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Le zĂ©nith de l’usine de Lasauvage PIÈCES À L’APPUI (XLIV.)

Giraud était respecté dans le monde des notables

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« Il est Ă©vident », Ă©crivit-il, « que ce ne sont pas les besoins de l’usine de Lasauvage qui ont motivĂ© la demande en concession dont il s’agit ; mais bien une spĂ©culation tendant Ă  faire tourner au profit de quelques personnes une partie importante de la richesse minĂ©rale de notre canton. (
) Mrs. Giraud et Cie possĂšdent tout prĂšs de leur usine plus de vingt hectares de terrains miniers dont le produit est suffisant pour alimenter leurs fourneaux pendant un grand nombre d’annĂ©es. »

Revenons-en Ă  l’usine de Lasauvage qui prenait un grand essor dans les annĂ©es soixante du XIXe siĂšcle. Pourtant, en 1862, son patron, Pierre Louis Giraud, se vit refuser par le gouvernement une concession de minerai de fer oolithique d’une contenance de 234 hectares 24 centiares, situĂ©e sur les territoires des communes de Differdange (80,64 ha) et de PĂ©tange (153,60 ha). Alphonse de PrĂ©morel, lui-mĂȘme intĂ©ressĂ© par cette attribution, avait ƓuvrĂ© contre lui:

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D’autres opposants Ă©taient inspirĂ©s par le mĂȘme motif, Ă  savoir qu’ils comptaient bien exploiter eux-mĂȘmes les mines enfouies sous leurs terres. Ils ne pouvaient pas concevoir que ce droit passĂąt en des mains Ă©trangĂšres. Mais, c’était oublier qu’ils ne possĂ©daient pas de terrain en cĂŽte, comme les Giraud, de PrĂ©morel ou de Gerlache, qui leur eĂ»t permis d’entrer en galerie. Le mercredi 5 novembre 1862, le prince Henri et le ministre d’État Victor de Tornaco visitĂšrent les Ă©tablissements de Lasauvage. Deux hauts fourneaux se trouvaient en activitĂ©. Le premier fonctionnait au bois et produisait journellement 3.500 kg de fonte. Douze ouvriers Ă©taient occupĂ©s Ă  l’intĂ©rieur et vingt-cinq Ă  l’extĂ©rieur « pour façons de mines et charbons », plus trente chevaux pour le transport de ces mines, des charbons et des produits. Le second haut fourneau brĂ»lait du coke et produisait 10.000 kg de fonte par jour. Vingt-cinq ouvriers

PIÈCES À L’APPUI

s’affairaient Ă  l’intĂ©rieur et autant dehors, pour prĂ©parer le minerai. Le 25 avril 1865, Pierre Giraud et Cie et la S. A. de Marcinelle et de Couillet Ă©taient adjudicataires solidaires de la minette qui se trouvait dans une parcelle du bois de Rodange, de 60 a 10 ca, dite « In der MiniĂšre ». Elle leur fut adjugĂ©e aux enchĂšres pour 5.000 francs, par la commune de PĂ©tange qui mit cet argent dans la construction d’une nouvelle Ă©glise paroissiale Ă  Rodange. La majeure partie du minerai alors exploitĂ© dans le pays Ă©tait destinĂ©e Ă  l’exportation en Prusse, en Belgique et mĂȘme en France. Il s’agissait de 830 tonnes de minerai oolithique par jour et de 275 tonnes de minerai d’alluvion. 15 tonnes de chaque sorte Ă©taient amenĂ©es quotidiennement Ă  Lasauvage. En 1856, Pierre Louis Giraud devint un des cinq commissaires du conseil de surveillance de la SociĂ©tĂ© en commandite des Forges de Sarrebruck, fondĂ©e par des personnalitĂ©s originaires du Luxembourg belge et du Grand-DuchĂ©. Ce groupement d’entrepreneurs construisait l’usine de Burbach. En 1862, cette sociĂ©tĂ© se rĂ©organisa en S. A. des Mines de Luxembourg et des Forges de Sarrebruck. Les promoteurs en furent Victor Tesch, ancien ministre de la Justice belge et prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale de Belgique, Nicolas Berger, prĂ©sident du tribunal de premiĂšre instance d’Arlon, Hippolyte TrĂ©mouroux, propriĂ©taire du chĂąteau d’Odange-Lez-Orbais, Joseph LabbĂ©, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© mĂ©tallurgique de Gorcy, et ThĂ©ophile Ziane, ingĂ©nieur et administrateur de la sociĂ©tĂ© anonyme de la Providence Ă  Marchienne. Ils formĂšrent le premier conseil d’administration. Les Ă©lĂ©ments de rĂ©ussite de l’entreprise devaient dĂ©couler de deux avantages bien Ă©tablis : 1° De l’abondance et de l’extrĂȘme bon marchĂ© des minerais du Grand-DuchĂ© de Luxembourg. 2° Du bas prix auquel l’administration royale des mines de Sarrebruck fournit les houilles aux usines, aprĂšs y avoir ĂȘtre autorisĂ©e par un arrĂȘtĂ© ministĂ©riel.

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