12 Arrageois
LA VOIX DU NORD MARDI 28 MARS 2017
L’affaire du trafic de drogues à la gare renvoyée, les six suspects restent en prison Le trafic de drogues de la gare et de la rue Ronville, démantelé lundi dernier par le commissariat d’Arras, sera finalement jugé le 28 avril. Cinq des six mis en cause ont demandé un délai pour préparer leur défense, lors de leur comparution immédiate ce lundi. En attendant, ils restent en détention provisoire.
Des pompiers pour... un feu de papier toilette ARRAS. Ce lundi vers 16 h 30, un important dispositif de pompiers a été déployé dans l’une des tours Saint-Jean. « On a été appelé pour des fumées au dixième étage, sur le palier, explique Marc Pigache, responsable de l’intervention pour les pompiers d’Arras. Le logement n’était pas occupé par son locataire, qui venait de s’absenter ». Lorsque les soldats du feu ont pu pénétrer dans l’appartement, ils ont découvert qu’un rouleau de papier toilette était en train de brûler sur une plaque de cuisson. Il a été aussitôt noyé et les locaux ont ensuite été largement ventilés. Il n’y a aucun intoxiqué ou blessé à déplorer. Personne n’a été évacué. S. C. PHOTO PASCAL BONNIERE
JUSTICE « LE RSA, JE PENSAIS QUE C’ÉTAIT POUR CEUX QUI N’ONT PAS TROP LES MOYENS »
Du speed, du cannabis et de l’ecstasy ont été saisis en perquisition. PAR THOMAS BOURGOIS arras@lavoixdunord.fr
ARRAS. « Vous n’êtes pas en classe, vous êtes des prévenus ! Qui comparaissent devant un tribunal correctionnel… » Le président d’audience a eu bien du mal à effacer les sourires de deux des six suspects ce lundi après-midi en comparution immédiate, alors que ces derniers venaient pourtant de passer quatre jours en garde à vue et trois en détention provisoire… Ils sont soupçonnés d’avoir participé à un trafic de cannabis, de speed et d’ecstasy qui alimentait Vous n’êtes pas en classe, vous êtes des prévenus ! Qui comparaissent devant un tribunal correctionnel. les abords de la gare, la rue piétonne Ronville, et même la maison d’arrêt d’Arras depuis plusieurs mois. Cinq d’entre eux ont demandé un délai pour préparer leur défense. Ils seront donc jugés sur le fond 4215.
du dossier lors d’une audience ultérieure, le 28 avril. En attendant, le tribunal s’est penché sur leur situation personnelle, afin de décider de leur maintien ou non en détention. Le substitut du procureur Olivier Humbert l’a requis. Au regard des casiers des prévenus, dont la plupart ont déjà été condamnés pour usage ou trafic de stupé-
fiants, mais aussi à cause du « risque de renouvellement des faits » et de « concertation » entre les suspects, « dans un dossier où les choses sont extrêmement imbriquées ». Les six prévenus, dont deux étaient déjà détenus pour d’autres faits, intègrent différentes maisons d’arrêt en attendant leur procès.
LES BRÈVES DE L’AUDIENCE Elle fume un joint en garde à vue C’est la seule femme des six suspects, mais aussi la seule à avoir un casier judiciaire vierge. Une Arrageoise de 27 ans est soupçonnée d’avoir poursuivi le trafic de drogues de son concubin, après son incarcération début janvier. Enceinte de quatre mois, elle s’est distinguée en garde à vue « en trouvant le moyen de consommer un joint » confectionné par son amoureux, relève le président. Sa réponse : « Avec tout ce qui se passait, j’étais perturbée. » ● « Difficile d’arrêter » de fumer en prison Alors que le tribunal s’interroge sur la consommation de cannabis d’un des suspects, actuellement détenu pour des violences conjugales : « Il est difficile d’arrêter quand on a tout devant soi. Ça ne date pas d’aujourd’hui que tout rentre en prison… » souffle-t-il. ● Un braquage au Vincennes. Un autre prévenu âgé de 19 ans se distingue des autres suspects pour avoir également avoué le braquage du bar-tabac Le Vincennes à Brebières. Il voulait, d’après sa version, éponger une dette de stupéfiants. ●
TRIBUNAL D’ARRAS. Freddy Anquet a joué le candide face au tribunal d’Arras… Mais les magistrats connaissent bien le trentenaire, moult fois condamné. Alors son arnaque au RSA camouflée derrière une prétendue ignorance du système, ils n’y ont pas cru. Bilan : quatre mois de prison et une lourde amende. De 2011 à 2015, le trentenaire vivant à Humerœuille (Ternois) touche chaque mois le revenu de solidarité active (RSA) pour les personnes sans activité. Il en a pourtant une, Freddy Anquet. Elle est même plutôt lucrative. Il vend de la ferraille. Beaucoup. Presque chaque semaine. En 2013, le trafic lui rapporte 15 000 €. L’année précédente, il encaisse 18 000 € ! Durant ces années fastes, il acquiert une pelle à 19 000 €, une remorque à 6 000 €, un mobile-home à 18 000 €… Ce père de trois enfants prétend, face à des juges qui l’ont déjà vu une dizaine de fois, qu’il ignorait les règles du jeu. « Aujourd’hui, je connais le sens du mot RSA. Avant, je pensais que c’était pour les gens qui n’ont pas trop les moyens… » En face, on rit jaune. « Vous ne savez pas qu’il fallait déclarer aux impôts, mais à côté de çà, vous saviez comment faire votre demande de RSA », vise – juste – la présidente Élise Hibon. M. Anquet est aussi poursuivi pour travail dissimulé… La procureure Laureydane Ortuno en remet une couche, espérant faire œuvre de pédagogie. « Le système de redistribution s’arrêtera si on constate qu’il y a trop de monde qui en profite ! »
PLUSIEURS REMBOURSEMENTS Le jugement devrait faire passer l’envie à Freddy Anquet de gruger à nouveau les organismes sociaux. Il écope de quatre mois de prison ferme et d’une amende de 5 000 €. Il doit aussi rembourser 12 993 € au conseil départemental (qui verse le RSA) et 3 392 € au Régime social des indépendants (RSI) pour les prestations non acquittées. FABIEN BIDAUD