Une résidence d'artistes en Chine - Rapport de PFE - Agnès VRIGNAUD

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Rapport de PFE ____________ Favoriser l’éclosion d’une identité créative par le développement d’un programme culturel en Chine

Pour qu’un vent de créativité souffle sur le lac de l’Est à Wuhan

VRIGNAUD Agnès DE 5 - Territoires du monde, aux confins de la Chine urbaine Enseignants : S.BOUFFLET, P.VINCENT Année scolaire 2019-2020 ENSA Paris-Val de Seine

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Lorsque Yû-k’o peignait un bambou, Il voyait le bambou et ne se voyait plus.

C’est peu dire qu’il ne se voyait plus; Comme possédé, il délaissait son propre corps.

Celui-ci se transformait, devenait bambou, Faisant jaillir sans fin de nouvelles fraîcheurs.

Chuang-tzu, hélas, n’est plus de ce monde !

Qui conçoit encore un tel esprit concentré ?

Su Tung-po, Dynastie Sung

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Je tiens à remercier particulièrement mes professeurs, Stéphanie Boufflet et Pierre Vincent, qui, par leur connaissance de la culture chinoise et la diffusion de leurs précieux conseils, font de ce projet un enseignement riche de découvertes.

Merci à Grégoire Bignier d’avoir nourri la réflexion autour de la programmation du projet et à Kira Simon-Kennedy pour avoir répondu à mes questions.

Merci à l’équipe encadrante de la Huazhong University ainsi qu’aux étudiants chinois, les participants du workshop comme ceux qui ont généreusement répondu à mes questions en octobre dernier.

Une pensée pour mes camarades, Karina Artuso Takaki, Loreline Sentenac et Kevin Fuks, avec lesquels j’ai participé à la mise en place d’une stratégie urbaine commune.

Cette année scolaire s’est déroulée dans des conditions particulières suite à l’épidémie de Covid-19.

Je suis profondément reconnaissante de l’engagement de chacun, un engagement qui a fait de ce projet, l’aboutissement de cinq riches années d’études à l’ENSAPVS. À vous tous, un grand merci

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Favoriser l’éclosion d’une identité créative par le développement d’un programme culturel en Chine ____________ Ce Projet de Fin d’Études s’est présenté comme une occasion de travailler sur un territoire qui m’était méconnu auparavant, l’Extrême-orient.

Le déplacement à Wuhan en Octobre 2019 a permis d’ apprécier une culture très différente de la culture Occidentale et de se familiariser aux coutumes locales. Parmi toutes les découvertes qu’il m’a apporté, ce voyage m’a notamment permis de prendre pleinement conscience de la démesure des mégalopoles chinoises. Les distances, qu’elles soient parcourues à pied ou en transports en commun s’avèrent systématiquement démultipliées par rapport aux standards Occidentaux. Ce constat encre les projets d’architecture dans un territoire complexe qui suppose un travail particulièrement attentionné de l’échelle territoriale.

Après s’être promené le long des berges du Yangtsé, le lac de l’Est s’est avéré comme une visite incontournable à Wuhan. La municipalité a entrepris des aménagements urbains majeurs afin de rendre accessible les rives du plus grand lac urbain de Chine. Le lieu apparait aujourd’hui comme un atout majeur à la ville, un Central Park Wuhanais en quelque sorte. On y croise des promeneurs, des sportifs, des pêcheurs, etc...

Lors de notre voyage, nous avons découvert un village à l’abandon au sein même de ce parc paysager.

Nous n’avons pas trouvé d’information concernant le devenir de cette zone, mais avons constaté qu’un plan d’expropriation était en cours. Alors que la pression foncière en Chine est grande, la ville générique de promoteurs est un modèle en pleine expansion. La majorité des habitants est partie à la demande du gouvernement et les maisons sont promises à une démolition prochaine, le village est abandonné. Tout cela laisse présager une transformation imminente du territoire. L’endroit est étonnant, hors du temps.

Durant le premier semestre, en parallèle de ces découvertes, j’ai cherché à décrypter les enjeux portés par la musique en Chine.

Flûtiste depuis mon plus jeune âge, j’ai eu l’opportunité de travailler plusieurs registres - musique classique, baroque, jazz, contemporain - avant d’entrer en école d’architecture. Ce bagage artistique a souvent fait écho à des questions d’architecture, notamment à travers des similitudes de langages. Fascinée par les liens qui unissent ces deux disciplines et enthousiasmée par la dimension poétique suggérée, j’ai souhaité entamer des recherches autour des musiques savantes1.

Alors que le secteur de la musique classique est très discret en Occident, il s’avère que celui-ci explose en Chine. Les concerts se jouent bien souvent à guichets fermés devant un public jeune. Aussi, les conservatoires attirent toujours plus d’élèves qui partagent un objectif commun, celui de devenir musicien soliste, un statut en effet très envié et valorisé. Mais encore, les musiciens les plus talentueux bénéficient de facilités d’accès pour intégrer des universités réputées.

Bien au delà du secteur musical, l’ensemble du domaine artistique et culturel est très attractif dans le pays. Mais si l’interêt des chinois envers les disciplines artistiques est bel et bien affirmé, leur regard est souvent tourné vers l’Occident. Au cours du XXème siècle, l’ère maoïste a banni toute forme de culture antérieure. Ainsi, l’histoire passée de la République populaire de Chine explique son manque d’identité créative. Aujourd’hui, le pays à besoin de se constituer un patrimoine artistique et les artistes contemporains sont les principaux acteurs de cette quête. Ce constat a fait évoluer mon axe de travail, ainsi je me suis atellée à encourager la pratique et la diffusion de l’art contemporain en Chine.

Par ce PFE, il s’agit de proposer un programme capable de favoriser l’éclosion d’une identité créative à Wuhan tout en dynamisant un village situé dans un site remarquable. J’entends par cela la création d’un espace dédié à des pratiques artistiques exploratoires.

La première partie de ce rapport consiste en une analyse de la place du secteur culturel en Chine. Il s’ agira ensuite de partir à la recherche de la dimension culturelle portée par le Lac de l’Est afin de comprendre en quoi un programme culturel est adapté à ce territoire. La troisième et dernière partie viendra expliciter le projet de résidence d’artistes.

Les enjeux de ce territoire singulier ont été travaillés à quatre au cours du semestre 9, en collaboration avec Karina Artuso Takaki, Loreline Sentenac et Kevin Fuks. En parallèle, chacun de nous a exploré un thème différent. Lors du semestre 10, Loreline, Kevin et moi-même avons travaillé indépendamment nos projets. Karina quant-à elle était étudiante Erasmus, elle est rentrée au Brésil à la fin du semestre 9 et n’a donc pas poursuivi ce travail.

1 Musique savante est «un terme général utilisé pour désigner des traditions musicales impliquant des considérations structurelles et théoriques avancées» selon dictionnaire.sensagent.leparisien.fr

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I - Analyse de la place du secteur culturel en Chine, entre enjeux diplomatiques et paradoxes

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1) Genèse de l’art contemporain en Chine

A) Les pratiques artistiques chinoises traditionelles

B) Apparition des pratiques d’avant-garde chinoises

C) La reconnaissance officielle de l’art contemporain chinois 2) Les lieux de l’art contemporain en Chine A) L’ explosion des lieux culturels B) Espaces de création : le modèle de la résidence d’artistes C) Espaces de création : les communautés d’artistes 3) La place de la création artistique à Wuhan

A) Ambitions culturelles de Wuhan en 2012 B) Les effets constatés II- A la recherche de la dimension culturelle portée par le Lac de l’Est

1) Introduction à Wuhan, la ville de l’eau

A) Enjeux climatiques B) Wuhan, ville-éponge

2) Analyse de l’aire paysagère du lac de l’Est

A) Parcours aménagés B) Équipements implantés autour du lac 3) Un village abandonné

A) Village menacé B) Mesures de sauvegarde proposées C) Potentialités du territoire

III - Les enjeux d’une résidence d’artiste dans le village de Yanzhongzui, pour des bénéfices réciproques entre acteurs et territoire 1) Principe de la résidence d’artistes

A) La villa Medicis de Rome, une institution modèle pourtant décriée B) La résidence de Songzhuang, un immeuble pour artistes C) Les acteurs du projet de résidence

2) L’influence de la diffusion artistique sur le territoire

A) Parcours artistique B) Implantation du centre de création

3) Pour une revitalisation responsable

A) Echelle territoriale B) Intentions architecturales

Conclusion Bibliographie

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I - Analyse de la place du secteur culturel en Chine, entre enjeux diplomatiques et paradoxes

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1) Genèse de l’art contemporain en Chine

A) Les pratiques artistiques chinoises traditionnelles L’art est présent en Chine depuis très longtemps. Les premières formes d’art, qualifiées d’art passif1 par les spécialistes étaient primitives et issues d’une démarche inconsciente. Bien que l’on retrouve cette forme passive de l’art dans toutes les cultures, celle-ci a été considérée comme typique de l’art chinois traditionnel jusqu’à la fin de la dynastie Han. François Savatier, journaliste au magazine Pour la Science précise «il y a 40 000 ans, des hommes ou des femmes pratiquaient un art pictural figuratif semblable aux deux extrémités de l’Eurasie. Tant en Ardèche (Grotte Chauvet) que sur l’île de Sulewesi, il semble que la représentation d’animaux jouait le même rôle culturel essentiel.»2 S’est développé ensuite, entre la fin des Han orientaux et le début de la dynastie des Jin occidentaux (du IIIe au Vème siècle), le concept d’art actif 3. Au travers de ce concept s’est affirmée une vraie singularité dans l’art traditionnel chinois. Propre à la culture orientale, la calligraphie apparaît comme le premier des arts chinois. Elle qualifie l’art de l’écriture, mais elle est aussi liée au dessin, à la peinture et à la sculpture.

«Les plus grands chefs-d’œuvre de l’art chinois sont des calligraphies»4. En parallèle des arts visuels, la musique traditionnelle chinoise possède aussi une identité forte, marquée par la pratique d’instruments spécifiques à l’Asie : le erhu, le guzheng,le pipa et le dizi sont les plus connus (Fig.1).

A partir de 1920, les pratiques artistiques occidentales ont commencé a être diffusées en Asie, le premier conservatoire de musique a été fondé en 1927. Ensuite, l’arrivée au pouvoir de Mao Tsé-Toung en 1949 a bouleversé les pratiques. En 1966, le déclenchement de la Révolution culturelle encadrée par Jiang Qing, la femme du dirigeant, marque un tournant historique. Les conservatoires du pays ont alors été fermés, tout ce qui symbolisait le passé a été détruit, les livres brûlés et le “réalisme socialiste” fut encouragé. Seul huit spectacles étaient alors autorisés, les yangbanxi soit opéras modèles. Il s’agissait de cinq opéras, deux ballets et une symphonie. « 800 millions de Chinois ont regardé huit spectacles pendant dix ans »5. À cette époque, la culture qu’elle soit traditionnelle chinoise ou occidentale était complètement rejetée.

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QINGSHENG Zhu, L’histoire de l’art en Chine, 2010, [en ligne] SAVATIER François, Les plus anciennes peintures rupestres découvertes en Asie, 2014, [en ligne] Ibid.

Ibid.

DUZAN Brigitte, Repères historiques. Années 1960-1970 : La Révolution culturelle, 2018, [en ligne]

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Figure 0: Calligraphie ancienne, Rouleau manuscrit incomplet de 55 feuilles de papier «Ecriture cursive pouvant dater du milieu du VIIIe siècle» Source : BNF, Exposition du Sûtra du lotus de la Vraie Loi [en ligne]

Figure 1: Oeuvre de Ren Xiong.

La première femme joue du pipa, la troisième du Guzheng, deux des principaux instruments traditionnels chinois Oeuvre peinte au XIXème siècle Source : Baidu [en ligne]

B) Apparition des pratiques d’avant-garde chinoises

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En 1979, trois ans après la mort de Mao, un groupe d’artistes - les Étoiles - décida d’organiser une exposition. Cent cinquante œuvres signées de vingt-trois artistes ont alors été présentées illégalement. Elles furent exposées sur les grilles du musée national des Beaux-arts de Pékin suite à l’absence d’autorisation pour investir le musée. A travers leurs oeuvres, les Étoiles défendaient la liberté de création. En 1989 s’est tenue l’exposition «China Avant-garde» au musée des Beaux arts de Pékin.

«China/Avant-garde ne présente à son public ni peinture chinoise traditionnelle (guohua, littéralement : peinture nationale) ni calligraphie.(...)

China/Avant-garde est la première exposition nationale d’art expérimental (shiyan meishu).

Est appelée ainsi toute exposition laissant agir les œuvres d’elles-mêmes en évinçant tout enracinement (de l’œuvre, de la critique, de l’institution) dans un culte.»6 Celle-ci a été beaucoup médiatisée en Occident, mais fut perçue en Chine comme une contestation du gouvernement. En effet, au cours de l’inauguration a été présentée Dialogue, une performance de Xiao Lu et Tang Song. Celle-ci est venue marquer particulièrement les esprits car des coups de feu furent tirés à bout portant sur une cabine téléphonique (Fig.2). Ce mode d’expression a déconcerté le gouvernement qui prit alors la décision de censurer l’exposition. C’est ainsi que, si les pratiques avant-gardistes avaient semble-t’il été tolérées pendant quelques années, elles furent beaucoup plus controlées ensuite. Cela s’est exprimé par le retrait du soutien officiel aux activités des artistes d’avant-garde, allant jusqu’à la censure dans certains cas. La dernière décénie du XXème siècle fut une période compliquée pour les artistes chinois d’avant-garde.

«En fait, ce qui a été privé de ces artistes par l’État, ce sont les réseaux de diffusion et de reconnaissance, c’est-à-dire la publication et les espaces d’exposition officiels. Comme il n’existait pas non plus d’espaces d’exposition privés à l’époque, les artistes d’avantgarde ont tenté de faire recours au marché pour se légitimer, en vain, comme les clients chinois n’étaient pas encore prêts à consommer l’art d’avant-garde.»7 Cependant, c’est durant les années 1990 que l’on note pourtant l’émergence de premiers lieux de diffusion d’art contemporain chinois, en Chine. On parle de pratiques underground pour désigner la production des artistes qui travaillent sans reconaissance de l’état.

«La Red Gate Gallery, première galerie d’art contem­porain en Chine continentale, fut fondée par Brian Wallace en 1991 à Pékin. En 1992, la première foire d’art biennale mettant en valeur l’art contempo­rain a eu lieu à Guangzhou, tandis que les premières ventes aux enchères se déroulè­rent à Shenzhen et à Beijing en 1993 où les premières maisons de ventes furent ouvertes grâce à des capitaux privés.»8

6 LINCOT Emmanuel, L’art contemporain chinois dans les années Deng Xiaoping, 2004, [en ligne] 7 HE Qian, L’art contemporain chinois : le rôle des acteurs non institutionnels et non étatiques dans les relations culturelles de la Chine, 2014, [en ligne] 8 CHANG S, SRAKAR A, VECCO M, La topographie changeante de l’art contemporain en Chine continentale 2016, [en ligne]

Mal perçus dans le pays, les artistes contemporains ont également commencé à être invités à présenter leurs créations dans des manifestations d’ampleur internationales telles que la Biennale de Venise. Ils ont alors accédé à une certaine reconnaissance grâce à cela. En 1993 leur participation fut particulièrement remarquée.

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Figure 2: Dialogue par Xiao Lu, exposition China-Avant Garde, 1989 .

Source : Tate Modern Gallery [en ligne]

C) La reconnaissance officielle de l’art contemporain chinois

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C’est par stratégie diplomatique que le statut underground de la création contemporaine a progressivement été levé en Chine. La reconnaissance du soft power tend à renforcer l’attractivité culturelle de la Chine. Aussi, c’est en adhérant à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001 que le pays a choisi véritablement d’utiliser la culture comme un levier diplomatique. « À partir de 2002, une troisième étape de la réforme du système culturel mena à l’officialisation de l’art contemporain. À ce stade, « l’industrie culturelle » fut officiellement intégrée dans la politique de l’État.»9 C’est ainsi que des galeries et des festivals d’art contemporain ont émergé en Chine, souvent soutenus par des acteurs Occidentaux. « À partir de 2004, la place des artistes chinois dans le marché de l’art a totalement changé.

Entre 2004 et 2008, on voit dans les ventes aux enchères internationales les prix de certains artistes chinois à plusieurs reprises toucher les chiffres très élevés. L’appétit du marché a été stimulé. À partir de 2005, toutes sortes de fonds privés consacrés à l’art contemporain chinois ont été créés par des acteurs financiers. Les maisons de ventes sont très actives depuis lors.»10 En 2009 fut créé un plan national pour la revitalisation de l’industrie culturelle.Celui-ci a considérablement changé le paysage culturel chinois. La création de musées est depuis lors fortement encouragée. La gentrification liée à l’art contemporain a interessé les collectivités locales qui ont perçu celà comme une opportunité pour développer leurs infrastructures culturelles. Les artistes contemporains dont les oeuvres passent le bureau de la censure peuvent donc aujourd’hui exposer leurs œuvres dans les musées publics, les biennales organisées par l’Etat et autres manifestations d’art public.

On constate l’attractivité des scènes artistiques et culturelles en Chine et à l’internationnal. Cependant Emmanuel Lincot, spécialiste de l’histoire contemporaine chinoise temporise «Les résultats sont là, la Chine emporte tous les prix internationaux, à commencer par le Prix Pritzker attribué à Wang Shu. Mais ce succès pose problème, car il y a sans doute une inadéquation entre le schéma institutionnel et la réalité d’une scène artistique qui explose, avec de plus en plus de manifestations artistiques individuelles. On est très loin du libéralisme culturel réel des Etats-Unis, ce qui amène à relativiser l’existence du soft power.»11

9 CHANG S, SRAKAR A, VECCO M,La topographie changeante de l’art contemporain en Chine continentale, op.cit.

10 HE Qian, L’art contemporain chinois : le rôle des acteurs non institutionnels et non étatiques dans les relations culturelles de la Chine, op.cit.

11 Extrait de Le défi culturel chinois, émission de radio, animée par Caroline Broué, France culture, 28’’, 2012, [en ligne]

On note ici que Wang Shu - architecte chinois particulièrement reconnu pour son attention aux techniques traditionelles et sa pratique du réemploi - est considéré comme un artiste. Enseignant au sein de la China Academy of Arts de Hanghzou, il apparait comme un maître dans sa discipline. C’est cette pratique contemporaine de l’architecture qui est ici reconnu comme un art.

Pierre HASKI, journaliste, expert du territoire chinois, précise la situation concernant le développement culturel du pays «On a, d’un coté le parti qui considère que la culture est un enjeu stratégique. avec l’idée du soft power- avoir de l’influence pas seulement parce qu’on est grand mais aussi parce qu’un message peut se diffuser - et en même temps un parti qui est totalement skysophrène car il ne veut pas perdre le controle, donc il a cette tentation permanente de pousser et de freiner.»12 Il semble nécessaire de rappeler que la censure est toujours présente aujourd’hui, les productions contemporaines sont toujours soumises à un contrôle stricte de l’état. Les artistes dissidents se voient systématiquement rappelés à l’ordre. C’est le cas d’Ai Weiwei, cet artiste fondateur des Étoiles est un des premiers à avoir eu une double culture orient-occident en rentrant en Chine après une série de voyages, en 1993. Dans sa vie, Ai Weiwei a été incarcéré durant quatre-vingt-un jours, accusé d’évasion fiscale.

Soutenu par les communautés internationales, il vit maintenant en Grande-Bretagne. À propos des conditions d’expression en Chine, Emmanuel Lincot précise «De nombreuses conditions sont réunies pour offrir de belles opportunités de travail aux artistes étrangers. Mais il y une condition qui n’existe pas, c’est la liberté de penser. Pour l’instant, la Chine arrive à faire bon ménage de cette situation assez inédite de dictature bien réelle, de pesanteur et de purge aussi, il ne faut pas l’oublier. Dans le secteur universitaire ou celui des musées, il y a des gens qui disparaissent. A priori, la scène musicale n’est pas concernée parce qu’à première vue, c’est moins sensible d’un point de vue idéologique »13

Figure 3: La réforme du système culturel et l’évolution de l’art contemporain de 1978 à 2016.

Source : La topographie changeante de l’art contemporain en Chine continentale, 2016, [en ligne] 12 13

Ibid.

TRIBOT LASPIÈRE Victor, Pourquoi la musique classique explose-t-elle en Chine ?, 2019, [en ligne]

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2) Les lieux de l’art contemporain en Chine A) L’ explosion des lieux culturels

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Le plan national pour la revitalisation de l’industrie culturelle lancé en 2009 a donc encouragé la construction de musées. C’est à cette époque que la CAA (China Academy of Art) a décidé de reconnaitre officiellement l’art contemporain chinois et d’organiser des expositions. Ainsi, les musées publics d’art ont commencé à participer à la valorisation de la production contemporaine chinoise. Cette dynamique n’a pas cessé depuis. Le tout premier musée dédié à l’art contemporain en Chine fut construit en 2012 à Shanghai.

En parallèle des constructions publiques, des musées privés sont aussi bâtis. Ils sont généralement le fruit des investissements de promoteurs immobiliers ou de collectionneurs. Plus qu’un simple encouragement à la création de musées, le gouvernement participe bel et bien à leur multiplication. Philippe Tretiack, journaliste français spécialiste du domaine de l’architecture, déclare «les Chinois, constatant qu’il n’y en avait pas assez par rapport aux Etats-Unis ont décidé qu’il y en aurait un pour deux cent cinquante mille habitants. Cela fait beaucoup de musées à construire ! Or, il apparaît que la Chine dispose de peu de hauts-lieux conservés, le pays étant assez peu patrimonial. Il va donc falloir trouver quoi exposer.»14

Figure 4: La croissance des musées engagés dans l’art contemporain en Chine continentale, par période, 1949-2015 Source : La topographie changeante de l’art contemporain en Chine continentale, 2016, [en ligne]

Comme une première réponse à cette problématique de contenu, le gouvernement chinois a formé une partie de l’armée dont la mission est d’aller récupérer dans des ventes aux enchères internationales, le patrimoine chinois qui lui aurait été volé.15 Par ailleurs, celà laisse aussi une place de choix à l’art contemporain. Mais, avant d’exposer, il s’agit donc de distinguer quels lieux sont mis à disposition des artistes en Chine pour créer.

Avant cela, au delà de l’essor des lieux d’exposition, on assiste en Chine à la multiplication des lieux de représentation. Chaque ville se dote d’infrastructures de pointe. Des salles de concerts, philarmonies et opéras fleurissent partout dans le pays et sont le reflet de l’interêt croissant des chinois pour la musique 14 15

Extrait de Le défi culturel chinois, op.cit.

Extrait de Le défi culturel chinois, op.cit.

classique - sujet qui a été le point de départ de ce projet de Fin d’Études. On constate un public jeune dans les concerts classiques en Chine et un comportement du public bien différent des codes occidentaux .

«En Chine, on applaudit entre les mouvements, ou alors pas du tout, même à la fin de l’œuvre. C’est le sens premier des applaudissements : manifester une émotion en frappant dans ses mains. Et s’il n’y a pas d’émotions, alors le public reste silencieux.»16 On dénombre en 2020 près de cinquante salles de concerts dans le pays17 dont la jauge est considérable, généralement comprise entre 1000 et 2000 places assises. En 2018, Antoine Pecqueur, spécialiste en politique et économie de la culture, précisait «On en est encore qu’au tout début : la Chine projette de construire dans l’avenir plus de 200 nouvelles salles.»18 Au-delà des ces salles destinées aux concerts classiques, on trouve aussi quelques bâtiments d’un nouveau genre en Chine, à la manière du Han Show Theater de Wuhan. Cette salle gigantesque dessinée par l’architecte Mark Fisher est spécialement conçue pour présenter un spectacle particulier. Mis en scène par Franco Dragon, la démonstration rappelle les prestations du Cirque du Soleil et vient mêler accrobaties, jeux d’eau et de lumière. Les gradins mécanisés pivotent le temps du spectacle afin de permettre à une piscine d’apparaitre sur scène.

La Chine déploie assurément des moyens considérables pour la culture et le divertissement depuis le début du XXIème siècle. Il est alors temps de comprendre quelle est la place des lieux de création dans ce pays.

Figure 5: Extraits du HanShow - des scénographies spectaculaires au sein d’une salle dédiée.

Source : Dragonne.com

16 17 18

TRIBOT LASPIÈRE Victor, Pourquoi la musique classique explose-t-elle en Chine ?, op.cit.

List of concert halls (27 Mai 2020) dans Wikipédia [en ligne] PECQUEUR Antoine, La musique classique en Chine : un essor vertigineux, 2018, [en ligne]

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B) Espaces de création : le modèle de la résidence d’artistes

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Une résidence d’artistes désigne l’octroi d’un espace à un artiste seul ou en groupe afin de favoriser l’élaboration et la création d’un projet artistique. En outre, cela consiste à accueillir des créateurs pendant une durée déterminée dans un certain lieu et à leur fournir des moyens techniques, administratifs et souvent financiers. Cela relève d’une expérience temporaire censée permettre aux artistes d’évoluer dans leur domaine.

En Chine, les résidences sont généralement financées à la manière des musées par des municipalités ou de riches indépendants tels que des promoteurs immobiliers, collectionneurs etc... Des résidences ont été implantées sur l’ensemble du territoire depuis les années 2000.

China Residencies est une association à but non lucratif fondée en 2013 en Chine par deux amies américaines, Crystal Ruth Bell et Kira Simon-Kennedy. Par le biais de cette organisation, elles ont recensé les résidences d’artistes indépendantes du pays pour créer un réseau. En mai 2020, cinquante résidences d’artistes étaient présentées sur le site internet de l’association, réparties dans l’ensemble du pays. On constate que Pékin, Hong-Kong et Shanghai sont des foyers ou l’on trouve une véritable diversité de résidences, tandis qu’aucune n’est pour l’instant recensée dans la région du Hubei (fig.5),qui nous intéresse particulièrement dans le cadre de ce travail.

China Residencies est une plateforme qui met en lumière l’existence des résidences. Elle est disponible en anglais et en chinois et permet à des artistes venus d’horizons différents de trouver un endoit ou s’installer pour un temps déterminé en Chine. En plus de celà, l’enjeu de l’association est d’aider les résidences à se développer. En effet, ces structures font parfois face à un manque de personnel et de financements. Si les bâtiments sont donc généralement financés par les investisseurs, Kira Simon-Kennedy explique dans un entretien « Beaucoup de résidences ont du mal à trouver des fonds pour payer le personnel et assurer un soutien aux artistes (matériel, frais de vie quotidienne, frais de voyage etc...) ce qui engendre le fait que les résidences demandent aux artistes de payer pour venir en résidence ou de trouver un soutien financier ailleurs.»19 Afin de palier à cela, China Residencies dispose d’une plateforme pour recevoir des dons qui sont ensuite redistribués, dans l’optique de financer les résidences, encourager leur développement et soutenir les créateurs.

19

Entretien par mail avec Kira Simon-Kennedy, traduit de l’anglais, 27 avril 2020

YZ CREATIVE ART CENTER SHANXI PROVINCE

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Résidence multidisciplinaire, aussi spécialiste du travail du verre

SANBAO INTERNATIONAL CERAMIC ART INSTITUTE

WUHAN

JIANGXI PROVINCE

HUBEI PROVINCE

JARDIN ORANGE SHENZHEN

Ouverte en 2001 Arts visuels, spécialité céramique De 60 à 100 artistes par an

Résidence en milieu urbain Arts visuels 70 artistes par an

RED GATE RESIDENCY PÉKIN

Ouverte en 2001 Multidisciplinaire et cosmopolite 70 artistes par an

Figure 6: Localisation des résidences répertoriées sur ChinaResidencies.com Document personnel

Pékin apparait comme un foyer sur la carte des résidences recensées par China Residencies. Cette ville héberge des communautés d’artistes de grande ampleur, reconnues dans le monde entier.

C) Espaces de création : Les communautés d’artistes

-Songzhuang

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En 1995 est apparut la communauté de Songzhuang. Elle est une des premières communautés d’artistes véritables en Chine. Celle-ci est issu d’un regroupement initial d’artistes dans le village de Yuanming à proximité immédiate de Pékin et du département des Beaux-Arts de l’Université. Ce rassemblement informel fut démantellé par le gouvernement municipal qui préférait voir la contestation artistique loin de la zone urbaine. Les artistes ont alors migré plus en périphérie de la ville de Pékin, à Songzhuang. Fondé par cinq peintres, cette communauté n’a cessé de croitre et s’étale désormais le long de vingt-deux villages périurbains. Elle compte environ mille deux cent artistes. Le quartier est aussi peuplé de musées, de galeries et est devenu une véritable attraction touristique.

Edith Henry est une artiste contemporaine française. Elle a été témoin de l’évolution de la communauté au travers dans un premier temps de photographies échangées avec un artiste chinois - des correspondances muettes - et également des déplacements réguliers en Chine. Elle parle d’une «évolution sidérante»20 de la communauté. Il faut dire qu’en trente ans, le lieu a considérablement changé pour devenir un pôle artistique majeur en Chine et à l’internationnal. Y cohabite des artistes internationnalement reconnus avec d’autres, plus débutants. En 2005 fut inauguré un festival d’art annuel qui consiste en une exposition de plein-air. En 2006 celui-ci a été délocalisé dans le Musée d’Art de Songzhuang nouvellement construit par l’agence d’architecture pékinoise DnA Design dont nous avons visité certaines réalisations durant le voyage. C’est ainsi que de nombreux programmes se sont ensuite développés. Une résidence d’artistes accueillant vingt studios individuels a été livrée deux ans plus tard.

«En 2010 ils sont autour de 4000 artistes à vivre à Song Zhuang (...) Des dizaines de galeries, souvent très spacieuses, plusieurs musées, des magazines spécialisés, restaurants… ont poussé comme champignons après la pluie d’automne. La ville a compris tout le parti qu’elle pouvait tirer de ce phénomène.»21 En bref, Songzhuang est aujourd’hui un des plus grands villages d’artistes au monde, connu internationnalement.

Figure 7: Exposition de plein-air à Songzhuang

Source : NAN Nan, La genèse de « Songzhuang » [en ligne]

20 21

HENRY Edith, Artist Village Gallery / Peinture chinoise , Centre national des arts plastiques, 2011, [en ligne] Ibid.

- 798 Art Zone En 2002, les organisations artistiques et culturelles chinoises se sont interessées à une une zone industrielle abandonnée, construite en collaboration avec des Allemands de l’Est et située en banlieue de Pékin dans le quartier de Dashanzi. Les artistes y ont loué des emplacements et transformé le lieu en une communauté. Comme à Songzhuang, des galeries d’art, centres artistiques et studios se sont implantés, mais aussi des restaurants, bars et lieux de résidence. La zone s’est considérablement gentrifiée, l’endroit est devenu branché.

«Les uns après les autres, des artistes tels que Huang Rui, Xu Yong, Liu Suola et Zhao Bandi ont élu domicile dans les lofts de l’Espace 798 où ils sont devenus des ouvriers d’un autre temps. Xu Yong a installé son atelier de travail dans un espace de 1 200m2 tandis que la galerie photo couvre une surface de 280m2.»22 Une des particularités de ce district réside dans la patrimonialisation des bâtiments industriels. Il s’agit de quelque chose d’inédit à l’aube de XXIème siècle dans ce pays, mais qui tend aujourd’hui à se développer. Emmanuel Lintot développe «On a souvent dit que la culture de la Chine ne s’était pas placée dans la pierre, mais plutôt dans les collections picturales ou calligraphiques. Les choses ont changé : on réalise qu’il y a un enjeu identitaire à sauvegarder le patrimoine, notamment le patrimoine industriel. Cela participe d’une certaine forme de nationalisme culturel.»23 Ces communautés d’artistes sont deux des plus connues de Chine. On constate qu’elles se sont développées très rapidement jusqu’à devenir de réelles sources d’attraction. Un grand nombre d’artistes vit au sein de ces communautés Pékinoises, ils évoluent donc dans un milieu commun. ll s’agit maintenant de comprendre quelle est la place de la création artistique dans le Hubei, et particulierement à Wuhan alors qu’aucune résidence n’a été recensée.

Figure 8: Porte d’entrée vers la communauté Source : beijingrelocation.com

22 23

Auteur inconnu, Le nouvel espace 798 , Chine evasion, [en ligne] LINCAUT Emmanuel, Extrait de Le défi culturel chinois, op.cit.

21

22 PÉKIN

SHANGAI

WUHAN HUBEI

CHONGQING

GUANGZHOU

HONG-KONG

Figure 9: Situation géographique de Wuhan en Chine Source : document personnel

HANKOU

HANYANG

WUCHANG

0

Figure 10: Les trois districts historiques de Wuhan Document personnel

10 km

3) La place de la création artistique à Wuhan Wuhan est une ville dantesque de Chine continentale. Située à la confluence de la rivière Han et du fleuve Yangtsé, elle compte plus de onze millions d’habitants répartis sur un territoire de 8500km² soit la surface des deux-tiers de l’île de France. Capitale de la région du Hubei, Wuhan est située à un point stratégique dans le pays, à deux heures d’avion et environ cinq heures de train de Pékin, Hong-Kong, Shanghai et Guangzhou (Canton). Cette ville est issue de la fusion de trois municipalités en 1927 - Hankou, Hanyang et Wuchang.

En 2012, la ville de Wuhan a publié son «Programme culturel de la métropole »24 . Divisé en cinq thématiques, il s’agit d’une série détaillée d’ambitieux projets. Ce programme répond à un projet internationnal, l’agenda 21 de la culture.

«L’Agenda 21 de la culture a été approuvé le dernier 8 Mai de 2004 par des villes et des gouvernements locaux du monde entier qui s’engagent dans les domaines des droits de l’homme, de la diversité culturelle, du développement durable, de la démocratie participative et de la création de conditions pour la paix.»25 A) Ambitions culturelles de Wuhan en 2012

Ville de la Lecture Cela témoigne d’une volonté d’établir un réseau de bibliothèques dans l’ensemble de la ville pour 2016.

Ville des Musées Le projet s’insère en continuité du plan national lancé en 2009, par l’accompagnement des investisseurs dans la création de musées. L’ambition affichée en 2012 était de pouvoir compter plus de deux-cent musées à Wuhan en 2020 .

Ville des Arts Le projet est résumé par ce titre : « un centre, deux zones périphériques ». L’objectif était de présenter la zone de Qintai, au Nord de Hanyang, comme centre de la culture et des arts, et de considérer les quartiers de Hankou et Wuchang comme des zones culturelles périphériques - soit d’encourager les projets culturels, notamment l’organisation d’expositions .

«La ville construira le Centre de la culture et des arts de Qintai, le Centre de la culture et des arts de Wuhan et le musée de la littérature de Wuhan et planifie la construction d’un certain nombre de zones d’expositions artistiques.»26

Ville du Design et de la Créativité Wuhan s’est engagée à appuyer le secteur du design en lui donnant de la visibilité par l’organisation d’êvenements . L’ambition de Wuhan en 2012 était de devenir la «Capitale mondiale du design».

Ville des Universités Cela concerne un soutien au développement des instituts d’enseignement supérieur .

On constate une ambition affirmée de la part des autorités de développer le secteur culturel et créatif à Wuhan. Cela s’exprime par la définition de projets de grande ampleur.

24 25 26

PU Xuanxuan , Programme culturel de la métropole de Wuhan ,5 pages, 2017, [en ligne] agenda21culture.net PU Xuanxuan , Programme culturel de la métropole de Wuhan, op.cit.

23

B) Les effets constatés

Huit années plus tard, on constate que la ville a encore du chemin a faire pour satisfaire toutes ses ambitions.

24

Ville des Musées Bien qu’il soit difficile d’afffirmer le nombre de musées présents dans la ville sans recensement préçis, deux-cent semble un chiffre très élevé. Il n’y a qu’un seul musée important, le musée du Hubei, et d’autres secondaires.

Ville des Arts Le Qintai Art Museum situé dans le quartier de Hanyang est ouvert au public. L’ambition qui était celle de faire de Hankou et Wuchang des zones culturelles périphérique semble peu développée. Il s’agit en l’occurence de très vastes zones et, dans le cadre du voyage que nous avons réalisé, nous n’avons en aucun cas perçu une identité artistique affirmée dans ces quartiers.

En revanche, Wuhan apparait comme une ville pilote dans le domaine des musiques actuelles. En 2002, le Vox Livehouse - une scène dédiée au rock alternatif - a ouvert, il est depuis devenu une référence dans le domaine. Aussi, Wuhan est la première ville Chinoise a avoir organisé la fête de la musique en 2006. Depuis lors, encouragées par le succès de cet évênement, onze autres métropoles chinoises l’organisent aussi.

Ville du Design et de la Créativité Depuis 2017, Wuhan est reliée au réseau des Villes Créatives de l’UNESCO, nommée dans la catégorie Design. Des évênements ont été créés tel que la mise en place de la Biennale du Design de Wuhan.

Aussi, des infrastructures on été installées dans le quartier de Luojia, au Sud du lac de l’Est. Rare sont les témoignages concernant le développement de ce projet. Cependant, deux touristes ont documenté leur excursion à Luojia. Ils témoignent de leur décéption quant-à un quartier avec selon eux «beaucoup de potentiel»27 mais visiblement peu fréquenté le jour de leur passage, en décembre 2019. Le jeune homme qualifie cette zone de «ville-fantôme»28 .

Il advient que, soutenue par le gouvernement, l’industrie culturelle chinoise est assurément en pleine expansion. De plus,l’intérêt manifeste de la population chinoise pour les disciplines artistiques est animée par l’observation du monde occidental. Cependant, ce comportement semble s’affirmer comme le reflet d’un manque d’identité créative en Chine, et à Wuhan. Le chef Alain Paris s’exprime à propos des orchestres « ils ont une technique fantastique, en particulier dans les cordes. Les musiciens sont très disciplinés, on n’entend pas une mouche voler en répétition. Mais par contre, je n’arrive à rien lire sur leur visage. Alors que d’habitude dans les orchestres, on se cherche par le regard, on rebondit à un sourire, une plaisanterie. Il leur reste à acquérir une véritable personnalité musicale, mais je pense que cela ira plus vite qu’au Japon »29

27 28 29

J NEALE Matt, SUNDAYs EP.2 | WUHAN | Creative City, vidéo, 6’’,2019, [en ligne] Ibid.

PECQUEUR Antoine, La musique classique en Chine : un essor vertigineux, op.cit.

À cela, Antoine Pecqueur, journaliste et écrivain français, spécialiste de la culture, précise «Cette situation reflète aussi les problématiques politiques du pays. Dans un Etat où la liberté d’expression est régulièrement bafouée, le musicien n’ose pas forcément dire ce qu’il pense ou ressent. Cela peut aujourd’hui changer grâce à certaines personnalités, comme le chef d’orchestre Muhai Tang, directeur artistique des orchestres de Shanghai, Zhenjiang et de l’Orchestre national de Chine, à la vision musicale singulière et tout sauf disciplinaire.»30 Ce constat semble pouvoir s’appliquer aux différentes pratiques artistiques. Si les arts visuels trouvent peu à peu leur place dans le pays, les lieux de créations méritent encore d’être soutenus, afin de permettre à la Chine de se constituer un réel patrimoine contemporain. C’est ainsi que ce Projet de Fin d’Études veillera à encourager la création et les actions culturelles au sein du territoire Wuhannais.

Figure 11: Affiche de la fête de la musique 2018 à Wuhan Source: cn.ambafrance.org

30

Ibid.

25

II - À la recherche de la dimension culturelle portée par le Lac de l’Est 1) Introduction à Wuhan, la ville de l’eau

26

A) Enjeux climatiques

Un élément naturel fait particulièrement partie de l’identité de Wuhan, il s’agit de l’eau. En plus d’être traversée par le fleuve bleu - le Yangtsé - cette ville fluviale est située dans une plaine inondable - la plaine Jianghan - et bénéficie d’une morphologie particulière qui lui vaut son surnom de «ville aux mille lacs». Wuhan bénéficie d’ un climat subtropical humide (Cfa) selon la classification de Köppen-Geiger.

Shu Yang, architecte urbaniste et auteur d’une thèse sur le sujet de l’eau à Wuhan explique «Wuhan, comme beaucoup d’autres villes dans le bassin versant du Yangzi, est située dans les régions que Jules Sion appelle l’’’Asie des moussons ‘‘. Le régime des pluies est dominé grosso modo par l’alternance des deux moussons. En été, la mousson pluvieuse (...)

Ces courants maritimes apportent durant l’été des masses d’air chaud chargées d’énormes quantités de vapeur d’eau, qui conduisent à des pluies abondantes au contact du continent et de son relief. En hiver, au contraire, la mousson vient du nord, de la Sibérie. Elle amène des flux froids continentaux.»31 On constate un pic des précipitations en juin à Wuhan avec un moyenne à près de 225 mm. A titre de comparaison, les mois de mai et décembre affichent à Paris les plus hauts taux de précipitations, avec une moyenne de 46mm de pluie selon weatherspark.com, un chiffre plus de quatre fois inférieur au taux Wuhannais. Le réseau hydrographique de Wuhan fait véritablement face à des dynamiques extraordinaires.

Wuhan _ Chine

Paris_ France

Figure 12: Pluviométrie mensuelle à Wuhan et Paris Source : weatherspark.com

31

YANG Shu , Wuhan : Aux interfaces ville/eau, les formes urbaines en mutation , Thèse de doctorat, 2011,op.cit. p 47

27

East Lake

0

Figure 13: Importance de l’eau à Wuhan Source : document personnel

10 km

28

B) Wuhan, ville-éponge

En 2013, le gouvernement chinois a lancé un programme national afin d’améliorer la gestion de l’eau dans le pays et palier au risque d’inondations. Wuhan est une des seize premières «ville-éponges» de Chine. Le principe consiste à laisser la ville absorber l’eau. En 2016 ont eu lieu de graves inondations dans la ville, qui sont venues accentuer l’importance de ce programme.

«Dans une ville-éponge, l’environnement naturel - les pelouses, les toits verts, les parcs contribuent à augmenter l’absorption et l’assainissement de l’eau. L’eau s’achemine moins vite de l’espace vert vers les rigoles et les égouts car elle est retenue ou elle s’infiltre dans le sol. Cependant, pour y parvenir, ces espaces de nature doivent être présents ; et c’est précisément ce que veulent stimuler les autorités chinoises aujourd’hui.»32 Par ce programme de sponge-cities, l’état chinois a choisi de débloquer un budget dédié à la mise en place de dispositifs favorisant l’absortion de l’eau. Parmi ces dispositifs on compte des systèmes complexes de drainage et de rétention d’eau, le remplacement des matériaux imperméables et l’encouragement à utiliser des matériaux naturels.

Durant notre voyage à Wuhan, il semblait incontournable d’aller explorer le plus grand lac de la ville, le Lac de l’Est. Aussi appelé Donghu Lake, ce lac est divisé en cinq sous-lacs : le lac Hou, le lac Tuan, le lac Tangling, le lac Guozheng et le lac Miao. D’une profondeur moyenne de 3,5 mètres, ces cinq lacs présentent des conditions écologiques différentes33.

Le Lac de l’Est a fait l’objet d’un vaste projet de mise en valeur et d’accessibilité qui a été récompensé du «2018 Grand Award for Excellence»34. Si les ambitions de ce projet étaient multiples, il s’agissait en priorité de faciliter les accès aux abords du lac et d’améliorer la qualité de l’eau. Un interêt particulier a été portée à l’écologie. La zone s’avère être un endroit témoin de projet de sponge-city. Un système de drainage relie le lac de l’Est au fleuve Yangtsé. Aussi, le niveau d’eau des lacs et des renseignements sur sa qualité sont disponibles en temps réel sur un site internet.

Remplacer les matériaux imperméables Encourager l’usage de matériaux naturels

Système de drainage Forêts, espaces verts marécages et jardins de pluie Lac de rétention

Figure 14: Schéma de principe d’une ville-éponge Document personnel

32 ARCADIS, La réponse chinoise à la problématique de l’eau : des villes-éponges dans tout le pays, [en ligne] 33 Distribution of organic phosphorus species in sediment profiles of shallow lakes and its effect on photo-release of phosphate during sediment resuspension, 2019, [en ligne] 34 Auteur inconnu, 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE , 29 pages, 2018, [en ligne]

29

Figure 15: Aire paysagère du lac de l’Est Document personnel

2 ) Analyse de l’aire paysagère du lac de l’Est

30

L’expansion fulgurante de Wuhan a fait évoluer le statut du lac de l’Est de lac suburbain vers celui de lac urbain - soit un lac au coeur même de la ville. Sa surface surface additionée aux espaces verts qui l’entourent forment l’Aire paysagère du lac de l’Est (the East Lake Landscape Area). Celle-ci s’étend sur près de 80km². La ville de Paris intramuros représente une surface de 105 km² et permet de constater à quel point ce territoire du lac de l’Est est absolument considérable. Le projet urbain a été réalisé afin de permettre aux gens et à la nature de co-exister en offrant cette vaste aire paysagère aux Wuhannais.

A) Parcours aménagés

Quatre promenades ont été dessinées en veillant à une diversité des parcours. L’usage de mobilités douces est encouragé dans la zone. Piétons, joggeurs, cyclistes, skateurs et les quelques véhicules électriques autorisés à circuler sont les principaux usagers de ces voies. On distingue la promenade dite «dans les champs», celle «dans les bois», «entre lac et colline» et enfin «vers le lac»35 (Fig.16). Nous avons constaté qu’une certaine diversité de population fréquentait les lieux. Les visiteurs sont généralement des promeneurs qui viennent profiter du cadre naturel remarquable.

Un tunnel a été creusé permettant aux automobilistes de traverser le lac. Il est opérationel depuis 2015.

Lors de notre visite, nous ne sommes pas arrivés de manière conventionelle sur le territoire. C’est par hasard que le chauffeur de taxi nous a en effet déposé au milieu de la promenade rouge. Il s’agit d’un accès à la base nautique, une porte d’entrée informelle en quelque sorte. Cela nous a permis d’emprunter partiellement trois parcours, les parcours rouge, orange et vert. En général, les promeneurs arrivent par trois portes principales, autour desquels de vastes parcs de stationnement et des équipements publics on été créés.

Figure 16: Famille en promenade le long des rives du lac de l’Est Photographie personnelle, Octobre 2019

35

Auteur inconnu, 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE , 29 pages, 2018, [en ligne]

31

Figure 17: Organisation de l’aire paysagère Document personnel

32

Figure 18: Avant/ Après les travaux de la porte Sud

Source : 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE, [en ligne]

33

Figure 19: Avant/ Après travaux au niveau de la base nautique.

Source : 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE, [en ligne]

B) Équipements implantés autour du lac Un grand nombre d’équipements se sont implantées au sein de l’aire paysagère. Il s’agit principalement de lieux de divertissement. Le Chu castle est un bâtiment emblématique au pied de la colline Moshan.

On trouve aussi un très grand jardin botanique dans cette zone.

A proximité de la porte Nord se trouve notamment un aquarium et un parc d’attraction ainsi que le musée de la province du Hubei. La grande majorité de l’aire paysagère est accessible gratuitement, à l’exception des institutions privées.

On note une attention particulière autour de l’écologie, avec notamment la présence d’un centre dédié au tourisme écologique dans le quartier de Tintao.

34

Si la majorité du territoire est mise en valeur, une zone n’a pas encore été prise en compte. Il s’agit d’un village situé sur une petite péninsule, au sein du lac Tuan, dans le quartier de Luoyan.

Figure 20: Evênement sportif

Source : 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE, [en ligne]

Figure 21: Château Chu, photographie personelle

Le Chu castle est introduit comme un lieu de présentation de la culture Chu. Cet enjeu pédagogique reste néamoins difficile à percevoir pour les visiteurs non sinophones.

35

Figure 22 Base nautique, photographie personelle

Figure 23 Colline Moshan,photographie personelle

Le sommet de la colline Moshan qui culmine à 118m est accessible en télécabines.

LAC TANGLIN

3) Un village abandonné

36

A) Village menacé

LAC GUOZHEN

LAC TUAN

C’est au coeur même du lac de l’Est que se situe le site de projet. Alors que les berges du lac Guozhen ont fait partie du projet d’aménagement urbain, celles du lac Tuan n’ont pas encore toutes été prises en compte. Un village est deserté.

Durant notre promenade, nous avons décidé de quitter l’itinéraire aménagé afin d’aller chercher à manger. C’est avec étonnement que nous avons découvert un village délaissé. Il s’agit d’un hameau d’environ 700 bâtiments. De nombreuses maisons sont abandonnées, soumises à des arrêtés de démoltion.

Certains bâtiments sont déjà démolis, d’autres en cours de destruction. Le temps semble arrêté dans ce village. Nous trouverons finalement un petit restaurant encore ouvert, le seul de la zone.

Ce territoire possède plusieurs particularités. L’eau fait véritablement parti de l’identité du village, constitué d’une multitude de petits étangs. De nombreuses constructions sont sur l’eau. On distingue des bâtiments anciennement dédiés à l’aquaculture. De plus, la pêche est une activité encore pratiquée dans le village. A l’extrème-Sud se trouve un parc de loisirs privé toujours en activité.

Mais encore, la petite échelle du bati détonne avec les fondamentaux chinois. En effet, la majorité des constructions ne dépasse pas le R+3. Pour autant, le village est très densément bati. De plus, les rues sont très fermées.Un mur vient protéger chaque habitation. L’ enclosure, gage de sécurité pour les particuliers en Chine, vient renforcer cette sensation de forte densité et cache malheureusement les vues lointaines.

Enfin, le cadre paysager du village est absolument remarquable. En effet, des vues exceptionnelles s’offrent au spectateur depuis les rives du lac Tuan.

Figure 24 : Etat des lieux, octobre 2019 : un processus de démolition débuté dans le village abandonné Document personnel

37

Figure 25 : Infrastructures et bâtiments abandonnés - Octobre 2019 - Wuhan Source : Photographie personelle²

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39

OCCUPATION DES BATIMENTS Logements Commerces/Services Loisirs et Education Bâtiments abandonnés Aquaculture Absence d’information

0

100

300

Figure 26: Occupation des bâtiments dans le village Document personnel

40

41

Figure 27: PĂŞcheurs sur les rives du lac Tuan Photographie personnelle

- Hypothèses d’avenir Des questions se posent concernant l’avenir de ce village atypique (Fig.28). Un projet d’aménagement semble en cours. Plusieurs blocs de toilettes publics ont été installés récemment, laissant présager une certaine fréquentation. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir plus d’informations à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, il semble que des menaces pèsent sur l’identité de cette zone.

42

En Chine, le terme village urbain est fréquemment utilisé afin de désigner des villages phagocités par les métropoles. Les anciens paysans devenus proprétaires fonciers cohabitent avec des migrants illégaux en quête d’habitats bon marché. Ces migrants sont des chinois détenteurs d’un hukou rural et non autorisés à s’installer en zone urbaine. Les villages urbains sont des formes urbaines spécifiques dans lesquels diverses micro-activités économiques se développent.36 Yanzhongzui ne correspond pas à un village urbain. Le modèle de ce village rappelle celui des villages contestés. En effet, des latences apparaissent parfois dans la mise en oeuvre de projets urbains suite à des divergences entre gouvernement et villageois. Le montant de compensation versé pour les expropriations est généralement au centre du débat. Le village de Wukan dans la province du Guangdong est un symbole de révolte villageoise. Généralement, les terres sont ensuite vendues à des promoteurs immobiliers.37 Nous avons constaté que la majorité des bâtiments à Yanzhongzui étaient promis à la destruction et que le processus d’expropriation et démolition était entammé. En Chine, l’attention portée à la valeur patrimoniale d’un bâti diffère de la conception occidentale. Des transformations radicales pour ce village semblent alors inévitables.

Deux scénarios ont été imaginés quant-à l’avenir du village. Le premier scénario (Fig. 28, image de gauche) consiste en la privatisation de la zone afin d’en faire un complexe résidentiel réservé à l’élite chinoise. En bref, le village deviendrait une communautée fermée faite de copropriétés sécurisées comme il en existe beaucoup en Chine.

Le second scénario (Fig. 28, image de droite) concerne l’urbanisation intensive de cet espace qui n’ est pas compté dans les projets d’aménagement de l’aire paysagère. Les condominiums viendraient alors remplacer les maisons individuels et l’urbanité Wuhannaise - la ville de promoteurs - rattraperait le Lac de l’Est .

Karina, Loreline, Kevin et moi-même avons souhaité proposer une alternative à ces scénarios, en veillant à valoriser le village et sauvegarder la singularité du lieu

Figure 28: Hypothèses sur la transformation du village, Document personnel Une communauté fermée et sécurisée sur l’archipel, ou une une urbanisation intensive 36 37

ROULLEAU-BERGER Laurence, Métropolisation, frontières intérieures et « villes invisibles » en Chine, 2014, [en ligne] Auteur inconnu pour RFI, Chine: la contestation se poursuit à Wukan, village sous blocus, 2011, [en ligne]

43

Figure 29: Bloc de toilettes publics au sein du village abandonné Photographie personnelle, octobre 2019

Figure 30: Décombre d’un bâtiment démoli Photographie personnelle, octobre 2019

Figure 31: Rue principale du village

Photographie personnelle, octobre 2019

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B) Mesures de sauvegarde proposées

Le premier semestre a été consacré à la mise en place d’une stratégie urbaine pour la revitalisation du village. Nous avons fait le choix de conserver les bâtiments en place qui participent à la singularité du lieu par leur petite échelle notamment.

Des codes généraux d’urbanisme ont été retenus, à la manière d’un PLU, afin de réactiver l’identité du village densément et confusément bâti.

Suppression des agrégats Ouvertures des bâtiments sur la rue

Fin du stationnement anarchique (parkings relais en périphérie)

Création d’ espaces extérieurs Parcs, jardins, espaces verts, places ...

Figure 32: Nouveau Plan d’Urbanisme pour le village

Document personnel

Si besoin, densification par surélévations modérées Habitations limitées au R+3

Reconstitution des fronts bati

Libérer et aménager les rives Création de parcours aménagés et de pavillons de récolte

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46

C) Potentialités du territoire

Le site remarquable dans lequel il est placé offre au village un statut particulier. La richesse de la biodiversité présente sur place appelle à protéger et valoriser cette zone. Ce cadre paysager n’est pas sans rappeler les peintures de lettrés dans la Chine ancienne.

«D’après le Cihai, dictionnaire encyclopédique (éd.

1979), le terme wenren, par lequel on désigne aujourd’hui le lettré en chinois, est une personne versée dans l’étude et la lecture possédant des qualités idéales ainsi qu’un caractère moral.»38 Alors que l’art des jardins est une tradition chinoise ancestrale, Wang Wei (600-759 environ) fut un lettré pionnier dans le domaine de la peinture de paysages. Celles-ci se composent généralement de montagnes shan et d’eau shui. Des élements qui se réunissent sous le terme shanshui. Les paysages shanshui sont des représentations imaginaires inspirées de paysages réels. S’il est difficile d’attribuer avec certitude les oeuvres originales dessinées par Wang Wei, la tradition de la peinture de paysage chinoise s’est transmise à travers le temps. Les représentations picturales traditionelles témoignent aussi du mode de vie des lettrés. On y voit généralement des intellectuels qui travaillent diverses disciplines comme la philosophie, la calligraphie,la poésie ou encore la musique. Les lettrés étaient adeptes d’un mode de vie libre et proche de la nature.

Figure 33: Paysage Shanshui de Wang Hui Source : www.wikiwand.com

Figure 34: Oeuvre de Wang Hui Source : www.peintures-asiatiques.com 38

BERTRAND Camille, Les lettrés chinois, une classe d’intellectuels, 2018, [en ligne]

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Figure 35: Oeuvre de Ren Xiong, reprĂŠsentation de lettrĂŠs proches de la nature, 1853 177 x 47 cm Source : artnet.fr

Le lac de l’Est se découvre à la manière d’une peinture shanshui. Alors qu’il est nécessaire de donner un nouveau souffle au village abandonné, l’opportunité se dessine d’offrir aux créateurs contemporains en quête d’inspiration, un paysage digne de l’essence même de l’art traditionnel chinois. C’est ainsi que l’idée d’implanter une résidence d’artistes a germé. Un retour aux sources afin d’allier inspiration et évolution, mais aussi valoriser sans dénaturer.

48

49

Figure 36: Vue sur le lac Tuan Photographie personnelle

III- Les enjeux d’une résidence d’artiste dans le village de Yanzhongzui, pour des bénéfices réciproques entre acteurs et territoire

50

Le modèle de la résidence d’artistes semble adapté afin d’encourager la création artistique en utilisant le territoire comme ressource. Il s’agit maintenant de déterminer les modalités de fonctionnement de résidence afin de s’assurer que cette intervention puisse participer réciproquement tant aux acteurs de la résidence qu’au territoire du Lac de l’Est. 1) Principe de la résidence d’artistes

A) La villa Medicis, une institution modèle pourtant décriée

Située à Rome et dépendante du Ministère de la Culture français, il s’agit peut-être de la plus connue des résidences d’artistes.

«Son rôle : participer au rayonnement culturel et patrimonial de la France, et servir de résidence à une quinzaine d’artistes ou chercheurs. Les pensionnaires sont reçus chaque année en septembre sur concours, pour une durée de douze ou dix-huit mois durant lesquels ils sont censés développer un grand projet personnel, sans obligation de résultat. À l’origine, ils venaient copier les œuvres antiques de l’Italie pour les renvoyer à la Cour du roi de France. Ils doivent aujourd’hui avoir entre vingt et quarante-cinq ans et parler la langue de Louis XIV, mais pas nécessairement être de nationalité française.»39 Entrer en résidence à la Villa Medicis est très prisé. Les artistes bénéficient d’une aide financiaire confortable et d’un cadre de vie exceptionnel : des appartements au sein d’une demeure du XVIème siècle et huit hectares de jardins arborés. Mais si les conditions semblent idéales, l’institution est pourtant de plus en plus décriée. En effet, la villa semble plus incarner un rôle diplomatique qu’être un réel incubateur de création. «‘‘ On me demande toujours si c’est vrai que tout le monde déprime là-bas… ‘‘, confie Thomas Salvador. Ce serait la malédiction de la Villa Médicis…»40 «‘‘ Certaines personnes là-bas sont très bien, mais peut-être que je suis tombé sur une année difficile…’’»41 déclare le peintre et graveur Philippe Favier «Dans cette vie en vase clos, il est « très dur de rencontrer l’Italie », tranche Thomas Salvador.’’ À tel point que je connais des pensionnaires qui étaient incapables de prononcer trois mots d’italien au bout de dix-huit mois. Ils n’ont pas fait l’effort. Il pouvait m’arriver de passer quatre jours sans sortir. ‘‘ Ainsi le quotidien tourne-t-il souvent à l’entre-soi, à une sorte de luxueux emprisonnement volontaire où le monde extérieur n’est paradoxalement que rarement convoqué.»42 39 40 41 42

MOREAU Michaël, À quoi sert la Villa Médicis ?, 2015, [en ligne] Ibid.

Ibid.

Ibid.

Une série de témoignages vient pointer du doigt le problème de cette prestigieuse institution. Ceux-là permettent de prendre conscience de l’importance du lien au territoire. Si Rome était une polarité culturelle au XIXème siècle, il semble que les dynamiques soient aujourd’hui ailleurs. Le principe de la résidence d’artiste continue pourtant de se développer. Un projet nommé Ateliers Medicis est en cours de déploiement à Clichy-Montfermeil en Seine-Saint-Denis, France. Celui-là répond à l’ambition de donner un élan culturel à une zone sensible. En bref, la villa Medicis de Rome semble victime de son cadre aristocratique qui inciterait les artistes à rester enfermés au sein de l’institution. Le projet de résidence d’artistes sur les berges du lac de l’Est veillera donc particulierement à inciter les artistes à expérimenter le territoire .

Figure 37: La villa Medicis à Rome, palais Renaissance du XVIème siècle Source : franceinter.fr

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B) La résidence de Songzhuang, un immeuble pour artistes Dans la première partie de ce rapport (cf p.18) il a été question de la communauté d’artistes de Songzhuang qui s’avère être un lieu d’accueil pour des artistes en Chine. Au sein de cette communauté a été livré en 2008 une résidence conçue par les architectes DNA. 52

Le bâtiment est constitué d’une imbrication d’entités indépendantes. Celles-ci sont faites d’un petit volume - le studio de vie individuel - et d’un espace en double hauteur - l’atelier de travail pour les artistes Ce bâtiment offre des espaces de travail aux créateurs chinois et répond aux besoins de Songzhuang.

Il semble toutefois que les espaces co-existent dans ce projet et empêchent une véritable co-habitation des artistes. Chaque entité est totalement indépendante. Par-ailleurs, ce bâtiment n’est pas inscrit au sein d’un réseau de résidences tel que China-residencies.

Il semble que ce projet relève plus d’un immeuble d’artistes que d’une résidence d’artistes.

Une résidence d’artistes doit être l’opportunité d’une expérience. Pour celà, on veillera à encourager des pratiques expérimentales en favorisant la cohabitation et en incitant les participants à se confronter au territoire.

Studio (20m²) Atelier individuel (50m²) Figure 38: Résidence d’artistes de Songshuang Source : designandarchitecture.net (modifié)

Figure 39: Interprétation du fonctionnement de la résidence d’artistes de Songshuang Document personnel

53

Figure 40: Résidence d’artistes de Songzhuang, Architectes DnA Design

Source : NAN Nan, La genèse de « Songzhuang » ethnographie de la formation d’un village d’artistes [en ligne]

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C) Les acteurs du projet de résidence

Pour considérer l’expérience de la résidence d’artistes au lac de l’Est comme concluante, il s’agira de sentir une évolution dans la pratique des participants. Un pannel de six artistes particulièrement reconnus en Chine a été constitué afin d’observer l’évolution de leurs pratiques et de déterminer les moyens qui les ont aidés à évoluer.

Une majorité d’artistes chinois constitue ce pannel puisque l’on a détécté auparavant le besoin qu’à la Chine d’affirmer une identité créative et de se constituer un patrimoine contemporain. La résidence pourra toutefois aussi s’ouvrir aux participants étrangers comme un élan culturel supplémentaire.

ZENG FANZHI (1962,...)

Les peintures de cet artiste originaire de Wuhan battent des reccords de prix sur le marché de l’art. Mask Series 1996 No. 6 est l’oeuvre asiatique contemporaine la plus chère vendue. À ses débuts, Zeng Fanzhi a puisé son inspiration dans son environnement quotidien. Alors qu’il vivait à proximité de l’hopital, le Wuhannais a commencé par mettre en scène des corps décharnés. Au fil du temps, l’artiste a mis de coté le travail de la figure humaine pour expérimenter la représentation de figures animales.

«Le trait est sauvage, violent sous la pluie, les herbes, le vent. La nature reprend le dessus. Comme si Zeng Fanzhi souhaitait empêtrer l’être social pour retrouver l’être naturel et l’enraciner à distance de toutes idéologies.» Philippe Pataud Célérier [en ligne]

«MASK SERIES 1996 NO. 6»

«THE TIGER» Huile sur toile 241 x 350 cm, 2011.

Photo Christie’s Image Ltd 2013

On constate chez l’enfant prodige de Wuhan des intêrets multiples,commençant avec l’observation des individus puis guidé par un retour à la nature. On retiendra une fois de plus l’importance majeure pour les artistes du lien au territoire, qui passe par le contact direct avec la société contemporaine tout en considérant la nature comme un formidable vivier exploratoire.

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WANG QINGSONG (1966,...)

Cet artiste pékinois est issu de l’Académie des Beaux-Arts du Sichuan. Il a commencé par travailler la peinture avant de s’épanouir pleinement en temps que photographe.

«En 1996, il passe à la photographie, un outil plus adapté à saisir le rythme et l’esprit des zones urbaines, grâce à la mise en place de tableaux vivants à grande échelle. Son travail photographique, composé de facettes concentrées provenant de nombreuses observations, représente avec vivacité la Chine contemporaine telle qu’il la conçoit, avec tous les éléments qui laissent à désirer dans cette course aveugle à l’urbanisation» Arles, les rencontres de la photographie [en ligne]

«TEMPORARY WARD» Impression et jet d’encre, 2002 sur papier Fine Art, 170*300

«CRAZY READERS» Impression et jet d’encre sur papier Fine Art, 2013 180*300

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YANG YONGLIANG (1980,...)

Yang Yongliang à longtemps étudié les arts traditionnels chinois que sont la calligraphie et la peinture. Il apparait aujourd’hui comme un maître des photomontages. Directement inspiré par les peintures de paysages Shansui, l’artiste met en scène la ville contemporaine en utilisant l’outil informatique. Il effectue un travail particulièrement singulier.

Yang Yongliang réinvente les codes traditionnels à sa manière en utilisant des outils contemporains.

«THE DAY OF PERPETUAL NIGHT»

Photomontage, Animation Video, 8min30sec, 2012

«TIME IMMEMMORIAL- FLOODING »

Photomontage Impression giclée sur papier Fine Art 80*100cm, 2016

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CAO FEI (1978,...)

Cette artiste Pékinoise travaille les arts numériques. En 2007, elle met en scène son avatar China Tracy dans un environnement virtuel utopique qu’elle a elle-même constitué.

Un monde parallèle constitué d’un amoncellement d’élements symboliques du quotidien.

Huit ans plus tard, elle produit Rumba II, une vidéo mettant en scène des aspirateurs disposés dans une friche urbaine. Ils signifient l’arrivée des robots dans la société contemporaine. Si les productions de Cao Fei sont encouragées par les évolutions technologiques, elles sont aussi très inspirées du monde qui l’entoure et surtout de l’évolution de la société.

«RMB CITY» 2007, production multimédia

«RUMBA II» Video, 14min16sec, 2015

Les arts numériques sont en pleine expansion et peuvent jouer un rôle clé dans l’émergence de nouvelles identités créatives. Photomontages, vidéo, installations multimédias ... les supports sont divers et méritent d’êtres interrogés.

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DING YI (1962,...)

Peintre basé à Shanghai, il travaille les géométries abstraites. C’est un spécialiste du motif, particulièrement du signe «+» qu’il explore sous toutes ses modulations.

Il a commencé dans les années 1980. Il a développé sa pratique avec l’utilisation de matériaux inhabituels tel que le carton ondulé, la peinture sur bois, le tartan – un tissu écossais traditionnel – voire la soie.

«APPEARANCE OF CROSSES» 1991, Acrylique sur toile 140 x 180 cm.

«THE RYTHM OF CHINA» Foulard Hermes en Soie, 2007 The Tale of Silk exhibition Shanghai Art Museum, 2007

Dans le cadre de la résidence au lac de l’Est, on fera en sorte d’interésser les artistes au tissage du lotus. Peut-être pourra t’on espérer en voir certains développer leurs pratiques à la manière de Ding Yi

TAN DUN (1957,...)

Compositeur issu du conservatoire de musique de Pékin. Il fait parti d’un groupe que l’on appelle «Génération 78» et désigne les premiers compositeurs contemporains chinois à avoir été diplomés. Le concerto pour l’eau témoigne d’une singularité manifeste. En effet, Tan Dun utilise l’eau comme un instrument à part entière dans cette pièce pour percussions et orchestre. Une réponse comme un écho à la culture chinoise si attachée à la présence de l’eau. Tan Dan crée ses propres codes en réinventant les instruments. En 2015, il fait justement appel aux instruments traditionnels chinois pour créer des sons d’oiseaux. Des sons ensuite diffusés depuis des smartphones. Passacaglia: Secret of Wind and Birds pour orchestre et smartphones est une oeuvre qui bouscule les fondamentaux de la musique en questionnant les arts traditionnels avec un regard tourné vers l’avenir.

WATER CONCERTO PASSACAGLIA FOR WATER PERCUSSION AND ORCHESTRA, SECRET OF WIND AND BIRDS Musique contemporaine Oeuvre pour orchestre et smartphones 27min, 1998 2015

Par l’interrogation des codes traditionnels, l’observation de la société actuelle et l’utilisation de médias contemporains, des artistes chinois arrivent à proposer des créations riches et novatrices. Les oeuvres de ces six artistes sont véritablement à l’image de ce que l’on aimerait voir se développer plus en Chine, des propositions artistiques singulières.

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2) L’influence de la diffusion artistique sur le territoire

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A) Parcours artistique

Le village étudié est actuellement abandonné. Selon la définition française, un village ou agglomération rurale est un «groupe d’habitations assez important pour former une unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre.»43 L’enjeu est donc de faire revenir des habitants dans la zone.

Tout comme les centres d’artisanat du lotus, le projet de résidence d’artistes doit participer à cette quête.

Il s’agit pour les participants à la résidence de prendre part à une véritable expérience. Pour cela, tous logeront au sein même du village dans des maisons réhabilitées par l’instition et dévolues au projet. Une trentaine d’artistes sera hébergée en permanence dans le village. Tous deviendront des habitants à part entière le temps de leur résidence, soit trois mois, six mois ou un an.

Un enjeu majeur est de retrouver une économie vertueuse. La fréquentation du village par les promeneurs peut devenir un moteur du développement économique. Pour cela, nous avons fait le choix de créer une promenade supplémentaire, une boucle qui vient intégrer le village aux parcours déjà aménagés. Le parcours créé possède une double identité, née de ce projet autour de l’art contemporain, mais aussi de la volonté de Kevin et Loreline de travailler autour de l’artisanat. Le sud de la promenade sera ponctué de pavillons d’exposition, permettant aux artistes en résidence de présenter leur travail, ainsi qu’au public de découvrir le milieu de la création contemporaine. Les promenades du lac de l’Est sont un reflet de la société actuelle. Fréquentées par des publics très divers, elles pourront devenir le point de départ de certaines reflexions artistiques. Le parcours serpente également autour des lacs de récolte du lotus. Les promeneurs auront ainsi l’opportunité de découvrir les techniques de récoltes. Enfin, la mise en place de pavillons de retraites - des espaces minimum - disséminés dans l’ensemble de l’aire paysagère et sur le lac est envisagée, afin de proposer une véritable diversité d’espaces de travail aux artistes en résidence.

Alors que l’attractivité des activités culturelles en Chine est avérée, la création d’une promenade thématique singulière apparaît comme un moyen efficace pour attirer les visiteurs dans la zone. Ainsi, restaurants et hôtels sont aussi voués à se développer. On veillera à toujours préserver l’identité pittorresque si singulière de la zone. Par notre projet, nous souhaitons faire de ce village le théatre de transformations responsables. Redynamiser et valoriser une zone rurale en lui insufflant un souffle culturel.

Figure 41: Schéma de principe Document personnel

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Selon la definition du CNRTL [en ligne]

LOGEMENT DES ARTISTES

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LOGEMENT DES ARTISTES

PARCOURS PIÉTON AMÉNAGÉ LOGEMENT DES ARTISTES

LOGEMENT DES ARTISTES

CENTRE DE CRÉATION ARTISTIQUE

LOGEMENT DES ARTISTES

PAVILLON D’EXPOSITION

PAVILLON D’EXPOSITION

PAVILLON D’EXPOSITION

PAVILLON DE RETRAITE

PAVILLON DE RETRAITE

PAVILLON DE RETRAITE

Figure 42: Schéma d’organisation territoriale du projet Document personnel

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Figure 43: Plan Masse du village Document personnel

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Promenade aménagée existante Parcours art contemporain Parcours artisanat du lotus Centre de création artistique Projets artisanat du lotus

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B) Implantation du centre de création

Le centre de création viendra s’implanter au coeur du village.

La parcelle retenue est située à la confluence du village et du nouveau parcours aménagé. Elle s’offre alors autant aux habitants qu’aux visiteurs.

Cet endroit était auparavant occupé par des maisons individuelles. Celles-ci ont été détruites en décembre 2019.

25 Décembre 2006

16 Juillet 2009

07 Décembre 2019

Figure 44: Vues aériennes Source :Google Earth

D1

B A D2

Démolitions 100

Parcelle du centre de création artistique

0

Parcelles des projets d’artisanat du lotus

Figure 45: Plan masse

100 0

100 0

250

250

Document personnel

250

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Figure 46: Vue du drone D1

CrĂŠdit photo Victor Toulemonde, octobre 2019

Figure 47 Photo prise depuis le point de vue A (fig.45) Photographie personnelle, octobre 2019

Figure 48 Vue du drone D2

CrĂŠdit photo Victor Toulemonde, octobre 2019

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Figure 49 Photo prise depuis le point de vue A (fig.45) Photographie personnelle, octobre 2019

3) Pour une revitalisation responsable

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A) Echelle territoriale

Un certain nombre de critères écologiques sont retenus pour ce projet. Les mobilités douces sont encouragées au sein du village, de la même manière qu’elles le sont déjà dans l’aire paysagère du lac. Pour cela, des parkings mécaniques sont disposés à l’entrée du village, afin de parquer un maximum de voitures sur une surface réduite. Celà doit participer à désengorger la zone, auparavent très congestionnée.

De plus, un regard attentif est porté à la préservation de la flore. La promenade ajoutée viendra s’insérer dans le territoire en prenant soin de conserver tous les arbres en place.

Figure 50: Parcours thématique sur l’art contemporain

Document personnel

B) Intentions architecturales

Le profil marécageux du village invite à maximiser la porosité des sols. Guidé entre-autre par les stratégies du programme de ville-éponge, il a été décidé de développer le programme architectural selon un plan vertical. L’édifiction d’une petite tour aura pour vertu de venir créer un point de repère, un signal à l’échelle du village. Voulu ouvert sur le territoire, le bâtiment sera un véritable belvédère qui viendra révéler le panorama remarquable qui s’offre à lui. Le rez-de-chaussée sera aménagé en jardin arboré et offert au public, habitants et promeneurs. Le projet participe à créer une polarité au sein du village.

Figure 51 : Réduire l’emprise pour maximiser la porosité du sol.

Document personnel

Situé dans un lieu remarquable, l’enjeu principal est d’intégrer le bâtiment à son environnement et d’instaurer un véritable dialogue entre paysage et architecture.

SPÉCIFITÉS DU VILLAGE

SPÉCIFITÉS DU TERRITOIRE

Petite échelle du bâti Caractère Pittoresque

Paysage remarquable

Absence de polarité

Forte présence de l’eau

L’AIRE PAYSAGÈRE DU LAC DE L’EST

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L’eau, élément caractéristique du territoire, sera convoquée sous tous ses aspects.

L’EAU, IDENTITÉ DE L’ARCHIPEL 70

ÉCHELLE DU PAYSAGE

ÉCHELLE DE L’INTIME

L’architecture vient se reflèter dans le lac

L’eau comme matière à projet : Architectures sur l’eau

MIROIR D’EAU

PAVILLONS DE RETRAITE L’eau comme élément atmosphérique RÉCUPÉRATION DES EAUX DE PLUIES, et/ou BASSINS D’ORAGE

Enfin, on affirmera le dialogue entre l’architecture et le paysage par un travail autour des matériaux biosourcés en veillant à produire un bâtiment durable et respectueux de l’environnement. Le choix des matériaux - bois, bambou, chaume, terre crue - est encore questionné. On veillera a séléctionner des matériaux locaux.

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CONCLUSION Issu d’une réflexion sur les enjeux contemporains en Chine, ce projet répond à un double objectif : la mise en valeur d’un territoire remarquable oublié et le besoin d’encourager les productions artistiques contemporaines.

La singularité du village sera valorisée. Pour celà il acquerra une nouvelle identité et deviendra l’expression d’un mode de vie durable et responsable. La définition du projet architectural s’appuiera sur l’ambition exprimée de favoriser la relation des artistes au territoire. L’ouverture du bâtiment sur l’extérieur sera grandement travaillée.

A terme, il s’agit de proposer un territoire d’expériences. L’enjeu pour les artistes sera d’évoluer dans leur discipline, pour les habitants il s’agira d’adopter un mode de vie rural au sein d’une mégapole - Wuhan, tandis que les promeneurs apprécieront la découverte de l’art contemporain, un nouveau souffle culturel au sein du lac de l’Est

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BIBLIOGRAPHIE BALME Stéphanie, Les grands enjeux de la Chine contemporaine, 5p. [en ligne]

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BODOLEC Caroline, Être une grande nation culturelle, 2014,[en ligne] CHANG Simeng, SRAKAR Andrej, VECCO Marilena, La topographie changeante de l’art contemporain en Chine continentale dans Géographie et cultures, n°97, p.139 à 163, 2016, [en ligne] DUZAN Brigitte, Repères historiques. Années 1960-1970 : La Révolution culturelle, 2018, [en ligne] HE Qian, L’art contemporain chinois : le rôle des acteurs non institutionnels et non étatiques dans les relations culturelles de la Chine, 2014, [en ligne] LINCOT Emmanuel, La Chine, une nouvelle puissance culturelle ?, 2019, [en ligne] LINCOT Emmanuel, L’art contemporain chinois dans les années Deng Xiaoping, 2004, [en ligne] MEISSNER Werner, Réflexions sur la quête d’une identité culturelle et nationale en Chine du XIXe siècle à aujourd’hui, 2006, [en ligne] MERLIN Monica, interview de LU Xiao, le 12 Novembre 2013, [en ligne] MOREAU Michaël, À quoi sert la Villa Médicis ?, 2015, [en ligne] NAN Nan, La genèse de « Songzhuang » ethnographie de la formation d’un village d’artistes, 2012, [en ligne] PECQUEUR Antoine, La musique classique en Chine : un essor vertigineux, 2018, [en ligne] PU Xuanxuan, Programme culturel de la métropole de Wuhan, 5 pages, 2017, [en ligne] QINGSHENG Zhu, L’histoire de l’art en Chine, 2010, [en ligne] YANG Shu , Wuhan : Aux interfaces ville/eau, les formes urbaines en mutation, Thèse de doctorat dirigée par Pierre Clément, soutenue le 02 Février 2011, Université Paris-Est TRIBOT LASPIÈRE Victor, Pourquoi la musique classique explose-t-elle en Chine ?, 2019, [en ligne] Auteur inconnu, 2018 ISOCARP AWARD FOR EXCELLENCE , 29 pages, 2018, [en ligne]

CONTENU RADIOPHONIQUE Le défi culturel chinois, émission de radio animée par Caroline Broué, France culture, 28’’, 2012, [en ligne] La puissance chinoise : de l’imitation à l’innovation, émission de radio animée par Julie Gacon, France culture, 11 ‘‘, 2019, [en ligne] SITES INTERNET https://chinaresidencies.org http://www.designandarchitecture.net https://en.unesco.org/creative-cities/home FILMOGRAPHIE KLAYMAN Alison, Ai Weiwei: never sorry, 2011, 91min MACDONALD Kevin, Sky Ladder: The Art of Cai Guo-Qiang,2019, 76 min

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Au coeur de la mégapole chinoise de Wuhan se trouve le village de Yanzhongzui. Ce hameau atypique est situé sur un site remarquable; il forme une péninsule au sein du Lac de l’Est, entre montagnes et eau. Afin de redynamiser le territoire, ce projet de résidence d’artistes consiste en la création d’un centre dédié à la création contemporaine.

Au delà de l’enjeu local, il s’agit de favoriser l’éclosion d’une identité créative. Les artistes, le temps d’une résidence, apprécieront une forte connexion au monde contemporain grâce au réseau qui relie les promenades aménagées du Lac de l’Est, mais aussi les influences traditionelles portées par le site.

CHINE TERRITOIRE VILLAGE REVALORISATION ART CONTEMPORAIN PAYSAGE