La Grande Guerre des Français

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Dans le contexte d’une guerre qu’on ne voit plus finir, l’espoir du retour définitif du soldat parmi les siens est une perspective bien plus incertaine. Pourtant, nombreux sont ceux qui envisagent avec force détails un après-guerre souvent idéalisé : retrouvailles joyeuses, bonheur sublimé, douceur du foyer et, même, amélioration du quotidien du temps de paix. Qu’en est-il en réalité ? Après l’annonce des différents armistices, la démobilisation n’est pas immédiate. Les quelque

le régime des permissions. D’une durée de trois à dix jours, octroyées deux à trois fois par an, elles sont soumises aux aléas des opérations militaires. Sources de frustrations car incertaines et trop courtes, les permissions sont marquées par la perspective de la nouvelle séparation à venir. Elles peuvent être aussi parfois l’occasion de plus ou moins grandes déceptions, lorsqu’elles ne sont pas à la hauteur des espérances : les soldats et leurs proches ne retrouvent pas toujours le même engagement intime exprimé dans les lettres échangées ; certains combattants découvrent, amers, un monde de l’arrière immuable et préservé et, croient-ils, indifférents à leurs souffrances. Les permissions deviennent néanmoins des moments clés – imaginés ou vécus – qui rythment le temps de la séparation et constituent l’un des thèmes récurrents des correspondances. L’attente de ces quelques jours volés au combat, échéance accessible à moyen terme, semble même par moments annuler toute autre considération.

l En permission avec l’épouse infirmière et les quatre enfants.

l « L’arrivée du permissionnaire », Le Petit Journal, 1er août 1915.

l Lettre de Léone Leguillette à son oncle André Leguillette, le 10 janvier 1916.

l Cartes patriotiques.


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