LUNDI 2 OCTOBRE 2017
REVIN ET SA RÉGION
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HABITAT
Frédéric François, les cheminées lui disent je t’aime REVIN Les chauffages se rallument et
c’est la pleine saison des ramonages. Rencontre avec l’un de ces professionnels, au nom particulier, qui parle de l’importance de son métier. amedi matin, 8 h 15 pétantes, quartier d’Orzy à Revin. Sous une pluie battante, Frédéric François s’apprête à entrer en scène. Point de micro ni de brushing millimétré pour cet Ardennais originaire de Haybes. Il n’est pas chanteur à minettes, son domaine c’est le ramonage. Depuis 23 ans ce couvreur est à la tête d’une entreprise qui rayonne dans toute la Pointe des Ardennes et quand les chauffages se rallument, la saison des ramonages commence. Zoom sur cette opération ô combien nécessaire – et obligatoire — pour qui veut se prémunir d’un désastreux feu de cheminée ou encore d’émanations de gaz nocifs. « Les ramonages ont commencé depuis fin août et là, mon agenda est complet jusqu’à la mi-novembre, confie-t-il. Je fais cela le vendredi et le samedi en moyenne entre 10 et 15 clients par jour. » Car bien ramoner une cheminée, cela prend du temps et requiert une certaine dextérité.
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“Les gens me demandent parfois de chanter une chanson, mais je suis bien meilleur ramoneur que chanteur” Frédéric François, artisan couvreur Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, Frédéric François est sur les toits. Et pour lui, c’est toujours la même chanson, lorsqu’il arrive chez un client : il doit installer une lourde échelle pour accéder à la cheminée. « Elle pèse environ 60 kg et mesure 10 mètres. En moyenne il faut compter 3/4 d’heure pour un ramonage. Pour ce client, c’est une cheminée externe, ça ira plus vite car je n’ai pas d’échelle de toit à mettre en place. » Une fois son matériel déballé, il gravit l’échelle avec assurance. « Là je suis environ à 7 mètres du sol, mais parfois nous travaillons à 25 mètres », lance-t-il perché au niveau de la cheminée. Dans ses
CE QUE DIT LA LOI ● La réglementation applicable au ramonage des cheminées est fixée par le règlement sanitaire départemental. Dans l’article 31 portant sur les conduits de fumée et de ventilation, il est précisé que « les conduits de fumée utilisés pour l’évacuation des gaz de la combustion doivent être maintenus constamment en bon état d’entretien et de fonctionnement et ramonés au moins une fois par an après chaque période de chauffe. » ● Il est possible d’effectuer le ramonage soi-même, moyennant l’achat de matériel adapté. Des témoignages de voisins devront également attester de l’opération. ● Certaines compagnies d’assurances imposent dans leur contrat un ramonage effectué par un professionnel une voire deux fois par an. Lorsque l’opération est accomplie, le ramoneur doit remettre un certificat de ramonage qui doit être conservé précieusement. mains, un hérisson. Point d’animal maltraité ici, il s’agit d’une sorte de brosse métallique circulaire, suspendue à une corde et lestée d’un poids de 2,5 kg, « histoire que ça descende ». L’artisan introduit l’engin dans le conduit et le laisse glisser jusqu’en bas. « Ensuite je le remonte et tous les 50 cm je le laisse redescendre. »
ÉLIMINER SUIE, GRAISSE ET GOUDRON L’action est répétée à trois reprises pour éliminer le maximum de suie, graisse ou goudron se trouvant sur la paroi intérieure . Il faut ensuite nettoyer, avec l’aspirateur ou à la main, toute la matière décollée avant de ranger l’échelle et les outils dans la fourgonnette. « La quantité de suie récupérée varie en fonction des mètres de bois consumés. Par exemple, si le client n’a brûlé que 5 m, il n’y aura pas plus d’un bol de suie à ramasser. » Ce jour-là, l’artisan œuvre chez Clarisse Guérigny, fidèle cliente revinoise depuis deux décennies. « S’il revient tous les ans,
Frédéric François gravit les cheminées par tous les temps. Le ramonage est obligatoire au moins une fois par an pour les conduits évacuant des gaz de combustion. c’est qu’il est bon », souffle-t-elle avant de récupérer son attestation de ramonage. Comme elle, 85 % de la clientèle de Frédéric se chauffe au bois et « il y en a de plus en plus ! » Prix du ramonage : 60 €, ce qui n’est pas cher payé au regard de la crasse générée. « Quand je rentre, je suis
bien noir », sourit l’artisan désormais imprégné d’une forte odeur de suie. Cela ne l’empêche pas de parler avec passion de son travail et d’insister sur l’importance d’un ramonage pour la bonne évacuation des fumées. Toutefois, malgré son homonyme célèbre et un métier
qu’il aime à l’italienne, ne comptez pas sur lui pour pousser la chansonnette durant l’opération. « Les gens me disent parfois “Eh, Frédéric François, chante-moi une chanson !” Mais j’avoue que je suis bien meilleur ramoneur que chanteur ! » JEAN-GO-
DEFROY VAROQUAUX
PIGEONS, VERTIGE ET CHAUVES-SOURIS : UN MÉTIER DE HAUT VOL Frédéric François ne manque pas d’anecdotes sur le métier de couvreur et ramoneur qu’il exerce avec passion depuis plus de vingt ans. En ramonant, l’homme n’a jamais mis la main sur un trésor mais a parfois fait d’étranges rencontres. « J’ai déjà trouvé des pigeons, des corbeaux ou encore des chauves-souris dans le conduit. Une fois, j’ai même délogé un nid d’abeille. Le miel était tout noir. » Et pour faire ce métier de haut vol, où il faut parfois être perché à 25 mètres du sol, mieux vaut avoir le cœur bien accroché et ne pas être sujet au vertige. « C’est un métier qui ne pardonne pas ! Même en respectant les normes de sécurité, certains de mes ouvriers sont déjà tombés d’un toit. » Et ce n’est pas parce qu’il est rompu au ramonage qu’il évite pour autant les incendies. Frédéric a déjà eu un feu de cheminée chez lui. « C’est bien connu, ce sont toujours les cordonniers les plus mal chaussés ! »
En ramonant les cheminées, on fait parfois de curieuses trouvailles. Pigeons, corbeaux, chauves-souris et nids d’abeilles peuvent habiter le conduit.