Palazzi A Venezia n. 10 Octobre 2019

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Phot Venezianenws

Francis Bacon George Baselitz Carole Bellaiche Biennale d’Issy PALAZZI A VENEZIA Nelly Bly Publication périodique Henri Cartier Bresson La Chine d’Arts et de culture urbaine Alexandra David Neel de l’association homonyme Laurence Dugas-Fermon régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : Hélène Lagnieu en cours El Greco Distribution postale/digitale Hans Hartung Président Toulouse Lautrec Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Ada Lovelace Correspondance Aki Kuroda palazziavenezia@gmail.com La Casa Mediterranea https://www.facebook.com/ Piet Mondrian Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ Museo Arte Gallarate channels/palazziavenezia Marc Perez Charlotte Perriand Simone Piciotto Regard croisés A.Stein A, Beck Sea & Sun : Marina Trentième Année / Zineb Sedira numéro 10 Octobre 2019 Prix au numéro 5 euros Kiki Smith Abonnement annuel 50 euros Galerie Laura Vinci Abonnement de soutien 500 euros


Gaëlle Hintzy-Marcel, sculpteur Carole Jury, peintre abstraite Isa Sator, peintre figurative Rachel Scharly, photographe Fondé au cœur de la côte est des États-Unis, le groupe Women Artists est né de l’amitié de femmes artistes françaises qui souhaitaient partager leur propre art à travers des expositions d’art et offrir aux visiteurs une expérience artistique immersive. L’idée est d’organiser des expositions d’art à travers le monde. Pour atteindre ces objectifs, ils ont signé des partenariats avec des conservateurs d’art professionnels. La première exposition, en mai 2019, s’est déroulée dans un lieu prestigieux à Paris et a été un succès. La prochaine, en octobre 2019, aura lieu à New Hope, en Pennsylvanie, lieu réputé pour les beaux-arts et New York. De nombreux autres projets sont en cours de réalisation! GallerydesArtistes 20W, Bridge Street 69, Bridge Street NEWHOPE PA 18938 NEWYORK NY 10002 OCTOBER 5th-22th 2019 OCTOBER 24th-25th 2019 2pm - 9pm 2pm - 9pm 20 West Bridge Street 18938, New Hope United States gallerydesartistes@gmail.com (917) 328-7978

4 rue de Saintonge 75003 Paris France https://www.galeriejpht.com/ 06 08 25 45 97

PALAZZI 2 VENEZIA

Tantôt en anglais, tantôt en français, langue qu’il parlait bien, le peintre expliquait la difficulté de définir la peinture. Il disait la nécessité de représenter sans illustrer depuis l’invention de la photographie. Il évoquait la liberté dans les esquisses de Seurat et dans les autoportraits de Rembrandt. Il expliquait pourquoi Picasso était, selon lui, le seul grand peintre surréaliste. Il analysait le style des peintures de Marcel Duchamp. “Il faut que la présence ne soit pas abstraite. Par exemple la chose la plus difficile à faire en ce moment c’est le portrait. A cause de ça c’est presque impossible à faire. Je vais continuer à essayer.” Francis Bacon commente la visite de son exposition au musée Cantini de Marseille, en lançant une mise en garde, “on ne peut pas expliquer la peinture. Il y a des images qu’on peut interpréter, chaque personne peut les interpréter comme il veut. Moi, je ne les interprète jamais. Mes tableaux je ne les interprète pas mais je n’interprète pas les tableaux des autres, même je ne sais pas interpréter Rembrandt. Parce que l’art plastique c’est un côté du système nerveux qui parle tout de suite sans interprétation”. Il évoquait Mallarmé pour exprimer sa tentative de représenter les choses. Il terminait cet entretien en revenant sur le caractère solitaire et individuel de la création picturale. Il évoquait sa prochaine exposition à New York. Francis Bacon meurt en 1992 lors d’un voyage à Madrid.

Photo Centre George Pompidou

WOMEN ARTISTS ART EXHIBITION

e numéro de rentrée, un an après la résurrection du titre, juste à temps pour fêter sa trentième année, a du mal à suivre l’actualité artistique, musicale ou même gastronomique du moment. Au départ, 24 pages paraissaient difficiles à remplir tous les mois; en fait il en faut plus et même en rajoutant des pages, nous sommes obligés d’effectuer un choix. Choix très subjectif, je vous le concède, en espérant que vous saurez éventuellement combler les oublis de certaines manifestations très prestigieuses dont nous estimons n’avoir pas besoin de voler à leur secours. Une situation domine actuellement l’actualité et, aussi bien en France qu’en Italie mais dans bien d’autres pays aussi, vous l’aurez remarqué, le Gretabashing, fait rage. On lui trouve tout et son contraire, déjà c’est une femme, pire une fille et il serait fastidieux de reporter ici les appréciations plus ou moins bénévoles qui prolifèrent à son sujet, reportez vous à vos quotidiens, mensuels, chaines de télé, etcetera, vous ne serz pas déçus. Ce qui m’intéresse ici de souligner c’est que, souvent, une simple volonté personnelle qui soutien d’une idée, suffit à changer le monde ou en tout cas son propre monde et celui de son entourage; vous trouverez d’ailleurs, dans ce numéro, quelques exemples où, comme par hasard, il s’agit de fortes femmes. Ainsi l’Art, dans toutes ses expressions, est le domaine dans lequel, plus que dans tout autre d’ailleurs, sa propre idée, sa propre volonté, peuvent se manifester, souvent à l’aide de moyens très limités si ce n’est avec pas de moyens du tout. Voilà la bonne nouvelle, la mauvaise est que le monde dans lequel nous vivons et évoluons est un monde qui est capable de nous enseigner le passé et comment s’y comporter mais il est incapable de nous apprendre le futur qui, en ces derniers temps, nous apparait bien menaçant. Pourtant déjà au début des années soixante-dix, je me souviens qu’un mensuel, au titre pas très alléchant de “La gueule ouverte” édité par les mêmes que Charlie Hebdo, ex Hebdo HaraKiri (interdit à cause d’une couverture au sujet d’un Bal tragique à Colombey les deux Églises) nous alertait sur les dangers, qui commençaient à être visibles du “progrès”, de la consommation effrénée, des méfaits du pétrole, de l’accumulation des déchets de toutes sortes, les déchets nucléaires en premier. Pourtant, par la suite des divers Greenpeace,WWF, Save the Planet et d’autres organisations de défense de l’environnement et de propositions de changement de mode de vie et de société, aucun n’a fait l’objet d’une telle acrimonie, souvent mensongère et fallacieuse, comme celle qu’a suscitée une jeune fille de 16 ans, assise avec une pancarte devant le Parlement suédois et dernièrement, à la tribune de l’O.N.U. Jalousie sans doute ? Maintenant, de très nombreux scientifiques, nous annoncent la fin du monde, c’est à dire l’extension de l’espèce humaine, non plus pour 2100 mais pour 2050 et même pour 2030. Si on l’en juge par la virulence du Gretabashing, cela doit être de plus en plus probable et la plupart de ces “haeters” n’ont absolument pas envie de changer de mode de vie. Heureusement, il nous reste l’Art pour nous consoler et peut-être nous aider à ne pas nous retrouver en première ligne all ‘occasion du spectacle forcement grandiose de la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. Bonne rentrée. Vittorio E. Pisu

FRANCIS BACON BACON EN TOUTES LETTRES du 11 septembre 2019 au 20 janvier 2020 Centre George Pompidou Galerie 2 Niveau 6 accès rue Beabourg 75004 Paris Métro : Rambuteau, Hôtel de Ville , Châtelet RER : Châtelet Les Halles

Bus : 29, 38, 47, 75

rancis Bacon est né en 1909 à Dublin d’un père entraîneur de chevaux de course et d’une mère héritière d’une famille d’industriels. Enfant maladif souffrant d’asthme, maltraité par son père qui le rejette d’autant plus quand son homosexualité est révélée, Francis Bacon quitte la maison familiale dès l’âge de seize ans. Il devient décorateur tout en peignant des toiles d’influence surréaliste. Sa première exposition personnelle en 1934 ne reçoit pas un grand écho, il faut attendre 1945 et le scandale provoqué par la violence de son triptyque “Trois études pour des personnages au pied d’une crucifixion” pour que ses toiles soient remarquées et achetées par des musées. En 1957, se tient sa première exposition à Paris et en 1962

il expose à la Tate Gallery de Londres. La forme de triptyque devient son mode d’expression favori, de même qu’il produit souvent ses œuvres sous forme de séries autour de thèmes comme la crucifixion, l’autoportrait, ou bien des modèles d’amis (George Dyer, Isabel Rawsthorne). Ces corps ou visages sont toujours représentés d’une façon mutilée, torturée, difforme comme déchirée mais sans verser dans l’abstraction. En 1975 Francis Bacon donnait une série d’entretiens à France Culture, au micro de Michel Couturier. Il évoquait longuement sa pratique de peintre. Ces entretiens sont rediffusés dans leur intégralité. En 1975, Michel Couturier avait enregistré un long entretien avec le peintre Francis Bacon. .

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Photo Carole Bellaiche

Photo Frédèrixc Lahon-Artillayre

eorg Baselitz est né le 23 janvier 1938 sous le nom de Hans-Georg Kern à Deutschbaselitz (Saxe), sous le troisième Reich dans ce qui deviendra par la suite l’Allemagne de l’Est ou RDA à partir de 1949. Il travaille comme assistant avec le photographe de nature Helmut Drechsler pour d’occasionnelles «photographies ornithologiques ». Vers 15 ans, il peint des portraits, des sujets religieux, des natures mortes et des paysages, dont certains avec un style futuriste. En 1956, il passe l’examen d’entrée de la Forstschule de Taranth pour y être garde-forestier, et est simultanément admis à la Hochschule für bildende und angewandte Kunst (école des arts plastiques et des arts appliqués) de Berlin-Weißensee à Berlin-Est. En 1957, il est admis à la Hochschule der Künste (école des beaux-arts) de Charlottenburg de BerlinOuest et poursuit ses études dans la classe de Hann Trier. En 1958, Baselitz s’installe à Berlin-Ouest, fuyant Berlin-Est. En 1963 a lieu la première exposition personnelle de Baselitz à la galerie Werner & Katz, à Berlin, qui donne lieu à un scandale pour atteintes à l’ordre public, deux des œuvres, Die große Nacht im Eimer (La grande nuit dans le seau), et Der nackte Mann (L’Homme nu) sont saisies par un huissier. En 1964, série des « Idoles». Il expose Obéron

GEORGE BASELITZ

au premier “ Orthodoxer Salon” de Michael Werner. En 1965 à Florence, il réalise la série : les Tierstücke (Bouts d’animaux). Première exposition à la galerie Friedrich & Dahlem de Munich. À son retour, il travaille sur la série des Héros, qui inclut une composition de grand format, Die großen Freunde (Les grands amis). Avec ses premières gravures sur bois, il réalise une série de peintures vertes aux motifs ruraux, les Frakturbilder (Images fracturées), qu’il poursuivra jusqu’en 1969. En 1969, il prend “Wermsdorfer Wald” de Louis-Ferdinand von Rayski pour modèle, et il en répète le motif tête en

bas. Ce retournement du tableau, un portrait figuratif par exemple mis à l’envers du sens de lecture devient le signe de sa peinture, son identité. Sa peinture sera toujours présentée ainsi dorénavant.Unis... En 2013-14, une rétrospective de son œuvre sculpté a lieu au Musée d’art moderne de la ville de Paris. En 2017, son “ouvrier pensant” Volk Ding Zero est placé à côté du plâtre original du Penseur de Rodin, pour l’exposition du centenaire Rodin au Grand Palais de Paris. Apres la Gallerie de l’Accademia a Venezia voici un’importante exposition à la Galerie Thaddaeus Ropa à Pantin.

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GEORGE BASELITZ

TIME

VOYAGE EN IMAGES AVEC ISABELLE HUPPERT par Carole Bellaiche

texte de Alain Bergala Editions de la Martinière

DU 15 SEPTEMBRE 2019 AU 25 JANVIER 2020

5 Octobre 2019

GALERIE THADDAEUS ROPAC 69, AVENUE DU GÉNÉRAL LECLERC FR-93500 PANTIN

Signature avec Carole Bellaiche

OPENING HOURS TUESDAY - SATURDAY 10AM - 7PM CAFÉ BLEU 10.30AM - 6.30PM TEL +33 (0)1 55 89 01 10 PARIS.PANTIN@ROPAC.NET

de 16 à 18 heures

La Nouvelle Chambre Claire 3 rue d’Arras 75005 Paris Tél. 01 42 01 37 36

sabelle Huppert adore être photo-graphiée. Elle se glisse dans une séance photo, elle s’abandonne... On dirait qu’elle se délecte à être photographiée, ce qui est très agréable pour le photographe. Elle a envie que l’on prenne des choses d’elle. C’est une attitude presque étrange. Les journées passées avec Isabelle Huppert pourraient ne pas se terminer, si à un moment donné, épuisé, on ne dit pas : là, je ne peux plus, j’ai besoin de m’arrêter! Elle, elle n’est jamais fatiguée. Il est vrai que j’ai fait beaucoup de photos avec elle... Elle a vraiment l’aura de la star, la perfection des traits, elle prend la lumière d’une certaine façon... Moi, je l’a compare souvent

à Garbo. Mais il ne faut pas simplement se retrouver en face d’elle et la photographier. Il faut la surprendre ! Pour moi, comme j’ai fait tellement de photos avec elle, c’est assez difficile... Sinon, j’ai aimé photographier par exemple Catherine Deneuve, actrice qui me faisait rêver quand j’étais petite fille ! Je l’ai photographiée il n’y a pas longtemps. J’ai rencontré une femme très belle, intelligente qui voulait partager quelque chose et qui a senti que je l’aimais aussi. Je pense qu’il faut montrer aux gens qu’on les aime. Après, ils donnent en échange. Voilà pourquoi la séance avec Deneuve a été réussie.» Carole Bellaiche

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Alors que le musée du Cinéma de Turin expose 140 de ses photographies, Carole Bellaïche, photographe entre autres pour Les Cahiers du cinéma, revient sur 30 années d’un travail consacré principalement aux portraits d’actrices. Dans l’intimité des séances photos (avec Jeanne Balibar, Isabelle Carré, Dominique Blanc, Ludivine Sagnier, Sylvie Testud...) ou en commentant des clichés plus anciens, Carole Bellaïche nous fait découvrir son œuvre. Aidée par Dominique Issermann qu’elle a rencontrée quand elle était encore adolescente, Carole Bellaïche a, depuis, immortalisé les grandes figures du cinéma : acteurs (Piccoli, Garrel, Cassel..), cinéastes(Godard, Lynch, Rohmer) et surtout actrices(Deneuve, Binoche, Rampling). “Les actrices sont des modèles idéaux pour un photographe, elles sont prêtes à tout, à se transformer, à changer leur image”, dit-elle. “Le côté complice et ludique est plus facile avec les femmes, on n’est pas dans un rapport de séduction.” Jane Birkin ne la contredit pas : “C’est un exhibitionnisme devant quelqu’un qui vous regarde tendrement.” Une grande complicité l’unit à Isabelle Huppert depuis 1994, devenue son “personnage principal”, prête à la suivre dans n’importe quelle aventure photographique. Elle revient aussi sur des séries plus anciennes, les acteurs au musée, lieu qu’elle apprécie pour sa lumière, ou les passants sur les ponts, silhouettes anonymes se détachant sur le ciel de Paris. Caroline Terrée


Photo Library of Congress / Collection Corbis Historic - Getty

Photo Biennale d’Issy

es photos réalisées par David Lynch qui a été élève des Beaux-arts avant d’être cinéaste - voisinent une peinture de Thibault LagetRo mettant en avant la crise des migrants. Sculptures, vidéos, peintures ou encore broderies, la biennale d’Issy, qui démarre ce mercredi, présente au musée de la carte à jouer des œuvres de toutes formes et de toutes matières autour du portrait. En plus des artistes déjà connus et reconnus, vingt artistes ont été sélectionnés par un jury en janvier dernier après dépôt de leur candidature. « Cela nous permet de lancer des jeunes, parfois qui sortent tout juste des Beaux-arts », explique Chantal Mennesson, commissaire de la biennale. Et parfois de repérer des pépites. « Par exemple, en 2007, nous avions sélectionné une artiste nommée Prune dont nous ne savions rien et qui avait réalisé un bébé avec des pattes de chien, reprend la commissaire. Tout le monde nous est tombé dessus. Depuis, elle est mondialement connue!» Prune Nourry s’est en effet fait un nom et a exposé il y a deux ans au musée Guimet à Paris. Le fil rouge des portraits présentés cette année : ils dégagent des émotions ou témoignent d’un engagement politique. « Cela correspond à l’époque et au thème du selfie de l’âme, décrypte Chantal Mennesson. Certaines œuvres décrivent des enfances douloureuses, la crise des migrants ou sont engagées

BIENNALE D’ISSY NELLIE BLY sur les thématiques environnementales d’aujourd’hui. » A l’instar des humains en bois brûlés de Christian Lapie, présents en extérieur. La biennale se donne plusieurs missions : faire émerger de nouveaux talents et faire découvrir l’art aux enfants. 90 écoles sont attendues pendant les deux mois de l’installation, essentiellement des classes de maternelle et d’élémentaire d’Issy-lesMoulineaux. Leurs visites sont accompagnées par l’un des quatre médiateurs culturels du musée. « On adapte le discours en fonction de l’âge des enfants. Mais c’est assez facile de les intéresser à tout, décrit Bathilde, l’une des médiatrices culturelles du musée. Par exemple à travers ce portrait réalisé par Benoit

Fournier d’une chaman d’Amazonie imprimée sur une feuille d’arbre, l’image apparaissant naturellement sous l’effet de la lumière par réaction de la chlorophylle aux rayons UV. Ou encore ces portraits sur des canettes écrasées. » Deux œuvres, des photographies d’ORLAN, sont en réalité augmentée. Il suffit de scanner la photo avec son téléphone ou une tablette pour voir apparaître l’artiste et pouvoir intégrer son propre portrait à l’œuvre. « Il nous faut du wi-fi pour les tablettes du musée parce que ça va plaire aux élèves » s’amuse l’une des médiatrices culturelles. Des œuvres sont également en accès libre à la médiathèque du centre-ville et à l’école de formation des barreaux. Estelle Dautry

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Portraits Contemporains : Selfies de l’âme ?

11 septembre 2019 10 novembre 2019 MUSÉE DE LA CARTE À JOUER 16 rue Auguste Gervais ISSY LES MOULINEAUX MÉDIATHÈQUE CENTRE-VILLE 33 rue du Gouv. Gén. Eboué, ISSY LES MOULINEAUX ÉCOLE DU BARREAU EFB 1 rue Pierre-Antoine Berryer ISSY LES MOULINEAUX (installation de Loïc JUGUE) http://www.biennaledissy.com

lle a fait le tour du monde en 72 jours en 1889. Son pari ? Être plus rapide que Phileas Fogg, le célèbre personnage de Jules Verne qui, lui, fit “Le Tour du Monde en 80 jours”. L’intrépide journaliste rencontra même Jules Verne en personne à cette occasion ! Lorsqu’il publiait Le Tour du Monde en 80 jours en 1872, Jules Verne pouvait-il imaginer qu’une journaliste entreprendrait de faire un tour du monde en un temps plus rapide que son personnage fictif, Phileas Fogg ? Et pourtant! C’est le défi qu’a relevé l’américaine Nellie Bly en 1889. L’histoire a cependant retenu le nom d’un héros fictif, aussi célèbre soit-il, plutôt que celui d’une femme. En utilisant bateaux, montgolfières, trains, l’intrépide journaliste a fait le tour du monde en 72 jours, 6 heures et

11 minutes en passant par Londres, Amiens, Suez, Singapour, Hong Kong ou encore, Yokohama et San Francisco. Un périple qu’elle a ellemême raconté dans son livre Le tour du monde en 72 jours. “La gare était remplie de milliers de concitoyens et, lorsque je posai enfin pied à terre, la foule cria comme un seul homme, suivie par les canons de Battery et Fort Greene qui tonnèrent en mon honneur. J’ôtai mon chapeau et criai joyeusement avec la foule, non parce que j’avais accompli mon tour du monde en soixante-douze-jours, mais parce que j’étais de nouveau parmi les miens. Seul un homme peut relever le défi !” Vraiment? L’idée est originale, voire saugrenue, pour l’époque. Et de surcroît, quand on est une femme... Lorsqu’elle propose le sujet à son rédacteur en chef, un an auparavant, le refus est sans appel : Vous n’y arriverez jamais! Vous êtes une femme, vous aurez besoin d’un protecteur, et même si vous voyagez seule, il vous faudrait tant de bagages que cela vous ralentirait. En plus, vous parlez uniquement l’anglais. Rien ne sert d’en débattre : seul un homme peut relever ce défi ! Son projet est néanmoins transmis au directeur du journal, Joseph Pulitzer (le même qui fondera en 1904 le fameux prix Pulitzer).

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Un matin de novembre, le patron du presse lui propose de débuter son tour du monde. Le 14 novembre 1889, à 9h40, Nellie Bly quitte New York à bord du paquebot Augusta Victoria, en route pour Londres. Rapidement, l’expédition devient aussi un engagement pour la cause des femmes. Dès le lendemain le 15 novembre, le New York World, qui finance l’expédition, scénarise le voyage. On peut alors lire dans le journal : Battra-t-elle le record de Phileas Fogg ? L’intrépide globetrotteuse du World a embarqué hier hier à 9h40 avec pour unique bagage une robe ! Le New York World ouvre les paris pour savoir combien de temps la journaliste mettra à faire le tour du monde. En récompense, un voyage est promis à celui qui fera l’estimation la plus proche de la réalité. De passage en France, Nellie Bly rencontre Jules Verne à Amiens, même si elle craint de prendre trop de retard dans son expédition. Le New York World profite alors de la notoriété de Verne mentionnant dans les articles “le soutien amical de Jules Verne”. Lorsque la journaliste téméraire reposa le pied en Amérique le 25 janvier 1890, le couple Verne lui adressa immédiatement ses félicitations par télégramme. Lorsqu’elle embarque pour son tour du monde,

Nellie Bly a déjà initié dans la presse américaine un nouveau journalisme. Elle s’est infiltrée dans une usine pour décrire la réalité des femmes ouvrières, puis dans un asile psychiatrique en se faisant passer pour folle. Nellie Bly sera considérée comme la première stunt-girl, littéralement une fille du coup de force. Ce sont des journalistes qui pratiquent de l’investigation en allant dans des institutions occultes, par exemple un asile psychiatrique. Toute la démarche de Nellie Bly sera de dire : “On en parle beaucoup, mais personne n’est allé y voir.” Travailler à partir du terrain et aller voir de ses propres yeux : c’est une méthode dont Nellie Bly a fait sa marque de fabrique. Un dynamisme nouveau, qui intervient dans la presse américaine en même temps que l’essor de la “Yellow Press”, la presse à sensations et à feuilleton : une dynamique qui éclaire les enjeux éditoriaux de l’époque et la l’exposition médiatique du tour de monde de Nellie Bly. Alisonne Sinard Pour finir avec des bulles de bandes dessinées et découvrir plus largement la vie de cette pionnière du journalisme d’investigation, découvrez les dessins de Pénélope Bagieu extrait du deuxième volume 2 de sa bande dessinées Les Culottés.

https://www. franceculture.fr/media


Photo House of trends & co

PhotoHenri Cartier Bresson

e 25 novembre 1948, Henri C a r t i e r B r e s s o n reçoit une commande du magazine Life pour faire un reportage sur les « derniers jours de Pékin » avant l’arrivée des troupes maoïstes. Venu pour deux semaines, il restera dix mois, principalement autour de Shanghai, assistant à la chute de la ville de Nankin tenue par le Kuomintang, puis contraint de rester à Shanghai sous contrôle communiste pendant 4 mois, et quittant la Chine quelques jours avant la proclamation de la République populaire de Chine du 1er octobre 1949. Au fil des mois, ses témoignages des modes de vie « traditionnels » et de l’instauration d’un nouvel ordre (Pékin, Hangchow, Nankin, Shanghai), produits en pleine liberté d’action, rencontrent beaucoup de succès dans Life et les meilleurs magazines internationaux d’actualité (dont Paris Match, qui vient d’être créé). Le long séjour en Chine s’avère être un moment fondateur de l’histoire du photojournalisme : ce multi-reportage intervient aux débuts de l’agence Magnum Photos, que Henri Cartier-Bresson a co-fondée dix-huit mois auparavant à New York, et apporte un nouveau style, moins événementiel, plus poétique et distancié, attentif aux personnes autant qu’aux équilibres de l’image. Un grand nombre de ces photos sont aujourd’hui encore parmi les plus célèbres du photographe

HENRI CARTIER BRESSON (telle le « Gold Rush à Shanghai »). Comme une répercussion de «Chine 19481949», Henri CartierBresson devient dès 1950 une référence majeure du « nouveau » photojournalisme et du renouveau photographique en général. Les livres “Images à la sauvette” (Verve, 1952) et “D’une Chine à l’autre” (Delpire, 1954), préfacé par Jean-Paul Sartre, confirment cette suprématie. En 1958, à l’approche du dixième anniversaire, Henri Cartier-Bresson repart à l’aventure dans des conditions toutefois opposées : contraint par l’accompagnement d’un guide pendant 4 mois, il parcourt des milliers de kilomètres, au lancement du « Grand Bond en avant»,

pour rendre compte des résultats de la Révolution et de l’industrialisation forcée des campagnes. Il réussit toutefois à montrer aussi les aspects les moins positifs, l’exploitation du labeur humain, l’emprise des milices, etc. Là encore, le reportage rencontre un succès international.

L’exposition à la Fondation HCB regroupe 114 tirages originaux de 1948-1949, 40 tirages de 1958, et de nombreux documents d’archives. Commissariat : Michel Frizot, Ying-lung Su Directrice artistique : Agnès Sire Conservatrice Collections Aude Raimbault

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Lense présente

CHINE

1948-1949|1958 Du 15 septembre 2019 au 2 février 2020 Fondation Henri Cartier-Bresson

79, RUE DES ARCHIVES 75003 PARIS téL. 01 40 61 50 50 https://www.lense.fr/

lexandra David-Néel, née Louise Eugénie Alexandrine Marie David (Saint-Mandé, 24 octobre 1868 - Digne, 8 septembre 1969), était une écrivaine et exploratrice française. Spécialement connue pour être la première femme occidentale à arriver à Lhassa en 1924, une ville interdite aux étrangers à l’époque, après huit longs mois de marche depuis le Yunnan et au travers du Tibet. Au cours de sa longue carrière de chanteuse d’opéra, d’exploratrice, de photographe, d’orientaliste et d’anthropologue, elle a écrit plus de trente livres de voyages et quelques textes sur le bouddhisme. Dès son plus jeune âge, elle manifesta son sens de la liberté et de la rébellion. Dès 1886, à l’âge de 18 ans à peine, elle quitta le domicile de ses parents à Bruxelles pour se rendre à vélo vers l’Espagne. Son voyage se poursuivit en France où elle séjourna quelque temps au

Mont-Saint-Michel. Après avoir déménagé en Angleterre, à Londres, elle s’est immergée dans l’étude des philosophies orientales, parallèlement à l’étude de la langue anglaise. Il y rencontra Agvan Dorzhiev, correspondant du treizième dalaï-lama et futur fondateur du premier temple bouddhiste en Europe. De retour à Paris, elle s’inscrit à la Société théosophique, cofondée à New York par Helena Petrovna Blavatsky en 1875, approfondissant ainsi ses études sur le bouddhisme tibétain et suivant les cours de langues orientales. Durant cette même période, elle s’inscrivit ou fréquenta de nombreuses sociétés secrètes, notamment la franc-maçonnerie (dans laquelle elle atteignit le 33ème et dernièr degré

du rite écossais ancien et accepté), des mouvements féministes et anarchistes. En 1899, elle écrivit un essai anarchiste sous le pseudonyme d’Alexandra Myrial intitulé “Pour la vie” avec la préface de l’anarchiste et géographe Élisée Reclus (qui, à Londres, l’avait mise en contact avec le groupe “Suprema Gnosi”). Cependant, l’ouvrage ne trouva aucun éditeur qui eût le courage de le publier, jusqu’à ce que son compagnon Jean Haustont décide de le publier à ses frais. Même si cela a échappé à l’attention du public, les écrits de DavidNéel se sont largement répandus dans les milieux anarchistes et ont été traduits en cinq langues, dont le russe. De 1890 à 1891, grâce à un héritage de sa grandmère maternelle, elle voyagea énormément en Inde, où elle était fasciné par la musique tibétaine et par les techniques de méditation ap-prises grâce à son professeur, Swami Bhaskarânanda. Mais l’essai et l’étude orientaliste ne suffisaient pas pour vivre et mettaient donc à profit un autre excellent cadeau: la chanson. C’est ainsi qu’elle a commencé à parcourir le monde en tant que chanteuse d’opéra, devenant également la première femme de l’opéra de Hanoi. En 1902, elle se voit proposer la direction artistique du théâtre de Tunis. Alors, avec la promesse de retourner en Asie où elle a le cœur, elle s’installe en Afrique du Nord où elle

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commence à étudier le Coran et où elle rencontre l’ingénieur des chemins de fer. Philippe Néel avec qui elle s’est mariée en 1904. Bientôt, la vie conjugale se révéla insatisfaisante pour son personnage toujours assoiffé de nouvelles et de voyages. Pour cette raison, en accord avec son mari, elle retourna en Angleterre pour apprendre en profondeur la langue anglaise, fondamental pour les études d’orientalisme, dont elle était passionnée. Après quelques mois d’études, elle est allée en Belgique rendre visite à sa mère et à la tombe de son père, pour ensuite revenir à Tunis chez son mari. De 1914 à 1916, elle a vécu comme ermite dans une grotte au Sikkim, pratiquant des exercices spirituels avec le moine tibétain Aphur Yongden, qui est devenu son compagnon de vie et d’aventure et qui a ensuite été adopté comme fils. En 1916, à Shigatse, elle rencontra le Panchen Lama qui la reconnut comme une réincarnation. Incapable de rentrer en Europe à cause de la guerre, elle est allée au Japon. Elle y rencontra Ekai Kawaguchi qui s’était rendu à Lhassa en 1901. Désireux de l’imiter, elle se rendit à Pékin. De là, déguisé en Tibétain, elle traversa la Chine en pleine guerre civile et parvint à pied à Lhassa. Après une parenthèse européenne, Alexandra est retourné en Chine en 1937 où elle est resté, en raison de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’en 1946. Elle est morte à cent un ans en Provence.


Hélène LAGNIEU

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Greco pratique un art original mais tout à fait cohérent avec sa formation. D’abord peintre d’icônes, il continue son cheminement à Venise qui lui apporte un sens de la couleur. Ensuite, il s’ouvre au maniérisme à Rome et à la monumentalité sculpturale de Michel Ange. Enfin, en s’installant en Espagne il accède à une autre intensité de la peinture. C’est donc sa trajectoire qui est originale et c’est ce qui fait son intérêt. On a souvent parlé de ses figures incandescentes, de sa palette flamboyante, mais je considère que Greco est le « bouquet final» de la Renaissance. La peinture de Greco est très spectaculaire et inventive. La scénographie de

Véronique Dolfuss, que nous avons souhaitée contemporaine et épurée, souligne à quel point l’art de Greco n’appartient pas seulement au passé mais s’adresse aussi aux hommes et aux femmes du 21e siècle. Commissaires Guillaume Kientz, commissaire, directeur des collections européennes, Kimbell Art Museum, Fort Worth ; Charlotte ChastelRousseau, commissaire associée, conservatrice des peintures espagnoles et portugaises, département des Peintures, Musée du Louvre, Paris. Rebecca Long, Patrick G. and Shirley W. Ryan Associate Curator of European Painting and Sculpture before 1750, the Art Institute of Chicago.

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GRECO 16 octobre 2019 10 février 2020 Exposition organisée par Rmn - Grand Palais Musée du Louvre Art Institute de Chicago

Grand Palais Galerie sud-est 3, avenue Wiston Churchill 75008 Paris + 33 (0)1 44 13 17 17

https://www.grandpalais.fr/

Photo Fondation Hartung Bergman

Photo Campingelgreco.es

ette rétrospective est la première grande exposition jamais consacrée en France à ce génie artistique. Né en 1541 en Crète, Domenico Theotokopoulos, dit El Greco, fait son premier apprentissage dans la tradition byzantine avant de parfaire sa formation à Venise puis à Rome. C’est cependant en Espagne que son art s’épanouit et s’implante durablement à partir de la décennie 1570. Attiré par les mirifiques promesses du chantier de l’Escorial, l’artiste importe dans la péninsule la couleur du Titien, les audaces du Tintoret et la force plastique de MichelAnge. Cette éloquente synthèse, originale mais cohérente par rapport à sa trajectoire, donne à Greco, mort quatre ans après Caravage, une place particulière dans l’histoire de la peinture: celle du dernier grand maître de la Renaissance et du premier grand peintre du Siècle d’Or. Ce sont les avant-gardes européennes qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, redécouvrent Greco, éblouis par son oeuvre à la fois fougueuse et électrique, inscrivant son nom à côté du leur dans le grand livre naissant de la modernité. L’exposition est conçue comme une rétrospective, faisant la part belle à de grandes peintures monumentales, mais aussi à des petits formats plus intimistes. Une ou deux sculptures, deux livres ayant appartenu à Greco et des dessins seront aussi présentés.

HANS HARTUNG Hans Hartung

La fabrique du geste

11 octobre 2019 01 mars 2020 Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 11 Avenue du Pr. Wilson 75116 Paris Tél. +33 1 53 67 40 00

http://www.mam.paris.fr

a dernière rétrospective dans un m u s é e français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (19041989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’oeuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction. Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver – de la montée

du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne à la précarité de l’aprèsguerre en France et à ses conséquences physiques et morales – jamais, il ne cessera de peindre. L’exposition donne à voir la grande diversité des supports, la richesse des innovations techniques et la panoplie d’outils utilisés durant six décennies de production. Hans Hartung, qui place l’expérimentation au coeur de son travail, incarne aussi une modernité sans compromis, à la dimension conceptuelle. L’exposition est construite comme une succession de séquences chronologiques sous la forme de quatre sections principales. Composée non seulement de peintures, elle

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comprend également des photographies, témoignant de cette pratique qui a accompagné l’ensemble de sa recherche artistique. Des ensembles d’oeuvres graphiques, des éditions limitées illustrées, des expérimentations sur céramique, ainsi qu’une sélection de galets peints complètent la présentation et retracent son itinéraire singulier. Afin de mettre en relief le parcours d’Hans Hartung, en même temps que son rapport à l’histoire de son temps, cette exposition propose des documents d’archives, livres, correspondances, carnets, esquisses, journal de jeunesse, catalogues, cartons d’invitations, affiches, photographies, films documentaires, etc. Figure incontournable de l’abstraction au XXe siècle, Hans Hartung ne se laisse pas pour autant circonscrire dans ce rôle de précurseur historique, car sa vision d’un art tourné vers l’avenir, vers le progrès humain et technologique, vient nous questionner aujourd’hui encore. Le parcours met en tension et en dialogue ces deux aspects complémentaires qui constituent le fil rouge de cette exposition. Un catalogue comprenant une quinzaine d’essais et une anthologie de textes est publié aux Éditions Paris Musées. Commissaire : Odile Burluraux Assistante : Julie Sissia


Photo Margaret Carpenter

Photo http://www.moreeuw.com/histoire-art

e peintre français Henri-Marie Raymond de To u l o u s e Lautrec-Monfa, plus communément appelé Henri de ToulouseLautrec, naît à Albi le 24 novembre 1864, au sein d’une famille issue de la plus ancienne noblesse provinciale. Sa mère, Adèle Tapié de Céleyran, a épousé son cousin germain Alphonse, comte de ToulouseLautrec, brillant cavalier, passionné, comme toute sa lignée, de chasse et de chevaux. Henri grandit entre le château du Bosc, situé au Nord d’Albi dans le Rouergue et le château de Céleyran, près de Narbonne. L’année 1878 est marquée par un accident qui se déroule dans le salon de sa maison natale : Henri se lève d’une chaise basse, glisse et se casse le fémur gauche ; un an après, il se fracture l’autre jambe à la suite d’une chute banale. Lautrec souffre d’une maladie osseuse d’origine congénitale probablement due au mariage consanguin de ses parents. Elle orientera définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs mois, il occupe en effet ses journées en dessinant, puis en peignant, développant un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à en faire une vocation. A partir de 1882, ToulouseLautrec complète sa formation dans les ateliers académiques

de Léon Bonnat, puis de Fernand Cormon, situés à Montmartre. Son immersion dans la vie de la Butte achève sa mutation : confronté à tous les mouvements artistiques qu’il découvre aux cimaises parisiennes, il s’engage dans la modernité, et devient acteur autant que témoin d’une bohème montmartroise qui lui fournit son inspiration. Portraitiste de génie, To u l o u s e - L a u t r e c immortalise les stars, d’Aristide Bruant à Jane Avril, d’Yvette Guilbert à la Loïe Füller. Familier des maisons closes, il s’attache à la simple réalité quotidienne des prostituées. Le théâtre, la Comédie-Française, le vaudeville ou les scènes d’avant-garde

pour lesquelles il conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour la comédie humaine. Les 31 affiches qu’il conçoit de 1891 à 1900 s’imposent par leur force et leur magistrale simplification de l’image, et font de lui un précurseur de l’affiche du vingtième siècle. Sa production lithographique comprend également 361 estampes mettant en évidence la virtuosité d’un trait expressif et élégant. Lautrec mène sa vie au rythme de sa création. Son travail acharné, mais aussi les plaisirs et l’abus d’alcool altèrent peu à peu sa santé. Il décède le 9 septembre 1901 au domaine de Malromé, propriété de sa mère, en Gironde.

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ADA LOVELACE

TOULOUSE LAUTREC RESOLUMENT MODERNE

9 Octobre 2019 20 Janvier 2020 GRAND PALAIS GALERIES NATIONALES 3, avenue Wiston Churchill 75008 Paris + 33 (0)1 44 13 17 17

https://www.grandpalais.fr/

da Lovelace, de son nom complet Augusta Ada King, comtesse de Lovelace, née Ada Byron le 10 décembre 1815 à Londres et morte le 27 novembre 1852 à Marylebone dans la même ville, est une pionnière de la science informatique. Elle est principalement connue pour avoir réalisé le premier programme informatique, lors de son travail sur un ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique de Charles Babbage. Dans ses notes, on trouve en effet le premier programme publié, destiné à être exécuté par une machine, ce qui fait considérer Ada Lovelace comme « le premier programmeur du monde1 ». Elle a également entrevu et décrit certaines possibilités offertes par les calculateurs universels, allant bien au-delà du calcul numérique et de ce qu’imaginaient Babbage et ses contemporains. Elle est assez connue dans les

pays anglo-saxons et en Allemagne, notamment dans les milieux féministes ; elle est moins connue en France, mais de nombreux développeurs connaissent le langage Ada, nommé en son honneur. Ada était la seule fille légitime du poète Lord Byron et de son épouse Annabella Milbanke, C’est Augusta, sa soeur, qui encouragea Byron à se marier, et il épousa Annabella à contrecœur, en janvier 1815. Ada naît en décembre de cette même année. À la suite de quatre tentatives de viol en état d’ivresse de la part de Byron, Annabella quitte Byron le 16 janvier 1816, gardant Ada avec elle. Annabella adorait les mathématiques. Byron l’appelait même parfois « la princesse des parallélogrammes” et fit en sorte que les tuteurs d’Ada lui donnent une éducation approfondie en mathématiques et en sciences, ce qui était tout à fait inhabituel à l’époque dans l’éducation d’une jeune fille de la noblesse. En 1832, Ada rencontre Mary Somerville, éminente chercheuse et auteur scientifique du XIXe siècle, qui l’encourage et l’aide à progresser en mathématiques. Le 5 juin 1833, Mary lui présente Charles Babbage, et Ada — alors âgée de 17 ans — est immédiatement fascinée par ses machines à calcul. Ils deviennent très proches, Ada semblant trouver en Babbage le père qu’elle n’avait jamais eu. Parmi ses autres connaissances, on compte David Brewster, Charles

Wheatstone, Charles Dickens et Michael Faraday. Elle se marie en 1835 avec William King, 1er comte de Lovelace. William était dévoué à Ada et encourageait les goûts et les activités d’Ada en mathématiques. La famille vécut à Ockham Park, à Okham (en). La santé fragile d’Ada, mise à l’épreuve par les grossesses, ainsi que ses responsabilités de mère et de maîtresse de maison, la tiennent écartée de ses activités mathématiques jusqu’en 1839. À cette date, elle éprouve le besoin de reprendre l’étude des mathématiques et demande à Babbage de lui recommander un tuteur : le célèbre mathématicien Auguste De Morgan accepte cette charge. Le 6 février 1841, Ada écrit à sa mère une lettre où elle parle de ses goûts et aspirations : « Je crois que je possède une singulière combinaison de qualités, qui semble précisément ajustées pour me prédisposer à devenir une exploratrice des réalités cachées de la Nature ». Elle mentionne son « énergie inépuisable et insatiable » et pense avoir trouvé un sens à sa vie. Elle tourne dès lors entièrement son travail vers la machine analytique de Babbage, et propose à ce dernier ses services pour en poursuivre le développement et la promotion. En octobre 1842, paraît en français, dans un journal suisse, une description de la machine analytique de Babbage réalisée par le mathématicien italien Louis-Frédéric Ménabréa (1809-1896). Charles Wheatstone propose

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à Ada Lovelace, qui a un bon niveau de français, de traduire ce mémoire pour le journal Scientific Memoirs spécialisé dans les articles scientifiques étrangers. Elle passe neuf mois, entre 1842 et 1843, sur cette traduction. Babbage luimême n’intervient que très peu, étant malade pendant cette même période, et la traduction lui est présentée au début de l’année 1843 un peu comme un « fait accompli». Elle ajoute à cet article sept notes, labellisées de A à G, représentant près de trois fois le volume de texte de l’article original. La note G s’appuie sur un véritable algorithme très détaillé pour calculer les nombres de Bernoulli avec la machine. Le programme qui en résulte est souvent considéré comme le premier véritable programme informatique au monde, car les algorithmes décrits jusquelà n’étaient pas décrits avec un formalisme, dans un langage véritablement destiné à être exécuté sur une machine.longueur ou degré de complexité ». Il fallut attendre les années 1930 avec Alan Turing pour formaliser une telle notion de calculateur universel qui manipule des symboles généraux, et abandonner la notion de calculatrice purement numérique. Elle mourut à l’âge de 36 ans d’un cancer de l’utérus, dans d’horribles souffrances. Elle fut enterrée conformément à son souhait près de son père qu’elle n’avait jamais connu, à l’église Sainte Marie Magdalene de Hucknall, à Newstead Abbey, dans le comté de Nottingham.


F. Català-Roca, Casa Ugalde, en Caldes d’Estrac, 1952. Arquitectos: Coderch y Valls. © Fondo F. Català-Roca - Arxiu Històric del Col·legi d’Arquitectes de Catalunya.

Photo galerie la manufacture

ki Kuroda, de son vrai nom Akihiko Kuroda, né le 4 octobre 1944 à Kyōto est un peintre, artiste contemporain japonais, qui vit et travaille à Paris. Le père d’Aki Kuroda était professeur d’économie à l’Université Dōshisha. Enfant unique, Aki Kuroda est élevé dans une famille très ouverte sur la culture européenne. Il commence à peindre dès l’âge de trois ans ; à quatre ans, il fait sa première peinture à l’huile. Il s’installe définitivement en France en 1970. Il réalise sa première exposition personnelle en 1978 à Kunsthalle en Allemagne puis à la Galerie Maeght (Paris) en 1980, et participe à la 11e Biennale de Paris la même année. En 1985, il édite une revue qu’il appelle Noise, à laquelle ont participé entre autres Jacques Derrida et Michel Serres. Depuis 1992, Aki Kuroda conçoit des spectacles performances qu’il nomme Cosmogarden dans lesquels il mêle différentes formes artistiques. En 1994, Aki Kuroda participe à une grande exposition dans le cadre de la Biennale de São Paulo. Il a réalisé les peintures murales pour le Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, la Maison de la culture du Japon à Paris, le café du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, pour la ville de Paris en 2000 et pour l’École nationale des douanes de Tourcoing (œuvre inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2009). C’est un artiste aux multiples facettes : parallèlement à la peinture, il conçoit les décors du ballet Parade pour Angelin Preljocaj à l’Opéra de Paris et au Festival d’Avignon en 1993. Il a collaboré avec des architectes comme Tadao Ando et Richard Rogers afin de réaliser des peintures en relief au Japon. Par ailleurs ses œuvres n’ont

cessé d’inspirer des gens de lettres comme Marguerite Duras, Michel Foucault, Pascal Quignard. La matrice des tableaux de Aki Kuroda est faite de chiffres et d’espaces : 1944, année de sa naissance ; - 270, température du cosmos profond ; 300 000, la vitesse de la lumière en km/s dans le vide. Table de loi chiffrée pour transcrire le chaos des origines. Tandis que l’espace s’organise de formes multiples, sphères et puzzles et labyrinthes, champs fragmentés entre troisième et quatrième dimension. Progressivement, fleurs, femmes et mythes s’installent. Les chiffres inaugurent un espace de matière et de lumière comme au commencement du temps, puis de la vie. Réels, entiers, irrationnels, imaginaires, les chiffres filent sur la toile de fond d’une nuit cosmique. Leur dénombrement avance comme un fil que l’œil déroule à l’infini. La complexité

croissante du cosmos prend corps peu à peu dans ces œuvres peintes, sans cadre : couplant l’espace au temps, le mouvement est né. Les tableaux ne sont qu’un des visages des créations de Aki Kuroda. Sculptures, photographies, installations, spectacles dansés complètent un espace autrement plus divers et riche, où tout est jardin : le corps, la vie, la ville, le cosmos. « CosmoGarden » a scandé deux décennies de ses productions, mêlant l’ensemble en des événements créés en une grande variété de lieux, de par le monde. Ni japonais ni français, mais «déraciné », Aki Kuroda n’a de cesse de pousser les limites de l’espace qu’il crée, très inscrit dans le réel de la vie qu’il aime, au cœur même des villes, observatoire idéal d’un univers en profonde mutation, qu’il accompagne de ses interrogations. https://www.galerielouisgendre. com/artistes/aki-kuroda/

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Axelle Gaussen Antoine Campo présentent

AKI KURODA

COSMOGARDEN OPHELIA EN ACCORD AVEC YOYO MAEGHT

14 Septembre 2019 21 Décembre 2019 Vernissage le 26 Octobre 2019 à 18 heures LA MANUFACTURE LA ROCHELLE LALEU

14-15 avenue Poincaré 17000 La Rochelle Tél. 06 70 06 29 33

contact@galerie-lamanufacture.com www.galerie-lamanufacture,com PALAZZI 17 VENEZIA

ous n’avons pas besoin d’un nouveau mode de construction, mais d’un nouveau mode de vie.” (Bernard Rudofsky, 1938) “Qu’est ce que la Méditerranée? Milles choses en meme temps. Ce n’est pas en paysage mais des paysages innombrables. Ce n’est pas une Mer mais un ensemnle de Mers.” (Fernand Braudel, 1985) L’exposition “Imaginer la maison méditerranéenne - L’Italie et l’Espagne des années cinquante” est concentrée sur le thème de “la maison méditerranéenne” et elle examine sa présence opérationnelle dans un environnement historique limité: les années cinquante. Moment historique au cours duquel des liens et des échanges forts sont établis entre ces deux pays; Les relations visaient en fait à surmonter les «échecs» architecturaux d’antan, sous l’égide du rétablissement des valeurs autochtones, typiques des latitudes méridionales. Les architectures italienne et espagnole présentées à cette occasion font donc référence à un imaginaire méditerranéen conçu comme un répertoire de formalisations et de techniques de construction primaires qui aspirent à une intervention plus interactive avec les spécificités du lieu et de son patrimoine, afin de satisfaire les aspects fondamentaux de l’existence contemporaine, en opposition controversée à l’uniformité aliénante d’une civilisation urbaine totalitaire et mécanisée. Avec le titre Escape Room. Entrer dans la maison méditerranéenne, une dynamique se réalisera à travers les méthodologies actives basées principalement sur des questions et activités permettant de découvrir, par petits groupes de travail, le contenu de l’échantillon susmentionné. De cette manière, chaque participant peut démontrer ses connaissances en matière d’architecture et de culture méditerranéennes en créant un dialogue entre l’espace muséal, l’exposition et le public participant.

Fondation ICO Museo ICO. C/ Zorrilla, 3 - 28014 Madrid Tel.: 91 420 12 42 museoico@ico.es www.fundacionico.es


Photo itm.srl x Kemon

Photo Orlymiscu

ne exposition sur Mondrian, cela a de quoi faire déplacer les foules! On s’y voit déjà, ses formes abstraites, ses compositions géométriques faites de couleurs primaires, bleu, rouge, jaune, noir et blanc. Oui mais Mondrian n’a pas toujours été abstrait. Loin de là. Il était même un peintre figuratif incroyable. C’est une première, près de 70 toiles de l’artiste ont fait le chemin jusqu’à nous depuis les Pays-Bas (dont la moitié sont présentées pour la première fois à Paris) pour nous faire redécouvrir cet artiste à la notoriété universelle. Et quels chefs-d’œuvre ! D’emblée, nous sommes accueillis par sa célèbre toile Composition N°IV. Pas dépaysé donc. Mais face à elle, une peinture étonnamment figurative… Le Lièvre Mort (1891), une nature morte dans la pure «tradition» hollandaise, le plus ancien tableau connu de l’artiste. Ce qui nous frappe ici c’est le caractère presque « classique » de ses paysages et natures mortes, assez réalistes finalement, presque en retard par rapport aux Impressionnistes français – nous sommes près de 20 ans plus tard – ou aux œuvres torturées de Van Gogh… Pourtant, on le croyait

PIET MONDRIAN MUSEO GALLARATE

plus audacieux, lui qui a su résumer comme personne la beauté de la nature dans un damier aléatoire. Mais le vrai coup d’éclat de cette exposition n’est pas de nous faire découvrir une facette nouvelle de l’artiste, celle d’un peintre académique hors-pair. Non. Ce que l’on découvre ici, c’est d’où vient cette abstraction inimitable qui fait désormais sa signature dans le monde entier. Bien que Mondrian se limite dans ses thèmes – le moulin, l’arbre, la ferme, la fleur et le portrait – sa technique va s’emparer d’une modernité incroyable en

privilégiant des aplats de couleurs aux tonalités franches et aux lignes courbes, ses arabesques, qui confèrent une aura mystique à ses œuvres. D’un paysage au crépuscule de 1902 au visage rougeoyant d’une jeune femme toute symboliste, en passant par des toiles de fleurs délicates, presque murmurées, cette exposition passionnante montre des toiles où cohabitent figuration et abstraction. Elles furent sélectionnées par Mondrian lui-même vers 1920 pour son plus grand collectionneur, Salomon B. Slijper. Un autre Mondrian, méconnu et emballant. Sources diverses

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Mondrian figuratif une histoire inconnue Jusqu’au

26 janvier 2020 Musée Marmottan Monet

2 rue Louis-Boilly 75016 Paris

01 44 96 50 33 Metro La Muette Ligne 9 Bus 32 / 63 http://www.marmottan.fr

GIOVANNI CAMPUS TEMPO IN PROCESSO RAPPORTI, MISURE, CONNESSIONI Curatore Francesco Tedeschi

22 Settembre 2019 10 Novembre 2019 MA*GA Gallarate Via Egidio de Magri, 1, 21013 Gallarate VA Tél . 0331 706011 info@museomaga.it

’art moderne est souvent considéré c o m m e visionnaire, mais il existe des cas où le terme s’applique mieux que d’autres. 1949, province du grand nord: dans l’Italie d’aprèsguerre, toujours éprouvée, un groupe d’étudiants universitaires de Gallarate, dirigé par Silvio Zanella, décide de fonder le Prix national de la ville pour les arts visuels de Gallarate, dans le but de déclarer immédiatement galerie d’art moderne à travers les œuvres achetées dans les différentes éditions du prix lui-même. Après quelques éditions, en 1966, est né ce qui est devenu en 2010 le MA *

GA, Museo Arte Gallarate. En plus de soixante ans et vingt-quatre éditions, le prix et le musée se sont tournés vers la peinture, la sculpture, le dessin, la gravure, l’art informatique, la photographie et tous les langages d’expression, dans le but de rechercher les expressions artistiques contemporaines les plus significatives. . Il en résulte plus de 6 000 œuvres dans la collection de peintures, sculptures, installations, livres d’artiste, photographies, objets de design et œuvres graphiques du Musée qui entraînent les visiteurs dans un voyage magique à travers techniques, courants et orientations. langages artistiques et visuels du milieu du XXe

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siècle à nos jours, avec des ouvertures sur la recherche internationale contemporaine. L’objectif est de relire le XXe siècle de manière articulée, en faisant dialoguer la collection permanente avec la recherche artistique la plus innovante et la plus actuelle, grâce à des expositions temporaires, des événements, des réunions et des ateliers qui cultivent la relation directe avec les artistes depuis toujours. des intentions du musée, depuis sa fondation. La structure actuelle de la MA * GA est due à l’inauguration en 2010 des 5 000 mètres carrés du nouveau complexe architectural qui unit un bâtiment industriel des années 1930 (spécialement rénové) et un nouveau bâtiment caractérisé par un fond panoramique brique qui crée un carré circulaire de reconnaissance certaine. Nous ne savons pas si le rêve de ces étudiants universitaires qui avaient décidé il y a 70 ans de donner modernité et peutêtre même espoir à une petite ville de province, grâce au pouvoir de l’art, est allé jusqu’à imaginer la MA * GA telle qu’elle est maintenant, avec même des environnements innovants dédiés aux artistes du Terminal 1 de l’aéroport de Malpensa, mais nous ne pouvons certes que remercier leurs capacités visionnaires qui nous ont offert un véritable musée consacré au contemporain. Valentina Monti /


Photo Jacques Martin ADAGP

Photo Marc Perez

ur les murs de l’atelier, des phrases inscrites avec le premier crayon venu. Des numéros de téléphone aussi. Rien de didactique dans ce foisonnement, seule l’impression d’être face à un immense bloc-notes que l’artiste alimenterait au gré de ses pensées, de ses lectures. On l’imagine grimpé sur une chaise cherchant un petit coin de plâtre blanc. «J’inscris souvent les mots des autres, je les fixe pour ne pas qu’ils s’envolent. Ce sont des compagnons, des viatiques. Ca m’a beaucoup aidé d’écrire sur mon travail. Cet exercice est une aventure. Il faut trouver des choses et en être surpris, exactement comme en peinture. Les mots sont terriblement évocateurs. On en pose un comme ça et il vous renvoie ailleurs. C’est un peu de son histoire que l’on raconte. » La conversation est bercée par un va-et-vient qui mène de la nécessité de ne rien savoir pour bien appréhender une œuvre à la volonté de comprendre ce qui a été fait. Si le spectateur est invité à se jeter sans bouée

dans son exploration, l’intellect que les sens. le peintre, lui, est « Je tiens à tout prix sommé de fouiller à ce qu’une peinture jusqu’au tréfonds les ou une sculpture soit motivations de sa main. ouverte. Elle doit « Il faut préserver un affirmer des choses, regard pur, naïf, sur plus elles sont fortes les œuvres. C’est ce et plus ça m’intéresse, qui compte avant tout. et en même temps Seulement après, il est interroger. Chacun possible de se pencher doit pouvoir faire son sur les techniques, la voyage. Trop d’artistes vie de l’artiste… Cette ne le permettent pas.» chronologie est très L’avertissement est importante. clair : pas d’explications La superposition entre «Etre peintre à mes yeux l’histoire de l’homme est une sorte de folie. et son œuvre pervertit J’aimerais me définir parfois l’approche comme tel, même quand sensible de cette je fais de la gravure ou dernière. Il faut la sentir de la sculpture. J’aime avant de la lire. » qu’on puisse penser que Marc Perez ne manque je fais de la sculpture pas une occasion de jeter de peintre. Ma passion une pierre dans le jardin absolue, c’est la d’un certain art actuel peinture. » qui sollicite davantage Marie-Laure Desjardins PALAZZI 20 VENEZIA

MARC PEREZ

10 Octobre 2019 10 Novembre 2019

CHARLOTTE PERRIAND LE MONDE NOUVEAU

CHARLOTTE PERRIAND Du 2 octobre 2019 au 24 février 2020 Fondation Louis Vuitton

GALERIE FELLI

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8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne 75116 Paris +33 1 40 69 96 00

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n octobre 1950, le magazine E L L E imaginait son ministère idéal, exclusivement féminin. En haut de l’affiche, Charlotte Perriand était ministre de la Reconstruction dans cet après-guerre plein d’espoir. Qui de mieux indiqué qu’elle en effet ! L’architecte désigneuse – elle préférait le terme d’inventeuse – a alors 47 ans et son parcours est celui d’une créatrice libre et engagée. Une femme de convictions formée à l’école de l’Union centrale des arts décoratifs à Paris, qui a mis la modernité à la portée de tous, et notamment des femmes. Une de ses devises préférées : « Il vaut mieux

passer une journée au soleil qu’à épousseter des objets inutiles ! » Lors du Salon d’automne de 1929, elle présente, dans un appartement cloisonné par des casiers de rangements, la collection de meubles en métal qu’elle signe avec Pierre Jeanneret et Le Corbusier. Audace encore, elle a ouvert la chambre sur la salle de bains, posant les bases d’une intimité moderne. Un journaliste s’insurge alors contre cet « appartement de pornographe » Elle est entrée dans l’atelier de Le Corbusier deux ans plus tôt, seule femme parmi les hommes, chargée de concevoir le mobilier et l’aménagement intérieur. Le maître de

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l’avant-garde l’avait d’abord éconduite par une réplique cinglante: « Ici, on ne brode pas des coussins », avant de se raviser en découvrant son « Bar sous le toit », pied de nez magistral aux intérieurs bourgeois. Les critiques d’alors sont dithyrambiques et les magazines s’arrachent la jeune première. À la fin des années 1960, militante des loisirs pour tous, elle travaille à la construction de la station de ski des Arcs. Un projet pharaonique qui l’occupera vingt ans. .Car elle entraîna dans le sillage de ses réalisations Fernand Léger, Joan Miró, Pablo Picasso et Sonia Delaunay, cette dernière qui fut avec elle aux avant-postes de l’Union des artistes modernes. Quant à l’Association des écrivains et des artistes révolutionnaires, elle y retrouva Giono et Eluard, tous croyant à l’émancipation de l’homme par la culture et à la transformation du quotidien par les arts. Charlotte Perriand ellemême écrivit : « Rien n’est indissociable, ni le corps de l’esprit, ni l’homme du monde qui l’entoure, ni la terre du ciel. » Une réflexion parmi tant d’autres de la créatrice, plus que jamais pertinente. Soline Delos ELLE À LIRE : « Une vie de création », de Charlotte Perriand (éd. Odile Jacob). À VOIR : le documentaire «Charlotte Perriand, pionnière de l’art de vivre», de Stéphane Ghez (Arte Editions). Sortie le 15 octobre.


Photo Musée Meudon

Photo Simone Piciotto

ée au Caire dans une famille Italienne, S i m o n e Picciotto vécût en Belgique, en Italie, et en France. Elle obtient un premier Prix de Peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et fréquente les ateliers de Fernand Leger puis celui de Jean Deyrolles. Par une mise en scène à la fois débordante de créativité et de rêve, Simone Picciotto nous offre un monde merveilleux plein de poésie. Elle assemble des matériaux, différents, souvent usagés, dans une œuvre ou les couleurs et les formes, tels ses visages superposés et peints à partir de différents angles, sont d’une étonnante beauté. Les peintures de Simone Picciotto racontent des histoires fabuleuses, un geste qui puisent dans une réserve inépuisable d’images dont elle déroule les métamorphoses dans des alluvions de peinture, de collage de papiers peints, de tissus, d’objets désuets et incongrus, vestiges d’une mythologie du quotidien, dénichés dans des brocantes. L’artiste procède par détournements, piège l‘en-tendement dans des rebus plastiques qui nous entrainent pour une errance poétique, dans laquelle toutes les pistes sont possibles. Si la liberté gestuelle induit un procédé proche de celui du cadavre exquis, une logique dicte la composition élaborée par strates, desquelles naissent des hybridations morphologiques. Tout commence par la tête,

un signe de reconnaissance pour Simone Picciotto qui reste attentive à la lisibilité de la composition, inscrite dans une profusion de détails. Ses grandes qualités de dessinateur sous-entendent ses portraits et son univers onirique né de ses rêves nocturnes auquels elle donne forme et couleurs. Ses songes, bachelardiens revivent dans des scènes habitées par des corps en transformation, qui évoluent dans l ‘air et des fonds aquatiques dont les éléments disparates participent de leur fantasmagorie. Coloriste en verve, sa palette libère des couleurs tendres et chatoyantes une saveur charnelle particulière se dégage des matières marquées par l’usure du temps. Le monde de Simone

Picciotto est celui de l‘enchantement. Simone Picciotto est une artiste à contenu, à nécessité interne, « metteuse » en forme de ses rêves et de ses fantasmagories à elle, pour les faire partager; une artiste inventeuse d’un vocabulaire et d’une syntaxe plastiques tout à fait personnels et uniques ; un langage pictural serrant de près le matériau utilisé, comme s’il en émanait naturellement, comme il émane des tréfonds d’ellemême, et comme il émane d’un ailleurs autant familier qu’irréel. Une œuvre vraie, à la fois séraphique et déterminée, pleine, intense, irréfutable, mystérieusement évidente, immédiatement identifiable, irréductible, inépuisable au regard et d’une grâce parfaitement intemporelle. Pierre Souchaud

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SIMONE PICIOTTO

ANNA STEIN

RETROSPECTIVE

ANDRAS BECK

12 Septembre 2019

REGARDS CROISES

10 Octobre 2019

21 Septembre 2019 20 Décembre 2019

Librairie-Galerie D’un Livre L’autre,

MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ET SERVICE DU PATRIMOINE HISTORIQUE

2 rue Borda Paris, 75003 +331 57 40 79 01 +336 43 61 69 80 http://dunlivrelautre.fr/

11 rue des Pierres 92190 Meudon 01 46 23 87 13 https://musee.meudon.fr/

ndras Beck (1911 – 1985) est un sculpteur d’origine hongroise qui a rejoint la France en 1956. Artiste engagé, ses sculptures, figuratives ou abstraites, témoignent de l’attention passionnée qu’il portait à ses contemporains, partageant leurs peines et leurs joies, leur désespoir et leurs attentes. Un nombre très important de ses œuvres a été donné au Musée d’art et d’histoire de Meudon en 1993 par sa veuve. Parmi ce fonds de plus de 200 sculptures et 400 dessins, nous vous présentons une sélection s’intégrant parfaitement avec les collections permanentes de l’art du

XXe siècle du musée. Née en 1936, Anna Stein débute sa carrière en Hongrie avant de rejoindre la France en 1957. Peintre et sculptrice, son œuvre foisonnante, son approche sensible de la matière, s’étend sur près de 60 ans de création artistique. Son œuvre est ouverte sur l’histoire et la poésie, sur le mythe, le récit et l’émotion, sur le mémoire et l’instinct. Aussi reconnaît-elle que l’histoire de la peinture se confond, avec sa propre histoire, de laquelle ne pouvait éclore qu’une œuvre unique, marquée des fortes empreintes du passé. Le mystère, la joie, le drame, l’attente, l’espoir et la matière picturale sont consubstantiels.

Lydia HARAMBOURG PALAZZI 23 VENEZIA

omme toute œuvre, la peinture d’Anna Stein comporte des racines du passé et la redécouverte des régions et des temps lointains. Ces bribes du subconscient sont en lutte avec l’à peine consciente… Chaque toile est un corps à corps, en même temps qu’un plongeon dans l’inconnu. Mais aussi chaque toile s’ouvre sur un jamais vu, jamais pressenti, jamais ressentie. Lucien Hervé 1978 Les œuvres d’Anna Stein sont des ombres de rêves étranges. Des rêves lesquels se révèlent des archétypes vécus ou non vécus du passé, des racines familiales, de désirs inaccomplis, aux souvenirs bouleversants, émergeants de l’inconscient nous faisant face. De sorte de voyages ps ychanalytiques. Fekete Vali 2010 Anna Stein sculpte et peint l’air, l’eau, le feu, les forêts, les anges les dieux, les héros, les sibylles, les footballeurs, les philosophes, les rois déchus des royaumes perdus, des allégories… Ses œuvres constituent des récits fragmentés esquissés : des mythes grecs, la Bible, certains instants de sa vie, certains évènements de l’Histoire. Peintures et sculptures racontent : elles forment l’aventure une de l’artiste. Gilbert Lascault 2001


Photo Musée Guggenheim

Photo Antonella Licata

maginez une plage - vous y êtes, ou mieux: regardez d’en haut - le soleil brûlant, de la crème solaire et des maillots de bain clairs, des paumes et des jambes moites. Des membres fatigués s’étendent paresseusement sur une mosaïque de serviettes. Imaginez les cris occasionnels d’enfants, les rires, le bruit d’un fourgon à glace au loin. Le rythme musical des vagues sur le surf, un son apaisant (sur cette plage en particulier, pas ailleurs). Le froissement des sacs en plastique tourbillonnant dans les airs, leur flottement silencieux, semblable à une méduse, au-dessous de la ligne de flottaison. Le grondement d’un volcan, d’un avion ou d’un bateau à moteur. Puis un choeur de chansons: chansons de tous les jours, chansons d’inquiétude et d’ennui, chansons de presque rien. Et au-dessous d’eux: le craquement lent d’une Terre épuisée, un halètement.” Le Pavillon de Lituanie a reçu le Lion d’or de la meilleure participation nationale à la 58e Biennale de l’Art de Venise. Le jury - composé de Stephanie Rosenthal, Defne Ayas, Cristiana Collu, Sunjung Kim et Hamza Walker - a décerné le prix à l’oeuvre «Sun & Sea (Marina)» des artistes Rugilė Barzdžiukaitė, Vaiva Grainytė et Lina Lapelytė. Combinant installation artistique et performance théâtrale et se déroulant à l’Arsenale Marina Militare, «Sun & Sea»

présente une plage de sable, éclairée par un soleil artificiel et peuplée de personnes vêtues de costumes de bain et enjouant le style de vie typique du bord de mer. Les gens bougent sur les lieux, discutent, lisent, prennent un bain de soleil et chantent pendant que le public les observe depuis une galerie mezzanine comme s’ils étaient le public dans un théâtre. Le public a une vue d’ensemble de la scène, sur laquelle les interprètes ressemblent à un groupe de vacanciers typiques sous le chaud soleil d’été; pourtant, à mesure que la performance se déroule, nous découvrons que chaque L’individu, en chantant, révèle des préoccupations privées allant de l’inquiétude au sujet des

coups de soleil à la peur persistante d’une catastrophe environnementale. Peu à peu, les microhistoires frivoles sur cette plage bondée laissent place à des sujets plus sérieux, et les chansons individuelles deviennent une chorale humaine universelle abordant des problèmes planétaires. Spécialement adapté à la 58e Art Biennale de Venise, il s’agit de la première version de cette pièce en anglais. La version originale de Sun & Sea (Marina) a été produite par Neon Realism. PS. Certaines personnes suggèrent des similitudes possibles entre “Sun & Sea (Marina)” et l’œuvre photographique «Comfort Zone» de l’artiste lituanien Tadao Cern.

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Lithuanian Pavillon

SEA & SUN Marina

ZINEB SEDIRA L’espace d’un instant

Rugil Barzdžiukait Vaiva Grainyt and Lina Lapelyt Curator: Lucia Pietroiusti Commissioner: Rasa Antanavi Honorary Commissioner: Jean-Baptiste Joly

15 octobre 2019 19 janvier 2020

fermé du 15 au 18 octobre 2019 Biennale d’Arte Venezia Calle de la Celestia (près Campo de la Celestia) Marina Militare Castello, 30122 Venise Contact info@sunandsea.lt

Accès par le jardin des Tuileries, escaliers côté rue de Rivoli. Accès aux personnes handicapées,

Jeu de Paume

en voiture par l’entrée Pont de Fer

1 place de la Concorde 75008 Paris Tél. : 01 47 03 12 50 http://www.jeudepaume.org/

e Jeu de P a u m e présente une exposition personnelle de Zineb Sedira : elle couvre une période allant de 1998 à aujourd’hui et montre des formes aussi diverses que la vidéo, le film, l’installation et la photographie. Les œuvres choisies témoignent de l’intérêt de l’artiste pour les histoires orales, leur collecte, leur enregistrement et leur transmission, mais elles révèlent aussi son intérêt profond pour l’histoire postcoloniale et pour les problèmes liés à la destruction écologique globale due à la surproduction et à la circulation universelle des personnes et des biens. Depuis 2005, Sedi-

ra a réalisé plusieurs œuvres (vidéos, sculptures et photographies) consacrées au voyage, maritime en particulier. Son intérêt pour les navires et les déplacements de populations est souvent rattaché à son histoire et à la géographie de l’Algérie, frontière nord d’une partie de la côte du Sud méditerranéen. Ce leitmotiv se retrouve symboliquement dans Lighthouse in the Sea of Time (2011), installation vidéo (en trois parties) consistant en quatre projections et deux écrans. Laughter in Hell (20142018) est une installation dans laquelle Sedira présente son impressionnante collection de caricatures et de dessins politiques

PALAZZI 25 VENEZIA

publiés dans la presse algérienne au cours des années 1990. La « décennie noire » a vu mourir environ deux cent mille civils algériens, pris dans une guerre interne entre les groupes islamistes armés et l’État. Cette œuvre met en lumière la part active de l’humour dans la critique du régime politique et la forme de résistance qui s’exprime à travers la presse. Elle a réalisé quatre œuvres portant sur les archives photographiques, dont une est présentée dans cette exposition : Transmettre en abyme (2012). La première partie est un diptyque vidéo montrant, à gauche, des archives photographiques en noir et blanc, et, à droite, un entretien en couleurs avec la responsable des archives, Hélène Detaille. Le diptyque vidéo The End of the Road (2010) montre une casse automobile. En insistant sur la «dévastation symbolique » et sur le fait que le pétrole est nécessaire à la majeure partie des moyens de transport, elle amène le regardeur à comprendre le point de vue critique qu’elle porte sur « les implications sociales, culturelles et économiques » de l’industrie automobile. Commissaires : Zineb Sedira et Pia Viewing Exposition produite par le Jeu de Paume. Avec le soutien de Fluxus Art Projects.


Photo mu-inthecity.com

GALERIE LARA VINCY

Photo news.artnet.com

iki Smith, née le 18 janvier 1954 à Nuremberg, est une artiste contemporaine américaine, classée généralement comme artiste féministe, un mouvement né au 20e siècle. Exceptionnelle du fait de son ampleur, cette exposition inédite réunira près d’une centaine d’œuvres, des années 1980 à nos jours. Deux sculptures accueilleront les visiteurs au sein des cours extérieures de la Monnaie de Paris et l’exposition se déploiera sur deux niveaux, soit plus de 1000m2 – notamment au cœur des salons historiques côté Seine. Le parcours conduira à travers les thématiques majeures du travail de l’artiste, parmi lesquelles le corps humain, les figures féminines et la symbiose avec la nature composent des motifs récurrents. Les œuvres présentées à la Monnaie de Paris refléteront la grande diversité de la pratique de Kiki Smith, qui explore de nombreux medium : le bronze, le plâtre, le verre, la porcelaine, la tapisserie, le papier, ou encore la cire. L’ensemble de son œuvre est marqué par sa fascination pour le corps humain, qu’elle représente d’abord de manière morcelée, la peau apparaissant comme une frontière fragile avec le monde. Dès le milieu des années 1980, Kiki Smith propose une manière inédite d’explorer le rôle social, culturel et politique des femmes. Son travail prend, par la suite, un tournant plus narratif. À partir des années 2000, les grands mythes des origines

attirent progressivement son attention, et la cosmogonie devient un chapitre à part entière de sa pratique.. L’œuvre de Kiki Smith s’apparente ainsi à une traversée, une quête de l’union des corps avec la totalité des êtres vivants et du cosmos. D’éléments microscopiques aux organes, des organes au corps dans son ensemble, puis du corps aux systèmes cosmiques, l’artiste explore la relation entre les espèces et les échelles, cherchant l’harmonie qui nous unit avec la nature et l’univers. Si la sculpture occupe une place centrale dans son travail, Kiki Smith réalise également de nombreux dessins, aux dimensions souvent importantes. L’artiste apprécie particulièrement l’art de la gravure et possède une collection personnelle de monnaies traditionnelles. Cette exposition s’inscrit au

cœur de la programmation artistique dirigée par Camille Morineau, qui accorde une attention particulière aux artistes femmes, ainsi qu’aux pratiques sculpturales convoquant l’exploration de différents matériaux et échelles de taille, de la miniature au monumental. Commissaires : Camille Morineau, Directrice des Expositions et des Collections de la Monnaie de Paris et Lucia Pesapane, Commissaire d’expositions et responsable de la programmation artistique de la Monnaie de Paris. Avec la collaboration de Marie Chênel. « Le corps est notre dénominateur commun et la scène de notre désir et de notre souffrance. Je veux exprimer par lui qui nous sommes, comment nous vivons et nous mourons » Kiki Smith

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Jacques CHARLIER

KIKI SMITH

Peintures irrésistibles

18 Octobre 2019 9 Fèvrier 2020

26 Septembre 2019 10 Novembre 2019

Monnaie de Paris 11, Quai de Conti 75006 PARIS Tel. : +33 1 40 46 56 66 ingrid.schosseler @monnaiedeparis.fr

Galerie Lara Vincy 47 rue de Seine

www.monnaiedeparis.f

75006 Paris France tél : +33 (0)1 43 26 72 51 contact@lara-vincy.com

l faut dire que dans le monde de l’art, nombreux sont ceux qui voudraient changer de braquet, vu l’étendue de l’ennui que leur dispense l’art actuel. Evidemment c’est plus facile à dire qu’à faire, car les obédiences qui tiennent la barre de la mode sont loin d’être ébranlées par le désir d’aventure. Il suffit de participer aux pélerinages traditionnels de Kassel et Venise pour constater qu’on mémorise plus facilement le nom des restos et des hôtels que celui des artistes émergents dont on nous avait promis la révélation. Les touristes-croyants y viennent toujours nombreux, surtout pour s’enquérir des nouvelles tendances de l’art-shop.

Aussi pour cueillir les anecdotes et ragots en vogue qui feront mouche sur leur auditoire, avant le pousse-café. À part cela, le ronronnement général est devenu pratiquement inaudible. Mis à part quelques rares foyers de résistance à l’Art Contemporain. Les remakes, les néos et les afters dominent le spectacle affligeant du pompiérisme généralisé. On les fait voisiner de force avec des maîtres anciens pour leur donner caution. Charlier, au fil du temps, ne s’est jamais départi de son attitude de base. A savoir, mettre au service de ses idées, le style et le média qui lui conviennent le mieux. Ce qui lui vaut, de la part des professionnels de la profession, d’être taxé

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de dilettantisme incorrigible. Dans le cas présent, il prend pour scénario les petites annonces de l’os à moelle du génial Pierre Dac et les met en peinture. Cet hommage prend brusquement l’allure d’un rappel sanitaire et vital qui nous met en joie. Nous voici transportés bien à l’écart du charabia critique vantant l’art à bout de souffle, à coups de posologies emmerdatoires. Quelques amateurs se sont enhardis et les ont insérées dans leur collection, ce qui procure des réactions du plus bel effet sur leur quotidien. Charlier, dès sa prime enfance, a été familiarisé à l’humour de Pierre Dac et de Francis Blanche. Un humour décapant et violent capable d’affronter le contrecoup des blessures morales et psychologiques de l’après-guerre. Cet absurdisme langagier n’a pas pris une seule ride et continue à nous encourager à vivre. En réhabilitant la formule, il lance un vibrant hommage à son maître vénéré. Il prouve dans la foulée que le biglotron est toujours la machine idéale pour bousculer celle du marché. Laquelle n’en finit pas de produire la soupe spéculative de toujours les mêmes pour toujours les mêmes, par toujours les mêmes, à des prix qui ne favorisent aucunement la digestion.

Peintures irrésistibles Le rire élargit la vision. Claes Oldenburg


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