TFE - Mémoire ENP 2019 - Valentin Burdloff

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Des paysages qui se ferment La vallée au fil du temps LA FORET QUI S’ÉTEND

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Le contexte de changement de forme des villages de la vallée est important, la fin d’un système agriculture-élevage familial et nourricier et l’évolution des emplois de la vallée. Tous ces changements ont engendré une modification du paysage de la vallée, et en particulier dans le fond de vallée, où la majorité des activités se concentrent. L’influence agricole et humaine se lisaient aussi dans les pentes, qui étaient parfois plantées de vergers, ou aménagées comme des espaces supplémentaires de pâture, avec des petites terrasses. La fin de la pression agricole sur ces espaces difficiles et peu adaptés à l’évolution du système agricole, a changé ces espaces. Le Fond Forestier National a largement subventionné la plantation forestière, après le constat à l’échelle nationale de la réduction des surfaces forestières, de l’érosion des pentes et la faiblesse économique de la forêt française. Dans ce contexte-là, des plantations régulières de résineux ont vu le jour, d’épicéa souvent (Picea abies) et parfois de Douglas (Pseudotsuga menziesii ). Ces plantations émergent sur certaines chaumières, sur les pentes et parfois dans sur les piémonts et même le fond de vallée. Ces forêts monospécifiques, se repèrent d’autant plus à l’automne, où leur uniformité verte ressort de la forêt naturellement boisée d’une hêtraiesapinière. Ces plantations ont donc limité la formation de friches, mais on fermé le paysage.

L’abandon des terres agricoles et la réduction drastique du pâturage dans la vallée a eu pour conséquence l’enfrichement de certaines terres. De manière globale, avec l’enfrichement naturel, et les plantations anthropiques, le paysage de la vallée s’est doucement refermé depuis l’aprèsguerre. Mais ce lien entre le pastoralisme et la forêt existe dès les premières installations sédentaires dans les Vosges. Le défrichement sur les chaumes est arrivé très tôt, et cela s’explique par une forêt clairsemée, peuplée d’arbres rabougris par le sol mince et le vent violent qui balaye ces sommets. La topographie des chaumes est relativement plane, le défrichement étaient donc largement facilité. Des charbonniers ont longtemps prospéré sur les chaumes et les forêts voisines. Le pâturage a contribué à l’ouverture de la vallée. Mais l’explosion de la démographie au 18ème augmente la demande en bois, qui est alors un élément de construction irremplaçable, et un très bon combustible. La coupe du bois par annelage (coupe du cambium) permettait aussi le commerce de l’écorce, vendue et utilisée par les tanneurs de Colmar. La première pénurie de bois arrive au milieu du 18ème siècle. Une ordonnance royale oblige en 1814 les constructions et reconstructions à se faire en pierre et non en bois ; le bois étant réservé à la charpente et à la couverture.

3 - des évolutions qui marquent le territoire


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