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Une famille, deux collections C'est au début des années 80 que le Conseil canadien des métiers d'art et la Fondation de la famille Samuel et Saidye Bronfman proposèrent au Musée canadien des civilisations de monter une collection et d'exposer les œuvres des lauréats du Prix Saidye Bronfman. À la même époque, deux autres familles faisaient d'importants dons au musée, agrandissant ainsi sa collection d'artisanat contemporain. La Fondation Massey offrit au musée une vaste collection d'œuvres artisanales canadiennes. Cette collection avait été assemblée dans le but d'illustrer l'importance toujours actuelle des objets utilitaires fabriqués à la main. Comme elle privilégiait le volet utilitaire, la collection offerte par la Fondation Massey se mariait bien avec les objets utilitaires historiques que détenait déjà le musée. Plus de 900 artéfacts, créés par certains des artisans les plus réputés du Canada, furent ainsi intégrés aux collections du musée. Plus tard, après le lancement des acquisitions offertes par la Fondation Bronfman, ce fut au tour de l'Ontario Crafts Council d'offrir au musée une collection dont beaucoup de pièces avaient été acquises grâce à la générosité de la famille Chalmers, de Toronto. La collection de l'OCC se composait de plus de 600 œuvres d'artisans ontariens et comprenait à la fois des objets utilitaires et des œuvres d'expression personnelle. Un grand nombre des ces pièces avaient été crées par des artisans des Premières Nations ou Inuit et illustraient la vitalité de la culture autochtone. Avec l'appui de la Fondation de la famille Samuel et Saidye Bronfman, le Musée canadien des civilisations se mit à acquérir les œuvres des lauréats du Prix Saidye Bronfman. Au fil du temps, les critères d'inclusion à la collection furent élargis pour inclure les œuvres d'artisans finalistes et d'artisans que le jury considérait particulièrement méritoires, ainsi que ceux qui avaient contribué de façon exceptionnelle à l'histoire des métiers d'art. Plus de 200 œuvres furent acquises, remontant aux années 1940 et créées par des artisans renommés, et le musée poursuit toujours ses acquisitions grâce aux fonds offerts par la fondation. Il y a parfois confusion quant à ce qui distingue la collection Claridge, détenue par la famille Bronfman, de la collection assemblée par le Musée canadien des civilisations grâce à la générosité de cette même famille. Bien qu'elles aient des point communs, les acquisitions ayant été faites à la même époque et bon nombres d'artistes figurant dans les deux collections, elles sont toutefois assez différentes l'une de l'autre. En effet, la collection Claridge est le fruit d'une approche beaucoup plus large; elle contient des photographies, des tableaux, des sculptures ainsi que des œuvres créées avec les matériaux traditionnels des métiers d'art. Lorsque je regarde les images des œuvres qui seront mises en vente, je suis frappé par leur grande diversité : la photo Polaroid grand format d'Evergon, montrant sa mère en train de faire du pain; le paysage de jardin éthéré de Jennifer Dickson; les représentations déroutantes de résidus d'uranium, d'Edward Burtynsky; les expressions de format réduit de Léon Bellefleur; le Vieux Québec en hiver, peint par John Little; et l'évocation nostalgique de la vie des plaines du Nord par Allen Sapp. La collection est un recueil complet des pratiques artistiques et artisanales de toutes les régions du Canada au 20e siècle. Par contre, les
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collections de Métiers d'art et de design canadiens du Musée canadien des civilisations sont uniquement axées sur les matériaux traditionnellement utilisés en métiers d'art, à savoir l'argile, le verre, les textiles, le métal et le bois. De nombreux artisans figurent à la fois dans la collection Claridge et dans les collections du musée. Parmi eux, citons Roy Ron et ses beaux vases céladon, Walter Ostrom et ses paniers de fleurs en majolique, Monique Cliche-Spénard et ses courtepointes traditionnelles dépeignant l'histoire de la Beauce, et Ted Hodgett et ses vaisseaux en bois tourné, minces comme du papier. Certains artistes, cependant, ne sont représentés que dans une seule collection. En effet, les acquisitions faites par le Musée canadien des civilisations devaient répondre à un ensemble de critères plus restrictif, alors que la collection Claridge pouvait puiser dans une large gamme de formes d'art. En contemplant le catalogue, je ne peux m'empêcher de convoiter certaines des pièces pour la collection du musée. Un grand nombre d'institutions canadiennes ont bénéficié de dons généreux qui leur ont été accordés par la famille Bronfman. Les profits de la présente vente seront versés à Historica Canada, qui a pour mission de renforcer notre connaissance du patrimoine canadien : un autre bel exemple de l'intérêt que porte la famille Bronfman à toutes les facettes de la culture canadienne. Alan C. Elder Conservateur des métiers d'art et du design du Canada, Musée canadien de l’histoire