D’un tableau un mouvement artistique
Muse other Macherin
Venice Fashion Week
Pedocin L’ultima spiaggia
Save the planet
Michelangelo Pistoletto
Pierre Auguste Renoir et l’Italie
Surrealisme au Mudec à Milan
Berthe Marie Pauline Morisot
Arte Povera and the Baroque
La robe de soie vieille de quatre siècles
Musée Bourdelle
Marc Camille Chaimowicz
Alain Nahum
L’oeil de la femme à barbe
L’enchantement n’est plus
L’eolienne verticale
MONEY à la Monnaie
Una scoperta accidentale
PALAZZI A VENEZIA
Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901
ISSN/Commission Paritaire : en cours
Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication
Vittorio E. Pisu
Projet Graphique
Emmerick Door
Maquette et Mise en Page
L’Expérience du Futur
Correspondance zoupix@gmail.com
palazziavenezia@gmail.com
https://www.facebook.com/
Palazzi-A-Venezia
https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia
Trentequatrième Année / numéros 04 / Avril 2023
Prix au numéro 5 euros
Abonnement annuel 50 euros
Abonnement de soutien 500 euros
Photo venicefashion week
Treizième édition de Circulation(s), festival de la jeune photographie européenne organisé par le Collectif
Fetart
au
CENTQUATRE-PARIS
du 25 mars au 21 mai 2023
Le festival Circulation(s) revient pour cette 13e édition avec une programmation qui révèle la vitalité, la créativité et la diversité de l’émergence photographique
Pendant 2 mois, le public pourra découvrir des expositions présentant le travail de 27 jeunes artistes venus des quatre coins de l’Europe avec une mise en lumière de la scène artistique bulgare
La singularité du festival est de réunir le grand public comme les professionnels autour d’une programmation multiforme, aventureuse et novatrice qui interroge les frontières entre photographie et art contemporain
Contact presse : Nathalie Dran nathalie.dran@wanadoo.fr
+ 33 (0)6 99 41 52 49
www.festival-circulations.com
Dossier de presse
https://drive.google.com/file/d/1ErYKTVy2mCy6dvG0xiT16AalhqqMMcLQ/view
Visuels
https://drive.google.com/drive/ folders/13hakgcTCJEurrap6h2AXRrJ7WyBQHuSS
es mois se succèdent et finalement le printemps arrive.
Malheureusement les allergies sont de retour et toute la rédaction en a été affecté d’ou le retard à la parution, juste avant Pâques.
Se moment devrait être celui d’une résurrection dans tous les sens du mot.
C’est vraiment ce que j’espère pour nous tous qui continuons d’être accablé par une pandémie qui n’en finis pas de finir, une guerre qui devais durer une semaine et qui pareillement a déjà dépassé sa première nnée et l’on présume qu’elle se protrarra jusqu’en 2024.
Entre temps les catastrophes naturelles de plus en plus meurtrières, vu que nous faisons la sourde oreille et ne voulons pas changer non modes de vie, particulièrement destructeurs pour notre habitat, continuent de plus belle..
Depuis maintenant plus de cinquante ans nous sommes au courant des effets de notre civilisation (sic) use et jette et malgré l’accumulation systématiques de déchets en tout genre nous continuons imperturbables guidé généralement par un égoïsme de plus en plus diffus au niveau individuels où nous pensons pour la plupart être seules eu monde.
Ce qui n’est évidemment pas le cas.
Parfois on se sent fatigués de non seulement répéter inlassablement le même avertissement mais aussi d’essayer d’avoir un comportement plus responsable vise à vis de notre environnement immédiat, en modifiant notre mode de vie et le rendant non seulement moins énergivore mais surtout plus économe, puisque nous avons encore le souvenir d’une époque pas si lointaine où le gaspillage non seulement d’objets mais aussi de nourriture n’était pas la norme.
Pendant ce temps nos gouvernants (sic) essayent de nous distraire des vrais problèmes avec des questions d’ordre philosophique sur les gestations pour autrui et autre balivernes sur la fin de vie, quand ce n’est pas sur les retraites et le moment d’en profiter qui s’éloigne de plus en plus, qu’on nous invite à disserter.
Vous me direz à quoi sert l’Art dans tout ça et pourquoi nous nous intéressons plus qu’à autres problématiques humaines ? Nous sommes convaincu que l’Art, sa pratique et sa fréquentation devrait être obligatoire, tandis que se fut la première chose interdite lors du lockdown généré par la pandémie si connue. A croire que cela pourrait nous ouvrir les yeux sur la direction que le monde occidental est en train de prendre sans qu’il y est aucune possibilité d’arrêt dans cette course folle orchestré uniquement par la finance et un désir d’accumulation de richesses toute aussi factices qu’inexistantes pour la plus part lorsque l’on sait que le montant total des avoir dans le bourses mondiale dépasse de cinq fois la richesse réelles exprimée en monnaye. Jusqu’au prix faramineux de certaines ouvres plastiques, souvent ignorées du vivant de l’artiste, alors que nous avons aujourd’hui la possibilité et la chance de côtoyer des centaines d’artistes vivant et tout aussi remarquables et dont nous devrions profiter de leur philosophie plus que de son expression. Vittorio E.Pisu
PALAZZI 2 VENEZIA
SARDONIA Foto priscaatzeni Projet Graphique Maquette et Mise en page L’Expérience Futur Via XXIV Maggio Cagliari Villanova +39 350 044 2249 +39 349 199 7947 sardonianoprofit@gmail.com salvatore@salvatoreatzeni.it vimeo.com/groups/sardonia http://www.salvatoreatzeni.it Maestro
CHIOSTRO DI SAN DOMENICO Prestazione musicale quotidiana di Salvatore Atzeni dal 1mo 10 aprile dalle 17 alle 20 Mostra di Arte Sacra Gesù la Madonna ed i Santi Martiri dal 1mo al 10 aprile 2023
Salvatore Atzeni
’œuvre de Claude Monet “Impression, soleil levant”, réalisée en 1872, est considérée comme l’œuvre fondatrice de l’impressionnisme.
Dans cet article, un regard approfondi sur ce tableau fondamental de l’histoire de l’art .Il arrive qu’un tableau soit l’étincelle qui déclenche un véritable mouvement artistique, l’un des plus appréciés du grand public aujourd’hui : c’est le cas d’Impression, soleil levant, une œuvre réalisée par le célèbre Claude Monet (Paris, 1840 - Giverny, 1926) en 1872.
Le tableau est en effet considéré comme l’initiateur de l’impressionnisme, le courant artistique qui a révolutionné la manière de peindre à partir de la seconde moitié du XIXe siècle en France.
Jusqu’alors, la peinture liée à la tradition et acceptée par le goût commun était académique, basée sur le respect scrupuleux des règles, qui ne pouvait exister que par le dessin, et qui se pratiquait exclusivement au sein des ateliers ; les artistes dits impressionnistes, eux, aimaient peindre en plein air, c’est-à-dire en plein air, en observant un lever, un coucher de soleil, le soleil se reflétant dans l’eau, une prairie verdoyante devenant un lieu de loisir et de distraction.
Leurs palettes sur lesquelles ils mélangent les couleurs sont elles-mêmes des œuvres d’art : les jaunes, les bleus, les rouges, les verts et les oranges créés directement sur la toile, souvent posée sur un chevalet au milieu des herbes ou devant des falaises abruptes, jeux
D’UN TABLEAU UN MOUVEMENT ARTISTIQUE
de lumière et de tons, dégradés infinis, impriment l’instant fugace que la nature leur a donné.
Un moment représenté à travers leurs yeux, car ce qui est resté imprimé sur la toile, c’est l’impression, la sensation que les artistes ont eue et ressentie en admirant ces splendides panoramas dans lesquels ils étaient immergés en peignant. La fugacité de l’instant est clairement visible dans les petits coups de pinceau rapides donnés avec une couleur très dense, souvent déposée sur le pinceau à partir du tube lui-même.
Une façon de faire impensable pour les artistes qui les ont précédés, car les peintres ont pris le dessin comme principe de base de leur travail.
La manière innovante et révolutionnaire de peindre était typique de Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir (Limoges, 1841 - Cagnes-sur-Mer, 1919), Paul Cézanne (Aix-en-Provence, 1839 - 1906), Edgar Degas (Paris, 1834 - 1917), Félix Bracquemond (Paris, 1833 - Sèvres, 1914), Armand Guillaumin (Paris, 1841 - Orly, 1927), Eugène Boudin (Honfleur, 1824 - Deauville, 1898), Camille Pissarro (Charlotte Amalie, 1830 - Paris, 1903), Alfred Sisley (Paris, 1839 - Moretsur-Loing, 1899), Berthe Morisot (Bourges, 1841 - Paris, 1895), un groupe d’artistes alors débutants,(suit page 4)
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Photo designfanpage.it
PALAZZI
(suit de la page 3) participent en 1874 à une exposition de peinture dans un ancien atelier parisien du boulevard des Capucines mis à disposition par le photographe Nadar (Paris, 18201910), qui ouvre ses portes le 15 avril de la même année.
Cent soixante-trois œuvres sont exposées, peintures, dessins, pastels et aquarelles, réalisées par la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs, graveurs, c’est-à-dire cette société anonyme fondée l’année précédant l’exposition inédite des artistes précités.
Édouard Manet (Paris, 1832 - 1883) suit également cette “étrange” manière de peindre, mais n’expose pas à l’exposition de 1874, car il est convaincu que le renouveau de l’art doit se faire dans le cadre des institutions officielles.
En revanche, Jean-Frédéric Bazille (Montpellier, 1841 - Beaune-la-Rolande, 1870) avait lui-même proposé une exposition indépendante, mais il mourut quatre ans avant l’exposition de Nadar. Le public et la critique n’ont pas accueilli favorablement l’exposition de la Société anonyme, mais l’ont plutôt décriée.
C’est Louis Leroy qui, se référant au tableau de Monet Impression, soleil levant, écrivit un article dans la revue “Le Charivari” quelques jours après la fameuse exposi-
tion : Leroy l’avait visitée en compagnie du peintre paysagiste Joseph Vincent.
Dans l’article, on peut lire le dialogue entre les deux : “Ah, la voilà ! Que représente cette toile ? Regardez le catalogue”. “Impression, soleil levant”.
“Impression, j’en étais sûr, il doit y avoir de l’impression là-dedans.
Et quelle liberté, quelle facilité d’exécution!
Le papier peint dans son état embryonnaire est encore plus poli que cette peinture.” “Mais qu’auraient dit Bidault, Boisselier, Bertin devant cette toile importante ?”
“Ne me parlez pas de ces mauvais peintres !”. L’article témoigne de la critique totale et de l’infériorité de Leroy à l’égard du groupe d’artistes émergents, mais il s’est avéré célèbre parce que c’est cet article qui a inventé le terme “impressionnistes”.
Une définition satirique, impliquant un sens négatif, est devenue une désignation à succès dans les siècles suivants, attirant des milliers de visiteurs. Les artistes en question ont cependant refusé d’être classés sous le terme d’impressionnistes, trop réducteur et moqueur à leurs yeux, car cette appellation désignait le caractère inachevé, non détaillé, évanescent et instinctif de leurs œuvres.
Au contraire, leur intention était de communiquer plus que l’impression de quelque chose et Monet lui-même a déclaré que le terme “Impression” utilisé dans le titre de son tableau était dicté uniquement par la créativité du moment et ne signifiait en aucun cas une allusion à l’idéal de la nouvelle peinture.
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Photo prtraitmilano
Au fil des années, cependant, ils succombent au nom qui leur est donné en raison de leur succès progressif: en 1877, Renoir convainc le critique d’art Georges Rivière de publier un hebdomadaire intitulé “L’Impressionniste” et la troisième exposition du groupe a lieu à la même époque.
Dans Impression, soleil levant, tableau aujourd’hui conservé au musée Marmottan à Paris, Monet a représenté le port du Havre à un moment précis de la journée : le lever du soleil.
Et on le comprend bien avec la boule ardente du soleil qui éclaire de sa lumière orangée les tons dégradés de bleu qui composent l’ensemble du tableau. Les reflets orangés du soleil levant semblent flotter sur l’eau et contrastent avec les tons froids bleu-gris de la mer.
Ces derniers sont réalisés avec des coups de pinceau courts et rapides pour représenter le mouvement ondulatoire de l’eau, qui transmet un sentiment de paix et de tranquillité à l’observateur, tandis que les subtils coups d’orange capturent de manière extraordinaire la lumière qui change rapidement.
Même le ciel est coloré en orange par des coups de pinceau plus larges et moins denses qui créent une teinte plus vive que la grisaille du ciel : cette transition rapide entre la nuit et le jour est représentée, dans laquelle le soleil est le protagoniste quotidien. À l’arrière-plan, dans la brume matinale, on aperçoit le contour du port avec ses cheminées et ses grues, qui se reflètent dans l’eau de la mer ; au premier plan, au centre du tableau, se trouve une barque de pêcheur,
d’un bleu plus foncé, suivie de deux autres petites embarcations plus proches du port.
L’éloignement progressif de ces derniers est rendu picturalement par des taches de couleur plus nuancées que la précédente, mais tendant toujours vers le bleu.
En bas à gauche se trouvent la signature de l’artiste et la date de composition. Ce qui est ainsi mis en valeur dans l’œuvre, c’est le moment précis du changement de lumière, l’intention de figer le temps à ce moment précis de la journée afin de faire connaître, au spectateur du tableau, la sensation ou l’impression que l’artiste lui-même a ressentie ou entendue en admirant ce paysage évocateur.
Ce moment précis a fait l’objet d’une étude par un professeur d’astrophysique de l’Université d’État du Texas, Donald Olson, pionnier de l’astronomie judiciaire : selon ses recherches minutieuses, le tableau de Monet en question a été peint le 13 novembre 1872 à 7h35 du matin.
La date et l’heure précises de la création ont été découvertes grâce à l’analyse géographique du port du Havre, aux calculs astronomiques du lever du soleil, au niveau des marées et aux observations météorologiques de la mer et du ciel.
En outre, l’équipe du professeur texan a rassemblé toute (sui page 6)
PALAZZI 5 VENEZIA
(suit de la page 5) la documentation disponible sur l’artiste et s’est rendue sur les lieux représentés dans le tableau pour mieux déterminer la date possible de création. Olson a même identifié l’endroit où se trouvait Monet au moment de la création du tableau : une chambre au troisième étage de l’hôtel d’Amirauté au Havre, d’où le célèbre peintre a dépeint la scène qui s’est déroulée sous ses yeux. Monet était très attaché à la ville normande et la connaissait très bien pour y avoir passé son enfance et son adolescence.
Le professeur a immédiatement exclu que l’œuvre représente un coucher de soleil, car le soleil était à l’est, et a réduit les dates, car le soleil ne se lève dans cette position exacte que quelques fois par an.
Les chercheurs de son équipe ont donc utilisé des livres spéciaux qui précisent l’heure du lever du soleil et les marées, et les ont combinés avec des algorithmes informatiques pour parvenir à la sensationnelle découverte. Monet, au cours de son activité artistique, a accordé une importance considérable à l’étude de la lumière, allant jusqu’à peindre plusieurs fois le même sujet dans des conditions de lumière différentes : un exemple en est la série des Cathédrales de Rouen, composée d’une trentaine de toiles réalisées entre 1892 et
1894 dont le sujet est la façade de la cathédrale de Rouen à différents moments de la journée et dans des conditions climatiques variées.
Le résultat est une représentation en différentes nuances de couleurs, toutes plus saisissantes les unes que les autres.
“Tout change, même les pierres”, disait le peintre en 1893 au milieu de la création de la série ; ce qu’il recherchait, c’était l’instant, l’influence du climat sur les choses et la lumière qui les caractérise. Il s’est particulièrement intéressé à l’étude des reflets de la lumière sur l’eau, comme dans le cas d’Impression, soleil levant.
Une autre œuvre significative de ce point de vue est Falaise à Étretat au coucher du soleil de 1883, également étudiée par Donald Olson, qui a fixé sa date d’achèvement au 5 février.
La falaise de la côte normande est ici représentée dans une lumière particulière : celle du coucher de soleil, donnée par le soleil orange vif qui disparaît presque à l’horizon.
La mer et le ciel ont pris une coloration bigarrée où le bleu, le vert, le jaune dans des tons plus ou moins foncés et des traînées orangées disséminées çà et là rappellent la chaude lumière du soleil couchant. Bien que le moment représenté soit presque terminé, cela est perceptible dans la position déclinante du soleil et dans les tons de la peinture.
La lumière devient progressivement plus terne ; bientôt le soir tombera.
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Photo wikipedia.org
L’impression de la falaise est, aux yeux du spectateur, presque secondaire par rapport à la capacité de l’artiste à avoir imprimé sur la toile le mélange et l’harmonie des couleurs que la nature nous montre à ce moment précis.
Avant Impression, soleil levant, Monet avait déjà réalisé un tableau dans lequel l’étude des reflets sur l’eau est significative : dans les cas mentionnés jusqu’à présent, il avait représenté le changement rapide de la lumière à des moments particuliers de la journée, à l’aube et au crépuscule.
Dans La Grenouillère, œuvre de 1869, c’est la nature qui crée des reflets sur l’eau.
L’établissement de bains en bord de Seine, non loin de Paris, fréquenté par les Parisiens généralement le dimanche après-midi, est représenté dans le style caractéristique de Monet : des touches courtes, non étalées ni diluées, mais riches en couleurs, une absence de dessin due à la volonté de ne pas donner de formes et de contours définis, la présence d’une nappe d’eau sur laquelle on joue avec la lumière et la couleur.
Dans l’eau se reflètent les feuillages des arbres dont la fraîcheur est appréciée par le petit groupe de personnes sur la petite île au centre du tableau : des femmes et des hommes encore vêtus profitent de l’ombre des plantes qui les entourent, bien que seules quelques branches soient clairement aperçues, encadrant presque l’œuvre.
On perçoit cependant la présence d’un “toit” d’arbres
au-dessus de l’îlot, l’eau ayant pris une coloration avec des traînées de vert : le bleu de l’eau et les différents dégradés de vert se mêlent et harmonisent les tonalités générales du tableau.
De plus, la lumière du soleil filtre à travers le feuillage des arbres, créant une luminosité particulière.
Les personnes qui se tiennent sur l’îlot, relié au rivage par de petites jetées, sont des baigneurs, debout ou assis, qui se détendent à l’ombre des plantes, et certains d’entre eux observent le petit groupe qui a déjà plongé dans l’eau.
Au premier plan, amarrées à la rive, plusieurs petites embarcations, tandis qu’à droite, une péniche flottante avec des personnes regardant le plan d’eau ; à l’arrière-plan, sur l’autre rive, une longue et haute rangée d’arbres éclairés par le soleil.
Un moment simple et quotidien capturé sur la toile par l’habileté picturale de Monet.
Ce ne sont là que quelques-uns des tableaux dans lesquels la caractéristique dominante du célèbre artiste est le reflet du soleil et de la nature dans l’eau : mer, rivière ou étang.
Impression, soleil levant est cependant une œuvre fondamentale pour toute l’activité artistique de Monet, car c’est ici que l’on peut dire que l’impressionnisme(suit p 8)
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(suit de la page 7) est né : même si, comme nous l’avons vu, le style de l’artiste était déjà clair dans les œuvres antérieures, c’est ici que Monet affirme toute sa grandeur en créant une composition basée sur le rendu extraordinaire de la couleur et de la lumière et surtout sur son changement en un instant rapide.
Il est vrai qu’à l’époque la critique brutale et publique de Louis Leroy était très lourde, mais il est vrai aussi que c’est grâce à elle qu’est né l’un des mouvements artistiques les plus fascinants, les plus évocateurs et les plus aimés du grand public.
Ilaria Baratta
Journaliste, je suis cofondatrice de Finestre sull’Arte avec Federico Giannini.
Je suis née à Carrara en 1987 et j’ai obtenu mon diplôme à Pise.
Je suis responsable de la rédaction de Finestre sull’Arte.
https://www.finestresullarte.info/opere-e-artisti/claude-monet-impression-soleil-levant?
Photo wikipedia.org
MUSE ODER MACHERIN
ans l’histoire de l’art, les femmes ont souvent été les protagonistes : non seulement en tant que muse inspiratrice et sujet d’œuvres, mais aussi en tant qu’artistes elles-mêmes.
L’exposition Muse ou professeur ?
Les femmes dans le monde de l’art italien, 1400-1800 au Kupferstichkabinett, le musée des estampes et des dessins de Berlin, retrace la vie et l’importance artistique d’un certain nombre de femmes qui, par leur talent, ont profondément marqué l’histoire de la création en Italie : d’Artemisia Gentileschi à Rosalba Carriera, de Diana Scultori à Isabella d’Este.
Avec environ quatre-vingt-dix œuvres, l’exposition met en lumière non seulement le travail des femmes artistes italiennes qui, entre la Renaissance et l’époque baroque, ont créé des œuvres incroyables, mais révèle également des détails importants sur leur vie, en particulier leurs difficultés à s’imposer en tant qu’artistes dans un monde qui ne laissait de place qu’aux hommes.
Sous la direction de Dagmar Korbacher, directrice du Kupferstichkabinett, l’exposition présente des dessins et des estampes datant du 15e au 19e siècle, provenant de la collection du Musée des estampes de Berlin et de prêts d’autres lieux.
C’est aussi grâce à la collaboration avec l’Achtet AlisMB, le conseil consultatif pour les jeunes des musées d’État de Berlin, qui donne le point de vue de la jeune génération sur un sujet plus que jamais d’actualité.
L’exposition de Berlin est une histoire en images d’où émergent les histoires de nombreuses femmes qui ont
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joué un rôle clé dans l’histoire de l’art italien et ont contribué à en écrire les chapitres.
Outre les artistes, il convient de mentionner les épouses qui ont soutenu le travail pictural de leurs maris en posant pour eux comme modèles, les mécènes qui ont promu les artistes de l’époque et enfin les collectionneurs qui ont pu faire passer ces chefs-d’œuvre à la postérité. Les quelque quatre-vingt-dix œuvres exposées au Kupferstichkabinett de Berlin décrivent la vie et l’activité de femmes artistes qui, entre le XVe et le XIXe siècle, ont bouleversé l’histoire de l’art par leurs idées et leur talent.
L’objectif de l’exposition n’est pas seulement de présenter les œuvres de ces femmes artistes, mais aussi de raconter leur vie, ce que signifiait être une femme à l’époque et l’influence du genre sur leur travail.
La visite de l’exposition permet également de découvrir la relation entre la figure de la femme et le monde de l’art en Italie entre 1400 et 1800, ainsi que les stratégies mises en œuvre par les femmes artistes pour s’affirmer dans un monde purement masculin. Les œuvres de femmes telles que Rosalba Carriera, Artemisia Gentileschi, Elisabetta Sirani, Diana Scultori, Isabella d’Este et Cristina de Suède, aujourd’hui en partie oubliées, sont redécouvertes grâce à cette exposition.
En outre, en admirant les œuvres de ces artistes, il est possible d’avoir un aperçu des questions qui touchent encore les femmes aujourd’hui, telles que la discrimination fondée sur le sexe dans le domaine de l’emploi et de l’enseignement. https://arte.sky.it/news/mostra-berlino-artiste-italia https://berlinomagazine.com/2023-rinascimento-italiano-al-femminile/
u 25 novembre 2022 au 07 mai 2023, la Neue Nationalgalerie présentera les œuvres de l’artiste italienne Monica Bonvicini dans le cadre d’une exposition personnelle. Monica Bonvicini, artiste italienne qui vit et travaille à Berlin depuis 2017, sera la protagoniste de la prochaine exposition temporaire de la Neue Nationalgalerie qui lui sera entièrement consacrée.
Monica Bonvicini est née en Italie et a étudié les beaux-arts à Berlin et au California Institute of the Arts de Los Angeles. Elle vit actuellement à Berlin et travaille comme artiste et professeur associé à l’Universität der Künste. Le style de l’artiste se concentre sur l’interaction entre l’espace public et l’espace privé, où l’esthétique architecturale joue un rôle important dans ses œuvres en interagissant avec des thèmes tels que le genre et le féminisme.
Ces relations sont clairement visibles dans ses œuvres souvent provocantes, accompagnées d’une esthétique minimaliste et commerciale. Les thèmes récurrents de son langage artistique interrogent la signification de l’art et de la création artistique, l’ambiguïté du langage et les limites et avantages associés à l’idéal de liberté en remettant en question les conventions sociales et patriarcales. L’art épineux et contre-culturel de Monica Bonvicini a fait connaître l’artiste, qui collabore avec diverses galeries dans le monde entier et a reçu plusieurs prix tels que le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1999.
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a Semaine de la mode de Venise célèbre son dixième anniversaire et l’édition du 30 mars au 2 avril 2023 a ètè dédiée à la recherche, à l’artisanat et à la durabilité en tant que valeurs pour l’avenir.
L’édition printemps 2023 de la Venice Fashion Week a été annoncée et s’est déroulée à Venise du 30 mars au 2 avril. Cette édition consacrée à la recherche a consisté en des rencontres entre la mode, l’artisanat et le design, ainsi qu’en deux conférences importantes qui approfondiront le débat sur la mode durable.
La semaine de la mode de Venise a débuté le jeudi 30 mars à 18 heures avec la présentation de la collaboration entre la marque de mode Liviana Conti et l’excellence durable du verre de Murano, Seguso Vetri d’Arte. Le 31 mars à 10 heures, les acteurs de l’industrie touristique se sont réunis avec Venezia Turismo Sostenibile pour planifier ensemble la transition de Venise vers une destination durable et faire du tourisme une ressource pour le bienêtre et la vie à Venise. Le 31 mars, à partir de 16 heures, les splendides espaces du Palazzo Sagredo ont accueillit Ornamenti Atelier, un événement qui associe la mode, la couture, l’art et la performance. Ce fut également l’occa-
VENISE FASHION WEEK 2023
sion pour Seguso Vetri d’Arte et Venezia da Vivere de remettre le Blue Artisan Award, récompensant l’excellence artisanale durable de la couturière vénitienne Giuliana Longo, au cours d’une conversation avec Alessandra de Nitto de la Fondation Cologni. Le 1er avril fut consacré à la Journée de la mode durable, une conférence avec des journalistes, des activistes, des entreprises et des créateurs sur la valeur du travail dans la mode, entre changement social, écoblanchiment et consommation consciente. Ce soir-là, la semaine de la mode de Venise célèbre son 10e anniversaire à l’Oriental Bar de l’hôtel Metropole, entre mode et cocktails. Le 2 avril, la Venice Fashion Week proposerent un après-midi dans le jardin du NH Collection Grand Hotel Palazzo dei Dogi, avec des présentations de mode, des ateliers, des interviews de créateurs et d’artisans, et la découverte du jardin botanique de l’hôtel. Antonia Sautter Atelier est l’événement qui a clôturé l’édition printanière de la semaine de la mode de Venise, transformant les espaces de l’hôtel en un point de rencontre entre le savoir-faire ancestral et les jeunes énergies qui se projettent dans l’avenir. Une journée numérique sur les médias sociaux pour découvrir le haut artisanat avec la Venice Fashion Week. Un dialogue entre le haut artisanat, la durabilité, et les jeunes designers lors d’un voyage à la découverte des lieux de savoir-faire de Venise et de ses îles : La Semaine de la mode de Venise encourage la diffusion de la culture des ateliers artisanaux qui transfor-
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Photo martaformentello
PALAZZI
ment la tradition en la tissant avec la contemporanéité. Connexions entre la mode, l’artisanat et le design à 18 heures.
℅ Liviana Conti, Campo San Zulian, San Marco
La marque Liviana Conti accueille un set-up créé et conçu en collaboration avec Seguso Vetri d’Arte.
Vendredi 31 mars 2023
Venezia Turismo Sostenibile à 10 heures
℅ La Casa di The Human Safety Net, Procuratie Vecchie, Piazza San Marco 128, avec le parrainage de l’Università Ca’ Foscari Venezia table ronde : les acteurs du tourisme de Venise se réunissent pour partager les bonnes pratiques et les pistes innovantes pour faire du tourisme une ressource pour le bien-être et la vie de la ville.
Atelier Ornamenti de 17h à 20h
℅ Palazzo Sagredo, Campo Santa Sofia 4198/99
Les artisans de la mode présentent des collections durables et partagent leur maîtrise et leur expérience de vie et de travail : Ca’ Beltà des créatrices de mode féminine Lydia et Olena, l’upcycling de Demis Marin pour Ramosalso, les bijoux contemporains en verre de Murano de Simona Iacovazzi pour PerlamadreDesign et les vêtements masculins sur mesure du maître Franco Puppato.
(Tavolo delle Storie) La table des histoires à 18h30 révèle les processus créatifs, les techniques raffinées, les matériaux, la durabilité et la poésie du travail de sept femmes artisanes : Stefania Giannici de Paperoowl, Nadia Syrkova de Syrk Design, Valeria
Boncompagni, Shanti Ganesha de Meracu, Marisa Convento, Laboratorio Donà de Patrizia Donà et le recyclage de Sabrina Pigozzo de Magoga Team Venezia.
L’Artisan Bleu à 19h
℅ Palazzo Sagredo, Campo Santa Sofia 4198/99
En collaboration avec Seguso Vetri d’Arte et Venezia da Vivere, la Venice Fashion Week célèbre la créatrice de mode vénitienne Giuliana Longo avec le prix The Blue Artisan.
Samedi 1er avril 2023 Journée de la mode durable à 10 heures en direct sur les médias sociaux.
℅ Palazzo Ca’ Da Mosto, The Venice Venice Hotel, Cannaregio 5631
Les vraies couleurs de la mode à 16 heures
℅ Palazzo Sagredo, Campo Santa Sofia 4198/99
Une journée avec les plus grands experts italiens en matière de durabilité, d’environnement et de travail éthique tels que Marina Spadafora - Fashion Revolution, Sara Sozzani Maino - Directrice créative de la Fondazione Sozzani, Giovanni Bonotto - Industriel, Directeur créatif de Bonotto, et fondateur de “Fabbrica Lenta”, Francesca
Santoro - Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, Rodolfo Bevilacqua du précieux tissage
Tessitura Luigi Bevilacqua, Matteo Ward - activiste et expert en durabilité de la mode, Stefano Micelli -(suit page 12)
PALAZZI 11 VENEZIA
(suit de la page 11) professeur, économiste et expert en artisanat et innovation, et Arianna Safayi- jeune styliste italo-persane, ont partagé avec les étudiants, les universitaires, les créateurs et les entrepreneurs de la mode la campagne “Good Clothes Fair Pay” de Fashion Revolution. La conférence de presse fut également l’occasion de lancer l’initiative “A Dress for Venice”, discutée par Lorenzo Cinotti, président de Venice da Vivere, Ettore Pellegrini, directeur du marketing et des ventes d’Asahi Kasei Fibers
Italia, et Luca Olivini, directeur des matériaux de C.L.A.S.S. Eco Hub.
10 ans de Venice Fashion Week de 18h à 22h
℅ Oriental Bar de l’hôtel Metropole, Riva degli Schiavoni, San Marco 4149
La Semaine de la mode de Venise célèbre dix ans de mode et de cocktails avec la jeune créatrice de mode Marina Amicucci et sa marque de tailleur Myss Duval, aux côtés de l’art de la mixologie de Lino Marchese avec les distilleries Altamura. Dimanche 2 avril 2023
Le Jardin Bleu à 15h
℅ Palazzo Rizzo Patarol, siège du NH Collection Grand Hotel
Palazzo dei Dogi, Fondamenta Madona de l’Orto, Cannaregio 3500. Découvrez le palais et le jardin botanique avec l’architecte et historien Raffaele Dessì.
Nous passerons un après-midi avec BVL Venezia de Giulia Bevilacqua et Gaiofatto de Michela Gaiofatto. Ces marques de mode proposeront des activités d’upcycling, d’impression de tissus et de couture et partageront leurs connaissances artisanales avec la communauté des créatifs vénitiens, appelés à créer des scénarios pour imaginer l’avenir. Atelier de recyclage avec les marques : Ramosalso de Demis Marin, Alessandra Micolucci, Made with Patience de Daniela Lombardo et Maranteghe. Un thé avec The Travel News et The Italy Insider et les marques de la Venice Fashion Week.
Atelier Antonia Sautter à 18 heures
Les robes haute couture d’Antonia Sautter deviennent des animaux marins et des habitants des océans : l’artiste et designer vénitienne Antonia Sautter présente ses créations de mode réalisées avec des tissus en fibre naturelle, teints avec des pigments végétaux ou minéraux et imprimés à la main. Semaine de la mode de Venise, édition de recherche 2023 La Venice Fashion Week fait partie de Le Città in Festa de la municipalité de Venise.
Il s’agit d’un projet de Venezia da Vivere sous le patronage de la municipalité de Venise, de la Fondazione Cologni dei Mestieri d’Arte, du Tavolo Veneto della Moda (Confindustria, CNA ; Confartigianato, Confesercenti, Confcommercio). La conférence sur Venezia Turismo Sostenibile est placée sous le patronage de l’Univestita Ca’ Foscari Venezia.
https://www.venicefashionweek.com/dieci-anni-venice-fashion-week-2023/
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Photo thetimes
edocìn est une plage communale près de Trieste, un lieu suspendu dans le temps où les hommes et les femmes sont encore divisés.
Avec L’ultima spiaggia, Thanos Anastopoulos et Davive del Degan ont documenté la vie de cette bande de galets en bord de mer pendant une année entière, créant une fresque de la communauté qui anime un espace aussi singulier dans un pays frontalier. Les deux cinéastes ont observé les comportements humains comme des entomologistes et, finalement, les gens ont à peine remarqué leur présence.
Les jours de chaud soleil nordique, les personnes âgées se retrouvent pour nourrir les chats, bavarder, prendre le soleil, simplement pour passer le temps. Un temps rempli de pensées, parfois sombres, parfois gaies, de chansons oubliées ou du dernier tube américain.
En mangeant un sandwich apporté de la maison et en buvant un verre de vin, le chat remue la queue, on parle de la vie et de la mort, de ceux qui sont partis et qui ne reviendront jamais.
Et lorsqu’on essaie de se définir et de chercher son identité, il devient évident que l’écran est un miroir et qu’il décrit celui qui le regarde, ses peurs, ses joies et ses frustrations, ses désirs, ses espoirs et ses idéaux. Chez la vieille dame maquillée, que Pirandello aurait décrite dans son essai sur l’humour, il y a une force et un amour de la vie qui dépassent le tourment de la finitude humaine.
PEDOCIN L’ULTIMA SPIAGGIA
Dans son tremblement, dansant dans la chaude lueur du crépuscule, toute la poésie douloureuse de l’existence.
On ne sait pas si le résultat a été volontaire, mais il est certain que l’accueil réservé à ce film à Cannes est très mérité, limité à des séances spéciales peut-être parce que c’est un film si peu conventionnel qu’il n’entre dans aucune classification de genre.
Les réalisateurs se sont entretenus avec nous dans le salon du pavillon italien pour nous parler de l’idée à l’origine du documentaire.
Federica Polidoro
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais l’observation des autres a toujours stimulé mon intérêt.
Dans le train, par exemple, ou peut-être sur la plage, en somnolant sous le parasol et en captant entre-temps des fragments du discours et de la vie de ceux qui nous entourent.
Dit comme ça, c’est très prosaïque, mais si l’on rebaptise cette attitude observation anthropologique, ou human-watching, et si l’on évoque aussi le “cinéma du réel” si à la mode aujourd’hui, on comprend pourquoi un film comme The Last Beach a même pu être présenté au Festival de Cannes.
Car le film réalisé par Thanos Anastopoulos et (suit page 14)
PALAZZI 13 VENEZIA
(suit de la page 13) Davide Del Degan n’est rien d’autre que la continuation par d’autres moyens (ceux du cinéma) de cette curiosité sournoise évoquée plus haut, dans un contexte vraiment digne d’intérêt. La plage du titre, en effet, est ce que tout le monde à Trieste connaît sous le nom de “Pedocin”, un établissement municipal situé juste derrière le port touristique qui a la particularité d’être le dernier en Europe (et peut-être au monde) à être encore divisé (et par un mur) entre une zone réservée aux hommes et une zone réservée aux femmes. Compte tenu de sa centralité dans le tissu urbain et du prix d’entrée très bas, le Pedocin est fréquenté par de nombreux retraités, mais aussi par des mères avec leurs enfants, des employés de bureau en pause déjeuner ou sortant du travail, des adolescents qui s’ennuient, et toute une humanité que les cinéastes racontent avec un regard horizontal et objectif, en prenant le temps de se familiariser avec les habitués et leurs dynamiques relationnelles.
Peut-être même trop de temps, puisque The Last Resort s’offre le luxe (décidément excessif) de durer deux heures et quart, et que cette douce insistance, cette réticence des cinéastes à tirer le rideau sur la comédie humaine qu’ils veulent raconter, finit par
pénaliser l’attention et l’implication du spectateur. Malgré cela, la matière narrative du film, les visages des habitués du Pédocin, leurs histoires, leurs petites et grandes querelles, sont suffisamment forts pour maintenir à flot un film qui, pour être optimal, aurait dû durer une demi-heure de moins.
Ce qui est raconté et mis en scène dans Le Dernier Recours, c’est l’humanité bannie par les médias, celle qui ne sait pas ce qu’est le glamour d’une part et n’affiche pas le désespoir d’autre part, inutile aux journaux et aux télévisions qui ne savent qu’alterner entre trumpistes et licenciés, et que même le cinéma ne traite pas si fréquemment.
Les personnages du film sont ceux que l’on suivrait avec un intérêt sincère et jamais morbide dans le train, dans la file d’attente de la poste, à l’arrêt de bus, et qui portent avec eux une part importante du monde. Moins convaincants sont les cadres historiques tentés parfois par les cinéastes, les références à la question de Trieste, à l’exode d’Istrie, aux années de guerre et à celles qui ont suivi, parce qu’ils ne sont pas homogènes avec le reste, même s’ils font partie intégrante de l’histoire, du caractère et de la mémoire de Trieste et de ses habitants, qui sont l’un des thèmes du film. Mais au centre de tout cela, il y a la plage, la mer. Elle reste une tranche de la ville et de l’humanité qui semble suspendue dans le temps et en même temps intégrée à lui, tandis que l’été coule, passe et se prépare à revenir, toujours le même et toujours différent comme chaque saison de la vie.
Federico Gironi
PALAZZI 14 VENEZIA
ur l’autoroute A11, à la hauteur de Pistoia, les automobilistes découvrent un spectacle insolite.
Dix magnifiques cyprès de Toscane, dont le feuillage pointe vers le ciel, “portent” littéralement des gilets de sauvetage.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de l’installation “Save the Planet” de Vannucci Piante.
Le 20 mars dernier, le premier producteur européen de plantes ornementales a présenté l’installation spécifique au site, avec l’intention d’envoyer un message fort et clair : “Qui sauve une vie, sauve le monde entier”.
À l’origine du projet se trouve Andrea Massaini, un créatif éclectique et imaginatif, expert en communication et en marketing, passionné de théâtre et d’art. Son idée a été immédiatement adoptée par l’entreprise toscane, qui a souhaité mettre à disposition son espace et ses précieux spécimens de plantes pour l’installation.
Notre planète est majoritairement peuplée d’espèces végétales, dont la présence contribue également au délicat bien-être de l’humanité.
’exposition que le Chiostro del Bramante de Rome consacre à Michelangelo Pistoletto (Biella, 1933) fait le point sur plus de six décennies de carrière. Elle est organisée par Danilo Eccher, qui a collaboré avec l’artiste à l’élaboration d’une exposition solo qui incarne la force d’un collectif. Inspirée dès son titre par le thème de l’infini, solide point d’ancrage de la poétique de Pistoletto, l’exposition est ancrée dans l’idée de multiplicité, point d’appui d’une recherche sans cesse perfectionnée et consolidée par l’artiste. Nous lui avons demandé de nous guider à travers les chapitres d’une histoire que le public romain pourra retracer avec pour toile de fond l’une des architectures symboliques de la capitale. D’où vient l’idée d’une exposition au Chiostro del Bramante ?
C’est une idée de Danilo Eccher qui, jusqu’à présent, avait organisé des expositions de groupe afin de pouvoir créer des comparaisons dynamiques entre les artistes. Cette fois-ci, il a voulu faire une exposition individuelle présentant les mêmes caractéristiques dynamiques.
Des caractéristiques qu’Eccher a trouvées dans mon travail. Echer a décrit cette exposition comme “une exposition
https://artribune,it
Leur préservation est donc cruciale pour la protection des personnes et des générations futures. Save the Planet a donc pour but d’attirer l’attention sur la préservation de la planète, en commençant par les plantes et en terminant par un rappel à “l’entraide”, symbolisée précisément par les bouées de sauvetage utilisées dans l’installation.
(suit page 16)
PALAZZI 15 VENEZIA
voir la vidèo vimeo.com/810069620
Photo ileanacornea
(suit de la page 15) de groupe d’un seul artiste”, remettant en question deux concepts clés de sa poétique : la multiplicité et la différence. La multiplicité et l’unicité sont déjà présentes dans les Mirror Paintings de 1961-62.
La figure fixée sur la surface coexiste avec toutes les figures en mouvement de la réalité reflétée dans le tableau lui-même.
En même temps, la personne reflétée dans le tableau - le spectateurn’est pas seule, mais se trouve avec tous ceux qui peuvent être reflétés en même temps.
Il y a une multiplicité de l’un à l’autre.
Cette multiplicité a ensuite été développée avec les Minus Objects : il n’y a pas de liens entre les œuvres de cette série, chacune est autonome et non reproductible, comme les spectateurs pris un par un individuellement.
La relation entre moi et le monde a lieu avec les Mirror Paintings et devient pratique avec les Minus Objects, car je pratique le passage de l’existence possible d’une image ou d’une personne à la réalité de l’être, la réalité physique reflétée dans le miroir. Il s’agit d’une dynamique de la multiplicité des unités.
Le concept d’infini est lié aux aspects que vous avez mentionnés et est très présent dans votre re-
MICHELANGELO PISTOLETTO
cherche : comment votre approche de ce thème a-t-elle évolué au fil du temps ?
L’infini est dans la surface miroir du tableau, où il y a un présent qui change constamment. L’infini est dans le présent, qui n’est ni unique ni définitif.
L’infini se situe entre le présent qui change constamment et le temps et l’espace qui n’ont pas de limites. J’ai ensuite entamé une recherche sur le fonctionnement de l’univers qui se reflète dans l’œuvre d’art : j’ai divisé le miroir en deux et j’ai remarqué que les deux miroirs, se reflétant l’un l’autre, en créaient un troisième.
C’est la formule de la création : 1+1 = 3.
En refermant les deux miroirs en biais, une multiplication s’opère, les nombres possibles grandissent à l’intérieur du miroir.
La multiplication atteint le maximum de nombres possibles lorsque les deux miroirs se ferment à l’angle zéro et se chevauchent.
À ce moment-là, nous avons le possible.
En ouvrant les deux miroirs, le possible devient une réalité physique.
Le travail des miroirs reproduit la naissance de l’univers lorsque la première rencontre entre l’espace-temps d’un côté et la masse-énergie de l’autre se produit dans le vide.
Au centre se trouve l’origine de l’univers, qui s’ouvre et s’étend, à partir du Big Bang,
PALAZZI 16 VENEZIA
Photo artribuneit
comme lorsque, en ouvrant les deux miroirs, tous les nombres possibles réapparaissent.
L’exposition retrace sa carrière de 1966 à 2023 : comment avez-vous imaginé la disposition et la structure de l’exposition ?
Ce fut un travail de coopération avec Danilo Eccher, qui connaît parfaitement les espaces et qui ne voulait pas faire une exposition muséale, mais identifier des points saillants qui déclencheraient des dynamiques d’énergie.
Une énergie donnée par les différentes œuvres en relation avec l’espace lui-même.
Il ne s’agit pas d’une exposition purement chronologique, mais d’une exposition d’effets. Eccher a lui-même une nature artistique, il s’agissait donc presque d’une double rencontre entre l’artiste qui se rapporte à l’espace et le conservateur qui se rapporte à l’art, mais dans une perspective d’échange. Je deviens un conservateur autant qu’il devient un artiste.
Il y a eu un dialogue constant concernant l’articulation de l’exposition, mais j’ai mis l’ensemble de mon travail à la disposition d’Eccher pour qu’il puisse choisir la manière de le composer selon son idée créative.
Pouvez-vous nous parler des œuvres exposées ?
Au centre du cloître, il y aura le grand symbole trinamique de la création.
Le même motif sera représenté en couleur sur les drapeaux suspendus entre les arches. La couleur de chaque cercle est différente de celle du cercle opposé, mais au centre il y aura une troisième couleur qui provient de la combinaison des deux couleurs précédentes. Dans chacun de ces drapeaux, il y a donc une répétition du phénomène de création entre les couleurs, ce qui prouve que 1+1 = 3.
Comment avez-vous appréhendé un lieu aussi chargé d’histoire ?
L’exposition s’intitule Preventive Peace (Paix préventive). Tout repose sur l’idée qu’au centre des deux célèbres cercles extérieurs - représentés par le monstre-guerre et la vertu, c’est-à-dire le désir de pacification - se trouve la paix, dictée par l’équilibre et l’harmonie. L’idée du directeur Piraina était d’évoquer l’exposition Guernica de Picasso dans la Sala delle Cariatidi. Mon travail et celui de Picasso répondent tous deux au phénomène tragique de la guerre, qui se répète aujourd’hui. Dans l’œuvre de Picasso, le monstre est le Minotaure, et moi avec mon labyrintheune œuvre réalisée dans les années 1960 En utilisant le papier ondulé - qui occupe tout l’espace - je me réfère à l’idée de la paix préventive,(suit page 18)
PALAZZI 17 VENEZIA
(suit de la page 17) c’est-à-dire à un chemin difficile et complexe. Ce labyrinthe, au lieu de nous conduire à la guerre du Minotaure, prête à nous dévorer, nous permet de l’éviter, en poursuivant l’idée de la paix préventive. Dans ses écrits, dans ses actions, dans le travail de Cittadellarte, ce qui émerge est l’idée de responsabilité, en tant qu’artiste et en tant qu’individu social.
Qu’espérez-vous, en tant qu’artiste et en tant qu’individu, pour la société de demain ?
La responsabilité est un acquis de l’art contemporain qui remonte aux années 1950, lorsque l’artiste a assumé l’autonomie totale de son propre signe, de sa propre expression - une liberté maximale.
Cette liberté est une grande réussite, mais comment l’artiste transfère-t-il cette liberté dans la société ? Après avoir acquis une liberté personnelle, l’artiste doit aussi acquérir une responsabilité envers les autres.
L’artiste devient ainsi un participant actif à la transformation durable de la société elle-même. Sa capacité individuelle à développer le maximum de son imagination et de son expression doit être combinée avec la responsabilité de tous les individus, les artistes en premier lieu.
Arianna Testino
RENOIR ET L’ITALIE
e Venise à Florence et Palerme, en passant par Rome et Naples, Renoir étudia pendant quatre mois la Renaissance qui lui était moins familière, en commençant par Tiepolo et Carpaccio, qu’il avait découverts à Venise, tandis que Rome l’éblouissait avec les fresques grandioses de Raphaël et qu’en Campanie il admirait les peintures murales de Pompéi ; de ces stimuli, il tira une nouvelle idée de la sensualité, beaucoup plus charnelle et en même temps spirituelle que celle à laquelle il était parvenu en immortalisant les femmes françaises. Mais Renoir aime aussi la lumière, si méditerranéenne, de la Péninsule qui, selon lui, vivifie les œuvres d’art en leur donnant une chaleur particulière. Son séjour en Italie le convainc ainsi de poursuivre sur la voie du “rapprochement” avec l’Antiquité sur laquelle il avait fait ses premiers pas en 1876, avec Aprés le bain, où l’on retrouve des références à la plastique corporelle de Titien, mais aussi de son compatriote Ingres.
Il poursuit dans cette voie avec La Baigneuse blonde (1882), où la douceur des formes est complétée par une lumière méridionale claire et chaude, tandis que la ligne est plus nette et la figure plus clairement définie. Renoir s’est éloigné de l’impressionnisme pour rechercher une modernité inspirée par le passé, et Rubens (qui a lui-même étudié attentivement la Renaissance) lui a également servi de modèle, comme le montre l’exposition en juxtaposant Femme s’essuyant (1912-14) et Nymphes couronnant la déesse
AUGUSTE
Photo andreaverzola
PALAZZI 18 VENEZIA
de l’abondance (1622). Dans la juxtaposition avec les maîtres du passé et à travers le large corpus de peintures et de dessins, on peut reconstruire le parcours mature d’un artiste qui, peut-être déjà fatigué de la vivacité de la Belle Époque et présentant sa fatuité dans son cœur, a cherché une nouvelle motivation dans la grandeur rassurante (jamais écrasante) de la Renaissance tardive, qui, même au milieu de la splendeur, commençait à communiquer un certain crépuscularisme, à poser des questions et à avancer certains doutes. Et, peut-être, Renoir voulait-il aussi inconsciemment exprimer ses doutes à l’égard du positivisme ambiant. Sa réévaluation de la leçon des maîtres de la Renaissance était un signe avant-coureur, dans un certain sens, de ce “retour à l’ordre” qui a caractérisé l’œuvre de nombreux artistes italiens au début du XXe siècle et dans la période d’après-guerre. En effet, les atmosphères de ses paysages reviennent dans les œuvres d’Arturo Tosi, d’Enrico Paulucci et de Carlo Carrà, où la synthèse des formes est flanquée de coups de pinceau vibrants qui insufflent de la luminosité aux scènes.
Si Renoir préférait quitter Paris pour la tranquillité de la Provence, pour la plupart de ses collègues la Ville Lumière était le centre du monde, une destination essentielle pour les expériences de vie (artistiques mais pas seulement) et le lieu où diriger leur carrière. i989mnjCette fascination est également ressentie par de nombreux peintres italiens, Boldini, Zandomeneghi et De Nittis surtout, qui se tournent notamment
vers la première phase de la carrière de Renoir, cet impressionnisme bouillonnant qui fait germer la vitalité à profusion, celle, par exemple, du Moulin de la Galette, lieu de rendez-vous mondain très prisé par les classes les moins aisées, mais très aimé des artistes. Une mondanité que l’on retrouve, par exemple, dans le Carrosse à Versailles (1873) de Boldini ; et puisque l’impressionnisme a fait de la figure féminine l’un de ses sujets de prédilection, l’exposition permet d’apprécier comment la leçon française a également été assimilée par les Italiens ; la Femme aux épaules nues (1895) de Zandomeneghi est particulièrement vibrante, caractérisée par de chauds effets luministes. L’exposition de Rovigo offre cependant un autre niveau d’interprétation : outre la documentation de la phase de maturité de Renoir, avec les comparaisons critiques proposées, elle raconte aussi l’homme, à travers son univers affectif.
En effet, les portraits (sur toile et sur papier) de sa femme et de ses enfants, qui ont notamment beaucoup inspiré Armando Spadini, suscitent une tendresse particulière. La sanguine sur papier Jean Renoir dans les bras de Gabrielle (1895), où sa femme tient dans ses bras celui qui deviendra un cinéaste reconnu, est particulièrement intense. (suit page 20)
dorothetanning.org PALAZZI 19 VENEZIA
Photo
(suit de la page 19)
L’œuvre de son père ne lui est pas étrangère, notamment dans Un voyage à la campagne (1936), dont l’exposition propose quelques extraits en version restaurée : dans ces scènes, on peut apprécier comment le fils a recréé les perspectives et les atmosphères de nombreux tableaux de son parent ; une sorte de “passage de témoin” idéal sur le chemin de l’art au sens large, mais aussi une façon de continuer à regarder devant soi sans oublier le passé : un passé qui, pour Jean Renoir, lui vient directement de son père. Niccolò
Lucarelli
AU PALAIS ROVERELLA DE ROVIGO, QUARANTE-SEPT
OEUVRES DE PIER-
RE-AUGUSTE RENOIR - PRÊTÉES PAR DES MUSÉES FRANÇAIS, AUTRICHIENS, SUISSES, ITALIENS, ALLEMANDS, DANOIS ET HOLLANDAIS CÔTOI-
ENT DES CHEFS-D’OEUVRE DES MUSÉES ET COLLECTIONS
ITALIENS. UNE EXPOSITION D’ÉTUDE QUI
ANALYSE LE “CLASSICISME” DE L’ARTISTE FRANÇAIS Palazzo
Tèl.:+39 0425 460093
info@palazzoroverella.com www.palazzoroverella.com
SURREALISME AU MUDEC MILAN
’est une nouvelle façon de raconter le surréalisme que propose l’exposition qui vient de s’ouvrir au Mudec de Milan Dalí, Magritte, Man Ray et le surréalisme. Chefs-d’œuvre du musée Boijmans Van Beuningen, une exposition née de la collaboration entre le musée milanais et le musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, connu pour son importante collection d’art surréaliste, avec des chefs-d’œuvre de Salvador Dalí, Max Ernst, René Magritte et Man Ray. Une sélection de ces œuvres est désormais exposée au Mudec : 180 peintures, sculptures, dessins, documents et artefacts qui, jusqu’au 30 juillet, offrent au public de nouvelles perspectives d’observation et de lecture des surréalistes, en particulier de leur intérêt pour les cultures non occidentales et les thèmes du rêve, de la psyché et du désir. Organisée par l’historienne de l’art Els Hoek, conservatrice du Mfhduseo, avec la collaboration d’Alessandro Nigro, professeur d’histoire de la critique d’art à l’université de Florence, l’exposition est divisée en sections, chacune étant introduite par une sculpture ou un objet évoquant le thème des sections elles-mêmes, avec des dispositifs multimédias invitant les visiteurs à approfondir le thème. “Le Mudec poursuit son travail de tissage entre la créativité moderne et contemporaine et les différentes cultures du monde”, a déclaré Tommaso Sacchi, conseiller municipal chargé de la culture. L’orientation curatoriale particulière de l’exposition relie en effet un mouvement artistique, capable de conquérir des artistes qui ont contribué à écrire l’histoire de l’art italien et européen, à la créativité de peuples très éloignés dans l’espace et dans le temps, en remontant à l’origine du “besoin d’art”, qui est différent mais similaire dans chaque lieu et à chaque époque”. Desirée Maida
PALAZZI 20 VENEZIA
Photo artribune.it
Roverella
Laurenti 8/10, Rovigo Italy
via
’est le 14 janvier 1841, à Bourges, que Berthe Marie Pauline Morisot voit le jour dans une famille bourgeoise aisée : fille d’un haut fonctionnaire et arrière-petite-fille du célèbre peintre Jean-Honoré Fragonard, elle grandit dans un milieu où la culture et l’art sont à l’honneur.
L’installation dans la ville animée de Passy, près de Paris, a contribué à accentuer cet amour des arts, grâce à la présence de nombreuses personnalités créatives et littéraires, qui ont fait de la ville un véritable centre culturel et qui fréquentaient assidûment la maison Morisot.
Berthe et ses frères sont donc immédiatement initiés aux arts, à tel point que leur père, Edme Tiburce Morisot, leur réserve un atelier pour peindre et créer. La jeune fille est particulièrement attirée par la peinture et bénéficie de professeurs exceptionnels qui la familiarisent avec les grands chefs-d’œuvre du Louvre. Malgré son inclination, elle ne peut malheureusement pas s’inscrire à l’Académie des Beaux-Arts de Paris, alors interdite aux femmes. Le tournant de sa carrière se produit lorsqu’elle est introduite dans le prestigieux atelier de Jean-Baptiste Camille Corot, avec qui elle commence à peindre en plein air. En 1868, alors qu’elle se trouve au Louvre avec sa sœur Edma pour copier “L’échange des princesses” de Rubens, elle tombe par hasard sur Fantin-Latour, son ami intime, qui se promène dans la galerie en compagnie de Manet. Par l’intermédiaire de Fantin-Latour, les deux hommes font connaissance et une complicité nourrie d’estime, d’amitié et d’un certain sentiment s’établit immédiatement entre eux.
BERTHEMARIE PAULINE MORISOT
“Je trouve en lui une personnalité charmante qui me plaît infiniment”, confie Berthe à l’une de ses sœurs, tandis que Manet est littéralement foudroyé par cette “jeune fille réservée, douce, mince comme un roseau, aux yeux noirs et profonds, qui aimait s’habiller en noir et à la dernière mode, et lire des romans à la mode”. Manet, lui, était un homme marié, si bien que la prétendue liaison entre Morisot et le peintre n’a jamais été établie, malgré l’insistance des ragots et des spéculations.
Si elle a existé, cette liaison a été filtrée et sublimée par l’art, à tel point que Morisot est devenue le modèle de prédilection de Manet qui, en quelques années, l’a représentée dans pas moins de onze toiles, telles que Le Balcon, Berthe Morisot à l’éventail et Berthe Morisot au bouquet de violettes. Édouard fait le portrait de Berthe dans plusieurs de ses tableaux et, malgré les rumeurs d’une prétendue liaison amoureuse entre eux, elle épouse son frère, Eugène Manet.
En 1873, à l’âge de 32 ans, elle est la seule femme à rejoindre le mouvement impressionniste naissant. Avec Manet, Monet, Pissarro, Sisley, Degas et Renoir, elle organise l’exposition fatidique dans l’atelier du photographe Nadar, présentant neuf de ses œuvres, dont des aquarelles, des pastels et des huiles.
Elle est un soutien assidu et un membre actif du groupe, exposant ses œuvres à chaque (suit page 22)
PALAZZI 21 VENEZIA
Photo artribune.it
(segue dalla pagina 21) exposition impressionniste. Elle ne s’éloigna de l’activité artistique que pendant une très courte période, liée à la naissance de sa fille unique Julie Manet, à laquelle une exposition a été récemment consacrée à Paris.
La particularité des œuvres de Morisot réside donc dans les sujets féminins, représentés dans les moments les plus intimes et les plus familiers, habituellement interdits aux peintres masculins. Son regard n’est cependant jamais superficiel, mais attentif aux traits psychologiques de ses modèles.
Bien qu’elle ait été l’une des fondatrices du mouvement impressionniste, Berthe Morisot a été enterrée à l’âge de 54 ans avec une pierre tombale portant la banale inscription “Berthe Morisot, veuve d’Eugène Manet” et sur l’acte de décès, il a été transcrit que l’artiste était “sans profession”.
Heureusement, ses collègues et ses admirateurs se sont ensuite souvenus d’elle, à tel point qu’à l’occasion du premier anniversaire de sa mort, une exposition rétrospective lui a été entièrement consacrée, avec 394 de ses œuvres. Cependant, aujourd’hui encore, son nom est retenu à tort et avec fatigue dans le cercle des grands impressionnistes.
Roberta Pisa
voir la vidéo en anglais
https://youtu.be/1-5tnbp5s0I
ARTE POVERA AND THE BAROQUE
e Magazzino Italian Art présente sa série annuelle de conférences de printemps, Arte Povera : Tradition artistique et dialogue transatlantique, organisée par le Dr. Roberta Minnucci, chercheur en résidence au Magazzino en 2022-23.
Rejoignez-nous le 15 avril 2023 à 12h00 au Magazzino Italian Art pour la troisième conférence, Arte Povera and the Baroque : L’évolution de l’identité nationale, de la série.
Laura Petican, chercheuse indépendante, explorera l’évolution du concept d’identité nationale italienne en relation avec la persistance du passé dans l’art italien d’après-guerre, en particulier en ce qui concerne les expériences artistiques radicales de l’Arte Povera dans les années 1960 et 1970.
En considérant les notions d’héritage culturel et d’historiographie baroque, la conférence abordera les façons dont l’avant-garde a été déployée périodiquement tout au long du XXe siècle à des fins politiques, et a refait surface après l’isolement culturel de l’Italie de l’entre-deux-guerres dans les œuvres expérimentales d’Informale.
La notion de “baroque-centrisme” sera discutée en tant que méthodologie pour illustrer les liens conceptuels et tangibles de l’Arte Povera avec le passé et, peut-être, en tant que cadre à travers lequel les artistes ont négocié une relation significative avec le contexte historique tout en restant fermement ancrés dans le moment présent.
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Photo magazzinoitalianoart
Une sélection d’œuvres d’art sera examinée sous l’angle de leur engagement avec les principes baroques de la nature, de l’espace, de la tension, de la théâtralité, du temps, des matériaux et des sens.
La conférence durera environ 45 minutes et sera suivie d’une séance de questions-réponses.
Si vous venez en train, n’oubliez pas d’ajouter un billet de navette à votre commande.
Billets
À propos de Laura Petican
Laura Petican est historienne de l’art, conservatrice, auteure et directrice de programmes culturels. Ses recherches sont centrées sur l’art italien contemporain et les études de mode.
Laura Petican est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en histoire de l’art de l’université Western (Canada), d’un doctorat de l’université Jacobs (Allemagne) et d’une bourse de recherche postdoctorale du Conseil de recherches en sciences sociales du Canada. Elle est l’auteur de la monographie “Arte Povera and the Baroque : Building an International Identity”, suivie de “Contemporary Italian Art, Fashion, and the Evolution of Italianità”, qui sera publiée en 2024 dans la série Routledge Research in Art History; elle est également rédactrice en chef de Fashion and Contemporaneity : Realms of the Visible ; co-éditeur de l’ouvrage récemment publié In Fashion : Culture, Commerce, Craft, and Identity ; et a été rédacteur en chef des critiques d’expositions pour Catwalk : The Journal of Fashion, Style and Beauty.
Ses recherches ont été présentées à la College Art Association, à l’American Association of Italian Studies, à l’Italian Art Society, à la conférence Fashion : Exploring Critical Issues à Oxford, au Royaume-Uni, au Center for Italian Modern Art, à New York, et à l’Université américaine de Rome, en Italie. M. Petican a été président de la commission des arts et de la culture de Corpus Christi, membre du comité des collections du musée d’art du sud du Texas et conseiller en matière de conservation pour Blue Light Contemporary.
Magazzino Italian Art info@magazzino.art 2700 Route 9, Cold Spring, NY 10516 KEEP UP WITH OUR DAILY AND WEEKLY NEWSLETTERS
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PALAZZI 23 VENEZIA
“
ne équipe d’experts néerlandais enquête sur le mystère entourant le propriétaire d’une robe qui est restée pendant près de quatre siècles à l’intérieur d’un navire coulé près de l’île de Texel, à plus de 100 kilomètres d’Amsterdam.
Le navire marchand a coulé vers 1650 et a été presque oublié, jusqu’à ce qu’une équipe de plongeurs découvre l’épave en 2014 et y trouve une magnifique robe en soie et une autre en argent.
Parmi les objets retrouvés figuraient également des couvertures de livres et ce qui semblait être des articles de toilette pour femmes datant du XVIIe siècle. Les objets trouvés sur le bateau sont désormais exposés au musée Kaap Skil à Texel.
L’équipe d’enquêteurs n’a pas encore réussi à découvrir le nom du navire ni l’identité des personnes qui l’ont emprunté, comme l’explique un article du New York Times.
L’idée que cette robe soit restée au fond de la mer pendant des siècles est folle”, a déclaré Corina Hordijk, directrice artistique de Kaap Skil et de trois autres musées sur cette île d’environ 14 000 habitants.
“
La dernière personne à l’avoir touchée avant nous est probablement celle qui l’a utilisée”, a-t-elle ajouté. Les deux robes avaient environ 30 ans lorsqu’elles ont coulé avec le navire.
Le vêtement en soie était plus ancien et appartenait probablement à une femme âgée, selon les chercheurs, tandis que la robe en argent était une robe de mariée.
“
Ces costumes étaient incroyablement chers”, a déclaré Arnold van Bruggen, réalisateur d’un documentaire à venir sur la découverte, en supposant qu’ils auraient appartenu à des femmes d’une “cour royale”.
Trois hypothèses sur l’origine des objets sont actuellement envisagées.
La première suppose que la robe aurait appartenu à une troupe de théâtre fuyant l’Angleterre.
La seconde se base sur les recherches d’un historien de l’Université d’Oxford, qui affirme que les vêtements, ainsi que d’autres objets, ont appartenu à l’épouse défunte d’un ambassadeur et ont été transportés en Angleterre depuis Constantinople.
La troisième possibilité est que les objets aient appartenu à une riche famille d’Europe de l’Est fuyant la guerre de Trente Ans.
Bien que les recherches sur l’épave soient appelées à se poursuivre, Thijs Coenen, archéologue maritime à l’Agence néerlandaise pour le patrimoine culturel, a expliqué que de telles expéditions prennent beaucoup de temps et d’argent et qu’il n’est donc pas prévu de poursuivre les recherches à court terme. https://www.scienzenotizie.it/2023/03/17/il-mistero-del-vestito-di-seta-scoperto-in-una-nave-di-oltre-quattro-secoli
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Photo scienzenotizie.it
Le
www.scienzenotizie.it
mystère de la robe de soie découverte dans un navire vieux de plus de quatre siècles
a Pinacoteca Agnelli présente le projet d’exposition Strike, un solo show sans précédent dédié à Lee Lozano (1930-1999), artiste pionnier et figure clé de la scène new-yorkaise des années 1960.
L’exposition, conçue et réalisée par la Pinacothèque Agnelli, est ouverte au public jusqu’au dimanche 23 juillet 2023 dans les espaces du musée à Turin. Elle sera ensuite présentée à la Bourse de Commerce - Collection Pinault à Paris de septembre 2023 à février 2024.
Strike, dont les commissaires sont Sarah Cosulich et Lucrezia Calabrò Visconti, est la première exposition monographique de Lee Lozano en Italie.
Conformément à la mission contemporaine renouvelée de l’institution, qui consiste à mettre en lumière des perspectives artistiques inédites en relation avec l’héritage historique et symbolique du lieu d’exposition et de son passé industriel, l’exposition rassemble une large sélection d’œuvres de l’artiste, couvrant sa carrière brève mais extrêmement prolifique de 1960 à 1972. Strike propose un parcours d’exposition qui traverse les différentes périodes de l’œuvre de Lozano, en présentant une collection complète de ses premiers dessins et peintures expressionnistes, dans lesquels la représentation désenchantée et vivante du corps humain émerge dans sa relation sensuelle et violente avec son environnement. Le vocabulaire visuel de l’artiste dans ces années-là incorpore des objets, des armes, des biens de con-
La Pinacothèque Agnelli de Turin présente la première rétrospective en Italie de l’artiste
Lee Lozano
Commissaire : Sarah Cosulich & Lucrezia Calabrò
Visconti
Durée : du 8 mars au 23
juillet 2023
Lieu : Pinacoteca Agnelli, Via Nizza 230, 10126, Turin Italie
https://www.pinacoteca-agnelli.it/mostre/ strike/ Instagram (en anglais)
sommation à l’apparence menaçante et des motifs érotiques qui fournissent une lecture sarcastique du monde dominé par les hommes dans lequel l’artiste opérait.
L’exposition Strike est une occasion importante de présenter l’œuvre d’un artiste révolutionnaire, apprécié par la critique mais peu connu du grand public, en particulier en Europe.
Le titre de l’exposition s’inspire de “General Strike Piece” (1969), l’une des œuvres textuelles les plus importantes de Lozano.
L’exposition rassemble une large sélection d’œuvres de l’artiste, couvrant sa courte mais extrêmement prolifique carrière de 1960 à 1972. Formée à la peinture à Chicago, Lee Lozano s’est installée à New York et s’est rapidement imposée sur la scène artistique des années 1960, se distinguant par une œuvre aux multiples facettes, comprenant d’une part la peinture et d’autre part une pratique profondément conceptuelle. Tout en s’inscrivant dans le contexte social et artistique de l’époque, dominé par le pop art, le minimalisme et l’art conceptuel, Lozano a maintenu une position radicalement opposée à toute forme de catégorisation et de système de pouvoir. Strike propose un parcours d’exposition qui traverse (suit page 26)
STRIKE
Photo pinacotecaagnelli.it
(suit de la page 25) les différentes périodes de son œuvre, en commençant par les dessins et peintures figuratives de style expressionniste, en passant par la série Tools, de grandes huiles sur toile, et en suivant leur évolution formelle vers l’abstraction minimaliste. L’exposition comprend également une sélection de Language Pieces, œuvres qui marquent le passage de l’artiste à une phase exclusivement conceptuelle qui s’achève en 1972 avec Dropout Piece, correspondant à son départ définitif de la scène artistique.
Conçues pour être accueillies dans les espaces de la Pinacothèque de Turin et, par la suite, dans ceux de la Bourse de Commerce de Paris, les expositions, dont les commissaires sont Sarah Cosulich et Lucrezia Calabrò Visconti, s’articulent autour de deux présentations distinctes mais liées entre elles.
Les deux expositions sont une occasion importante de présenter l’œuvre d’un artiste révolutionnaire, apprécié par la critique mais peu connu du grand public, en particulier en Europe. Les deux projets aboutiront à une publication unique en anglais, en italien et en français, réalisée en collaboration par les deux institutions, qui offre une étude critique approfondie de l’œuvre de Lee Lozano.
www.pinacoteca-agnelli.it/
LEE LOZANO A LA PINACOTECA AGNELLI
ntre 1964 et 65, la recherche picturale de Lozano s’oriente résolument vers l’abstraction minimaliste. Jusqu’en 1967, l’artiste se consacre à une série de grandes toiles dont une sélection est rassemblée ici. dont une sélection est rassemblée ici, accompagnée de dessins préparatoires dessins préparatoires rarement exposés auparavant. Dans les toiles de cette période, les grands fonds de couleur qui caractérisent les qui caractérisent les Outils et, dans une moindre mesure, les Avions. Avions, se transforment progressivement en formes autonomes, visant à restituer définitivement, par le biais de l’abstraction, l’énergie que Lozano a su insuffler à son œuvre. l’énergie que les toiles et les dessins de Lozano avaient tenté de décrire depuis le début. tentaient de décrire depuis le début.
Conformément à cette vocation, la plupart des réalisées dans cette période portent un verbe comme titre. Des titres tels que Spin, Clamp, Crook, Swap, Cram, Shoot, Hack, Stroke, Crook, Swap, Cram, Shoot, Hack, Stroke) suggèrent comment les fonctions des outils et d’autres objets qui avaient jusqu’à présent habité l’univers visuel de Lozano ont été abstraits de leur abstraits de leur représentation physique, pour devenir Les outils deviennent langage, action, puissance pure. Il serait faux de voir dans ce passage à l’abstraction
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Photo Hollis Frampton
l’abstraction comme une trahison de l’identification de l’artiste à un peintre “dont les tripes fonctionnent à merveille”. fonctionnent à merveille”. Bien au contraire, la nouvelle pratique picturale est pour elle une sorte d’évolution nécessaire d’un désir profond de faire de la peinture. d’accéder à la matière et d’en restituer la densité. On le voit, par exemple, dans une réflexion qu’elle fait sur le pinceau, l’un des sujets qu’elle aimait le plus représenter à l’époque des outils, qu’il définit comme un objet que je dessinais et que j’utilise aujourd’hui ”utilisé”.
La référence semble être le tableau “Clamp”, présentée dans l’exposition, qui, en plus d’être une représentation visuelle du verbe “to clamp” (fixer, serrer) est littéralement composé de deux toiles triangulaires qui ont été fixées l’une à l’autre avec une pince.
La ligne diagonale créée par la rencontre des deux toiles devient la charnière sur laquelle repose la composition picturale de l’œuvre. sur laquelle repose la composition picturale de l’œuvre. une entrée spontanée et saisissante de la dimension spontanée et saisissante de la dimension sculpturale de la toile dans le tableau.
Les dessins préparatoires exposés avec les toiles révèlent la précision avec laquelle Lozano calcule les proportions des
des compositions, selon des principes scientifiques extrêmement rigoureux, qui prennent une dimension extra-visuelle et presque ésotérique.
Totalement immergé dans Waves, la dernière série de toiles qu’il réalisera avant la fin de l’année. avant de quitter définitivement la peinture, Lozano déclarera : “mes objets sont devenus des divinités”. c’est-à-dire des forces spirituelles, des phénomènes purs, des manifestations.
L’évolution phénoménale des sujets représentés par Lozano et l’entrée de la réalité dans sa pratique picturale sont les préalables inévitables à la phase suivante - et finale - de son cheminement : celle de la “peinture de l’homme”. - de son parcours : celle des pièces “Life-Art”.
Extraits de
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.
es ateliers des artistes du XIXe et XXe siècles ont cette atmosphère particulière de lieux qui ont fait naître des chefs-d’œuvre mais qui sont aujourd’hui plongé dans le silence.
Ils témoignent de temps révolus tant dans leur architecture que dans leur aménagement, ce qui leur donne un charme indéniable.
Ils permettent aussi de se replonger dans l’univers d’un peintre ou d’un sculpteur et de se confronter aux œuvres qui ont été conservées sur les lieux même qui les ont vues naître.
Paris a la chance d’être riche en ces lieux insignes pour l’histoire de l’art.
Parmi ceux-ci, la maison dans laquelle vécut et travailla Gustave Moreau, dans le
BOURDELLE
9e arrondissement, présente encore son magistral escalier en spirale datant du XIXe siècle. Plus au sud, dans le 14e arrondissement, la maison-atelier de Jean Lurçat est un exemple de l’architecture Art déco, elle qui fut construite en 1925 par le frère de l’artiste, l’architecte André Lurçat.
L’atelier de Zadkine, situé tout près du jardin du Luxembourg, dans le 6e arrondissement, lieu de résidence et de travail du sculpteur d’origine russe et de sa femme peintre Valentine Prax, conserve un charme bucolique avec son petit jardin.
Le 15 mars 2023, c’est l’atelier d’Antoine Bourdelle qui rouvre au public dans le 15e arrondissement. Le lieu a subi une importante campagne de travaux pour renforcer sa structure qui présentait de nombreuses faiblesses.
Les fondations ont été consolidées sur ce sol fragilisé par la présence de carrières. Une cage en profilés métalliques a été installée en remplacement de poteaux de bois. Un système de chauffage moderne est venu compléter le dispositif.
Malgré ces lourdes interventions, le lieu a conservé son aspect originel, les fissures sur les murs sont même encore visibles.
Le mobilier d’époque a été réinstallé, tout comme les œuvres de l’artiste ou de sa collection, un crucifix médiéval ayant même retrouvé la place qu’il occupait du temps du sculpteur.
Ce chantier a permis aussi de revoir en profondeur l’aménagement du musée Bourdelle.
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ATELIER
Photo pierreantoine
Un café-restaurant – le Rhodia – a été aménagé au premier étage dans l’appartement qu’occupait la fille de l’artiste, Rhodia Bourdelle, et son mari, le décorateur Michel Dufet, qui dira : « Rodin est l’aboutissement d’une époque, Bourdelle le début d’une autre ». Pour s’en convaincre, il suffit de visiter le nouveau parcours des collections, dont le leitmotiv a été de « renouveler le regard sur Bourdelle ».
Six salles permettent de contempler plus de cent dix sculptures, mais aussi quarante-cinq contretypes de photographies. Dans l’atelier de peinture très cosy avec ses murs bordeaux, est exposée une nouvelle acquisition, un Portrait d’Augustin Quercy réalisé au fusain et à la craie blanche sur papier en 1884.
Le dispositif de médiation a aussi été entièrement revu, notamment dans la salle des techniques enrichie d’écrans interactifs. Enfin, pour cette inauguration, l’aile Portzamparc accueille une importante exposition du peintre et sculpteur contemporain Philippe Cognée (jusqu’au 16 juillet 2023) sous le titre « la peinture d’après », avec une présentation exceptionnelle du Catalogue de Bâle – plus d’un millier d’œuvres !
Un incroyable travail d’atelier.
Philippe Régnier
WEEK-END EN FAMILLE | AUTOUR DE L’EXPOSITION
“PHILIPPE COGNÉE. LA PEINTURE D’APRÈS “
Samedi 15 et dimanche 16 avril |
Activités en continu de 10h à 18h GRATUIT - SANS RESERVATION
Les familles pourront participer à des ateliers autour de l’exposition « Philippe Cognée. La peinture d’après ».
Au programme : ateliers créatifs pour petits et grands, initiation au modelage et visites contées. Le dimanche, la chorégraphe Nawel Oulad proposera des performances dansées qui font écho aux œuvres d’Antoine Bourdelle. Les élèves du conservatoire Frédéric Chopin du XVe arrondissement de Paris entreront dans la danse pour le tableau final.
Musée Bourdelle
18 rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris
Métro : Lignes 4, 6, 12 , 13 : Montparnasse - Bienvenüe (sortie 2 - Place
Bienvenüe)
Ligne 12 : Falguière
Bus : n°28, 39, 58, 82, 88, 89, 91, 92, 94, 95, 96
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Photo pierreantoine
PALAZZI
’artiste, né à Paris et installé à Londres, évoque ses influences et ses inspirations, alors que deux expositions lui sont consacrées, au Wiels à Bruxelles, et au musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole. Depuis plus d’un demi-siècle, Marc Camille Chaimowicz travaille à abolir les frontières entre l’art et le design, ainsi qu’entre le public et le privé. Son œuvre associe la sculpture, la performance, l’installation, l’architecture, la peinture et la photographie à la mode, au textile et à la décoration d’intérieur. Né dans le Paris de l’après-guerre, en 1947, Marc Camille Chaimowicz a emménagé à Londres alors qu’il était enfant. Mais, il s’est toujours largement inspiré de son héritage culturel français, qu’il s’agisse des intérieurs intimes de Pierre Bonnard
et d’Édouard Vuillard, du dandysme de Jean Cocteau ou des écrits de Gustave Flaubert, de Jean Genet et de Marguerite Duras. Cette approche érudite du décoratif et du domestique l’a amené à faire de son modeste appartement du sud de Londres une œuvre d’art totale, dont une partie est aujourd’hui présentée dans « Nuit américaine », son exposition personnelle au centre d’art Wiels à Bruxelles. Parallèlement, le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole lui consacre, avec « Zig Zag and Many Ribbons », une grande rétrospective en dialogue avec les collections du musée.
Les deux expositions de Bruxelles et Saint-Étienne retracent chacune votre carrière de manière différente. En France, environ quatre-vingt de vos œuvres conçues depuis les années 1960 sont associées à une trentaine d’œuvres et d’objets de la collection du musée dans une série d’environnements et de mises en scène. Quel était votre objectif ?
Je voulais depuis longtemps exposer dans un musée de mon pays natal [l’artiste a déjà bénéficié par ailleurs de nombreuses expositions institutionnelles en France]. Impressionnante, elle s’étend sur sept salles, et j’ai mis de nombreuses années à la concevoir. À cause du Covid, le processus a été lent. À part une ou deux œuvres nouvelles, il s’agissait surtout de présenter des pièces préexistantes. Ce fut un exercice théorique très pointu. Cela me donne également l’occasion d’exposer certaines œuvres de ma défunte mère, ce qui m’a beaucoup plu.
Lorsque, avant la pandémie, j’ai visité le musée de Saint-Étienne et découvert sa collection très variée, j’ai eu ce moment de lucidité : puisque j’aime toujours inviter quelqu’un, pourquoi ne pas montrer Maman ? Quel a été le travail de votre mère ?
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Photo stefanaltenburger
Dans sa jeunesse, elle a suivi un apprentissage de couturière dans la maison de couture Paquin. Elle réalisait ces magnifiques patrons cousus en guise d’exercices : c’était une sorte de « devoir », un rite de passage.
J’ai été touché qu’elle me les donne plutôt qu’à mes sœurs – je pense qu’elle avait compris que je m’intéressais à la création visuelle et aussi au textile. Je les possède depuis de nombreuses années et j’en suis ravi.
Elles sont un croisement entre Agnes Martin et Louise Bourgeois. Elles sont fabuleuses
En revanche, votre exposition au Wiels ne comprend que trois œuvres : votre environnement post-pop Celebration ? Realife (1972) ; The Hayes Court Sitting Room, une reconstitution de la pièce principale de l’appartement de Camberwell, dans le sud de Londres, où vous avez vécu et travaillé pendant plus de quarante ans, qui devient une installation artistique ; et enfin Dear Zoë… (2020-2023), une suite de quarante collages qui prend pour point de départ l’héroïne de Flaubert Madame Bovary.
Si nous devions ranger ces œuvres en différentes catégories, on pourrait dire que Celebration est une sorte de paysage, The Hayes Court Sitting Room un intérieur, et les collages, des portraits.
Même si nous souhaitons remettre en question notre formation et l’omniprésence de l’histoire de l’art, nous sommes inévitablement toujours ramenés à ce type de références.
CAMILLE CHAIMOWICZ
Mais, en même temps, vous avez été un pionnier en remettant en question dans votre pratique les frontières entre l’art, le décor et le design. Pourquoi est-ce si important de le faire ?
C’est le résultat d’un intérêt précoce pour la théorie féministe. L’idéologie dominante de gauche semblait aussi aliénante que ce qu’elle contestait, parce qu’elle était tellement axée sur les hommes et sur le noir et blanc.
La couleur était considérée comme décadente et le plaisir comme réactionnaire. C’est ainsi que la domesticité est devenue pour moi une sorte de métaphore. Je remettais également en question la fonction même de la pratique des arts visuels et de son rôle implicitement élitiste dans le système.
Dans les années 1960, la Camberwell School of Arts était très rigide et les arts appliqués étaient considérés comme tabous. Je voulais remettre cela en question et, dans les années 1980, j’ai commencé à travailler bénévolement comme stagiaire dans l’un des derniers ateliers traditionnels de dessin sur soie à Lille.
Cela remettait complètement en question les principes sacrés sur lesquels la peinture a toujours été défendue ; au lieu de cela, vous réalisiez un dessin, qui servait (suit page 32)
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Photocourtesy of artist
(suit de la page 31) de modèle à l’équipe pour concevoir un motif. Cela m’a donné confiance en moi et m’a permis d’utiliser un très large éventail de matériaux, avec l’avantage que je pouvais souvent utiliser les compétences des autres.
Il y avait un dialogue et un débat, et cela continue aujourd’hui. En plus de collaborer avec des artisans, d’« inviter » d’autres artistes – d’Alberto Giacometti à Pierre Bonnard en passant par Wolfgang Tillmans, Lucy McKenzie et maintenant votre mère –, vous consacrez souvent des expositions entières à des figures admirées, comme Jean Cocteau ou Jean Genet. À bien des égards, votre pratique est très sociale.
Je crois que j’ai toujours été méfiant à l’égard de l’atelier. J’avais l’impression que c’était une sorte de piège. De même, j’évite religieusement mon atelier actuel à Camberwell. J’y stocke des choses et il m’arrive de faire venir des gens pour m’aider à travailler, mais c’est sur la table de la cuisine que je suis le plus performant. Au fond de moi, il y a donc depuis longtemps cette aspiration à un certain degré d’échange, littéralement ou métaphoriquement
Vous êtes né dans la France de l’après-guerre, d’un père juif polonais et d’une mère catholique française.
Mais lorsque votre père a trouvé du travail au Royaume-Uni, vous avez quitté Paris pour l’Angleterre, d’abord à Stevenage, puis à Ealing, dans l’ouest de Londres.
Pourtant, bien qu’ayant grandi au Royaume-Uni, votre héritage culturel français a toujours joué un rôle majeur dans votre travail.
Au Camberwell College of Arts, la valeur dominante était une esthétique paroissiale, figurative, du type de celle de l’École de Euston Road.
Et, bien sûr, je me suis rebellé contre cela. Pour ce faire, j’aurais pu être attiré par la peinture abstraite américaine en grand format, mais celle-ci m’était totalement étrangère.
Cela m’a donc ramené à une sensibilité européenne. J’ai été séduit par un large éventail d’artistes, de Vuillard à Fragonard. Mais avant tout, j’étais probablement attiré par [le réalisateur Jean-Luc] Godard, ainsi que par la littérature et la pensée française, des gens comme [Marguerite] Duras et Simone [de Beauvoir]. La théorie est venue plus tard.
Vous décrivez vos collages Dear Zoë… comme un autoportrait, même s’ils sont inspirés d’Emma Bovary, alors que les photographies et les films antérieurs dans lesquels vous apparaissez physiquement semblent davantage relever du jeu de rôle et de l’idée de l’artiste romantique et androgyne.
Oui, à la manière de Bowie, ils se cachent souvent derrière une forme de masque. Lorsque je travaillais en public, je trouvais le moyen d’éviter toute confron-
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Photo Stefan Altenburger
tation manifeste, de sorte que j’étais soit dans l’ombre, soit en train de marcher. Je suis plus à l’aise avec les portraits des autres qu’avec les miens, et c’est en partie pour cela que j’aime tant travailler avec Emma Bovary.
Vous aviez déjà illustré Madame Bovary pour la maison d’édition Four Corners Books en 2014. Cette récente série de collages, commencée après le premier confinement, est-elle une forme de réponse personnelle aux sentiments d’enfermement et aux désirs d’évasion d’Emma ?
Il y avait presque inévitablement un degré de projection et de symbiose implicite. Pendant cette période, j’ai également traité, édité et jeté beaucoup de magazines et de documents visuels de Hayes Court, ce qui a alimenté les collages d’Emma. Pendant qu’Emma est en résidence à Bruxelles, je fais une pause. Mais je pense qu’il y a encore du chemin à parcourir et je reprendrai probablement après. Nous verrons bien où cela nous mènera.
« Zig Zag and Many Ribbons », jusqu’au 10 avril 2023, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, Rue Fernand Léger, 42270 Saint-Priest-en-Jarez, France
« Marc Camille Chaimowicz. Nuit américaine », jusqu’au 13 août 2023, Wiels, Avenue Van Volxem 354, 1190 Bruxelles, Belgique Expositions Marc Camille Chaimowicz
Wiels
Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne
L’OEIL DE LA FEMME A BARBE
résentation et dédicace du livre
“Lien rouge“ d’Alain Nahum
avec accrochage d’une petite sélection d’œuvres du samedi 8 au lundi 10 avril 2023 de 14h à 20h à La Fabuloserie Paris52 rue Jacob, 75006
Alain Nahum et L’œil de la femme à barbe remercient chaleureusement
Christophe de La Taille et la société JNP France
Films pour leur efficace collaboration et leur soutien, ainsi que tous·tes les souscripteurs·trices grâce à la confiance et la générosité desquels·elles ce livre a pu voir le jour. Leur patience sera enfin récompensée - ainsi que la curiosité de tous - à l’occasion de cet événement apéritif en attendant une exposition de plus grande envergure dans un lieu sur mesure... Patience, on y travaille ! Voir l’événement sur le site internet
Le livre : Préface de Corinne Atlan, textes de Ikezawa Natsuki, Philippe Charlier et Alain Nahum, contributions de Marie-Laure Desjardins, Jean Klépal, Gilbert Lascaux, Jean-Louis Poitevin, Esther Ségal.
L’œil photographique d’Alain Nahum est à l’affût du moindre vestige de notre existence dans les rues de la ville, son « atelier à ciel ouvert ». Pour lui, les mouchoirs en papier abandonnés sur les trottoirs (suit page 34)
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PhotoStefan Altenburger
(suit de la page 33) sont une prise de choix : il en fait le tour, le photographie, le triture du bout du pied, le re-photographie...
Et la magie opère, le sujet apparaît, le fantôme prend corps !
Ainsi naissent les Papiers de nuit.
Plus tard, les photographies seront retravaillées, un trait rouge viendra structurer l’espace (Akai ito en japonais : le fil rouge du destin), pour réunir ou diriger les personnages, évoquant à la fois l’artiste Beckett et le théâtre Nô...
L’ouvrage présente les deux actes de ce conte poétique et féerique : les Papiers de nuit sont introduits par un texte de Philippe Charlier (du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac et auteur de “Comment faire l’amour avec un fantôme”) ; une gerbe de textes courts d’Ikezawa Natsuki (écrivain et critique littéraire japonais) accompagne Lien Rouge-Akai Ito. L’ensemble est préfacé par Corinne Atlan, traductrice de japonais. S’ils viennent visiter vos rêves, n’ayez donc plus peur des fantômes...
Collection Séries d’Artistes - 28€ (port offert) - A4 à l’italienne, 96 pages, 70 photos N/B + couleur
Découvrir/Acquérir
https://loeildelafemmeabarbe.fr/librairie/ lien-rouge-0
L’OEIL DE LA FEMME A BARBE
’Autre salon du livre (proposé par l’association d’éditeurs indépendants l’Autre livre) est le salon de la résistance pour la défense de la bibliodiversité et du pluralisme éditorial.
Ce sera donc pour les visiteurs le moment de marquer leur soutien à l’édition indépendante !!
Le salon d’avril dernier avait permis à L’œil de la femme à barbe de rencontrer un nouveau public, il ne fait aucun doute que cette nouvelle session dans un lieu au nom si propice lui sera favorable !!
Vous découvrirez les 23 livres déjà publiés depuis 2016 et prendrez connaissance des nouveautés à paraître et en préparation.
Des précisions seront apportés bientôt quant aux rendez-vous sur le stand.
Découvrir / Acquérir
https://loeildelafemmeabarbe.fr/editions es ouvrages de L’œil de la femme à barbe Éditions avec par ordre d’entrée en livres les artistes : Sophie Sainrapt, Thérèse Gutmann, Marie Delarue, Laurence Dugas Fermon, Rebecca Campeau, Hashpa, Eva Chettle, Guillaine Querrien, Marie Christine Palombit, Barbara d’Antuono, Jacotte Sibre, Claire Zuber, Raâk, Monica Mariniello, Cristina essellebée, Bernard Briantais, Alain Nahum, Alexandra Fontaine & ClaudYvans*
du vendredi 21 au dimanche 23 avril 2023
Palais de la Femme - 94 rue de Charonne, 75011 Paris
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Photo akai-ito
Avis de parution du cahier Tétanie de l’épars, 20 Editions Brin E - Metz
L’enchantement n’est plus, la poésie est morte de Pierre André Benoit
400 exemplaires: 350 reproduisant deux dessins de Pierre André Benoit, et 50, sans ces dessins, numérotés de 1 à 50, sur lesquels sont intervenues librement Anne Slacik et Marie Hugo.
Correspondance: 3 rue Saint-Marcel 57000 Metz
L’exposition Alès, le beau temps selon Anne Slacik
continue au musée-bibliothèque Pierre André Benoit à Alès
Anne Slacik
Saint-Denis (93) et Pompignan (30) 06 13 75 70 65 www.anneslacik.com
asée à Stavanger, en Norvège, la société Ventum Dynamics est spécialisée dans la conception et le développement d’une technologie de production d’énergie éolienne.
Elle vise à apporter une solution durable contre le changement climatique. En effet, son système éolien de toit innovant offre aux entreprises et aux bailleurs sociaux la possibilité de maîtriser leur charge liée à l’énergie, tout en réduisant leur taux d’émission de CO₂. Dans cet article, nous vous invitons à mieux le connaître, notamment ses caractéristiques et ses avantages.
Qu’est-ce qui distingue cette éolienne verticale des autres ?
Cette éolienne à axe vertical a une conception unique garantissant son efficacité en toutes saisons. En effet, le vent se heurte sur sa structure, puis il est dirigé vers le haut pour faire tourner une hélice qui capture l’énergie cinétique des masses d’air.
Ce système est fabriqué à partir de matériaux recyclés, robustes et résistants aux intempéries, explique l’entreprise.
Il serait en mesure de réduire les turbulences internes et d’éviter les risques de surchauffe au niveau du générateur.
Ce qui permet d’augmenter significativement son rendement énergétique. La société Ventum expli-
que également qu’elle peut capter le vent dans toutes les directions.
Ses performances s’améliorent en fonction de la vitesse du vent, en l’occurrence, 187 W à 6 m/s, 370 W à 8 m/s, 900 W à 11 m/s et 1 500 W à 13 m/s.
Lors de l’aménagement d’un parc éolien, l’installateur doit trouver le meilleur emplacement sur le toit de l’immeuble en étudiant au préalable le potentiel éolien local.
Pour ce faire, il utilise l’outil exclusif Ventum IoT Intelligence.
Quels sont les points forts de cette technologie ? Cette turbine éolienne peut être installée dans les villes dans lesquelles la rareté de terrains disponibles constitue le frein principal à la transition énergétique. Elle est spécialement développée afin de permettre une installation rapide et facile sur les toits des bâtiments résidentiels, commerciaux ou industriels.
Grâce à son format compact et à sa conception soignée, elle fonctionne sans bruit ni vibration ni nuisance visuelle, promet Ventum.
Cette solution est adaptée pour une production d’énergie sur site.
D’ailleurs, elle est complémentaire à une installation photovoltaïque afin de profiter simultanément de ces deux sources d’énergie verte.
L’électricité fournie peut être consommée directement par le bâtiment.
La production excédentaire peut ensuite être stockée ou revendue à un fournisseur d’énergie.
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Photo parismatch
En somme, Ventum Dynamics propose un système prêt à l’emploi, autonome et efficace.
Celui-ci procure une sécurité énergétique aux professionnels et aux particuliers en évitant les risques de pénurie d’énergie ou de coupure de courant. De plus, l’entreprise dispose d’un service de maintenance à distance et d’un service de réparation auprès de ses distributeurs agréés.
Quels sont les défis de ce spécialiste de l’énergie éolienne ?
Face à la crise énergétique, de nombreuses entreprises dans les secteurs commercial et industriel doivent réduire leur production afin de limiter les coûts. Ce problème répercute ainsi sur leur activité, sur leur personnel et sur l’économie d’un pays.
En partant de ce constat, Ventum Dynamics a développé sa technologie éolienne verticale qui peut être utilisée localement et installée sur les toits.
C’est une source d’énergie propre, fiable et à coût maîtrisé. Elle contribuera à réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau des entreprises.
De même, cette solution s’adresse aux bailleurs sociaux et aux professionnels immobiliers.
Elle peut être intégrée dans les programmes immobiliers neufs écologiques et dans les projets de rénovation énergétique de logements sociaux anciens. Plus d’informations : ventumdynamics.com https://www.neozone.org/innovation/ventum-linvention-dune-eolienne-de-toit-omnidirectionnelle-et-urbaine-pour-alimenter-les-batiments/
ui sait ce que les chèvres pensent de nous ? C’est ce que s’est demandé Italo Calvino dans un article de 1946, après l’expérience atomique des Américains dans l’atoll de Bikini, au milieu du Pacifique. L’atoll avait été vidé de ses quelques habitants - de pauvres gens - mais personne n’avait jugé utile d’enlever ne serait-ce que quelques dizaines de chèvres et de cochons. Je pense que les chèvres et les cochons n’ont pas eu le temps de réfléchir.
Lorsqu’une bombe tombe loin des villes et des habitations, les gens poussent un soupir de soulagement. C’est compréhensible. À l’intérieur des maisons, nous vivons. Mais loin des maisons, il n’y a pas rien.
Loin des maisons, il y a des champs cultivés, des forêts, des arbres, des animaux, des rivières, des canaux d’irrigation.
Loin des maisons, il y a la terre.
C’est là que se trouvent notre nourriture et l’eau que nous buvons.
Il y a le travail de la ferme, qui prend des années pour faire pousser ce que les pistes écrasent.
La vie est faite de temps.
Un arbre met des an-
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nées à pousser. La guerre, en revanche, brûle le temps.
Chaque arbre, chaque animal tué par la guerre, (suit page 38) (suit dalla page 37) ce sont des années de vie brûlées.
Dix, vingt, cent révolutions de la Terre autour du Soleil anéanties en un instant.
Un animal qui meurt à la guerre n’a même pas la maigre consolation de se sentir martyr d’une juste cause. Il ne sait rien et ne veut rien savoir, un chat ou un mouton, de nos querelles.
Sous les bombes, un animal meurt, sans raison valable, sans raison erronée.
Simplement : pas de raison du tout.
Je ne suis pas une militante de la cause animale, même si j’aime beaucoup les animaux. Tout comme je ne me sens pas albériste si je défends un arbre, ou humaniste si je défends la vie humaine.
Je pense que nous devrions pouvoir devenir des terristes.
À l’intérieur de la Terre, il y a tout : des plantes, des animaux, des humains.
La Terre est une maison commune.
Et donc le bombardement d’une forêt, d’un champ cultivé, d’un atoll isolé dans le Pacifique, c’est aussi le bombardement d’une
maison.
Les expressions “faire de la terre brûlée” et “empoisonner les puits” sont directement tirées des pratiques de guerre.
Faire de la terre brûlée pour obtenir la faim. Empoisonner les puits pour obtenir la soif. Je n’ai pas pu te tuer, alors je tue la terre qui te nourrit.
Je tue ta mère, et la patience si elle est aussi la mienne.
La guerre est un matricide.
Elle l’est d’au moins deux façons.
La première, la plus évidente, est la destruction sous une forme directe.
Les chenilles qui écorchent le sol, les missiles qui brûlent tout, les produits chimiques qui empoisonnent l’air et l’eau, les défoliants, les cratères, les mines sales que les armées sèment partout.
La deuxième façon de tuer la terre, moins immédiate mais tout aussi dévastatrice, est la consommation démesurée d’énergie.
La guerre est l’activité humaine la plus énergivore : elle consomme de l’énergie en quantités exorbitantes.
Le plus grand consommateur de pétrole au monde, et donc le plus grand producteur de gaz à effet de serre au monde, est le Pentagone.
L’Amérique consacre 3,7 % de son PIB à l’armement. 800 milliards de dollars par an.
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La Russie dépense beaucoup moins,mais il fait proportionnellement moins bien que les États-Unis, car il investit plus de 4 % de son PIB dans l’armement.
Ce n’est pas un pays riche.
Il produit peu et vit de la vente de gaz et de pétrole.
Pour entretenir leur arsenal de missiles, de nombreux gouvernements affament leurs populations. L’Europe, proportionnellement à sa puissance économique, ne dépense pas beaucoup en armements, parce qu’elle a choisi de rester confortablement installée sous le parapluie américain.
En d’autres termes, nous, Européens, utilisons principalement l’argent américain pour notre défense.
Et comme rien n’est gratuit, cette dépendance militaire nous rend moins libres de déterminer notre propre destin politique. Mais tous ces chiffres importent peu, voire pas du tout, pour le champ de blé brûlé ou le chien perdu dans les décombres.
Pour eux, il faut dire que lorsque nous, singes pisteurs, disparaîtrons à jamais, les plantes et les bêtes sauront se débrouiller.
Quand la dernière mine aura explosé, le renard ira, dès le lendemain, s’abreuver dans le cratère.
Michele Serra
https://www.facebook.com/vittorio.e.pisu
BAYA MAHIEDDIENE A VENISE
a première exposition personnelle de Baya Mahieddine, née Fatima Haddad, a eu lieu à la Galerie Maeght à Paris à l'automne 1947, alors que l'artiste n'avait que seize ans.
Après une enfance en Algérie, elle rejoint l'Europe grâce à Marguerite Caminat Benhoura, une intellectuelle et archiviste française qui l'adopte et encourage sa créativité. La talentueuse Baya est immédiatement célébrée par l'avant-garde parisienne et reçoit les éloges les plus enthousiastes des protagonistes de la scène internationale, au premier rang desquels André Breton, qui écrit le texte d'accompagnement de sa première exposition. Ses œuvres peintes sur carton représentent des paysages naturels luxuriants habités uniquement par des femmes richement vêtues et décorées de motifs typiquement maghrébins.
La robe jaune vif de la Femme robe jaune cheveux bleus (1947) émerge des teintes sombres de l'arrière-plan alors qu'elle semble attaquée par quatre paons et un papillon ; Femme robe à chevrons (1947) est complétée par l'œil de l'étrange oiseau avec lequel elle semble s'accoupler ; enfin, le mouvement des lignes continues et ondulantes qui parcourent Femme au panier(suit page 40) (suit de la page 39) et coq rouge (1947) scel-
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le l'union entre les plumes d'un coq géant et la robe de la femme qui l'accompagne. Derrière l'image d'une nature luxuriante et ingouvernable, ces contes cachent une figure féminine fière, déterminée et indépendante comme la jeune Baya.
Baya Mahieddine (arabe : باية محي الدين) ou Fatima Haddad (arabe : فاطمة حداد, née à Bordj El Kiffan le 12 décembre 1931 ; décédée le 9 novembre 1998)[1]était une artiste algérienne.
Bien qu’elle ne se soit pas identifiée comme appartenant à un genre artistique particulier, les critiques ont classé ses peintures comme étant surréalistes, primitives, naïves et modernes.
Ses œuvres sont principalement des peintures, bien qu’elle ait également fait de la poterie, le tout en totale autodidaxie.
À l’âge de seize ans, Baya expose pour la première fois à Paris, où elle est remarquée par des artistes renommés tels que Picasso et André Breton.
Ses œuvres ont été présentées dans diverses expositions en France et en Algérie, et ont figuré sur des timbres-poste algériens.
Née en 1931 à Fort de l’eau (aujourd’hui Bordj El Kiffan), à l’âge de cinq ans, ses deux parents sont décédés et c’est sa grandmère qui l’élève.
À l’âge de onze ans, Marguerite Caminat, une Française résidant à Alger, devient la protectrice
de Baya.
Si certaines sources présentent Marguerite comme la “protectrice” de Baya, d’autres affirment que Baya était chargée de s’acquitter des tâches ménagères, à l’instar d’une servante.
Marguerite lui fournit une résidence, du matériel artistique et des mots de soutien pour son art.
En 1947, Marguerite, qui jouit de bonnes relations dans les milieux littéraires et artistiques, reçoit la visite du marchand d’art français Aimé Maeght qui, plus tard dans l’année, présente les œuvres de Baya lors d’une exposition individuelle dans sa galerie.
André Breton rédige la préface du catalogue de l’exposition de Baya.
Après son séjour à Paris, Baya passe du temps à Vallauris, où elle travaille la poterie et rencontre Picasso, qui est très impressionné par son travail.
Baya retourne en Algérie et, en 1953, elle épouse El Hadj Mahfoud Mahieddine, un célèbre musicien, dans le cadre d’un mariage arrangé.
Elle ne peint pas de 1953 à 1963, période qui coïncide avec la guerre d’Algérie.
En 1963, elle reprend la peinture et expose ses œuvres nouvelles et anciennes à Alger et à Paris, jusqu’à sa mort le 9 novembre 1998.
Dans ses gouaches dominées par des couleurs vives, elle peint souvent des silhouettes de femmes et leurs vêtements, des ceintures et des voiles, des figures de la mère énigmatique et différents objets domestiques. Les objets qui entourent ces fem-
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mes sont dépourvus de toute ombre. Les œuvres de Baya semblent en grande partie reconstituer une communauté de femmes vibrante et joyeuse .Les couleurs vives et les contours sinueux des figures de ses gouaches offrent des représentations uniques de la flore et de la faune, et représentent des animaux inhabituels tels que des lapins volants et des oiseaux de la taille d’un chameau qui pourraient émerger des histoires de Shéhérazade, tirées des contes arabes des “Mille et une nuits”.
Les couleurs vives et les figures étranges de ses œuvres révèlent des qualités surréalistes et oniriques, qui ont inspiré des artistes tels que Georges Braque et Pablo Picasso. André Breton a défini son travail comme étant du surréalisme, et ce point de vue a été largement partagé pendant longtemps. L’accueil enthousiaste de Breton et son éloge de Baya et de son œuvre sont exprimés dans son essai de 1947 intitulé “Baya” : “Je ne parle pas, comme d’autres l’ont fait, pour déplorer une fin, mais plutôt pour promouvoir un commencement, et à ce commencement, Baya est reine.
Le début d’une ère d’émancipation et de concorde, en rupture radicale avec l’ère précédente, dont l’un des principaux leviers pour l’homme pouvait être l’imprégnation systématique et toujours croissante de la nature.
Les prémices de cette ère se trouvent chez Charles Fourier, le nouvel élan vient d’être donné par Malcolm
de Chazal.
Mais pour la fusée qui lance la nouvelle ère, je propose le nom de Baya. Baya, dont la mission est de revigorer le sens de ces beaux mots nostalgiques : Arabie heureuse. Baya tient et ravive le rameau d’or”.
La galerie Elmarsa à Dubaï a le plaisir de présenter l’exposition de l’œuvre de l’artiste algérienne autodidacte Baya Mahieddine connue sous le nom de Baya. Présentée à l’avenue Alserkal, l’exposition Baya Mahieddine (1931-1998) comprend une quinzaine de peintures à la gouache qui mettent en lumière la carrière révolutionnaire de Baya en tant que femme artiste algérienne la plus célèbre. Cette deuxième exposition de l’artiste organisée par la galerie attire l’attention sur l’influence profonde de Baya sur les mouvements artistiques post-coloniaux nord-africains au milieu du vingtième siècle et au-delà. Avec des artistes comme M’Hamed Issiakhem (1928-1985), Abdelkader Guermaz (1919-1996), Mohammed Khadda (1930-1991), Baya compte parmi les artistes les plus importants et les plus influents de l’art moderne algérien et, comme Frida Kahlo, elle a souvent été associée au mouvement surréaliste. Son œuvre onirique, riche en symboles et en ornements, est clairement influencée par son héritage culturel algérien. Auteurs divers
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e marché de l’art atteint des records : en 2021, les ventes aux enchères d’œuvres d’art ont dépassé les 17 milliards de dollars.
Mais les artistes n’ont pas attendu la capitalisation de leurs créations pour s’emparer du sujet de l’argent.
L’exposition “L’argent dans l’art”, visible à la Monnaie de Paris jusqu’au 24 septembre 2023, décrypte les relations entre histoire de l’Art et argent depuis l’Antiquité, à travers 150 œuvres.
Le commissaire de l’exposition, Jean-Michel Bouhours, conservateur et historien de l’art, explique comment l’argent a toujours inspiré les artistes, mais aussi a influencé, au fil du temps, les pratiques créatives.
À quel moment l’argent est-il devenu un sujet dans l’Histoire de l’Art ? Dès l’Antiquité, on trouve des objets d’art et des poteries comportant des représentations de monnaie ou même de pluie d’or.
Sur une coupe datant du Ve siècle avant Jésus-Christ, on peut remarquer, dans une scène amoureuse, un échange d’argent.
L’argent est quelque chose d’important : on l’utilise tous les jours, on en a sur soi, on travaille pour l’obtenir.
Socialement, il s’agit de quelque chose au centre de tout depuis le début
des relations humaines, d’un élément de la vie requis au quotidien.
De quelles manières les artistes représentent-ils l’argent ?
Jusqu’au XIXe siècle inclus, l’argent est représenté sous forme de pièces de monnaie, dans le cadre d’échanges commerciaux ou quand sont peints des métiers qui y sont liés.
Très souvent, on retrouve la figure du changeur, celui qui change les monnaies et qui en vit.
Ce commerce-là va être condamné très tôt par la Bible, donc on ne le retrouvera jamais dans la sphère catholique, mais plutôt chez les artistes protestants, dans la peinture hollandaise des XVIe et XVIIe siècles représentant des scènes commerciales ou d’échanges d’argent.
Beaucoup plus récemment, à partir du début du XXe siècle, le matériau monétaire est lui-même utilisé pour créer des œuvres d’art.
C’est le cas dans certains collages dadaïstes ou surréalistes : on y voit des billets de banque, des frottages de pièces, des chèques, des cartes bancaires. Chez Franck Scurti, la puce d’une carte bancaire est même reproduite sous forme de vitrail.
Plus généralement, comment la richesse et les écarts entre riches et pauvres sont-ils représentés ?
Au travers des siècles, les grandes inégalités sociales sont reproduites.
Le choc de représentation est assez fort, notamment par exemple chez Jean-François Millet, avec ses gla-
PALAZZI 42 VENEZIA L’exposition “L’argent dans l’Art” visible à la Monnaie de Paris jusqu’au 24 septembre prochain, couvre 20 siècles de rapports d’influences réciproques entre histoire de l’Art et argent. Un thème qui inspire les artistes depuis toujours, mais qui modifie aussi leurs rapports à la création. Monnaie de Paris 11, Quai de Conti75006 PARIS Tel.: +33 1 40 46 55 00 www.monnaie deparis.com
neuses, mais aussi chez Jules Breton. Ce sont des peintres du XIXe siècle qui pointent la question d’une classe sociale en train de disparaître, sur le point de rejoindre le prolétariat des villes, avec le développement de la révolution industrielle.
Au moment où ces populations sont encore dans les campagnes, les glaneuses récupèrent les quelques grains de blé laissés par les fermiers, pour ne pas mourir de faim.
Des glaneuses (souvent nommé Les glaneuses) est une peinture à l’huile sur toile de Jean-François Millet, réalisée en 1857 et conservée au musée d’Orsay. Les représentations de l’argent et de la richesse sont-elles nécessairement des critiques ?
Il y a évidemment une dimension critique qui est loin d’être négligeable, et même très importante. Marcel Duchamp, par exemple, était très opposé à la question de l’argent.
Selon lui, l’artiste se perdait à cause du marché de l’art : ses œuvres se dispersaient, tout comme son nom, dans différents coins du globe.
Mais il existe aussi une part d’anti-critique, qui est au contraire une sorte de d’abandon, de la part de certains artistes, de tout complexe vis-à-vis de l’argent. Andy Warhol est la figure emblématique de ce mouvement.
Pour lui, faire de l’art, c’est faire de l’argent. C’est quelque chose qui était déjà en germe chez Salvador Dali, surnommé “Avida Dollars”.
À lire aussi : Marcel Duchamp : “L’art est un produit
L’ART & L’ARGFENT A LA MONNAIE DE PARIS
comme les haricots. On achète de l’art comme on achète des spaghettis.”
Outre les représentations visuelles, l’argent et l’avènement du capitalisme financier influencent également l’histoire de l’Art toute entière.
Comment cela se traduit-il ?
À la fin du XIXe siècle apparaît une nouvelle théorie économique qui récuse la valeur du travail, pour l’établir sur la rareté et le désir du consommateur.
C’est un concept complètement nouveau, mais qui résonne avec ce qui se passe dans le domaine de l’histoire de l’Art : la valeur des œuvres est alors fixée par la critique, et par leur popularité.
Il s’agit de la naissance du marché de l’art tel qu’on le connaît aujourd’hui, fondé non plus sur le travail, mais sur quelque chose de beaucoup plus irrationnel : le désir et les moyens de communication.
À l’époque, Paul Durand-Ruel, un marchand d’art, comprend ce qui est en train de se passer et s’appuie sur le crédit des banques de manière à acheter des stocks d’œuvres à des artistes impressionnistes n’ayant pas encore une grande cote, pour pouvoir ensuite les revendre.
Il fait également appel à des critiques pour faire valoir ses artistes auprès de la presse et faire enfler (suit page 44)
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(suit de ola page 43) leur reconnaissance.
En fait, toutes les méthodes modernes que l’on connaît aujourd’hui se mettent en place autour de l’impressionnisme. Quelle influence ce changement a-t-il sur la création ?
La mondialisation a modifié les pratiques artistiques.
Les grands artistes sont devenus des vedettes, aussi bien sur la scène new-yorkaise, parisienne, hongkongaise ou tokyoïte.
Cela a provoqué des changements en terme de production d’œuvres: puisque la demande est plus forte, l’offre doit suivre.
Le peintre n’est plus seul dans son atelier, nous sommes entrés dans des structures industrielles.
Les technologies numériques peuvent-elles être perçues comme une nouvelle étape dans la marchandisation de l’art?
Les NFT ne représentent pas une évolution artistique, mais surtout une révolution en termes de commercialisation de l’art.
Ils concernent principalement des œuvres digitales qui, a priori, n’ont plus l’aura de l’objet unique, puisqu’elles sont reproductibles.
La crypto-monnaie provoque la création d’une nouvelle économie de l’art, et les notions d’œuvres et d’artistes deviennent plus floues.
https://www.radiofrance.fr/
n écho à « L’Argent dans l’art », Radio France a souhaité s’associer à la Monnaie de Paris à travers son exposition « Money Money Monnaie », qui met en lumière les rapports complexes entre l’argent et la musique. À la fois source d’inspiration artistique et contrainte matérielle, l’argent n’a jamais occupé de place aussi équivoque qu’aujourd’hui au sein du secteur musical. Parmi l’ensemble des champs artistiques, la musique est sans doute l’un des plus impactés par les bouleversements numériques actuels.
Son économie s’en est vue radicalement transformée, en même temps que les usages de l’écoute musicale évoluent.
La montée en puissance du streaming a remis en question l’équilibre de l’industrie du disque ainsi que celle des concerts et de la radio, appelant ainsi un renouvellement de notre façon de créer la musique.
Du 20 mars au 10 mai 2023, la Maison de la Radio et de la Musique vous invite à découvrir dans ses murs l’histoire de cette relation complexe, au travers de quelques albums emblématiques – Money for Nothing des Dire Straits, Argent trop Cher de Téléphone ou encore Money des Pink Floyd dont nous fêtons les 50 ans cette année – et d’une playlist thématique tirés de son fonds discographique riche de plus de 1.6 million de références musicales.
Du 20 Mars au 10 Mai 2023
Maison de la Radio et de l Musique
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Photo transavanguardia
e temps en temps, une technologie révolutionnaire semble surgir spontanément de nulle part et changer notre monde.
La dynamite, la pénicilline, les appareils à rayons X et même les micro-ondes sont autant d’exemples de ces découvertes accidentelles révolutionnaires.
Cette année, il se pourrait bien que nous en ayons eu un autre. Toutefois, cette fois-ci, elle devrait non seulement révolutionner notre mode de vie, mais aussi sauver notre planète du changement climatique imminent en débloquant une technologie insaisissable : les piles au lithium-soufre.
Notre technologie de choix en matière de batteries - le lithium-ion - présente de sérieux inconvénients.
Depuis des décennies, nous sommes à la recherche de la meilleure technologie pour alimenter notre mode de vie moderne et permettre l’utilisation de technologies propres, comme les voitures électriques. Depuis le début des années 90, la technologie de batterie de prédilection est le lithium-ion.
Elles alimentent tout, des téléphones aux Teslas en passant par les installations de secours des réseaux énergétiques et même les satellites.
Bien qu’elles nous aient fait entrer dans le XXIe siècle, elles présentent de sérieux inconvénients.
Tout d’abord, les matériaux nécessaires à leur fabrication, comme le cobalt, sont généralement très nocifs pour l’environnement.
Ils détruisent de vastes écosystèmes et libèrent même
UNASCOPERTA ACCIDENTALE PUO CAMBIARE IL MONDO
des produits chimiques toxiques.
Il y a ensuite le problème du cycle de vie.
Nous exigeons de nos appareils des temps de charge plus rapides. Cela vaut pour tous les appareils, des téléphones aux voitures.
Mais, comme toute personne possédant un smartphone vous le dira, les batteries lithium-ion peuvent rapidement perdre de leur capacité si vous les chargez rapidement de manière répétée. La dégradation des batteries est un problème grave, en particulier pour les véhicules électriques. Les VE d’occasion peuvent parfois être inutilisables si la batterie est usée, ce qui coûtera une petite fortune à remplacer.
Dans l’ensemble, cela ralentit l’adoption des VE et signifie également que les déchets électroniques, qui constituent déjà un problème considérable, ne feront que s’aggraver. Il y a également un problème de densité.
Les batteries au lithium-ion sont relativement denses en énergie, mais elles restent assez lourdes, grandes et encombrantes.
Cela limite l’autonomie des voitures électriques en raison du poids des batteries et rend ces dernières irréalisables pour certaines applications, comme les avions et les navires électriques commerciaux.
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Les batteries lithium-ion posent même un problème d’incendie, car une cellule endommagée peut s’enflammer spontanément et brûler intensément. Il suffit de regarder ce qui s’est passé avec certains anciens téléphones de Samsung (Note 7) et avec le Rimac EV que Richard Hammond a fait s’écraser.
C’est pourquoi les scientifiques de Drexel se sont penchés sur un tout nouveau type de batterie, appelé lithium-soufre.
À première vue, le lithium-soufre semble résoudre tous les problèmes du lithium-ion.
Il utilise des matériaux beaucoup moins nocifs pour l’environnement, peut être moins cher à produire, peut être jusqu’à trois fois plus dense en énergie (ce qui signifie une batterie plus légère) et est beaucoup moins susceptible de s’enflammer. Tout cela sans compromettre la vitesse de charge.
Alors, où est le problème? Pourquoi ne les avons-nous pas déjà ? Eh bien, il y a un énorme problème.
Alors qu’une batterie lithium-ion peut être utilisée pendant environ 2 000 cycles de charge, la durée de vie d’une batterie lithium-soufre est généralement limitée à la moitié de cette durée.
Ainsi, après un an ou deux d’utilisation correcte, une batterie lithium-soufre est pratiquement morte. Pour résoudre ce
problème, l’équipe de Drexel a essayé de nouvelles approches du lithium-soufre, en modifiant les composés de la cathode de la batterie. Leur objectif était de ralentir la réaction chimique qui crée des polysulfures lorsque la batterie se charge et se décharge.
Ces cristaux éliminent effectivement le soufre de l’électrode et provoquent finalement une perte massive de capacité.
En les ralentissant, on pourrait prolonger la durée de vie de ces batteries à haute densité énergétique. Mais ce qu’ils ont trouvé à la place était quelque chose d’incroyable : une phase chimique du soufre qui arrête pratiquement la dégradation de la batterie ! Ils ont été tellement choqués par cette découverte qu’ils ont dû s’y reprendre à 100 fois pour s’assurer qu’ils n’avaient pas mal lu. Cette phase chimique est connue sous le nom de soufre gamma monoclinique, mais elle n’avait jamais été observée en laboratoire qu’à des températures élevées - jusqu’à 95 °C (203 °F). C’est la première fois qu’elle est observée à température ambiante. Dans la batterie, cette phase arrête complètement la réaction qui crée les polysulfures. L’efficacité est telle que les scientifiques ont soumis la batterie à 4 000 cycles de charge sans baisse de capacité, ce qui signifie qu’elle dure au moins deux fois plus longtemps que le lithium-ion.
Il convient également de noter que leur batterie était trois fois plus dense en énergie que le li-
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thium-ion et qu’elle se chargeait aussi rapidement ! Ces batteries pèseront un tiers des batteries lithium-ion équivalentes et auront une durée de vie deux fois plus longue. Dire qu’il s’agit d’une découverte remarquable est un euphémisme.
Mais cette nouvelle phase du soufre présente également d’autres avantages, comme la réduction de l’expansion de la batterie et l’augmentation des marges de sécurité.
En d’autres termes, cette batterie présente toutes les caractéristiques de la batterie de masse ultime, et ces scientifiques l’ont trouvée par pur hasard. Comme pour la plupart des découvertes accidentelles, les scientifiques n’ont pas encore compris ce qui se passe réellement.
Ils ne savent toujours pas pourquoi cette phase de soufre est créée ni comment s’assurer qu’elle le reste. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour répondre à ces questions afin de mettre au point une batterie fiable qui pourra être utilisée dans des milliards d’ordinateurs, de voitures électriques, etc. Mais l’attente en vaudra la peine, car ces batteries pèseront un tiers des batteries lithium-ion équivalentes et auront une durée de vie deux fois plus longue ! Les vols court-courriers, les cargos et les ferries de passagers disposeront d’une technologie qui leur permettra de passer au tout électrique. Cela signifie que des véhicules électriques beaucoup plus rapides et efficaces, d’une autonomie de plusieu-
https://www.freethink.com/
rs milliers de kilomètres, seront commercialement viables à un coût similaire à celui des véhicules électriques d’aujourd’hui.
Qui plus est, ils seront encore utiles dans dix ans, ce qui réduira considérablement les déchets et augmentera le taux d’adoption des VE.
Le gain de poids, la longue durée de vie et le prix compétitif permettront à ces secteurs d’atteindre enfin leurs objectifs de réduction des émissions de carbone.
En bref, les piles au lithium-soufre pourraient permettre à un grand nombre d’activités de devenir électriques, rendant l’objectif d’émissions nettes nulles beaucoup plus réalisable.
Le lithium, le soufre et les autres matériaux qui entrent dans la composition de cette nouvelle batterie sont abondants sur toute la planète. Cela signifie que nous pouvons réduire considérablement l’impact écologique de l’exploitation minière et garantir une chaîne d’approvisionnement plus solide. Cette découverte accidentelle de Drexel devrait révolutionner l’utilisation de l’énergie dans le monde et aider l’humanité à évoluer vers une société plus propre et neutre en carbone. Il ne reste plus qu’à espérer que l’équipe de Drexel pourra bientôt faire sortir cette technologie du laboratoire et la mettre entre nos mains.
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