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LES FABLES DE GAROUSTE

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Plus de 50 ans de peinture 1. Le Rabbin et le Nid d’oiseaux, 2013, huile sur toile, 162 × 130 cm, collection particulière. L’œuvre a fait partie de l’exposition « Zeugma » à la galerie Templon en 2018. . 2. Le Classique, années 1970, huile sur papier marouflé sur toile, 79 × 66 cm, collection particulière, France. Dans sa première période, l’artiste met en scène deux figures opposées et complémentaires à l’œuvre, selon lui, en chaque individu., le Classique et l’Indien – l’apollinien et le dionysiaque. 3. Gérard Garouste, adepte d’une figuration revendiquée.

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ENFIN ! LE CENTRE POMPIDOU OFFRE À L’UN DES PLUS GRANDS ARTISTES CONTEMPORAINS FRANÇAIS, GÉRARD GAROUSTE, UNE RÉTROSPECTIVE À SA DÉMESURE. CENT-VINGT TABLEAUX D’AMPLES FORMATS ACCROCHÉS AU PLUS SERRÉ, SCULPTURES ET INSTALLATIONS CAPTURENT SES VISIONS OÙ S’INVITENT À SA TABLE, DIEUX ET BÊTES, ANGES ET DÉMONS. PAR Virginie Bertrand

« Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer. » Cette phrase de Rabbi Nahman de Bratslav, l’un des maîtres de l’hassidisme, courant mystique du judaïsme, infuse dans son esprit. Gérard Garouste la cite dans L’Intranquille, livre écrit avec Judith Perrignon. Si l’homme, dans cet ouvrage, éclaire sur sa vie marquée par la violence d’un père, la guerre, l’antisémitisme, la folie, la dépression, l’amour, ses peintures gagnent en profondeur, toujours plus énigmatiques. Elles convoquent La Divine Comédie de Dante, Les Métamorphoses d’Ovide, Rabelais, Cervantès, Borges, le talmud, la kabbale, la Bible. Les lectures qu’il en fait sont riches de questionnements. Il passe de la philosophie à la philologie et à l’étude des signes. « Là, cela devient passionnant : ça ouvre les textes sur d’autres choses. » Et c’est exactement ce que font ses œuvres aux messages initiatiques. Son trait dit figuratif, revendiqué, à rebours de son époque, de l’art conceptuel, n’en amoindrit point leur mystère, il le renforce. Gérard Garouste se retrouve souvent parmi ses personnages, fantaisiste et rieur. Comme il le remarque, cet humour met en valeur « quelque chose qui n’est pas drôle du tout ». On n’est jamais loin de Kafka. Le parcours labyrinthique de l’exposition montre les rouages de la création de celui qui, autodidacte, commence par des fresques au Palace, dont une araignée géante que Louise Bourgeois n’aurait pas reniée, des décors de théâtre pour son ami JeanMichel Ribes, en passant par le plafond peint de la chambre de Danielle Mitterrand. Son tableau Adhara, 1981, l’amène à New York, sur invitation du galeriste Léo Castelli. En 1982, il est le seul Français invité à la mythique exposition Zeitgeist à Berlin. De toile en toile, la mythologie personnelle de l’artiste se fraie un chemin. L’emprunter, c’est embrasser la puissance salvatrice de l’art. Il y a 30 ans, l’artiste et son épouse Elizabeth, ont fondé l’association La Source, accueillant des enfants, parce que « l’art structure, construit ».

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GÉRARD GAROUSTE

— Jusqu’au 2 janvier 2023, Centre Georges Pompidou, 75004. centrepompidou.fr

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