26 SERVICE 1896-2016
L’USINE DE DIFFERDANGE L’usine de Differdange a 120 ans. Une rétrospective, répartie sur plusieurs numéros, permettra de montrer le chemin parcouru depuis sa fondation en 1896 jusqu’à nos jours. 1) DE LA S. A. DES HAUTS FOURNEAUX DE DIFFERDANGE À LA HADIR (1896-1920) En 1869, une première tentative — le projet Alphonse de Prémorel — d’établir un haut fourneau à Oberkorn, capable de produire 1 157 500 kg de fonte par an, resta sans suite. La cause en était le retard que prit la construction de la voie ferrée dite ligne des minières, qui devait desservir le bassin Belvaux-Differdange-Lamadelaine-Rodange. Texte & photos: Armand Logelin-Simon
Ce ne fut que le 12 mars 1896 que les efforts d’Alexandre de Gerlache, président de la Société des Mines Belvaux-Oberkorn, conduisirent à la création de la Société Anonyme des Hauts Fourneaux de Differdange par un consortium d’actionnaires belges et luxembourgeois. Avant que le 19e siècle ne se terminât, une installation sidérurgique mixte — hauts fourneaux, aciérie et laminoirs — poussa comme un ensemble de gratte-ciel aux lieux-dits «Gringe Pesch» et «Dire Pesch». L’histoire assez mouvementée de l’usine était une succession de réussites et d’échecs d’ordre technique et financier. L’usine de Differdange acquit sa notoriété dès 1901, en fabriquant des poutrelles à larges ailes et à faces parallèles du type Grey et en mettant au point des moteurs à gaz de gueulard. Entretemps (1899), elle avait fusionné avec les charbonnages de Dannenbaum et de Bochum, sous la dénomination de «S. A. des Hauts Fourneaux, Forges et Charbonnages de Differdange-Dannenbaum». En 1901, une consolidation financière s’imposa pour éviter que la jeune entreprise n’allât à vau-l’eau. Elle fut assainie en «Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten A. G.» par l’apport de capitaux allemands. En 1904, La «Deutsch-Luxemburgische» absorba la houillère «Friedlicher Nachbar» de Bochum-Linden et désormais, le roi industriel de la Ruhr, Hugo Stinnes, avait son mot à dire, à Differdange.
Comme le Grand-Duché était en union économique avec l’Allemagne jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’influence allemande devint très puissante dans notre ville. Une large partie de la bourgeoisie locale en tira un profit matériel, sans pour autant apprécier la présence des Allemands d’un point de vue relationnel. Beaucoup la ressentaient comme un essai de germanisation imposé. Au 1er janvier 1914, la commune de Differdange comptait 15 744 habitants, dont 4 884 Allemands. Pour donner une idée du «patriotisme» de la direction de l’usine, mentionnons qu’elle souscrivit encore au 9e emprunt de guerre allemand, avec cinq millions de marks, moins de quatre semaines avant l’Armistice du 11 novembre 1918.
Le groupe HADIR (Hauts Fourneaux et Aciéries de Differdange, St Ingbert et Rumelange) fut constitué en 1920. Il s’appropria les établissements métallurgiques de Differdange et tous les immeubles généralement quelconques en consentant à la Deutsch-Luxemburgische un lot d’obligations à cinq pourcents, d’une valeur totale de 55 millions de francs belges. Ainsi les maisons d’habitations ou autres, les fonds de culture ou les terrains vagues, les droits relatifs aux minières dans le Grand-Duché, changèrent de