Watzby N°9 - Vivre Bruxelles - Juillet/Août 2015

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SUCCESS STORY

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Rendez-vous d’ete riche et varie atzby est toujours aussi vivant, actuel et branché. Le contenu de ce neuvième numéro, en étant à la fois léger et exigeant, va vous le prouver une nouvelle fois. Sur toutes ses pages, c’est l’été et on se fait plaisir dans ce sens en présentant un contenu plutôt fouillé ! Tout d’abord, en allumant sa chaîne Hi-Fi (ou son iPod) et en découvrant le nouvel album de Thomas Dutronc qui nous offre de beaux clichés 100% inédits. Puis, direction les Pays-Bas avec le multi-instrumentiste néerlandais Jacco Gardner. Si vous êtes plutôt rock, “Watzby” a pensé à vous en vous proposant un article sur le groupe britannique Foals. A retrouver aussi : un dossier sur Spotify. Ensuite, autre plaisir : celui des papilles. Nous vous proposons de découvrir deux maîtres-glaciers bruxellois qui viennent de créer des saveurs originales de sorbets pour cet été. Les savourer est l’occasion de réfléchir à ses projets, à la manière de ces Belges qui sont devenues de vraies stars sur le net grâce à YouTube. Ils comptabilisent des milliers de vues sur la célèbre plate-forme et se confient sur le succès dans un gros dossier. On n’oublie pas aussi la touche glamour et fashion avec une plongée dans les coulisses des agences de mannequinat bruxellois. In fine - et parmi encore d’autres choses à découvrir en cours de feuilletage, on s’interrogera à deux reprises... Sommes-nous tous devenus des êtes obscènes dans une époque dite “toujours plus libre” ? Et sommes-nous, dans cette même période, vraiment tolérants ? Voici donc un numéro à lire au soleil... et pourquoi pas avec l’un de nos bouquins ou disques sélectionnés pour montrer à tous vos proches que vous conservez, même en vacances, votre esprit curieux. Tout comme nous ! Réunir tous ces sujets fut un pari emballant. Nous espérons que ce numéro vous plaira. Bons plaisirs d’été, bon dépaysement et belles vacances à tous !

Emilie Damour, Virginie Garcia

Cover : Thomas Dutronc photographié par Rudy Lamboray MENSUEL JUILLET - AOÎT

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JamesonBelgium Notre savoir-faire se déguste avec sagesse. WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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28-33

THOMAS DUTRONC 18-21 22-26 JACCO GARDNER 8

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NEKFEU


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80-85 MY BRUXELLES

WATZ WEB

WATZ MUSIC

LES YOUTUBEURS BELGES

8-9 Melting News 10-15 à la (re)découverte du quartier Bruggman 34-37 Festival Rising Moon 38-41 Spotify

WATZ ART

42-44 JR - Toujours un déclic d’avance

MODE

46-49 Belge une fois

SOCIETE

50-59

60-61 Les Hipsters vs les yuccies 62-63 Quand la maturité dvient sexy 64-67 Sommes-nous vraiment tolérant ?

FOOD

82-83 Bichonneurs de glaces

MUSIQUE / FILM / LIVRE 90-91 Actu musique 92-93 Sorties Ciné 94-95 Sorties Livres

WATZ DRIVE

96-98 Essai Volkswagen Passat

SERGE ANTON WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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LE BOUDOIR DES DELICES Bienvenue dans la petite entreprise qui réalise vos rêves les plus fous ! Vos idées vont enfin trouver un écho dans l’esprit (et les mains, of course) de Megan. Son “Boudoir des Délices” situé à Woluwe-Saint-Pierre fêtera en septembre ses deux ans et produit entre 8 et 12 gâteaux par mois, ainsi que 30 cupcakes par jour. Cette passionnée de cuisine fait partie de ces gens ayant voulu changer de carrière et qui s’en sont donné les moyens. Après des cours par correspondance, Megan obtient son diplôme de pâtissière et décide d’être le maître d’œuvre de son projet avec un grand M. Elle est fondatrice, gérante et directrice artistique de sa boutique cosy et rose bonbon. Rien n’est mécanisé, c’est sculpté à la main et c’est du sur-mesure. Le client décide de tout. Megan confie être l’une des cakedesigneuses les moins chères de Bruxelles avec une part de gâteau facturée dès 8,50€ (le prix du dessert classique). Le reste peut monter à 10€ (voire plus) et vu son investissement, elle avoue que ce n’est pas encore trop onéreux. La pâtissière a également le souci de ne pas être trop élitiste même si elle avoue préférer bosser sur le glamour. Beaucoup de princesses Disney sur sa page Facebook et un gâteau qui s’inspire de la première robe blanche portée par Carrie Bradshaw dans le film “Sex and the City”. Bientôt, elle sortira même une 10

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NE BOUDEZ PAS VOTRE PLAISIR

collection de grandes pâtisseries plus basiques (mais toujours personnalisées) accessibles à de plus faibles revenus (à peu près 50 euros pour un gâteau dédié à dix personnes). Le gâteau ou la pièce montée de vos rêves est à commander de préférence trois semaines avant l’événement. Un contact téléphonique et puis une rencontre est hautement souhaitable. Megan avoue qu’on perçoit beaucoup mieux les aspirations et les attentes du client en le voyant de visu. Et pour vous aider jusqu’à l’obtention de votre œuvre d’art, vous pouvez toujours vous offrir les cupcakes réinventés de cette Bruxelloise haute en couleur : crème végétale retravaillée et pâte à gâteau plus légère rendent ses mini-gâteaux tellement plus européens ! Et ça se sent à la première bouchée. Parmi les goûts proposés, citons Cuberdon-barbe à papa, Oreo ou encore Pomme Cannelle. Place des Maïeurs 4, 1150 Woluwe-Saint-Pierre 02/779.35.55. www.boudoirdesdelices.com/ info@boudoirdesdelices.com Du mardi au vendredi : 12h - 18h Samedi : 11h - 17h


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JULES ET CHARLES BIENVENUE CHEZ VOUS

Un nouveau restaurant, dans le genre bistronomie, a ouvert ses portes à Woluwe-Saint-Pierre pour le grand plaisir de la commune. “Le projet est soutenu par la commune qui souhaite redynamiser le quartier” nous confie l’unique serveuse. Et que retrouve-t-on chez “Jules et Charles” du nom du croisement de deux rues portant les deux prénoms ? Un lunch imposé à midi (comptez 25 euros de budget) et une carte composée de 5 entrées et 5 plats d’inspiration méditerranéenne le soir (aux alentours de 40 euros avec vin et dessert). Cette carte chaque jour est renouvelée selon les envies et les produits du marché. Les tables ne sont pas nombreuses donc il est conseillé de s’y rendre à 12h plutôt que 13h à la mi-journée. L’abondance de clients prouve donc la réussite de l’ouverture. En outre, dans ce nouveau resto, vous aurez le plaisir de voir le chef cuisinier devant vous entouré de bons légumes qui sentent bon. Le mobilier est quasiment tout en bois et se marie bien avec la luminosité très travaillée et très stimulante. Dernière petite anecdote : le saumon y est mi-cuit et c’est plutôt réussi. Jules et Charles Avenue Charles Thielemans 46 1150 Woluwe-Saint-Pierre 02/779.88.84. www.julesetcharles.com Ouvert du mardi au vendredi : 12h - 14h/18h30 - 22h. (Fermé samedi, dimanche et lundi)

LES TARTES DE FRANCOISE QUAND ON AIME... L’entreprise déjà bien installée au nom de Mère-Grand sait comment célébrer l’été ! Pas question de se reposer sur ses lauriers, les recettes de saison sont sorties. A côté du grand classique estival “croûte aux fraises”, veuillez accueillir, le cœur chantant, la tarte aux groseilles vertes sur une base de pâte levée, celle à la rhubarbe avec crumble à l’orange et enfin, celle qui combine prunes et figues. Un travail réalisé avec du sucre de canne. Ce n’est pas tout : puisque le “sans gluten” a le vent en poupe, les célèbres succursales du dessert présentent l’abricot/amande (avec légère amertume + soupçon de marmelade d’oranges) et la tarte fine aux fruits rouges, sans le fameux composant protéique. En outre, un gourmand au chocolat sans gluten est proposé en permanence nous confie Jean Baisier, le directeur général. A la pointe des tendances donc, cette entreprise. Autre preuve : le lancement récent d’une application permettant de vérifier dans quel atelier préféré se trouve le dessert convoité. Pour cela, envoyez gratuitement APP au 8989 pour recevoir le lien de téléchargement de l’application. Une vraie nouveauté dans le commerce alimentaire. Plus d’infos sur les différents établissements sur : www.lestartesdefrancoise.com WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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Bocca Moka Faites le tour du monde Bocca Moka est une nouvelle maison de café qui propose à ses clients du café sous toutes ses formes et préparé selon différents procédés originaux et spéciaux. Envie d’un café caramélisé du Costa Rica, d’un café chocolaté du Brésil ou d’un café moléculaire une première en Belgique ? Voici l’endroit parfait ! « Je travaille selon le principe du slow coffee » explique Karina Salieva, la fondatrice du projet. « Il s’agit d’extraire le café selon différents procédés afin de lui donner un goût différent selon les techniques utilisées. C’est de cette manière qu’un même café peut obtenir différentes saveurs selon la manière grâce à laquelle il est préparé. » Karina Salieva a eu l’idée de lancer ce commerce suite à de nombreux voyages, et grâce à sa passion du café. Les méthodes de préparation du café variant d’un pays à l’autre l’ont toujours intriguée, et de nombreuses recherches lui ont fait comprendre que les différences gustatives engendrées étaient encore peu connues du grand public. Pour le prix de 2 à 5 euros, vous pouvez déguster chez Bocca

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Moka un bon café aux saveurs étrangères. Différentes salades, sandwiches, bagels et gâteaux y sont également disponibles. Bocca Moka est ouvert du lundi au vendredi de 8h à 18h30 et le samedi de 10h à 18h. Chaussée de Charleroi, 41 à 1060 Saint-Gilles. 0488 09 55 44 – www.boccamoka.com


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Belgian Cuberdon

the bc three

SODA WATER 40 ML DE GINGER ALE

20 ML DE COGNAC 2,5 ML DE NECTAR DE CUBERDON

PRÉPARATION :

WWW.BELGIANCUBERDON.COM

1.

METTEZ DE LA GLACE DANS VOTRE VERRE AINSI QU’UN CUBERDON GELÉ

2.

VERSEZ LES DIFFÉRENTS INGRÉDIENTS DANS LE SHAKER À L’EXCEPTION DU SODA 3. 4.

RAJOUTEZ QUELQUES GOUTES DE CITRON AU BREUVAGE MÉLANGEZ LE ÉNERGIQUEMENT AVEC UNE CUILLÈRE OU UNE PAILLE

BIEN MÉLANGER ET DÉGUSTEZ !

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A LA (RE)DECOUVERTE DU

QUARTIER BRUGMANN

En quête d’un bouquet de fleurs pour impressionner belle-maman ? D’un guide de voyage sur la Toscane ou d’un moelleux au chocolat à tomber ? Prenez le tram 92 et rendez-vous dans le quartier Brugmann ! Néo-cantine, bar à vins trendy, boutique de mode raffinée, parfumerie personnalisée, brasserie belge, galerie concept-store… Si le quartier Brugmann n’est pas très étendu, la place et ses rues adjacentes valent sans conteste le détour ! Emilie Damour

LA PLACE BRUGMANN

Gaudron

Place G. Brugmann, 3

Dans le quartier, Gaudron est une institution ! On s’y retrouve pour déguster une salade César, des œufs Bénédicte ou la légendaire croûte aux framboises. Ouvert tous les jours de la semaine, la terrasse est aussi un lieu stratégique pour se livrer à un peu de crowd watching…

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WINERY Place G. Brugmann, 18 Vous recherchez un wine bar où l’assiette de salaisons est à la hauteur des vins proposés ? Winery est fait pour vous ! La cave renferme plus de 250 références à emporter ou à consommer sur place. Le plus : des cours d’œnologie sont organisés une fois par mois.

CLAUDE HONTOIR Place G. Brugmann, 14 Besoin de faire un cadeau de naissance ou de rhabiller votre petit dernier ? Claude Hontoir est une boutique pour enfants à l’offre très complète : vêtements de marque, jouets, décoration… impossible de ne pas craquer !

LA LIBRAIRIE CANDIDE Place G. Brugmann, 1-2 Que faire une fois votre brunch dominical chez Gaudron terminé ? Allez donc chez son voisin, la librairie Candide. Vous y trouverez un large choix de livres et de magazines internationaux. Les vendeurs y sont passionnés et toujours de très bon conseil. WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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MY BRUXELELS

PLASCH BRUGMANN Place G. Brugmann, 35 Sur la carte du Plasch Brugmann, tenu par Didier Plasch, des spécialités belges avec ci et là des influences françaises ou italiennes. L’entrecôte poivre concassé et la salade liégeoise sont à tester. On vous recommande aussi leur terrasse, très agréable en été comme en hiver.

CATLEYA Avenue Louis Lepoutre, 118 Pour beaucoup, c’est LE plus beau fleuriste de toute la région bruxelloise ! Les compositions florales sont magnifiques et l’accueil chaleureux. Un lieu incontournable du quartier Brugmann.

Chez MONTAIGNE Place G. Brugmann, 32 Dans cet espace moderne et lumineux, on se retrouve pour un déjeuner de goût en s’émerveillant devant une carte inventive qui a su conserver les classiques (Carpaccio de homard, avocat, confiture de yuzu, coriandre fraîche et piment rose ; carpaccio de betterave, chèvre de Saint Maure,...) 16

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MY BRUXELELS

L’ANTICHAMBRE Place G. Brugmann, 13 Qui n’a jamais rêvé de créer sa propre fragrance ? L’Antichambre est un lieu unique à Bruxelles, où Anne Pascale MathyDevalck vous propose de composer votre parfum sur mesure. Une boutique-écrin à ne pas manquer.

RUE DARWIN

A.P.C. Place G. Brugmann, 13 Lassée de la fast fashion de la rue Neuve ? Optez pour A.P.C. ! Coolitude discrète, jeans classiques en toile japonaise, coupes intemporelles, chemisiers fluides en soie, sacs en cuir naturel italien… Le minimalisme parisien at its best.

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M32 Rue Darwin, 32 On vous conseille de pousser la porte de M32 ne fût-ce que pour le plaisir des yeux. Dans cette galerie concept-store, la créatrice Mathilde Danglade présente ses propres collections de bijoux, mais aussi les designers qu’elle affectionne. Sacs Jérôme Dreyfuss, Claris Virot ou Marie Turnor, vêtements Roseanna… Comment résister ?

ICI Rue Darwin, 35 ICI, c’est à la fois une néo-cantine et une épicerie fine. Côté déco, on aime le grand mur tableau avec l’ensemble des suggestions du jour, les chaises dépareillées et les coussins accueillants. Quant au brunch, c’est un régal !

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MY BRUXELELS

Apres la pluie Rue Darwin, 37 Après la pluie est un magasin dédié aux chaussures et aux sacs à main pour la femme. Escarpins Avril Gau, sandales Sartore, sacs Elena Ghisellini, boots Roberto Del Carlo… Incontestablement le rendez-vous des amatrices de raffinement et de cuir de qualité.

Bonnie & Jane Rue Darwin, 34 Difficile de ne pas tomber sous le charme de Bonnie & Jane. La boutique vend à la fois des vêtements, des objets rétro-chics et des meubles vintage. Tout y est charmant, recherché, poétique. Un vrai coup de cœur !

MAIS AUSSI… Sur la place George Brugmann, le Balmoral au n°21, milk bar à la déco années 50 au top. Tout près de là, on s’arrête également chez La Feuille pour les produits cosmétiques bios, chez Atelier B pour les bijoux, ou chez l’Intemporelle pour un lunch sur leur magnifique terrasse avenue Louis Lepoutre. Rue Darwin, on continue le shopping au n°60 chez Kelly, la boutique de mode de Clément De Clercq, ou au n°33 chez Vintage Items. Sans oublier : Graphie Sud, Village du Pain, Maison Dandoy, Scènes de Ménage, Saisons Passées, Antik Batik, Bellerose, Aux Beaumes de Venise, Influences, Lucia Esteves, Wouters & Hendrix…

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WATZ UP TALENT NEKFEU

TOUT FEU TOUT

FLAMME En une semaine, l’album “Feu” du rappeur Nekfeu totalisait 18 844 ventes. C’est Pascal Nègre d’Universal, sa maison de disques, qui l’a fièrement annoncé dans un tweet. Tout simplement le meilleur démarrage de l’histoire du top Téléchargements pour le premier album d’un artiste français. Luigi Lattuca

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“Je pose quelques références littéraires dans mes chansons mais je ne le suis pas.”

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Julien Lenard

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orti le 8 juin dernier, le disque du jeune homme - également surnommé Fennec et issu des groupes 1995, S-crew et du collectif L’Entourage - séduit tout le monde grâce à des rimes riches et un flow incarnant le nouveau visage du rap. Entre gimmicks à l’ancienne et flux moderne (même teinté de pop sur un morceau où Ed Sheeran le rejoint !) où il se confie sur son existence, le chanteur de 25 ans se fait plaisir en explorant des phases différentes et en ajoutant de nouvelles palettes mélodiques à son rap. Car c’est comme ça qu’il dit le voir en 2015 : nouveaux rythmes (avec trip pop) et nouveaux instruments qui enrichissent chaque morceau. Nekfeu est un électron libre, un talent littéralement en train d’exploser. Pour preuve, la foule trop nombreuse devant la FNAC des Halles à Paris ayant entraîné l’annulation d’une séance de dédicaces le mois dernier et le report de notre entretien pour “Watzby”. Mais nous y sommes arrivés ! Le voilà donc à Bruxelles, une ville qu’il dit adorer, pour une intense journée de promotion.


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WATZ UP TALENT

Antoine -Durand Le Garage

en dire plus sur la genèse ?

Nekfeu (au centre) entouré de son groupe 1995

On dit de toi que tu n’es pas un rappeur habituel avec ton style plutôt littéraire. Qu’en penses-tu ? Je trouve que ce n’est pas vrai. Je n’ai pas un style littéraire ou alors tout le monde l’a. Avec un style violent ou réfléchi, tu es d’office un écrivain. Je pose quelques références littéraires dans mes chansons mais je ne le suis pas. Plein de rappeurs font ça, d’ailleurs. Ce n’est pas ça qui définit mon rap. Quoi alors ? Je ne sais pas. J’essaie de pousser un maximum la composition vocale et rythmique, ce qu’on appelle le flow aussi. Je suis également attentif à la façon dont les mots s’imbriquent. Ce sont toutes les émotions humaines qui m’intéressent. Ce qui compte au final est le ressenti. Tu balances quand même un “Ta mère, la pute” à un moment. C’est inhérent au rap ? C’est sans te forcer ou c’est ancré malgré toi ? C’est pas le rap, c’est la façon dont j’ai grandi. On parle comme ça entre nous, rappeurs, mais je sais m’adapter. Le milieu où on se trouve influence le langage oral. Je ne rougis pas de la vulgarité ou de l’insulte. Beaucoup de chanteurs français de référence ont été considérés comme des artistes virulents et ça me plaît. Tu penses que n’importe qui peut arriver à ce qu’il désire par la culture ? Ca dépend de ce qu’est la culture. C’est surtout par la connaissance et l’apprentissage de celle-ci. Ca fait cliché de dire ça mais ce qui importe surtout est l’envie. L’envie de s’investir, quoi. C’est important de dire “les cultures” de manière générale. Sinon, en ce moment, je m’intéresse beaucoup à la littérature classique. Et, parallèlement à ça, ce qui n’est pas dans les salons n’est pas inintéressant. Qui et quoi t’inspire ? Ce dont je parle m’inspire en général. Je dirais aussi l’ensemble des émotions humaines, surtout l’amour. Et les voyages énormément. Comment ce premier album est-il né ? Peux-tu nous 22

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C’est un défouloir de faire ses propres sons. J’avais l’idée en tête depuis cinq ans et j’ai réalisé deux ébauches d’albums que je ne jugeais pas assez biens. J’ai repris le processus à zéro mais j’ai gardé une partie des textes. J’ai sorti ma plume en Grèce, à New-York, Los Angeles, Londres et Paris aussi pour retravailler d’anciennes paroles. Deux ans ont été nécessaires pour réaliser cet album, de la réflexion à la touche finale. On a dit dans plusieurs médias que tu te situes dans le même état d’esprit que l’écurie Time Bomb (qui a révolutionné à la moitié des années 90 le paysage musical du rap français). Pas trop de pression sur les épaules par rapport à ça ? Ca me fait grave, grave plaisir mais peut-être que c’est à cause d’un de mes morceaux nommés “Time Bomb” ? Je me retrouve dans le côté collectif de l’écurie que les médias citent mais elle n’a pas duré. Mon espoir est de faire durer la mienne jusqu’à la mort. Sur plusieurs chansons, on sent en tout cas que tu te donnes les moyens de tes ambitions. Sur “Egérie”, tu dis d’ailleurs que tu es devenu celui dont aurait rêvé celui que tu rêvais d’être . C’est pour amplifier les choses, c’est pour rigoler. Juste pour dire que je n’en demandais pas autant. Quelle sera d’ailleurs la contrepartie au bonheur ? Ca fait peur, tout ça... L’association avec Ed Sheeran sur “Reuf”, ça vient d’où ? Ca vient d’un remix fait à deux sur “Sing” produit par Pharell Williams. Il voulait un artiste français pour toucher notre pays. On s’est rencontré en studio et on s’est revus après encore à Paris quand il passait pour sa promo. Je lui ai alors fait la proposition d’ajouter son nom au crédit d’un titre sur mon propre album et il était très emballé par l’idée. Ca me dépassait ! En étant ultra-connu, il a trouvé le temps pour ça et il reste très humble. Une belle leçon. Je suis très content de notre morceau commun, je passe un gros “big up”. Avec un très bon démarrage dans les charts, on imagine que ce premier album aura toujours un goût particulier pour toi ? Grave ! Tous mes projets “premier du nom” ont été à chaque fois une victoire, une libération et un kiff. Je sens que je ne pas vais me lasser trop vite de “Feu”. Je ne l’ai d’ailleurs pas écouté d’une seule traite depuis bien longtemps. Mais je vais bientôt le faire après avoir été nourri de l’avis des gens.

Retrouvez l’album “FEU” sur les plateformes de téléchargement légales et dans les bacs !


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Julien Lenard

“Ce sont toutes les émotions humaines qui m’intéressent. Ce qui compte au final est le ressenti.”

par rapport au psychédélisme (...) On ne veut pas retourner dans les années 60

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Le Prince de la Baroque Pop Orange dans son élément au Botanique Près d’une semaine après la sortie de son second album « Hypnophobia » le 4 mai, le multiinstrumentiste néerlandais de 27 ans foulait la scène de l’Orangerie dans le cadre des « Nuits Botanique ». Sa peur éventuelle du sommeil, ses héros, son son rétro, sa passion pour les instruments vintage, et bien d’autres choses : à la fin de cet article, Jacco Gardner n’aura (presque) plus de secrets pour vous.

Javier Rosa

Loïc Buisseret

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C “si on veut arriver à quelque chose dans la vie, il faut s’accrocher à ce qui compte le plus pour nous“

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e deuxième album arrive plutôt vite. Estce que vous avez travaillé directement dessus après votre tournée ? Combien de temps tout le processus créatif a-t-il duré ? Mon premier, je l’ai écrit en 8 ans et je l’ai enregistré sur quelques années. Celui-ci, je l’ai écrit et enregistré au même moment pendant environ 1 an. C’est bien plus court ! Je me devais de trouver ce point où tout le potentiel créatif peut s’exprimer librement, au bon moment. C’était ma quête et ce fut une expérience enrichissante puisque je ne savais pas si je serais capable d’écrire en si peu de temps. J’étais heureux de voir que c’était possible, et je le suis encore plus que le disque soit si bien reçu. Cette courte période de temps signifie aussi que ces chansons sont beaucoup plus dans l’instant, beaucoup plus liées les unes aux autres. L : Pourquoi ce titre « Hypnophobia » ? Etes-vous « hypnophobique » ? Ou avez-vous peur de quelque chose en particulier ?

J : Non, pas vraiment. « Hypnophobia » a selon moi une signification plus symbolique. La définition scientifique du terme signifie « avoir peur du sommeil ou de l’hypnose ». Ce n’est pas vraiment mon cas, mais j’ai fait une expérience où j’ai été bloqué entre l’éveil et le rêve, et ces deux mondes se sont en quelque sorte mélangés. Ce point intermédiaire était plutôt effrayant et sombre. C’est peut-être parce que la plupart des gens l’ignorent lorsque cela leur arrive. Le jour suivant, je suis tombé sur le terme « Hypnophobia » qui m’a tout de suite paru très symbolique et c’est pour cela que ce mot m’a plu. La chanson « Hypnophobia » évoque plus le processus d’endormissement que forcément la peur de l’endormissement. L : Vous jouez de tous les instruments, excepté de la batterie. Pourquoi pas la batterie jusqu’ici ? J : J’y travaille ! [Rires] Je m’améliore à chaque fois. J’ai un drum kit dans mon studio maintenant donc quand je ne suis pas en tournée, j’adore jouer de la batterie. Mais je suis tellement souvent sur la route que je n’ai pas vraiment le temps d’en jouer ou de jouer d’un nouvel instrument qui pourrait me plaire. Mais il y aura bientôt aussi quelques unes de mes parties de batterie. Pas en live, et pas sur le dernier album, mais sur des B-sides et quelques sessions spéciales. L : Actuellement, il y a d’autres musiciens qui vous accompagnent en live. Est-ce que cela ne vous titille pas parfois d’écrire et d’enregistrer avec eux en studio ? J : Dans un monde idéal, il y aurait quelques musiciens qui sauraient exactement ce dont je rêve et ils le feraient. Dans un monde idéal, je serais entouré de 4 clones qui rêveraient des mêmes choses, joueraient ensemble et enregistreraient l’album live. Parce que personnellement j’adore la musique live et sur mes disques préférés, il y a toujours de grandes performances WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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“AU BOTANIQUE, j’ai l’impression d’être dans un palais de la musique où on a tellement de respect pour elle qu’on lui a dédié ce magnifique bâtiment”

live. J’aime être surpris par les autres en live mais je trouve dur d’atteindre ce point spécifique. C’est très difficile de décrire un processus personnel que je suis seul à connaître, de l’exprimer, de le communiquer à d’autres personnes qui ne vivent pas le même processus. Musicalement, ils le comprennent suffisamment que pour pouvoir jouer les concerts, et même rendre les chansons meilleures à certains égards. J’aime travailler avec les gens, mais j’aime aussi être seul en studio car j’ai la liberté absolue d’expérimenter sans avoir d’autres personnes qui m’attendent ou attendent mes directives. En tant que producteur moi-même, j’aime travailler seul, enregistrer les morceaux pendant que je les joue. L : Il paraît que vous avez une passion qui est de collectionner et de jouer sur des instruments vintage. De quel instrument êtes-vous le plus fier ? J : Je ne suis pas un collectionneur qui a en permanence une liste d’instruments dans sa tête, et qui surveille eBay tous les jours pour y trouver les meilleures affaires. Mais dès que j’entends quelque chose qui me plaît particulièrement, j’essaye de savoir ce que c’est, et si je peux le trouver quelque part… Je suis toujours intéressé et même fasciné 26

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d’essayer de nouveaux instruments. Je ne suis pas un collectionneur hyper méticuleux, mais je dirais que mon instrument préféré est l’Optigan (pour Optical organ). C’est un synthétiseur du début des années 70 qui est constitué de disques optiques contenant des sons d’autres instruments pré-enregistrés. Il possède un son très spécifique, le son est produit par des lampes, des lumières et c’est le seul instrument qui fonctionne ainsi donc c’est une expérience tout à fait unique et inspirante. J’aime aussi jouer avec le MS-20 (Korg) que j’ai acquis récemment. C’est un terrain de jeu inépuisable, infini. L : Qu’est-ce que les instruments vintage ont de plus que les instruments récents ? Une âme, un son ? A quoi attribuez-vous cet intérêt ? J : Les synthés analogiques en particulier m’attirent pour leurs sons produits par les composants électroniques qui se trouvent à l’intérieur, et avec lesquels on peut se sentir très lié. C’est plus compliqué avec les sons digitaux. L’un des instruments dont je préfère jouer, c’est la basse. Et je ressens une vraie différence entre les nouvelles basses et les anciennes. Mais néanmoins la moitié de mes chansons figurent une nouvelle basse qui est une


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réédition d’un ancien modèle. Donc, cela ne doit pas nécessairement être vieux pour que j’apprécie l’instrument. J’ai deux guitares acoustiques : l’une est une récente réédition d’un modèle Guild des 60’s, que j’utilise en live, et l’autre est une Harmony originale datant des 60’s que j’ai achetée à Seattle. Les deux sont totalement différentes ! Et j’ai joué une Blueridge avant ça qui était aussi une réédition, ou une copie d’une sorte de modèle de Martin des 60’s aussi. Donc j’ai d’abord joué avec des rééditions de guitares des 60’s, puis avec une originale des 60’s, et c’est chouette d’avoir le contrôle de son à ce point. La maturité du bois offre aussi un son particulier qu’il est impossible de retrouver avec les nouvelles rééditions.

J : Duncan Browne a été une grosse inspiration pour moi, il a sorti un album intitulé « Give Me Take You » en 1968 chez Immediate, le label d’Andrew Loog Oldham [manager et producteur des Rolling Stones entre 1963 et 1967]. Le label avait demandé à Browne d’être arrangeur pour les Small Faces notamment, et puis le label voulait voir ce que ça donnerait s’il créait sa propre musique comme il avait des opinions bien tranchées et des sons plein la tête. Cet album m’a complètement soufflé au moment où j’écrivais « Cabinet Of Curiosities ». Son deuxième album reflétait encore bien plus de maturité. Une certaine forme d’innocence transparaissait de son premier album alors que son deuxième était un peu plus sombre, en n’étant pas aussi influencé par la musique qui l’entourait que sa propre musique, de ses propres expériences. Je voulais moi aussi suivre ce chemin pour mon deuxième album. Son deuxième album m’a profondément influencé donc, mais aussi Mort Garson, un Canadien pionnier de la musique électronique, avec son premier album « The Zodiac : Cosmic Sounds » [1967]. Ça m’a aussi soufflé, puis j’ai écouté « Plantasia » de 1976, bien plus tard mais avec du synthé Moog partout, de la réverb’, du delay, des sons qui n’existaient pas dans la vie réelle. C’était impressionnant. Mais aussi beaucoup de Kraut Rock comme Neu!, de l’Acid Folk, du Mike Oldfield à ses débuts car avant « Tubular Bells » il a fait des trucs très chouettes, mais aussi Pentangle, plein de trucs folks cool comme Pearls Before Swine ont eu un gros impact sur moi aussi. Il y en a trop pour tous les citer ! L : En mars vous avez joué au Denton Music Festival au Texas, le même jour que The Zombies… J : Oui, c’est juste. C’était très cool ! En fait, on était dans le même hôtel que The Zombies. On était assis dans le jacuzzi de l’hôtel le matin du concert, à l’extérieur avec de faux rochers et tout, le cliché du jacuzzi d’hôtel américain un peu ringard, avec la piscine, une petite cascade, etc. La

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Ytnv Wuxga

L : Sur ce nouveau disque, quelle a été votre plus grande influence ? Qu’avez-vous écouté pendant tout au long de la création de l’album ?

salle de gym où on s’entraînait juste avant de rentrer dans le jacuzzi était juste à côté, et à un moment on s’est dit : « hey, ce ne serait pas Rod Argent en train de s’entraîner à la salle ? » N’est-ce pas incroyable ? Parce que tout le monde dans le groupe est profondément influencé par The Zombies, donc le voir faire sa gym quotidienne juste à côté de nous était incroyable. C’est incroyable de voir comment des choses aussi bizarres peuvent se passer dans une vie ! Ils ont vu notre prestation et ils ont beaucoup aimé, j’ai vu la leur et j’ai beaucoup apprécié également, donc c’était très chouette. L : Outre le Denton Music Festival, vous avez aussi joué dans d’autres festivals américains comme le South by Southwest et le Burgerama. Qu’en avez-vous pensé et à quel point les festivals américains sont-ils différents des festivals européens ?

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WATZ UP TALENT

J : C’est amusant parce que nous sommes ici aux « Nuits Botaniques », qui est un festival très spécial auquel je n’ai jamais participé bien que j’ai déjà joué au Botanique, donc. Etre dans un endroit comme celui-ci est tellement différent de South by Southwest ! Là-bas, il y a genre des milliers de groupes, ils sont dans plein d’endroits différents. Ici, j’ai l’impression d’être dans un palais de la musique où on a tellement de respect pour elle qu’on lui a dédié ce magnifique bâtiment, avec ses magnifiques jardins. On sent le respect pour l’art de la musique. Aux Etats-Unis, il y a aussi ce genre de respect mais il s’exprime très différemment car il y a tellement de groupes. En particulier, South by Southwest est tellement immense avec tellement de groupes, qu’on s’y perd et qu’il faut absolument choisir un certain nombre de groupes qu’on veut absolument voir la semaine où on y est, sinon on finira par n’en voir aucun. On passera tout son temps à courir dans Austin. Donc, c’est très différent mais je l’apprécie aussi, comme j’apprécie de pouvoir faire les deux types de festivals, d’enchaîner une tournée aux Etats-Unis avec une tournée européenne, de varier les lieux, les moments. L : De mai à juillet, vous jouerez presque tous les soirs en Europe et aux Etats-Unis. Comment faites-vous pour tenir physiquement et mentalement ? Avez-vous un secret « psychédélique » ? J : « Psychédélique », je ne sais pas, mais « psychologique » ça c’est sûr ! [Rires] Tout est psychologique : si on veut arriver à quelque chose dans la vie, il faut s’accrocher à ce qui compte le plus pour nous pour pouvoir traverser toutes les épreuves. S’il faut tourner pendant 1 an loin de chez soi, quand on manque tout ce qui se passe autour, que la famille, les amis nous manquent, que les saisons n’existent plus puisque d’un endroit à l’autre on passe de l’été à l’hiver (c’est une sorte de purgatoire un peu fou où le temps est suspendu), on a vraiment besoin de quelque chose à quoi se raccrocher. Et d’un autre côté, mes meilleurs souvenirs me viennent de mes tournées, donc c’est un mélange de choses désagréables, parfois terribles, et en même temps les choses les plus incroyables de ma vie. C’est ce qui caractérise les plus belles aventures je pense. Le premier single extrait du nouvel album « Find Yourself » est passé sur Studio Brussel, Classic 21 et Pure FM, mais a mieux marché au nord du pays jusqu’ici. Si vous n’avez pas eu la chance d’apercevoir Jacco au Bota’ en mai, sachez qu’il reviendra en Belgique le 22 juillet pour le Boomtown Festival (Gand) et le 2 août pour le Ronquières Festival (région de La Louvière). Enfin, pour les plus aventureux qu’1h20 de Thalys n’a jamais rebuté, Jacco se produira également dans le cadre du renommé Rock En Seine à Paris le 28 août •

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Retrouvez l’album “Hyphnophobia” sur les plateformes de téléchargement légales et dans les bacs !


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HE’S BACK !

C N O R T U D THOMAS

S R U M S E L E S I R B

onze offre cette année us no nc ro ut D nc as musicale, Thom t disque, voici do é en lit d ra o cé p ré m p te n so ’in d s des tre ans aprè à la recherche ans, c’est l’heure 42 re humaine. Qua à nc r, l’e ca à ée ns ur d so s e an nouvelles ch qui parle bien d isque, ses source e d tr u ti n ea U uv . no n” ai ce em d te évoque “Eternels jusqu’à e interview, l’artis nd ra g 2.0. e un s an D tisme et le Web an m ro le premiers bilans. n, o ti d’inspira Luigi Lattuca

Photos par Rudy

Lamboray

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mbiance jazzy-pop pour “Eternels jusqu’à demain”, le troisième album du fils de Françoise Hardy et Jacques Dutronc. Grâce à un mix de jazz manouche (dont il a fréquenté l’élite des musiciens aux Puces de Saint Ouen) et de variété, les effluves, les odeurs et les goûts de ce nouveau recueil sont clairs : à écouter sur une couverture rosée déposée dans l’herbe, comme le suggère un des titres. Les textes du disque sont limpides, le chanteur ayant voulu ne pas faire trop de jeux de mots afin d’être immédiatement compris. Une galette élégante réalisée avec harmonie et rythme à Londres avec Jon Kelly (producteur de Paul McCartney et Kate Bush) dans laquelle Thomas Dutronc s’interroge sur ses actions 32

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passées, celles qui le constituent, tout en continuant à se montrer séducteur. De simple biographie, le disque passe, au fil de l’écoute des titres, à voyage intérieur et fait naître des tas d’images. Végétant dans son “bain d’introspections”, Thomas Dutronc vous invite dans l’eau. Toi, moi, elle, … Des gens de tous les âges car « c’est l’artiste le plus intergénérationnel de mon écurie », nous confie son directeur de label. Rencontre à l’hôtel Be Manos de Bruxelles. Si vous deviez vous présenter à quelqu’un qui ignore qui vous êtes, quels mots choisiriez-vous ? Je dis en général aux étrangers que je suis guitariste et chanteur. Et quelle serait la petite annonce rédigée pour un site de rencontres en ligne ?


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« Guitariste, chanteur connu dans son pays cherche jeune femme idéale, riche, belle, intelligente, insoumise et soumise à la fois. » « Idéale » pour soi ? Oui, car il faut dire « idéal » tout de suite. Au début, ça doit l’être. On sait tous qu’avec le temps, ça descend d’un niveau donc il vaut mieux quelque chose d’assez idéal dès les premières minutes. Dans une interview récente, vous admettez regretter les années 70-80, l’esprit de « The Wall » des Pink Floyd qui est un disque que vous avez beaucoup apprécié. Non, je n’ai pas dit ça mais si on va par là, alors je regrette aussi les années 30. A chaque époque suffit sa peine. Quand on naît dans une époque, on voit toujours le bon d’autres périodes de l’histoire car ça a eu le temps d’être pensé et décanté. Par exemple, pour ma part, je regrette le vinyle. Je regrette la jungle d’Internet qui ne rapporte rien. Je ne pense pas qu’on vive bien avec Spotify. Pour en revenir à Pink Floyd, je l’ai découvert au même moment où je m’enivrais de Brassens. J’ai découvert aussi la guitare quand j’étais dans des écoles de ciné qui étaient à fond sur Eric Rohmer alors que j’étais plus tourné vers Alfred Hitchcock et les Monty Python. Vous qui avez éduqué au milieu des « Cactus » et des « Opportunistes », vous devriez vous sentir à l’aise dans l’époque actuelle, non ? Non, mon père disait ça comme ça… (Longue réflexion) Il y a une surpopulation mondiale qui fait du mal au système. Dans mon petit village de Corse, on respecte encore l’humain et on se dit bonjour. Parlons de votre nouvel album “Eternels jusqu’à demain” qui vient de paraître dans les bacs. Un titre

“je n’aime pas être confronté aux réalités crues et froides de la vie. Je suis un doux rêveur (...)” romantique avec un grand R. C’est gentil. La question centrale est finalement : fait-on un album pour enrichir son programme de scène ou pour aller plus loin dans les sentiments humains ? Je trouve ce disque moins humoristique et plus contrasté. Par ailleurs, je cherche à être exigeant. Je pense m’adresser à un public de connaisseurs tout en recherchant un son « live ». Un troisième album qui sort à l’âge de 42 ans, c’est celui qu’on nomme celui de la sagesse ou plutôt de la nostalgie ? Non, pas l’album de la nostalgie mais sur l’amour, le romantisme, les femmes et les histoires de cœur. J’aime parler des peines de cœur et rechercher l’émotion et le frisson. La larme à l’œil, c’est un beau bonus pour moi. C’est plus l’album de la mélancolie. Comment appréhender ces zones de haute insécurité que sont nos peurs profondes, nos rages, nos pulsions, nos blessures narcissiques, nos hontes enfouies, nos traumas ? Je pense être quelqu’un de fragile et de fort à la fois. J’ai vu et vécu plein de choses et, en même temps, je n’aime pas être confronté aux réalités crues et froides de la vie. Je suis un doux rêveur qui aime la fête et ses potes. “Aragon”, c’est un personnage pour mieux parler de sexe frivole et des changements de lit ? Ce morceau est un heureux hasard. J’avais un début de texte inspiré d’un poème d’Aragon et on avait besoin d’une maquette. C’est très évocateur de la tourmente amoureuse et des changements de partenaires, qu’ils soient réalisés à chaque nouvelle relation amoureuse ou plus souvent que ça… Ca reste flou. Ce que j’ai aimé, c’est la force des images poétiques du poème d’Aragon. C’est comme un tourbillon. WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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Dans “Qui je suis”, vous avez aussi envie de savoir qui vous êtes en dehors du lit. Ecrire sur le plaisir, c’est écrire sur le sens de notre existence ? On a coutume de dire que quand ça ne marche plus au lit, ça ne marche plus du tout. C’est quelque part vrai mais, heureusement, il n’y a pas que ça. Personnellement, ce morceau m’évoque des réminiscences de « Quand un vicomte» de Mireille et dénonce ce que tout le monde vit en restant superficiel. Dans “J’me fous de tout” et “Archimède”, il y a un petit côté Disney. Cette chanson aurait pu apparaître dans “Les Aristochats”. Qu’appréciez-vous de voir à la télé et par quoi êtes-vous attiré au cinéma ? Je regarde énormément de séries télévisées, j’essaie de suivre à peu près tout et, du coup, je ne vais plus trop au cinéma. C’est surtout à cause du boulot. Je travaille tellement que je n’ai plus le temps de voir des essais. Je veux être sûr d’aller voir quelque chose de profond qui me touche, comme « Le Discours d’un Roi ». Vive Internet pour s’ouvrir à d’autres cultures. Le Web 2.0. a profondément changé notre manière de consommer de la musique. La vôtre aussi ? Je regarde beaucoup de trucs sur YouTube comme les clips et les prestations live. Mais j’écoute la musique comme pas grand monde : avec des amis, autour d’un bar, avec les supports physiques et parfois le son horrible de YouTube. Mais il vaut mieux y aller le moins possible même si on y trouve des trucs remarquables comme les live. C’est compliqué, ces histoires de compression. On perd de l’âme. Personnellement, j’écoute la musique pour être touché, pas pour avoir un fond sonore qui détend. Comment cela se passe entre vous et votre maison de disques ? Vous donne-t-elle des pistes, vous conseillet-elle des voies dans lesquelles elle aimerait vous voir vous engager ? J’ai une très grande liberté et ils m’aiment bien en ce moment. Avec mon patron de label, on a eu du succès au même moment et maintenant, il est patron de Mercury. J’ai confiance en lui.

à accorder à un concept, c’est un an et demi. Justement, parlant de prises de risques, dans cette même interview que je citais, vous avez évoqué un album de votre maman qui n’a pas rencontré le succès escompté alors que vous le trouviez superbe et très travaillé. Avez-vous parfois peur d’une incompréhension du public ? C’est quelque chose qui vous freine pour de possibles prises de risque ? C’est très compliqué, le succès. Il faut faire les choses avec son cœur et faire confiance à sa maison de disques. C’est elle qui gère, par exemple, la stratégie radio. Une chose qui me gonfle, je n’écoute la radio que dans le taxi. En tout cas, l’éternel débat sera toujours « Je fais les choses pour moi ou pour faire plaisir aux gens ? ». J’essaie quand même de m’ouvrir à d’autres publics et de ne pas faire que des titres avec deux guitares et deux violons. Vous essayez de priser vos murs personnels en quelque sorte. Alors qu’on a abattu le mur de Berlin en 89, il semble que la tendance soit plutôt à la reconstruction de cloisons en Israël et dans bien d’autres endroits. Etes-vous convaincu que la culture reste une forme de véritable liberté d’esprit ? On a l’impression que les choses changent mais si on retombe sur des journaux télévisés des années 70, on voit que c’était déjà le conflit entre Israël et Palestine. Un affront est un affront, il faut le laver mais il faut pardonner et mettre son esprit dans ce mode. Je ne suis pas rancunier donc je suis pour le pardon. En 2008, vous étiez venu chanter à l’Ancienne Belgique. Prévoyez-vous de réinvestir la même salle pour la tournée qui soutient votre nouveau disque ? Nous n’avons pas encore choisi de date mais je pensais plutôt au Cirque Royal. J’aime ces deux salles et l’AB est plus rock mais, pour moi, la salle idéale n’existe pas. Pour le spectacle qui sera proposé, je trouve le Cirque Royal plus adapté. Il y aura notamment plus de musiciens qui m’accompagneront sur scène et qui joueront 40 minutes de set acoustique. Dans cette salle, les gens seront assis et donc un peu figés, mais je peux les faire lever et créer des surprises. J’aime cette dimension de spectacle •

Mais concernant le choix des singles ? La maison de disques s’en charge. Je peux dire quand un choix ne me plaît vraiment pas mais, après, tout dépend du type de contrat qu’a un artiste. Je pense en prendre un autre à l’avenir pour avoir un peu plus de liberté mais, en ce moment, l’équipe musicale et marketing derrière mon album met le paquet car ils l’aiment vraiment. Je pense que nous allons prochainement lancer deux singles en parallèle : « Aragon » et « Qui je suis ». Pour les albums, c’est plus compliqué d’aller plus vite. J’aimerais en réaliser plus rapidement mais je trouve que le minimum de temps 34

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RISING MOON FESTIVAL

Un nouveau festival se prépare dans la Région du Centre Préparer un festival est un projet animé d’une logistique importante. Le Rising Moon Festival sera lancé le 12 septembre prochain. Où ça ? Sous la lune, exactement. Non, c’était facile... A Braine-le-Comte, là où la nostalgie de l’Autumn Rock Festival était encore présente, dixit Olivier Mouffe, le chef d’orchestre, qui collabore, pour ce projet, avec son cousin. Explications. Luigi Lattuca

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Bonjour Olivier. Vous êtes passionné de musique au départ ? Comment ce projet a-t-il réalisé son petit bonhomme de chemin dans votre tête ? La musique est clairement ma première passion. Je compose tous les jours et à la base, je suis ingénieur du son. Il y a quelques années, j’ai créé Vidi Audi Vici, une société d’événementiel. Sur le site Champs de La Lune (avec une salle et un stade), à Braine, il y avait l’Autumn Rock Festival et je suis loin d’être le seul à regretter sa disparition. J’ai voulu réanimer la ville donc j’ai démarché. Les autorités locales ont été séduites et ont accepté le projet fin 2014. Le cousin de mon épouse m’aide dans la prise de décisions. Pour la première édition, je fais tout, dont le premier teaser mis en ligne, j’ai contacté les sponsors ainsi que les bookmakers, etc. Et concernant votre proposition artistique, pourquoi un festival de Deep House/EDM ? Car il y a très peu de festivals autour de la deep house dans la Région du Centre. L’idée était de pimenter ce son avec un peu d’EDM qui reste quelque chose de plus

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ous êtes invités à un tout nouveau festival dans le Hainaut. Après 17 éditions, l’Autumn Rock Festival a laissé des tas d’amateurs de musique wallons orphelins. C’est ainsi qu’Olivier, 31 ans et né à Lessines (dans l’arrondissement de Soignies), pense répondre à une certaine attente en créant sa propre fête de Deep House/EDM. A l’affiche : Lost Frequencies, Androma, Pep & Rash, Jetfire, Blinders, Watermat, et Vincente. La deep, qui ne cesse de gagner en popularité, est souvent décrite comme une musique complexe car elle doit parfaitement accorder soul et ambiance lounge. Monter un festival est également un travail ardu, complexe et de longue haleine. Mais la musique est la première passion de son fondateur bien aidé par sa famille et ses amis.

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classique dans la programmation des festivals actuels. Et puis, pas loin, il y avait aussi le Ronquières Festival dont l’identité était plus pop/rock et il fallait donc se différencier à la fois d’eux, mais également de nos prédécesseurs. Vous l’avez évoqué : de par vos activités, vous aviez donc déjà assez d’expérience dans la logistique et l’organisation de projets ? Oui, ma société a monté “Les Printemps Chics”, un apérourbain qui a bien marché à Ath et qui reviendra sans doute en automne, donc j’ai déjà de l’expérience. Mais prendre en charge des artistes internationaux, de l’arrivée à l’aéroport jusqu’à leur départ, c’est un peu nouveau pour moi. Et pour trouver des financements ? Ca a été. Il y avait d’abord le background de la société, puis le sponsor des boissons et la Ville qui aide à la logistique. Niveau promo, Pure FM réalise beaucoup de publicité autour de l’événement et va même très bientôt lancer un concours. Il n’y aucune implication politique dans le projet. La nostalgie autour de l’Autumn Rock Festival a-t-elle aidé à trouver des partenaires, à toucher des groupes dont vous aviez besoin ? Contrairement à ce que vous pouvez penser, ça a été une des choses les plus difficiles. L’Autumn Rock Festival n’a pas eu de poids dans l’argumentaire. C’est le “oui” des artistes qui a plutôt fait avancer le projet et lui a donné du relief. Quand vous devez convaincre des gens de parier de 38

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l’argent sur un nouvel événement, ce n’est pas si facile car il n’y a rien derrière... C’est un tout nouveau projet. Mais on y est arrivé ! Et on se donne un objectif sur quatre ans. On reverra ensuite le concept et sa possible reconduction. J’imagine que vous utilisez aussi beaucoup les réseaux sociaux ? Oui, à 100%. Je pense que tout le monde passe au moins une fois par semaine sur Facebook donc il faut y être pour toucher un maximum de personnes. C’est bien d’avoir les meilleurs artistes du monde mais si personne n’est au courant, cela ne sert à rien. D’ailleurs, le street marketing démarre bientôt car il ne faut pas démarrer cela trop tôt afin de rester dans les esprits. Notre campagne d’affichage est prévue début juillet. A tous ceux qui veulent monter leur propre festival, je dirais que la communication est vraiment l’aspect le plus important. Il faut insister làdessus. D’ailleurs, la réussite de Tomorrowland, par exemple, réside beaucoup dans les gros moyens investis dans leurs outils de communication. En attendant de danser, les curieux peuvent se rendre sur le site http://www.risingmoonfestival.com/ pour voir la bande-annonce officielle et commander leurs tickets (aussi sur TicketMaster) aux prix de 22€ en prévente et de 27€ sur place. Des packs VIP Lounge à 75€ sont également disponibles. Le Rising Moon Festival se tiendra à Braine-le-Comte au complexe Champ de la Lune. Samedi 12 septembre à 14h.


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Daniel Ek

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Spotify le roi du streaming

Issu de l’esprit imaginatif d’un surdoué ambitieux, Spotify permet l’accès en illimité et de façon spontanée à l’ensemble des catalogues de musique. Confronté à la concurrence et aux reproches des auteurs, ce service de streaming continue sa progression fulgurante à travers le monde. Virginie Garcia

Magicien du business en ligne, Daniel Ek ne paye pas de mine. Il a 32 ans et il est PDG de Spotify, la fameuse plateforme de streaming musical, mais il ressemble à un éternel ado.Pourtant, ce tranquille Suédois n’a rien de désinvolte. Il possède juste une motivation sans borne pour son projet né en 2008 et que l’on appelle « jukebox céleste». Au départ, l’idée paraissait folle, mais maintenant on pourrait dire que Spotify est au domaine musical ce que Netflix est au monde vidéo. Spotify permet d’accéder en illimité sur son PC ou son smartphone, à tous les morceaux musicaux imaginables. Plus de 20 millions d’entre eux sont accessibles sur le catalogue. Et tout ceci pour 10 €/mois ou même gratuitement si l’on accepte d’écouter des spots publicitaires de temps en temps, entre les morceaux. Mark Zuckerberg ne s’y trompe pas et a déclaré que Daniel Ek avait compris le potentiel qu’offrait le streaming avant tout le monde.

Les auteurs seront les derniers Apparemment, le créateur de Facebook

n’a pas entendu parler de Deezer. Pourtant, ce service français est né un an avant Spotify et vise le même marché. Bien sûr, en France Deezer est préféré, mais pour le reste du monde Spotify est 4 fois plus utilisé avec ses 60 millions d’usagers, dont 15 millions d’abonnés, dans 58 pays. Les prévisions tablent même sur 40 millions d’usagers en 2020. Pour faire fonctionner son entreprise, Ek a réussi à lever près de 50 millions, mais doit verser des commissions à l’industrie musicale. Le chiffre s’élève à presque 2 milliards d’euros depuis sa création et d’après Tom Corson, le président du label RCA, cela fonctionnera de mieux en mieux parce que les gens qui possèdent un compte gratuit vont s’abonner au fur et à mesure. Le problème c’est que les auteurs, sans qui rien ne serait possible, ne sont que la dernière roue du carrosse. Ainsi, Thom Yorke ou Taylor Swift ont même préféré se retirer de Spotify. Il faut dire que 150 écoutes d’un morceau ne rapportent qu’un euro à l’auteur. Marc Ribot, guitariste et compositeur New Yorkais, déclare qu’avec son groupe, ils n’ont touché que 150 euros pour 68 000 streams de leurs titres. La possibilité d’écouter de la musique en illimité se paye, mais ne paye pas tout le WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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La taille des catalogues comparée Spotify : 30 millions de titres et 15 millions d’abonnés sur 60 millions d’utilisateurs. Deezer : 35 millions de titres et 6 millions d’abonnés sur 16 millions d’utilisateurs. Apple Music : 37 millions de titres, la société veut convaincre 100 millions d’utilisateur. monde d’après lui et il accuse Daniel Ek de s’en mettre plein les poches. Pourtant, à l’origine, le but du Suédois placide n’était pas de s’enrichir puisqu’il l’était déjà. Surdoué de l’informatique, il vendait ses services à des sociétés hightech dès ses 14 ans. À 22 ans, il est déjà retraité après avoir vendu son agence de pub en ligne. Là, il se perd dans le luxe et la fête, il achète une Ferrari rouge, une immense maison et il fréquente beaucoup de gens plus intéressés par son argent que par sa personne. Il en prend conscience et plonge dans la déprime. Il réfléchit à son avenir. Et là, une personne avec qui il avait fait affaire quelques années plus tôt, lui conseille de chercher du côté du monde de la musique. Il se souvient comme il avait apprécié Napster, quand il l’utilisait pour écouter son groupe préféré, Roxette, et qu’il avait par ce moyen découvert tout un nouveau monde musical et autant de groupes ou chanteurs qu’il ne connaissait pas (Les Beatles, Led Zeppelin, David Bowie ou les Sex Pistols, etc.). Cela l’avait beaucoup impressionné et a servi de base à sa réflexion.

Toute la musique à portée de clic Toutefois, Napster était mort et Daniel Ek a commencé à imaginer un service d’écoute immédiat, mais qui resterait dans un cadre légal. Son ingénieur, Ludvig Strigeus pensait qu’il n’était pas possible d’écouter une musique avant qu’elle ne soit complètement téléchargée. Mais le futur 42

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créateur de Spotify est un visionnaire et insiste. Quatre mois après, un prototype est au point et deux ans plus tard Spotify est là, impressionnant. Une fois les problèmes techniques réglés, d’autres soucis apparaissent quand il s’agit d’accéder aux catalogues des labels. Ceux-ci n’accueillent pas ce Suédois inconnu de l’industrie du disque à bras ouverts. Mais en 2009, la chance frappe à sa porte et l’un des créateurs de Napster, Sean Parker, l’un des dirigeants actuels de Facebook l’aide à signer les différents labels. Et, même s’ils ont mis 2 ans à persuader les plus grands : EMI, Sony, Universal, Warner, ils ont fini par y arriver quand même.

Au bonheur des amateurs de musique Daniel Ek reprend souvent l’expression de Mark Zuckerberg en disant que la musique doit se consommer « sans friction », c’est-à-dire que le partage doit se faire de façon fluide et naturelle. En 10 ans, la rareté s’est transformée en abondance et le mieux, c’est que tout se trouve à portée d’oreilles sans avoir besoin de dégainer la carte bleue. Comparé à ITunes Store où le client hésite à payer avant d’avoir écouté ne serait-ce qu’un extrait qui donnerait une idée du titre, Spotify permet de ne même plus se poser la question. D’ailleurs, la meilleure preuve, c’est que Spotify est le paradis des créateurs de la musique indépendante. Neil Diamond par exemple est 4 fois moins écouté que les Pixies.


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C’est une plateforme qui permet vraiment, avec ses 20 000 nouveaux morceaux par jour, de découvrir toutes sortes de musiques. Pour ceux qui préfèrent cibler leurs goûts précisément, il existe des playlists thématiques à profusion, créées par les autres utilisateurs. Cette possibilité de playlists dans le monde du streaming est vraiment la nouvelle manière de consommer la musique et de faire connaitre des créateurs et de nouveaux artistes. Lorde, la chanteuse de Nouvelle-Zélande ne dira pas le contraire puisqu’elle a connu un succès fulgurant avec son titre « Royals » quand Sean Parker lui-même a intégré ce morceau à sa playlist personnelle. Sans compter que Spotify est capable d’offrir des playlists basées sur l’instant présent. Vous êtes en train de courir, il y a des playlists exprès. Il pleut ? Idem. Soirée anniversaire ? C’est parti. Et pour cela, vos comportements sont observés, décortiqués de façon à savoir exactement ce que vous attendez à chaque instant de votre vie. Comme le dit Daniel Ek : « Nous ne sommes plus seulement dans une sphère musicale, nous sommes dans une sphère de l’instant ». Et, de toute façon si on ne trouve pas la liste musicale idéale il y a toujours la possibilité de la créer soi-même. Daniel Ek a même démarché les constructeurs automobiles pour qu’ils placent son service en série dans les autoradios. De quoi partir en voyage sans rien avoir à préparer à l’avance : fini les CD gravés ou les fils pour brancher son MP3.

Spotify n’est plus tout seul Par rapport aux autres sociétés high-tech dans d’autres domaines, pour Spotify, plus il y a de consommateurs plus il y a de frais fixes. En effet, les commissions à payer aux industries du disque sont proportionnellement plus importantes quand le nombre de streams s’élève. Cela n’inquiète pas Daniel Ek qui explique que la force de ce concept se trouve dans la qualité du service et non dans la rentrée d’argent potentielle qu’il peut en tirer. Il est patient et ambitieux puisqu’il sait que cela viendra en son temps. Son optimisme risque pourtant d’être mis à mal par des rivaux beaucoup plus terre à terre. Par exemple, Apple qui veut mettre Beats Music (Apple Music) en série sur ses iPhone ou Jay Z qui à d’ores et déjà investi 56 millions de dollars dans la compagnie de streaming suédoise Aspiro (Tidal). Ek ne baisse pas les bras et s’associe avec Sony pour que son service soit installé directement sur tous ses appareils compatibles, soit des centaines de millions, comme les PlayStation 3 et 4, les smartphones et les tablettes Xperia. Hormis les concurrences de plateformes, ce sont les maisons de disques qui vont finir par réclamer des commissions de plus en plus fortes dans la mesure où leurs ventes physiques vont baisser de plus en plus. Et, tout ce beau monde qui s’entendait parfaitement jusque-là risque bien de se retrouver dans une relation malsaine, comme celle qui reliait Daniel Ek avec ses soidisant amis des boites de nuit à l’époque de sa vie de luxe.

A l’échelle mondiale et tous services confondus, le nombre d’internautes payant un abonnement de streaming musical est passé de 8 à 41 millions entre 2010 et 2014, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI). Cela représente des recettes en forte croissance (+39% l’an dernier à 1,57 milliards de dollars), mais seulement une petite partie des quelque 15 milliards de dollars de revenus annuels de l’industrie musicale.

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TOUJOURS UN DÉCLIC D’AVANCE Ses nouveaux amis se nomment Pharrell Williams ou Robert De Niro. Son look – chapeau et lunettes de soleil – s’est imposé comme un logo. Mais comment, en moins de cinq ans, ce jeune street artist français est-il devenue une star ?

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rtiste français engagé, JR expose ses photographies monumentales en noir et blanc sur les murs de bétons ou les toits rouillés des villes du monde. De Paris à Marseille en passant par Shangaï, New-York, les favelas de Rio de Janeiro, les bidonvilles de Kibera au Kenya ou encore sur la barrière de séparation de la cité brisée de Bethléem. Il affiche des portraits d’anonymes qui peuplent les rues. Des anonymes qui s’approprient l’art urbain en devenant acteurs de ces projets artistiques.

Provoquer l’interrogation Artiste contemporain né en 1983, JR grandit en région parisienne. Il étudie au collège Pierre-et-Marie-Curie à Le Pecq dans les Yvelines. En 2001, alors qu’il trouve un appareil photo dans le métro parisien, il décide de parcourir l’Europe 44

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Luigi Lattuca

à la découverte de l’art urbain. Ce qui l’intéresse ? Les limites verticales, les murs et les façades qui structurent les villes. Et parfois qui les séparent. Au travers de regards et de visages photographiés, JR veut offrir à ces morceaux de laideurs un supplément d’âme. Son but : provoquer l’interrogation des populations locales sur le sens de l’œuvre. Et le sens du monde. En 2004, il réalise Portraits de Génération où les visages de jeunes de banlieue s’exposent en très grands formats. Un projet d’abord illégal qui a fini par séduire la ville de Paris. En 2007, il réalise Face2Face, avec Marc Berrebi, dit Marco. « La plus grande expo photo illégale jamais créée », d’après JR. D’immenses affiches de portraits d’Israéliens et de Palestiniens se font face dans huit villes du territoire et sur le mur qui les sépare. Les visages sont grimaçants ou hilares. Il a réalisé ce tour de force en collaboration directe avec les populations locales, cherchant à leur faire reconnaître vainement qui était l’ami de l’ennemi (voir l’interview de Marc Berrebi). Le film Faces, réalisé par Gérard Maximim, qui retrace l’épopée de ce projet, reçoit de nombreux prix.

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Femmes et vieillards sous l’objectif Le projet « Women are Heroes » (voir l’interview donnée à Allociné en 2011) emmène JR dans un voyage aux quatre coins du monde à la rencontre des femmes, au cours de l’année 2008. Au Brésil, au Libéria, en Sierra Leone, au Kenya, il rencontre les femmes qui vivent au cœur des conflits, victimes de violence, et qui pourtant partagent avec générosité leur univers. Pour conclure le projet, JR en tire un documentaire qui est sélectionné au festival de Cannes en 2010 pour la Caméra d’Or. La même année, il part à la rencontre des anciens de Carthagène à qui il propose de participer à son projet « Les sillons de la ville ». Son objectif se fixe sur les rides des visages avec lesquelles il essaie de raconter l’histoire de la ville. Une ville qui parfois change plus vite que les marques du temps. En 2013, JR pose ses bagages à Times Square à New-York. Il invite les passants et les touristes à se faire tirer le portrait dans un photomaton et à coller leur image sur le sol. Une grande fresque humaine se construit peu à peu sous les pieds des New-Yorkais. Celui qui a reçu le prix de la fondation TED à Long Beach en 2011 s’est vu offrir une dotation accompagnée d’une demande : « un vœu pour changer le monde ». S’il n’en est pas encore là, JR parvient pourtant à faire s’interroger les spectateurs de son art. Notamment sur leur capacité à regarder l’autre, à chercher à le comprendre pour accepter de vivre avec. En juin 2014, les journalistes du monde entier se pressaient sur l’esplanade du Panthéon, symbole de la République française. Ils étaient venus découvrir l’œuvre de JR, 31 ans, un street artist qui a recouvert de plus de 4 000 visages la bâche qui abritera le monument national durant les deux ans de sa réfection. Derrière ses initiales, ses lunettes noires et son allure à la Mathieu Kassovitz, JR continue de parcourir les routes du monde pour faire vivre son art, tout en cherchant à rester un anonyme de la rue •

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BELGE UNE FOIS !

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La marque qui célèbre la belgitude

C’EST DU

BELGE

Une nouvelle start-up noir-jaune-rouge s’amuse des clichés et célèbre “la Belgique unie”. L’occasion de redécouvrir des expressions bien ancrées dans les têtes sur cartes postales, tee-shirts, badges ou encore casquettes. L’œuvre d’un couple qui a profité du partage intensif des réseaux sociaux.

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Encore des Belges qui ont changé de carrière. Ceux-ci n’ont pas encore 30 ans, sont en couple et ont voulu unir leur destin professionnel en créant une boutique en ligne de type merchandising. Naît donc “Belge une fois” qui décline la belgitude, l’humour, l’autodérision chère aux Belges et l’émotion sur différents supports tels que la papeterie (cartes postales à 3€), les accessoires (badges et magnets à 4€ + miroirs à 7€) , la décoration (posters à 15€) ou encore le textile (avec tee-shirts vendus 35€). Ils ne font appel à personne, ne traitent qu’avec du belge... et ça marche fort, comme nous le confient Arthur et Natacha, les deux fondateurs. Merci Facebook. Comment tout a commencé ? Arthur : Avec une carte postale ! Natacha avait, un jour, réalisé un entrelacement de belgicismes. Et une des dames 48

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qui lui achetait des bijoux l’a prise en photo, l’a diffusée sur Facebook et a, comme nous, constaté que le partage a été hallucinant. Cette carte a beaucoup tourné. Donc l’idée a ensuite germé de plus belle dans la tête de Natacha. Nous n’avions pas énormément confiance en l’idée mais la carte sur les réseaux sociaux nous a poussés à aller plus loin. Cet engouement a été très agréable. Depuis, vous exploitez donc assez bien les réseaux sociaux ? Natacha : On les exploite à mort et on s’en amuse même. Il suffit de voir notre compte Instagram. Je confirme le gros succès de ma carte postale. J’ai ensuite parlé du projet à Arthur car je trouvais que le Belge avait le vent en poupe depuis pas mal de temps, même à la télé, et l’exposition actuellement au Bozar a quand même fait la Une du “Figaro” en France ! Je n’apprécie pas l’expression “effet de mode” mais il faut reconnaître que le Belge a la côte. L’idée était de jouer avec la belgitude sans faire des choses moches. J’ai bien


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aimé le titre “Belge une fois”. Il fallait un nom facile à retenir et surtout logique. En fait, on s’amuse avec les clichés. Sur nos créations, les gens ont redécouvert plein d’expressions.

perdu un peu son image de...

D’ailleurs, elles se sont retrouvées en ligne sur le site du “Soir” fin mars à l’occasion d’un sondage pour demander “quel belge” l’internaute parlait-il. Et ce sondage a aussi été partagé à vitesse grand V sur Facebook.

Arthur : Un peu lourdingue, ouais. Et notre start-up porte en plus comme nom une expression un peu rabâchée.

Peut-être avez-vous inspiré l’idée ? Natacha : Je me souviens de cela et figurez-vous que je me le demande aussi. Sur les marchés où on est présents, quand on rencontre les gens en tout cas, on nous parle beaucoup de cette carte. Nous sommes sur celui de “L’Appartement” à Liège - où exposants et créateurs transforment un lieu -, au “6001 is the new 1060” - soit Marcinelle is the new SaintGilles - qui est un événement trimestriel et au Brussels Vintage Market aux Halles Saint-Géry. Des marchés spécifiques et non classiques. Les retours positifs nous font tellement plaisir. Les gens sont dans le même état d’esprit que nous : privilégier l’émotion et ne pas tenir compte des expressions vulgos. Il faut avouer qu’il y en a mais on ne marche pas là-dedans. En tout cas, on constate que les belgicismes sont tellement intériorisés par la population que celle-ci ne pense même plus que ça en est ! Et c’est tellement rigolo que nous avons donc pensé à l’afficher sur du textile. Arthur : Le but est de faire plaisir, de s’amuser et aussi de rendre hommage à des expressions de nos grands-parents. Ce n’est pas tombé en désuétude. Par exemple, rien que de dire “J’avoue”, c’est typiquement belge, typiquement dans l’autodérision. De plus, le Belge a le vent en poupe car il a 50

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Natacha : ... de baraki !

En parlant d’image, celle du Belge n’est plus celle des “années Coluche”... Natasha : La Belgique est avant tout un pays d’humour et d’autodérision. Ce n’est pas donné à tous les pays. Je ne sais pas si le Français accepterait de se balader en rue avec un tee-shirt ou une casquette taguée d’une insulte. Un exemple intéressant qui illustre bien qu’on est pas chauvins, c’est le dernier match amical entre ces deux pays. Une fois terminé, c’était “Merci, au revoir”. Nous sommes beaucoup plus cools. Vous pensez déjà à de nouveaux produits ? Arthur : On s’oriente de plus en plus vers le textile. Ce ne sera pas toujours des phrases mais plutôt la mise en avant d’un certain artisan belge. D’ailleurs, nous nous sommes prêtés, avec des amis, au jeu du concept-store. A partir du 21 juillet et jusqu’au 26 août, nous allons investir la galerie du 103, rue Haute, près de la Place du Jeu de Balle. C’est un rassemblement amusant de créateurs belges. On n’aurait jamais imaginé autant de retours positifs et de contacts. Natacha : D’ailleurs, il est déjà arrivé que lorsqu’un client ne voit plus sa taille dans notre stock de marché, il vienne prendre un café à la maison pour récupérer son produit •


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SERGE ANTON

DES CLICHéS QUI ONT DU CARACTèRE

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Depuis 30 ans Serge Anton pose un regard curieux et intéressé sur le monde. Partout où il va, léger sourire aux lèvres, gentillesse, la vraie, incarnée, et pas sautillant, il capte l’essence humaine. Et autant il semble doux, autant ses portraits ont une force énorme qui nous scotche directement et totalement. La taille, la lumière, le contraste du noir, du gris, du blanc et les regards de ses sujets en appellent directement à nos émotions.

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erge Anton (°1966) est né en France et diplômé en études artistiques et photographie à Bruxelles. Depuis 1988, il travaille pour différents magazines de décoration comme Elle Décoration, Marie Claire Maison, Déco Idées, Gael Maison, La Libre Essentielle, etc. Il a également publié plusieurs livres. Avec beaucoup de reportages à l’étranger comme

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Amériques du Sud, Afrique, Asie et par tout en Europe il a vu presque tout le monde. Pourtant, son inspiration reste principalement à Bruxelles. Pourquoi et quand avez-vous décidé de devenir un photographe? Je suis très curieux de nature et ce métier me permet de m’intéresser à beaucoup de choses; les gens, la terre, l’architecture, les artisanats. La photographie continue à me faire découvrir pleins d’univers. Quoi cherchez-vous spécifiquement dans une image? 
 Je cherche d’abord à ce qu’elle me procure une émotion et raconte une histoire. Donc, pour moi, une image doit être belle esthétiquement, faire rêver et procurer une émotion. Comment essayez-vous de contribuer une touche personnelle à vos photos? J’apporte beaucoup d’importance à la matière et la lumière et il parait que ça se manifeste dans une esthétique 54

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particulière. J’espère y apporter quelque chose de magique. Qu’est-ce qui vous a inspiré ou convaincu de chercher l’âme de Bruxelles ? Je suis d’origine française, mais aussi belge. Mon père est venu en Belgique en 1950 et a adoré l’ouverture d’esprit du pays et les gens et leur façon de vivre. J’adore Bruxelles pour son coté cosmopolite, sa versatilité. J’aime ce qui est différent. J’aime apprendre et comprendre l’autre. Selon moi, Bruxelles est une ville avec un cœur. Elle ne laisse pas indifférente. Vous êtes né et élevé à Bruxelles, est-ce que ça rend ce travail encore plus spécial pour vous? J’ai grandi à Bruxelles avec une nationalité française jusque j’étais 20 ans. Puis je suis devenu belge. A Bruxelles, je me sens chez moi, mais aussi comme un étranger avec un regard de spectateur ... comme si je ne tais de nul part.


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Quelle a été votre contribution à la réalisation de cette campagne/ ce concours ? Le fait que l’on me fasse confiance, ce qui ce compétition une campagne artistique. Cette liberté artistique est rare et je la chéris. J’aime beaucoup ça, presque une carte blanche. Comment conciliez-vous l’artisanat pur d’Affligem avec l’âme d’une ville?
 Selon mon expérience avec Affligem et en connaissant leurs produits et leur savoir faire, je voudrais associer leur artisanat et la notion de temps avec l’âme entre la passé et le présent. Comment allez-vous capturer l’âme de Bruxelles? Je vais essayer de trouver les belles lumières et les ciels de Bruxelles. Dans mes images je devrais capturer les bons WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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moments et les bons lieux qui ont une âme.
 Comment conciliez-vous l’histoire riche de Bruxelles avec le caractère dynamique de la ville? Bruxelles à beaucoup de lieux qui conflits comme la Rue de la Loi avec la Musée du Cinquantenaire. Ces deux endroits montrent les deux visages de la ville. Pourquoi le choix spécifique pour la photographie en noir et blanc? Je veux créer plus d’atmosphère. C’est un décalage par rapport à notre vision d’humain en couleur. Que pouvez-vous dire sur le choix des sites? Le choix est un choix artistique et photogénique qui raconte l’histoire de Bruxelles avec un côté symbolique.
 Avez-vous déjà une idée de comment vous allez photographier les sites ? Oui, tôt le matin ou tard dans la nuit. Si c’est possible, je voudrais capturer les moments après la pluie ou des orages. Ou est-ce plutôt une source d’inspiration du moment ? Mes images sont toujours fortes et puissantes. Ca rend une image toujours plus forte. Mais, vous n’allez pas seulement faire le portrait des sites sélectionnés. Vous avez aussi reçu carte blanche pour prendre trois photos supplémentaires. Pouvezvous nous déjà raconter un peu
plus ? Ca sera en fonction de l’inspiration. Je vais promener à Bruxelles et redécouvrir moi même la ville. La photographie est aussi une part d’improvisation en fonctions des conditions du moment. Comme apothéose, votre travail sera exposé en Septembre à Bruxelles. L’exposition sera ouverte pour tout le monde? 
 J’espère dans un lieu adéquat avec le sujet. (dit-il mystérieux)

Plus d’informations sur l’exposition en septembre, gardez un œil sur le site web d’Affligem – savourez l’âme.

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SOCIETE

Quand le yuccie évince le hipster Déjà dépassé, le hipster, qui portait en lui une volonté d’originalité et de transgression, paraît mort de sa belle mort. C’est le yuccie (de Young Urban Creatives) qui tente de prendre sa place.

Les self-made-men de la génération internet

Les yuccies regroupent tous ceux qui ont connu l’expansion d’internet. Pour eux, c’est une source de miracles et de désillusions inépuisable. Leurs nouveaux héros s’appellent Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, et sur leurs pas, les yuccies veulent partir à l’aventure et tenter le Graal : la réussite en auto entrepreneuriat. David Infante s’appuie sur des chiffres tirés d’une étude de l’Université de Berkley, réalisée en 2014. D’après celle-ci, 66 % des trentenaires souhaitent créer leur entreprise. Mais, il convient de relativiser puisqu’une fois qu’ils ont un travail, il n’en reste que 17 % qui lâcheraient tout pour réaliser ce rêve. C’est une étude du Cabinet d’audit Deloitte qui l’affirme en 2015. De plus, aucun pourcentage n’existe pour quantifier la portion de ceux qui sautent vraiment le pas. 62

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David Infante explique que l’on peut croiser des yuccies à tous les coins de rue quand on habite une grande ville comme New York ou San Francisco. Et que l’on en connaît certainement beaucoup.

L’argent passe après À la différence du yuppie (Young Urban Professionals), le yuccie ne recherche pas l’argent à tout prix. Il souhaite avant tout un équilibre entre réussite sociale voire financière et épanouissement personnel. Et si tout cela lui permet d’exprimer sa créativité, il a tout gagné. D’après une étude Deloitte en 2014, 60 % des millenials choisissent leur entreprise en fonction de l’objectif qu’elle propose. Toutefois, il ne faut pas se leurrer. Si le yuccie ne recherche pas l’argent comme premier objectif, c’est qu’il en a déjà. Il peut donc choisir sa ligne de vie sans craindre la misère. Comme le dit l’auteur : « ils ont le confort d’être détaché des contraintes par conviction ; le luxe de choisir leurs batailles ». Ils souhaitent surtout la reconnaissance de leur créativité. David Infante propose en conclusion, le « cynisme du privilège » comme description du yuccie. Ce trait de caractère, il le qualifie de « yucky » qui signifie « dégoûtant » en français. Le yuccie ignore les conventions sociales et les dépasse, aidé en cela par sa culture et son niveau de vie identique à celui du yuppie. Mais où se place le hipster dans cette histoire ? Là où lui, souhaitait juste se démarquer de la population moyenne, le yuccie, lui, veut réussir sa vie personnelle. Où se trouve la nouveauté finalement ?

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out le monde a entendu parler d’un avocat qui tombe la robe pour devenir coach de sport ; ou d’un jeune ingénieur qui devient web entrepreneur ; ou même d’un étudiant promis à un bel avenir qui devient voyageur et photographe. Ils font tous partie de cette génération des millenials, ces jeunes de la génération Y, nés de 1980 à 2000, et que David Infante dans un article du site Marshable, appelle dorénavant les yuccies. Il en donne cette définition : « Pour faire court, une tranche de la Génération Y, transportée du confort suburbain, endoctrinée du pouvoir transcendant de l’éducation et infectée de la conviction que, non seulement nous méritons de poursuivre nos rêves ; nous devrions également profiter d’eux. »


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GEN

TLEM A N O NLY

Quand la maturité

devient sexy

Se comporter comme un éternel ado à accumuler les partenaires, les plans à trois et les films pornos, c’est dépassé à votre âge. Et, si ce qui marchait le mieux maintenant, sur le marché du sexe, était de se comporter en adulte responsable ?

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l faut grandir maintenant. OK, vous avez le droit de prendre des cuites et de ramener de jolies demoiselles chez vous les soirs de fiesta, mais point de vue sexe, il va falloir devenir adulte.

Il y a un temps pour tout, et ce qui se fait à 20 ans n’est plus si cool à 30 et carrément has been à 40. Alors, les trios, les hardeuses, les listes de conquêtes, on s’en passe maintenant ! Je ne suis pas une puritaine coincée ! Qui vous a dit de laisser tomber les pantalons en dessous des fesses et les excès de vitesse ? Ce n’est pas moi en tout cas ! Mais avouez qu’après 25 ans, tout ça n’est plus très tendance. Vous avez le droit de garder ces fantasmes d’ados dans votre tête, mais n’allez pas les étaler sur la place publique. En effet, si vous voulez un tant soit peu avoir l’air spécial, le silence s’impose sur vos travers sexuels. Pourquoi ? Parce que de nos jours, ils sont les mêmes pour tout le monde selon une étude québécoise. Vous aimez être infidèle ? 80 % des hommes aiment ça. Vous avez des tendances exhibitionnistes ? Comme 67 % de vos copains. Vous êtes soumis ? Comme 50 % de la population masculine. Le bondage vous excite ? Allez, 1 homme sur 2 aussi. Pour faire le fanfaron, il va falloir trouver autre chose que l’amour dans la nature qui est le deuxième fantasme préféré de tout le monde. Et ne parlons pas des sextoys puisque 50 % des Français en possèdent. Non, la seule façon de se faire remarquer c’est d’en faire encore moins. Si vous ne réalisez pas tous vos fantasmes, ça prouve que vous avez une vie intérieure riche et intense. Vous n’êtes pas des moutons de Panurge, vous dominez votre esprit, vous ! 64

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Fantasmer sans passer à l’acte est preuve de maturité Prenons un exemple basé sur la réalité. Un fantasme courant chez les femmes est de séduire un prêtre. Pourquoi ? Parce que c’est un défi plus passionnant et excitant que de choper un collectionneur de jupons ! Alors, boutonnez vos polos jusqu’en haut : on adorera défaire les boutons un à un et se pelotonner au creux de votre épaule pour s’enfiler une shot de vodka. Et si vous rencontrez deux femmes qui ne diraient pas non à un petit trio, faites preuve de classe. Ne rentrez qu’avec l’une d’entre elles. La plus jolie si vous voulez, mais une seule. Et surtout, arrangez-vous pour que tout le monde remarque cette grandiose attitude. La chance d’une telle opportunité ne se renouvellera pas toutes les 5 minutes. Le plus difficile va être de se restreindre par amour du sexe et non par lassitude. Si vous êtes indifférent, vous finissez seul dans votre coin. Si vous êtes gourmand, vous finissez devant un Big Mac. Si vous êtes gourmet, vous êtes admiré et respecté. Quelqu’un qui ne fait pas dans la quantité, c’est quelqu’un qui fait bien ce qu’il fait. Et puis, si tout ça vous paraît trop compliqué, alors une solution : faites croire que vous traversez une crise de la décennie. D’après Ashley Madison, un site de rencontres extra-conjugales, c’est aux âges de 29, 39, 49 et 59 ans que les hommes sont les plus infidèles. Mais bon, autour de vous, personne ne sera dupe de cette entourloupe. Tout le monde le voit bien, vous refaites une petite crise d’ado. Et franchement, c’est un peu tard, vous êtes trop vieux pour ça. Il faut grandir. Et c’est tout bénéfice, puisque rien n’est plus sexy qu’un homme mature •


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SOCIETE

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Mind

Sommes-nous vraiment tolérants ?

« Je ne suis pas raciste hein mais quand même…». Ahhh, cette affirmation toute en négation est officiellement entrée dans le top 10 des lieux communs de ce début de 21ème siècle. A l’heure où le monde a, en théorie, officiellement opté pour la tolérance, force est de constater qu’il s’agit d’un idéal auquel tout le monde n’a pas encore donné sa chance. Du racisme à la xénophobie en passant par l’islamophobie ou encore l’antisémitisme, l’intolérance fait de nombreuses victimes au quotidien, et laisse ses marques indélébiles sur les esprits. Focus sur cette valeur qui, à l’ère du multiculturalisme assumé, n’a toutefois pas décollé ses griffes de la surface de la terre.

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Sophie Messina

« Je suis Charlie ». Il y a quelques mois, ce slogan brandi avec ferveur par le monde entier a déchaîné les passions, générant le débat sur l’universalité de certains domaines, intouchables aux yeux du monde. La presse ne mérite pas l’intolérance ; en effet, chien de garde de la démocratie, elle réclame le droit à susciter le débat et, ironiquement, l’événement tragique qui l’a secouée en janvier dernier n’a pas manqué à cet objectif lorsque la toile s’est embrasée à hurler le pour et le contre de ces trois mots, qui ont réveillé les ardeurs humanistes des uns et la haine des autres. Jusque dans les cours d’école, le discours de certains adolescents déguelant des: « Bien fait pour leur gueule ! » a dénoncé l’intolérance qui règne sur les têtes en friche de nos démocraties. Ces pensées, souvent dépourvues d’argumentation, ont mis du pain sur la planche de nos enseignants, témoins et forgerons clefs du monde en marche. Alors que le melting pot dans lequel nous avons la chance d’évoluer devrait être le foyer idéal pour une compréhension plus aisée des croyances respectives, il apparaît que ce n’est pas toujours le cas. Reliques de politiques d’intégration élaborées dans l’à peu près il y a plusieurs décennies, les mots durs et vides à la fois de certains à l’égard d’autrui ont la dent dure et les esprits ouverts s’accordent à dire qu’il faut que ça cesse ••• WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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Non assistance à monde globalisé Tout le monde il est beau. Simple et efficace, la tube de Zazie énumérant en toute musicalité les prénoms d’ici et d’ailleurs a signé un joli pied de nez aux extrêmes qui prônent la haine sous le couvert de l’insécurité et de la précarité. Lorsque le monde se globalise et fabrique audessus de nos têtes un toit de pensée unique, les cultures propres à chacun, menaçant d’étouffer, demandent droit au chapitre. Leurs valeurs s’aiguisent et il n’est pas rare que, dans le processus, elles se déportent du centre aux extrêmes, où la passion a viré la raison à coup d’endoctrinement insensé. Le monde est fou et l’on ne croit pas si bien dire lorsque l’on considère le discours d’un pourcentage surréaliste de la population quand on aborde le délicat sujet du respect de la culture d’autrui.

#jetassurejenesuispasracistemais… En effet, tu as probablement déjà atterri dans une soirée peuplée d’inconnus et avalé de travers ta gorgée de vin blanc lorsque ton interlocuteur, que tu ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, s’est nonchalamment lancé dans un discours raciste, en ne t’épargnant – bien entendu - pas la phrase d’entrée qui tente de sauver les apparences et clame l’innocence du raciste à l’œuvre : « Ecoute, je ne suis vraiment pas raciste hein ; d’ailleurs, regarde, j’achète ma viande chez le Marocain en dessous de chez moi, ma collègue directe est grecque, je passe mes vacances à Benidorm et j’étais très ami avec un Congolais à l’école ». La suite ? Wait for it… Elle commence par « mais… », et je laisse à ton bon souvenir de se remémorer la bonne petite anecdote grinçante qui s’en est suivie et par laquelle le brave orateur espérait scorer en cote de popularité auprès de l’audience.

La politique du mouton Tel un pet inopportun lâché dans une soirée mondaine, ce genre de discours met en général tout le monde mal à l’aise ; toutefois, l’acquiescement général tacite finit souvent par l’emporter, histoire de laisser intact le 68

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Une des fameuse pub benetton soulevant la question de la différence

politiquement correct. Un modus operandi bien ridicule si l’on y pense, et qui incruste ces discours dans le registre de l’acceptable, telle une tâche de vin rouge sur une chemise immaculée. Irrécupérable. Et si de la bouche des enfants sort ce que disent les parents, pas étonnant que certains adolescents se réjouissent de l’attentat qui a décimé Charlie Hebdo ou que les cibles désignées par les parents comme les ennemis le deviennent pour leurs enfants qui n’ont toutefois pas encore exercé leur liberté de penser. L’appréhension que chacun d’entre nous peut ressentir à côtoyer pour la première fois une nouvelle culture est naturelle. Néanmoins, si l’on réalise que l’impulsion de rejet qui nous effleure parfois au moment où l’on rencontre l’autre dans toute son altérité n’est due qu’à la crainte que nous avons de ne pas être compris, entendu ou reconnu par ce dernier, il devrait être possible pour tout un chacun de surpasser le sentiment d’étrangeté et de faire de la différence un bonus. Mais, je te l’accorde, c’est pas gagné.

Amour et tolérance S’il est difficile d’accepter l’autre à la vie, à l’amour aussi, accepter son partenaire dans ses différences culturelles n’est pas toujours une mince affaire. En effet, les couples mixtes mettent le doigt sur une autre forme de difficulté à affronter les divergences culturelles. Nous connaissons tous des couples qui mélangent les couleurs, les cultures ou les religions et souvent, passer le cap de l’acceptation de l’autre dans toute sa diversité est source de conflit. D’autant que cela n’implique généralement pas seulement le couple mais également le cercle familial qui, lui aussi, doit se faire à l’idée de la différence, prête à être répercutée sur leur descendance. Pilule pas facile à avaler, et avant même d’avoir pu vivre leur idylle, voilà Tristan et Iseult coincés au milieu d’un tourbillon de désaccords dont il est complexe de défaire les nœuds. Comment y parvenir ? Si l’on s’accorde à dire que l’amour inconditionnel n’existe pas, il faut compter sur la bonne foi et la neutralité des deux parties. Nous ne sommes pas nos parents et peut-être les mœurs qui leur sont chères ne le sont en réalité pas suffisamment pour nous que pour passer à côté du régal d’aimer au creux de la diversité. L’amour est un terrain sur lequel on est libre d’aménager les espaces qui nous conviennent, en prenant en considération les envies de l’un et l’autre, exprimées de façon raisonnable.


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REJOIGNEZ-NOUS SUR LES RéSEAUX SOCIAUX

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DANS LES COULISSES…

DES AGENCES DE MANNEQUINS à BRUXELLES Elles sont nombreuses à rêver d’une carrière à la Laetitia Casta ou à la Freja Beha Erichsen. Loin du glamour et du crépitement des flashs, WATZBY a poussé la porte des agences de mannequins de la capitale. “Scouts” et bookeurs bruxellois nous racontent leur quotidien. Emilie Damour

UN PEU D’HISTOIRE… C’est juste après la seconde guerre mondiale qu’Eileen Ford et son mari fondent à New York ce qui deviendra par la suite la première agence de mannequins au monde. En 1946, on ne parle pas encore d’ « agence », mais plutôt d’un « secrétariat de dépannage » pour quelques modèles. Eileen Ford aide simplement ces mannequins à organiser leur planning de séances photo. A l’époque, les jeunes femmes gèrent en général leur carrière elles-mêmes et il n’est pas rare qu’elles soient payées très tardivement. Si Ford Model Management – devenue depuis Ford Models – a été la première compagnie à ainsi monnayer la beauté, l’agence a dû faire face à une féroce concurrence dès le début des seventies. C’est en effet en 1972 que John Casablancas fonde Elite à Paris. Suivront Women Management, Marilyn, DNA Models, Next, Nathalie, Storm Model Management, New Madison… pour n’en citer que 70

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quelques-unes.

BIEN LOIN DE L’EFFERVESCENCE PARISIENNE En Belgique, les premières agences voient le jour dans les années 70. C’est le cas de Models Office fondée par Pierre et Marielou Eggermont. DOMINIQUE Models Agency est quant à elle créée en 1985. Elle est depuis devenue l’une des plus importantes et des plus respectées du Benelux. La décennie 2000 a été marquée par l’arrivée de plusieurs nouvelles agences dont IMM, fondée par Yves Cattelain et l’ancien mannequin Carine Caillieret, ou encore FLAG Models Agency. A Bruxelles, les structures sont de taille assez modeste : entre trois et une dizaine d’employés. Plus quelques stagiaires. Au siège des agences bruxelloises, pas d’atmosphère survoltée, pas de téléphones qui sonnent


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L’IMPORTANCE DES « NEW FACES » Tous les bookeurs s’accordent sur un point : le recrutement de nouveaux mannequins est très important, crucial même. Il faut constamment avoir de nouvelles têtes, « des “new faces” à présenter aux clients ». Malgré des agences de taille relativement réduite, plusieurs ont une “new faces division” ou, au moins, une personne qui s’occupe en priorité de cette question. Comment fait-on pour recruter de nouveaux mannequins ? Comment les repère-t-on ? Où déniche-t-on à Bruxelles les modèles de demain ? Les réponses sont assez banales, voire même « un peu cliché », reconnaît un jeune bookeur. Les chasseurs de mannequins ou “scouts” – comme on les appelle dans le milieu du mannequinat – opèrent dans la rue, dans les festivals, dans les concerts, devant les cinémas… En fait, dans tout endroit susceptible de rassembler un nombre important de jeunes gens. Si aborder un ou une ado en pleine rue n’est pas toujours aisé, la technique des “scouts” est bien rodée. Ils commencent par se présenter, expliquent qu’ils sont à la recherche de nouveaux talents et donnent la carte de leur agence de mannequins. Vient ensuite la question de l’âge. S’il s’avère que la jeune fille ou le jeune homme est mineur – et c’est souvent le cas –, les “scouts” prennent alors contact avec les parents.

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sans arrêt, pas de mannequins qui passent en vitesse récupérer des composites. Avouons-le, on est bien loin de l’effervescence parisienne.

DES MAILS D’ASPIRANTS MANNEQUINS… PAR DIZAINES ! La quasi-totalité des agences bruxelloises offre la possibilité aux aspirants modèles d’envoyer leur candidature directement par mail. Il leur suffit pour cela de se rendre sur le site web de Dominique Models, IMM ou Be Model Management et de cliquer sur la bannière “become a model”. Et ces derniers… ne s’en privent pas ! Si l’époque où Linda Evangelista affirmait « ne pas sortir de son lit pour moins de 10 000 dollars » est révolue, le métier de mannequin semble toujours faire autant rêver. Les bookeurs que nous avons rencontrés à Bruxelles disent tous la même chose : ils sont “inondés” de mails de candidature. On parle de dizaines de mails. Et ce chaque jour. Chez FLAG Models Agency, à Saint-Gilles, on avance même le nombre – sidérant – de 20 à 50 messages par 24 heures ! Au final, la perle rare, la future Kate Moss ou Daria Werbowy se cache-t-elle dans ces photos envoyées par internet ? On nous dit – de façon très diplomate – qu’il n’y a « pas beaucoup de bons talents ». Mais, les réponses négatives des agences ne semblent pas décourager certains jeunes. On nous explique que « beaucoup insistent » et renvoient à plusieurs reprises des mails.

DES MEDIAS SOCIAUX DESORMAIS INCONTOURNABLES La plupart des agences bruxelloises communiquent sur les médias sociaux. Be Model Management profite ainsi de son compte Twitter pour présenter les parutions presse récentes de ses mannequins. Sur Facebook, IMM met en avant ses toutes dernières recrues. Sur Instagram, Dominique Models ou FLAG montrent à leurs abonnés des clichés “behind the scene” pris lors des castings ou lors des shootings. En terme de followers, on est évidemment loin des 325 000 abonnés sur Instagram de IMG New York. Flag Models Agency

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Hanne Gaby Odiele

Les agences bruxelloises oscillent – modestement – entre quelques centaines et quelques milliers de fans. Mais peu importe les chiffres, le but de cette forte présence sur les médias sociaux est avant tout de montrer « qu’il se passe des choses, que ça vie ». Le grand public – et les clients potentiels – apprécient de voir « ce qu’ont fait les mannequins récemment ».

BEAUTE ATYPIQUE ET « JOLIE LAIDE » Ces derniers temps, difficile de feuilleter un magazine de mode sans tomber sur un mannequin à la beauté un peu… atypique, inhabituelle. Des visages “intéressants”, “forts”. « Jolie laide », entend-on parfois en off. En tout cas très loin des standards de beauté des top models des années 90 ou des canons – photoshoppés – de Sports Illustrated ou de Victoria’s Secret. On pense aux traits particuliers de Jamie Bochert et Ondria Hardin, à la bouche en cœur de Lindsey Wixson ou aux oreilles ostensiblement décollées de Freya Lawrence. Y aurait-il des tendances chez les mannequins, des styles de physique qui plaisent plus selon les périodes ? A Bruxelles, Dominique Models représente la top Hanne Gaby Odiele, grande blonde à la beauté étrange. Dans le portfolio de FLAG, on découvre aussi Nathan, un mannequin albinos. Le jeune homme est fort demandé. « Tout le monde est très intéressé », nous explique-t-on. Mais Bruxelles n’est pas Paris ou New York et les agences de la capitale sont formelles : les clients belges privilégient des « têtes assez commerciales ». La majorité des mannequins bruxellois travaillent en Belgique ou dans les pays limitrophes et ceux qui “marchent” le mieux ont des beautés plus « classiques ».

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MANNEQUIN « MALADIVEMENT MAIGRE » Début juin, The Avertising Standards Authority (l’Autorité de régulation de la publicité au Royaume-Uni) interdisait une publicité de la maison de luxe française Saint Laurent parue dans le Elle britannique. Sur la photo en noir et blanc, la néerlandaise Kiki Willens – âgée de 18 ans et représentée par la célèbre agence IMG – posait allongée par terre, les mains dans les cheveux. L’ASA a jugé que le mannequin apparaissait « unhealthily underweight » (soit « maladivement maigre ») et a considéré que la publicité était « irresponsable ». La maigreur, les troubles alimentaires… Nos interlocuteurs bruxellois ne sont pas vraiment surpris par la question. Ils affirment, à l’unisson, qu’ils sont très attentifs à la santé de leurs mannequins et qu’ils veillent à ne présenter que des filles « healthy ». Cependant, ils jugent tous leur pouvoir très limité. « C’est le couturier qui choisit les mensurations », nous expliquet-on. Une bookeuse ajoute : « Si un client nous demande une fille avec un [tour de hanches de] 90 [cm], impossible de lui envoyer une fille qui fait 95 ». Il s’agirait donc d’une « question d’offre et de demande » dans laquelle les agences se limitent à jouer le rôle d’intermédiaire.

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DOSSIER

NOS QUESTIONS A…

VALERIE MEEUS

BOOKEUSE CHEZ FLAG MODELS AGENCY A SAINT-GILLES Comment êtes-vous devenue bookeuse ? J’ai commencé par être mannequin ici, chez FLAG Models. Une fois mes études terminées, je cherchais autre chose. Une personne de l’agence m’a proposée d’y travailler. Ca m’a plu. Ca fait quatre ans que je suis bookeuse ici. En quoi consiste votre travail ? A quoi ressemble votre quotidien à l’agence FLAG Models ? Alors, nous sommes à l’agence, au bureau, de 9h à 18h. Mais en fait, une bookeuse ne s’arrête jamais. Après 18h, nous continuons à communiquer avec les modèles, notamment sur Facebook. A l’agence, nous répondons aux mails, au téléphone. Nous sommes en contact avec les modèles, avec les clients. Nous donnons des rendezvous. Nous organisons des castings. Les clients, mais aussi les personnes d’autres agences à l’étranger, viennent pour voir nos mannequins. Quel aspect de votre travail préférez-vous ? Et quel est celui que vous aimez le moins ? J’aime booker. Il y a une vraie adrénaline quand quelqu’un est confirmé. C’est très positif quand le client est content. Le client et le mannequin. L’aspect que j’aime le moins… En fait, j’aime presque tout. Mais je dirais… quand il y a un problème, quand un mannequin est malade. Il faut régler ça avec les clients. Heureusement, ça n’arrive pas souvent ! En dehors du physique, quelles sont les qualités pour devenir mannequin ? La personnalité, ça compte ? Les mannequins doivent être flexibles. Un shooting peut être reporté, il peut durer plus longtemps que prévu, il peut faire froid, le lieu peut changer… Donc oui, il faut être très flexible.

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JEUNES EXPATS A BRUXELLES

QUE PENSENT-ILS VRAIMENT DE LA CAPITALE ? Il y a les expatriés “de passage” – en stage au Parlement européen ou à l’OTAN – et ceux qui ont fait de Bruxelles leur port d’attache. Loin du cliché de l’exilé fiscal français, du lobbyiste ou de l’eurocrate, WATZBY Magazine est allé à la rencontre de six jeunes expats. Ils nous racontent « leur » Bruxelles. Par Emilie Damour

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a région bruxelloise compte près d’un tiers de ressortissants étrangers, soit une proportion trois à quatre fois supérieure à la Wallonie et à la Flandre. Ce taux en fait la deuxième capitale la plus cosmopolite d’Europe, loin derrière Luxembourg et ses 63 % d’habitants non nationaux. A Bruxelles, les citoyens européens représentent environ 68 % de ces “étrangers”. Une part qui croît régulièrement depuis quelques années. Au rang des nationalités les plus présentes, on retrouve les Français, les Marocains, les Italiens, suivis des Roumains et des Polonais. La région bruxelloise est également la plus jeune de Belgique avec un âge moyen d’un peu plus de 37 ans.

Voilà pour l’aspect factuel. Comme toujours, les chiffres ne racontent pas toute l’histoire. Et ici, les statistiques – que beaucoup estiment sous-évaluées – ne lèvent qu’une petite partie du voile. Nous connaissons tous un stagiaire de la Commission, à Bruxelles pour seulement quelques mois, ou des ressortissants français installés depuis des années à Ixelles ou à Saint-Gilles. Leurs motivations et leurs histoires personnelles sont aussi diverses que leurs expériences. Alors, sous le charme de Bruxelles ou pressés de faire leur valise ? Au final, que pensent-ils vraiment de la capitale ?

« NEVER A DULL MOMENT » Merel, 29 ans, nous vient des Pays-Bas. Elevée entre son pays natal, l’Angleterre et Singapour, elle travaille à Bruxelles dans le marketing. Si certains ont débarqué dans la capitale pour des raisons professionnelles, ce qui a conduit Merel chez nous tient en un mot : « Love ». Le point fort de la région selon elle ? On ne s’y ennuie jamais : « Il se passe toujours plein de choses à Bruxelles : des rooftop parties, des festivals, etc. ». Une multitude d’évènements qui a donné envie à

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la jeune femme d’ouvrir un blog. Sur « Blackbird In Brussels », elle partage – en anglais – ses adresses favorites. Cafés, restaurants, derniers hotspots à la mode… rien ne lui échappe !

ROUTES ET TROTTOIRS TRES « BRUXELLOIS » Quentin Ariès est un jeune journaliste français arrivé à Bruxelles en mars 2014 à la faveur d’un stage de fin d’études. Il apprécie particulièrement la ville pour l’atmosphère générale qui y règne : « [une] ambiance, une certaine sérénité, une ville internationale à taille humaine ». Et bien évidemment, des loyers nettement moins prohibitifs qu’à Paris, cela constitue également « un bon point ». Mais tout n’est pas rose sous le soleil de la capitale et Quentin ajoute : « Les moins, c’est les transports, un certain art au niveau administratif, l’état des routes et des trottoirs est aussi assez “bruxellois” ». On accuse souvent les fonctionnaires européens de rechigner à s’intégrer à la vie bruxelloise. Cliché justifié ? « Cliché justifié sûrement, mais d’un côté les eurocrates ne restent souvent pas très longtemps, la barrière du français est importante », nous explique-t-il. De son côté, Quentin n’a jamais eu l’intention de vivre dans une “bulle” : « Mes connaissances sont tout aussi belges qu’expats. Bon il est vrai que je voulais aussi rechercher cet ancrage en ne me mettant qu’avec des colocs belges ».

COSMOPOLITISME ET OUVERTURE D’ESPRIT Ahmed est marocain. A Bruxelles depuis presque quatre ans, il est vendeur sur la rue Neuve : « J’ai trouvé un job assez facilement, mais seulement à temps partiel. Vivre ici avec 950 euros [par mois], c’est la galère. » Tout bien considéré, 76

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il trouve d’ailleurs le coût de la vie assez élevé : « Si tu compares à Paris ou à Londres, c’est sûr, c’est super bon marché. Mais au final, les loyers ont énormément augmenté depuis que je suis là. Et j’ai l’impression que ça augmente tout le temps. La nourriture, aussi, n’est pas donnée. » La capitale n’aurait-elle que des mauvais côtés ? Ahmed continue : « Non, loin de là ! La ville est très cosmopolite. Il y a une très grande ouverture d’esprit ici. Et puis, c’est aussi très vert, avec des parcs absolument partout. Pour moi qui aime courir, c’est parfait. »

LE POINT NOIR : LES TRANSPORTS EN COMMUN En stage au Parlement européen, Maria rentrera en Bulgarie à la mijuillet après avoir passé quelques mois dans la capitale. C’était la toute première fois que la native de Sofia posait le pied sur le sol belge. Elle gardera l’image d’une ville « culturellement très riche, où il y a plein de choses à faire et à voir, où on peut découvrir la gastronomie du monde entier ». Maria l’avoue – presque un peu gênée – elle ne peut pas dire grand-chose sur « les Belges » : « Mes colocataires sont français, autrichiens et italiens. Je n’ai pas vraiment rencontré de Bruxellois, ni même beaucoup de Belges. Mais bon, je ne suis pas restée longtemps. » Interrogée sur les points à améliorer, Maria n’a pas la moindre hésitation : « Les transports ! Certaines parties de la ville sont mal desservies. Le problème, ce n’est pas vraiment la ponctualité, c’est plutôt la fréquence. Les temps d’attente, en soirée et le week-end surtout, sont carrément déprimants. » •

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JULIA EVA PEREZ AUTEUR ILLUSTRATRICE FRANCAISE A BRUXELLES DEPUIS 2008 Comment t’es-tu retrouvée à Bruxelles ? Je suis de nationalité française, mon père est d’origine espagnole, ma mère d’origine vietnamienne, je viens de Normandie. L’image que je me faisais de Bruxelles était une capitale bouillonnante d’échanges et de création. En arrivant en 2008, j’ai été enchantée par la ville, je découvrais aussi le milieu artistique bruxellois. Je suivais des cours du soir de dessin à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles et je préparais les concours d’entrée aux écoles d’art Saint Luc, La Cambre et les Beaux-Arts, qui représentaient pour moi les lieux les plus à même de me faire grandir dans mon travail artistique. J’ai eu la chance d’avoir le choix et, de 2009 à 2014, j’ai étudié l’illustration et la bande dessinée jusqu’en année de Master à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Tu dirais plutôt « Bruxelles, ma belle » ou « Bruxelles, my hell » ? On a le plaisir de vivre dans une capitale avec le souffle, la respiration par endroits. C’est une ville où l’art a une grande place. Je ne compte plus les invitations à des vernissages, soirées musicales, théâtrales, etc. C’est très nourrissant dans le travail personnel. Autre point positif, les possibilités nombreuses de vivre en colocation dans des lieux aux charmes des maisons de maître. Les moins, je ne sais pas encore, de toute façon, après plusieurs années ici, j’aurai peut-être un jour des envies d’ailleurs, vivre d’autres rencontres sur le plan professionnel. Après sept ans dans la capitale, te sens-tu bruxelloise ? Aujourd’hui, je pourrais dire que je me sens bruxelloise, cette ville fait partie de moi, j’ai pris ses accents, des expressions, sans pour autant m’être mise au flamand. Des habitudes de vie très belges comme les potagers urbains, les échanges, les trocs, la récup, le marché aux puces du Jeu de Balle... Même si je retourne vivre en France un jour, je ne la quitterai jamais tout à fait. www.juliaevaperez.com

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GRAPHISTE SUD-AFRICAIN A BRUXELLES DEPUIS 2007 Qu’est-ce qui t’a amené à Bruxelles ? Je suis venu pour la première fois en vacances en 2007 pour voir une fille. Je me suis installé à Bruxelles pour vivre avec elle en 2009. En 2010, je suis parti pour quelques années et lorsque je suis revenu à Bruxelles pour faire un Master en illustration, c’était aussi pour vivre avec cette même fille (et également pour étudier ici, vu que les frais d’inscription sont tellement faibles !). Les “plus” et les “moins” de la capitale ? J’aime Bruxelles pour beaucoup de raisons différentes. D’après moi, les Belges sont des gens ouverts et relax, intéressants et intéressés par ce qui les entoure, par les différentes cultures. Bien sûr, j’aime aussi la bière, les bars et la vie nocturne. Il se passe tellement de choses dans cette ville, de nuit comme de jour. Les occasions de s’impliquer et d’en apprendre plus sur la ville et ses habitants ne manquent pas, donc je dirais que c’est un endroit accueillant. Sur le plan pratique, les transports en commun sont très biens et c’est très facile de se déplacer à travers la ville et dans tout le pays. J’aime aussi les initiatives comme Pêle-Mêle et les Petits Riens. Dans ma rue, ils viennent de lancer un potager collectif, le potager Alhambra Moestuin, et j’ai un petit bac à moi pour cultiver des fruits et des légumes, ce qui est incroyable ! Il y a une liberté dans ce pays qui permet aux gens de réaliser toutes sortes de rêves étranges et merveilleux. Pour ce qui est du négatif, l’hiver est le plus gros problème pour moi. Je suis habitué à des climats beaucoup plus chauds. Certaines choses sont aussi un peu chères selon moi et, si la variété de langues est bien, c’est également un obstacle. Je ne parle pas flamand donc nouer des relations avec le côté flamand peut être difficile. Après plusieurs années ici, te considères-tu bruxellois ? J’aimerais répondre « oui », mais je pense que je suis quelque part entre les deux. J’ai beaucoup bougé dans ma vie donc j’ai du mal à dire que j’ai trouvé ma place dans un endroit précis. A présent, je connais bien la ville, ses habitants et sa culture et j’en tire une certaine fierté. J’espère rester ici plus longtemps donc, peut-être qu’un jour, je pourrai me considérer “bruxellois”, mais pas tout de suite. www.markventer.com


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Sommes-nous tous devenus obscènes ? On s’investit corps et âme dans sa vie, parfois trop en ayant recours à du botox et un crédit bancaire pour ne manger que bio. Et ensuite le publier sur Facebook et Twitter. C’est ça, en 2015, rester “honorable”. On se veut ainsi très bobo et très ouvert sur le monde et dans le partage avec autrui. Vraiment ? Décorticage avec Odile Cuaz, auteur d’un ouvrage sociologique et sarcastique, “Petit manuel de survie dans un monde obscène”, qui soulève des questions éthiques et politiques majeures sur le désenchantement post-moderne. Luigi Lattuca

Quelle est donc cette pensée qui investit notre cerveau ? Nous, devenus obscènes ? Non, nous sommes plutôt beaux, funs, (très) souriants et sympathiques. Pour preuve, toutes nos selfies mise en ligne. Oui mais ces clichés nous permettant justement aussi de nous envier, de nous épier et de “jouer” avec nos amis et notre identité. Bienvenue dans l’ère de la tyrannie du cool. On se “poke”, on se “like”, on a plein d’amis et on s’affiche très bobo. Très “bobof” aussi selon une expression adorée de la journaliste free-lance parisienne Odile Cuaz. “J’avais envie d’écrire sur la pudeur, les comportements et les modes de vie et j’ai finalement changé de titre, explique-t-elle à “Watzby”. Il y a aujourd’hui tous un tas de comportements qui flirtent avec l’obscénité : l’irrespect - voire le mépris - de la personne humaine, l’obsession de son assiette, l’hypermatérialisme, ... Tous ces thèmes très narcissiques.”

Le livre de la jungle En dix chapitres, son “Petit manuel de survie dans un monde obscène” (aux éditions Chiflet & Cie) raconte comment nos besoins et nos talents ont viré vers l’autôlatrie (mot savant pour parler de l’adoration pathologique de sa propre personne), le tout-à-l’égo et l’obsession de l’apparence : raconter sa vie, consommer du Q, être décomplexé(e), s’accrocher au boulot, vivre 80

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pour bouffer (bien et très cher), rester jeune, trouver son look, choisir sa communauté, être politiquement correct et, in fine, afficher son bonheur. Ce qui gêne par-dessus tout cette auteure, c’est justement cette propagande de satisfaction affichée depuis quelques années par les gens. En plus d’être pesante pour certaines personnes, elle permet à tout-un-chacun de créer sa marque personnelle, de partager son “mythe”. Dans nos sociétés au temps court où on se lasse de tout, le désir de performance a remplacé celui d’éternité. On cherche toujours un boulot plus performant (ou des défis plus grands dans une carrière au sein d’une même société), des plans cul toujours plus chauds, à rendre sa femme toujours plus séduisante, à user de tous les filtres Instagram possibles pour engranger le plus de “like” sur Facebook, etc. On est dans le règne de la discipline, de la victoire... au point de devenir rigide. “C’est de la boboferie, surenchérit Odile. J’adore ce terme. De nos jours, on est tellement tout que ça en devient cliché. C’est le règne du marché : marché du travail, de la séduction, marché des corps. J’achète, je vends.” Il est vrai qu’aujourd’hui, la popularité se bâtit à coups d’images fortes : une dégaine, une petite moue à la Victoria Beckham, quelques sorties décadentes et de bons profils sur des photos largement diffusées; en route pour la gloire ! Le Grand Réseau a permis à tout le monde de se sentir “VIP”, de devenir une star. Tout le monde est un people. On fait donc comme les plus connues d’entre eux : on met en scène son existence,


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vive la transparence. On dit qu’on est sociable mais, en fait, on se promotionne. Le livre cite quelques exemples de ce grand déballage à tous les étalages : les assiettes prises en photo, les émotions livrées à chaud sur les réseaux sociaux, la chirurgie esthétique, le jeunisme et le fait de parler de manière pas franchement complexée des thèmes dits sensibles. A l’époque où le journal intime se gardait jalousement succède celle où on espère de toutes ses tripes être lu. On parle de toutes ses facettes (statut civil, sensibilité politique, orientation sexuelle, cuisine préférée, ...) pour affirmer haut et fort son identité ou, mieux encore, sa singularité. “Tout devient vite du prêtà-penser et c’est regrettable, se lamente Odile Cuaz. Je trouve cela un peu politiquement correct de n’acheter que du 100% made in France ou de manger bio matin, midi et soir. Faire le mouton et afficher “Je suis Charlie” sans connaître le journal aussi. Ca m’agace profondément, c’est très traumatisant mais heureusement, il existe encore des penseurs.”

Les vieux devenus jeunes et vice-versa Si le bonheur est une guerre et qu’il faut combattre tous les démons qui pourraient l’entraver (tels la jalousie ou la nostalgie), certains prennent à contre-pied le courant ambiant. Ironie du sort : tout s’inverse. Une grande partie des jeunes est devenue plus prudente, veut se sécuriser en achetant un bien immobilier le plus vite possible. Ils deviennent même parfois un peu réactionnaires en s’opposant au mariage pour tous. A la djeunitude des (presque) quinquas s’opposent des groupuscules louant souvent les valeurs des communautés religieuses. On prétend ainsi fuir le calcul, l’opportunisme et l’aliénation à soi. Sans doute le besoin de retrouver certaines limites quand on voit plusieurs de ses aînés se comporter comme Mick Jagger ou Madonna. L’un des conséquences du libéralisme qui, en plus de toucher l’économie, englobe une certaine idéologie politique et de mœurs. Malgré le mot “liberté” qui s’entend dans ce vocable, nous serions finalement toujours dans une espèce de moralisation : tu vois, la norme, c’est ça et pas autre chose. Arrive alors les catégories toutes faites et les préjugés véhiculés par automatisme. “Cela se ressent par exemple au niveau de la vision actuelle de l’emploi, écrit Odile Cuaz. “Terrorisé à l’idée de basculer dans le chômage, on bosse jour et nuit, on remercie le Ciel d’avoir toujours un travail.” Pourquoi ? Pour ne pas être un looser, un paria, un poète manqué, un raté du système, un irrécupérable. On loue le souci d’efficacité, les saines valeurs du travail, le fait de se bouger. A cela vient se greffer les raccourcis de pensée mesquins, parfois méchants envers les demandeurs d’emploi ou les personnes issues de l’immigration. La rudesse de notre époque nous dédouane vis-à-vis d’un tel comportement. Comme le confirmait le professeur de Philosophie Florianne Gani en décembre dernier lors d’un séminaire organisé par le Collège international de Philosophie en France, l’homme d’aujourd’hui est habité par la recherche permanente de l’idéal d’authenticité tout en restant égoïste : “Le Narcisse moderne ne renvoie pas

à un moi glorieux, mais plutôt à un moi replié pétri d’un fantasme de toute-puissance et d’autosuffisance mortifères faisant fond sur une impuissance fondamentale. En effet, la transformation de la subjectivité par le libéralisme suscite une fragmentation du social où les liens entre les hommes se réduisent et cet isolement donne lieu à un moi appauvri. C’est pourquoi, le phénomène moderne du narcissisme invite aussi à réfléchir sur l’importance du lien social pour fonder une politique destinée à une communauté déliée.”

Etre aspiré par le système L’auteur du “Petit manuel de survie dans un monde obscène”, elle, ne se fait pas d’illusion : elle fait partie des contemporains qu’elle décrit dans son manuel : “Je m’inclus dans ce grand groupe dont je parle donc j’ai un regard parfois tendre sur les choses à l’intérieur de mon livre, avoue Odile Cuaz. Par exemple, je trouve Facebook formidable et j’y passe deux fois par jour... mais les gens qui postent toujours des photos de chat... Mon Dieu !” Et niveau coquetterie, elle ne lésine pas sur les moyens en adorant consacrer quelques minutes chaque matin à l’association des couleurs de ses différents accessoires. “Je me moque aussi de moi dans le chapitre sur le look. Sans être une bête de mode, je fais attention à ne pas être une grand-mère à 57 ans. Le côté fashionista, en revanche, peut m’exaspérer et surtout les personnes qui méprisent les gens n’ayant pas le it-bag du moment, les chaussures trop tendance et le reste. L’excès nuit en tout. Notre bien-être dépend de notre manière de vivre la vie, ses activités et les relations avec d’autres êtres mais ça en devient totalement obsédant. On ne pense qu’à satisfaire son orgueil.” Et comme l’excès devient la norme, Odile Cuaz a pensé à publier ce petit manuel pour ceux qui souhaiteraient, comme elle, observer ces travers de plus près pour mieux s’en détacher. “Je conseille à tous les lecteurs de rester en éveil, de garder un sens critique et de la distance. Surtout de guetter. Notre monde n’est pas forcément le plus mauvais et vaudra toujours mieux qu’un régime totalitaire donc gardons quand même notre bonne humeur.” N’oublions pas non plus qu’une certaine distance permet de conserver le désir. Il vaut mieux laisser celui-ci enfermé et rester maître de sa sortie de flacon plutôt que de toujours laisser la fiole ouverte...

Retrouvez “le petit manuel de survie dans un monde obscène” de Odile Cuaz aux éditions Chiflet & Cie

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PODCAST POWER

ces internautes BELGES qui cartonnent sur le web Les émotions, les blagues et les conseils de l’amateur : nouvelle grosse tendance. YouTube est devenu l’un des plus intenses phénomènes de l’histoire du web en dépassant, en 2010, les deux milliards de vidéos postées. Parmi elles ? Des capsules réalisées par Jeune Homme et Jeune FilleTout-Le-Monde. Ils nous font rire ou nous font voir la mode autrement. Rencontres avec quatre gros phénomènes énormément “likés”.

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Luigi Lattuca

a nouvelle donne stratégique des années 2000 pour se faire connaître : poster des vidéos de soi sur Internet, les plateformes y étant suffisamment nombreuses et la diffusion à grande échelle à moindre coût. De nombreuses internautes s’éprennent alors... d’autres internautes qui se font connaître via le web avant de devenir parfois de vraies vedettes locales. C’est notamment le cas de Guillaume, un namurois qui a lancé “Gui-Home vous détend” sur Facebook dans le but de déstresser les étudiants (voir encadré). D’autres évoluent en parallèle sur le même thème du rire (Abdel en Vrai, Typique) et créent ainsi de vrais communautés d’addicts. Il y a aussi “les vlogueuses”, ces blogueuses qui publient des vidéos de conseils beauté (le plus souvent) et qui cartonnent, elles aussi, sur l’Internet social (YouTube, Facebook, Twitter, ...). 82

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Elles prouvent que la gratuité n’est pas une fatalité pour les marques qui bénéficient de nouveaux dispositifs de promotion en envoyant, à ces jeunes filles, leurs derniers produits et en leur demandant de les tester face caméra. Le dernier mot revient à ces dernières. Le public raffole de ces capsules dynamiques (grâce à un bon montage). La “vlogueuse”, c’est la girl next door, une copine qu’on pourrait avoir et avec qui on échangerait des conseils. Un peu comme Fulvia de Mons. Fini donc la journaliste qui est dans sa tour d’ivoire et qui est chouchoutée par les marques. Les internautes se substituent aux médias connus. Vous l’aurez compris, l’accroche “test sur personne lambda” fonctionne donc très bien. Preuve supplémentaire que Internet est en train de transformer profondément les industries de la culture car il offre un nouveau canal de diffusion aux biens de consommation.


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GUI-HOME

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ils d’une maman employée et d’un papa réalisateur (et prof d’audiovisuel), Gui-Home (en réalité Guillaume Wattecamps) se définit comme un internaute qui a juste voulu détendre tous les étudiants belges. Son succès, il le vit plutôt bien mais de manière prudente, sans se faire d’illusions, et ce malgré ses 276 000 fans sur Facebook. Qui êtes-vous Gui-Home et comment êtesvous sorti de l’ombre ?

J’ai 23 ans, je suis namurois et actuellement en train de boucler mon Bachelier en Communication. J’ai commencé à réaliser des vidéos destinées à YouTube il y a un peu moins d’un an. Le but était de détendre les étudiants, rien de plus. Puis, à Noël dernier, le buzz a été plus fort. J’ai créé une websérie produite par Kings of Comedy où je jouais aux côtés du rappeur belge James Deano. On s’est très bien entendus et, cerise sur le gâteau, la RTBF nous repérés, m’a contacté et a acheté le projet pour le diffuser en prime juste avant le programme du soir. Question salaire, tu as touché quelque chose de bon ? Tu te fais plaisir ?

Gui-Home

Facebook: /Gui-Home vous détend Twitter: @GuiHome2 Instagram : Guihome_vous_détend

fiche de devenir une star. Je suis surexcité car cela marche mais je garde cette euphorie pour moi. Restons prudent.

On te sent posé et humble. Le succès ne t’est pas monté à la tête. Oui, effectivement. Je me fiche de devenir une star. Les gens peuvent vite passer à autre chose. Quand ce ne sera plus mon tour, ce sera celui de quelqu’un d’autre. La seule chose qui m’importe est de ne pas perdre ma famille ou mes meilleurs amis. Il y a des gens qui sont fans de moi... et bien moi, j’aime dire que je suis fan de mes potes. Et je préfère passer du temps avec eux qu’à être sur Internet pour scruter les statistiques de mes vidéos. Je reste très prudent pour éviter les déceptions d’une telle médiatisation. En quelque sorte, j’ai été victime de mon succès. Je n’ai pas visé le carton. On me voit plus, depuis quelques mois, comme un “petit artiste belge”, notamment grâce à la chanson sur le blocus enregistré avec un pote compositeur en studio, mais je ne réalise pas un rêve.

LES CHIFFRES

Je n’ai pas encore envie de gagner ma vie avec ces activités car j’étais encore aux études au moment où le projet est né. Je verrais après mes examens, c’est en cours de réflexion. On verra si ça deviendra un vrai projet artistique ou pas, si je décide d’en faire mon métier. Après, il faut savoir que je ne suis pas un grand fan de la culture YouTube. Je suis timide et, à mon sens, tout a déjà été fait sur cette plateforme. Je m’en

Lufy Makes You Up Facebook : /lufymakesyouup

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Twitter : @lufymakesyouup

ulvia a 23 ans et est montoise. Cela fait trois ans qu’elle est présente sur YouTube en tant que vlogueuse beauté/lifestyle pour donner des conseils mode ou maquillage (via notamment des tutoriels). Son

Instagram : @lufyyyy

www.lufyy.com

succès est la première à la surprendre. Elle a tellement gagné en notoriété qu’elle partage même un peu sa vie privée (déménagement, sorties en amoureux) avec ses admirateurs. Multisociale donc. A l’instar de Gui-Home, elle ne se prend pas •••

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Lufy Makes You Up

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la tête et confie vouloir s’arrêter quand le désir de s’exposer n’existera plus. Bravo pour votre succès ! Les statistiques, ça vous parle ? Vous y êtes attentive ? J’y suis attentive, oui, mais pas toutes les semaines. C’est une bonne indication de ce qui plaît mais je reste spontanée sur les thèmes à proposer. Il faut quand même continuer à écouter ses envies. Qu’est-ce qui marche le mieux ? Les vidéos “Get Ready” où on se film en train de se préparer, de se maquiller et de se coiffer, ainsi que “Lookbook” en vidéos Mode. C’est la présentation des tenues par saison. Tout a commencé il y a trois ans ? Oui. La première année, j’ai atteint 10 000 abonnés et l’an dernier, j’ai passé le cap des 100 000 abonnés au mois de mai. Maintenant, ma chaîne a été sélectionnée par plus de 260 000 YouTubeurs. J’en suis la première surprise et je ris encore de ce que j’avais dit en voyant que j’avais dépassé les 300 abonnés, je ne me voyais jamais être sélectionnée par plus de 1000 personnes. Ce n’est pas trop stressant de voir autant de commentaires à lire ? Si, une vidéo peut atteindre 300, voire 400 commentaires et c’est vrai que ça fait parfois un petit peur (rire). Parfois je me demande comment je vais faire pour trouver le temps mais si les gens prennent le temps de regarder mes vidéos et de m’écrire, je souhaite faire la même chose et leur répondre. Etant donné le succès, YouTube vous rémunère ? L’entreprise me rémunère mais ils gardent le maximum pour eux. Pour gagner tous ces followers, on imagine qu’il y a eu de la publicité ? Oui et surtout parce que je passe régulièrement sur VivaCité Hainaut. Qui réalise les photos du blog ? C’est mon fiancé qui m’aide pour cela (rire). Et les vêtements portés, ils sont achetés ou prêtés ? Il faut savoir que je ne démarche jamais moi-même les marques. Ce sont elles qui me proposent directement des looks. J’ai commencé cette activité

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par passion sans savoir que des marques souhaitaient que je parle un jour de leurs produits. Au final, c’est une chance et je leur suis reconnaissante de m’inviter à quelques soirées même si je ne fais pas que regarder. Il y a tout un travail après. Je dois penser à la mise en scène pour la vidéo, ainsi qu’à son édition et à son montage. Et vous vous projetez dans l’avenir ? Combien de temps cela pourrait-il encore durer ? Tant que ça me plaît, je continue. Je ne sais pas si, à l’âge de 30 ans, j’en en serai encore à me filmer devant mon ordinateur (rire). On ne sait pas trop dire si l’engouement des gens pour YouTube est un effet de mode ou non.

LES CHIFFRES 260 200

abonnés sur YouTube

+ 29 000

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ABDEL EN VRAI Abdel en vrai

Facebook : Abdel en Vrai Twitter : @Abdelenvrai Instagram : @abdelenvrai

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e saint-gillois Abdel a connu le succès il y a deux ans, à l’âge de 24 ans. Sa source d’inspiration ? Les sorties polémiques de la comédienne Véronique Genest sur l’Islam et son investissement (vite arrêté) en politique. Très vite, ses vidéos humoristiques sont partagées et comptabilisent actuellement un peu plus de 100 000 vues chacune... et même plus de 200 000 visionnages pour celle sur la représentation des musulmans dans les médias. Car, comme le confie Abdel, ce sont les sujets d’actualité qui intéressent le plus son public. Lequel l’a découvert sur scène dès l’automne 2014 dans un stand-up également promené en Wallonie et à Lille. De nouvelles dates sont à prévoir début 2016.

Les commentaires sous les vidéos sont-ils importants pour toi ? Ca dépend lesquels. J’ai souvent envie de m’arrêter après 10 car il y en a de trop. Mais les commentaires sont utiles pour aider à avancer. Te vois-tu réaliser des vidéos encore longtemps ? Tant que j’aurai des choses à dire et à revendiquer sur les injustices sociales et la bêtise humaine, je continuerai. Quels sont tes projets ? Tu es monté sur scène ? Cette activité va continuer ? La tournée va reprendre. Je pense qu’on peut programmer cela pour janvier prochain.

Qu’est-ce qui t’a motivé à venir sur YouTube ?

Tu as déjà la ville de départ en tête ?

Un passage de Véronique Genest dans l’émission de Laurent Ruquier un samedi soir que j’ai trouvé très intéressante. C’est dit avec ironie. Elle faisait presque un sketch. J’ai alors eu l’idée de me placer devant ma webcam, de me filmer et d’ensuite mettre la vidéo sur YouTube. Le premier jour, elle totalisait 5000 vues et dix fois plus dix jours plus tard. C’était ma première vidéo donc j’étais très content !

Liège. C’est là que se trouve le meilleur public du monde. Et puis, tu as ce projet mystérieux avec la Ville de Bruxelles bientôt...

YouTube te rémunère ?

Tu ne peux rien dire ?

Oui, C’est, par mois, l’équivalent d’un chômage. C’est un beau complément au reste.

Disons que ça va être le plus gros projet jamais réalisé par un artiste bruxellois.

Justement, quel est ton vrai job ?

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait se lancer dans les capsules YouTube ?

Je suis développeur de projets pour jeunes chez moi mais également formateur en infographie. Je travaille donc dans l’entreprenariat. Te considères-tu comme un artiste ? Oui, à partir du moment où tu vis de ça, tu peux te considérer comme un artiste.

Le 23 juin, tu as posté une photo de toi dans le bureau d’Yvan Mayeur sur ta page Facebook. Oui, en effet.

Il ne faut pas croire que c’est une tâche qu’on réalise les doigts dans le nez. C’est super difficile. Il faut de la rigueur et de la force morale car les gens sont durs sur le net. Il ne faut pas craquer et tenir bon.

LES CHIFFRES

Qu’est-ce qui touche le plus les gens qui te suivent sur YouTube ? (Du tac au tac) Les sujets d’actualité. Et oui... Et c’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à m’intéresser à des sujets plus complexes comme les traités qui se négocient au Parlement européen.

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TYPIQUE (la serie) Facebook : Typique (série) – RTBF Twitter : @Typique_série Instagram : @typique_serie

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Typique - RTBF

uand on est étudiant, on adore se moquer du local trop petit pour notre groupe, des absences de professeurs annoncés en dernière minute ou de notre formidable capacité à procrastiner jusqu’au (et même pendant le) blocus. Au moment où « Bref » émergeait en France, quatre créateurs ont souhaité mettre en image la page d’humour « Typique ULB » créée sur Facebook. En un été, les premiers textes sont écrits et le buzz est immédiat dès la première vidéo (plus de 100 000 vues). Aujourd’hui, la saison 3 vient de s’achever (sur YouTube ET la RTBF svp) et l’équipe est en quête de renouveau. Entretien avec Benjamin, l’un des comédiens derrière ce succès. D’une page Facebook, vous êtes passés à sitcom ? C’est bien ça. Nous sommes 4 créateurs. Au départ, il y a Dylan le fondateur de la page Facebook « Typique ULB » qui compilait des anecdotes en une phrase sur la vie de campus à la manière de « Vie de Merde ». Etant comédien, le créateur est venu à moi pour me parler de cette page. J’en ai parlé à mon ami Julien qui est réalisateur. On a eu envie de la mettre en images. « Bref » émergeait en France et on a profité de ça pour lancer le concept en Belgique. Pendant un été, ça a été atelier d’écriture et j’ai contacté des potes-comédiens. Mais on s’est assez rapidement détachés de l’ULB pour parler de la vie estudiantine en général. Le succès a été assez grandiose pour vous ! Oui, on est déjà à la 3ème saison. Le premier épisode a fait le buzz avec le chiffre des 100 000 vues rapidement atteint. Et puis, nous avons été repérés par la RTBF qui nous a rejoints depuis la saison 2. On tourne à chaque fois en septembre et octobre pour une diffusion prévue de novembre à janvier - à raison d’un épisode par semaine sur YouTube et une semaine après, en télévision sur LaDeux. 86

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On arrive bientôt à 2 millions de vues sur notre chaîne officielle YouTube et nous sommes suivis par environ 30 000 personnes sur Facebook via deux pages : celle avec les anecdotes, et celle estampillée « série RTBF ». Des réseaux sociaux très importants pour vous étant donné la cible visée par vos épisodes… Pendant la période de diffusion en hiver, c’est LE média le plus important. Nous avons une proximité énorme avec le spectateur. On ne peut plus se passer de ces outils à l’heure actuelle, c’est une évidence. Notre création est trans-média. Mais je tiens aussi à dire que nous réalisons un produit ciné, pas un produit web ! Quarante personnes bossent quand même derrière la caméra. « Typique » est un mélange de « Bref », « Scrubs » ou encore « How I Met Your Mother ». On est dans la série feuilletonnante et moins dans les sketchs. Le but est vraiment de raconter une histoire. Et comment va se passer la suite ? On est en recherche de quelque chose. Nous essayons actuellement de renouveler et de rafraîchir « Typique » pour la rentrée. Nous avons l’impression d’avoir réalisé tout ce qu’on voulait sous cette forme.

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Stephen Van De Parre

Bichonneurs de glaces

L’été, c’est aussi la saison des glaces. Avec lait ou plutôt granité, le choix est vaste. Et presque infini. Ce sont deux maîtres-sorbetiers belges qui nous l’expliquent. En avant pour deux portraits onctueux, goûteux mais pas froids. Samuel Droeshaut et Stéphane Vandeparre se confient avec chaleur sur leur parcours, leur philosophie et les surprises concoctées pour le retour des beaux jours.

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Luigi Lattuca

AMUEL DROESHAUT

Dans le métier depuis sept ans, ce quasi quadra fut d’abord infographiste et a fait confiance à ses rêves. Une nuit, il se voit Avenue Louise en compagnie d’une file monstre. Il se souvient précisément ne proposer alors que du sorbet au thym et au romarin mais le succès était bel et bien là. “J’en ai parlé à ma sœur pour savoir si je ne délirais pas trop avec ce projet, confie-t-il en riant. Ca cogitait dans ma tête depuis un bout de temps, j’avais l’impression d’avoir fait 88

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le tour de mon métier et mon ex-copine était accro aux tisanes.” Selon lui, c’est ce qui a déclenché le rêve où il se voit sorbetier.

Deux goûts + un gratuit Sa maman lui offre alors la vieille sorbetière de sa grandmère. “Je suis sûr qu’elle m’a accompagné durant la préparation. J’ai foiré la texture mais le goût était très bon. Mon mélange était fleurs + orange sanguine. J’ai continué mes petites expérimentations et ai contacté les restaurants les plus proches de chez moi sans leur imposer


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FOOD

les associations. Je n’avais pas encore beaucoup de technique, juste la base. J’ai créé gingembre-thé vert, rose-basilic, orange-camomille-piment... et ce dernier goût prouve vraiment que jouer est tout simplement génial.” Ne pas forcément associer les parfums par famille permet des expériences intéressantes. Si un mélange donne parfois l’impression que les deux goûts se confrontent, d’autres donnent l’impression d’une danse sensuelle ou d’une juxtaposition très naturelle en bouche. Encore plus fun : la naissance d’un troisième parfum grâce à l’interaction de deux substances. C’est finalement de la chimie comme le confie Samuel luimême : “En 2008, j’ai contacté Galler car je voulais me confronter à un professionnel gustatif. Il m’a conforté dans mon nouveau choix de carrière et rééquilibré deux parfums avant de me conseiller de me rendre à Paris pour une formation de technologie des glaces. Elle durait un mois. Dès le début, les cours de physique, chimie et mathématique ont été imposés. Et ce fut indispensable. J’analyse donc à présent mes matières premières, leur mesure et puis, la magie commence : je créé ma recette.” Cuillère après cuillère, les saveurs changent grâce à du pur artisanat. “Ce métier, ce sont des vagues de plaisir différentes, ce n’est pas une ligne droite”, analyse Samuel. Un peu comme le musicien qui joue avec les notes et les silences, un maître-sorbetier joue avec nos sens. La surprise est donc toujours au rendezvous comme lorsque Samuel nous fait goûter le mélange poivron rouge-cerise. Un délice de haute volée. Le jus du fruit et le cœur du légume se ressentent alternativement.

Droeshaut

Un “Petit Comptoir” dans la Galerie du Roi Aujourd’hui, en plus des restaurants lui commandant une saveur pour du poisson, c’est le grand public qui pourra goûter aux mélanges de Samuel Droeshaut. Dans son envie de toujours proposer des produits tendance, le “Petit Comptoir” attenant au Comptoir des Galeries (accès par la Galerie du Roi) va proposer, tout au long de l’été, des sorbets encore en élaboration mais qui font déjà naître un très grand sourire sur le visage de notre maître-glacier. “Je pensais à proposer aux gens un goût Kriek ou à un jasmin-pomme verte-basilic. Je pense surtout que je vais faire comme d’habitude et me dire qu’on ne vit qu’une fois. La vie est précieuse, il faut appréhender le monde à travers nos sens comme lorsqu’on déguste un dessert. Pour ma part, j’essaie de satisfaire les miens et je pense que c’est la recette du bonheur.” Pour un bonheur glacé extravagant, sauvage ou mélancolique, n’oubliez donc pas votre petite promenade dans les Galeries royales Saint-Hubert cet été. Ou de vous rendre sur le site de “La Ruche qui dit oui”, une association d’agriculteurs et d’artisans vendant leurs produits sur marché. Samuel y participe sur trois communes de Bruxelles, dont Forest. Plus d’infos sur www.laruchequiditoui.fr/fr. WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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Stephen Van de Parre

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Flo Morrissey Tomorrow will be beautiful

Rivale de Lana Del Rey ? Non, de Kate Bush disent plutôt d’autres. Registre folk-pop, visuels de promotion rétro, voix aérienne, ... On comprend que cette liste d’éléments poussent à la comparaison. Flo Morrissey est jeune et a bien le temps de faire ses preuves. A 19 ans, elle sort donc son premier album au titre plein d’espoir. Selon elle, demain sera beau. Elle peut, pour son compte, compter sur 92

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sa voix. Celle-ci est plutôt souple et peut la faire chanter les graves comme les aigus. Rien de révolutionnaire cependant mais de quoi charmer les radios qui encensent le travail de Lana et Kate. Même si Mariah Carey ne séduit plus, la mode est à nouveau aux voix enchanteresses enveloppées de maturité et de mélancolie. Caroline Records

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Giorgio Morodor Déjà Vu

Entre sons expérimentaux et dance machine mainstream, voici le retour (en rose là aussi) du DJ de 74 ans qui avait déjà opéré un pré-retour sur le dernier album des Daft Punk, “Random Access Memories”. Après 3 Oscars et 4 Golden Globe, Giorgio Moroder se remet donc en selle et ressort les synthétiseurs. Ce nouveau disque, où l’on rejoint une pléiade de vedettes, commence comme les premiers souffles du soleil sur les plages d’été prêtes à accueillir les pieds de millions de fêtards. En écoutant le

troisième titre “Diamonds”, aux voix vocodées, on comprend pourquoi Lady Gaga l’a choisi pour produire un de ses prochains titres. Cette dernière ne figure pas sur “Déjà Vu” mais vous pouvez y retrouver Charli XCX, Kelis, Sia, Mikky Ekko, Kylie Minogue ou encore Britney Spears. Un un peu lassant au bout du cinquième morceau, ce disque a uniquement été pensé pour faire la fête... et retrouver sa jeunesse comme a voulu le faire Giorgio. RCA


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ROSE

Pink lady

“Jeter tout par les fenêtres, t’aimer de tout mon être” Avant, Rose, c’était ça. Elle écrivait sur ses grandes passions, ses déchirures et ce qui faisait bloquer les histoires d’amour. A 37 ans, c’est sûr, on mûrit et on s’inspire de ses enfants si on en a. La chanteuse est devenue maman et dit vivre plus qu’avant. Elle offre donc un album doux - portant le nom de la célèbre pomme sucrée et croquante - où elle montre un visage plus apaisé (comme sur le magnifique “Je compte”). Les idéaux derrière mais les nouveaux rêves loin devant drapés dans des arrangement subtils. A écouter cet été avec une douce brise sur le visage... et dans les cheveux. Oui, pour jouer à être Rose. Sony D.R.

Meredith Truax

Adam Lambert Of Monsters And Men Beneath The Skin

Le groupe indie folk islandais vient de sortir sa troisième galette (et second opus studio). Sensible, mélodieux et atmosphérique, il s’inspire toujours - de manière colorée - des légendes nordiques avec bon nombre de chœurs. De manière émotive et passionnée, le groupe mène tambour battant des sujets comme la faim. Les accompagnements sont

puissants et parfois rocailleux. De quoi mettre en avant que les tourments intérieurs sont leur source d’inspiration. Mercury

The Original High

Révélé dans la version américaine de “Nouvelle Star” en 2008, Adam Lambert continue de conserver un visage de jeune homme. Il a quand même joué, en 2013, un jeune homme de 20 ans dans la série pop-déjantée de la Fox, “Glee”... alors qu’il en avait 31 ! Deux ans plus tard, revoici le caméléon avec un album à la fois pop, rock et électro.

certaines critiques pourraient lui adresser le même reproche qu’à Lady Gaga (qu’il reprenait justement dans “Glee”) : trop de styles peuvent tuer la cohérence artistique. On ne peut en tout cas pas lui reprocher d’avoir essayer. Warner Bros

On sent qu’il s’amuse et qu’il a pensé à nous faire danser cet été (notamment sur “These Boys”). Ses possibilités semblent infinies même si WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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FILMS

Mission impossible : Rogue Nation Christopher McQuarie Ethan est de retour ! Avec son équipe, il se lance dans la mission la plus impossible de tous les temps: éliminer le Syndicat, une organisation internationale de malfaiteurs hautement qualifiée et fermement résolue à détruire le FMI. Pas de DSK en guest-star mais un Tom Cruise encore plus en forme qui met la barre toujours plus haut à chaque nouvel épisode. COU

P DE COEUR WAT ZBY Paramount

Les 4 Fantastiques Josh Trank

Le troisième volet des “Quatre fantastiques” sort sur les écrans huit ans après le second opus. Mister Fantastic, la femme invisible, la chose et la torche sont donc de retour. On retrouve les héros de Stan Lee et Jack Kirby, appartenant à l’univers Marvel, alors qu’ils n’ont pas

encore leurs pouvoirs. Ces quatre jeunes vont en effet se retrouver dans un futur alternatif qui va changer leur métabolisme et faire d’eux des héros aux pouvoirs étonnants. Cette nouvelle version, qui sera plus sombre que les premiers films. Sortie: 13 aout

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Sortie: 5 août


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Valley of Love

Floride

Guillaume Nicloux

Philippe Le Guay

Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu’ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant. Pour voir Isabelle Huppert (toujours aussi belle, mais comment fait-elle ?) retrouver Gérard Depardieu dans un film présenté en mai à Cannes. Sortie: 17 juin.

Ce film de Philippe Le Guay sera apparemment le dernier de la carrière de Jean Rochefort. Il y incarnera un homme souffrant d’accès de confusion, qui décide, du jour au lendemain, de partir pour les Etats-Unis. Et ce voyage pourrait bien cacher quelque chose... Sortie: 12 août

Unfriend Yann Gozlan

Un scénario très moderne sur le “internet-bashing” : une jeune lycéene se suicide après qu’une vidéo compromettante sur elle ait été publiée sur Internet. Un an plus tard, six de ses amis se connectent,

un soir, sur skype, pour “tchater” entre eux. Mais une septième personne, inconnue des autres, se connecte également. Pour les fans d’épouvante-horreur. Sortie: 24 juin WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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JFPaga

D.R.

Selection Livres

Bilqiss

de Saphia Azzeddine Le muezzin était bourré, Bilqiss a pris sa place en haut du minaret, et prêché la tolérance. Blasphème ! L’héroïne du nouveau roman de Saphia Azzeddine doit mourir. Mais l’indomptable Bilqiss fascine. Le juge lui rend visite en prison, et une journaliste américaine accourt faire son portrait. Saphia

Azzeddine règle ses comptes avec les barbus, mais ce récit haletant est aussi un plaidoyer pour une foi libératrice. Une foi en l’homme et en la femme. Un credo charnel, qui ferait rimer subversif et jouissif. « Il était loin, le temps où la valeur spirituelle d’un musulman se mesurait à la quantité de livres

qu’il possédait… » Mécréants et musulmans, précipitez-vous sur ces deux cents pages de déraison salvatrice, Saphia Azzeddine est grande, très grande. Saphia Azzeddine, Bilqiss, Stock, 2015, 18€

Pas exactement l’amour Dix nouvelles, dix histoires d’amour. Qu’est-ce qu’aimer trop, toujours, jamais, pas assez, presque, en colère, triste, gai ? Parce que l’amour, c’est aussi de la rage. La passion, ce n’est peut-être que le tremplin, que la flammèche qui mène à une sorte d’amour. Les 96

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amours ne sont jamais mêmes mais multiples. Trop danses pour les mots. Insaisissables. « Il n’aimait pas dormir, contrairement à elle. Dormir signifiait quitter l’autre. Même enlacés au lit, cela revenait quand même bien à quitter l’autre. Qui s’endormirait (s’éloignerait de

de Arnaud Cathrine

l’autre) le premier ? Qui cèderait le premier à l’insignifiante et ordinaire trahison ? » Arnaud Cathrine, Pas exactement l’amour, Verticales, Gallimard, 2015, 17,90€


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LIVRES

Suivez mon regard

D.R.

Fille de l’inénarrable John Huston, Angelica passe son enfance dans un manoir irlandais sur lequel son père jette son dévolu, sur un coup de tête, s’étant pris de passion pour la chasse au renard. Il sera un père absent. L’adolescence se poursuit à Londres où Angelica perd sa mère, trop jeune, dans un accident de voiture. Après, il sera question de New-York, Angelica y sera mannequin, puis de Los Angeles où elle fera la rencontre du monstre

sacré Jack Nicholson, volage et indomptable. Leur relation, entre tonnerres et éclaircies, durera 17 ans. Des personnages « secondaires » habitent les pages : Marlon Brando, Ava Gardner, Elia Kazan. Tendre et drôle. Anjelica Houston, Suivez mon regard, Editions de l’Olivier, 2015.

Ancien Président d’Action contre la faim, médecin, diplomate et Académicien, Jean-Christophe Rufin publie « Check-Point », roman qui remet en question la neutralité de l’action humanitaire actuelle. L’arène du récit :

la Bosnie durant la guerre lors de la partition de la Yougoslavie entre 1992 et 1996. Maud, vingt et un ans, en première mission, se retrouve à conduire un camion qui transporte nourriture, médicaments et vêtements. Avec elles, des

Chroniques en Thalys

de Alex Vizorek

La plume toujours aérienne de l’écrivain belge Michel Lambert nous revient avec Quand nous reverronsnous ?, recueil de nouvelles sur l’incertain, sur la vie qui passe et ne revient pas, sur le devenir, sur les seconds et troisièmes actes de l’existence. « Pour être désespéré, il faut avoir un amour immodéré de la vie », aime-t-il à dire. Parfois baignés dans une atmosphère de films noirs américains, parfois dans l’esprit d’une femme qui se souvient, Michel Lambert nous surprend toujours, partant d’un détails pour nous mener à l’universel. Michel Lambert, Quand nous reverrons-nous ?, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 19,90€

Check-Point

de Jean-Christophe Rufin

D.R.

de Anjelica Houston

hommes, tous marqués par une expérience militaire personnelle. Et machistes. Dans ce camion, alors que les conditions physiques et psychologiques sont épouvantables, les langues se délient ; le premier check-point est une

expérience humaine hors du commun ; les blessures de l’existence rejaillissent sur les routes de terre sinueuses. Jean-Christophe Rufin, Check-Point, Gallimard, 2015, 21€ WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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Essai Volkswagen Passat

On flirte avec le bonheur absolu Nous avons tous adoré la Coccinelle qui a égaillé la vie de plusieurs générations. Aujourd’hui, sa digne héritière attire toujours autant les célibataires et couples sans enfants. Même si, à l’arrière la place ne manque pas, il faut admettre que le coffre, lui, est un peu rikiki. Avec la nouvelle Passat, principalement la Variant, on entre dans un autre monde où tout est beau, tout est grand, tout est confortable. UN RELOOKING QUI LUI VA BIEN Cette nouvelle génération Passat a été relookée de la cave au grenier. Sa nouvelle calandre avec phares de forme angulaire, son pare-chocs arrière remodelé et les nouveaux feux à LED lui donnent une fière allure. Mais c’est aussi et surtout le design de la caisse qui est intéressant. Avec sa grande taille et son confort, elle entre dans la cour des grandes et n’a rien à envier à ses rivales directes Mercedes ou BMW. De profil, on remarque l’allongement de l’empattement et des porte-à-faux avant et arrière un peu plus courts. Ceci a permis un aménagement intérieur mieux adapté. Cette nouvelle grande Volkswagen sera particulièrement 98

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appréciée des familles et des sociétés. Si l’on doit partir en week-end avec toute la famille et les bagages, mieux vaut avoir de la place. Et, au niveau professionnel, un peu d’espace n’est jamais superflu. La Passat de la génération précédente était déjà très généreuse, surtout pour les places arrière. Beaucoup de constructeurs hésitent à valoriser ces places arrière… pourtant, celles-ci ne sont pas réservées uniquement à des petits enfants. Aujourd’hui, la Passat offre encore 4 centimètres de plus pour les jambes des passagers arrière. Même les basketteurs s’y sentiront à l’aise. Et, comme la garde au toit est aussi tout à fait suffisante, les longs déplacements sont un réel plaisir. UNE EXPÉRIENCE RELAXANTE Par rapport à sa taille, la Passat Variant reste relativement


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légère. Dans sa version 1.6, elle développe 105 bons chevaux et sa boîte DSG automatique à sept rapports la mène jusqu’à 205 km/h. Et, pour y arriver, il ne faut pas croire qu’elle se traîne: le zéro/cent est couvert en seulement 10,5 secondes. Ce sont des chiffres qui sont bien en harmonie avec l’ADN du véhicule. Nous ne sommes pas ici en présence d’un bolide sportif, mais d’une bonne limousine vivace et confortable, une reine de la route. Les reprises pour dépassements comme les sorties de virages ont toujours lieu en souplesse et la boîte DSG ne fait sentir la moindre secousse aux passages des vitesses. Cette nouvelle Passat est parfaitement bien insonorisée et tant le moteur que les bruits extérieurs restent bien sagement à l’extérieur. La clim’, qui fait souvent un bruit assez soutenu dans de nombreuses voitures, est ici quasi inexistant: l’aération prend toute la largeur du tableau de bord. Ce n’est pas une question d’esthétique mais ce système permet une meilleure répartition de la ventilation et une très forte limitation des nuisances sonores. DISCRÉTION ET EFFICACITÉ En plus des systèmes d’assistance de base, la nouvelle Passat offre le Front Assist avec fonction de freinage d’urgence en ville et détection de piétons. Mais le

système ne fait pas que “voir”: si nécessaire, il peut effectuer carrément un freinage intégral. Davantage pour la facilité que pour la sécurité, l’affichage Area View actionne quatre caméras pour obtenir un champ de vision total lors de manœuvres. Y A D’LA JOIE! Notre Passat est connectée à tous les niveaux. Son système Car-Net permet de fournir toutes sortes d’informations en temps réel. Voilà une chose bien intéressante dans de nombreux domaines… mais principalement concernant l’état des routes. En option, le système permet aussi de prendre la route avec des images satellite très précises et aussi d’images panoramiques à 360° de Goggle Street View. Et puis, sur la route des vacances (ou ailleurs) on peut obtenir les toutes dernières informations en ligne comme des événements à découvrir sur le trajet et, bien sûr les restaurants et stations d’essence. Vous êtes mélomane? Alors, demandez impérativement le système audio “Dynaudio Confidence”: dix hautparleurs au total dont un central, un caisson de basse et un ampli numérique avec compensation dynamique du bruit pour gommer virtuellement tout son perturbateur. Mieux qu’à la maison! • Jean Spérat

• Moteur: 1.598 cm3 TDI • Puissance: 105 cv • Conso moyenne: 5,5 litres/100 km • Emissions CO2: de 103 g/km • Vitesse max.: 205 km/h • Zéro/cent: 10,5 secondes • Volume coffre: 586 / 1.780 litres • Prix de base: 28.460€ WATZBY.COM JUILLET - AOÛT 2015

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UN NOUVEAU MOTEUR CASCADA POUR L’ÉTÉ

Des cabrios, on peut en trouver chez plusieurs constructeurs. Mais quand on souhaite pouvoir disposer d’un grand cabrio doté de quatre places adulte, l’offre se réduit sérieusement. Le cabriolet Cascada d’Opel est probablement le maître achat dans ce domaine. Sa capote s’ouvre en seulement 17 sec. et l’opération peut s’effectuer enroulant jusqu’à 50 km/h! Le fameux turbo Diesel de deux litres que l’on trouvait déjà sur l’Insigna et le Zafira sera disponible cet été également sur le Cascada.

LAMBORGHINI MET LE PAQUET

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KIA NOVO

La marque au Taureau annonce la mise en production de son tout premier SUV de luxe et ne compte pas faire les choses à moitié. Pour le nouveau venu, l’usine de Sant’Agata Bolognese investit plusieurs centaines de millions. C’est qu’ils y croient! Lamborghini va engager 500 personnes pour un objectif de 3.000 voitures à destination des marchés USA, Chine, Moyen Orient, Royaume Uni, Allemagne et Russie. Il y en restera bien une ou deux pour la Belgique, non? Le lancement est prévu pour 2018. Economisons !

SÉRIE SPÉCIALE POUR LE

C’EST GRAND ET BEAU, MAIS C’EST UN CONCEPT

On pourrait ajouter c’est “encore” un concept. Parce qu’à la vitesse à laquelle les Coréens passent du projet à la réalisation définitive, on peut s’attendre à voir la Novo bientôt sous nos lattitudes. C’est au dernier Salon de l’auto de Séoul que les visiteurs ont pu découvrir la Novo. Il s’agit d’une berline 4 portes fastback qui, a toutes les apparences d’un joli coupé. Le conducteur dispose d’un tableau de bord qui lui permet de visionner toutes les données sur un écran 3D holographique.

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HYUNDAI i35

On le reconnaît immédiatement mais il a quand même une calandre particulière. Cette série spéciale est prévue avec un équipement ultra complet, garantie et assistance de cinq ans! Cela devrait attirer du monde, mais seulement 350 exemplaires seront disponibles. Amateurs, dépêchez-vous! L’équipement de série comprend toutes les nouveautés technologiques pour le confort, la facilité ou la sécurité. Il fallait quand même une petite option: la peinture métallisée.

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WATZBY Une bière brassée avec savoir se déguste avec sagesse.

À LA RECHERCHE DE L’ÂME DE BRUXELLES

AFFLIGEM. SAVOUREZ L’ÂME. Depuis 1000 ans qu’Affligem chérit l’essentiel du brassage : seuls les meilleurs ingrédients, une levure maison pleine de caractère et le temps nécessaire à la maturation de chaque bière afin qu’elle revête toute sa complexité. La comparaison faite avec la photographie en noir et blanc semblait dès lors évidente. En ôtant toute la couleur, l’on ne se focalise que sur l’essentiel. Et où peut-on trouver davantage d’inspiration, une âme plus complète que dans une ville telle que Bruxelles? C’est pourquoi Affligem part à la recherche de la véritable âme bruxelloise, en compagnie du photographe officiel de Bruxelles Serge Anton. Nous avons besoin de votre aide dans cette quête. Visitez notre site web et votez-y pour la photo qui selon vous représente le mieux la véritable âme de la ville. Les photos les plus populaires feront partie d’une série éloquente d’images en noir et blanc exposée au mois de septembre. Qui plus est, votre vote vous rapportera peut-être un des nombreux prix magnifiques.

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Alors, qu’attendez-vous pour voter sur www.savourezlamedaffligem.be ?


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