ci, les enfants vivent dans des conditions misĂ©rables et leurs droits ne sont pas respectĂ©s. Les ïŹ lles, et parfois les garçons, sont forcĂ©es dâarrĂȘter lâĂ©cole, personne ne les protĂšge.
Les enfants apprentis dans les ateliers, ceux placĂ©s en famille dâaccueil et les orphelins sont maltraitĂ©s. Ă cĂŽtĂ© de chez moi, deux frĂšres sont
maltraités par leur bellemÚre, qui ne leur donne rien à manger de la journée. Parfois, je leur donne de la nourriture.
Fillettes au travail
Pour pouvoir sâacheter Ă manger, beaucoup dâenfants cherchent des dĂ©chets Ă revendre dans les tas dâordures. Une petite ïŹ lle de neuf ans travaille dans un atelier de couture. Ses parents nâont pas les moyens de lâenvoyer Ă lâĂ©cole, alors ils lâont mise en apprentissage. Elle travaille aussi comme domestique chez son patron. Les ïŹ lles apprenties sont souvent maltraitĂ©es et sont trop jeunes pour ĂȘtre en apprentissage. La plupart dâentre elles sont orphelines. Dâautres travaillent lĂ car leurs parents nâont pas dâargent.
cĂ©e dans une famille Ă cĂŽtĂ© de chez moi car sa mĂšre nâavait pas dâargent. Elle mâa dit quâelle faisait toutes les tĂąches mĂ©nagĂšres et que le reste du temps, elle travaillait dans le magasin de sa mĂšre dâaccueil. Aminata Ă©tait trĂšs triste, elle avait perdu sa joie de vivre. Je la consolais en lui disant que sa situation ïŹnirait par changer. Mais un jour, sa famille dâaccueil a quittĂ© le quartier et je ne lâai plus jamais revue.
Quand son pÚre est mort, mon amie Aminata a été pla-
Syntiche montre fiĂšrement son diplĂŽme dâAmbassadrice des droits de lâenfant
« Pendant ces deux jours de formation, jâen ai plus appris sur les droits de lâenfant que pendant toute ma vie. Jâai appris comment faire respecter les droits de lâenfant et ceux des filles, et comment protĂ©ger lâenvironnement. Je sais que les filles doivent ĂȘtre traitĂ©es comme les garçons,
FiĂšre dâaller Ă lâĂ©cole Mon pĂšre est mort quand jâavais douze ans, maintenant je vis avec ma mĂšre et mes et quâelles ne sont pas nĂ©es pour sou rir.
Jâai commencĂ© Ă faire le tour des classes avec les autres Ambassadeurs des droits de lâenfant, pour obtenir le soutien des autres Ă©lĂšves et les faire participer au Programme. Dans toutes les classes, nous avons beau-
coup parlĂ© dâĂ©galitĂ© entre filles et garçons, du harcĂšlement sexuel dont les filles sont victimes, des grossesses prĂ©coces et mĂȘme du changement climatique. On commence Ă voir le comportement de nos camarades et des adultes changer, il y a moins de harcĂšlement.
Maintenant, jâai la force et le courage de me battre pour faire respecter les droits de lâenfant, surtout les droits des filles. Il est temps de se battre
trois frĂšres. Ă la maison, je mâoccupe du mĂ©nage, et jâaide mes frĂšres Ă faire leurs devoirs et ma mĂšre Ă faire la cuisine.
Je dois marcher longtemps pour aller Ă lâĂ©cole, environ 45 minutes. Jâaimerais bien avoir un vĂ©lo ou assez dâargent pour prendre un zem, un moto-taxi. Je nâai pas toujours les bons manuels. Jâaimerais que ma mĂšre ait assez dâargent pour mâacheter des livres, des vĂȘtements et de jolies chaussures, comme papa faisait. Mais je ne veux vivre avec personne dâautre, je prĂ©fĂšre souïŹ rir avec ma mĂšre et mes frĂšres.
Je suis heureuse et ïŹĂšre de pouvoir aller Ă lâĂ©cole. En tant quâaĂźnĂ©e et seule ïŹ lle de la famille, câest mon devoir de faire de mon mieux. Je veux que mes parents soient ïŹers de moi, surtout mon pĂšre, mĂȘme sâil nâest plus avec nous. Jâapprends Ă mes frĂšres les valeurs que mâont transmises mes parents. Je veux quâils deviennent des hommes qui se battront pour que tous les enfants aient les mĂȘmes droits.
La formation mâa donnĂ© de la force
Avant la formation Toi Moi MĂȘmes Droits, je savais dĂ©jĂ quâAminata avait des droits et quâil nâĂ©taient pas respectĂ©s. Mais je nâavais pas la force de faire quoi que ce soit. Maintenant, la formation me permet dâagir pour changer les choses. MĂȘme si je ne sais pas si les adultes qui font travailler des enfants mâĂ©coutent, je leur dis de les traiter comme leurs propres enfants. Ces enfants ont aussi le droit dâaller Ă lâĂ©cole et de ne pas ĂȘtre battus.
Jâai racontĂ© Ă mes ami·e·s du quartier ce que jâai appris pendant la formation. Nous avons dĂ©cidĂ© dâĂ©duquer nos parents et ceux des autres aux droits de lâenfant et Ă lâĂ©galitĂ© entre ïŹ lles et garçons.
Avec les trois autres enfants ayant suivi la formation dâAmbassadeur des droits de lâenfant, on a choisi deux Ă©lĂšves parmi les trente classes. Nous les avons Ă©duquĂ©s, pour quâils puissent nous aider Ă diïŹ user ces informations dans notre Ă©cole. »
contre les violations des droits des filles ! Les changements que je veux voir vont beaucoup plus loin que mon école et ma ville. Je veux que les filles soit plus respectées et appréciées partout. »
Ganimath Adame, 14 ans, CEG Akassato, Bénin
J«âai appris que les filles et les garçons sont Ă©gaux, et que tous les enfants ont le droit Ă une Ă©ducation. Je suis fiĂšre dâĂȘtre Ambassadrice des droits de lâenfant. Pour moi, câest comme dâĂȘtre prof, jâenseigne les droits de lâenfant Ă ceux qui ne les connaissent pas. En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, je veux renforcer les connaissances des chefs traditionnels quant aux droits de lâenfant et aux consĂ©quences du mariage dâenfants. Je veux leur faire
comprendre quâil faut mettre fin aux coutumes nĂ©fastes, comme les mutilations gĂ©nitales et le mariage forcĂ©.
Le Globe, le livret Toi Moi MĂȘmes Droits et Hassan dans le film sur le Prix des enfants du monde mâont donnĂ© la force et le courage de remplir ma mission. Câest une mission noble.
Je veux voir les choses
changer pour que les filles ne soient plus traitĂ©es comme des esclaves. Câest le destin dâune de mes amies qui mâa donnĂ© envie de me battre contre les violations des droits des filles : Aissa a arrĂȘtĂ© lâĂ©cole Ă onze ans, quand son pĂšre lâa forcĂ©e Ă commencer Ă travailler chez une autre famille. Son salaire servait Ă payer la
scolaritĂ© de son frĂšre. Quand elle a eu quatorze ans, son pĂšre lâa forcĂ©e Ă se marier avec un homme dâune cinquantaine dâannĂ©es. Elle a refusĂ©, mais elle nâavait pas le choix. Ă quinze ans, Aissa est tombĂ©e enceinte. Elle et son bĂ©bĂ© sont tous les deux morts lors de lâaccouchement. »
Yasmina, 15 ans, Ambassadrice des droits de lâenfant, CEG Tanghin Barrage, Burkina Faso
« Pendant la formation, jâai beaucoup appris sur lâĂ©galitĂ© de droits des filles et des garçons, comme le dit si bien Toi Moi MĂȘmes Droits. Les filles ne sont pas juste faites pour les tĂąches mĂ©nagĂšres. Chez moi, on fait la vaisselle et la cuisine Ă tour de rĂŽle.
à Parakou, au Bénin, une pancarte revendiquant une meilleure répartition des tùches ménagÚres.
Ătre Ambassadeur des droits de lâenfant, câest se battre pour faire connaĂźtre et respecter les droits de lâenfant. Ă cause du mariage forcĂ© et des grossesses prĂ©coces, les filles arrĂȘtent lâĂ©cole. Le gouvernement du Burkina Faso doit prendre des mesures pour y mettre fin, pour que les filles puissent avoir une bonne Ă©ducation.
Câest injuste quâune fille soit traitĂ©e comme une Ă©trangĂšre au sein de sa propre famille et ne puisse pas hĂ©riter. Elle est aussi lâenfant de son pĂšre, pas un mouton quâon engraisse pour le vendre. Les filles ne sont pas des animaux. Certains garçons ne respectent pas les filles, elles ne comptent pas pour eux. Ă lâĂ©cole, les filles ne veulent pas ĂȘtre chargĂ©es de la discipline parce quâelles ont peur que les garçons les frappent si elles Ă©crivent leur nom sur la liste des Ă©lĂšves qui dĂ©rangent la classe. »
Ghislain, 13 ans, Ambassadeur des droits de lâenfant, CEG Tanghin Barrage, Burkina Faso
« Je pense quâĂ©duquer une fille, câest Ă©duquer une nation. En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, je veux changer la mentalitĂ© des parents, en leur faisant prendre conscience des droits des filles. Ce sont surtout nos traditions et coutumes qui entraĂźnent des violations de leurs droits. Les parents doivent respecter les droits des filles.
GrĂące Ă la formation, jâai dĂ©couvert les droits de lâenfant et jâai beaucoup appris, en particulier que les filles ont le droit de jouer et de se reposer. Ici, la plupart des filles travaillent beaucoup et nâont pas le droit de jouer ou de se reposer. Beaucoup de filles arrĂȘtent lâĂ©cole pour se marier ou pour travailler comme domestique. MalgrĂ© lâinterdiction des punitions corporelles, les enseignants continuent Ă frapper les Ă©lĂšves. Les adultes ne respectent pas les droits de lâenfant, câest pourquoi nous, les Ambassadeurs, avons Ă©tĂ© choisis pour les dĂ©fendre. »
Guemilatou, 14 ans, Ambassadrice des droits de lâenfant, CEG Tanghin Barrage, Burkina Faso
Il est important dâĂ©duquer les fillesc PHOTO: BRUNEL ATINDOGBE/DARINGPIX Yasmina, Ghislain et Guemilatou.
Dans la rĂ©gion des parcs nationaux de Gonarezhou (Zimbabwe) et Limpopo (Mozambique), on observe de frĂ©quentes violations des droits des filles : nombre dâentre elles sont donnĂ©es en mariage et quittent lâĂ©cole, et gĂ©nĂ©ralement, on nâĂ©coute pas ce quâelles ont Ă dire.
Le braconnage est courant dans cette rĂ©gion et a ecte durement la faune sauvage, comme les Ă©lĂ©phants, les rhinocĂ©ros et les girafes. Les deux pays interdisent le mariage dâenfants et le braconnage, et ils sont maintenant
soutenus par 1 600 Ambassadeurs
Génération paix & Acteurs du changement des droits des filles et des animaux sauvages, qui éduquent les 130 000 enfants de plus de 10 ans de la région.
Dans le cadre de la GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement (GP&AC), 1 600 Ă©lĂšves de 400 Ă©coles de la rĂ©gion des parcs nationaux de Gonarezhou (Zimbabwe) et Limpopo (Mozambique) ont suivi une formation de deux jours pour devenir ambassadeurs. Maintenant, ils agissent en faveur des droits de lâenfant (notamment lâĂ©galitĂ© en droits des filles) et de la faune sauvage. Les 800 enseignants ayant suivi la formation GP&AC sâengagent Ă©galement. Les ambassadeurs et ces enseignants ont mis en Ćuvre le Programme
PEM de la GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement pour les 130 000 Ă©lĂšves de la rĂ©gion. Cent chefs de village ont aussi suivi la formation GP&AC et aident maintenant les Ambassadeurs en informant les adultes de lâexistence des droits de lâenfant, dont ceux des filles, et de lâillĂ©galitĂ© du mariage dâenfants et du braconnage. Pour tout savoir sur la GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement, rendez-vous sur worldschildrensprize.org/pcg.
La GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement est une collaboration entre la Fondation du Prix des enfants du monde et la Fondation Peace Parks, avec le soutien de la loterie suĂ©doise Swedish Postcode Lottery. Elle est mise en Ćuvre par les ONG Santac au Mozambique et Shamwari Yemwanasikana au Zimbabwe, avec lâaide des DĂ©partements de lâĂ©ducation locaux et, au Zimbabwe, du Fond africain pour la conser vation de la faune.
« Ici, on ne considĂšre pas les ïŹ lles comme des personnes Ă part entiĂšre. Si une ïŹ lle essaye de dire ce quâelle pense aux adultes, ils lui disent de se taire. Par contre, un garçon aura le droit de se faire entendre. Personne ne lui dit « Chut ! ». Ce nâest pas juste. Ăa me rĂ©volte et en tant quâambassadeur, câest quelque chose que je voudrais essayer de changer.
Futur garde forestier
Pendant la formation, on a beaucoup appris sur le dĂ©veloppement durable et les animaux sauvages. Ici, Ă Gonarezhou, le braconnage est courant : les cornes des rhinocĂ©ros ont une trĂšs grande valeur. Mais les rhinocĂ©ros ont ïŹni par ĂȘtre exterminĂ©s ici. Câest vraiment lamentable. Ma gĂ©nĂ©ration, et celle dâaprĂšs, ne verront peutĂȘtre jamais un rhinocĂ©ros dans son habitat naturel. Certains continuent de braconner, surtout pour pouvoir nourrir leur famille. Je ne crois pas quâils savent que lâenvironnement et les animaux sauvages ont des droits. Maintenant, jâose parler Ă la cheïŹerie du village de ce que jâai appris. Ils peuvent Ă©duquer les villageois, et on arrivera peut-ĂȘtre Ă mettre ïŹn au
braconnage. Câest ma mission, en tant que membre de la GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement. Je rĂȘve de devenir garde forestier ici Ă Gonarezhou, pour protĂ©ger les animaux sauvages. »
Edgar, 13 ans, Ambassadeur de Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Chompani, Zimbabwe
Ăa mâa vraiment mise en colĂšre ! En tant quâambassadrice, je veux dire aux gens que notre gĂ©nĂ©ration veut changer les choses, que les ïŹ lles et les garçons ont les mĂȘmes droits et doivent ĂȘtre traitĂ©s de la mĂȘme façon. Les ïŹ lles comme les garçons doivent aller Ă lâĂ©cole Et aucun enfant ne doit ĂȘtre forcĂ© de se marier.
droits des enfants et des ïŹ lles. Câest aussi important de se battre pour lâenvironnement et pour les animaux sauvages. Si on prend soin des animaux, des touristes viendront les voir. Cela gĂ©nĂ©rera des emplois et de lâargent, et on en a vraiment besoin ici. »
Praise, 11 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Chikombedzi, Zimbabwe
« Quand elle avait douze ans, une camarade de classe a Ă©tĂ© forcĂ©e dâarrĂȘter lâĂ©cole car sa mĂšre est morte. Son pĂšre a dit quâelle devait sâoccuper de la maison et de ses petits frĂšres, et quâil la donnerait ensuite en mariage. Par contre, ses frĂšres ont continuĂ© Ă aller Ă lâĂ©cole.
â CâĂ©tait gĂ©nial de dormir dans les salles de classe pendant la formation GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement, dit Praise.
Je rĂȘve de devenir avocate, pour travailler en faveur des
Mesurant de 4 Ă 6 mĂštres, la girafe est le plus grand animal du monde en hauteur. Elle est victime de braconnage : sa population a dĂ©cru de 30% au cours des quinze derniĂšres annĂ©es. Il ne reste que 110 000 girafes dans toute lâAfrique, dont 446 dans le parc de Gonarezhou et seulement 25 dans le parc de Limpopo.
« Ce que jâai prĂ©fĂ©rĂ© dans la formation dâAmbassadeur GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement a Ă©tĂ© dâapprendre lâexistence de la Convention internationale des droits de lâenfant de lâOrganisation des Nations unies (ONU). Je nâĂ©tais pas au courant avant.
Jâai aussi appris que les ïŹ lles ont les mĂȘmes droits que les garçons. Ce nâest pas le cas ici : les garçons sont bien mieux traitĂ©s. Les ïŹ lles sont victimes dâexploitation sexuelle et mĂȘme de la traite dâĂȘtres humains pour certaines, qui sont emmenĂ©es en Afrique du Sud. Ici, personne nâaccepte quâun garçon aide une ïŹ lle Ă faire les tĂąches mĂ©nagĂšres. En tant quâambassadeur, je veux dire Ă tout le monde que nous, les enfants, avons des droits, qui sont les mĂȘmes pour les ïŹ lles et pour les garçons. »
Rowland, 11 ans, Ambassadeur Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Chikombedzi, Zimbabwe
« On a appris Ă traiter lâenvironnement avec respect, et pour moi ça veut dire respecter tout ce qui le constitue : les garçons, les ïŹ lles, la nature, les animaux sauvages. Jâai dĂ©couvert Ă quel point le changement climatique est grave. Cela mâinquiĂšte. Ici, Ă Gonarezhou, il nous aïŹecte beaucoup. Soit il pleut beaucoup trop et il y a des inonda-
tions, soit il ne pleut presque pas et il est impossible de faire pousser quoi que ce soit. Mais on a aussi appris diïŹĂ©rentes façons de lutter pour limiter ses consĂ©quences. Je rĂȘve de devenir la premiĂšre prĂ©sidente du Zimbabwe ! Ă mon avis, une femme doit penser diïŹĂ©remment. Dâabord, je vais me battre pour les lois qui pro-
CâĂ©tait super de se retrouver entre copains et copines le soir pour regarder des films en mangeant du pop-corn, avant de dormir tous ensemble Ă lâĂ©cole !
tĂšgent et respectent les ïŹ lles et les femmes. Les lois qui estiment les ïŹ lles Ă leur juste valeur.
Tariro, 17 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école secondaire
Justin Chauke, Zimbabwe
Amukelo, 15 ans, lycĂ©e Alpha Mpapa, Zimbabwe, reçoit son diplĂŽme dâAmbassadrice GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement des droits des ïŹ lles et des animaux sauvages. Sur worldschildrensprize.org/pcg, tu trouveras un film racontant lâhistoire dâAmukelo.
Le guĂ©pard nâest pas seulement lâanimal le plus rapide du parc de Limpopo, câest aussi le plus rapide au monde : il dĂ©tient le record du monde de vitesse, avec 120 km/h.
Praise a adorĂ© le film Lâhistoire du Prix des enfants du monde, qui suit les Ambassadeurs des droits de lâenfant Kim et Hassan. Praise a aussi regardĂ© plusieurs films sur les enfants de la GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement et sur les animaux sauvages.
Voir les films sur : worldschildrens prize.org/wcpstory. worldschildrens prize.org/videopcg
« La GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement a changĂ© ma vie, et je suis heureuse de pouvoir y participer et organiser ce projet dans mon Ă©cole. Ici, beaucoup dâenfants ne vont pas Ă lâĂ©cole, car leurs parents les forcent Ă travailler dans les champs ou Ă la maison, ou les envoient braconner. Beaucoup sont retournĂ©s Ă lâĂ©cole. Maintenant, jâarrive Ă compter ceux qui ne vont pas Ă lâĂ©cole. Mais avant GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement, tellement dâenfants nâallaient pas Ă
« Ici, les choses commencent Ă changer en matiĂšre de droits des ïŹ lles Ă la maison. Mes frĂšres mâaident ! Mes amies disent aussi que leurs frĂšres ont commencĂ© Ă les aider. Câest une grande diïŹĂ©rence par rapport Ă avant. Ă lâĂ©cole, on a parlĂ© du droit des ïŹ lles Ă se reposer et Ă avoir le temps de faire leurs devoirs.
Je connais beaucoup dâenfants qui ont perdu leur pĂšre Ă
lâĂ©cole que câĂ©tait presque impossible.
Beaucoup de parents envoient leurs garçons dans le bush, mĂȘme sâils savent que le braconnage est interdit. Je connais deux familles qui le faisaient et leurs ïŹ ls ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Beaucoup de gens ont dĂ©jĂ arrĂȘtĂ© de braconner, mais je veux que tout le monde arrĂȘte ! Ici, beaucoup dâenfants ont perdu leur pĂšre car il a Ă©tĂ© tuĂ© en braconnant.
Ă la maison, ce sont toujours les ïŹ lles qui en font le plus, mais les garçons ont dĂ©jĂ cause du braconnage. La chefferie a organisĂ© une rĂ©union pour sensibiliser les gens au fait que le braconnage est un crime. Les gens changent et maintenant, la plupart ont arrĂȘtĂ© de braconner. »
Adélia, 12 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Cubo, Mozambique
commencĂ© Ă plus les aider. Quand je fais la vaisselle, mon frĂšre sait quâil doit passer le balai. Le rite de passage des ïŹ lles, le khomba, nâest plus pratiquĂ© et on est plus obligĂ©es de se marier. »
Anaståcia, 13 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Cubo, Mozambique
Pendant des siĂšcles, plus de 200 000 lions habitaient les plaines dâAfrique. Aujourdâhui, il nâen reste que 23 000, soit seulement un neuviĂšme.
Les enseignants et les chefs de village ont suivi les formations Génération paix & Acteurs du changement. Ensuite, ils aident les adultes et les enfants devenus ambassadeurs à faire respecter les droits des filles et à mettre fin au braconnage.
« Avant, de nombreux parents du village emmenaient leurs ïŹ ls braconner, car, pour eux, câĂ©tait plus important que lâĂ©cole. Beaucoup de nos jeunes sont morts Ă la chasse. Mais aprĂšs la formation et la suite du projet au village, il y a bien plus dâenfants qui vont Ă lâĂ©cole.
Avant, de nombreuses ïŹ lles arrĂȘtaient lâĂ©cole tĂŽt. Ici, nous avons une trĂšs vieille tradition, le khomba : on emmĂšne les ïŹ lles qui ont eu leur premiĂšres rĂšgles dans le bush, pour les prĂ©parer au mariage. AprĂšs le khomba, les ïŹ lles
quittaient lâĂ©cole et Ă©taient forcĂ©es de se marier.
Je suis heureux de faire partie du projet GĂ©nĂ©ration paix & Acteurs du changement. AprĂšs la formation, nous avons organisĂ© une rĂ©union pour sensibiliser le village aux dangers du braconnage, de ne pas laisser ses enfants aller Ă lâĂ©cole ou dâexposer ses ïŹlles au khomba.
Ce projet nous a beaucoup aidĂ©s. Le directeur et les enseignants parlent aux enfants Ă lâĂ©cole, tandis que jâexerce mon inïŹuence de chef au village. Les Ambassadeurs
des droits de lâenfant Ă©duquent leurs camarades.
Maintenant, on voit le village changer. Bien moins de garçons quittent lâĂ©cole pour braconner. Plus aucune ïŹ lle nâarrĂȘte lâĂ©cole en raison du khomba. Nous avons interdit cette pratique, car elle nâapportait rien de bon aux ïŹ lles, et maintenant elles nâont plus Ă quitter lâĂ©cole Ă cause de ça.
Merci à Génération paix & Acteurs du changement de nous avoir aidés à ouvrir les yeux. »
Les Ă©lĂšves de trois Ă©coles de village se sont rĂ©unis dans la simple Ă©cole de Matafula pour pour ĂȘtre formĂ©s en tant quâAmbassadeurs de la paix et du changement.
« Je vais faire le tour du village avec mes camarades de classe pour convaincre les enfants qui ont quittĂ© lâĂ©cole dây retourner. Pour les enfants, câest bien dâaller Ă lâĂ©cole, comme ça ils peut devenir prof, inïŹrmier, policiĂšre ou bien ingĂ©nieur. Je connais des ïŹ lles de quatorze ans qui sont maman, je vais leur parler pour quâelles reprennent lâĂ©cole. Dans mon village, ce sont les parents qui sont le problĂšme en matiĂšre de droits de lâenfant. Il ne comprennent pas lâimpor-
« Ici, le changement climatique a assĂ©chĂ© la riviĂšre, et au village, les droits des ïŹ lles ne sont pas respectĂ©s. Je connais quatre ïŹ lles qui allaient Ă lâĂ©cole avec moi, mais qui ont arrĂȘtĂ© car elles sont tombĂ©es enceintes. Je connais aussi quatre garçons qui ne vont pas Ă lâĂ©cole. Leurs parents pensent que câest normal. Câest la premiĂšre fois quâon suit une formation sur ces
questions-lĂ . Je suis reconnaissante dâavoir pu y aller, maintenant je vais pouvoir transmettre mes connaissances Ă lâĂ©cole et au village. »
Zulfa, 15 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Matafula, Mozambique
tance de lâĂ©cole. Si un enfant veut faire ses devoirs, ses parents lui interdisent de le faire. Je me rĂ©veille tĂŽt pour emmener les bĂȘtes au prĂ©. Je les laisse lĂ -bas et je ïŹ le Ă lâĂ©cole. Ă la ïŹn des cours, je ramĂšne les bĂȘtes Ă la maison Avant, personne ne nous avait informĂ©s des droits de lâenfant, alors je suis reconnaissant dâavoir pu suivre cette formation. »
Shelton, 13 ans, Ambassadeur Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Matafula, Mozambique
Le plus gros animal terrestre au monde, lâĂ©lĂ©phant de savane, peut faire plus de 3,5 m de haut et peser 6 500 k. Chaque jour, cent Ă©lĂ©phants dâAfrique sont tuĂ©s par des braconniers. Le nombre dâĂ©lĂ©phants a dĂ©cru de 62% au cours des dix derniĂšres annĂ©es. Il nây en a plus que 350 000 en Afrique, dont 11 000 Ă Gonarezhou et 1 500 Ă Limpopo.
« Ma famille respecte mes droits, mais mes frĂšres ne participent pas aux tĂąches mĂ©nagĂšres. Câest moi qui pile le maĂŻs, fais Ă manger, vais chercher lâeau et le bois. Mes frĂšres mĂšnent le bĂ©tail au prĂ© et vont Ă lâĂ©cole, câest tout. Beaucoup de ïŹ lles du village sont donnĂ©es en mariage et tombent enceintes avant leurs dix-huit ans. La famille du mariĂ© donne dix bĆufs et de lâargent Ă celle de la mariĂ©e pour la lobola, la dot. Deux de mes amies qui allaient en sixiĂšme annĂ©e avec moi sont
maintenant enceintes. En tant quâambassadrice, je vais essayer de les convaincre de retourner Ă lâĂ©cole. Ă lâĂ©cole, je vais aussi informer mes ami·e·s de leurs droits. Câest la premiĂšre fois quâon suit une formation sur les droits de lâenfant et ceux des ïŹ lles dans notre district. »
Sonia, 14 ans, Ambassadrice Génération paix & Acteurs du changement, école primaire de Matafula, Mozambique
Ce sont les gouvernements de tous les pays qui assument la plus grande responsabilitĂ© dans la rĂ©alisation des objectifs et dans les changements nĂ©cessaires pour les atteindre. Mais pour que le monde entier ait une chance dâatteindre ces objectifs, chacun de nous, toi y compris, doit les connaĂźtre et contribuer au changement ! Ceci sâapplique aux adultes et aux enfants. MĂȘme les petites actions peuvent avoir de lâinfluence.
Dans le cadre du programme du PEM tu peux tout Ă la fois apprendre quels sont les objectifs mondiaux et les faire connaĂźtre. Dans Le Globe tu feras la connaissance des HĂ©ros des Droits de lâEnfant et de beaucoup dâenfants qui se battent pour un monde meilleur. Ils contribuent Ă atteindre beaucoup dâobjectifs mondiaux, comme par exemple :
âą Objectif 5, pour lâĂ©galitĂ© des sexes et les droits des filles
⹠Objectif 10 pour une égalité accrue
⹠Objectif 16, pour des communautés justes et pacifiques
Les Droits de lâEnfant
Les pays du monde ont convenu de rĂ©aliser trois actions importantes dâici 2030 : abolir lâextrĂȘme pauvretĂ©, rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s et lâinjustice et rĂ©soudre la crise climatique. Pour ce faire, les pays ont dĂ©fini 17 objectifs mondiaux en matiĂšre de dĂ©veloppement durable. Tous les objectifs sont dâĂ©gale importance et dĂ©pendent les uns des autres. En savoir plus sur les objectifs mondiaux et les droits de lâenfant
Les objectifs mondiaux sont conformes aux Droits de lâEnfant. Chaque objectif comporte plusieurs sous-objectifs et nombre d'entre eux peuvent ĂȘtre directement liĂ©s Ă des articles de la Convention relative aux droits de l'enfant, tels que le fait que tous les enfants ont le droit Ă l'Ă©ducation, Ă un logement, Ă de la nourriture pour la journĂ©e et Ă recevoir des soins de santĂ© et des soins de santĂ© en cas de besoin. Si ces objectifs sont atteints la situation des enfants dans le monde peut ĂȘtre amĂ©liorĂ©e. Voici des exemples qui montrent comment les objectifs coĂŻncident avec tes droits et ceux des autres enfants.
PAS DE PAUVRETĂ
Aucun enfant ne grandira dans la pauvretĂ©. Aucun enfant ne sera traitĂ© diffĂ©remment ni ne sera privĂ© des mĂȘmes chances que les autres enfants en fonction de combien dâargent sa famille possĂšde.
Tous les enfants recevront une Ă©ducation et tout le monde apprendra Ă lire et Ă Ă©crire. LâĂ©cole primaire est obligatoire et gratuite. Aucun enfant ne fera lâobjet de discrimination Ă lâĂ©cole.
ZĂRO FAIM
Aucun enfant nâaura faim ni souffrira de malnutrition. Tous les enfants doivent avoir accĂšs Ă des aliments nourrissants et sĂ»rs.
BONNE SANTĂ ET BIEN-ĂTRE
Tous les enfants ont le droit de se sentir bien, Ă de bons soins de santĂ© et Ă la vaccination. Lâabus dâalcool/drogues sera rĂ©duit, ainsi que les accidents de la circulation et la pollution.
Filles et garçons auront des droits Ă©gaux et des chances Ă©gales en tout. Aucune fille ne sera discriminĂ©e. Les mariages dâenfants et la violence contre les filles, telles que mutilations gĂ©nitales et violences sexuelles, cesseront.
Tous les enfants auront accĂšs Ă lâeau potable, Ă des toilettes et la possibilitĂ© de prendre soin de leur hygiĂšne. Dans beaucoup de pays il est important pour la sĂ©curitĂ© des filles que les toilettes soient sĂ©parĂ©es.
Aucun enfant ne sera soumis au travail prĂ©coce ou Ă la traite des personnes. Ce qui signifie quâaucun enfant ne sera utilisĂ© comme soldat. Les parents auront de bonnes conditions de travail afin de pouvoir sâoccuper de leurs enfants.
Tous les enfants auront les mĂȘmes chances indĂ©pendamment de leur origine, sexe, religion, identitĂ© sexuelle, handicap ou parce quâils ont Ă©tĂ© forcĂ©s de fuir.
Tous les enfants auront accĂšs Ă une Ă©nergie sĂ»re et durable qui leur facilitera la vie sans nuire Ă lâenvironnement.
Les enfants apprendront comment vivre dâune façon plus durable et dans le respect de lâenvironnement, ils seront par exemple instruits sur la consommation durable, la rĂ©cupĂ©ration et le recyclage.
Les enfants apprendront comment les dĂ©chets, la surpĂȘche et les Ă©missions de produits chimiques, par exemple, peuvent affecter les mers et tout ce qui y vit. Le littoral cĂŽtier oĂč vivent les enfants sera protĂ©gĂ© et prĂ©servĂ©.
Aucun enfant ne sera soumis Ă la violence, Ă lâabus ou Ă lâexploitation. Chaque enfant grandira dans une sociĂ©tĂ© en paix oĂč chacun est traitĂ© avec justice, par exemple par les autoritĂ©s, la police et les tribunaux.
Industries, routes, etc. seront construits de façon telle quâils ne soient ni dangereux ni nuisibles pour les enfants. Tous les enfants auront accĂšs aux technologies de lâinformation et de la communication qui amĂ©liorent leur vie.
Tous les enfants doivent vivre Ă proximitĂ© dâun espace de jeux et dâune zone verte avec de bonnes communications. Lâexpansion des villes se fera dans le respect de lâenvironnement et de la culture et les traditions seront prĂ©servĂ©es.
Les enfants apprendront comment limiter leur propre comportement nĂ©gatif sur le climat et pourront exiger des adultes et des dĂ©cideurs quâils luttent contre les changements climatiques.
Les enfants apprendront comment protĂ©ger les forĂȘts, les terres, les montagnes, les animaux et les plantes, et pourquoi nous ne devons pas gaspiller les ressources de la nature.
Les pays doivent coopĂ©rer davantage, sâentraider et apprendre les uns des autres pour crĂ©er un monde meilleur pour tous.
Pour survivre, nous avons tous besoin de nourriture et dâeau, dâun toit sur la tĂȘte et dâavoir chaud. Les humains se partagent les ressources de la Terre, mais certains en utilisent plus que dâautres.
Depuis que les humains habitent sur Terre, nombre dâentre eux essayent de vivre en respectant la nature. GuidĂ©s par leurs pratiques ancestrales, les peuples autochtones utilisent les ressources de la Terre avec parcimonie. Chasse, culture ou abattage des arbres : ils ne prennent que ce dont ils ont besoin. Sâil existe encore des peuples vivant ainsi, la consommation et la production de masse ont par ailleurs fortement augmentĂ©, surtout en Occident. On appelle empreinte Ă©cologique la quantitĂ© de ressources consommĂ©e par un pays ou un individu.
Ton empreinte écologique
Lâempreinte Ă©cologique est la « trace » que les humains laissent sur la Terre selon la quantitĂ© de ressources quâils consomment. La taille de ton empreinte Ă©cologique dĂ©pend de la surface nĂ©cessaire pour produire ce que tu consommes, comme la nourriture et les objets. La surface nĂ©cessaire pour absorber tes dĂ©chets est Ă©galement comptabili-
sée. En te basant sur ce que tu consommes et la surface utilisée, tu peux calculer ton empreinte écologique.
RĂ©duire son empreinte Ă©cologique Moins ton mode de vie impacte lâenvironnement, moins ton empreinte Ă©cologique est importante, par exemple si tu recycles beaucoup, Ă©conomises lâeau et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, nâachĂštes pas beaucoup de choses. Produire sa propre nourriture ou manger local est souvent meilleur pour lâenvironnement que dâacheter des aliments produits de lâautre cĂŽtĂ© de la planĂšte puis transportĂ©s jusquâĂ un magasin Ă cĂŽtĂ© de chez toi.
Richesse et empreinte écologique
Chaque pays rencontre des dĂ©fis diïŹĂ©rents. Les Ă©missions de dioxyde de carbone reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© de lâempreinte Ă©cologique de nombreux pays riches, notamment parce quâon y consomme beaucoup de nourriture et dâobjets. Mais il peut exister une grande diïŹĂ©rence entre les habitants dâun mĂȘme
En un an, lâhumanitĂ© utilise plus dâeau, nourriture, matiĂšres premiĂšres, Ă©nergie, etc. que la nature ne peut gĂ©nĂ©rer dans le mĂȘme temps. Lâexploitation miniĂšre et forestiĂšre Ă grande Ă©chelle contribue Ă ce problĂšme. Le jour oĂč toutes les ressources de lâannĂ©e ont Ă©tĂ© consommĂ©es sâappelle le Jour du dĂ©passement. En 2022, câĂ©tait le 28 juillet. Si tout le monde vivait comme un Terrien moyen, il nous faudrait 1,7 planĂšte pour subvenir Ă nos besoins ! Si tout le monde vivait comme en...
Le plastique ne disparaĂźt pas Savais-tu quâon a trouvĂ© 30 sacs en plastique dans lâestomac dâune baleine Ă©chouĂ©e en Europe ? Les dĂ©chets plastiques mettent plusieurs milliers dâannĂ©es Ă se dĂ©composer, ce qui est dangereux pour tous les ĂȘtres vivants. MĂȘme les tout petits morceaux de plastique, les microplastiques, peuvent causer des dommages. Les microplastiques sont par exemple mangĂ©s par le zooplancton et les moules, qui sont Ă leur tour mangĂ©s par de plus gros animaux. Câest pour ça quâil est possible de retrouver du plastique dans le poisson que tu manges au dĂźner.
pays. Un enfant vivant dans la forĂȘt amazonienne au BrĂ©sil ne consomme presque aucune ressource, tandis quâun riche propriĂ©taire terrien brĂ©silien qui possĂšde un avion, plusieurs voitures et une maison climatisĂ©e avec piscine, prĂ©sente une empreinte Ă©cologique Ă©norme.
Que faire ?
Les plus riches doivent rĂ©duire leur production et leur consommation. Au contraire, il faudrait que de nombreux habitants de pays pauvres puissent voir leur empreinte Ă©cologique augmenter afin de vivre dĂ©cemment, avec de lâĂ©lectricitĂ©, du chauïŹage, de la nourriture et de lâeau potable. Nous devons toutes et tous trouver une façon de vivre plus intelligente que le mode de vie que les riches mĂšnent depuis longtemps.
Il est important dâĂ©conomiser lâeau et de recycler le plastique.... AmĂ©rique du Nord = 5 planĂštes ... Afrique = 0,8 planĂšte ... Europe = 2,8 planĂštes ... AmĂ©rique du Sud = 1,8 planĂšte ... Asie = 0,7 planĂšte
La chaleur est essentielle Ă la vie sur Terre. Mais actuellement, la Terre devient trop chaude, ce qui inquiĂšte beaucoup de gens. LâannĂ©e derniĂšre a vu davantage de sĂ©cheresses en Europe, des chaleurs extrĂȘmes en Inde et des tempĂȘtes plus fortes aux Ătats-Unis et en Afrique de lâOuest, attribuables au changement climatique.
Depuis longtemps, les humains utilisent les combustibles fossiles, comme le pĂ©trole, le charbon et le gaz, pour construire plus de voitures, faire fonctionner dâĂ©normes usines, voyager en avion, Ă©lever du bĂ©tail et cultiver de vastes fermes. Une grande quantitĂ© des ressources de vastes rĂ©gions du monde servent aussi bien au chauïŹage et Ă la cuisine quâaux ordinateurs. Tout cela entraĂźne dâimportantes Ă©missions de dioxyde de carbone.
Une couverture trop chaude
Le dioxyde de carbone est un gaz qui constitue, avec dâautres gaz, lâatmosphĂšre de la Terre. LâatmosphĂšre est comme une couverture enveloppant la Terre. Sans elle, il ferait beaucoup plus froid sur Terre, environ 30 degrĂ©s de moins ! Mais au fur et Ă mesure que les humains Ă©mettent des gaz Ă eïŹet de serre, comme le dioxyde de carbone et le mĂ©thane, cette couverture sâĂ©paissit et la Terre commence Ă transpirer. LâeïŹet de serre naturel a fortement augmentĂ©, ce qui fait grimper les tempĂ©ratures au sol.
Le climat change
Lorsque la Terre se rĂ©chauïŹe, le climat se modifie. Le climat reprĂ©sente le temps quâil a fait, comme les tempĂ©ratures et les pluies, sur une longue pĂ©riode. Une Terre plus chaude peut connaĂźtre davantage de sĂ©cheresses et moins de pluie. Mais il peut aussi pleuvoir plus Ă certains endroits, avec des tempĂȘtes plus fortes et plus dâinondations. Les humains comme les animaux peuvent avoir des diïŹcultĂ©s Ă trouver un habitat correct.
Que va-t-il se passer ?
Sâil est diïŹcile de dire exactement comment le climat va Ă©voluer Ă diïŹĂ©rents endroits de la planĂšte, il est certain que le rĂ©chauïŹement de la Terre provoque un changement climatique. Cela peut rendre des pays entiers inhabitables. Dans le pire des cas, câest toute la Terre qui sera inhabitable ! Mais cela peut encore ĂȘtre Ă©vitĂ©.
Lutter pour le changement
Aujourdâhui, de nombreuses personnes, enfants, jeunes, chercheurs et politiciens, collaborent pour mettre fin au changement climatique. Tout le monde ne peut pas tout faire, mais tout le monde peut faire quelque chose, et toi aussi !
Les grands feux de forĂȘt libĂšrent une grande quantitĂ© de dioxyde de carbone dans lâatmosphĂšre. Cela nâest pas un problĂšme si la forĂȘt peut repousser : les nouveaux arbres capturent et stockent le dioxyde de carbone. Mais si les forĂȘts brĂ»lent ou sont abattues sans pouvoir repousser, la quantitĂ© de dioxyde de carbone prĂ©sente dans lâatmosphĂšre augmente rapidement. Les grandes entreprises forestiĂšres peuvent dĂ©boiser rapidement de vastes zones qui mettront longtemps Ă repousser. Mais nous nâavons pas le temps dâattendre.
Les combustibles fossiles sont avant tout constituĂ©s de restes de vĂ©gĂ©taux enfouis dans le sol depuis plusieurs centaines de millions dâannĂ©es. Lorsque les humains brĂ»lent du charbon, du pĂ©trole ou du gaz naturel, ils Ă©mettent en quelques annĂ©es le dioxyde de carbone stockĂ© par la vĂ©gĂ©tation pendant plusieurs millions dâannĂ©es !
Lorsque la Terre se rĂ©chauffe, le niveau des ocĂ©ans monte, principalement parce quâen se rĂ©chauffant, leurs eaux se dilatent et prennent plus de place, mais aussi parce que les glaciers (glace terrestre) fondent et alimentent les ocĂ©ans. Si les eaux continuent de monter, les personnes vivant prĂšs des cĂŽtes ou sur des Ăźles pourront voir leur maison et leurs champs ĂȘtre engloutis.
Lorsque les rayons du soleil atteignent la Terre, ils se transforment en chaleur qui irradie Ă la surface. Les gaz de lâatmosphĂšre comme le dioxyde de carbone (CO 2) et le mĂ©thane (CH4) empĂȘchent cette radiation thermique de disparaĂźtre dans lâespace en la retenant plus longtemps dans lâatmosphĂšre, pour quâil fasse assez chaud sur Terre pour y vivre. Mais maintenant nous avons le problĂšme contraire : la quantitĂ© de gaz Ă effet de serre dans lâatmosphĂšre augmente tellement fort et rapidement que la chaleur retenue devient trop intense pour la nature, les humains et les animaux.
Les chercheurs sont dâaccord : il est urgent de changer la façon dont les humains vivent et exploitent les ressources de la Terre. Sinon, cela entraĂźnera de graves problĂšmes sur toute la planĂšte. Voici quelques exemples de situations entraĂźnant des violations des droits de lâenfant.
On enregistre une hausse des tempĂ©ratures et des Ă©vĂ©nements extrĂȘmes (sĂ©cheresses, inondations et catastrophes naturelles) dans le monde entier. Mais les enfants des pays pauvres et dĂ©jĂ chauds sont les plus touchĂ©s (voir aux pages 14â15, 52â56, 58â65 et 91â92.)
Si lâon nâarrĂȘte pas le changement climatique, il aura pour consĂ©quence de mauvaises rĂ©coltes, ainsi quâune pĂ©nurie de nourriture et dâeau. Dans ce cas, le nombre dâenfants souffrant de famine et de malnutrition pourrait atteindre entre 20 et 25 millions dâici 2050.
Les inégalités et la pauvreté accroissent le risque de violence et de guerre. Cela touche surtout les enfants des pays pauvres, en particulier les filles.
Les enfants pauvres seront plus exposĂ©s Ă la faim et aux maladies, et devront parfois quitter leur maison. Mais la situation des enfants des pays Ă revenu Ă©levĂ© empirera aussi. Plus dâenfants devront travailler au lieu dâaller Ă lâĂ©cole, ce qui impactera principalement lâĂ©ducation des filles.
De nombreux enfants devront quitter leur maison lorsque leur village ou ville deviendra inhabitable en raison de chaleurs extrĂȘmes ou dâinondations. Cela aura des consĂ©quences sur lâĂ©ducation et la santĂ© des enfants, et pourra forcer des familles Ă ĂȘtre sĂ©parĂ©es. Le changement climatique et la rĂ©partition des ressources pourront entraĂźner des conflits, qui pourront forcer beaucoup de gens Ă fuir leur pays.
Sâil fait plus chaud, des maladies comme la malaria, la dengue et les maladies hydriques (cholĂ©ra et diarrhĂ©e) se propagent plus rapidement. Ă lâavenir, davantage dâenfants tomberont malades et mourront.
Il y a de lâespoir ! Si tout le monde sây met, on peut inverser la tendance. Dâabord, les politiciens et les grandes entreprises doivent prendre leurs responsabilitĂ©s, mais nous pouvons tous et toutes faire de petits et grands gestes pour changer notre maniĂšre de vivre et dâutiliser les ressources de la Terre.
et sécurité
Si nous prenons tous nos responsabilitĂ©s pour arrĂȘter le changement climatique, cela augmentera lâĂ©galitĂ© sociale et de genre. Cela diminuera le risque que des pays et leurs habitants ne soient entraĂźnĂ©s dans des conflits violents Ă propos des frontiĂšres et des ressources naturelles.
Mettre un terme aux sĂ©cheresses, tempĂȘtes et inondations pour obtenir de meilleures rĂ©coltes fera le bien de tous. Les familles pourront subvenir Ă leurs besoins et bien vivre, les enfants manger Ă leur faim et bien grandir.
Beaucoup de gens sâinquiĂštent lorsquâils entendent parler du changement climatique qui menace lâavenir. Câest bien de prendre la crise climatique au sĂ©rieux mais câest tout aussi important de se sentir bien et de garder espoir. Parlez-en entre ami·e·s, promenez-vous dans la nature et Ă©changez des conseils pour changer le quotidien de maniĂšre positive.
Nous devons tous et toutes essayer de vivre plus durablement. Mais la plus grande responsabilité de la crise climatique revient aux émissions des pays riches et à leur surconsommation des ressources. Ils doivent maintenant soutenir les pays plus pauvres qui, pour la plupart, consomment déjà peu de ressources.
En Ă©conomisant lâeau et en contrant le changement climatique, lâaccĂšs Ă lâeau potable et Ă lâhygiĂšne augmentera. Les enfants seront en bonne santĂ©, pourront aller Ă lâĂ©cole, jouer et grandir normalement.
Toi aussi, tu peux te battre pour le droit de ta gĂ©nĂ©ration et des suivantes Ă hĂ©riter dâune planĂšte oĂč les humains peuvent tous bien vivre. Les adultes et les dĂ©cisionnaires doivent faire tout leur possible pour mettre fin au changement climatique.
Chaque annĂ©e, le programme du Prix des Enfants du Monde se termine par le Vote Mondial, que vous, enfants, exĂ©cutez dĂ©mocratiquement. Suivez-nous dans le voyage Ă travers le temps et vers lâĂ©volution de la dĂ©mocratie dans le monde.
Quâest-ce que la dĂ©mocratie ?
Sur certaines questions toi et tes camarades pensez peut-ĂȘtre la mĂȘme chose. Sur dâautres questions, vous pensez complĂštement di Ă©remment. En Ă©coutant ce que lâautre dit, vous pouvez trouver ensemble une solution acceptable pour tous les deux. Vous ĂȘtes alors dâaccord et avez atteint un consensus. Parfois, il faut tomber dâaccord sur le fait quâon nâest pas dâaccord. Alors, câest la majoritĂ©, ceux qui sont le plus nombreux, qui dĂ©cideront. Câest la dĂ©mocratie.
Dans une dĂ©mocratie, chaque personne a la mĂȘme valeur et les mĂȘmes droits. Chacun peut dire ce quâil pense et participer aux prises de dĂ©cisions. Le contraire de la dĂ©mocratie sâappelle dictature. Dans ce cas, une seule personne ou un petitgroupe dĂ©cide de tout et personne nâa le droit de protester. Dans une dĂ©mocratie chacun a le droit de dire ce quâil pense, mais lâon doit aussi parfois faire des compromis et voter pour prende une dĂ©cision.
La dĂ©mocratie directe câest quand chacun vote concernant une question, par exemple quand les enfants votent pour choisir qui aura le Prix des Enfants du Monde. Ou quand un pays organise un rĂ©fĂ©rendum sur une question spĂ©cifique. La plupart des pays dĂ©mocratiques ont une dĂ©mocratie reprĂ©sentative. Dans ce cas, les citoyens choisissent leurs reprĂ©sentants politiques, qui dirigeront le pays selon la volontĂ© du peuple.
De tous temps, les hommes se sont rĂ©unis pour prendre des dĂ©cisions ensemble, en groupe ou dans un village. Il peut sâagir de la chasse ou des cultures. Certains, lorsquâil faut prendre des dĂ©cisions communes, utilisent des rituels, par exemple un objet comme une plume qui passe de main en main. La personne qui tient la plume a la parole.
En lâannĂ©e 508 av. J.-C. Le mot dĂ©mocratie est forgĂ© des mots grecs dĂȘmos (peuple) et krĂĄtos (pouvoir). En GrĂšce, chaque citoyen monte sur une estrade et donne son avis sur les questions importantes. Sâils ne parviennent pas Ă un accord, ils votent Ă main levĂ©e. Mais seuls les hommes ont le droit de vote. Les femmes, les esclaves et les Ă©trangers ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des citoyens et ne participent pas Ă la prise de dĂ©cisions.
En 1789 la premiĂšre constitution des Ătats-Unis est rĂ©digĂ©e. On y lit que le peuple a le pouvoir de dĂ©cision et que les gens ont la libertĂ© de dire et de penser ce quâils veulent. Mais ce droit ne concerne ni les femmes, ni les esclaves.
Au 18Ăšme siĂšcle la plupart des pays sont gouvernĂ©s par des dirigeants absolus. En Europe, ce sont les rois et les empereurs qui dĂ©cident et ils peuvent se moquer de la volontĂ© du peuple. Mais il y a des penseurs qui sâintĂ©ressent de plus en plus aux nouvelles idĂ©es basĂ©es sur les penseurs anciens qui disent que tous les hommes naissent libres et Ă©gaux en droits. Ils demandent : Pourquoi certains ont plus de droits et de richesse que dâautres ? Certains dĂ©noncent lâoppression des dirigeants et disent que si le peuple Ă©tait mieux instruit, il protesterait contre les injustices sociales.
1789 est la date de la rĂ©volution française. Les gens exigent la libertĂ© et lâĂ©galitĂ©. Les idĂ©es de la rĂ©volution se rĂ©pandent dans toute lâEurope et influencent le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ©. Mais encore une fois ce sont seulement les hommes qui comptent comme citoyens. Qui plus est, ce ne sont souvent que les hommes riches et qui possĂšdent des terres qui sont Ă©lus et deviennent des politiciens.
Ă la fin du 19Ăšme siĂšcle, de plus en plus de femmes rĂ©clament le droit de vote dans les votations politiques. En 1906, la Finlande est le premier pays dâEurope Ă accorder le droit de vote aux femmes. En Grande-Bretagne et en SuĂšde, on doit attendre jusquâen 1921. Et dans la plupart des pays europĂ©ens, en Afrique et en Asie, jusquâaprĂšs 1945 ou plus tard, avant que les femmes puissent voter.
La DĂ©claration universelle des droits de lâhomme des Nations Unies est adoptĂ©e. Elle a irme que tous les ĂȘtres humains sont Ă©gaux en valeur et ont les mĂȘmes droits et libertĂ©s.
En 1957, le Ghana, en Afrique occidentale, se libĂšre de son colonisateur, la Grande Bretagne et Kwame Nkrumah en devient le dirigeant. La colonisation de lâAfrique, de lâAsie et de lâAmĂ©rique latine avait commencĂ© des centaines dâannĂ©es auparavant. Les grandes puissances europĂ©ennes avaient envoyĂ© des militaires et des aventuriers qui ont occupĂ© des pays, volĂ© les ressources naturelles et asservi les gens.
En 1856, a lieu, en Tasmanie en Australie, le premier vote secret avec bulletins de vote comportant le nom des candidats.
En 1947 lâInde se libĂšre de lâempire britannique et devient la plus grande dĂ©mocratie du monde. Le combat pour la libertĂ© est menĂ© par Mahatma Gandhi, qui croit Ă la rĂ©sistance sans violence. Alors que des millions de personnes protestent pacifiquement dans la rue, la puissance colonialiste britanniques rĂ©pond par la violence avant de laisser faire.
Rosa Parks, qui est noire, refuse de laisser sa place dans le bus Ă un blanc. Rosa doit payer une amende, car dans le sud de lâAmĂ©rique, les noirs nâont pas les mĂȘmes droits que les blancs. Ils ne peuvent pas aller dans les mĂȘmes Ă©coles que les blancs et parfois ils ne peuvent pas voter. Martin Luther King, le dĂ©fenseur des droits civiques, appelle au boycott de la compagnie dâautobus. Ce qui dĂ©clenche le mouvement de contestation aux Ătats-Unis contre le racisme et en faveur de lâĂ©galitĂ© des droits et de la libertĂ© pour tous.
LâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations
Unies adopte la Convention relative aux Droits de lâEnfant, la Convention des enfants. Il y est entre autre spĂ©cifiĂ© que tout enfant a le droit dâexprimer son opinion et dâĂȘtre respectĂ©.
Un jeune homme en Tunisie sâimmole par le feu en signe de protestation contre la police qui a confisquĂ© sa charrette Ă lĂ©gumes. Quand la nouvelle de sa mort se rĂ©pand, des centaines de milliers de personnes en colĂšre descendent dans la rue pour manifester contre le dictateur du pays. Cela inspire les peuples des pays voisins et les dictateurs dâEgypte et de Lybie tombent. Aujourdâhui ces nouvelles dĂ©mocraties sont encore trĂšs fragiles. Dans plusieurs pays oĂč le printemps est nĂ©, les manifestations populaires continuent.
Le programme du Prix des Enfants du Monde se tient pour la vingtiĂšme fois. Ă ce jour 46 millions dâenfants ont participĂ© au programme. Le programme te permet Ă toi et Ă tes camarades de contribuer Ă construire, au cours de votre vie, une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique oĂč soient respectĂ©s les Droits de lâEnfant et de la personne. AprĂšs vous ĂȘtre bien informĂ©s sur le processus dĂ©mocratique, les Droits de lâEnfant et sur les candidats aux prix, organisez votre Vote Mondial. Ta voix tâappartient. Personne nâa le droit de te dire pour qui tu dois voter.
Bien quâil nây ait jamais eu autant de pays en dĂ©mocratie, les gens continuent de sou rir dâinjustices et dâoppression. Câest la raison pour laquelle, en 2015, lâONU a adoptĂ© 17 nouveaux objectifs mondiaux pour un monde meilleur et plus juste. Les objectifs doivent ĂȘtre atteints avant 2030 et leur but est de rĂ©duire la pauvretĂ©, augmenter lâĂ©galitĂ© et arrĂȘter le changement climatique.
En 1994 Nelson Mandela devient le premier prĂ©sident sud-africain, Ă©lu dĂ©mocratiquement. Il a Ă©tĂ© prisonnier pendant 27 ans pour son combat contre le rĂ©gime raciste de lâapartheid en Afrique du Sud, qui sĂ©parait les gens dâaprĂšs la couleur de leur peau. Ă lâĂ©lection de Mandela, participent pour la premiĂšre fois tous les Sud-africains aux mĂȘmes conditions.
Cette annĂ©e, des millions dâenfants du monde entier vont participer au vingtiĂšme Vote mondial pour rĂ©compenser les HĂ©ros et HĂ©roĂŻnes des droits de lâenfant ayant accompli des choses remarquables pour les enfants et leurs droits. Au fil des ans, prĂšs de 46 millions dâenfants ont votĂ© pour Ă©lire leur HĂ©ros ou HĂ©roĂŻne des droits de lâenfant prĂ©fĂ©ré·e.
Chaque annĂ©e, le Jury des enfants du Prix des enfants du monde dĂ©signe, parmi les personnes nominĂ©es, trois HĂ©ros ou HĂ©roĂŻnes des droits de lâenfant, candidat·e·s au Prix des enfants du monde pour les droits de lâenfant. Ce sont des enfants de tous les pays du monde, et non uniquement du pays de chaque candidat·e, qui dĂ©signent ensemble le HĂ©ros ou lâHĂ©roĂŻne des droits de lâenfant qui recevra le Prix des enfants du monde
Afin de pouvoir voter de maniĂšre Ă©clairĂ©e et juste lors du Vote mondial, il est essentiel dâen savoir autant que possible sur chaque candidat·e. Rends-toi aux pages indiquĂ©es pour les rencontrer, eux et les enfants pour lesquels ils et elles se battent.
Les deux autres candidat·e·s reçoivent le Prix honoraire des enfants du monde, et les trois reçoivent de lâargent pour leur travail en faveur des enfants.
Candidat no 1
Pages 52â67
Candidat no 2 Cindy
Pages 68â83
Candidat no 3
Vietnam
Pages 84â97
Mohammed Rezwan est nominĂ© car, depuis 25 ans, il se bat pour le droit des enfants, notamment des filles, Ă aller Ă lâĂ©cole, malgrĂ© les inondations et lâaggravation de la pauvretĂ© en raison du changement climatique.
DĂFI
Chaque annĂ©e, au Bangladesh, des milliers dâĂ©coles sont dĂ©truites par les inondations, qui empirent en raison du changement climatique. Des millions dâenfants sont forcĂ©s dâarrĂȘter lâĂ©cole et nombre dâentre eux nây retourneront jamais. Ă la place, ils commencent Ă travailler et les filles sont mariĂ©es.
ACTION
Rezwan et son organisation
Shidhulai Swanirvar Sangstha (SSS) dirigent 26 Ă©coles, des bibliothĂšques et des cliniques flottantes. Les bateaux-Ă©coles vont chercher les enfants chez eux, pour quâils aillent Ă lâĂ©cole mĂȘme si les routes sont inondĂ©es. Les bateaux-Ă©coles de SSS proposent aussi une Ă©ducation professionnelles aux filles. Chaque village dotĂ© dâun bateau-Ă©cole possĂšde une association pour les droits des filles, qui se bat notamment contre le mariage dâenfants.
Depuis 1998, les bateauxĂ©coles ont permis Ă 22 000 enfants dâĂȘtre scolarisĂ©s. Chaque annĂ©e, 150 000 villageois frĂ©quentent les bibliothĂšques et cliniques flottantes, tandis que 15 000 jeunes femmes voient leurs perspectives dâavenir amĂ©liorĂ©es grĂące Ă une Ă©ducation professionnelle. Le mariage dâenfants recule lĂ oĂč se trouve un bateau-Ă©cole. Rezwan veut crĂ©er davantage de bateauxĂ©coles. Son concept dâĂ©cole flottante sâest rĂ©pandu dans tout le Bangladesh et dans huit autres pays.
â Le Bangladesh a toujours connu des inondations, mais elles ont nettement empirĂ©. Chaque annĂ©e, les inondations dĂ©truisent des milliers dâĂ©coles, dit Mohammed Rezwan, qui lutte pour que tous les enfants du pays puissent aller Ă lâĂ©cole malgrĂ© les catastrophes.
Le Bangladesh est lâun des pays les plus impactĂ©s par le changement climatique. Les enfants sont le plus durement touchĂ©s : prĂšs de 20 millions dâentre eux subissent les consĂ©quences de chaleurs extrĂȘmes, de la sĂ©cheresse, des cyclones et des inondations.
Dans le village de Shidulhai oĂč Rezwan a grandi, la mousson apportait de fortes pluies chaque annĂ©e. Tout Ă©tait inondĂ© : les champs, les maisons, les routes. Les maisons en terre, en paille et en bambou Ă©taient englouties par la riviĂšre et leurs habitants perdaient
tout. De nombreuses personnes mourraient. Des Ă©coles fermaient. Et comme les routes Ă©taient submergĂ©es, il Ă©tait impossible dâaller, Ă pied ou Ă vĂ©lo, aux Ă©coles encore ouvertes. De nombreux enfants nâont pas pu aller Ă lâĂ©cole du tout.
â Ăa a Ă©tĂ© le cas pour beau-
coup de mes amis, mais pour moi, ça a été un peu différent.
Le pÚre de Rezwan travaillait à Dacca, la capitale, mais le reste de la famille habitait au village chez les grandsparents maternels. Leur maison était en briques, avec un toit en tÎle, et le grand-pÚre, professeur au lycée, possédait
En tant quâacteur du changement, Rezwan contribue au respect des droits de lâenfant et Ă la rĂ©alisation de certains ODD : ODD 4 : accĂšs Ă une Ă©ducation de qualitĂ©. ODD 5 : Ă©galitĂ© entre les sexes. ODD 7 : recours aux Ă©nergies renouvelables. ODD 13 : lutte contre le changement climatique.
â Au Bangladesh, les filles risquent dâĂȘtre agressĂ©es par leurs enseignants masculins, ou bien sur le trajet entre lâĂ©cole et la maison.
Câest pourquoi de nombreuses familles choisissent de ne pas envoyer leurs filles Ă lâĂ©cole. Nous faisons tout pour que les familles se sentent en sĂ©curitĂ©. Nous employons surtout des enseignantes, qui vivent Ă proximitĂ© des Ă©coles et sont apprĂ©ciĂ©es dans leur village. Les bateaux vont chercher et reconduire les Ă©lĂšvent chez eux, et les pilotes sont aussi originaires des villages, explique Rezwan.
des champs cultivés.
â Nous avions aussi un bateau pour transporter ce quâon cultivait, comme le riz. Quand les routes Ă©taient inondĂ©es, je pouvais aller Ă lâĂ©cole en bateau. Jâavais de la chance, mais jâĂ©tais dĂ©solĂ© de voir que beaucoup de mes amis nâĂ©taient pas aussi chanceux que moi.
LâĂ©cole Ă©tait trĂšs importante pour son grand-pĂšre, qui encourageait Rezwan Ă travailler dur.
â Jâadorais lâĂ©cole, jâavais de bonnes notes, et jâai obtenu des bourses qui mâont permis
dâaller Ă lâuniversitĂ© Ă Dacca, oĂč jâai Ă©tudiĂ© lâarchitecture.
Ă chacune de ses visites Ă Shidhulai, Rezwan rencontrait des amis qui avaient Ă©tĂ© obligĂ©s de quitter lâĂ©cole Ă cause des inondations. Il voyait Ă quel point leur vie Ă©tait dure. Il nây avait pas de travail dans leur rĂ©gion, pas de systĂšme de santĂ©, et toujours peu dâĂ©coles. Il leur fallait lutter pour survivre.
â CâĂ©tait injuste, et je voulais faire quelque chose pour les aider. En tant quâarchitecte, je voulais construire des Ă©coles, des bibliothĂšques et des hĂŽpitaux, pour contribuer Ă crĂ©er des emplois et Ă
améliorer la vie au village, explique Rezwan.
Ăcoles flottantes
Mais il a compris que ce nâĂ©tait pas une bonne idĂ©e de construire des Ă©coles ordinaires, car elles seraient dĂ©truites lors de la prochaine inondation.
â Lors de la pire inondation, les deux tiers du Bangladesh Ă©taient sous lâeau, câest lĂ que je me suis dit que les Ă©coles devaient pouvoir flotter pour rĂ©sister. Et si on construisait des bateauxĂ©coles, alors ils pourraient aller chercher les enfants, puisque ceux-ci ne peuvent
⹠26 écoles
âą 10 bibliothĂšques
⹠6 lycées professionnels
âą 6 cliniques
âą 4 bateaux de transport
âą 2 terrains de jeu
Lâorganisation Shidhulai Swanirvar Sangstha emploie 213 personnes et 315 bĂ©nĂ©voles. Sur les bateaux-Ă©coles travaillent 78 enseignantes et 58 pilotes.
â Lorsquâune fille subit une agression sexuelle, elle est souvent considĂ©rĂ©e comme coupable. Lâhonneur de la famille est bafouĂ© et Ă cause des ragots, personne ne veut se marier avec elle, ni mĂȘme avec ses sĆurs. Le fait que les familles ne veulent pas risquer leur honneur est lâune des raisons du mariage dâenfants. Câest une situation terrible, dit Rezwan.
pas se déplacer sur les routes inondées.
ĂquipĂ© dâun vieil ordinateur et dâune bourse scolaire de 500 dollars, Rezwan a fondĂ© en 1998 lâorganisation Shidhulai Swanirvar Sangstha (Shidhulai autonome/Shidhulai rĂšgle ses problĂšmes), afin de faire une rĂ©alitĂ© de son rĂȘve dâĂ©coles flottantes.
Le premier bateau-Ă©cole â Je passais mes nuits sur internet, Ă la recherche dâorganisations, au Bangladesh et Ă lâĂ©tranger, qui pourraient me prĂȘter de lâargent. Jâai envoyĂ© des centaines dâemails ! En mĂȘme temps, avec une Ă©quipe de bĂ©nĂ©voles, on ramassait les dĂ©chets Ă recycler dans nos villages, pour les revendre Ă des usines et rĂ©unir lâargent nĂ©cessaire.
La collecte des dĂ©chets et les nuits passĂ©es sur lâordinateur ont fini par payer.
Rezwan a commencĂ© Ă recevoir de lâargent. Cela lui a permis dâemployer quelques per-
sonnes, puis, en 2002, de dessiner et de construire le premier bateau-école.
â Nous avons eu recours aux constructeurs de bateaux et aux matĂ©riaux des villages. Les gens Ă©taient fiers !
Les écoles de Rezwan offrent une éducation aux enfants, mais aussi un travail aux villageois en tant que constructeurs, pilotes de bateau et enseignantes.
â Ce sont les Ă©coles de tout le monde, pas seulement les miennes !, dit Rezwan en riant.
Les droits des filles
Rezwan a rĂ©ussi Ă obtenir plus dâargent et le nombre de bateaux-Ă©coles et dâĂ©lĂšves augmentait chaque annĂ©e. Pour quâautant dâenfants que possible y aillent, lâĂ©cole Ă©tait entiĂšrement gratuite, mĂȘme les livres. Des enfants qui nâavaient jamais pu ĂȘtre scolarisĂ©s embarquaient maintenant sur les bateaux-Ă©coles de Rezwan quand ils arrivaient dans leur village.
â Aller Ă lâĂ©cole est un droit pour tous les enfants. Mais il est peut-ĂȘtre encore plus important pour les filles. Une fille sur cinq est mariĂ©e avant
Les dix bibliothĂšques flottantes sâarrĂȘtent trois fois par jour et visitent chaque village trois fois par semaine. Chaque bibliothĂšque possĂšde des ordinateurs fonctionnant Ă lâĂ©nergie solaire.
â Pour sâassurer un bon avenir, il faut savoir comment fonctionne un ordinateur, et câest aussi notre rĂŽle. Le plus important est que les filles et jeunes femmes apprennent Ă utiliser un ordinateur et internet. Continuer ses Ă©tudes et acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences fait gĂ©nĂ©ralement reculer lâĂąge du mariage, explique Rezwan.
Dans les bibliothĂšques de Rezwan, on trouve des livres sur les droits des filles et sur la nature, lâenvironnement et le changement climatique.
dâavoir quinze ans. Le meilleur moyen de mettre fin au mariage dâenfants est de garantir que les filles aillent Ă lâĂ©cole aussi longtemps que possible, explique Rezwan.
â Ma mĂšre a Ă©tĂ© mariĂ©e Ă lâĂąge de treize ans. Elle mâa eu Ă lâĂąge de quinze ans. Elle a sacrifiĂ© sa propre enfance, ses propres droits, pour sâoccuper de moi et de mes frĂšres. Câest pourquoi lâĂ©galitĂ© des droits des filles et des garçons est un combat personnel pour moi ! Nous consacrons toujours beaucoup de temps Ă expliquer aux villageois que les filles et les garçons ont les mĂȘmes droits, et quâelles doivent pouvoir aller Ă lâĂ©cole.
Les 26 écoles de Rezwan
Aujourdâhui, 20 ans aprĂšs lâinauguration de la premiĂšre
Ă©cole, 2 340 Ă©lĂšves frĂ©quentent les 26 bateauxĂ©coles flottant sur les riviĂšres du nord-ouest du Bangladesh. Outre ces bateaux-Ă©coles, lâorganisation de Rezwan possĂšde des bibliothĂšques et des cliniques flottantes, frĂ©quentĂ©es par 150 000 villageois chaque annĂ©e. Plus de 22 000 enfants ont Ă©tĂ© scolarisĂ©s
Il existe une association pour les droits des filles dans chaque village dotĂ© dâun bateau-Ă©cole.
â On se soutient les unes les autres et on informe les villageois pour essayer de mettre fin au mariage dâenfants et aux grossesses prĂ©coces, explique Maria, 19 ans, au voile rouge et bleu, en mission avec ses amies de lâassociation.
dans les Ă©coles flottantes de Rezwan. Ce concept a Ă©tĂ© adoptĂ© par dâautres organisations dans tout le Bangladesh, mais aussi en Inde, au Pakistan, au Vietnam, au Cambodge, aux Philippines, en IndonĂ©sie, au Nigeria et en Zambie.
â Cela me rend extrĂȘmement heureux ! Ă cause du rĂ©chauffement climatique, on aura besoin de plus en plus dâĂ©coles flottantes dans le monde, dĂ©clare Rezwan.
Un travail dangereux Mais tout le monde nâapprouve pas le travail de Rezwan.
â Il existe des gens qui nâapprĂ©cient pas que les enfants pauvres aient accĂšs Ă une
bonne Ă©ducation et deviennent des adultes exigeant que leurs droits soient respectĂ©s. Ce nâest alors plus possible de les exploiter en tant que main dâĆuvre bon marchĂ©. Câest pourquoi notre organisation a de nombreux ennemis. On nous dĂ©nonce Ă la police pour de faux prĂ©textes, nos bureaux et nos maisons sont perquisitionnĂ©s. Jâai moimĂȘme survĂ©cu Ă deux tentatives dâassassinat et je dors rarement deux nuits de suite au mĂȘme endroit.
â Je ne possĂšde pas grand chose, ni beaucoup dâargent. Mais Ă chaque fois que je vois les enfants des bateaux-Ă©coles Ă©tudier, rĂ©aliser leurs rĂȘves et vivre une belle vie, je me sens riche et heureux ! c
â Le changement climatique au Bangladesh entraĂźne de nombreuses violations des droits de lâenfant, explique Rezwan, notamment :
âą Les enfants nâont pas accĂšs Ă lâĂ©ducation car les Ă©coles sont dĂ©truites et ferment.
âą Les familles sont plus pauvres et nâont plus les moyens de nourrir et soigner leurs enfants ; le mariage dâenfants augmente.
⹠Des enfants sont forcés de fuir.
âą Des enfants perdent leur maison et leur famille.
âą Des enfants tombent malades.
âą Des enfants meurent.
Rezwan est constamment en contact avec les Ă©coles sur les riviĂšres. Ont-elles tout ce dont elles ont besoin ? Yâa-t-il assez dâenseignantes ? De pilotes ? De livres ?
Le Bangladesh a toujours connu des inondations lors de la saison des pluies, mais la situation a empirĂ© en raison du changement climatique. Le rĂ©chauïŹement fait fondre les glaciers de lâHimalaya, ce qui accroĂźt le volume des riviĂšres qui traversent le Bangladesh. Lorsque sây ajoutent les pluies de la mousson, les riviĂšres dĂ©bordent et la terre disparaĂźt sous lâeau.
SimultanĂ©ment, la cĂŽte du Bangladesh est Ă©galement submergĂ©e, en raison de lâaugmentation du niveau de la mer due au rĂ©chauïŹement climatique.
Impossibles Ă prĂ©voir, les pluies et les inondations sont plus intenses et plus frĂ©quentes, et durent plus longtemps. Cela rend lâagriculture diïżœicile.
MĂȘme si le Bangladesh nâest responsable que de
moins dâun milliĂšme des Ă©missions mondiales de gaz Ă eïŹet de serre, il compte parmi les pays les plus fortement touchĂ©s par le rĂ©chauffement climatique.
Le GIEC estime que pratiquement un cinquiĂšme du territoire du Bangladesh disparaĂźtra sous lâeau dâici Ă 2050, et que 20 millions de Bangladais deviendront des rĂ©fugiĂ©s climatiques.
Conséquences des inondations de 2022 au Bangladesh :
⹠Presque 11 millions de personnes impactées
⹠145 décÚs
âą 3 millions personnes ont perdu leur maison.
⹠6 676 écoles ont été détruites.
âą 1,5 million dâenfants ont vu leur scolarisation interrompue.
â Ma grande sĆur a Ă©tĂ© forcĂ©e dâarrĂȘter lâĂ©cole et de se marier quand elle avait quinze ans, et elle a dĂ©jĂ un enfant, alors rien nâest plus important pour moi que de me battre pour les droits des filles, dit Chobi, treize ans et membre de lâAssociation pour les droits des jeunes filles du bateau-Ă©cole.
le monde pensait que ça serait pareil pour moi, mais papa et maman ont changĂ© dâavis quand le bateau-Ă©cole et lâAssociation pour les droits des jeunes
fi lles les ont informĂ©s des problĂšmes que cause le mariage dâenfants. Mais je suis triste pour ma sĆur, elle nâa pas eu les mĂȘmes opportunitĂ©s que moi. Câest pour empĂȘcher
âą Plus de la moitiĂ© des filles (38 millions) sont mariĂ©es avant dâavoir 18 ans, et une fille sur cinq (13 millions) est mariĂ©e avant dâavoir 15 ans.
âą 5 filles mariĂ©es sur 10 ont leur premier enfant avant lâĂąge de 18 ans.
âą Les jeunes filles mariĂ©es sont exposĂ©es Ă de nombreuses violences, dont les violences sexuelles. Mais la majoritĂ© de la population ne considĂšre pas le mariage dâenfants comme une violence sexuelle pour les filles.
âą Plus de deux fois plus de filles que de garçons arrĂȘtent lâĂ©cole en classe de 6e et de 5e.
âą Quatre fois plus de filles mariĂ©es que de filles non mariĂ©es ne vont pas Ă lâĂ©cole.
âą Les discriminations (alimentation et soins mĂ©dicaux insuïżœisants) et lâavortement des fĆtus de sexe fĂ©minin ont causĂ© la mort de cinq millions de femmes et de filles.
dâautres fi lles de connaĂźtre le mĂȘme sort que je fais partie de lâassociation aujourdâhui.
On se rĂ©unit environ trois fois par mois pour Ă©tudier les droits des fi lles. On se soutient et on se protĂšge les unes les autres. Parce quâon fait partie dâun groupe, on se sent plus fortes. On ose dire ce quâon pense. Câest super important parce quâaprĂšs on parle avec notre famille, nos voisins, enfants, jeunes, adultes... Et tous les habitants des villages alentours !
On informe les autres que le mariage dâenfants est interdit et que toutes les fi lles doivent aller Ă lâĂ©cole, exactement comme les garçons. On explique aussi quâune jeune fi lle nâest pas prĂȘte Ă avoir des enfants alors quâelle-mĂȘme
Lâassociation dont Chobi fait partie compte quinze jeunes filles de treize Ă dix-neuf ans. Quelques unes, comme Chobi, vont au bateau-Ă©cole, dâautres vont au lycĂ©e, ou au lycĂ©e professionnel de Rezwan. LâAssociation pour les droits des jeunes filles leur permet de rester en contact, afin de continuer Ă se soutenir les unes les autres. Une enseignante du bateauĂ©cole du village dirige les rĂ©unions. Il existe une association pour les droits des jeunes filles dans chaque village dotĂ© dâun bateau-Ă©cole.
Toutes les filles Ă lâĂ©cole
Selon Chobi, voici pourquoi il est important que les filles aillent Ă lâĂ©cole :
âą Elles y apprennent des choses importantes.
âą Elles sây font des ami·e·s.
âą Elles peuvent y jouer et avoir du temps libre.
âą Elles peuvent avoir un travail et un avenir meilleur.
est une enfant, que la mÚre comme le bébé risquent de mourir.
Je crois vraiment quâils nous Ă©coutent, car le mariage dâenfants nâest plus aussi courant ici. Ma famille me traite bien, et câest la mĂȘme chose pour la plupart des fi lles de la rĂ©gion maintenant. Ici, de plus en plus de gens commencent Ă comprendre que les garçons et les fi lles ont les mĂȘmes droits.
Plus tard, je rĂȘve de possĂ©der mon propre champ Ă cultiver. Jâaimerais aussi avoir quelques chĂšvres et des canards, et pouvoir vivre tranquillement. JâespĂšre avoir cette chance. » c
«Toutc TEXTE ANDREAS LĂNN. PHOTO : JOHAN BJERKE
â Sans le bateau-Ă©cole de Rezwan, ma vie aurait Ă©tĂ© complĂštement diïŹĂ©rente.
Jâaurais Ă©tĂ© donnĂ©e en mariage et forcĂ©e dâarrĂȘter lâĂ©cole pour mâoccuper de ma maison. Mon futur aurait disparu, dĂ©clare Rakhiya, onze ans et en cinquiĂšme annĂ©e, qui rĂȘve de devenir mĂ©decin au village.
Au Bangladesh, presque une fille sur quatre est mariĂ©e avant ses quinze ans, souvent en raison de la pauvretĂ©, qui empire Ă cause du changement climatique. Câest ce qui a failli arriver Ă RakhiyaâŠ
«CâĂ©tait lâannĂ©e derniĂšre. JâĂ©tais sortie du bateauĂ©cole et je remontais Ă la maison. Juste au moment oĂč jâallais passer la porte, jâai entendu mes parents parler de moi. Je me suis arrĂȘtĂ©e pour Ă©couter, en essayant de faire le moins de bruit possible. Dâabord, jâai cru que jâavais mal entendu. Ce nâĂ©tait quand mĂȘme pas vrai ? Ils parlaient de mariage. Mon mariage ? Oui, câĂ©tait bien mon mariage. Mon cĆur battait la chamade. Tout sâest mis Ă tourner autour de moi. Je ne comprenais rien. Mes parents
Les profs contre le mariage dâenfants !
Rowsonapa, lâenseignante de Rakhiya est un modĂšle pour de nombreux enfants vivant prĂšs de la riviĂšre.
â Jâai lâimpression que je peux tout lui dire, dit Rakhiya.
Ă©taient en train dâarranger mon mariage...
Je ne savais pas quoi faire, mais jâai quand mĂȘme fini par entrer. Quand je suis rentrĂ©e, ils se sont aussitĂŽt arrĂȘtĂ©s de parler. Jâai fait semblant de nâavoir rien entendu et eux ont
fait semblant de rien. Je nâai rien dit, mais jâĂ©tais tellement déçue par mes parents. Et trĂšs en colĂšre.
Sauvée par la prof
Au bateau-Ă©cole, on a appris que le mariage dâenfants est
interdit et que câest contraire Ă nos droits. La prof nous explique souvent que tous les enfants ont le droit dâaller Ă lâĂ©cole, les fi lles comme les garçons. Mais bientĂŽt, tout ça allait ĂȘtre fini pour moi. Ce soir-lĂ , je nâai rien dit Ă mes parents, mais le lendemain matin, jâen ai parlĂ© Ă ma prof dĂšs que je suis arrivĂ©e Ă lâĂ©cole. Elle a Ă©tĂ© bouleversĂ©e et mâa accompagnĂ©e Ă la maison aprĂšs lâĂ©cole, avec plusieurs membres de lâassociation pour les droits des fi lles du bateau-Ă©cole. Elles ont expliquĂ© Ă mes parents que le mariage dâenfants est non
Il est presque huit heures du matin : Rakhiya attend le bateau-Ă©cole avec quelques uns de ses camarades de classe. Le bateau fait encore deux arrĂȘts pour aller chercher le reste des enfants avant que les cours ne commencent.
â Ă lâĂ©cole, on a pas dâuniforme, et je trouve ça bien, certaines familles nâen auraient pas les moyens, dit Rakhiya.
â Je suis tellement heureuse quâon ait changĂ© dâavis et dĂ©cidĂ© de ne pas donner Rakhiya en mariage. On mâa forcĂ©e Ă me marier quand jâavais treize ans. JâĂ©tais en cinquiĂšme annĂ©e, mais une fois mariĂ©e, je nâai plus jamais eu lâoccasion de retourner Ă lâĂ©cole. Je souhaite que ma fille ait une vie meilleure et plus simple que la mienne, dit Saleha, la mĂšre de Rakhiya.
seulement mal, mais aussi interdit par la loi, et quâils ne devaient pas me marier. Ils ont dit que je devais finir ma scolaritĂ©, jouer et ĂȘtre une enfant, et non pas me marier.
JâĂ©tais nerveuse et agitĂ©e, mais au final, mes parents ont promis quâils ne me donneraient pas en mariage. Câest difficile dâexpliquer Ă quel
point jâĂ©tais soulagĂ©e. Mais jâavais toujours du mal Ă comprendre ce qui sâĂ©tait passĂ©. Tout Ă©tait allĂ© si vite. Je ne comprenais pas comment mes parents avaient pu penser me faire ça.
La riviĂšre a tout emportĂ© On habitait une petite maison aux murs faits de roseaux et de bambous, Ă cĂŽtĂ© de la riviĂšre. CâĂ©tait la mousson, il
â Câest moi qui ai dessinĂ© les motifs de mon hennĂ©. Jâadore dessiner et griïŹonner, mes cahiers sont couverts de dessins !
JâHABITE : au bord de la riviĂšre
Gumani
JâAIME : lâhonnĂȘtetĂ©
JE DĂTESTE : les mensonges
MEILLEUR SOUVENIR : quand ma prof a empĂȘchĂ© mon mariage forcĂ©.
PIRE SOUVENIR : quand mes parents prévoyaient de me marier.
PLUS TARD, JE SERAI : médecin
MON MODĂLE : Rezwan. Je veux ĂȘtre comme lui !
pleuvait Ă torrents, et lâeau de la riviĂšre nâarrĂȘtait pas de monter et de sâapprocher de la maison. Il Ă©tait tard, mais personne nâosait aller se coucher.
Dâabord, lâeau s'est infi ltrĂ©e sous les murs et la porte, puis soudain, elle sâest mise Ă jaillir de tous les interstices de la maison, avant de couler Ă travers les murs. Mon frĂšre et
â Chaque Ă©lĂšve du bateau-Ă©cole reçoit une lampe Ă Ă©nergie solaire pour avoir assez de lumiĂšre pour faire ses devoirs. Il y a un panneau solaire sur le toit oĂč on peut charger notre lampe. JâarrĂȘte dâĂ©tudier aprĂšs le dernier appel Ă la priĂšre du soir, vers 19 h 30. Lâappel Ă la priĂšre de la mosquĂ©e me sert dâhorloge, explique Rakhiya.
moi, on sâest agrippĂ©s aussi fort quâon le pouvait Ă nos parents, mais lâeau montait de plus en plus. Ă un moment, maman a dĂ» me soulever aussi haut quâelle le pouvait car lâeau Ă©tait devenue trop profonde dans la maison. Quand nous sommes sortis, câĂ©tait comme de sauter directement dans la riviĂšre. On a criĂ© en atterrissant dans lâeau
: on a tous cru mourir. Tant bien que mal, on a rĂ©ussi Ă retrouver la terre ferme. Et lĂ , on a vu les murs et le toit sâeffondrer et se faire emporter par les flots. La maison a complĂštement disparu.
Paysans sans terre
On a passé toute la nuit dehors. Il continuait à pleuvoir à verse, tout était trempé.
Je ne me rappelle plus de grand-chose. Ma mĂšre mâa racontĂ© que je nâarrĂȘtais pas de pleurer et de crier. Ă un moment, jâĂ©tais assise sur ses genoux, Ă cĂŽtĂ© de papa. J'Ă©tais tellement Ă©puisĂ©e que je me suis endormie, mais je me suis rĂ©veillĂ©e et je me suis mise Ă crier aussitĂŽt. Jâai longtemps eu des cauchemars, je me rĂ©veillais au milieu de la
â Quand la riviĂšre est en crue et quâil va y avoir une inondation, mes parents construisent une plateforme en bambou haut au-dessus de lâeau oĂč on se rĂ©fugie. Câest lĂ quâon dort et quâon fait Ă manger. Lâeau sous la plateforme est souvent pleine de serpents. On se fabrique aussi des radeaux en bananier pour se dĂ©placer. Pour survivre ici, il faut savoir nager et aussi traiter les morsures de serpent, explique Rakhiya.
â Au bateau-Ă©cole, on apprend quoi faire si quelquâun se fait mordre par un cobra ou un autre serpent. Il faut dâabord attacher une bande de tissu bien serrĂ© au dessus de la morsure pour empĂȘcher le venin de se diïŹuser. Ensuite, on va Ă la clinique ou Ă lâhĂŽpital aussi vite que possible. Les morsures de serpent sont courantes lors des inondations. Les serpents se rĂ©fugient dans les maisons pour Ă©chapper Ă lâeau. Mon oncle a Ă©tĂ© mordu par un serpent venimeux, mais heureusement, il a survĂ©cu, explique Rakhiya.
nuit en pleurs, en appelant mes parents.
On a habitĂ© chez de la famille pendant que papa construisait la maison oĂč on habite maintenant. Mais aprĂšs lâinondation, on a connu une pĂ©riode difficile. On ne possĂšde pas de terre et on a perdu le peu quâon avait quand la maison a disparu. Les champs des voisins, oĂč
maman travaillait, ont aussi Ă©tĂ© engloutis. Maintenant, elle ne pouvait plus gagner dâargent.
Maman mâa expliquĂ© quâils pensaient me donner en mariage pour avoir une bouche en moins Ă nourrir, Ă habiller, etc. Mes parents pensaient quâil nây avait pas dâautre solution, car on avait tous faim tout le temps. Elle
mâa aussi dit que ça la rendait trĂšs triste dây penser, et que câĂ©tait une erreur. Maintenant, elle est contente que jâaille au bateau-Ă©cole tous les matins, et jâai rĂ©ussi Ă pardonner Ă mes parents.
LâĂ©cole flottante
Ici, il y a des inondations tous les ans Ă la mousson. Il y en a toujours eu, mais maintenant
Je tâai eue !
â Je mâamuse bien avec mes copines. On se voit tous les jours aprĂšs lâĂ©cole, on joue et on se baigne, raconte Rakhiya.
â MĂȘme si mon rĂȘve est dâouvrir mon propre hĂŽpital quand je serai grande, je veux travailler comme mĂ©decin Ă la clinique flottante, dit Rakhiya.
Dans une des cliniques flottantes de Rezwan, Khalilur le mĂ©decin examine les amygdales de Sumaya, onze ans, et de sa petite sĆur Choya, quatre ans. Six cliniques flottantes sâarrĂȘtent dans les villages le long de la riviĂšre possĂ©dant un bateau-Ă©cole. Cette clinique sâarrĂȘte au village de Sumaya une semaine sur deux.
elles sont bien pires. Il pleut plus et il y a aussi de graves sĂ©cheresses. Les inondations sont imprĂ©visibles et durent plus longtemps. Je mâaperçois de ce changement, et on Ă©tudie aussi le rĂ©chauffement climatique et le changement climatique au bateau-Ă©cole.
Au Bangladesh, beaucoup dâenfants sont forcĂ©s dâarrĂȘter lâĂ©cole quand celle-ci est
dĂ©truite par une inondation. Ou bien les chemins et les routes disparaissent sous les eaux, et il est impossible dâaller Ă lâĂ©cole.
Mais ça ne peut pas nous arriver : notre Ă©cole est un bateau qui reste toujours Ă flot, quel que soit le niveau de la riviĂšre. On continue dâaller Ă lâĂ©cole pendant toute la mousson : le bateau vient
nous chercher chez nous au village le matin et nous y reconduit une fois lâĂ©cole terminĂ©e. Ce nâest pas un problĂšme si les routes sont inondĂ©es. En tant que fi lle, câest aussi beaucoup plus sĂ»r pour moi que le bateau vienne me chercher et me reconduire. On peut avoir des problĂšmes sur le chemin de lâĂ©cole, car tous les garçons ou hommes ne sont pas gentils.
Maintenant, mes parents nâont plus Ă sâinquiĂ©ter quâil mâarrive quelque chose, ils me laissent aller Ă lâĂ©cole.
Câest important dâaller Ă lâĂ©cole. Je veux devenir mĂ©decin, alors il faut que jâĂ©tudie beaucoup. Si je nâallais pas Ă lâĂ©cole, ça serait impossible. Je veux fonder un bel hĂŽpital, ici au village, oĂč tout le monde pourrait se faire soigner. Dans mon hĂŽpital, tout sera absolument gratuit. En me sauvant, ma prof du bateauĂ©cole mâa permis de faire de mon rĂȘve une rĂ©alitĂ©. Et câest pour ça que je lâaime ! » c
â Chaque jour, nous avons un cours dâinformatique. On apprend Ă Ă©crire et Ă dessiner sur un ordinateur. Câest quelque chose quâon doit tous savoir si on veut Ă©tudier ou travailler plus tard, explique Rakhiya.
Les ordinateurs fonctionnent grĂące Ă lâĂ©nergie du panneau solaire situĂ© sur le toit du bateau-Ă©cole, tout comme les lampes et les ventilateurs des salles de classe.
â Jâaide ma mĂšre Ă faire la cuisine et le mĂ©nage. Je peux faire du riz, des pommes de terre sautĂ©es et une bonne omelette ! Nous nâavons pas nos propres terres, maman travaille dans les champs dâautres personnes. Quand elle nâest pas lĂ , câest moi qui cuisine. Mon grand frĂšre Bijoy va au lycĂ©e et il aide la famille en pĂȘchant. Jâadore le poisson ! Mais il nâen ramĂšne pas toujours. Alors on mange juste du riz et des lĂ©gumes, dit Rakhiya.
â Au bateau-Ă©cole, on Ă©tudie le changement climatique, dit Rakhiya, qui en liste les points
importants :
Conséquences :
⹠Augmentation de la température
⹠Sécheresse
âą Fonte des glaciers et de la banquise
⹠Plus de pluies, imprévisibles et qui durent plus longtemps
âą Plus dâinondations, imprĂ©visibles et qui durent plus longtemps
Causes :
⹠Pollution émise par les voitures, avions et usines
⹠Déforestation
⹠Mauvais recyclage des déchets
â Câest terrible ! Nous devons commencer Ă prendre soin de la terre si nous voulons survivre, explique Rakhiya.
Rakhiya, sa mĂšre Saleha et son grand frĂšre Bijoy devant la maison que la famille a construite quand lâancienne a Ă©tĂ© engloutie par lâinondation. Abul, son pĂšre, travaille dans une plantation de bananes loin du village et Rakibul, son frĂšre aĂźnĂ©, travaille dans une usine de vĂȘtements Ă Dacca, la capitale.
Câest fini !
â On a trois heures de cours par jour et jâadore y aller. Ă lâĂ©cole, je vois tous mes copains et copines, câest super ! Ma matiĂšre prĂ©fĂ©rĂ©e est Bangladesh et Ă©tudes mondiales.
La famille rĂ©unie devant la nouvelle maison : Gulzar le pĂšre qui lâa construite, Jony son grand frĂšre, Jibon et sa mĂšre Ranjana.
â RĂ©veille-toi ! Toute la maison est inondĂ©e, on doit partir !, criait la mĂšre de Jibon en le secouant. Comme de nombreux autres paysans sans terre, la famille vivait dans une simple maison de terre juste Ă cĂŽtĂ© du fleuve, lĂ oĂč câĂ©tait le moins cher.
«CâĂ©tait tard le soir et tout le monde dormait, quand maman nous a brusquement rĂ©veillĂ©s. Les eaux du fleuve envahissaient la maison. Quand je me suis levĂ©, lâeau mâarrivait Ă la taille. Jâai eu tellement peur. Surtout Ă cause de tous les serpents qui nagent partout dans lâeau quand le fleuve est en crue.
Leur morsure peut ĂȘtre mortelle.
Crise de panique
Jâai paniquĂ© et je nâarrĂȘtais pas de pleurer, alors maman mâa pris dans ses bras et sâest mise Ă courir. Une fois arrivĂ©s en haut dâune colline, on a vu la maison disparaĂźtre sous les flots et ĂȘtre emportĂ©e par le
Jibon nourrit les vaches ayant survĂ©cu Ă lâinondation.
â Les enseignants et les Ă©lĂšves des bateaux-Ă©coles se battent contre le mariage dâenfants, car ça oblige les filles Ă arrĂȘter lâĂ©cole. Câest mal et injuste. Une fois, on a rĂ©ussi Ă arrĂȘter le mariage dâune fille qui avait Ă peine quatorze ans. Avec lâenseignante, les 30 Ă©lĂšves de la classe sont tous allĂ©s voir les parents de la fille pour leur expliquer que le mariage dâenfants est mal. Ils ont fini par dĂ©cider dâannuler le mariage, on Ă©tait tous tellement heureux ! Jamais je ne marierais avec quelquâun de moins de dix-huit ans !, explique Jibon.
â Tous les jours aprĂšs lâĂ©cole, je joue au cricket avec mes copains. Je suis pour le Bangladesh, bien sĂ»r, mais malheureusement, câest souvent lâInde, le pays voisin, qui gagne. Et ça, câest pas juste !, dit Jibon en riant.
fleuve. Papa et maman avaient rĂ©ussi Ă prendre un peu dâargent avec eux, mais tout le reste a disparu avec la maison. Deux de nos vaches se sont noyĂ©es, entraĂźnĂ©es sous la surface par les flots.
En tant que sans-terre, nous ne possĂ©dons pas nos propres champs. Et le petit lopin quâon louait pour faire pousser de lâherbe pour nos vaches a Ă©tĂ© englouti par les eaux. Mais on a eu de la chance, toute la famille Ă©tait saine et sauve. Car cette nuit-lĂ , on a tous cru quâon allait mourir.
On a passĂ© quelques mois chez mes grands-parents, pendant que papa construisait la maison oĂč on habite maintenant. Jâaime ma nouvelle maison. Comme elle est situĂ©e en hauteur et plus loin du fleuve, jâai moins peur que ça arrive Ă nouveau. Mais jâai toujours des cauchemars et parfois, je me rĂ©veille en sueur au milieu de la nuit.
On a dĂ» dĂ©mĂ©nager trois fois en cinq ans Ă cause des inondations. Ă chaque fois, on a perdu presque tout ce quâon avait. Nous avons souvent faim. AprĂšs la derniĂšre inondation, tout ce quâon avait Ă manger Ă©tait du riz sĂ©chĂ©. Je voulais manger du poisson avec, mais ma mĂšre a rĂ©pondu quâon nâen avait pas les moyens. Nous nâavions rien.
Pour nous, câest super que jâaille au bateau-Ă©cole, puisquâon a presque tout perdu dans les inondations. Au bateau-Ă©cole, tout est gratuit.
Les cours, les cahiers, les stylos, tout ! Je suis en CM2 maintenant et plus tard, jâaimerais ĂȘtre ingĂ©nieur pour construire de grands ponts et bĂątiments. »
Jibon, 11 ans
â Au lycĂ©e, je suis un cours de couture, jâaimerais devenir crĂ©atrice de vĂȘtements et avoir ma propre boutique. Quand jâaurais appris un mĂ©tier, je pourrais subvenir Ă mes besoins, gagner de lâargent et ĂȘtre indĂ©pendante. Je ne peux pas dĂ©pendre de mes parents toute ma vie !
Sabina adorait aller au bateau-Ă©cole quand elle Ă©tait plus jeune. Ă dix-sept ans, elle a dĂ» aller dans une autre Ă©cole car il nây a pas de lycĂ©e sur les bateaux. Mais mois de trois semaines plus tard, elle Ă©tait de retour sur le fleuve, dans un des lycĂ©es professionnels flottants pour filles de Rezwan.
«Jâadore ĂȘtre ici. Je me fais des amis et passe de bons moments. Nupur, qui est ma meilleure copine depuis lâĂ©cole primaire sur le bateau, est aussi dans ma classe. On fait absolument tout ensemble ! Ăa nous rend plus fortes et courageuses, et ça nous donne la possibilitĂ© de nous dĂ©placer plus librement, comme dâaller au lycĂ©e en ville. Sinon, ça peut ĂȘtre difficile pour une fille au Bangladesh. Pour les filles, ce nâest pas sĂ»r dâĂȘtre seule dehors, en ville ou ailleurs. Les hommes et les garçons crient dâhorribles choses sur ton passage, des insultes. Tu peux mĂȘme ĂȘtre kidnappĂ©e et soumise Ă des violences, comme un viol.
Plus jamais contre notre gré
Jâaimerais tellement que beaucoup de choses changent dans mon pays. Par exemple, le mariage dâenfants doit disparaĂźtre. Tout le monde doit pouvoir dĂ©cider de se marier ou non. Les filles et les femmes doivent pouvoir se dĂ©placer librement et avoir le droit Ă une Ă©ducation. On doit pouvoir exprimer notre opinion, dans notre famille, au village et dans la sociĂ©tĂ©, et voir notre opinion respectĂ©e. Je crois que toute la sociĂ©tĂ© devrait mieux respecter les droits des filles. Le bateauĂ©cole et le lycĂ©e professionnel flottant sont des endroits sĂ»rs pour les filles. Câest gĂ©nial dâĂȘtre ici ! Toute la sociĂ©tĂ© devrait ĂȘtre comme les bateaux-Ă©coles. Toutes les filles et les femmes seraient alors en sĂ©curitĂ©. » c
MONIRA, 12
JâAIME : coudre et broder
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales, jâaime apprendre des choses sur le monde.
PLUS TARD, JE SERAI : médecin
SAMAD, 12
JâAIME : pĂȘcher
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales, et Ă©couter des contes comme LâĂ©lĂ©phant et le renard
PLUS TARD, JE SERAI : policier.
OMOR, 10
JâAIME : le foot ! Messi est mon idole.
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales, on regarde des cartes et on apprend des choses sur le monde.
PLUS TARD, JE SERAI : ingénieur pour construire des routes au village
JIM, 10
JâAIME : Ă©tudier et jouer
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : les sciences naturelles, oĂč on parle de la pollution de lâeau et de lâair.
PLUS TARD, JE SERAI : enseignant
RASEL, 11
JâAIME : jouer au foot. LâArgentine est mon Ă©quipe prĂ©fĂ©rĂ©e !
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : les sciences naturelles
PLUS TARD, JE SERAI : propriĂ©taire dâune grande usine de vĂȘtements
SHIMLA, 15
JâAIME : cuisiner, surtout le poisson
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales
PLUS TARD, JE SERAI : médecin
SIGMA, 13
JâAIME : jouer Ă diïŹĂ©rents jeux
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : sciences naturelles, on Ă©tudie les animaux, les plantes et lâenvironnement.
PLUS TARD, JE SERAI : médecin pour aider les plus pauvres
RIMA, 11
JâAIME : aller Ă la meilleure Ă©cole du monde !
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales
PLUS TARD, JE SERAI : médecin pour soigner gratuitement tout le village
RATUL, 12
JâAIME : faire mes devoirs et Ă©tudier
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : Bangladesh et Ă©tudes mondiales, on Ă©tudie le changement climatique.
PLUS TARD, JE SERAI : policier
KEYA, 13
JâAIME : danser
MATIĂRE PRĂFĂRĂE : sciences naturelles, on apprend des choses sur lâenvironnement.
PLUS TARD, JE SERAI : comme notre enseignante, elle est gĂ©niale et je lâadore !
Cindy Blackstock est nominĂ©e car, depuis 30 ans, elle se bat pour lâĂ©galitĂ© des droits des enfants autochtones, leur droit Ă lâĂ©ducation, Ă la santĂ©, Ă grandir avec leur famille et Ă se sentir fiers de leur langue et de leur culture.
DĂFI
Au Canada, des centaines de milliers dâenfants autochtones sont discriminĂ©s en raison de leur origine. Les PremiĂšres Nations vivaient au Canada des dizaines de milliers dâannĂ©es avant lâarrivĂ©e des colons europĂ©ens. Pendant plus dâun siĂšcle, les enfants autochtones ont Ă©tĂ© pris Ă leur famille et envoyĂ©s en pensionnat, pour quâils oublient leur langue et leur culture. Ils tombaient souvent malades et des milliers dâentre eux sont morts.
Aujourdâhui encore, on sĂ©pare ces familles, et les enfants ont accĂšs Ă une Ă©ducation et Ă des soins de santĂ© de moins bonne qualitĂ©.
ACTION
Cindy se bat infatigablement contre la discrimination des enfants autochtones en partageant ses connaissances. Les enfants canadiens, autochtones ou non, Ă©crivent au gouvernement et manifestent pour les droits de lâenfant. Le gouvernement sâoppose Ă Cindy, mais elle nâabandonne pas.
GrĂące Ă Cindy, 165 000 enfants autochtones ont accĂšs Ă de meilleures Ă©coles et aux conditions indispensables pour bien grandir. Les enfants autochtones ont Ă©galement vu leurs droits ĂȘtre renforcĂ©s. Le gouvernement a prĂ©sentĂ© ses excuses et sâengage Ă fournir aux enfants autochtones un accĂšs Ă©quitable Ă tous les services essentiels. Cindy et son organisation collaborent avec les aĂźnĂ©s, les dirigeants et les jeunes pour lutter pour les droits de lâenfant.
En mai 2021, 215 sĂ©pultures anonymes dâenfants ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes sur le site dâun ancien pensionnat. Ensuite, des milliers dâautres sĂ©pultures ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans dâautres pensionnats. De nombreuses personnalitĂ©s politiques se disent choquĂ©es ! Mais Cindy Blackstock nâest pas surprise. AprĂšs prĂšs de 30 ans de lutte pour lâĂ©galitĂ© des droit des enfants autochtones, elle sait que des gĂ©nĂ©rations dâentre eux ont subi injustices et violences.
Cindy a grandi au nord du Canada, oĂč les airelles poussent en abondance. Son pĂšre Ă©tait garde forestier. Si nombre de ses camarades ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans les pensionnats indiens , elle a pu aller dans une Ă©cole ordinaire de la ville voisine. LĂ , Cindy Ă©tait la seule enfant autochtone.
Cindy appartient au
peuple Gitxsan, lâun des 50 peuples formant les PremiĂšres Nations , lâun des trois groupes autochtones reconnus au Canada.
Lorsque Cindy a demandĂ© pourquoi il nây avait pas plus dâenfants comme elle Ă lâĂ©cole, on lui a rĂ©pondu que les « Indiens », comme on appelait son peuple, se fichaient dâobtenir une Ă©ducation, car ils Ă©taient paresseux et bons Ă
devenir alcooliques. On lui disait que ce serait aussi son destin et elle a souvent entendu des injures racistes.
Lorsque Cindy a grandi, elle a appris ce qui Ă©tait arrivĂ© aux enfants autochtones dans les horribles pensionnats dirigĂ©s par lâĂ©glise et le gouvernement canadien. Les enfants Ă©taient envoyĂ©s
En tant quâactrice du changement, Cindy contribue au respect des droits de lâenfant et Ă la rĂ©alisation de certains ODD : ODD 3 : accĂšs Ă la santĂ© ; ODD 4 : accĂšs Ă une Ă©ducation de qualitĂ© ; ODD 5 : Ă©galitĂ© entre les sexes ; ODD 6 : accĂšs Ă lâeau salubre et Ă lâassainissement ; ODD 10 : rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s
Cindy est-elle nominée ?
loin de leurs parents pour échapper à leur « mauvaise influence » et oublier leur langue et leur culture.
â LĂ -bas, il est arrivĂ© des choses terribles aux enfants. Nombre dâentre eux ne sont jamais rentrĂ©s chez eux. Certains enfants ont Ă©tĂ© obligĂ©s de creuser les tombes de leurs camarades morts, explique Cindy. On leur disait que tout ce quâils reprĂ©sentaient, eux et leurs parents, Ă©tait mauvais. Sâils avaient emportĂ© un objet spĂ©cial qui leur rappelait la maison, on leur confisquait. Ils Ă©taient punis sâils parlaient leur langue. Dans un pensionnat, on avait mĂȘme fabriquĂ© une chaise Ă©lectrique pour torturer les enfants. On cherchait Ă
Thomas Moore Keesick avait huit ans quand il a Ă©tĂ© pris Ă ses parents et envoyĂ© au pensionnat de lâĂcole industrielle de Regina. Les professeurs lâappelaient No 22, car il Ă©tait le 22e Ă©lĂšve Ă ĂȘtre inscrit Ă lâĂ©cole. Le « DĂ©partement des Indiens » du gouvernement le prenait rĂ©guliĂšrement en photo pour faire la publicitĂ© des pensionnats. Le gouvernement voulait montrer quâil pouvait rendre les enfants des PremiĂšres Nations similaires aux enfants dâorigine europĂ©enne. Ă gauche, Thomas porte des tresses et des vĂȘtements et bijoux traditionnels . Le photographe avait placĂ© un pistolet dans sa main pour que Thomas ait lâair dangereux. Ă droite, il apparaĂźt en uniforme, les cheveux coupĂ©s.
Quelques annĂ©es aprĂšs, Thomas a attrapĂ© la tuberculose, une grave maladie des poumons, dont ont souïŹert des dizaines de milliers dâenfants des pensionnats. Ă lâĂąge de douze ans, on lâa renvoyĂ© chez lui pour mourir.
les transformer en quelquâun dâautre.
Violence et lavage de cerveau
David Decontie est de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration que Cindy et il a Ă©tĂ© envoyĂ© au pensionnat St. Mary alors quâil avait Ă peine quatre ans. Trois ans aprĂšs, il a Ă©tĂ© envoyĂ© au pensionnat de Pointe-Bleue.
â Trois prĂȘtres habillĂ©s en noir mâont accueilli mais je ne comprenais pas ce quâils disaient car ils parlaient français. Ils mâont donnĂ© deux mois pour parler cette langue, sinon ils me frappaient et me lavaient la bouche au savon. Jâai Ă©galement Ă©tĂ© victime dâagressions sexuelles. Je ne sais pas qui Ă©tait lâagresseur
David avait lâĂąge des enfants Ă droite, Kenneth et Gwenneth, quand il a Ă©tĂ© pris Ă sa famille et envoyĂ© au pensionnat.
car jâĂ©tais maintenu par terre, mais câĂ©tait un garçon plus ĂągĂ©. Une fois, une nonne mâa dit dâarrĂȘter de pleurer car « les hommes ne pleurent pas ». Cela mâa fait une forte impression. AprĂšs, je nâai pleurĂ© quâune seule fois, Ă la mort de mon pĂšre. On nous lavait le cerveau en nous montrant des fi lms « dâIndiens et de cowboys » oĂč les Indiens Ă©taient toujours les mĂ©chants. Je me rappelle avoir jouĂ© Ă tirer sur les Indiens.
Un savoir perdu â Lorsque je suis rentrĂ© chez moi aprĂšs presque dix ans,
jâĂ©tais un Ă©tranger pour ma famille. Jâavais oubliĂ© ma langue et ma culture, et je nâavais plus ma place nulle part. Jâai commencĂ© Ă boire et jâai essayĂ© de mettre fin Ă mes jours dix fois.
Depuis, David a arrĂȘtĂ© de boire et il lutte chaque jour pour laisser son passĂ© derriĂšre lui. â Quand mon fi ls est nĂ©, je lâai pris dans mes bras et je lui ai dit que je ne laisserai jamais personne le prendre, pour quâil grandisse au sein de son peuple. Je ne savais pas comment ĂȘtre pĂšre, câest ma femme qui mâa tout appris. Jâaime passer du temps avec mes enfants
Les peuples autochtones du territoire que lâon appelle aujourdâhui le Canada y vivaient dĂ©jĂ des dizaines de milliers dâannĂ©es avant lâarrivĂ©e des colons anglais et français. Trois groupes autochtones sont reconnus au Canada. Lâun dâentre eux sâappelle les PremiĂšres Nations (First Nations en anglais). Les PremiĂšres Nations comptent plus de cinquante peuples, possĂ©dant chacun une langue, une culture et des pratiques propres. Un autre groupe autochtone sont les Inuits, habitant les rĂ©gions arctiques. Le dernier groupe autochtone sont les MĂ©tis, qui sont dâorigine mixte autochtone et europĂ©enne.
En 2021, 215 sĂ©pultures anonymes dâenfants ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes au pensionnat de Kamloop . Les familles honorent ces enfants en venant y dĂ©poser 215 paires de chaussures.
et mes petits-enfants. Notre langue se transmet en mĂȘme temps que nos pratiques.
David fait partie des 6 750 survivants ayant tĂ©moignĂ© de ce qui sâest passĂ© dans les pensionnats devant la Commission de vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation, qui a travaillĂ© huit ans pour faire Ă©clater la vĂ©ritĂ©. De nombreux tĂ©moins en pleurs ont dĂ» sâarrĂȘter, car câĂ©tait trop difficile de raconter ce quâils ont vĂ©cu lĂ -bas. Ils ont cependant tĂ©moignĂ© pour empĂȘcher que cela se reproduise Ă lâavenir.
La mission de la Commission Ă©tait de rappeler les crimes commis contre les peuples autochtones, mais aussi dâinciter tous les Canadiens Ă participer Ă la crĂ©ation dâun futur meilleur. Outre de terribles violences, son rapport a rĂ©vĂ©lĂ© que les pensionnats Ă©taient sous-financĂ©s par rapport aux autres Ă©coles : ils nâavaient pas assez de personnel qualifiĂ©, de livres, ni de nourriture. Les Ă©lĂšves ne passaient pas beaucoup de temps en classe car ils devaient travailler comme domestiques et dans les champs. Les maladies se rĂ©pandaient facilement dans les classes et les dortoirs surchargĂ©s, surtout pendant lâhiver. Certaines annĂ©es, jusquâĂ un quart des Ă©lĂšves mourraient !
Maintenant que lâon connaĂźt la vĂ©ritĂ©, lâheure est Ă la rĂ©conciliation. Ce processus vise Ă pardonner sans oublier et Ă essayer de se mettre dâaccord pour rĂ©parer toutes les injustices. Mais cela peut prendre du temps.
Cindy est devenue travailleuse sociale et a commencĂ© Ă travailler avec des familles en difficultĂ©. De nombreux parents se sentaient trĂšs mal en raison de ce qui leur Ă©tait arrivĂ©, Ă eux ou Ă leurs parents, dans les pensionnats. Comme David, par exemple, qui ne savait pas comment sâoccuper de ses enfants. Mais au lieu dâaider les familles, le gouvernement cherchait Ă nouveau Ă les sĂ©parer. Ă la fermeture du dernier pensionnat, Ă la fin des annĂ©es 90, les enfants Ă©taient placĂ©s en famille dâaccueil ou adoptĂ©s. Souvent, leur nouvelle vie Ă©tait encore pire que lâancienne. Certains enfants Ă©taient tellement tristes quâils ne voulaient plus
vivre. Cindy Blackstock en avait assez. Elle voulait changer tout le pays.
â Si lâon voit une injustice, il faut dĂ©couvrir pourquoi et comment elle sâest produite, pour pouvoir ensuite faire de son mieux pour la rĂ©parer, dit Cindy. Ceux qui travaillaient dĂ©jĂ Ă faire changer les choses mâont montrĂ© comment faire ma part. Câest comme ça que jâai commencĂ©. Jâai constatĂ© que les enfants autochtones sont parfaits tels quâils sont, quâils mĂ©ritent des Ă©coles et des soins de santĂ© de qualitĂ©, et de lâeau potable. Ils mĂ©ritent lâaide de leur famille pour surmonter leur peine et tout ce qui leur fait du mal.
Un dĂ©fi au gouvernement Cindy a cofondĂ© lâorganisation SociĂ©tĂ© de soutien Ă lâenfance
et Ă la famille des PremiĂšres Nations, qui lutte pour les droits de lâenfant. Elle a aussi Ă©tudiĂ© le droit et les droits de lâenfant, et en 2007, le changement arrive. Lâorganisation de Cindy et un groupe dâautochtones portent plainte contre le gouvernement auprĂšs du Tribunal canadien des droits de la personne pour exiger la fin de la discrimination des enfants autochtones.
Lâun des enfants ayant inspirĂ© Cindy est un petit garçon nommĂ© Jordan River Anderson, un enfant des PremiĂšres Nations nĂ© avec une grave maladie. Jordan a Ă©tĂ© hospitalisĂ© jusquâĂ ses deux ans. Puis les mĂ©decins ont dit quâil pouvait rentrer chez lui et vivre avec sa famille, en prenant ses mĂ©dicaments et sous la surveillance dâun garde-malade. Mais les soins de Jordan Ă©taient trĂšs chers. Câest lĂ que les problĂšmes ont commencĂ©, explique Cindy.
Au Canada, les soins des enfants sont le plus souvent pris en charge par la région, mais les soins des enfants des PremiÚres Nations sont financés par le gouvernement.
Lorsque Jordan a pu rentrer chez lui, sa rĂ©gion, le Manitoba, et le gouvernement ne sont pas arrivĂ©s Ă se mettre dâaccord pour savoir qui paierait les soins de Jordan. Cela a durĂ© tellement longtemps que Jordan est Ă nouveau tombĂ© malade. Il nâa jamais pu rentrer chez lui dans sa famille : il est mort Ă lâhĂŽpital ĂągĂ© dâĂ peine cinq ans.
CâĂ©tait une honte nationale, et une rĂšgle portant le nom de Jordan a Ă©tĂ© créée. Le « principe de Jordan » vise Ă garantir que ce qui lui est arrivĂ© ne se reproduise jamais. Pourtant, dâautres enfants autochtones ont ensuite rencontrĂ© le mĂȘme problĂšme. Cindy voulait que le Tribunal canadien des droits de la personne oblige le gouvernement Ă respecter la loi et Ă fournir Ă
tous les enfants les soins dont ils ont besoin.
Le gouvernement ne voulait absolument pas que le Tribunal juge cette affaire. Les juristes du gouvernement ont protestĂ© auprĂšs du tribunal, retardant ainsi lâaudition de plusieurs annĂ©es. On trouve souvent Cindy au tribunal, mais elle voyage aussi dans tout le Canada pour trouver des soutiens. Car quand les gens savent comment aider, ils le font ! Des milliers de gens ont Ă©crit au premier ministre et ont manifestĂ© pour la justice. Certains sont allĂ©s chanter devant le Tribunal pour soutenir Cindy et les autres.
En 2014, aprÚs neuf ans de procédure, le Tribunal canadien des droits de la personne a tranché en faveur des enfants ! Selon le Tribunal, le
Lâours esprit Spirit Bear suit Cindy partout, mais les juges et les avocats du tribunal ne sont pas habituĂ©s Ă rencontrer des peluches.
gouvernement est coupable de discrimination envers les enfants autochtones et doit obéir à la loi.
â Les enfants peuvent faire une grande diffĂ©rence lorsquâils coopĂšrent pour une bonne cause, dit Cindy.
Aujourdâhui encore, de nombreux enfants autochtones nâont pas accĂšs Ă de lâeau potable ou Ă de bonnes Ă©coles. Cindy continue Ă promouvoir des affaires judiciaires, notamment pour que tous ceux qui ont perdu leur enfance dans les pensionnats puissent recevoir rĂ©paration et soutien. Pour Cindy, chaque enfant compte et elle nâest pas prĂšs dâabandonner ! c
Le scĂ©nario est signĂ© par l'artiste autochtone Kent Monkman, qui montre comment les enfants autochtones ont Ă©tĂ© amenĂ©s dans des pensionnats par la police, les prĂȘtres et les religieuses pendant 150 ans.
Le gouvernement du Canada considĂ©rait que les enfants autochtones devaient ĂȘtre sĂ©parĂ©s de leur famille avant « dâapprendre Ă ĂȘtre sauvage comme leurs parents ». AprĂšs un certain temps, il nây avait plus du tout dâenfant dans les rĂ©gions oĂč habitaient les autochtones.
DÚs 1907, on pouvait lire dans les journaux canadiens que les enfants « tombaient comme des mouches » dans les pensionnats. Les causes de ces décÚs étaient nombreuses : maladie pulmonaire, malnutrition, accident au travail ou incendie. Beaucoup de gens savaient ce qui se passait, mais personne, politiciens ou gens ordinaires, ne faisait quoi que ce soit pour y mettre fin.
« Je
petite fleur qui a été déracinée et implantée dans une autre terre. »
Jeanette»
Parmi les enseignants, on comptait de nombreux prĂȘtres, moines et nonnes, qui devaient christianiser les enfants et leur faire oublier leur religion. RĂ©cemment, le pape, le chef de lâĂglise catholique, et beaucoup dâautres dignitaires ont demandĂ© pardon pour tout le mal fait aux autochtones. Ces excuses nâont pas Ă©tĂ© acceptĂ©es par tous.
« Souvent, la nourriture quâon nous donnait avait un goĂ»t de rance, contenait des vers et sentait mauvais.
Andrew Paul
suis
Basile LalocheDe lâamour Ă la solitude
Beaucoup dâenfants Ă©taient obligĂ©s de travailler dur parce que les Ă©coles nâavait pas d'argent.
En 1966, Ă lâĂąge de douze ans, Chanie Wenjack sâest enfui de son pensionnat avec deux amis. On disait que Chanie voulait voir son pĂšre, quâil se sentait seul. Selon la sĆur de Chanie, il sâest enfui aprĂšs avoir subi une agression sexuelle.
Il Ă©tait courant pour les enfants de chercher Ă Ă©chapper Ă la dure vie du pensionnat. Sâenfuir Ă©tait dangereux. Ceux qui se faisaient rattraper Ă©taient sĂ©vĂšrement punis. Ceux qui rĂ©ussissaient Ă sâenfuir avaient souvent des accidents ou perdaient des doigts et
des orteils Ă cause dâengelures. Beaucoup dâentre eux mourraient.
Chanie et ses amis ont marchĂ© huit heures le premier jour. Ils ont passĂ© la nuit chez lâoncle de ses amis, qui avait dans une cabane dans la forĂȘt. Le lendemain, ils prendraient diïŹĂ©rentes directions. Lâoncle a conseillĂ© Ă Chanie de suivre la voie ferrĂ©e et de demander de la nourriture aux cheminots en chemin.
Ă un moment, il a commencĂ© Ă faire plus froid et Ă neiger. Chanie nâavait quâune veste fine et il nâavait pas de nourriture, juste quelques allumettes. Il
En 1907, le gouvernement a envoyĂ© un mĂ©decin, Peter Henderson Bryce, pour inspecter les fameux pensionnats indiens. ChoquĂ© par la situation, il a Ă©crit un rapport sur les classes trop nombreuses oĂč des maladies mortelles se propageaient Ă la vitesse de lâĂ©clair. Il a aussi dressĂ© une liste de recommandations afin de sauver la vie des enfant mal nourris et Ă©puisĂ©s. Mais le gouvernement faisait la sourde oreille. Au contraire, les pensionnats ont reçu encore moins dâargent. Peter Bryce nâavait pas le droit
de parler de ce quâil avait vu et plus tard, on lâa forcĂ© Ă dĂ©missionner. Il a alors Ă©crit un livre, Lâhistoire dâun crime national, oĂč il a dĂ©montrĂ© que le gouvernement et lâĂglise Ă©taient responsables de la mort de ces enfants. Mais le gouvernement a continuĂ© Ă envoyer des enfants dans ces terribles pensionnats pendant plusieurs dĂ©cennies.
Aujourdâhui, Peter Bryce est considĂ©rĂ© comme un hĂ©ros. Il a dĂ©fendu les droits des enfants lorsque personne dâautre ne le faisait ou nâosait le faire.
a survĂ©cu 36 heures. La dĂ©couverte du corps de Chanie au bord de la voie ferrĂ©e a fait scandale au Canada. Pour la premiĂšre fois, les politiciens ont Ă©tĂ© obligĂ©s dâenquĂȘter sur la maniĂšre dont les pensionnats traitaient les enfants autochtones.
Peter Bryce est un modĂšle important pour Cindy. Elle se rend souvent sur sa tombe. Dans la boĂźte Ă lettres orange, les enfants peuvent laisser un message ou un dessin pour le docteur.
AprĂšs la constitution du Canada en 1867, le gouvernement a votĂ© la « Loi sur les Indiens » et créé un « MinistĂšre des AïŹaires indiennes » pour contrĂŽler les peuples autochtones. Ă partir de 1920, lâĂ©cole est devenue obligatoire pour les enfants autochtones de 5 Ă 15 ans, et de nombreuses communautĂ©s autochtones se sont retrouvĂ©es pratiquement sans enfant. Pendant un plus dâun siĂšcle, 150 000 enfants ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans des pensionnats religieux, Ă lâinitiative du gouvernement. Les enfants allaient y apprendre « Ă se comporter et Ă penser comme lâhomme blanc ». On donnait aux enfants un nouveau nom français ou anglais. Ils nâavaient pas le droit de parler leur langue maternelle ou dâĂȘtre fiers de leur culture. Les pensionnats recevaient beaucoup moins dâargent de lâĂtat que les autres Ă©coles du Canada et manquaient toujours de nourriture, de livres ou de mĂ©dicaments. De nombreux enfants sont tombĂ©s malades et sont morts. Ainsi, le Canada essayait dâĂ©liminer, ou dâexterminer, la culture autochtone. Mais cela nâa pas rĂ©ussi, en dĂ©pit de tout le mal et la peine causĂ©s. Les peuples autochtones sont toujours lĂ pour se battre pour leurs droits et un avenir meilleur.
«
⊠il nây avait rien qui pouvait me rendre heureuse et me faire sentir comme Ă la maison »
Clara Quisess
Shannen rĂȘvait dâavoir une vraie Ă©cole dans sa petite ville dâAttawapiskat, au nord du Canada. Mais elle allait Ă lâĂ©cole dans des installations mobiles glaciales placĂ©es sur des terres contaminĂ©es. AprĂšs avoir rencontrĂ© le ministre pour tenter de rĂ©gler le problĂšme, Shannen prit la tĂȘte de Students helping Students, la plus grande campagne menĂ©e par des enfants au Canada.
Pour arriver Ă Attawapiskat, qui signifie « peuple de la sĂ©paration des roches » en cri, la langue de Shannen, il faut aller tout au nord, avant de prendre un petit avion. LĂ , il nây a presque aucune route, sauf lâhiver, lorsque les lacs et les riviĂšres gĂšlent et que les vĂ©hicules peuvent rouler sur la glace. Shannen Koostachin Ă©tait une enfant de la PremiĂšre Nation crie. La nuit, lorsquâelle levait les yeux vers le ciel, elle voyait les mĂȘmes
Ă©toiles que ses aĂŻeux il y a des milliers dâannĂ©es. Cela la rendait heureuse, mais elle Ă©tait aussi souvent triste, car elle nâallait pas dans une bonne Ă©cole.
Depuis des milliers dâannĂ©es, les aĂźnĂ©s transmettaient le savoir appris de leurs aĂŻeux, les humains et les animaux ayant vĂ©cu avant eux. Mais pour pouvoir devenir avocate, comme Shannen en rĂȘvait, elle devait avoir accĂšs Ă une bonne Ă©ducation. Et câĂ©tait impossible Ă Attawapiskat.
GrĂące au rĂȘve de Shannen, sa petite ville natale dâAttawapiskat possĂšde maintenant une belle Ă©cole et une nouvelle maison des jeunes. Mais de nombreux problĂšmes demeurent. Un bon nombre de familles vivent dans des maisons dĂ©labrĂ©es, des tentes ou des cabanes sans isolation, Ă©lectricitĂ© ou eau potable. Lâeau du robinet est pleine de produits chimiques dangereux et les habitants doivent aller chercher de lâeau potable. Mais on trouve aussi maintenant des traces de produits chimiques toxiques dans cette eau. Le rĂ©seau Ă©lectrique et les Ă©gouts sont en trĂšs mauvais Ă©tat. Parfois, la ville est inondĂ©e par les eaux usĂ©es et une boue nausĂ©abonde. Ces conditions de vie diïżœiciles et lâabsence dâespoir en lâavenir dĂ©sespĂšrent les enfants comme les adultes. Certains dâentre eux boivent ou se droguent. Quelques-uns en arrivent mĂȘme Ă se suicider. Il est bien plus courant pour les enfants des PremiĂšres Nations de se donner la mort quâailleurs au Canada. Mais nombreux sont les habitants dâAttawapiskat, parents, enseignant et dirigeants, qui se battent pour aider les enfants malheureux et empĂȘcher les suicides.
Une Ă©cole toxique Une vingtaine dâannĂ©es avant la naissance de Shannen, Attawapiskat eut sa premiĂšre vraie Ă©cole, joliment peinte, avec des classes bien Ă©clairĂ©es et un gymnase. Tout le monde Ă©tait heureux. Peu aprĂšs, les enfants et les enseignants commencĂšrent Ă avoir des maux de tĂȘte et Ă se sentir fatiguĂ©s et malades. Les parents se plaignirent, mais il fallut vingt ans avant que les autoritĂ©s nâinspectent le terrain de lâĂ©cole. On dĂ©couvrit alors une fuite, causĂ©e par un tuyau qui avait dĂ» ĂȘtre percĂ© lors de la construction de lâĂ©cole. Depuis, des dizaines de milliers de litres de diesel sâĂ©taient Ă©coulĂ©s, empoisonnant la terre et les enfants. LâĂ©cole ferma et des prĂ©fabriquĂ©s mobiles gris furent installĂ©s dans la cour de lâĂ©cole. CâĂ©tait une solution temporaire selon les politiciens, mais neuf ans plus tard, les enfants attendaient toujours leur nouvelle Ă©cole.
Souris et moisissure
Lorsque Shannen entra en premiÚre année, les baraques mal isolées étaient déjà vétustes. à Attawapiskat, les hivers sont trÚs froids et de la glace se formait parfois
SON RĂVE : des Ă©coles sĂ»res et confortables
MĂTIER RĂVĂ : avocate
Elle nâaimait pas : les promesses non tenues
SURNOM : Shan Shan
ELLE AIMAIT : danser
ELLE ADORAIT : sa famille et ses amis
sur les murs des classes. Shannen et les autres enfants devaient enfi ler parka, bonnet et gants pour changer de classe ou aller aux toilettes. En cas de panne dâĂ©lectricitĂ©, aprĂšs une forte tempĂȘte par exemple, il nây avait plus ni lumiĂšre ni chauffage. Les enseignants faisaient de leur mieux, mais ils manquaient de livres ou de matĂ©riel, car lâĂ©cole ne recevait pas assez dâargent de lâĂtat pour fonctionner. La situation empira tellement que des enfants dâĂ peine neuf ans commencĂšrent Ă dĂ©crocher. Shannen savait pourquoi :
â Quand ta classe est glacĂ©e, que des souris bondissent sur ton dĂ©jeuner et quâil nây a pas de bibliothĂšque ni de labo de chimie, câest difficile de croire que tu vas pouvoir faire quelque chose de ta vie en grandissant. Ailleurs au Canada, les enfants ont de bonnes Ă©coles. Impossible de
Depuis quâelle Ă©tait toute petite, Andrew, le pĂšre de Shannen, lui parlait de lâhistoire et de la culture cries. Elle savait que son peuple et les autres peuples autochtones habitaient le Canada des milliers dâannĂ©es avant que les Anglais et les Français ne confisquent leurs terres.
â Mon pĂšre mâa appris Ă honorer les Sept GrandsPĂšres : amour, respect, vĂ©ritĂ©, honnĂȘtetĂ©, humilitĂ©, bravoure et sagesse, a dit Shannen. Les Sept enseignements correspondent aux plus importantes valeurs de la vie et indiquent comment traiter ses semblables, notamment les enfants. Chacun dâentre eux est gĂ©nĂ©ralement incarnĂ© par un animal. En voici un petit rĂ©sumĂ© :
Pour pouvoir aimer les autres sans rĂ©serve et surmonter les diïżœicultĂ©s, il faut dâabord sâaimer soi-mĂȘme, apprendre et parler avec les autres.
Respect, le buïżœle
ne pas se sentir comme un enfant qui ne compte pas... Imagine un enfant qui, malgrĂ© son jeune Ăąge, pense dĂ©jĂ ne pas avoir de futur. Quand ils vont Ă lâĂ©cole, les enfants doivent pouvoir rĂȘver et avoir espoir en lâavenir. Chaque enfant en a le droit !
Les politiciens avaient promis une nouvelle Ă©cole, mais ils nâavaient pas tenu parole. Alors, Shannen et ses ami·e·s lancĂšrent une campagne pour leur Ă©cole. Ils organisĂšrent dâabord une manifestation avec pancartes et banderoles par moins 40 degrĂ©s ! Mais en dehors de leur petite ville, personne nâavait lâair de sây intĂ©resser. Alors, ils utilisĂšrent les rĂ©seaux sociaux, comme YouTube, pour montrer la situation de leur Ă©cole et inviter tous les enfants du Canada Ă Ă©crire au gouvernement. Un torrent de lettres arriva bientĂŽt, Ă©crites par des enfants qui voulaient que tous aient les mĂȘmes opportunitĂ©s.
Un jour, les aĂźnĂ©s dâAttawapiskat reçurent une lettre dâun ministre du gouvernement canadien responsable
des Ă©coles des rĂ©serves. Câest lui qui avait reçu toutes les lettres de protestation des enfants. Mais il leur annonça que le gouvernement nâavait pas les moyens de financer une nouvelle Ă©cole.
Shannen et ses ami·e·s perdirent patience. Leur classe avait Ă©conomisĂ© pour faire un beau voyage Ă la fin de lâannĂ©e scolaire, mais les enfants dĂ©cidĂšrent dâaller plutĂŽt Ă Ottawa, la capitale, pour expliquer aux politiciens pourquoi leur Ă©cole Ă©tait si importante. Ă leur grande surprise, le ministre accepta de les rencontrer. Il organisa une rencontre lors de la JournĂ©e nationale des peuples autochtones, qui commĂ©more et cĂ©lĂšbre les
Respecter tous les ĂȘtres vivants est essentiel pour trouver un Ă©quilibre entre ce que lâon veut et ce que la Terre mĂšre peut oïŹrir. Faire de son mieux pour faire une diïŹĂ©rence.
Toujours dire la vĂ©ritĂ© et faire preuve de bontĂ© et de bienveillance envers les autres. Toujours ĂȘtre soi-mĂȘme, aimer et respecter sa vraie nature.
HonnĂȘtetĂ©, le corbeau
Toujours ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme et les autres, pour traverser la vie avec intĂ©gritĂ©, en apprĂ©ciant ses propres eïŹorts et ceux de ceux qui nous entourent.
Ne jamais oublier que lâon est une partie sacrĂ©e de la crĂ©ation. Vivre tournĂ© vers les autres et non vers soi, ĂȘtre fier de son peuple et louer les rĂ©ussites de chacun.
Bravoure, lâours
Croire en soi et en ses convictions.
Trouver sa force intĂ©rieure pour pouvoir aïŹronter ses peurs et devenir meilleur, pour enrichir sa famille et sa communautĂ©.
Lâenseignement de la sagesse permet dâutiliser judicieusement les dons dont on a hĂ©ritĂ© et de reconnaĂźtre et respecter ses diïŹĂ©rences et celles des autres. La sagesse nourrit la facultĂ© dâĂ©couter avec clartĂ© et un esprit sain, et cet enseignement se concentre sur lâĂ©coute.
PremiĂšres Nations, les Inuits et les MĂ©tis. Shannen pensait que câĂ©tait bon signe. Ils allaient peut-ĂȘtre recevoir une bonne nouvelle...
Rencontre avec le ministre Shannen avait treize ans lorsquâelle et ses amis sont allĂ©s Ă Ottawa. Ils Ă©taient accompagnĂ©s de plusieurs aĂźnĂ©s et parents, qui suivirent
Shannen et ses amis Solomon et Chris dans le monumental bùtiment du Parlement. à leur entrée dans le bureau du ministre, celui-ci leur tendit la main en disant : « Que pensez-vous de mon bureau ? ».
Du tac au tac, Shannen lui rĂ©pondit quâelle aimerait avoir une aussi belle salle de classe. Ensuite, les enfants voulurent expliquer pourquoi ils Ă©taient
Les conseils de Shannen
âą Bats-toi pour tes droits.
âą Ne perds jamais espoir.
âą Ignore les gens qui te rabaissent.
âą Explique ce que tu veux... Ce dont tu as besoin !
âą Pense au futur et suis tes rĂȘves.
venus, mais le ministre les interrompit immédiatement : « La réponse est non ! » Le gouvernement ne comptait pas construire une nouvelle école à Attawapiskat.
ChoquĂ©s, les enfants se regardĂšrent. Les aĂźnĂ©s commencĂšrent Ă pleurer. Shannen aussi, mais câĂ©tait des larmes de colĂšre. Elle regarda le ministre droit dans les yeux et lui dit que les enfants nâabandonneraient jamais !
Puis ils sâen allĂšrent, tous trĂšs tristes. Les aĂźnĂ©s pleuraient toujours. Toute leur vie, ils avaient vu les personnes au pouvoir manquer Ă leurs promesses.
Manifester pour le changement
Devant le Parlement, des milliers de personnes de tout le Canada sâĂ©taient rassemblĂ©es pour dĂ©fi ler en faveur des droits des peuples autochtones. Les enfants et les aĂźnĂ©s dâAttawapiskat participĂšrent Ă la manifestation, certains brandissant des pancartes, dâautres chantant et jouant du tambour. Nombre dâentre eux Ă©taient en tenue traditionnelle : grandes coiffes, robes Ă clochettes, tuniques brodĂ©es de perles et mocassins.
Les manifestants prononcĂšrent plusieurs discours devant le Parlement. Les organisateurs demandĂšrent Ă
Le dĂ©putĂ© Charlie Angus s'est battu aux cĂŽtĂ©s des enfants et de Cindy Blackstock pour que le rĂȘve de Shannen devienne rĂ©alitĂ©.
quelques enfants dâAttawapiskat de raconter ce qui sâĂ©tait passĂ© lors de la rencontre avec le ministre. On dĂ©cida que Shannen prendrait la parole. Elle fut dâabord prise de panique, mais un des adultes la calma en lui disant : « Shannen, câest le moment de te faire entendre. Parle avec ton cĆur. Tu sauras trouver les mots. »
Shannen prit le micro et dĂ©clara : « Bonjour tout le monde, je suis Shannen Koostachin, de la PremiĂšre Nation Attawapiskat. Aujourdâhui, je suis triste car monsieur Chuck Strahl a dit quâil nâavait pas dâargent pour construire notre Ă©cole... Mais je ne lâai pas cru. »
Sur la nouvelle Ă©cole dâAttawapiskat, Shannen est reprĂ©sentĂ©e en train dâexĂ©cuter la danse du chĂąle dâapparat dans sa tenue traditionnelle bleue.
Les enfants de tout le Canada se sont ralliĂ©s au rĂȘve de Shannen, en Ă©crivant des lettres au gouvernement et en manifestant.
La foule rugit et applaudit lorsque Shannen raconta pourquoi elle et ses amis Ă©taient lĂ , et dĂ©clara quâils ne comptaient pas abandonner. Elle dit Ă propos du ministre : « Je voyais bien quâil Ă©tait nerveux. »
Ensuite, Shannen donna des interviews Ă des journaux, Ă la tĂ©lĂ©vision et Ă la radio. Elle rĂ©pĂ©tait quâelle nâarrĂȘterait pas la campagne avant que tous les enfants des PremiĂšres Nations aient de bonnes Ă©coles. Elle tint sa promesse. Shannen prit la tĂȘte de Students helping Students (Les Ă©tudiants aident les Ă©tudiants), la plus grande campagne jamais menĂ©e par des enfants au Canada.
Le cri est lâune des langues autochtones du Canada qui est en train de disparaĂźtre. Il appartient Ă la famille des langues algonquines et se dĂ©cline en de nombreuses variĂ©tĂ©s. Pendant des gĂ©nĂ©rations, les enfants des rĂ©gions de langue crie ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s de leurs parents lorsquâils Ă©taient jeunes. Dans les pensionnats oĂč ils vivaient, ils Ă©taient punis sâils parlaient cri. Lorsquâils rentraient chez eux pour une courte pĂ©riode en Ă©tĂ©, beaucoup avaient oubliĂ© leur langue et ne pouvaient pas parler Ă leur famille. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, il restait de moins en moins de personnes capables de parler des langues indigĂšnes comme le cri et lâinuit. Mais aujourdâhui, de plus en plus de personnes, enfants et adultes confondus, veulent apprendre ces langues. Les dirigeants, les aĂźnĂ©s, les Ă©coles et les communautĂ©s se battent avec acharnement pour prĂ©server les langues avant quâil ne soit trop tard.
Un terrible accident
Ă lâĂąge de quatorze ans, Shannen quitta sa famille pour aller au lycĂ©e le plus proche, Ă une centaine de kilomĂštres. Sa grande sĆur Serena y Ă©tudiait dĂ©jĂ . Shannen dut travailler dur pour rattraper le niveau des autres Ă©lĂšves, qui nâĂ©taient pas allĂ©s Ă lâĂ©cole dans des classes mobiles dĂ©labrĂ©es. Mais Shannen ne manqua pas les cours une seule fois. Pendant le week-end et les vacances, Shannen, Serena et dâautres enfants continuaient Ă rencontrer des gens pour leur demander de lâaide. Elles racontaient les souris, le froid et le manque de livres. Elles recevaient de plus en plus de
Ce garçon du peuple cri a été photographié il y a plus de cent ans, alors que beaucoup de gens parlaient encore le cri.
Parfois, les plaques de signalisation sont en plusieurs langues, comme ici en cri, en anglais et en français.
Les enfants de la petite ville de Moosonee veulent que le rĂȘve de Shannen devienne une rĂ©alitĂ© pour tous les enfants des PremiĂšres nations.
Lâhistoire de Shannen est racontĂ©e Ă Spirit Bear, lâours esprit dans un nouveau film qui donne Ă davantage dâenfants la chance de la connaĂźtre.
soutien, et Shannen osait croire que son rĂȘve allait se rĂ©aliser. Mais quelque chose de terrible arriva.
Ă la fin de sa premiĂšre annĂ©e de lycĂ©e, Shannen prit un minibus, qui percuta un gros camion. Elle mourut Ă lâĂąge de quinze ans. Dans tout le Canada, les enfants Ă©taient inconsolables mais prĂȘts Ă continuer le combat. Ils ne comptaient pas laisser le rĂȘve de Shannen mourir. Avec lâaide de Cindy Blackstock et de son organisation, ainsi que du dĂ©putĂ© Charlie Angus, ils lancĂšrent une nouvelle campagne. Elle fut baptisĂ©e « Le rĂȘve de Shannen » en sa mĂ©moire. Cette campagne menĂ©e par des enfants reçut le soutien de la famille de Shannen, de ses ami·e·s et de la petite ville oĂč elle avait grandi.
Presque deux ans aprĂšs le dĂ©cĂšs de Shannen, six enfants des PremiĂšres Nations se rendirent au ComitĂ© des droits de lâenfant des Nations unies Ă GenĂšve, en Suisse. Parmi eux se trouvait une amie dâenfance de Shannen, Chelsea,
seize ans, de la PremiÚre Nation Attawapiskat. Cindy Blackstock était aussi du voyage. Elle avait insisté pour que les enfants puissent témoigner en personne de leur scolarité difficile à Attawapiskat, qui constitue une violation de leurs droits.
Ă lâONU, les enfants rencontrĂšrent un groupe dâexperts, qui les Ă©coutĂšrent attentivement. Les enfants Ă©taient tristes que Shannen ne soit pas lĂ , mais heureux dâĂȘtre pris au sĂ©rieux par ces experts en droits de lâenfant.
Peu aprĂšs, les dĂ©putĂ©s de la Chambre des communes canadienne adoptĂšrent une proposition visant Ă faire une rĂ©alitĂ© du rĂȘve de Shannen. Une loi fut votĂ©e pour garantir le droit des enfants des PremiĂšres Nations Ă accĂ©der Ă une Ă©ducation de qualitĂ©. AprĂšs le vote, la famille de Shannen, qui sâĂ©tait rendue Ă Ottawa pour assister Ă ce moment historique, cĂ©lĂ©bra cette avancĂ©e. Andrew, le pĂšre, prononça un discours, dâabord en langue crie, puis en anglais.
â Shannen a Ă©tĂ© pour nous un vrai cadeau, ça a Ă©tĂ© un
honneur que dâĂȘtre son pĂšre, dit Andrew. « Jâai toujours pensĂ© que jâĂ©tais lĂ pour lui apprendre des choses, mais câest elle qui mâa beaucoup appris. Puis elle a commencĂ© Ă se tourner vers les autres... Quand les jeunes parlent, ils sont puissants car ils sont si innocents, si forts... »
Une nouvelle école
En ce qui aurait dĂ» ĂȘtre le dernier jour de lycĂ©e de Shannen commença la construction de la nouvelle Ă©cole dâAttawapiskat. Elle ouvrit ses portes deux ans plus tard. Au-dessus
de lâentrĂ©e, on lisait en grandes lettres : LE RĂVE DE SHANNEN.
Les enfants du Canada ont continuĂ© Ă Ă©crire au gouvernement car de nombreux Ă©lĂšves des PremiĂšres Nations nâont toujours pas dâĂ©cole dĂ©cente. En dĂ©pit de la loi rĂ©sultant du rĂȘve de Shannen, la route est encore longue avant que tous les enfants aient lâĂ©ducation quâils mĂ©ritent. c
Au Canada, les frais dâĂ©ducation sont pris en charge par les provinces, mais câest le gouvernement qui finance les Ă©coles des enfants des PremiĂšres Nations sur les rĂ©serves. Les rĂ©serves sont des territoires sur lesquels le gouvernement canadien, il y a longtemps, a confinĂ© les peuples des PremiĂšres Nations, pour laisser les meilleures terres au colons. Aujourdâhui, de nombreux enfants des PremiĂšres Nations vivent dans des rĂ©serves et seuls quatre sur dix dâentre eux vont au lycĂ©e. Le problĂšme vient du fait que le gouvernement finance beaucoup moins les Ă©coles des rĂ©serves que les provinces ne financent les Ă©coles du reste du pays. Câest pourquoi de nombreuses Ă©coles des PremiĂšres Nations nâont ni livre, ni ordinateur.
Au-dessus de lâentrĂ©e de la nouvelle Ă©cole dâAttawapiskat se dresse un panneau annonçant : Le rĂȘve de Shannen ! Shannen disait souvent: « LâĂ©ducation est importante car elle permet dâamĂ©liorer ses conditions de vie. Sans Ă©ducation, il est pratiquement impossible de travailler et dâavancer dans la vie. »
Lâeau du robinet Ă Attawapiskat contient des traces de produits chimiques, câest pourquoi lâeau doit ĂȘtre prise Ă la station d'eau potable.
Jules, le cousin de Shannen a recueilli de lâargent pour faire fabriquer une statue de bronze de Shannen.
Des enfants jouent au hockey Ă Attawapiskat.
Selon la tradition crie, lorsque Shannen est dĂ©cĂ©dĂ©e, elle a Ă©tĂ© rĂ©unie avec lâesprit de ses aĂŻeux. Elle a Ă©galement reçu un nom spirituel, Wawahtay Eskwo, qui signifie Femme des aurores borĂ©ales.
Le message de Shannen
« Ne jamais abandonner. Il faut se lever, prendre nos livres et continuer à user nos mocassins. »
Les mocassins sont les chaussures traditionnelles des PremiĂšres Nations.
Theland a appris la danse du cerceau auprÚs de danseurs expérimentés, qui lui ont montré comment représenter des animaux ou la nature avec de grands cerceaux pour raconter une histoire. Avant, les cerceaux étaient fabriqués en saule, mais Theland utilise des cerceaux phosphorescents.
â Maintenant, je sais assez bien danser pour apprendre aux plus jeunes. Câest un moyen de rendre ce que lâon mâa donnĂ©.
Chaque annĂ©e, au Canada, des filles et des femmes autochtones disparaissent. Certaines sont retrouvĂ©es mortes, dâautres ne sont jamais retrouvĂ©es. Mais cela commence Ă changer, grĂące Ă des activistes comme Theland Kicknosway. Pour faire justice, il a recours aussi bien Ă la danse traditionnelle quâĂ Instagram.
Lorsque Theland Ă©tait petit, il accompagnait souvent sa mĂšre Ă des rĂ©unions sur les sĆurs et mĂšres volĂ©es : on montrait leurs photos, on allumait des bougies et on pratiquait des cĂ©rĂ©monies. Ă lâĂąge de neuf ans, il demanda Ă sa mĂšre :
â Quâarrive-t-il aux enfants quand leur mĂšre disparaĂźt ?
Sa mĂšre rĂ©pondit quâils avaient besoin dâaide, de nourriture et de vĂȘtements, mais aussi de rĂ©confort. Il Ă©tait aussi important dâattirer lâattention sur ces injustices pour pouvoir exiger des politiciens une meilleure protec-
tion et un meilleur soutien des fi lles et femmes autochtones.
En savoir plus Theland questionnait aussi sa tante Bridget, qui habite sur la réserve Kitigan Zibi. AprÚs le décÚs de sa mÚre Gladys, Bridget avait fondé une association luttant pour les fi lles et les femmes disparues et assassinées. Elle demandait souvent à Theland de chanter lors de leurs manifestations.
â Tante Bridget mâa demandĂ© de chanter pour commĂ©morer les femmes disparues et les mortes, et donner du courage aux autres, explique Theland.
Bridget lui parla de Maisy et de Shannon, deux adolescentes ayant disparu Ă Kitigan Zibi. Les familles notifiĂšrent leur disparition Ă la police, mais les recherches ne commencĂšrent que deux
Beaucoup de gens sont venus encourager Theland lors de sa course pour les filles disparues et assassinées.
semaines aprÚs. Maisy et Shannon sont toujours portées disparues.
Une idée pour tout changer Pour Bridget, le plus important est de se battre.
â Quâimporte les obstacles que lâon rencontre, il faut toujours aller de lâavant et continuer Ă mettre un pied devant
APPARTENANCE : Potawatami et Cri, et membre du Clan du Loup
JâAIME : danser, chanter, jouer du tambour, courir et faire du vĂ©lo
JE NâAIME PAS : les prĂ©jugĂ©s et les discriminations
JE FAIS CHANGER LES CHOSES : avec ma créativité et les réseaux sociaux
JE RĂVE DE : contribuer Ă crĂ©er un meilleur futur
lâautre, disait-elle Ă Theland. Cela lui donna une idĂ©e. Theland adorait la course Ă pied, oĂč lâon met justement un pied devant lâautre.
â Jâai pensĂ© faire le tour du Canada en courant pour sensibiliser les gens et collecter de lâargent pour les enfants !
â Le Canada est un trĂšs grand pays, lui rĂ©pondit sa mĂšre. Cela te prendra plusieurs mois.
Theland dĂ©cida de courir de la capitale, Ottawa, oĂč il habitait, jusque chez Tante Bridget Ă Kitigan Zibi, soit environ 130 kilomĂštres. Il commença Ă sâentraĂźner et Ă en apprendre plus sur les femmes disparues et assassinĂ©es. Il voulait expliquer Ă chaque personne quâil rencontrerait que des milliers de femmes ont disparu lors des trente derniĂšres annĂ©es, personne ne sait exactement combien. Au Canada, les disparitions des femmes et fi lles autochtones sont six fois plus courantes que dans la population gĂ©nĂ©rale. En cause, les violences commises contre les peuples autochtones, qui ont engendrĂ© non seulement dĂ©tresse et pauvretĂ©, mais font aussi que les filles et les femmes autochtones sont considĂ©rĂ©es comme infĂ©rieures.
Sur la ligne de départ Quand Theland commença à courir vers Kitigan Zibi, il avait onze ans.
â Jâai mis un pied devant lâautre, comme Tante Bridget me lâa dit.
Plusieurs personnes se joignirent à la course de Theland. Ils parlaient des réu-
â Un pow-wow permet aux gens dâaller mieux, explique Theland. Il danse aux pow-wows depuis quâil sait marcher. Un pow-wow rassemble les amis et la famille autour dâun repas et de pratiques traditionnelles : musique, danse, artisanat et cĂ©rĂ©monies de guĂ©rison .
Les pow-wows ont longtemps été interdits par le gouvernement, qui cherchait à éliminer la culture autochtone. Depuis le renouveau du combat pour les droits des peuples autochtones dans les années 1960, le pow-wow est un moyen de demander justice et de renforcer la culture. Les personnes non autochtones sont presque toujours les bienvenues dans un pow-wow, à condition de faire preuve de respect.
Pour voir Theland danser et bien plus encore, rendez-vous sur Instagram et Tiktok @the_landk
Quand il était petit, un aßné a appris à Theland à danser.
nions consacrĂ©es aux fi lles disparues et assassinĂ©es, notamment Maisy et Shannon. Les gens promirent de diff user ces informations et certains coururent quelques kilomĂštres avec Theland. Afin de pouvoir finir la course, il faut sâarrĂȘter de courir lorsque lâon en peut plus.
Le troisiĂšme jour, Theland avait trĂšs mal au ventre.
â CâĂ©tait horrible, moi je voulais courir. Les autres mâont dit de me reposer, ils prendraient le relais. Le lendemain, je pouvais courir Ă nouveau !
Au bout de six jours, Theland est enfin arrivé à Kitigan Zibi.
â Je ne mâattendais pas Ă ce quâune foule de gens mâencourage sur les derniers kilomĂštres avant la maison Tante Bridget. Ils avaient organisĂ©
une grande fĂȘte. Jâai eu lâimpression dâavoir gagnĂ© une mĂ©daille dâor aux Jeux olympiques ! CâĂ©tait puissant de voir tant de gens en faveur de la justice pour les victimes et leur famille.
Pas Ă pas Depuis, Theland continue chaque annĂ©e de courir pour les fi lles disparues et assassinĂ©es. Il sensibilise les gens aux injustices commises aujourdâhui comme par le passĂ©, tout en perpĂ©tuant les pratiques culturelles, comme lorsquâil danse ou tresse ses cheveux sur Instagram, oĂč 100 000 abonnĂ©s le suivent.
â Câest un moyen de rendre ce que lâon mâa donnĂ©, explique Theland. c
Cindy Blackstock et son organisation First Nation Caring Society ont rĂ©alisĂ© plusieurs films et livres sur lâours esprit Spirit Bear. Dans les films, câest Theland qui prĂȘte sa voix Ă lâours esprit ! â Cindy est un grand modĂšle pour moi. Elle a donnĂ© Ă tant de gens une voix pour se faire entendre, ce qui a allumĂ© un feu en moi et chez dâautres. Si elle lâa fait, je peux le faire aussi !
Theland avec ses parents Elaine et Vince, survivants de la rafle des annĂ©es 1960 oĂč les enfants autochtones Ă©taient enlevĂ©s Ă leur famille.
Theland a toujours accompagné sa mÚre aux manifestations et réunions. Les voilà au Parlement du Canada, il y a plusieurs années ! Elaine, sa mÚre, a été enlevée à ses parents et a grandi dans une famille qui ne connaissait rien à sa culture.
â Je suis lâun des premiers de ma famille Ă pouvoir grandir auprĂšs de mes parents dans un foyer sĂ»r, dit Theland.
â Je suis heureux dâavoir une belle Ă©cole lĂ oĂč jâhabite, dit Wade, quatorze ans. Dans beaucoup dâautres rĂ©serves, il faut rouler longtemps pour faire ses courses ou aller au lycĂ©e.
Un jour que Wade arrivait Ă lâĂ©cole, on a annoncĂ© aux Ă©lĂšves quâils ne devaient pas sortir : des ours avaient Ă©tĂ© aperçus Ă proximitĂ©.
â Un ours Ă©tait assis dans un arbre chez nos voisins, raconte son copain Odeshkan, treize ans. CâĂ©tait horrible, jâavais peur pour mes chiens.
MalgrĂ© la prĂ©sence des ours, Wade et Odeshkan aiment vivre prĂšs de la nature, oĂč ils pĂȘchent et chassent.
â Lâhiver, quand le lac gĂšle, on peut patiner et jouer au hockey dessus, dit Wade.
Wade et Odeshkan adorent le hockey sur glace, le sport national du Canada. Wade veut devenir joueur professionnel ou coach privé. Odeshkan, qui a déjà joué dans plusieurs fi lms, se voit acteur ou politicien.
DĂ©cider par soi-mĂȘme Les garçons appartiennent Ă la PremiĂšre Nation Kitigan Zibi Anishinabeg, qui gouverne sa rĂ©serve : ce sont le chef et le conseil tribal qui prennent les dĂ©cisions.
â Ă lâĂ©cole, en plus des matiĂšres habituelles, on Ă©tudie notre culture et notre langue, explique Wade.
Autour de lâĂ©cole poussent des plantes et des arbres aux propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales. Deux de ses arriĂšre-grands-parents maternels, Barbara et Morris, ont appris Ă Wade Ă les reconnaĂźtre.
â Avec eux, jâai appris Ă parler algonquin et Ă pratiquer nos cĂ©rĂ©monies. Beaucoup
dâaĂźnĂ©s font brĂ»ler du cĂšdre, de la sauge ou du tabac pour se purifier avec la fumĂ©e.
Lorsque la famille dâOdeshkan part chasser, ils dĂ©posent toujours un peu de tabac sur le sol et prient pour une bonne chasse.
â Notre tradition veut que tout et tous soient traitĂ©s avec amour et respect.
â Nous remercions la nature et lâanimal qui nous nourrit, explique Wade.
Un savoir perdu
De nombreux enfants de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dant celle de Wade et dâOdeshkan ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en pensionnat.
â Le but de ces Ă©coles Ă©tait
de « tuer lâIndien dans chaque enfant », dit Wade. Lorsque nos aĂźnĂ©s sont rentrĂ©s chez eux, ils ne pouvaient mĂȘme plus communiquer avec leurs parents. Ă leur place, je me serais senti complĂštement perdu. Certains dâentre eux me disent dâoublier ça, que câĂ©tait il y a longtemps. Mais je ne compte pas oublier. Je leur suis reconnaissant dâavoir survĂ©cu, sinon je nâexisterais pas.
â Je ne comprends pas comment ils ont pu faire ça Ă des enfants, dit Odeshkan. Tous les Canadiens devraient apprendre lâhistoire des PremiĂšres Nations. Si on arrive Ă coopĂ©rer, on crĂ©era un futur meilleur. Je suis tellement fier que notre peuple ait rĂ©ussi Ă conserver sa culture et sa langue. Nous sommes toujours lĂ ! c
Les aßnés apprennent aux enfants la médecine naturelle.
Danse et tambour
â Jâaime danser et jouer du tambour, et je saisis chaque occasion de valoriser notre culture, raconte Odeshkan.
Lors des journĂ©es de la culture de lâĂ©cole de Kikinamadinan, les aĂźnĂ©s viennent prĂ©senter leur histoire et leurs pratiques, par exemple comment prĂ©parer la peau dâun orignal. Les Ă©lĂšves partagent leurs expĂ©riences en matiĂšre de chasse, pĂȘche, artisanat et nourriture traditionnelle, et apprennent Ă chanter, danser et jouer du tambour.
Gemma a fabriqué ce petit sac en cuir pour ramasser des herbes et plantes médicinales.
Le vieux sac en cuir de Zoe, possĂšde une poche cachĂ©e dont seuls les initiĂ©s connaissent lâexistence !
Chaque année, le 30 septembre, Cindy et tous les activistes luttant pour les droits des peuples autochtones observent la Journée du chandail orange.
Les enfants Kitigan Zibi commĂ©morent les enfants envoyĂ©s en pensionnat en formant un cercle sacrĂ© autour dâun mĂ©morial, oĂč sont enterrĂ©es les centaines de chaussures dâenfants auparavant dĂ©posĂ©es devant le Parlement du Canada.
La JournĂ©e du chandail orange fait suite au tĂ©moignage de Phyllis Webstad, une survivante des pensionnats, oĂč elle a Ă©tĂ© envoyĂ©e Ă lâĂąge de six ans. Phyllis Ă©tait fiĂšre du nouveau chandail orange que sa grand-mĂšre lui avait oïŹert pour porter Ă lâĂ©cole. Mais dĂšs quâelle est arrivĂ©e au pensionnat, on lui a confisquĂ© ce chandail pour ne jamais lui rendre.
â Depuis, la couleur orange me rappelle toujours cette impression de nâavoir aucune valeur et que mes sentiments ne comptaient pas, explique Phyllis. Lors de cette journĂ©e, les danses, chants et cĂ©rĂ©monies permettent aux survivants des pensionnats de panser leurs plaies. Notre message est que Chaque enfant compte.
Comment prĂ©parer correctement la peau dâun orignal ?
Un canoĂ« classique des PremiĂšres Nations est suspendu au mur de lâĂ©cole.
On a interdit Ă Phyllis de porter son nouveau chandail.
Minh TĂș est nominĂ©e pour son combat de prĂšs de 40 ans en faveur des orphelins et des enfants qui ne peuvent pas grandir avec leur famille.
LE DĂFI
Au Vietnam, les gens souïŹrent encore des consĂ©quences de plusieurs dĂ©cennies dâune guerre. Beaucoup de gens ont perdu tout ce quâils possĂ©daient, ont Ă©tĂ© blessĂ©s ou sont tombĂ©s malades Ă cause des bombes et des armes chimiques. Minh TĂș a grandi pendant la guerre et a vu comment la violence a causĂ© une grande pauvretĂ©, la famine et des millions dâorphelins. Aujourdâhui, ce sont la pauvretĂ©, les inondations, les accidents, et les dĂ©cisions parentales qui font que les enfants se retrouvent orphelins ou abandonnĂ©s.
LE TRAVAIL
Minh TĂș soutient les enfants vivant Ă la pagode Duc Son et assure leur sĂ©curitĂ©, leur donne de lâamour, des mĂ©dicaments et leur permet de jouer. Beaucoup dâentre eux ont besoin dâaide pour obtenir un acte de naissance et un nom afin de pouvoir aller Ă lâĂ©cole. Ils reçoivent du matĂ©riel scolaire, des uniformes et une aide pour accĂ©der Ă des Ă©tudes supĂ©rieures. Les enfants prĂ©sentant des handicaps reçoivent un soutien particulier. Lorsque cela est possible, on aide les enfants Ă retourner dans leur famille. Minh TĂș veut que tous les enfants apprennent Ă se respecter et Ă ĂȘtre eux-mĂȘmes.
RĂSULTAT & VISION
Depuis 40 ans, le personnel de la pagode Duc Son prend soin de 150 Ă 250 enfants par an. Tout le monde peut rester jusquâĂ ce quâil soit adulte et puisse se dĂ©brouiller seul. Les enfants y sont considĂ©rĂ©s comme des plantes qui, avec du soleil et de lâeau tous les jours, peuvent devenir des arbres fournissant de lâombre et de la nourriture aux autres et inversement.
â Les enfants sont mes plantes, auxquelles je donne du soleil et de lâeau chaque jour, afin quâelles puissent grandir et devenir des arbres qui fournissent de lâombre et de la nourriture aux autres. Jâai plus de 70 ans, mais je me sens toujours comme une enfant. Câest probablement ce pourquoi je les aime tant, dit Minh TĂș. Les terribles expĂ©riences de la guerre du Vietnam lâont amenĂ©e Ă devenir nonne bouddhiste et Ă consacrer sa vie Ă aider les enfants vulnĂ©rables.
Minh TĂș a grandi pendant une guerre au Vietnam qui a durĂ© plusieurs dĂ©cennies. Avant cela, beaucoup au Nord-Vietnam avaient combattu prĂšs de dix ans contre la France. Ensuite, le pays a Ă©tĂ© divisĂ© en Nord-Vietnam et Sud-Vietnam et une guerre qui a durĂ© 20 ans a commencĂ© lors de laquelle les Ătats-Unis ont aidĂ© le Sud-Vietnam.
La guerre a été remportée par les Nord-Vietnamiens.
Devenir nonne
Une semaine sur deux, la famille de Minh TĂș se rendait dans un monastĂšre bouddhiste, une pagode, et priait. Minh TĂș aimait la paix qui y rĂ©gnait. Ailleurs, tout le monde parlait de la guerre.
Un jour, Minh TĂș a dit Ă ses parents quâelle voulait devenir nonne.
â Non, tu ne peux pas, a dit son pĂšre.
â Pourquoi pas, jâaime tellement ĂȘtre lĂ , a dit Minh TĂș.
â Tu sais quâil faut beaucoup Ă©tudier pour devenir nonne, a dit maman.
â Oui, mais jâaime Ă©tudier, a dit Minh TĂș.
Elle a continuĂ© Ă en parler et Ă Ă©tudier beaucoup Ă la maison. JusquâĂ ce que ses parents lui disent quâelle devait quitter lâĂ©cole parce
Minh TĂș contribue en tant quâActrice du Changement Ă la rĂ©alisation des Droits de lâEnfant et Ă atteindre les objectifs mondiaux tels que : Objectif 2 : Ăliminer la faim. Objectif 3 : Bonne santĂ© et bien-ĂȘtre, Objectif 4 : Bonne Ă©ducation. Objectif 10 : ĂgalitĂ© des droits.
quâelle ne faisait rien dâautre quâĂ©tudier.
Minh TĂș nâa pas abandonnĂ©. Elle a empruntĂ© des livres et a continuĂ© Ă lire et Ă Ă©tudier Ă la maison.
Alors sa mĂšre a dit quâelle pourrait reprendre lâĂ©cole.
â Ton pĂšre et moi voulions ĂȘtre sĂ»rs que tu Ă©tais sĂ©rieuse, a dit maman.
Minh TĂș Ă©tait si heureuse. Elle a aurait fait nâimporte quoi pour devenir nonne. Peu aprĂšs, ses deux sĆurs cadettes lui ont dit quâelles aussi voulaient devenir nonne.
La guerre se rapprochait de plus en plus de HuĂ©, la ville natale de Minh TĂș, qui se trouvait juste Ă la frontiĂšre entre le Nord et le Sud du Vietnam. Lorsque, le 31 janvier 1968, les combats pour la prise de la ville ont commencĂ©, Minh TĂș, qui avait alors 21 ans, sâest portĂ©e volontaire pour aider les blessĂ©s et autres victimes. Elle a appris Ă soigner et Ă parler Ă ceux qui avaient perdu leur famille.
à la fin des combats, le 3 mars 1968, la ville de Hué était en ruines. Des dizaines de milliers de personnes ont été
tuées et de nombreux enfants ont perdu leurs parents.
LâannĂ©e suivante, Minh TĂș a rĂ©ussi lâexamen pour devenir nonne. Elle a Ă©tĂ© placĂ©e dans lâune des plus grandes pagodes de la ville, situĂ©e en pĂ©riphĂ©rie de celle-ci. Lâune de ses premiĂšres tĂąches a Ă©tĂ© dâaider Ă prendre soin des centaines dâenfants vivant dans lâorphelinat de la pagode qui avaient perdu leurs parents pendant les combats. En dehors de la pagode, la guerre continuait et elle a durĂ© six ans.
Les nonnes apportaient leur aide lâhĂŽpital de la ville et rendaient visite aux habitants des quartiers et des villages bom-
âą Accueille les enfants orphelins et les enfants dont les parents sont incapables de sâoccuper.
âą Donne aux enfants de lâamour, de la nourriture, des vĂȘtements, des mĂ©dicaments et la possibilitĂ© de jouer.
âą Sâassure que les enfants reçoivent des actes de naissance, un nom et la possibilitĂ© de commencer lâĂ©cole.
⹠Aide les enfants présentant des handicaps à obtenir les aides et le soutien dont ils ont besoin.
âą Paye la scolaritĂ© des enfants jusquâĂ la fin de lâuniversitĂ©.
âą Donne aux enfants des fournitures et des uniformes scolaires.
âą Apprend Ă tous les enfants Ă nager.
âą AchĂšte une moto pour les enfants qui doivent se rendre au travail ou Ă lâuniversitĂ© loin de la pagode.
âą Aide les enfants dont les parents ont disparu Ă essayer de les retrouver.
bardĂ©s. Elles leur apportaient de la nourriture, de lâeau et les soins mĂ©dicaux. Elles aidaient les personnes qui fuyaient les combats. Beaucoup de gens avaient tout perdu. Minh TĂș priait chaque jour pour que la guerre se termine. Elle ne voulait plus voir de guerre ni de misĂšre.
Fin de la guerre
à la fin de la guerre en 1975, le pays a été réuni. Il y avait encore beaucoup de bombes et de mines dans les champs et les riziÚres. De nombreux agriculteurs et enfants ont été tués ou griÚvement blessés par les explosions.
Pendant la guerre, les ĂtatsUnis avaient pulvĂ©risĂ© de grandes parties du pays avec un poison vĂ©gĂ©tal appelĂ© Agent Orange. Le poison a
Beaucoup dâenfants qui viennent Ă la pagode et Ă lâorphelinat Duc Son nâont pas de nom. Lorsque les nonnes demandent des certificats de naissance et des documents dâidentitĂ© auprĂšs des autoritĂ©s locales, elles nomment les enfants dâaprĂšs le caractĂšre de chaque enfant. Par exemple, Thien signifie âbonne personneâ. Comme nom de famille, on donne aux filles le nom de Kieu et aux garçons celui de Cu.
rendu de nombreuses personnes malades et beaucoup en sont mortes. Des enfants sont nés avec de graves malformations à cause du poison, trÚs longtemps aprÚs la fin de la guerre.
Pour Minh TĂș, la fin de la guerre signifiait quâelle devait dĂ©mĂ©nager. La nonne en chef de sa pagode voulait que Minh TĂș suive ses traces.
â Il est temps pour toi de diriger dâautres nonnes dans une autre pagode, a dit la nonne en chef.
â Avec plaisir, je veux continuer le travail que nous avons fait ici, a dit Minh TĂș.
Câest ainsi que Minh TĂș est arrivĂ©e Ă la pagode Duc Son, au sud de la ville de HuĂ©. Au cours des premiĂšres annĂ©es, Minh TĂș a travaillĂ© avec les nonnes de Duc Son en rendant visite aux pauvres des villages environnants. Les nonnes donnaient aux villageois de la nourriture et des mĂ©dicaments. Elles ont aidĂ© les agriculteurs blessĂ©s par les explosions des bombes dans les champs et lorsque la grande
riviÚre des Parfums a été inondée, les nonnes ont soutenu ceux qui avaient perdu leurs maisons et leurs récoltes.
Minh TĂș avait souvent faim parce quâelle donnait presque tout ce quâelle avait Ă dâautres qui, selon elle, avaient plus besoin de nourriture et dâargent quâelle. La nouvelle de Le bouddhisme a Ă©tĂ© fondĂ© il y a 2 500 ans par Siddharta Gautama, qui Ă©tait le fils dâune riche famille princiĂšre en Inde. Bouddha signifie âcelui qui est Ă©veillĂ©â. Câest un titre que Siddharta a obtenu aprĂšs avoir luimĂȘme commencĂ© Ă dire ce quâil considĂ©rait comme la vĂ©ritĂ© sur la vie.
sa gentillesse et de son travail avec les pauvres sâest rĂ©pandue.
Lâorphelinat ouvre Ă la pagode oĂč vivait Minh TĂș, lâorphelinat avait Ă©tĂ© fermĂ©. Le gouvernement vietnamien avait dĂ©clarĂ© quâil nây avait pas besoin dâun orphelinat, lâavait dĂ©moli et avait construit une Ă©cole.
Dans la campagne, Minh TĂș rencontrait encore de nombreux orphelins. Parfois, les parents des enfants lui demandaient de sâoccuper de leurs enfants.
â Ce nâest pas possible, nous nâavons rien Ă leur donner, rĂ©pondait Minh TĂș.
Mais trĂšs vite, elle avait senti quâelle ne pouvait plus leur dire
qui fait quâune personne ne peut ĂȘtre libre avant de sâĂȘtre libĂ©rĂ©e de toutes les exigences et de tous les dĂ©sirs.
Selon le Bouddha, la vie est une longue souffrance. Nous, les humains, ne sommes jamais satisfaits. Nous nous eïŹorçons constamment dâobtenir plus. Ce
Bouddha a créé un ordre de moines et un ordre de nonnes. Les personnes qui deviennent moines ou nonnes dans le bouddhisme sont considĂ©rĂ©es comme ayant parcouru un long chemin dans la poursuite de lâharmonie et de la libĂ©ration de la soif de vouloir plus.
Les moines et les nonnes vivent dans la pauvretĂ© volontaire et ont promis de ne jamais se marier ni dâavoir dâenfants. Ils vivent de dons et
de la gĂ©nĂ©rositĂ© des autres. Câest un devoir religieux dans le bouddhisme de donner de la nourriture et des cadeaux aux moines et aux nonnes. Dans les monastĂšres, ou pagodes, les moines et les nonnes passent beaucoup de temps Ă Ă©tudier, enseigner et mĂ©diter. En raison de leur style de vie, les moines et les nonnes sont des modĂšles pour tous ceux qui vivent dans une sociĂ©tĂ© bouddhiste.
non. Elle aimait les enfants et pleurait intĂ©rieurement quand elle voyait des enfants qui nâĂ©taient pas nourris, devaient travailler ou nâallaient pas Ă lâĂ©cole.
â Nous devons ouvrir un orphelinat, a-t-elle dit finalement Ă ses nonnes dans la pagode.
â Nous ferons comme mon instructrice dans la pagode oĂč jâĂ©tais avant. Nous devons donner de lâamour Ă ces enfants. Jâaimerais quâils aient tous des parents, mais malheureusement ils nâen ont plus et nous ferons ce que nous pouvons pour eux, a dĂ©clarĂ© Minh TĂș.
Sois toi-mĂȘme
La pagode Duc Son accueillait un enfant aprĂšs lâautre. La nouvelle sâest vite rĂ©pandue et de plus en plus dâenfants vivaient dans la pagode. AprĂšs une grande inondation Ă HuĂ© et dans les villages environnants, il y avait 250 enfants dans la pagode. Aujourdâhui, 130 enfants y vivent.
Beaucoup de gens sont venus pour adopter les enfants, mais Minh TĂș a dit non.
â Je veux que les enfants aient la sĂ©curitĂ© et lâamour, quâils aillent Ă lâĂ©cole et quâils aient la chance dâaller Ă lâuniversitĂ©. Ils doivent apprendre Ă se respecter, Ă vivre en paix et Ă ĂȘtre eux-mĂȘmes en Ă©coutant leur cĆur.
Certains des premiers enfants qui sont arrivĂ©s Ă la pagode sont maintenant adultes. Ils ont des emplois et sont allĂ©s Ă lâuniversitĂ©. Ils reviennent toujours pour rendre visite, ils savent quâils doivent remercier Minh TĂș pour tout.
â Les enfants sont mes plantes, auxquelles je donne du soleil et de lâeau chaque jour, afin quâelles puissent grandir et devenir des arbres qui fournissent de lâombre et de la nourriture aux autres. Je me sens comme un enfant moi-mĂȘme. Câest probablement pour cela que je les aime tant, dit Minh TĂș. c
Ă lâarriĂšre de la pagode, un chemin pavĂ© court entre les maisons, les bambous, les buissons et les palmiers. Sur le petit pont dâun ruisseau, tout le monde sâarrĂȘte. â Voici notre champignonniĂšre, dit Minh TĂș en dĂ©signant un entrepĂŽt de tĂŽles un peu en amont du chemin. La culture des champignons fournit de la nourriture aux enfants et aux nonnes. Comme toutes les cultures du jardin de la pagode. En contrebas dâune colline, un grand jardin sâĂ©tend. Les enfants y viennent au moins une fois par semaine pour sâinitier Ă la plantation et aux diïŹĂ©rentes plantes. De la coriandre, du gingembre, de la laitue, de la calebasse, des concombres, de la menthe et bien dâautres plantes poussent ici. Les enfants dĂ©sherbent, arrosent et aident Ă rĂ©colter. La rĂ©colte est utilisĂ©e dans la cuisine de la pagode, mais une grande partie est Ă©galement vendue, ou les herbes et les lĂ©gumes sont utilisĂ©s pour les dĂ©jeuners que la pagode vend aux groupes de touristes de passage. Ă cĂŽtĂ© de la pagode se trouve lâune des tombes des anciens empereurs, Thieu Tri, et de nombreux touristes veulent visiter la tombe. Ensuite, ils peuvent dĂ©jeuner dans la pagode.
â Nous avons reçu le jardin en cadeau dâune famille. Ici, les enfants peuvent se nourrir, apprendre les diïŹĂ©rentes cultures et nous pouvons vendre un peu pour acheter dâautres aliments, dit Minh TĂș.
Yen se sent souvent timide, mais lorsquâelle danse ou pratique le karatĂ©, elle se sent confiante et forte. Sa grand-mĂšre lâa amenĂ©e Ă Minh TĂș lorsque son pĂšre a quittĂ© la famille et que sa mĂšre Ă©tait trop malade et pauvre pour sâoccuper dâelle.
YEN, 15
VEUT ĂTRE : ChorĂ©graphe
AIME : Danser
NâAIME PAS : Nettoyer et faire la vaisselle
MATIĂRE PRĂFĂRĂE Ă LâĂCOLE : Musique
IDOLES : artistes sud-coréens de la K-pop
Il faut beaucoup de temps pour choisir la musique. Yen discute avec ses amies Nga et Phouc pour savoir quelle pop star sud-corĂ©enne est vraiment la meilleure. Finalement, elles tombent dâaccord pour une musique vietnamienne plus classique et commencent Ă danser la danse du chapeau aux rythmes de la musique tout en dĂ©plaçant leurs chapeaux selon un schĂ©ma particulier.
Au-dessus des lits de Yen et de ses amies sont accrochĂ©es des affiches de pop stars sud-corĂ©ennes. Ă lâintĂ©rieur de lâarmoire de Yen, apparaissent Ă©galement les visages de certains musiciens cĂ©lĂšbres.
Câest ici dans le monde de la musique et de la danse que Yen se tourne lorsquâelle veut sâĂ©vader du quotidien. Elle vit Ă lâorphelinat de la pagode Duc Son depuis lâĂąge de sept ans. Elle aime les nonnes et ses amis, mais rĂȘve souvent dâune vie ailleurs.
CâĂ©tait un jour triste lorsque Yen est arrivĂ©e pour la premiĂšre fois Ă la pagode. Son pĂšre avait disparu et sa mĂšre Vinh souf-
Yen et ses amies ainsi que Minh TĂș et dâautres nonnes qui les ont aidĂ©es Ă se faire belles avant de danser devant les autres enfants.
frait dâune grave maladie mentale. Alors grand-mĂšre avait pris soin de Yen. La famille Ă©tait pauvre et sâoccuper Ă la fois de leur fi lle et de leur petite-fi lle Ă©tait difficile, pensait grand-mĂšre. Elle a pris Yen par la main et sâest rendue Ă la pagode Duc Son. LĂ , elle a demandĂ© Ă Minh TĂș de sâoccuper de Yen.
Rencontre avec la danse â CâĂ©tait difficile. JâĂ©tais triste, mais les nonnes Ă©taient gentilles et je me suis vite fait beaucoup dâamis, dit Yen. Elle allait commencer lâĂ©cole. CâĂ©tait excitant, mais eff rayant avec tous ces nouveaux visages.
â Tu veux danser ? lui a demandĂ© une nonne.
â Je peux essayer, a rĂ©pondu Yen.
Les nonnes ont aidĂ© Yen et ses amies Ă se coiffer avec de jolies coiff ures et Ă se maquiller pour quâelles ressemblent Ă des poupĂ©es. Elles ont mis des robes de soie fine. Lorsque la musique a commencĂ©, Yen nâa plus pu se retenir. Elle sâest mise Ă danser. Elle regardait les nonnes qui montraient comment se dĂ©placer au rythme de la musique.
Puis les fi lles ont pu se produire devant les autres enfants. CâĂ©tait excitant et
bouleversant. Mais dĂšs que la musique a commencĂ©, Yen nâa plus vu le public. Elle a juste entendu la musique et a suivi les pas de danse quâelle avait appris.
â Je me sens libre. La foule ne me dĂ©range pas, a dit Yen. Elle a expliquĂ© aux nonnes quâelle aimait beaucoup danser. Elle dansait chaque semaine avec ses amis. Elle rĂȘvait dâentrer Ă lâacadĂ©mie de danse et de devenir chorĂ©graphe.
Voir maman
La mĂšre et la grand-mĂšre de Yen lui manquaient beaucoup. Elle savait quâelles Ă©taient quelque part Ă lâextĂ©rieur de la pagode.
â Jâaimerais rencontrer ma grand-mĂšre et ma mĂšre, a dit un jour Yen Ă Minh TĂș.
â Je comprends cela, dit Minh TĂș. Nous pouvons nous organiser pour que tu puisses les rencontrer chaque annĂ©e Ă Nouvel An.
Elle a expliquĂ© Ă Yen que la chose la plus importante de toutes est quâelle aille Ă lâĂ©cole. Chez grand-mĂšre et maman, Yen nâĂ©tait pas sĂ»re de pouvoir le faire.
â Elles nâont pas beaucoup dâargent parce quâelles ne peuvent pas travailler, a dit Minh TĂș.
Yen comprenait, mais elle Ă©tait heureuse de pouvoir voir sa mĂšre et sa grand-mĂšre. Beaucoup dâautres enfants de lâorphelinat nâavaient pas de
parents du tout. Mais elle en avait, elle, mĂȘme sâils Ă©taient malades et pauvres.
Lorsque Yen a pu sortir et rendre visite Ă sa famille, elle a pu voir autre chose que la pagode. Elle a pu voir lâancienne ville de HuĂ©. CâĂ©tait grand avec beaucoup de gens et de magasins.
En grandissant, Yen a commencĂ© Ă rĂȘver de plus en plus de partir. Elle sâest mise Ă peindre et Ă pratiquer le karatĂ©, quand elle ne dansait pas.
Ă lâaventure
Ă lâĂ©cole, il y avait plusieurs camarades de classe qui vivaient Ă HuĂ© avec leurs familles. Ils parlaient tou-
jours de fĂȘtes et de la façon dont ils faisaient leurs courses le week-end. Cela semblait excitant. Un jour, une amie Ă lâĂ©cole a demandĂ© si Yen et dâautres fi lles se joindraient Ă elles.
â Câest facile. Dâanciennes Ă©lĂšves nous ont dit comment ça se passe, a dit lâune des amies de Yen Ă la pagode.
AprĂšs le dĂźner ce jour-lĂ , Yen a aidĂ© Ă coucher les plus petits. Elle a fait ses devoirs. Puis avec ses amies, elle sâest prĂ©parĂ©e pour aller se coucher.
AprĂšs lâextension des lumiĂšres et aprĂšs que les
nonnes se soient couchĂ©es, Yen et ses amies se sont levĂ©es. Elles Ă©taient dix. Elles se sont changĂ©es et sont discrĂštement sorties en se glissant par la porte dâentrĂ©e. Elles avaient organisĂ© le transport au bas de la rue et de lĂ elles sont allĂ©es dans un grand centre commercial de HuĂ©. Elles ont traĂźnĂ© avec leurs camarades de classe, ont ri, et parlĂ© de tout en regardant les vitrines. CâĂ©tait excitant de faire quelque chose dâinterdit et une sensation agrĂ©able de sâĂ©loigner de la pagode pendant un moment. Quand elles sont rentrĂ©es Ă
la pagode tard dans la nuit, les nonnes les attendaient. Elles nâĂ©taient pas contentes. Yen et ses amies ont Ă©tĂ© envoyĂ©es au lit immĂ©diatement. Le lendemain, elles ont dĂ» rester longtemps Ă genoux et rĂ©flĂ©chir Ă ce quâelles avaient fait.
â Ăa ne fait rien. Jâaime Minh TĂș et les autres nonnes. Elles sont comme ma famille et je nâai jamais peur quand je suis avec elles. En mĂȘme temps, je veux ĂȘtre indĂ©pendante et faire ce que je veux. Jâai hĂąte de grandir, dit Yen. c
Mai nâavait quâun mois lorsquâelle a perdu ses parents dans la pire tempĂȘte de pluie qui ait frappĂ© le Vietnam en cent ans. Des amis de la famille ont amenĂ© Mai Ă Minh TĂș, qui lâa accueillie avec beaucoup dâamour. Quelques annĂ©es plus tard, son premier rĂȘve dâavenir Ă©tait de faire comme Minh TĂș et dâaider les pauvres.
En quelques jours, le niveau de la grande riviĂšre des Parfums, qui traverse la ville de HuĂ©, sâest Ă©levĂ© de plusieurs mĂštres. Tout le monde a dĂ» fuir la montĂ©e des eaux.
La petite Mai nâa que quelques mois. Son pĂšre a disparu dans les courants dĂ©chaĂźnĂ©s de la riviĂšre, mais sa mĂšre a refusĂ© de croire quâil Ă©tait mort. Elle a confiĂ© Mai Ă des amis pour chercher son pĂšre.
La pluie a continué de tomber pendant plusieurs jours. On aurait dit que cela ne finirait jamais. Quand enfin la pluie a cessé, la mÚre et le pÚre
de Mai nâĂ©taient plus lĂ . Les amis de la famille ont attendu plus dâun mois, mais ils ne sont jamais revenus. Ils se sont demandĂ©s quâils feraient si les parents de la petite fi lle Ă©taient morts.
â Allez chez Minh TĂș Ă la pagode Duc Son, dit lâun dâeux. Elle prend soin des enfants.
Mai rencontre Minh TĂș
Une femme a pris Mai dans ses bras et sâest rendue Ă la pagode, situĂ©e au sud de HuĂ©, Ă 800 mĂštres de la riviĂšre des Parfums.
LâallĂ©e escarpĂ©e et les marches menant Ă la pagode Ă©taient marquĂ©es par les inondations. Lors des pluies les eaux de la riviĂšre des Parfums Ă©taient montĂ©es bien plus haut que les nombreuses et imposantes statues de Bouddha ainsi que des dortoirs des nonnes.
Une petite nonne à lunettes a reçu la femme et Mai.
â Voici une fi lle qui a perdu ses parents dans les inondations, a dit la femme.
ĂĂ n Tranh est le nom vietnamien de la cithare, un instrument oblong en bois Ă 16 cordes en acier, originaire de la Chine du XIIIe siĂšcle. La cithare vietnamienne est faite avec le bois de lâarbre empereur. On la joue en appuyant sur les cordes avec la main gauche et en les frappant de la main droite, comme avec une guitare. Les musiciens ont souvent une sorte de plectre en acier, en plastique ou en Ă©caille de tortue quâils peuvent enfiler sur les doigts de leur main droite. Des instruments similaires se trouvent Ă©galement en Chine, en Mongolie, au Japon et en CorĂ©e du Nord et du Sud.
VEUT : Retrouver mes parents. Ils ont été emportés par le fleuve.
FAIT SOUVENT : Aider Ă sâoccuper des plus petits
VEUT ĂTRE : Musicienne
Le meilleur : La musique
LE PIRE : Ne pas pouvoir jouer de la musique
â Ne vous inquiĂ©tez pas, a dit la nonne, qui avait dit quâelle sâappelait Minh TĂș. CâĂ©tait elle qui dĂ©cidait dans la pagode. Les nonnes sâoccupaient dĂ©jĂ de nombreux autres orphelins.
â Connaissez-vous le nom de la fi lle ? A demandĂ© Minh Tu.
â Elle sâappelle Mai, a rĂ©pondu la femme.
AprĂšs avoir signĂ© un papier, elle sâest retournĂ©e et elle est partie. Debout Ă lâentrĂ©e, il nây avait que Minh TĂș avec un petit garçon qui allait, lui aussi, grandir Ă lâorphelinat de la pagode.
Aider les pauvres Mai sâest rapidement habituĂ©e Ă la vie Ă lâorphelinat. Les enfants plus ĂągĂ©es aidaient les nonnes Ă prendre soin dâelle et des autres enfants plus petits.
Quand elle a commencĂ© lâĂ©cole, Mai a aidĂ© elle aussi Ă prendre soin des plus petits. Elle admirait les nonnes et sâinstruisait sur le bouddhisme. TrĂšs vite, elle sâest occupĂ©e de dans la section des tout-petits. Elle voulait comme les nonnes ĂȘtre une mĂšre pour les plus petits.
Minh TĂș avait racontĂ© Ă Mai comment elle Ă©tait arrivĂ©e Ă la pagode. Ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă ses parents. Mai pensait que si elle Ă©tait une bonne boudd-
Au dĂ©but, Mai voulait devenir une nonne et aider les pauvres. Maintenant elle veut ĂȘtre musicienne, mais elle aide toujours les nonnes pendant lâheure de la priĂšre.
histe, elle pourrait peut-ĂȘtre retrouver ses parents dans une autre vie.
â Je veux ĂȘtre comme toi Minh TĂș, a dit un jour Mai.
â Que veux-tu dire ? a demandĂ© Minh Tu.
â Nonne, ici au monastĂšre et aider les pauvres, a rĂ©pondu Mai.
Le Vietnam a deux saisons, la saison sĂšche et la saison des pluies. Pendant la pĂ©riode septembre-fĂ©vrier, il pleut beaucoup. Principalement dans la rĂ©gion de HuĂ©, particuliĂšrement exposĂ©e aux fortes tempĂȘtes tropicales. Rien quâentre septembre et dĂ©cembre il tombe plus de deux mĂštres de pluie. Lorsquâil pleut trop, le sol ne peut absorber toute lâeau dâun coup. Ce qui fait que lâeau des riviĂšres et autres cours
Mai et ses camarades de lâorphelinat sont habillĂ©s pour une fĂȘte avec Minh TĂș.
dâeau augmente fortement. En peu de temps, de vastes Ă©tendues de terres peuvent ĂȘtre inondĂ©es. Lors de lâinondation de HuĂ© en novembre 1999, lorsque les parents de Mai ont disparu, la riviĂšre des Parfums est montĂ©e de trois mĂštres en seulement trois jours. Sept provinces autour du fleuve se sont retrouvĂ©es sous plusieurs mĂštres dâeau pendant plusieurs jours. Sept millions de personnes ont Ă©tĂ© touchĂ©es.
Minh TĂș a expliquĂ© que Mai nâavait pas besoin dâĂȘtre nonne.
â Tu sais que tu peux devenir ce que tu veux. Je paierai ta scolaritĂ© et tes Ă©tudes universitaires si tu veux Ă©tudier.
Minh TĂș a dit aussi que si Mai voulait devenir nonne, elle devait Ă©tudier attentivement le bouddhisme. Ce que Mai a fait. Elle aidait les nonnes pendant leurs heures de priĂšre hebdomadaires. Lorsquâelle ne se renseignait pas sur le Bouddha et nâĂ©crivait pas de longs textes en caractĂšres vietnamiens anciens, Mai continuait Ă aller Ă lâĂ©cole et Ă sâoccuper des plus jeunes. Pendant son temps libre, elle dansait et dessinait beaucoup.
De nonne à médecin
Puis Mai a commencĂ© le lycĂ©e. Les camarades de classe qui vivaient Ă la maison avec leurs parents parlaient toujours de ce quâils faisaient pendant leur temps libre. Comment ils se rencontraient, allaient dans les magasins et sâamusaient ensemble. Parfois, ils demandaient Ă Mai si elle voulait se joindre Ă eux, mais ce nâĂ©tait pas si facile dâobtenir la permission de Minh TĂș.
Les amis parlaient de ce quâils auraient Ă©tudiĂ© Ă lâuniversitĂ©. Mai a compris quâen
tant que mĂ©decin, elle pouvait aussi aider les gens. Peut-ĂȘtre quâelle nâavait pas besoin de devenir nonne.
Ă lâĂ©cole, Mai a appris aussi quâil nâest pas nĂ©cessaire de devenir nonne pour retrouver ses parents dans une autre vie. Il Ă©tait possible de croire en une vie aprĂšs la mort mĂȘme si on travaillait comme mĂ©decin ou autre chose.
â Minh TĂș, tu es comme ma mĂšre. Je tâaime toi et les autres nonnes. Tu es si gentille, mais je ne veux plus ĂȘtre nonne. Je veux ĂȘtre mĂ©decin, dit Mai.
â Câest une bonne idĂ©e, dit
Quand Mai est arrivĂ©e Ă la pagode, les enfants plus ĂągĂ©s ont aidĂ© les nonnes Ă sâoccuper dâelle. Maintenant, câest elle qui aide avec les plus jeunes.
Minh TĂș. Si tu Ă©tudies beaucoup et fais lâuniversitĂ©, câest possible.
Un nouveau rĂȘve
Au Vietnam, pour entrer au lycĂ©e, les enfants doivent passer un examen difficile. Ce nâĂ©tait pas un problĂšme pour Mai, mais elle a rĂ©alisĂ© quâil serait difficile dâĂȘtre admise Ă lâĂ©cole de mĂ©decine.
Une autre idĂ©e a germĂ© dans sa tĂȘte. Mai a demandĂ© aux nonnes si elle et les autres
enfants ne pouvaient pas apprendre Ă jouer dâun instrument. Minh TĂș a embauchĂ© un professeur de musique et il sâest vite avĂ©rĂ© que Mai Ă©tait trĂšs douĂ©e pour la cithare.
Aujourdâhui, Mai a un autre rĂȘve. Elle veut Ă©tudier la musique au prestigieux collĂšge dâĂ©tudes musicales de HuĂ©. Pour y entrer, elle doit passer un test difficile pour lequel elle sâentraĂźne assidĂ»ment. c
Dans la pagode Duc Son, beaucoup dâenfants mangent avec des cuillĂšres, mais Mai, les nonnes et la plupart des autres personnes au Vietnam utilisent des baguettes.
On tient les baguettes dâune main Ă lâaide du pouce de lâindex et du majeur soutenus par lâannulaire et lâauriculaire. Il nâest pas poli de pointer quelquâun ou quelque chose avec les baguettes. Elles ne servent quâĂ manger.
La nourriture est souvent servie dans diïŹĂ©rents bols et dans de petites assiettes. On cueille la nourriture avec les baguettes et on la place dans un bol personnel.
Ă Duc Son, on parle souvent de la fois oĂč Minh TĂș a trouvĂ© une fille dans un panier sous lâarbre Ă lâextĂ©rieur de la pagode. Le nom de la fille est Thao, et elle remercie les nonnes pour tout. Aujourdâhui, câest elle qui les aide.
CeâĂ©tait pendant le nouvel an vietnamien que lâon cĂ©lĂšbre pendant trois jours. Le premier jour en famille, le second entre amis et le troisiĂšme jour on cĂ©lĂšbre les enseignants du pays. Les nonnes de la pagode Duc Son reçoivent de nombreux cadeaux de la part des visiteurs. Il sâagit souvent dâenveloppes avec de lâargent, mais aussi de nourriture et de divers cadeaux.
TĂŽt, un matin, Minh TĂș a entendu des cris dâenfant Ă lâextĂ©rieur de la pagode. Elle a regardĂ© par la fenĂȘtre, mais nâa vu personne. Alors elle est sortie. Les cris semblaient provenir du grand arbre. Dans un panier aux pieds de lâarbre il y avait un petit paquet recouvert dâun tissu. Un paquet qui bougeait. Minh
TĂș a dĂ©pliĂ© un morceau de tissu et elle a vu un petit visage et une bouche ouverte. Lâenfant nâĂ©tait pas vieux. Peut-ĂȘtre une semaine, sâest dit Minh TĂș. Il nây avait ni papiers ni aucune lettre dans la corbeille.
Dans le petit orphelinat de la pagode, il y avait des enfants en bas Ăąge dont les nonnes sâoccupaient, mais elles nâavaient jamais eu de nouveau-nĂ©s.
On a appelĂ© la fi lle Thao. Comme il nây avait pas de lait dans la pagode, on lâa nourrie au dĂ©but avec du lait en poudre et de la soupe de riz.
Il faut plus de nourriture Les enfants de la pagode suivaient partout les nonnes. Lorsque Minh TĂș devait sâoccuper de quelque chose, elle emmĂšnerait Thao avec elle.
Thao avait cinq ans lorsque Minh TĂș a dĂ» se rendre Ă Ho Chi Minh-Ville pour suivre un cours de
Thao travaille comme infirmiĂšre, mais chaque week-end, elle rentre Ă la pagode.
bouddhisme. Elles ont pris le train. Sur le chemin du retour, Minh TĂș est tombĂ©e gravement malade.
â Vous devrez vous dĂ©brouiller seules pendant quelque temps a dit Minh TĂș.
â Pas de problĂšme. Reposetoi ! Nous prendrons soin de toi, a dit Thao.
Ensuite câest Thao qui est tombĂ©e malade. Elle avait mal au ventre et Minh TĂș lâa emmenĂ©e Ă lâhĂŽpital.
â Cette fi lle nâa pas eu assez de nourriture, a dit le mĂ©decin. Elle doit rester ici quelque temps.
Minh TĂș a veillĂ© sur Thao jour et nuit Ă lâhĂŽpital. Pendant deux semaines, elle est restĂ©e assise prĂšs de son lit.
Une volontĂ© dâaider
Lorsque Thao a commencĂ© lâĂ©cole, elle a dĂ» quitter Minh TĂș pour la premiĂšre fois. Elle prenait, tous les jours, le bus avec les autres enfants pour aller et revenir de lâĂ©cole.
Lâorphelinat avait grandi. Plus dâenfants y vivaient.
Thao accompagnait souvent Minh TĂș lorsquâelle aidait les pauvres Ă lâextĂ©rieur de la pagode. Maintenant, elle examine toujours les enfants et les nonnes quand elle vient Ă la pagode.
Minh TĂș recevait de plus en plus de cadeaux de la part de personnes venues lui rendre visite. Elle avait reçu des aliments plus nutritifs pour que les enfants puissent grandir et ĂȘtre forts et capables dâaller Ă lâĂ©cole.
Thao avait grandi et dĂšs quâelle avait du temps libre,
elle accompagnait Minh TĂș lorsquâelle allait aider les pauvres Ă lâextĂ©rieur de la pagode. Peu aprĂšs, Thao a dĂ©cidĂ© de travailler dans le domaine de la santĂ©. Elle ne voulait pas seulement pouvoir aider les autres. Elle voulait aussi sâoccuper des nonnes, qui lui avaient tant donnĂ©,
et des petits enfants de lâorphelinat.
AprĂšs le lycĂ©e, Thao est entrĂ©e Ă lâĂ©cole dâinfirmiĂšres. Aujourdâhui, elle travaille Ă lâhĂŽpital de HuĂ©, mais tous les week-ends, elle se rend Ă la pagode. Elle y fait le suivi mĂ©dical des enfants et des nonnes. c
Thao avait sept ans quand deux nouveaux garçons, Trung et Thnong, sont arrivĂ©s Ă lâorphelinat de Duc Son. Ils avaient le mĂȘme Ăąge quâelle et ils Ă©taient jumeaux. Tout au long de lâĂ©cole, ils ont vĂ©cu ensemble dans la pagode, ont jouĂ© et Ă©tudiĂ© ensemble. Quand les jumeaux ont quittĂ© la pagode pour entrer Ă lâuniversitĂ© Thao a commencĂ© les cours pour devenir infirmiĂšre. Plusieurs annĂ©es plus tard, Trung est revenu Ă la pagode. Il voulait inviter Thao, qui Ă©tait Ă©galement lĂ en visite.
Trung a trouvĂ© du travail Ă la pagode. Minh TĂș voulait quâil lance une champignonniĂšre afin que les enfants de lâorphelinat aient plus Ă manger et que les nonnes aient quelque chose Ă vendre au marchĂ©. Aujourdâhui, Trung et Thao sont mariĂ©s et vivent Ă HuĂ©.
Imaginez reprĂ©senter le Vietnam aux Jeux paralympiques. Nhon avait du mal Ă abandonner cette pensĂ©e, mais les grands cris des autres enfants le tirent de sa rĂȘverie. Le volant git par terre Ă cĂŽtĂ© de lui. Il a lâa manquĂ©. Nohn le ramasse et le frappe avec sa raquette de badminton. Le badminton est amusant, mais pas aussi amusant que le football. Et pourtant, il est vrai quâune per-
sonne du ComitĂ© olympique vietnamien avait demandĂ© sâil voulait rejoindre lâĂ©quipe de football du pays pour les jeunes handicapĂ©s. Nhons est nĂ© avec une lĂ©sion cĂ©rĂ©brale.
Espoir dangereux
Les amis crient Ă nouveau. Il voit comment le volant sâĂ©lĂšve dans un large arc au-dessus de lui pour redescendre au-dessus de la balustrade de la cour de lâorphelinat. Nhon
Con peut tenir un volant en lâair pendant longtemps. Il jongle avec et le maintient immobile sur ses genoux et ses orteils. Il ne doit pas toucher le sol et il est interdit dâutiliser les mains.
Le badminton est le sport national du Vietnam. Dans la pagode Duc Son, presque tous les enfants jouent au badminton. Souvent, ils se placent en cercle et se passent le volant entre eux. Le volant est similaire Ă une balle de badminton mais a plus de poids Ă la pointe, ce qui le fait toujours tomber.
Parfois, les enfants sâalignent des deux cĂŽtĂ©s dâune ligne et jouent les uns contre les autres, mais quand les pros jouent, câest sur un terrain de badminton.
Con dit que quand les enfants de la pagode jouent au football, câest sĂ©rieux. Le badminton ressemble plus Ă un jeu. Ils se fĂ©licitent les uns les autres quand quelquâun rĂ©ussit quelque chose ou rient quand quelquâun rate ou trĂ©buche Ă la poursuite du volant.
se précipite et regarde. Le volant se trouve trois mÚtres plus bas.
â Descends et prends-le, criĂšrent les amis. Câest toi qui lâas ratĂ© !
Lorsquâil raconte plus tard Ă lâinfirmiĂšre ce qui sâest passĂ©, il se rend compte que son cerveau lui a jouĂ© des tours. Au lieu de courir vers lâescalier et de descendre, Nhon a sautĂ©. Il a hurlĂ© de douleur alors que son pied cĂ©dait sous lui. Dâabord, les enfants ont applaudi puis ri. Puis ils se sont tus et ont couru chercher les nonnes.
Il nây a pas eu de Jeux Paralympiques pour Nhon. Il sâĂ©tait foulĂ© le pied. Et lâĂ©quipe de football paralympique du Vietnam nâa pas non plus rĂ©ussi Ă se qualifier pour les Jeux. Alors peut-ĂȘtre que lâincident du pied nâa pas jouĂ© un grand rĂŽle.
Fabriquer de lâencens Nhon est assis devant la machine Ă fabriquer de lâencens. â Peux-tu me donner plus de bĂątons, Nhi, demande-t-il Ă une jeune fi lle qui lâaide. Les bons jours, Nhon fabrique mille bĂątons dâencens. Ensuite, il a Ă©galement lâaide du frĂšre aĂźnĂ© de Nhi.
Nhon est grand à cÎté des autres enfants du service pour enfants handicapés de la pagode Duc Son. Plusieurs des plus jeunes enfants sont assis dans une piÚce adjacente et dessinent. Un petit garçon aveugle est aidé par une infirmiÚre.
Entre 1961 et 1971, les Ătats-Unis ont pulvĂ©risĂ© de grandes parties du Vietnam avec le pesticide Agent Orange. Il provoque la perte de feuilles des arbres et des plantes. Les Ătats-Unis voulaient utiliser le poison pour quâil soit plus diïżœicile pour les soldats du NordVietnam de se cacher dans la jungle. Le poison a Ă©galement dĂ©truit les aliments cultivĂ©s dans les champs. Les Ătats-Unis voulaient que les soldats de la partie adverse nâaient rien Ă manger, mais ce sont les civils qui ont Ă©tĂ© les plus durement touchĂ©s. Le nom Agent Orange vient des conteneurs orange dans lesquels le poison Ă©tait stockĂ©. Les Ătats-Unis ont chargĂ© le poison sur leurs hĂ©licoptĂšres et ont survolĂ© les jungles et les champs pour le pulvĂ©riser. LâAgent Orange contient de nombreux poisons diïŹĂ©rents, y compris des substances si dangereuses pour
Ah, si seulement Nhon avait pris lâescalier ! Il aurait alors pu jouer au foot avec lâĂ©quipe de football paralympique du Vietnam ...
Nhon presse une masse brune dans un tube dâacier et actionne un levier pour faire passer lâĂ©troit bĂąton de bois Ă travers le tube dâacier. Lorsque le bĂąton sort de lâautre cĂŽtĂ©, câest un bĂąton dâencens fini, Ă utiliser dans la pagode lorsque les enfants et les nonnes prient le Bouddha. La pagode vend Ă©galement des bĂątons aux personnes qui veulent de lâencens Ă la maison.
Aimé de tous
De nombreux enfants de lâorphelinat de la pagode Doc Son sont orphelins. Mais la mĂšre de Nhon travaille dans la cuisine de la pagode. Elle a aussi un cerveau qui lui joue parfois des tours. Personne ne sait quel genre de variation fonctionnelle elle a. La mĂšre de Nhon vient du nord du Vietnam et les nonnes disent quâelle a Ă©tĂ© affectĂ©e par le poison vĂ©gĂ©tal, lâagent orange, que les soldats amĂ©ricains ont pulvĂ©risĂ© sur le nord du
Vietnam pendant la guerre. La mĂšre de Nhon vivait dans la rue et mendiait lorsquâelle est tombĂ©e enceinte. Elle a rencontrĂ© une femme qui lui a dit quâelle devrait chez la nonne Minh TĂș, dans la pagode Duc Son Ă HuĂ©. Peu de temps aprĂšs, Nhon est nĂ© dans lâorphelinat de la pagode. Il a hĂ©ritĂ© des dĂ©fis de sa mĂšre. Nhon a eu des difficultĂ©s pour apprendre Ă parler, Ă lire et Ă Ă©crire. Il se mettait facilement en colĂšre et des crises et avait du mal Ă contrĂŽler les mouvements de son corps. Mais avec le soutien et l'aide des religieuses et des autres enfants, Nhon s'est calmĂ© et se sent dĂ©sormais mieux.
Nhon est apprĂ©ciĂ© de tous dans la pagode. Il aide les enfants plus petits et fait le mĂ©nage pendant que les autres enfants sont Ă lâĂ©cole. Quand les enfants sont de retour, ils jouent au football avec Nhon. c
lâhomme que peu dâautres poisons dans le monde peuvent y ĂȘtre comparĂ©s. Personne ne sait combien de poison a Ă©tĂ© pulvĂ©risĂ© sur le Vietnam, mais environ 100 millions de litres. Entre 3 et 4,8 millions de personnes pourraient avoir Ă©tĂ© touchĂ©es par le poison. PrĂšs dâun demi-million dâenfants sont nĂ©s avec des diïŹormitĂ©s et des handicaps. Aujourdâhui, le poison est interdit.
Avec de lâaide, Nhon peut fabriquer mille bĂątonnets dâencens en une journĂ©e. Dans le bouddhisme, il est de coutume dâallumer de lâencens lors de la priĂšre, en guise de cadeau au Bouddha. Lâencens dĂ©gage une forte odeur selon les herbes utilisĂ©es lors de sa fabrication.
Vote mondial âą Ma Voix pour le Changement âą Autour du globe pour les droits et le Changement
Il est temps de prĂ©parer tout le nĂ©cessaire pour la JournĂ©e des Acteurs du changement. Pour le Vote mondial, il faut fabriquer un registre, des urnes et des isoloirs, et Ă©crire des discours et rĂ©aliser des pancartes pour les deux autres Ă©vĂ©nements. Nâoubliez pas dâinviter, su isamment tĂŽt, vos familles, les politiques et les mĂ©dias Ă la JournĂ©e des Acteurs du changement !
Pour le Vote mondial, il faut :
Un registre
Des isoloirs
Pas de fraude !
Toutes les personnes ayant le droit de voter doivent ĂȘtre inscrites sur une liste et cochĂ©es une par une lorsquâelles reçoivent leur bulletin de vote.
Des urnes
Toutes les idĂ©es sont les bienvenues. Des bocaux vides, des boĂźtes en carton ou des jarres, peints aux couleurs du PEM, peuvent faire o ice dâurnes, mais une maison ou un bateau aussi, pourquoi pas ?
Les isoloirs du PEM sont gĂ©nĂ©ralement originaux, et rĂ©alisĂ©s en tiges de maĂŻs, en bambou ou en tissu par exemple. On peut aussi emprunter les isoloirs des Ă©lections o icielles. Lâimportant est de garantir le secret du vote, pour que personne ne voie pour qui lâon vote.
Des bulletins de vote
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DĂ©coupez les bulletins de vote dans du papier. Il est important de bien inscrire le nom des trois HĂ©ros des droits de lâenfant sur chaque bulletin !
Une fois que chaque Ă©lĂšve a votĂ©, on lui fait une marque au feutre, Ă lâencre ou avec une peinture rĂ©sistante. Comme ça, personne ne peut voter deux fois.
Un bureau de vote
Occupez les postes suivants Ă tour de rĂŽle :
⹠Un ou une assesseur·e qui distribue les bulletins de vote et coche les votant·e·s dans le registre.
âą Une ou une prĂ©sident·e, qui sâassure que tout se passe bien.
âą Des scrutateur·e·s, qui dĂ©comptent les voix reçues par chaque HĂ©ros des droits de lâenfant.
Pour Ma Voix pour le Changement et Autour du globe pour les droits et le changement, il faut :
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Ăcrire des discours et des poĂšmes
Pour thĂšme, les changements que vous voulez voir pour que les droits de lâenfant soient mieux respectĂ©s.
Réaliser des pancartes et des banderoles
RĂ©cupĂ©rez du carton, de grands sacs en papier, du tissu clair, de la peinture et des bĂątons. Formulez les changements que vous voulez voir. Nâoubliez pas quâon doit pouvoir lire vos messages de loin. Ăcrire de longues phrases nâest pas une bonne idĂ©e : « Toutes les filles Ă lâĂ©cole » ou « Non au mariage dâenfants » su isent et peuvent ĂȘtre Ă©crites en grand.
Préparer le lieu de rassemblement
OĂč allez-vous vous rassembler aprĂšs le Vote mondial pour montrer vos pancartes, prononcer vos discours et peut-ĂȘtre danser et chanter pour cĂ©lĂ©brer les droits de lâenfant ?
Préparer Autour du globe
Par oĂč allez-vous passer pour parcourir vos trois kilomĂštres avec vos pancartes et banderoles ? Peut-ĂȘtre devant le plus important bĂątiment de la ville, pour quâautant de personnes que possible vous voient ? Dans de nombreux pays, la police sĂ©curise lâitinĂ©raire de la marche Autour du globe pour les enfants.
Plus aucun enfant soldat.
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Si la JournĂ©e des Acteurs du changement commence par le Vote mondial, le vote dĂ©mocratique des enfants, beaucoup dâĂ©coles entament cette journĂ©e avec des chants et des danses, et peutĂȘtre mĂȘme un discours, cĂ©lĂ©brant les droits de lâenfant. Au fil des ans, prĂšs de 46 millions dâenfants ont votĂ© pour Ă©lire leur HĂ©ros ou HĂ©roĂŻne des droits de lâenfant.
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« Jâavais entendu parler des droits de lâenfant Ă la radio, mais maintenant je comprends mieux ce que câest, surtout que les ïżœilles ont les mĂȘmes droits que les garçons. Quand jâai lu Le Globe, jâai dĂ©couvert des gens qui se battent pour faire respecter les droits de lâenfant. La JournĂ©e des Acteurs du changement sâest bien passĂ©e dans mon Ă©cole, on a organisĂ© le Vote mondial et la marche Autour du globe. Jâai pu voter pour la premiĂšre fois de ma vie. »
Prince, 12 ans, école KÚrÚ, Bénin
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Câest le jour du vote au Togo
Dans lâisoloir, on indique son vote sur le bulletin
« Je suis trĂšs contente dâavoir pu participer au Vote mondial dĂ©mocratique. Jâaimerais que nos parents aussi lisent Le Globe pour quâils comprennent les droits de lâenfant. Le PEM mâa appris plein de choses sur mes droits et le Vote mondial mâa permis de les utiliser lorsque jâai votĂ© pour mon HĂ©ros des droits de lâenfant. »
Chenai, 15 ans, Rutendo, Zimbabwe
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DĂ©compte des voix Ă lâĂ©cole KĂšrĂš, au BĂ©nin
« Le Vote mondial me donne lâespoir que mes droits seront dĂ©fendus. Pendant longtemps, les droits de lâenfant nâĂ©taient pas respectĂ©s car on ne savait pas quâils existaient. Le PEM nous a appris ce que sont que nos droits et nous permet dâexercer nos droits dĂ©mocratiques, pour quâon puisse les utiliser Ă lâavenir. »
Selina, 11 ans, Kagande, Zimbabwe
« La dĂ©mocratie est importante et en tant quâ Ambassadeurs des droits de lâenfant, notre mission est dâencourager les autres enfants Ă exercer leurs droits dĂ©mocratiques, comme on lâa fait aujourdâhui, et de sensibiliser notre sociĂ©tĂ© Ă lâimportance de la dĂ©mocratie. »
Ngoni, 17 ans, Mbare, Zimbabwe
« Câest la premiĂšre fois que je votais. Je pense que nous, les enfants, devrions pouvoir participer aux Ă©lections qui nous concernent. Câest notre droit de nous faire entendre sur des questions qui nous touchent. »
Danile, 11 ans, Bunia, RD du Congo
« Le Vote mondial est un vĂ©ritable vote dĂ©mocratique et nous, les enfants, sommes ïżœiers dây participer. Nos parents et notre gouvernement doivent savoir que des enfants issus de diïŹĂ©rents milieux coopĂšrent pour organiser une Ă©lection sans fraude, sans violence et sans corruption ! »
Paul, 12 ans, Ogori, Nigeria
« Personne nâessaye dâinïżœluencer notre vote, lâĂ©lection est donc Ă©quitable. On dĂ©cide par nous-mĂȘme pour qui voter. Ce sont nous, les enfants, qui organisons cette Ă©lection, et câest gĂ©nial dây participer. »
Davida, 13 ans, Makeni, Sierra Leone
« Les cours du Prix des enfants du monde nous ont fait dĂ©couvrir les fantastiques personnes qui veillent Ă faire respecter les droits de lâenfant dans le monde entier. Avant tout, on a compris quâil faut traiter tout le monde de la mĂȘme maniĂšre. Nous avons beaucoup parlĂ© du droit de tous les enfants Ă aller Ă lâĂ©cole et du fait que beaucoup dâenfants dans le monde rĂȘvent de pouvoir y aller. Le Programme du PEM nous permet de contribuer Ă faire changer les choses et de faire entendre notre voix lors du Vote mondial.
On a beaucoup appris, et on a compris quâil faut prendre le changement climatique au sĂ©rieux et agir maintenant !! On veut que les gĂ©nĂ©rations futures soient ïżœiĂšres de nous et quâelles comprennent quâon sâest battues pour sâoccuper de la Terre. »
Ottilia, Eija, Ingrid, Lisa et Liv, 11 ans, école à lsten, SuÚde
En Birmanie, aussi appelĂ©e le Myanmar, les enfants du peuple Karen dĂ©couvrent leurs droits et la dĂ©mocratie grĂące au Programme du PEM. Lorsque ce pays Ă©tait une cruelle dictature militaire, ils organisaient quand mĂȘme leur Vote mondial dĂ©mocratique. Ă prĂ©sent, la Birmanie est Ă nouveau une dictature militaire. Certains enfants karens ont vu leur Ă©cole brĂ»ler ou ĂȘtre dĂ©truite par des soldats, et on ne sait pas sâils vont participer au Vote mondial cette annĂ©e.
« Jâhabite avec mon grandpĂšre car mon pĂšre est mort quand il a marchĂ© sur une mine de lâarmĂ©e. Je dois marcher une heure pour aller Ă lâĂ©cole. Je venais de participer au Programme du PEM et au Vote mondial pour la premiĂšre fois. Avec Le Globe, jâai dĂ©couvert les droits de lâenfant : tous les enfants ont
le droit dâaller Ă lâĂ©cole et de jouer, et on ne peut pas les forcer Ă rentrer dans lâarmĂ©e.
Un jour, mon grandpĂšre mâa dit quâun bombardier arrivait. Un peu aprĂšs, on a entendu de grosses explosions, alors on sâest tous enfuis dans la forĂȘt, Ă la recherche dâune grotte. On a pas eu le temps dâemporter des vĂȘtements ou des couvertures.
Je ne comprends pas pourquoi lâarmĂ©e birmane nous attaque. Nous sommes juste des villageois et nous ne les menaçons pas. »
Saw Ywa, 12 ans
« Je dois marcher 45 minutes pour aller Ă lâĂ©cole. Vers dix ans, jâai commencĂ© Ă participer au Programme du PEM Avec Le Globe, jâai beaucoup appris sur les droits de lâenfant, et que les ïżœilles ont les mĂȘmes droits que les garçons. Avant, je nâavais aucune idĂ©e de mes droits, mais maintenant je sais comment les faire respecter.
Quand lâarmĂ©e birmane a attaquĂ© nos villages, je me suis enfuie dans la forĂȘt. On nâavait quâun peu de riz et de soupe de lĂ©gume Ă manger.
Les militaires ont bombardĂ© mon Ă©cole. On faisait lâĂ©cole dehors, dans la jungle. Je suis restĂ©e deux mois dans la jungle. Je nâarrive toujours pas Ă Ă©tudier calmement, je suis toujours sur le qui-vive, au cas oĂč un bombardier nous attaquerait Ă nouveau. »
Naw Sha, 15 ans
« Mon village est tout en haut dâune colline, pas loin dâun camp militaire. Je participais au Programme du PEM et jâallais Ă lâĂ©cole Wai Nor Dern, oĂč plusieurs Ă©coles organisaient ensemble le Vote mondial. Jâai appris beaucoup de choses sur les droits de lâenfant, surtout sur les droits des ïżœilles. Je sais que les enfants ont le droit dâaller Ă lâĂ©cole et quâon ne peut pas les forcer Ă devenir soldats.
Lâavion est dâabord passĂ© en dĂ©but de soirĂ©e, puis encore trois fois pendant la nuit, tout prĂšs de notre maison, et il a larguĂ© des bombes Ă chaque fois. Tout le village sâest rĂ©fugiĂ© dans la grande grotte. Les enfants criaient et pleuraient. Jâavais peur de lâavion, mais aussi des serpents et des insectes de la grotte, oĂč je dormais par terre, sans couverture. »
Naw Lah, 12 ans
Les enfants karens de plusieurs Ă©coles se rassemblaient ici pour le Vote mondial, mais cette annĂ©e, les soldats et les bombardiers vont peut-ĂȘtre les empĂȘcher dây participer.
Dans la jungle on a creusĂ© des fosses oĂč les enfants peuvent sâabriter lorsque les bombardiers arrivent. Mais il faut ĂȘtre prudent, car il peut y avoir des serpents.
Voir le ïżœilm sur le Vote mondial en Birmanie Ă l'adresse suivante : worldschildrensprize. org/video-collection
Ă lâĂ©cole de la jungle, le tableau noir est vert et fait de larges feuilles. Les enfants apprennent l'anglais (ici les jours de la semaine), qui s'Ă©crit dans un autre alphabet que le leur.
En rĂ©alisant des pancartes contre le mariage dâenfants, la violence envers les enfants et le changement climatique, et pour le droit des filles Ă lâĂ©ducation et lâĂ©galitĂ© des droits de tous les enfants, les enfants de nombreux pays et Ă©coles font entendre leur voix aprĂšs le Vote mondial. Ils veulent voir les choses changer et les droits de lâenfant ĂȘtre mieux respectĂ©s. Ils prononcent des discours devant leurs camarades, leurs parents et les politiques, et sont parfois interviewĂ©s par des journalistes. Puis, ils quittent lâĂ©cole en brandissant leur pancarte pour conclure la JournĂ©e des Acteurs du changement avec Autour du globe pour les droits et le changement...
Au son des tambours, trompettes et chants, les Ă©lĂšves de CEG Hubert Maga Ă Parakou, au BĂ©nin, ont parcouru trois kilomĂštres en marchant et en dansant, avec des pancartes appelant au respect des diïŹĂ©rents droits de lâenfant, surtout ceux des ïżœilles.
ors dâAutour du globe pour les droits et le changement, les Ă©lĂšves
de Parakou, au BĂ©nin, sâamusent bien ! Ils parcourent trois kilomĂštres en alternant marche et danse, au son des trompettes, tambours et chants.
â Les droits de lâenfant ne sont pas respectĂ©s au BĂ©nin. En sixiĂšme annĂ©e, jâavais une copine. Elle avait Ă peine treize ans quand ses parents lui ont dit quâelle allait se marier, car ils nâavaient pas les moyens de la garder. Nos pancartes dĂ©noncent lâabsence dâĂ©galitĂ© entre les ïżœilles et les garçons, dit François-Xavier, 16 ans.
Jusquâici, 1,6 million dâenfants de 5 455 Ă©coles de 20 pays ont participĂ© Ă Autour du Globe et ont parcouru prĂšs de 5 millions de kilomĂštres, soit 121 fois le tour de la Terre.
Point ïżœinal de la JournĂ©e des Acteurs du changement, Autour du Globe dĂ©montre lâengagement des enfants envers un meilleur respect des droits de lâenfant. Ensemble, ils diïŹusent ce message dans leur village ou ville, et sur toute la planĂšte.
Les Ă©lĂšves de CEG Massi-ZogbodomĂ©, au BĂ©nin, ont parcouru trois kilomĂštres en brandissant des pancartes exigeant un meilleur respect des droits de lâenfant.
Les Ă©lĂšves de lâĂ©cole Hurungwe, au Zimbabwe, ont parcouru trois kilomĂštres sur la route principale. Ils avaient demandĂ© lâaide de la police, qui a fait ralentir la circulation le temps de la manifestation.
Tous les participants au Programme du PEM peuvent ĂȘtre Acteurs du changement pour promouvoir les droits de lâenfant et ceux des filles ! Câest mieux de pouvoir tous sâentraider les uns les autres.
Depuis 20 ans, le Programme du PEM a permis Ă 46 millions dâenfants de dĂ©couvrir leurs droits. Plus dâun demi-million dâenseignants ont appris comment enseigner les droits de lâenfant. Presque tous ces enfants et enseignants ont parlĂ© Ă leur famille, amis, voisins et connaissances de lâexistence des
droits de lâenfant et de la nĂ©cessitĂ© de les respecter. Ensemble, ils sont une grande force de changement, qui a atteint un demi-milliard de personnes et ne compte pas sâarrĂȘter lĂ !
Comme cette jeune NĂ©palaise, chaque enfant peut expliquer les droits de lâenfant Ă ses camarades. Accompagne tes ami·e·s chez eux pour les aider Ă discuter avec leur famille des droits de lâenfant et de lâimportance de toujours respecter lâĂ©galitĂ© des droits des filles.
Le 1er juillet, une formation pour devenir Ambassadeur des droits de lâenfant dĂ©marre sur worldschildrens prize.org/cra.
Cette jeune Mozambicaine lit Le Globe tout haut Ă sa grandmĂšre, Ă ses frĂšres et sĆurs, et Ă ses voisins. De nombreuses filles ont expliquĂ© que leur pĂšre a changĂ© aprĂšs avoir lu Le Globe et quâelles ont pu continuer lâĂ©cole.
Si vous ĂȘtes plusieurs Ă vous prĂ©occuper des droits de lâenfant, fondez un Club des droits de lâenfant. Ensemble, vous pourrez en apprendre plus sur ce sujet et vous organiser pour aider vos camarades rencontrant des problĂšmes Ă la maison et les filles forcĂ©es dâarrĂȘter lâĂ©cole. Câest un droit de lâenfant de faire entendre sa voix Ă propos de sujets importants et ensemble, vous aurez le courage de le faire !
Au Zimbabwe, Hassan et Kim ont invitĂ© les chefs de plusieurs villages Ă discuter des droits de lâenfant et de lâĂ©galitĂ© des droits entre filles et garçons. Les chefs soutenant les droits de lâenfant et lâĂ©galitĂ© des droits des filles sont dâimportants Acteurs du changement.
Ensemble, on est plus courageux. Au Mozambique, les filles de plusieurs Ă©coles se sont rĂ©unies pour demander Ă voir les autoritĂ©s scolaires. Elles leur ont expliquĂ© quâil est courant que les enseignants exigent des relations sexuelles en Ă©change de bonnes notes et quâelles voulaient que ça sâarrĂȘte. Ce sont maintenant des Ă©coles sans harcĂšlement sexuel !
Si la police est obligĂ©e de recueillir tout signalement de violations sĂ©rieuses des droits de lâenfant, tous·tes les policier·Úre·s ne sont pas au courant de ces droits, ni des lois les faisant respecter. Vous pouvez leur apprendre, comme cette jeune Mozambicaine.
Ă HanoĂŻ, au Vietnam, neuf adolescents ont fondĂ© un Club des droits de lâenfant et se sont formĂ©s pour devenir Ambassadeurs des droits de lâenfant Ă lâaide du Globe et du site du PEM. Depuis, ils diïŹusent leurs connaissances en matiĂšre de droits de lâenfant Ă leur famille et leurs proches, Ă lâĂ©cole et sur les rĂ©seaux sociaux.
Tu peux demander aux journalistes dâĂ©crire sur les droits de lâenfant et leurs violations dans ta rĂ©gion. Propose-leur de vous interviewer, toi et tes camarades. Les Ambassadrices des droits de lâenfant Tatiana et Marie-Jurince ont Ă©tĂ© interviewĂ©es par Royal TV au BĂ©nin : Marie-Jurince: « Jâai appris quâil ne faut pas bafouer les droits des enfants, surtout ceux des filles. Il faut veiller Ă ce que les enfants puissent sâĂ©panouir et suivre un bon cursus scolaire. Et pour atteindre ceux qui bafouent les droits des enfants, je demande Ă tous de sensibiliser les personnes ĂągĂ©es et de mobiliser nos camarades pour un monde meilleur. »
Tatiana: « En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, il faut lutter et apprendre aux autres ce quâon a appris sur les droits de lâenfant. Et parler aux sages du quartier, pour laisser les filles aller Ă lâĂ©cole. »
Les filles se rĂ©unissent Ă lâĂ©cole et aprĂšs la messe le dimanche pour discuter des droits de lâenfant. Elles, ce sont GANG, Girls of an Active New Generation, les Filles dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration active. Elles sont Ambassadrices des droits de lâenfant du PEM dans la banlieue trĂšs violente de Bonteheuwel, en Afrique du Sud. De nombreux gangs causent des problĂšmes de drogue et des fusillades. Des milliers de gens, dont de nombreux enfants innocents, sont morts, tuĂ©s par des balles perdues.
âčâčEn tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, câ est ma responsabilitĂ© de dire Ă mes amies ce quâelles peuvent faire si un adulte leur fait du mal. Nous sommes dix filles Ambassadrices Ă lâĂ©cole. On se surnomme le GANG, les Filles dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration active.
Si une fille pense que ses droits nâont pas Ă©tĂ© respectĂ©s, elle peut nous le signaler et on lâaccompagne Ă la Commission des droits humains de notre rĂ©gion. Parfois, ça ne sert Ă rien dâaller voir la police, mĂȘme si les lois lâobligent Ă enquĂȘter
sur chaque cas de maltraitance sur enfant signalĂ©. Si la police ne veut pas sâen charger, elle enfreint la loi. Nous avons la chance dâavoir un directeur qui encourage notre travail en tant quâambassadrices Ă lâĂ©cole.
Aider les gens en difficultĂ© Ă Bonteheuwel, beaucoup de gens sont au chĂŽmage et ils se droguent et boivent pour se sentir mieux. Câest pourquoi il y a autant de gangs et de violence. Câest quelque chose que je comprends bien, car ma grande sĆur a commencĂ© Ă
boire quand elle Ă©tait au lycĂ©e et moi une petite fille. On vit avec ma mĂšre et câest souvent trĂšs difficile, on nâa pas les moyens dâacheter Ă manger ou des mĂ©dicaments.
Et je suis responsable de ma sĆur. On partage une chambre depuis que je suis toute petite, et je lâaime. Je ne veux pas la perdre. On parle de ses problĂšmes, et elle promet dâarrĂȘter. Elle essaye encore et encore mais elle nây arrive pas.
Jâaime ma sĆur comme elle est, malgrĂ© les horribles choses quâon raconte sur elle.
Câest sans doute Ă cause de ma sĆur que je pense que câest ma responsabilitĂ© dâaider les gens en difficultĂ©.
Soutenir les filles Je suis convaincue que les filles peuvent se soutenir entre elles. En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant du PEM, je veux ĂȘtre lĂ pour les filles de Bonteheuwel dont les droits ne sont pas respectĂ©s et qui nâont personne Ă qui en parler. »
Zoe, 17 ans
CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE LâENFANT
ARTICLE 19. Tu as le droit dâĂȘtre protĂ©gé·e contre toute les formes de violence, de nĂ©gligence, de mauvais traitements ou de brutalitĂ©. Tes parents ou toute personne Ă qui tu es confié·e nâont pas le droit de tâexploiter.
ARTICLE 28. Tu as le droit de tâĂ©panouir autant que possible Ă lâĂ©cole et aucun·e enseignant·e ou autre adulte nâa le droit de te punir de maniĂšre violente.
ARTICLE 37. Tu ne peux pas ĂȘtre soumis·e Ă une punition cruelle ou dĂ©gradante.
Groupe de
âčâčEn tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, je prends au sĂ©rieux les droits de lâenfant, surtout ceux des filles. Dans ma communautĂ©, ce nâest pas facile dâĂȘtre une adolescente. On nâest jamais en sĂ©curitĂ©, mĂȘme si on va juste au magasin du coin, Ă lâĂ©glise ou Ă lâĂ©cole. On a peur de se faire voler ou dâĂȘtre agressĂ©e sexuellement. Ăa me rend triste de voir que les filles ne savent pas quâelles ont des droits.
Il y a une jeune fille qui habite dans ma rue, elle sâappelle Keila. Elle a douze ans, câest lâaĂźnĂ©e de sa famille. Keila est trĂšs spĂ©ciale pour moi parce que je vois les maltraitances quâelle subit Ă cause de lâalcool. Sa mĂšre dĂ©pense presque tout son salaire en alcool. Keila doit acheter Ă manger Ă crĂ©dit au magasin du coin, elle nâa pas assez dâargent pour acheter ce dont elle a besoin.
Maintenant, ma mĂšre invite Keila Ă prendre son petit-dĂ©jeuner et son dĂ©jeuner chez nous, elle dit quâelle est la soupe populaire.
VoilĂ ce que je vois au quotidien dans ma communautĂ©, mon ghetto. Ătre une Ambassadrice des droits de lâenfant et un membre du GANG mâa rendue plus forte parce que je peux parler aux enfants de mon Ăąge de leur droits et les aider Ă ma façon. Quand on lit Le Globe, on voit aussi que dâautres filles ont une vie encore plus dure que la nĂŽtre. On voit ce quâelles font pour sâen sortir et ça nous rend plus fortes. »
Ashlyn, 17 ans
âčâč
De nombreux enseignants frappent les Ă©lĂšves avec des rĂšgles en acier ou dâautres objets.
Les logements de Bonteheuwel sont surpeuplĂ©s et beaucoup dâhabitants sont pauvres.
Il y a des hommes qui kidnappent les filles et les frappent. Je ne marche jamais seule dans la rue. En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant du PEM, je veux faire entendre ma voix et lutter pour les droits de lâenfant. Quand je serai adulte, je rĂȘve dâĂȘtre prof pour apprendre aux enfants Ă ne pas se laisser faire.
Le pĂšre de lâune de mes amies est mort il y a un an. Sa mĂšre sâest remariĂ©e, mais mon amie nâapprĂ©ciait pas son beau-pĂšre. Quelque temps aprĂšs leur mariage, il a commencĂ© Ă frapper sa mĂšre.
SauvĂ©e par sa mĂšre Quand il Ă©tait saoul, il les frappait, elle et sa mĂšre. Un soir, il a voulu violer mon amie, mais sa mĂšre a rĂ©ussi Ă le repousser assez longtemps pour que mon amie se dĂ©gage et sâenfuie.
Le lendemain, elle est rentrĂ©e chez elle, mais il avait tuĂ© sa mĂšre Ă coups de couteau. Mon amie savait que sa mĂšre lâavait protĂ©gĂ©e pour quâelle puisse vivre. Cet homme est maintenant en prison et mon amie vit avec sa tante. Elle a rejoint le GANG, pour elle aussi faire partie des filles qui soutiennent les filles. »
Tasneem, 15 ans
âčâčEn tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, je vois beaucoup dâenfants et dâadultes qui ne savent pas vraiment ce que sont les droits de lâenfant. Câest pourquoi je partage mes connaissance des droits de lâenfant avec ceux qui mâentourent.
âčâčDans notre communautĂ©, quand on entend le mot gang, on pense tout de suite Ă ceux qui vendent de la drogue et sont violents. Quand on voit un gang, on doit ĂȘtre en alerte et lâĂ©viter pour ne pas quâil nous arrive quoi que ce soit.
Maintenant, quand on entend le mot gang, on devrait penser Ă nous, les Filles dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration active. Notre GANG ne
va pas te faire de mal, on est lĂ pour te protĂ©ger et te faire sentir en sĂ©curitĂ©. Tu peux nous parler de tes diïżœicultĂ©s, ou des diïżœicultĂ©s de quelquâun dâautre qui a trop peur de parler ou qui nâa personne Ă qui faire confiance. Notre GANG contribue Ă sensibiliser les enfants Ă leurs droits et leur apprend Ă se protĂ©ger.
Notre prof nous laisse mettre des aïżœiches de GANG
Ă lâĂ©cole, pour que tous les Ă©lĂšves nous connaissent. Notre message ?
âą Crois en tes rĂȘves. Ne laisse pas lâalcool ou la violence tâempĂȘcher de rĂȘver.
âą Vise haut. Ne crois pas ceux qui disent que tu nâen es pas capable.
âą Fais une diïŹĂ©rence. Rejoins le GANG et les autres filles.
âą Change. Nous sommes Actrices du changement et tu peux lâĂȘtre aussi. Taylor, 16 ans
Un chĂątiment corporel consiste Ă punir un enfant avec violence pour entraĂźner douleur ou dĂ©sagrĂ©ment, comme frapper lâenfant avec le plat de la main ou le poing, lui donner une fessĂ©e, le frapper avec un bĂąton, une rĂšgle ou tout autre objet, le pincer, et lui tordre un membre ou tirer dessus. Cela inclut aussi de forcer lâenfant Ă man-
ger un piment fort, par exemple, ou Ă lui laver la bouche au savon. Les Ă©coles sud-africaines interdisent les chĂątiments corporels depuis 2007, mais de nombreux enseignants y ont encore recours. Selon une Ă©tude, au moins un million dâenfants sud-africains ont Ă©tĂ© victimes de telles punitions en 2019.
Si un ou une enseignant·e se montre violent·e envers un enfant, il faut alerter le ou la directeur·rice, mais si personne ne fait rien, il faut le signaler Ă la police et aux autoritĂ©s scolaires : elles sont tenues par la loi de rĂ©aliser une enquĂȘte rigoureuse.
Certains parents pensent éduquer leurs enfants lors-
Par exemple, je sais que les profs nâont pas le droit de nous frapper, les lois protĂ©geant les enfants lâinterdisent. Alors, quand notre professeur a frappĂ© mon amie car elle Ă©tait en retard, je lui ai dit que câĂ©tait illĂ©gal. Il a essayĂ© de me frapper aussi, mais je suis sortie. Mon amie mâa suivie et on est allĂ©es demander de lâaide Ă une autre prof. Elle nous a raccompagnĂ©es en classe et a expliquĂ© Ă notre professeur quâil est illĂ©gal de frapper un enfant. Notre professeur Ă©tait tout rouge.
Les enfants ont des droits et ça veut dire que si on est en retard, le professeur doit prendre le temps de nous demander pourquoi et dâĂ©couter notre rĂ©ponse. Les adultes doivent laisser les enfants parler, et les Ă©couter.
Voilà ce que les adultes doivent apprendre, nous écouter et nous parler, au lieu de crier et de nous frapper. »
Bianca, 17 ansquâils les frappent. Peut-ĂȘtre ont-ils grandi en Ă©tant frappĂ©s par leurs propres parents, puisquâils nâont pas appris Ă Ă©lever leurs enfants sans violence. Les chĂątiments corporels apprennent aux enfants Ă rĂ©soudre leurs problĂšmes par la violence.
âčâčJe vis avec ma tante depuis que jâai douze ans, quand la situation est devenue diïżœicile pour moi. Mes parents nâavaient pas de travail et ne gagnaient pas dâargent. Parfois, on allait se coucher la faim au ventre, il fallait attendre le lendemain aprĂšs lâĂ©cole pour manger. Du porridge, du pain, ce quâil y avait devait nous suïżœire, Ă moi et Ă mes frĂšres et sĆurs. Un soir, on a entendu une fusillade dans la rue. Ma tante a dit que des balles perdues pourraient rentrer par la fenĂȘtre, alors on sâest cachĂ©es sous le lit. Le lendemain, je me suis disputĂ©e avec mon prof parce que je nâarrivais pas Ă me concentrer. Je faisais de mon mieux pour retenir mes larmes, mais je nâarrĂȘtais pas de pleurer. Lui disait que lâĂ©cole nâest pas un endroit oĂč parler des gangsters, mais oĂč Ă©tudier. Je lui ai dit quâil ne me respectait
pas et il mâa lancĂ© la brosse Ă tableau Ă la tĂȘte. Ăa mâa fait mal.
Excuses forcées
JâĂ©tais bouleversĂ©e par toute cette violence Ă Bonteheuwel. Pourquoi mon prof Ă©tait-il aussi agressif ? Le soir, jâai racontĂ© Ă ma tante ce qui sâĂ©tait passĂ©. Le lendemain, elle est allĂ©e voir le directeur pour se plaindre et lui dire que frapper un enfant est illĂ©gal. Câest interdit par les lois sur les droits de lâenfant de notre pays. Mais elle et le directeur se sont disputĂ©s, et il lui a demandĂ© sâil y avait eu des tĂ©moins. Mes camarades de classe avaient trop peur de dĂ©noncer le prof. Je ne leur en veux pas, les adultes peuvent faire du mal aux enfants de diïŹĂ©rentes maniĂšres.
Jâai Ă©tĂ© obligĂ©e de mâexcuser auprĂšs de mon prof, sinon on me renverrait de lâĂ©cole. Je ne voulais pas ĂȘtre
renvoyĂ©e, alors je me suis excusĂ©e. Mais dans ma tĂȘte, je me disais que je mâexcusais dâavoir fait ce quâil fallait.
Ma
Je connais mes droits. En tant quâAmbassadrice des droits de lâenfant, je mâengage Ă faire entendre ma voix pour mettre fin Ă la violence contre les enfants et les adultes. Un
Jody et ses frĂšres et sĆurs vivent avec leur tante.
jour, si Dieu me vient en aide, jâĂ©tudierai le droit pour poursuivre en justice ceux qui font du mal aux enfants. Je veux dĂ©fendre les droits de lâenfant.
Jody, 16 ans
Kim et Hassan se sont exprimés lors du principal programme de ZBC News, la télévision zimbabwéenne, pour dire aux téléspectateurs quels changements ils veulent voir pour les droits des filles et contre le changement climatique.
Voulez-vous, vous et vos amis partager et di user des connaissances sur les droits de lâenfant? Faites entendre votre voix Ă travers les mĂ©dias. Cela incitera les responsables politiques Ă se prĂ©occuper davantage des enfants lorsquâils prendront des dĂ©cisions.
Lorsque les voix de millions dâenfants ont Ă©tĂ© regroupĂ©es, les enfants organisent dans le monde entier une ConfĂ©rence de presse des enfants du monde. Ils exigent le respect des droits de lâenfant et rĂ©vĂšlent lequel des nominĂ©s a reçu le plus grand nombre de voix et reçoit le Prix des enfants du monde pour les droits de lâenfant ainsi que le nom des deux laurĂ©ats Ă qui sera dĂ©cernĂ© le Prix dâhonneur des enfants du monde. Seuls les enfants prendront la parole et seront interviewĂ©s par les journalistes lors des confĂ©rences de presse. Voulez-vous y participer ?
Voici comment faire : Informez la personne de contact du PEM dans votre pays, que vous désirez donner une Conférence de presse des enfants. Y a-t-il plusieurs écoles prÚs de chez vous ? Donnez la conférence ensemble avec un représentant de chaque école sur scÚne.
Un bon local Choisissez le bĂątiment le plus important de la rĂ©gion pour votre confĂ©rence, aïŹn de montrer que les droits de lâenfant, ça compte ! Il est Ă©galement possible de donner la confĂ©rence Ă lâĂ©cole. La confĂ©rence de presse de 2023 se tiendra le jour de la cĂ©rĂ©monie du PEM en octobre. La date exacte sera annoncĂ©e sur le site du PEM.
Invitez les médias
Invitez bien Ă lâavance les mĂ©dias. Il vous faudra probablement insister. TĂ©lĂ©phonez, envoyez des mails et Ă©crivez aux rĂ©dactions, mais aussi personnellement aux journalistes. Malheureusement, tous les adultes ne comprennent pas Ă
Sur : worldschildrensprize.org/wcpc vous trouverez :
⹠La date exacte de la Conférence de presse.
⹠Le communiqué de presse, la fiche de données et une ébauche des prises de paroles.
âą Des suggestions sur la façon dâinviter les journalistes et sur les questions Ă poser aux politiciens.
âą Des films sur le PEM, le Vote Mondial et les HĂ©ros des droits de lâenfant.
âą Des photos de presse.
quel point les droits de lâenfant sont importants. Il faudra que vous le leur expliquiez.
Préparez-vous
Prenez note de ce que vous allez dire sur le PEM et sur la situation des enfants dans votre région et dans votre pays. Juste avant la conférence de presse, vous recevrez de la part du Prix des Enfants du Monde des informations secrÚtes concernant le résultat du Vote Mondial.
Donnez la conférence de presse
1. Introduisez lâĂ©vĂ©nement par de la danse et de la musique et dites que dâautres enfants tiennent aussi leur confĂ©rence de presse au mĂȘme moment partout dans le monde.
2. PrĂ©sentez le PEM et montrez un court ïŹ lm.
3. Expliquez quelle est la situation des enfants dans votre entourage et quels sont les violations des droits de lâenfant. Dites quels sont les changements que vous dĂ©sirez et prĂ©sentez vos exigences.
4. Parlez des merveilleuses actions des HĂ©ros des droits de lâenfant et rĂ©vĂ©lez le rĂ©sultat du Vote Mondial.
5. Distribuez le communiquĂ© de presse et une ïŹche de donnĂ©es sur les droits de lâenfant.
Malala Yousafzai et le dĂ©cĂ©dĂ© Nelson Mandela ont tous deux choisi dâĂȘtre les protecteurs du Prix des Enfants du Monde. Ils sont Ă©galement les seuls Ă avoir reçu Ă la fois le Prix Nobel de la paix et ce que les mĂ©dias appellent gĂ©nĂ©ralement le "Prix Nobel des enfants", Le Prix des enfants du monde pour les droits de lâenfant. Ils sont tous deux aussi HĂ©ros de la dĂ©cennie pour la justice des enfants.
Toute personne qui a fait quelque chose de bien pour les Droits de lâEnfant ou pour le Prix des Enfants du Monde peut devenir Ami Adulte Honoraire et Parrain du PEM. S.M., la Reine Silvia de SuĂšde a Ă©tĂ© la premiĂšre marraine du PEM. En outre Malala et les dĂ©cĂ©dĂ©s Nelson Mandela et Desmond Tutu, font Ă©galement partie des parrains et marraines du PEM, Xanana GusmĂŁo, Graça Machel, prĂ©cĂ©demment Premiers ministres suĂ©dois et les ministres de l'enfance, en font Ă©galement partie.
Samra et Viggo jettent des coups dâĆil nerveux Ă la tablette. Ils ont une grande responsabilitĂ© : bientĂŽt, ils vont annoncer Ă lâinvitĂ©e qui va sous peu rejoindre la rĂ©union en ligne que prĂšs de deux millions dâenfants ont votĂ© ...
Malala, je mâappelle Viggo.
â Et moi, câest Samra.
-Salut Viggo, salut Samra, rĂ©pond Malala. Viggo et Samra nâen reviennent pas : câest Malala qui vient de les saluer.
â Aujourdâhui, nous reprĂ©sentons tous les enfants ayant participĂ© au dernier Programme du Prix des enfants du monde, soit Ă peu prĂšs deux millions. Nous avons dĂ©couvert nos droits et examinĂ© le travail des HĂ©ros des droits de lâenfant avant de participer au Vote mondial, une Ă©lection dĂ©mocratique Ă laquelle tous les enfants du monde peuvent prendre part, explique Viggo.
â Et nous avons dĂ©couvert ta vie et ton travail en faveur des droits des ïŹlles, continue Samra.
Une grande annonce
Viggo prend une inspiration et se penche vers la tablette ...
â Lors du Vote mondial, ces deux millions dâenfants tâont Ă©lue, toi, Malala, HĂ©roĂŻne des droits de lâenfant de la dĂ©cennie !
â Waou ! Merci beaucoup !, sâexclame Malala avant de continuer :
â Câest un honneur pour moi de rece-
voir le Prix des enfants du monde 2014 et câest avec ïŹertĂ© que jâaccepte le titre dâHĂ©roĂŻne des droits de lâenfant de la dĂ©cennie. Cela conforte ma motivation Ă continuer mon combat pour lâĂ©ducation des ïŹlles. Ma mission est de faire en sorte que toutes les ïŹlles aient accĂšs Ă douze annĂ©es dâĂ©ducation sĂ»re, gratuite et de grande qualitĂ©.
â Sâil te plaĂźt, Malala, parle-nous de ton travail en faveur des droits des ïŹlles, demande Samra.
â Dans le monde, 127 millions de ïŹlles ne vont pas Ă lâĂ©cole. Ces ïŹlles ont des rĂȘves, comme toi et moi ! Elles veulent devenir mĂ©decin, enseignante, informaticienne ou prĂ©sidente. Mais sans Ă©ducation, impossible de rĂ©aliser leurs rĂȘves.
â Jâai conçu la Fondation Malala pour crĂ©er un monde oĂč les ïŹlles nâont pas peur de devenir des dirigeantes. Les ïŹlles sont privĂ©es de leur droit Ă lâĂ©ducation juste parce que ce sont des ïŹlles, alors cette mission nâest pas facile, mais on peut y arriver.
â On sait que lorsque les ïŹlles reçoivent une Ă©ducation, la pauvretĂ© diminue et les eïŹorts contre le changement climatique augmentent.
LâĂ©ducation des ïŹlles est bĂ©nĂ©ïŹque Ă la fois pour les ïŹlles et pour le pays tout entier. Câest essentiel que vous continuiez Ă rĂȘver et Ă contribuer au changement que vous voulez voir arriver pour rendre le monde meilleur, conclut Malala.
â Merci Malala ! Te rencontrer Ă©tait un rĂȘve pour nous, qui sâest rĂ©alisĂ©. Tu es vraiment une HĂ©roĂŻne des droits de lâenfant, dit Viggo.
Samra et Viggo sont tout aussi nerveux lorsquâils montent sur scĂšne lors de la CĂ©rĂ©monie du Prix des enfants du monde. Ils sâinclinent devant la reine avant de monter les derniĂšres marches menant au pupitre, oĂč ils font face Ă tous les enfants du Jury.
Nous avons fui lâĂrythrĂ©e quand jâavais six ans. Jâai Ă©tĂ© forcĂ©e de quitter ma grand-mĂšre et tous ceux que jâaimais. Jâai adorĂ© participer au Programme du PEM. Jâai dĂ©couvert que des gens Ă travers le monde se battent pour les droits de lâenfant et grĂące au Programme, jâai aussi appris que jâai des droits. Jâai appris beaucoup de choses sur les droits des filles. Pour moi, il est important que le monde entier comprenne que les droits des filles sont essentiels. Ăa devrait ĂȘtre le point le plus important des programmes politiques.
Je trouve ça gĂ©nial que des millions dâenfants participent au PEM en mĂȘme temps. Le Programme permet Ă tous les enfants de prendre conscience de leurs droits. »
Samra, 12, école Gateskolan, Arvika, SuÚde
Je pense vraiment que les hĂ©ros des enfants sont plus puissants que tous les super hĂ©ros quâon voit au cinĂ©.
Le Prix des enfants du monde a aidĂ© de nombreux enfants Ă connaĂźtre leurs droits, ce qui ne serait jamais arrivĂ© autrement. Maintenant, jâen sais bien plus quâavant sur les droits des filles et la maniĂšre dont on les traite.
Ma participation au Programme du Prix des enfants du monde a vraiment eu une grande influence sur moi, ça a changé ma vision du monde dans lequel nous vivons tous. Je suis sûr que si tous les enfants du monde pouvaient participer au Programme du Prix des enfants du monde, on pourrait créer un monde meilleur pour tous ! » Viggo, 12, école Gateskolan, Arvika, SuÚde
Chaque adulte qui vous aide, toi et les autres enfants, Ă organiser le Programme du PEM doit respecter les droits de lâenfant. Si, pendant que tu participes au Programme du PEM, toi ou dâautres enfants ĂȘtes traitĂ©s de maniĂšre incorrecte ou maltraitĂ©s, vous devez le dire. On appelle lanceur ou lanceuse dâalerte la personne qui dĂ©nonce quelque chose qui ne va pas.
Dans un premier temps, essaye toujours de parler Ă un adulte de confiance de ton Ă©cole ou de ton lieu de rĂ©sidence. Si ce nâest pas possible, tu peux contacter le PEM
Voici quelques exemples de ce qui ne doit pas arriver lors du Programme du PEM : un ou une adulte, enseignant·e, directeur·rice dâĂ©cole ou toute autre personne, expose les enfants Ă :
â Violence, y compris violence sexuelle
â Intimidation, discours de haine ou autres formes de violence psychologique
â Atteinte Ă lâintĂ©gritĂ© personnelle (par exemple, si on te prend en photo ou di use tes informations personnelles, alors que tu ne le veux pas ou quâon ne te lâa pas demandĂ©)
Si ce que tu veux dĂ©noncer nâa rien Ă voir avec le Programme du PEM, contacte toujours un adulte en qui tu as confiance. Si toi ou quelquâun dâautre avez besoin dâune aide urgente, vous devez contacter immĂ©diatement la police. Le Globe est gratuit !
Le Globe est un document pĂ©dagogique gratuit que les enfants participant au Programme du PEM peuvent utiliser librement. Si tu vois quelquâun essayer de gagner de lâargent en vendant Le Globe, ou tout autre chose appartenant au Programme du PEM, tu sauras que câest interdit. Dis-le nous au PEM ou demande Ă un adulte en qui tu as confiance de nous contacter.
marche ?
La façon la plus sĂ»re de signaler ce qui est arrivĂ© au PEM est dâutiliser notre Formulaire de lanceurs dâalerte sur worldschildrens prize.org/whistle. Ton message arrivera chez une personne de confiance du PEM, qui traitera tes donnĂ©es de la maniĂšre la plus sĂ»re.
Donne lâalerte si quelque chose ne va pas !Yanga, gagnante de lâĂ©mission sud-africaine Idols, sâest produite pendant la CĂ©rĂ©monie du PEM, avec Simthandile et Thato.
« Je me suis sentie honorĂ©e de recevoir le Prix des Enfants du Monde en 2014, et recevoir le titre de HĂ©roĂŻne des Droits de lâEnfant de la DĂ©cennie aujourdâhui est un immense honneur. Cela me donne plus de motivation pour continuer mon combat en faveur de lâĂ©ducation des filles. Ma mission est de veiller Ă ce que toutes les filles puissent recevoir une Ă©ducation sĂ»re, gratuite et de qualitĂ©. Il y a 127 millions de filles dans le monde qui ne sont pas autorisĂ©es Ă aller Ă lâĂ©cole. Ces filles ont des rĂȘves, tout comme nous ! »
Lors de leur Vote Mondial, 2 millions dâenfants en 2014 ont nommĂ© Malala Yousafzai rĂ©cipiendaire du Prix des Enfants du Monde pour les Droits de lâEnfant. PrĂšs de 2 millions dâautres enfants ont Ă©galement dĂ©signĂ© Malala HĂ©roĂŻne des droits de lâEnfant de la DĂ©cennie, parmi les HĂ©ros des Droits de lâEnfant qui ont reçu le Prix des Enfants du Monde en 2011â2019.