Jours de Chasse

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“Antilopen in Namibia”

CET ANCIEN HÔPITAL MILITAIRE DE LA BATAILLE DE WATERBERG QUI EUT LIEU À UNE TRENTAINE DE KILOMÈTRES DE LÀ, A RETROUVÉ LA SÉRÉNITÉ D'UN LODGE DE CHASSE SOUS LE COUVERT DES GRANDS ARBRES. CI-DESSOUS, VORSICHT ! WARZENSCHWEINE ! (PRUDENCE ! PHACOCHÈRES !).

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n après-midi de juillet, nous quittons Windhoek. La petite ville plutôt pimpante, qui fut pendant moins de quarante ans la capitale de l’Afrique de l’Ouest (1884-1920) semble encore aujourd’hui profondément marquée par cette courtemaistumultueusepériodedel’histoirenamibienne.Ainsi, laissons derrière nous l’église luthérienne au clocher rouge et pointu sur laquelle semble veillerlastatueéquestreducapitaineCurtvon François. Si l’on oublie un instant que l’ensemble se situe sur l’avenue “Robert-Mugabe”, ce qui manque passablement de charme, il n’en confère pas moins aux alentours, des airs de petite ville rhénane, ou bavaroise, parfaitement insolites au cœur de ce désert brûlant et montagneux ou s’élève la capitale de la Namibie. Notre véhicule se précipite maintenant sur une route qui semble se confondre dans le lointain avec une ligne d’horizon qu’agite unesombrebrumedechaleur,etfonce,comme si nos vies en dépendaient,droit vers le nord. Là-bas à près de quatre heures de route,nous avons rendez-vous avec les antilopes qui sont l’apanage des chasses namibiennes.Mais le chemin est long avant de parvenir à destination,aussi avons-nous tout loisir de songer à la richesse de l’histoire du pays qui nous accueille aujourd’hui. Pourtant, longtemps la Namibie est restée une terre sans nom… En 1486, son premier “découvreur”, un navigateur portugais,Diogo Cão,plantera dans les sables d’une plage désolée, battue par des vents violents, tour à tour chargés de sel ou de sable, une colonne de pierre de deux mètres de haut, surmontée d’une croix, le “Padrao”. Un siècle plus tard, An-

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drew Battels, déserteur anglais de l’armée portugaise, s’enfuira jusqu’au cœur du pays ovambo, situé au nord de l’actuelleNamibie,dontilseralepremieràrapporterunedescription écrite.Près de deux siècles s’écoulent à nouveau,marqués seulement par quelques initiatives isolées, dont celle de Jacobus Coetse,en 1760.Ce chasseur d’éléphant hollandais qui résidait au Cap, alors possession batave, sera le premier à s’aventurer au-delà du fleuve Garib,rebaptisé plus tard Orange, en l’honneur de la famille royale hollandaise, et qui marque aujourd’hui la frontière entre l’Afrique du Sud et la Namibie. Il rapporte une description détaillée de la société nama qu’il côtoie, et loue son organisation sociale, sans oublier de faire une description minutieuse de la faune nombreuse des berges du fleuve, parmi laquelle, éléphants, rhinocéros et hippopotames vivent en grand nombre. À sa suite, une série d’aventuriers et d’explorateurs va s’enfoncer dans ces contrées arides, au-delà de ce fleuve si tranquille que borde de part et d’autre un désert rouge et brûlant qui se couvre chaque année au printemps, durant quelques jours seulement, de millions de fleurs aux couleurs éclatantes qui égayent cet âpre univers de sable,de roches et de cactus. On songe au Français François Le Vaillant qui,installé au Cap, deviendra l’un des plus célèbres naturalistes et ornithologues de son temps; il effectuera entre 1781 et 1784 plusieurs expéditions au cœur du Grand Namaqualand et audelà du fleuve Orange, expéditions qu’il racontera dans deux volumesdesouvenirsintitulésVoyagedansl’Intérieurdel’Afrique, qui connurent à l’époque un grand succès.

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ÉTÉ 2009


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