URBAIN Tanger - n°4 - AVRIL 2013

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URBAIN tanger

N o u r- E d d in e

Lakhmari

L’homme de l’année

Le realisateur de C asa N egra et de Z ero se confie a UR bain rencontres - actualités - société - culture - agenda - adresses mensuel gratuit - n°4 - avril 2013


S pa Hammam Coi ffu re - Fit ness

Rue Adolfo Fessere Quartier California - Tanger TĂŠl. : 05 39 37 43 47 / 05 39 37 43 28 www.serenitydayspa.ma


é“dito SOUS LE SIGNE DE L’IMAGE... C’est sous le signe de l’image qu’est né ce numéro d’avril. Réalisateurs, photographes, les personnages qui ont accepté de se confier et de faire partager leur passion aux lecteurs d’URbain vibrent à travers l’émotion procurée par la lumière, la couleur, une expression... et l’instant magique fixé sur la pellicule. Parmi eux, Nour-Eddine Lakhmari. Ses films, le message qu’il délivre et son prix au Festival National du Film de Tanger nous avaient donné envie de mieux le connaître. Avec le réalisateur de CasaNegra et de Zero, la rencontre fut belle. Car si le cinéma est sombre, c’est loin d’être le cas du personnage. Nour-Eddine porte bien son nom. Lumineux. Rieur. Charmeur. Optimiste. Passer une soirée avec lui est le meilleur des baumes pour le moral. Découvrez-le dans nos pages, vous comprendrez pourquoi il est “notre” homme de l’année. Un autre grand pro, amoureux de Tanger, nous fait partager sa dernière expérience. Il s’agit de Frédéric Dufour, l’une des étoiles montantes dans le milieu du photo-reportage français. Choisi pour suivre officiellement la campagne de François Hollande, envoyé en priorité sur tous les points “chauds” de la planète, ce photographe de l’AFP nous offre des clichés de son retour du Mali et les commente pour nous. Et beaucoup d’autres choses encore... Pour vous donner envie, je l’espère, de continuer à être toujours plus nombreux, chaque mois, à attendre votre magazine URbain avec impatience. Je vous souhaite une excellente lecture.

Christine Cattant

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© jyriado - Fotolia.com

tanger Directeur de Publication : Rédactrice en Chef : Rédaction :

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Othman Noussairi Christine Cattant Mohammed Al Kh., Khadija Barkani, Ali Bobo, Christine Cattant, Philippe Chaslot, Stéphanie Gaou, Estelle Du Brusc Crevette In Tangier Graficas Norte contact@urbainmagazine.com

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© Nour-Eddine Lakhmari

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S ommaire

URBAIN

tanger

Avril 2013 / N°4

26 Nour-Eddine

Lakhmari L’interview

6 ACTUALITÉS

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Courrier des lecteurs Nouvelles de la ville Focus sur “La Culture en partage” Association Sourdimad Actus Maroc Actus internationales

18 À LA UNE 18 24 26 28

FIGURES 3 - Fred Dufour, reporter LA CHRONIQUE DE LOTFI AKALAY RENCONTRE QDP à Maryam Touzani NOUR-EDDINE LAKHMARI : LE RENOUVEAU DU CINÉMA MAROCAIN

36 CULTURE 36 40 44 46 50

VISIONS DE TANGER Votre concours photo AGENDA CULTUREL Musique, expos... ÉVÉNEMENT Le Colloque à Tanger CINÉ À l’affiche LIVRES La sélection du mois

54 SOCIÉTÉ

54 ON EN PARLE Les Brèves d’URbain 56 TANGER VUE PAR... Ali Bey Al Abassi 58 QUAND JE VEUX, OÙ JE VEUX Mon mobile et Moi

60 DÉCOUVERTE

60 WEEK-END Oualidia, coquillages et crustacés 62 PATRIMOINE La Villa Harris, paradis perdu

66 PRATIQUE

66 CONSO Les bons plans d’un Tangérois 68 SHOPPING Le citron Beldi 69 RECETTE La Bissara

70 DÉPART D’UN TANJAOUI 72 UTILE 72 74 75 76

Urbanoscope Annonces immobilières Carnet d’adresses Points de distribution

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co urrier des lecteurs

Actus I

Vous nous avez ecrit... sur contact@urbainmagazine.com

Habitant la Belgique, je fais de nombreux séjours à Tanger et Asilah. Je suis très intéressé par votre magazine. Comment faire pour se procurer les versions papier des numéros 1 et 2 ? Pouvez-vous me garder un exemplaire papier du numéro 3 (et peut-être déjà le 4…) ? Ce serait très gentil. Votre revue est formidable et témoigne magnifiquement du dynamisme de Tanger et de sa région. J’espère que vous consacrerez un jour un reportage à Asilah. J’ai demandé à une connaissance de me trouver un exemplaire des numéros 1 et 2. Mais je me rends compte qu’il me faudra beaucoup de chance… Jean-Claude Leclercq De Mouscron (Belgique). Cher Jean-Claude, Nous vous remercions pour vos encouragements qui nous vont droit au coeur ! Rassurez-vous, nous parlerons bien sûr très prochainement de la superbe Asilah. Vous nous faites part de vos difficultés à trouver les exemplaires papier d’URbain qui, en effet, se sont arrachés dans les jours qui ont suivi leur mise à la disposition du public. C’est ce qui s’appelle être victime de son succès ! C’est pour cette raison que le nombre d’exemplaires imprimé est à chaque fois plus important, nous espérons ainsi satisfaire rapidement le plus grand nombre. Cependant pour en être assuré, il est tout à fait possible de réserver votre exemplaire en en faisant la demande auprès de notre rédaction. Et rappelez-vous que vous pouvez à toute heure consulter la version en ligne de tous nos numéros sur www.issuu.com.

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Interactif Chef Anthony Bourdain is filming a documentary on Tangiers. He is staying at the Minzah. An interview with him would be great. Monsef M. Elftouh D’Orlando, Floride (sur Facebook) Monsef nous l’avait demandé sur notre page Facebook. Nous espérons qu’il a été heureux de découvrir le sujet sur son chef préféré dans notre numéro de mars. Comme lui, n’hésitez pas à nous suggérer vos idées de thèmes de dossiers ou d’articles que vous aimeriez voir traités dans nos pages. Car URbain est définitivement votre magazine.

Envoyez-nous vos CV ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous faire parvenir votre CV pour travailler chez URbain. Et vous faites bien ! Nous envisageons en effet, dans les mois prochains, la création progressive de plusieurs postes, tant au niveau de la réalisation que de la commercialisation du magazine. Les profils recherchés seront : - Commercial dynamique, ambitieux et tenace, maîtrisant parfaitement le français (espagnol et darija sont un “plus”), si possible expérimenté dans la vente d’espaces publicitaires - Directeur artistique ou maquettiste créatif possédant une première expérience dans la presse magazine. - Photographe de presse motivé, débutant accepté. - Secrétaire de rédaction possédant d’excellentes qualités d’organisation et un français impeccable. Première expérience dans la presse ou l’édition impérative.


Tous les plaisirs de l ’ O céan... Terrasse panoramique avec vue sur le “grand bleu” Carte de produits de la mer raffinés & cuisine méditerranéenne

Ouvert tous les jours Plage Sidi Kacem - Direction Grottes d’Hercule Tél. : 05 39 33 81 37 - Mail : oceantanger@gmail.com www.oceanplagetanger.com


nouvelles de la ville

Actus I

L ’a c t u d e s g e n s

La misère “moins pénible au soleil”? Il aura fallu une drôle de crise économique pour voir ça. Récemment, un bon nombre de mendiants espagnols ont traversé le Détroit pour chercher à Tanger sinon des cieux du moins des passants plus cléments... On peut les croiser dans le centre-ville, jouant de la musique et sollicitant la générosité des gens pour récolter quelques dirhams. © D.R. Le monde à l’envers ?

TUBERCULOSE

DOULOUREUX RECORD POUR TANGER La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars dernier, a donné l’occasion de rappeler que cette maladie fait encore des ravages au Maroc, et en particulier à Tanger qui enregistre le plus fort taux de malades par habitant et plus de 20 % des cas recensés dans le pays. Ses liens avec l’habitat insalubre, la promiscuité, la malnutrition et la pauvreté ont été prouvés. En cause également le fait que les malades ne suivent que rarement les six mois de traitement nécessaires à une guérison complète : la maladie récidive et devient résistante aux médicaments. Un plan d’information national ne serait pas un luxe.

Par Estelle Du Brusc

MODE IN TANGER Salima Abdel-Wahab

nous offre du rêve au Minzah Le premier jour du printemps, la créatrice Salima Abdel-Wahab avait choisi l’hôtel El Minzah pour présenter sa collection Printemps-Été. Une quizaine de mannequins, une trentaine de tenues, un public venu en masse et un spectable réussi. Mais surtout le plaisir de découvrir des vêtements qui ont de l’esprit. Terriblement modernes, inspirés, métissés, les influences slaves et asiatiques venant souligner les lignes de vêtements à la coupe tour à tour floue ou nette, à l’inspiration sophistiquée ou bohème. Un petit air de nouveauté flotte décidément sur la mode au Maroc...

LE CONSUL BELGE S’EN VA AUSSI... Mais pas pour les mêmes raisons que celui de France (voir article en p.70). En effet, la Belgique opère une refonte de sa carte diplomatique. Elle se traduit par la fermeture de certains Consulats, comme celui de Tanger, mais aussi Milan, Malte, Johannesburg ou Costa Rica, entre autres. Les activités diplomatiques belges seront désormais concentrées à Rabat et Casablanca.

TANJA STREET ART ANIME LES MURS

Du 11 au 14 avril, le très beau centre culturel Bab el Marsa verra ses murs s’orner de collages urbains et de stickers créés et envoyés par des artistes du monde entier (Maroc, France, USA, Indonésie, Allemagne, Italie, Roumanie, Algérie, Colombie...). Et une fresque sera réalisée “en live” avec les artistes présents pour clore l’événement.

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© V. Thoyer

LA JEUNE EVY A FAIT SES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS DE LA MODE LORS DU DÉFILÉ POUR LA COLLECTION PRINTEMPSÉTÉ DE SALIMA ABDEL-WAHAB.


L ’a c t u d e s b o i t e s Tanger : L’industrie aéronautique s’envole

C’est l’histoire de deux petites sociétés. L’une créée en 2008 à la TFZ, MK AERO, par une grosse entreprise française, Mecachrome, pour fabriquer et assembler des pièces pour l’aéronautique. Sept employés, un CA de 55 000 € la première année. En 2012, Mecachrome s’allie avec l’entreprise française L’électrolyse pour créer une deuxième petite société à la TFZ, spécialisée celle-là dans le traitement de surfaces : LELMA. L’usine est construite à côté de celle de MK

Après la Comarit, l’IMTC à la dérive ?

© D.R.

Décidément, la navigation dans le détroit de Gibraltar ne porte pas chance aux compagnies maritimes marocaines. Après les déboires de la Comarit, c’est au tour de la société IMTC de se trouver en difficulté : procès de la part de la société GNV, salariés en grève pour défaut de paiement des salaires depuis quatre mois... Ça va mal. Il faut dire que dans le détroit, l’offre est désormais bien supérieure à la demande. Pas un ferry assurant la liaison n’affiche jamais complet, même en pleine saison touristique. La concurrence est rude et la crise économique a largement ralenti les passages entre les deux continents. La régulation semble se faire au détriment des compagnies nationales. Reste à analyser objectivement les raisons de ce fiasco...

© A.L.M.

En mars, l’alliance des deux usines MK AERO et LELMA de la zone franche de Tanger a fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Le Ministre de l’Industrie Abdeljakder Amara s’est déplacé à Tanger pour l’inauguration. En effet le Maroc, grâce à cette union, se voit doté d’un centre d’expertise unique qui s’inscrit parfaitement dans le cadre du développement des nouveaux métiers du Maroc et de la consolidation de la plateforme industrielle aéronautique. Un mariage plein de promesses pour l’avenir...

L’inauguration de MK AERO - LELMA, le 4 mars 2013, en présence du Ministre de l’Industrie Abdeljakder Amara et du Directeur de l’usine, Jean-Pierre Desnoux (à droite). AERO. Et tout naturellement, les deux sociétés s’allient en 2013 pour travailler en synergie et offrir une solution globale intégrée intelligente aux entreprises de l’aéronautique. Le CA prévisionnel pour 2013 cumulé des deux - petites - sociétés est de plus de 2,5 millions d’€ et le nombre d’employés est passé à 80 personnes.

Le développement du tourisme “maxi haut de gamme” à Tanger Que le contribuable français qui n’a plus les moyens, en ces temps de crise, de partir en vacances se console : avec ses impôts, la SNCF finance les séminaires annuels de ses cadres. Jusque là, quoi de plus normal pour une entreprise d’état ? Ce qu’on ne dira pas trop fort cependant, c’est que les séminaires ne sont pas organisés dans une quelconque banlieue parisienne studieuse, noooon... Il faut motiver les troupes et donc favoriser un climat de travail par la détente. Ainsi donc, en septembre 2011, le séminaire des managers de la Compagnie Nationale des Chemins de Fer a réuni 600 personnes pendant 4 jours à Tanger. L’addition pour ce petit voyage - qu’on pouvait

trouver raisonnable, comparé à d’autres destinations - s’est élevée à 2,7 millions d’€, soit 1430 € par jour et par personne... Dans ce budget, un dîner à 314 € par personne (mais qu’ont-ils donc mangé ?), l’édification d’une tente pour 367 000 € (une tente, pas un bâtiment) ou la visite guidée du port pour 60 300 €. La tablette numérique offerte en cadeau à chacun des participants à la fin du séjour n’est pas comprise dans ce budget. L’usager de la SNCF va enfin comprendre pourquoi prendre le train coûte les yeux de la tête... Alors qu’on arrête de nous dire que Tanger est seulement une ville de tourisme bon marché, on ne le croira plus !

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nouvelles de la ville

Actus I

Culture

L’Institut Français de Tanger Par Estelle Du Brusc

O N NE

JOUIT BIEN QUE D E C E Q U E L’ O N PA RTA G E . . . Le 14 mars dernier, l’Institut Français de Tanger organisait une soirée de présentation de son action culturelle et de ses projets futurs à des « sponsors » éventuels sur le thème de “La Culture en Partage”. L’occasion d’établir un constat plutôt mitigé sur l’attraction qu’exerce ce genre d’événement auprès des entreprises et organismes locaux… Malraux disait : « La culture ne s'hérite pas, elle se conquiert. » On pourrait même dire qu’elle s’acquiert. En effet, la culture a un coût. OEuvrer pour la culture, c’est être pleinement actif, déployer des efforts, investir du temps et de l’argent. Et le directeur de l’IFT, Alexandre Pajon, ne ménage en effet pas sa peine pour dynamiser la vie culturelle tangéroise. Depuis son arrivée relativement récente, l’Institut est devenu objectivement un lieu incontournable pour tout Tangérois désireux d’étoffer sa culture. Concerts, pièces de théâtre, expositions, rencontres, participation à des manifestations nationales, débats, partenariats, résidences d’artistes... L’offre est considérable. L’Institut Français du Maroc, c’est un réseau de onze établissements répartis dans le royaume et conduisant leur activité dans le cadre de la Convention de Partenariat pour la coopération Culturelle et le Développement signée entre le Maroc et la France en 2003. À Tanger, la source essentielle de revenus est constituée par la promotion de la langue française et le développement de sa pratique. Les cours (payants) dispensés par l’Institut permettent aux élèves de passer diplômes et certifications officielles. Des partenariats locaux et des mécènes contribuent également à l’activité de l’Institut. Mais cela reste toutefois insuffisant au regard de son ambition d’offrir à la ville toujours plus d’événements culturels gratuits et de financer divers projets d'artistes marocains et français, au sein d’un pôle destiné à rayonner au-delà même des frontières du nord du Maroc.

L’IFT... en trois lieux La galerie Delacroix - Unique en son genre dans le nord du Maroc, la galerie Delacroix expose les oeuvres d’artistes locaux, nationaux et internationaux. Elle possède également son propre fonds d’oeuvres qu’elle gère à l’instar d’un musée.

© Othman Sakhi

L’espace Beckett - L’espace Beckett regroupe une salle de théâtre de 180 places à l’acoustique irréprochable la seule en ville -, un atelier d’arts plastiques, une salle de danse et une salle de musique dans lesquels sont dispensés des cours (renseignements au 05 39 94 10 54).

© Othman Sakhi

L’Institut - Le centre administratif qui abrite le centre de promotion de la langue française et la médiathèque.

La chasse aux investisseurs dans la culture reste donc officiellement ouverte...

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© Othman Sakhi


寿司 (LE SUSHI).

otori 41, avenue de la Résistance Tanger - 05 39 32 55 33 otorisushi@gmail.com


assoc iatio n

Actus I

Sourdimad

Une motivation sans faille

Faire des Sourds des citoyens comme les autres Platon aurait parlé de “fraude des mots”.

Imad Tabtoub est sourd. Pas malentendant. Il y tient et refuse, comme toutes les personnes sourdes au monde, la supercherie linguistique, l’euphémisme trompeur et le politiquement correct de la langue de bois. Et des revendications, Imad en a bien d’autres. Toutes légitimes. C’est la raison pour laquelle il a créé à Tanger, en 2007, la section marocaine de Sourdimad.

I m a d Ta b t o u b, d i r e c t e u r d u C e n t r e de D év e l opp em ent S oc i a l S ol i da i re e t d e C u l t u r e d e s S o u r d s d e Ta n g e r.

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Imad Tabtoub est enseignant diplômé en langue des signes (LS). Diplômé. Et peut-être, chose finalement pas si incroyable quand on étudie le contexte, le seul Sourd au Maroc ayant un niveau d’études supérieur. La surdité n’est pas un handicap mental. Mais la condition sociale qui en découle peut le générer. Car un Sourd, au Maroc, n’a à sa disposition ni interprètes professionnels ni formation en langue des Signes. Il n’a pas le droit de passer son permis de conduire. Il n’a pas l’autorisation de posséder de compte bancaire, à moins d’être accompagné par un “tuteur”. Il est le plus souvent, dès la petite enfance, isolé dans un environnement ou l’oralité érigée en modèle unique est un obstacle à son développement. Pour un Sourd, sans communication visuelle, aucune chance d’égalité sociale.


Le volet créatif : de vrais besoins L’un des volets de l’activité de Sourdimad est la production de supports d’éducation et d’information en Langue des Signes diffusées sur Youtube (150 000 vues à ce jour). Ce volet est le plus récent et est encore à développer en terme de contenu car de nombreux sujets doivent être traités tant les besoins sont importants.

© Photos : Sourdimad

Initiation à l'informatique, à la vidéo, prise de vue, montage, réalisation, etc.

Sur le plan personnel, apprendre une langue des Signes est une expérience fructueuse. Personne n'en sort indifférent...

Alors comment accepter l’idée de reléguer ainsi “aux oubliettes” près de 80 000 citoyens (dont au moins 2 000 à Tanger) à l’intelligence “normale” ? De faire une croix sur les personnalités, les talents, les Beethoven, les du Bellay, les Goya, les Laborit, les Hemingway, les Buñuel marocains ? Ou, tout simplement, de refuser à nos soeurs, nos frères, nos enfants, une vie ordinaire ? Sourdimad est une ONG. Son fonctionnement, essentiellement participatif, n’a pas pour but de fédérer les Sourds du Maroc. Pourtant, Imad Tabtoub, son directeur, s’est investi corps et âme ces dernières années pour réussir à réunir les associations de tout le pays sous un seul et même organisme. C’est désormais chose faite puisque la Fédération Nationale des Sourds du Maroc tiendra ce mois-ci son assemblée constitutive à Meknès. Car jusqu’à présent, les associations de Sourds, aux besoins pourtant bien spécifiques, devaient se contenter d’appartenir à la Fédération nationale des Handicapés. En 2009, le Centre de Développement Social Solidaire et de Culture des Sourds de Tanger, parrainé par Sourdimad, a vu le jour. Ce centre accueille en permanence une vingtaine de bénéficaires pour une durée moyenne de deux ans. Il propose des activités quotidiennes, des voyages, des rencontres, des manifestations. Les résultats sont spectaculaires. Chez les Sourds entrés dans le programme, on note une réelle évolution en termes de communication, de développement des connaissances (savoirs et vie sociale), d'estime de soi et de perspective de vie autonome. Les bénéficiaires deviennent à leur tour intervenants, les savoirs et l’entraide sont partagés.

Le nerf de la guerre est, comme toujours, le volet financier. Pas de subventions publiques, plus d’aides privées, Imad et son épouse animent bénévolement et financent sur leurs deniers personnels toute l’activité du centre. Une situation anormale qui n’est pas tenable à terme et ils font appel désormais à toutes les bonnes volontés (voir encadré ci-dessous) pour leur permettre de poursuivre leur action. Parce qu’ils le méritent, nous les leur souhaitons immensément nombreuses... C.C.

Contact

Deux sources de financement pour Sourdimad : 1 - Les dons 2 - Les cours de Langue des Signes Pour vous inscrire aux cours ou effectuer un don, contactez SOURDIMAD - C/° Laurence DUDEK - 34, rue LAFAYETTE - Tanger 90000 Email : sourdimad@yahoo.fr Boîte vocale : 06 61 90 78 77

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maroc

Actus I

Par Estelle Du Brusc

La finance islamique à l’étude...

C’est sympa

Selon le site InfoMédiaire, devant le succès croissant de la finance islamique, la Bank Al Maghrib (BAM) a demandé à un ensemble de savants islamiques (universitaires et experts financiers) de réfléchir à la création d’un charia board pour superviser cette industrie naissante au Maroc. Il s’agira de se prononcer sur la conformité des instruments et activités utilisés pour respecter les principes de la charia comme, par exemple, les prêts non-usuriers - les crédits à intérêts (riba) n’étant pas halal.

Santé

Plan d’urgences

Le lancement du Plan National de prise en charge des Urgences Médicales a eu lieu en mars. Un investissement d’environ 500 millions de © Beerkoff DH pour améliorer la prise en charge des urgences pré-hospitalière et hospitalière, renforcer la formation et l'encadrement du personnel médical et paramédical, développer les partenariats entre les établissements du public et du privé et mettre progressivement en service le numéro national unique et gratuit des appels médicaux d'urgence, le "141".

Oliver Stone aurait choisi le désert marocain comme décor pour son prochain film Katiba, une histoire politique sur fond de terrorisme au Sahel inspirée du roman de l’écrivain français Jean-Christophe Rufin. Le réalisateur avait déjà tourné au Maroc le film Alexandre en 2004.

C’est malin

La Présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner a laissé, en mars, son avion présidentiel au Maroc avant de poursuivre son voyage vers le Vatican dans un jet d’une compagnie espagnole pour assister à l'intronisation du pape François. En effet, les biens de l’état argentin faisant l'objets d’arrêtés judiciaires de saisies par des tribunaux internationaux, son avion risquait fort d’être saisi à son arrivée en Europe. Elle a repris tout naturellement son avion sur le chemin du retour...

Pharmacies : la pilule passe mal Selon les chiffres annoncés lors du dernier Salon International des Professionnels du Médicament, Officine Expo 2013, qui s’est tenu à Marrakech, un Marocain dépense 400 DH par an en moyenne en médicaments, contre 1 150 DH pour téléphoner... Un tiers des officines que compte le Maroc sont en situation de quasi-faillite et seulement un tiers, soit un peu plus de 4 100 pharmacies, sont rentables. En cause, la faible consommation de médicaments au Maroc, mais aussi des prix de vente trop bas, le prix moyen étant de 28 DH.

© Kadmy

28e Sultan Marathon des Sables

© D.R.

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Pour son édition qui se déroulera du 5 au 15 avril, le Sultan Marathon des Sables réunira 1 090 athlètes de 45 nationalités différentes. Seulement 14 % de femmes, le concurrent le plus jeune sera âgé de 16 ans, le plus vieux de 79 ans. Cette course unique, disputée sur six étapes et pratiquée en autosuffisance, sera longue de 230 km. La dernière étape sera entièrement parcourue au profit de l’Unicef.


écoLogie et recycLage

À quand au Maroc ? Quand bien même on parviendrait à changer les mentalités, encore peu sensibles dans l’ensemble, il faut l’avouer, à la question de l’écologie, il faudrait se rendre à l’évidence que la mise en place d’une politique de gestion des déchets par le biais du recyclage telle qu’elle existe, par exemple, en Europe, est inconcevable car extrêmement coûteuse. Il faut par conséquent en passer par d’autres solutions. C’est pour cette raison, mais aussi parce qu’ils défigurent les paysages en s’envolant et en se déposant partout, que la loi 22-10 concernant la production de sacs plastiques a été adoptée il y a deux ans. Las ! Cette loi qui interdisait la production de sacs non-dégradables et nonbiodégradables n’a jamais été respectée. Enfin presque jamais. Selon Greenberry, l’une des seules sociétés commercialisant au Maroc l’additif nécessaire à la fabrication (car il accélère le vieillissement des sacs plastiques), seuls 3% du marché respectent la réglementation. Il s’agit des grandes sociétés ayant intégré cette loi dans leur démarche marketing et que nous nous faisons donc un plaisir de citer ici : Maroc Telecom, Carrefour, Marjane, Bim et Kitea, pour les principales.

OUPS ! Le Maroc et... Sa belle économie Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), l’économie marocaine se porte plutôt bien. En effet, outre un 4e trimestre 2012 indiquant une hausse de l’activité dans presque tous les secteurs, les perspectives pour le premier trimestre de cette année sont de 4,5% de croissance. De bien jolis chiffres que beaucoup doivent envier...

Son secteur touristique Bilan mitigé si l’on en croit le rapport du Forum économique Mondial qui vient de paraître. Certes le Maroc gagne sept places depuis le dernier rapport (2011), mais il n’est que 71e sur 140 pays (9e de la région MENA). Bien classé en matière d’organisation, de stratégie et de développement durable (de la 22e à la 31e place sur ces critères), le pays est pénalisé par des points noirs, tels que l’hygiène et la santé (104e), l’éducation et la formation, le transport et les infrastructures touristiques. Les perspectives d’évolution sont bonnes, mais il faudra continuer à oeuvrer...

Son développement humain Décidément, le début d’année est l’époque des rapports de tous poils. Celui du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement) porte sur le développement humain. Et ça fait mal. Le Maroc est classé 130e sur 186 pays, loin derrière l’Algérie, la Tunisie, l’égypte (93e, 94e et 112e) et même la Libye (64e) dans un classement dominé par la Norvège et où, parmi les 20 premiers, 11 sont Européens et 4 asiatiques. En cause, le taux d’alphabétisation ou de scolarisation, l’intégration sociale, l’emploi, l’équité et l’égalité hommes/femmes...

Son or vert... © Fotolia

Un petit dernier pour la route ? Le rapport de l’OICS indique que le Maroc est le « leader mondial de l’exportation de cannabis ». En outre, il est devenu l’un des principaux pays de transit de la cocaïne vers l’Europe...

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m onde

Actus I

L’info décalée d’URbain

Drôle, futile, inutile, c’est aussi ça, l’info qu’on aime... Par C.C.

I N F O U T I L E ...

DES MUSULMANS ChEz UN PASTEUr ?

Manquant de place dans leur mosquée à Aberdeen, en Écosse, les fidèles musulmans ont été invités par le révérend Isaac Poobalan à venir prier cinq fois tous les vendredis dans son temple, l’Église St John."Quand il s'agit d'amitié et d'hospitalité, la religion n'entre pas en jeu.” Un OVNI, enfin...

JAN hANSEN : LE boEUF, C’EST SoN “DADA”

Le “scandale de la viande de cheval” ressemble à une grosse blague. Ainsi, on vient de découvrir que des sociétés dans l’Europe entière font appel à un seul et même intermédiaire hollandais, Jan Hasen, trader de son état, installé en Belgique, dont la société est basée à Chypre et le compte bancaire domicilié aux Îles Vierges Britanniques, pour acheter du boeuf en Roumanie. Et ceci bien que cet individu ait déjà été condamné à un an de prison aux Pays-Bas pour “falsification de documents et d’étiquetage de lots de viande” après avoir vendu du cheval sous l’appellation “boeuf hallal”. Mais après avoir constaté que de l’ADN d’équidé avait été détectée partout dans les produits censés contenir exclusivement du boeuf en Europe, la question qui nous taraude vraiment, c’est : “D’où ils sortent, tous ces chevaux ?”

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... I N F O F U T I L E

QUI vEUT gAgNEr DES MILLIoNS ?

Si c’est votre cas et que vous savez vivre chichement, c’est aux USA qu’il faut vous rendre, puisque c’est là que le nombre de millionnaires (en $) est le plus élevé, il est même en progression ! Si vous êtes plus gourmand, rendez-vous sur le continent asiatique, là où les milliardaires sont désormais les plus nombreux : 608, contre seulement 440 en Amérique du Nord et 324 en Europe. Un billet pour Hong-Kong ?

“DrINk ME, I’M FAMoUS”

Pour vous “la jouer grande star” en affichant une bouteille de votre soda préféré marquée de votre prénom, il suffira d’aller l’acheter à partir du mois de mai en France. Et de porter l’un des 150 prénoms choisis parmi les plus usuels par le géant industriel. Une opération qui durera jusqu’à l’été et qui avait déjà remporté un big success l’an dernier en Australie.

SACré CoUP DE boL !

Le petit monsieur qui avait acheté en 2007, dans un vide-grenier, un minuscule bol ébréché pour 3 $ vient d’empocher le jack pot. Récemment, l’idée lui est venue de faire expertiser l’objet (!). Après examen, la très compétente société Sotheby's lui apprend que le bol est une poterie “Ding” rarissime, datant de la dynastie chinoise “Song” et âgée d’environ un millénaire ! Et de l’estimer autour de 250 000 $. Lors de la vente aux enchères qui a suivi, il a finalement été adjugé pour 2,23 millions de dollars à un marchand d'art londonien.


Rue d’Angleterre - Tanger - 05 39 37 40 57 Tous les soirs sauf le dimanche

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À la Une I

fi gur es de tan ger

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Fred, reporter dans un Mali “ en libération ” Frédéric Dufour, photo-reporter à l’AFP, sillonne la planète. Pour lui, la base arrière, celle de la détente, c’est Tanger. De passage dans notre ville où il compte se marier cet été, Fred a offert à URbain quelques clichés qui ont fait le tour du monde sur cette drôle de guerre, dont les combats ont été rendus invisibles par l'Armée française. Il commente ses propres images... PHOTOGRAPHIES : FRED DUFOUR

“ÇA, C’EST MOI, AU PETIT MATIN. CAFÉ À SEGOU, VILLE SITUÉE À 2H30 DE BAMAKO. JUSTE UN SOUVENIR...”

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Urbain : vous revenez du Mali où vous avez couvert pour l’AFP, la plus grande agence de presse en France, le début de l’intervention militaire. Concrètement, comment ça se passe ? Frédéric Dufour : On m’a appellé le samedi. On m’a dit : « Ton visa est en cours. Vous serez trois photographes à partir ». J’apprend le mardi soir que j‘ai un vol le lendemain. Et voilà ! J’ai au moins eu le temps de faire mon sac. Au Japon, pour Fukushima, ça n’avait pas été le cas. U. : Par contrat, vous êtes obligé de dire oui ? F.D. : Non, pas du tout. Par exemple, en septembre, j’ai dit non pour la Syrie où j’étais déjà pourtant allé. J’ai deux enfants, et là j’ai estimé que c’était trop dangereux. Et puis j’aime les situations de crise, de révolution comme en Tunisie où j’ai couvert « le printemps de jasmin », mais pas vraiment de guerre. U. : Aviez-vous emporté un matériel spécifique en plus de votre appareil photo ? F.D. : On nous équipe pour travailler sur un théâtre de conflit. Un gilet pare-balles, un casque et un téléphone-satellite pour appeler de n’importe où. Ça ressemble à un téléphone fixe ave une petite antenne qui se déplie. À 100 km à la ronde de Tombouctou, il n’y avait pas de réseau. Ce téléphone devient très important pour donner des indications. U. : Comment décririez-vous ces trois semaines passées au Mali avec votre collègue photographe et votre chauffeur ? F.D. : D’abord, c’était une drôle de guerre parce que, d’une certaine façon, on n’a pas vu les combats. Au fur et à mesure qu’on s’enfonçait avec notre 4 x 4 dans le pays, de Bamako à Tombouctou, on rencontrait de plus en plus de gens adorables qui nous accueillaient, nous donnaient des renseignements. Dans le village, c’était des signes, des sourires, des « Merci la France ! Merci François Hollande ! » C’était comme une libération pour eux et on représentait les libérateurs, ce n’est pas une sensation désagréable. U. ; Les gens vous racontaient facilement la vie qu’ils ont vécu avec les islamistes ? F.D. : Ils avaient même très envie de témoigner. En Europe, il aurait fallu sortir nos cartes de presse, mettre en confiance. Là, parce qu’on était blancs, ils avaient tout de suite envie de parler. Le guide nous a parlé de gens qui avaient

subi la charia. Cette facilité à communiquer m’a frappé. On est allés rendre visite à une jeune fille de 22 ans, Maimouna Djite, qui avait été interpellée par des barbus en sortant de chez elle parce qu’elle « s’habillait mal ». U. : Qu’est-ce qui lui est arrivé ? F.D. : Ils l’ont emmenée d’office dans une petite pièce, de ces petits espaces de 3 m2 qui sont à côté des distributeurs automatiques. Ils l’ont enfermée et accusée d’adultère. Elle est restée 36 heures enfermée, elle a fait des crises d’angoisse. S’est évanouie de peur et s’est ouvert la jambe en tombant sur un bout de verre. Elle saignait, elle a attendu des heures avant qu’on l’emmène à l’hôpital. Là, le médecin lui a dit qu’il ne fallait « rien faire et laisser Dieu résoudre tout ça ». Elle a de grosses cicatrices. Elle a alors été ramenée dans le réduit. Et là, les cinq ravisseurs islamistes l’ont violée... U. : Elle racontait cela facilement ? F.D. : C’était un peu irréel, elle racontait ça devant sa mère et devant des enfants. Elle disait qu’elle respirait à nouveau depuis le départ des islamistes… D’autres nous ont raconté que les islamistes mesuraient les longueurs des voiles. Maintenant, elles avaient décidé de ne plus le porter. U. : Qu’est-ce que vous retiendrez de cette mission au Mali ? F.D. : Des moments extraordinaires. Cette joie simple retrouvée par ces filles de pouvoir simplement se balader dans la rue sans être surveillées. Elles m’ont invité le soir, chez elle, à « une fête ». Plutôt simple, la fête ! Mais j’ai trouvé cette invitation extraordinaire. Aller chez des gens qui retrouvaient une liberté impensable quelques jours avant et qui voulaient faire partager ce moment...

Mariage à Tanger “C’est une ville agréable que nous avons découverte il y a peu et qui, d’une certaine façon, nous ressemble, à Sakura et à moi. C’est le mélange. Sakura est mi-allemande, mi-japonaise, de famille catholique et boudhiste. Moi, je suis Français avec des origines chinoises. Se marier à Tanger, c’est retrouver ce parfum international et tolérant mais c’est aussi choisir un lieu neutre entre les familles puisqu’elles sont d’un peu partout ! Et le mariage sera vraiment très « tangérois » parce que le prêtre catholique sera Mexicain ; il nous mariera en anglais dans une église protestante, sur une terre musulmane. Ça, ça nous plaît !”

“L’ATTENTE. ON SE PREND EN PHOTO. ON EST LE LONG DU FLEUVE NIGER, ON A ATTENDU PLUSIEURS HEURES UN BATEAU POUR ACCÉDER À UNE VILLE FERMÉE PAR LA ROUTE. ON EST DONC PASSÉ AU SOLEIL COUCHANT, CLANDESTINEMENT, À LA BARBE DE L’ARMÉE MALIENNE. PAS VRAIMENT DANGEREUX, JUSTE LE JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS.”

U. : Et qu’avez-vous appris ? F.D. : En Europe, on fait des raccourcis, on va au pire. Souvent, on dit que l’islam engendre ça, l’horreur. Ce que j’ai vu, moi, ce sont des gens qui revivaient après la charia et qui redevenaient heureux dans l’islam... Propos recueillis par Ph. C.

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fi gures de tanger

À la Une I Vous avez certainement vu ses photos sur la révolution tunisienne ou sur Fukushima : elles ont fait le tour du monde. Frédéric Dufour, en quelques années, est devenu l’un des meilleurs. De retour du Mali où il a couvert « la guerre invisible » pour l’AFP*, il offre aux lecteurs d’URbain quelques-uns de ses clichés et les commente pour nous. *Agence France Presse basée à Paris.

“LA « GRANDE BARAQUE », MOHAMED, A SORTI UNE MACHETTE. CE QUI ME PLAÎT, C’EST SON REGARD. IL POSE, MAIS ON NE LE SENT PAS DÉTERMINÉ, IL EST UN PEU NONCHALANT.”


“On nous bloquait à ce check-point qu’on n’a jamais pu passer. On a du faire un grand détour. C’est une guerre sans armes, il ne se passe rien. C’est très calme, ce militaire montre bien l’attitude de l’armée face à la presse : il attend et nous bloque gentiment mais fermement.”

“Nous sommes restés coincés longtemps à Mopti qui est une grosse ville. L’Express avait sorti un papier sur les exactions de l’armée malienne. L’armée se vengeait un peu sur nous en prétextant une route pas sûre pour nous empêcher de passer. J’ai demandé alors à un de nos « fixeurs », souvent d’anciens guides touristiques, de nous faire rencontrer des gens. Et j’ai eu l’idée de leur demander comment ils se défendraient des islamistes s’ils revenaient. Chez eux, ils ont sorti les armes cachées. Ibrahim, qui n’a pas 18 ans, a voulu poser avec son bâton qui ne fait quand même pas très peur.”

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fi gures de tanger

À la Une I

Fin janvier 2013. “C’est sur la route qui va vers Mopti, au centre du Mali. L’armée malienne n'a pas d’uniformes stricts. : on voit un mélange de treillis et de simples anoraks. Il faisait un peu froid et il y avait de la poussière, d’où les foulards. Au milieu du pick-up, une grosse mitrailleuse. Mais on est au début d’une guerre invisible sans photo de combat. Ce cliché a bien tourné, car c’est l’une des premières photos de convois qui évoquent un climat de guerre. Libération l’a choisi aussi. Ce qui m’a plu à moi, c’est que ces hommes me regardent, avec ces masques qui instaurent une drôle d’ambiance.”

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“C’est la reprise de l’école, fermée le 22 février 2012, date du dernier cours qui figure encore sur le tableau noir de la salle de cours.”

“Maimouna nous invite avec ses copines pour “faire la fête”. Pas d’électricité à Tombouctou - la libération a eu lieu deux jours avant. Elles regardent mes photos de famille avec leurs téléphones. Elle rient. Ce que j’aime dans cette photo, c’est que des gens échangent quelques heures seulement après être sortis d’un contexte danslequel la charia empêchait de le faire. La libération a créé une vraie complicité entre nous.”

Tombouctou, 31 janvier. “Cette jeune fille, c’est Maimouna. Pour elle, c’est la vie après la charia. Elle est très contente de nous voir et de pouvoir témoigner que pendant plus d’un an, elle ne pouvait pas marcher dans la rue sans voile. Elle pose avec plaisir. Le côté “avant-après” fonctionne bien avec ce genre d’images. Et j’aime son sourire.”

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la chronique

À la Une I

de lotfi akalay

N U n e f o i s d e p l u s, l a p a g e b l a n c h e n ’ a p a s f a i t p e u r à L o t f i A k a l a y. M ais qu’i l b ro i e d u noi r o u q u ’ i l v o i t l a v i e e n r o s e, i l r e s t e l e m aî tr e dans l’ar t de no us f air e s o u r i r e, d e n o u s e m b r o u i l l e r, d e n o u s c h a r m e r, d e j o n g l e r a v e c l e s m o t s e t d e l e u r d o n n e r d e s. . .

C ouleurs...

otre monde est divisé en deux couleurs : la blanche et les autres.

Le blanc dirige tout avec une poigne de fer qui n’est pas blanc. Le blanc a tout pour plaire, il collectionne les symboles. La propreté, c’est lui grâce au blanchiment de l’argent sale, l’innocence, c’est encore lui quand, blanchi de toute accusation, on s’en tire blanc comme neige. Il est franc et direct en vous fixant de but en blanc dans le blanc des yeux et on peut lui faire confiance car il est tout à la fois carte blanche, blanc-seing et chèque en blanc. Il a pour lui la chaleur. Mais elle est rouge, me direz-vous, car n’est-ce pas la couleur que prend le métal quand on le porte à haute température ? Faux. Augmentez plus et plus encore la température, le même métal sera chauffé à blanc. Le blanc a encore gagné et le rouge avec son bonnet d’âne peut aller se rhabiller, al hmar !

Que le rouge se contente d’être la couleur de la violence comme le sang, de l’impécuniosité comme le solde débiteur, de l’immobilisme aussi comme le sémaphore est là pour stopper votre mouvement que vous soyez piéton ou automobiliste, et si vous passez outre, la contravention vous pend au nez, lequel, rouge, est la couleur du ridicule chez le clown, couleur de catastrophes comme en témoignent clignotants, alerte, ligne et péril, lequel ne quitte le rouge que pour aller au jaune. Il y a tout de même la croix rouge, me direz-vous. Oui, mais qu’est-ce que ça vaut sans le drapeau blanc qui met fin aux hostilités ? Alors que le pavillon noir annonce l’attaque des pirates. Pour vaincre le blanc, toutes les couleurs se sont liguées en une sainte alliance dans un dérisoire arc-en-ciel. Mais lui, seul contre tous,

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les a reléguées dans ce qu’il y a de plus mauvais à commencer par la maladie, fièvre jaune et peste noire, sans même parler de l’autre, la brune de Mussolini et la verte de ceux qui en Algérie égorgent les fillettes au nom du croissant gammé. Dussiez-vous être vidés de votre sang, prendre un teint cireux, devenir anémique ou d’une pâleur cadavérique, vous n’aurez pas pour autant contracté blanchiole ou blanchisse alors que rougeole et jaunisse vous guettent à tout instant car blanc n’est la couleur d’aucune maladie et votre teint le serait-il à l’extrême qu’on le dira blême, livide ou blafard. Jamais blanc. Il arrive au blanc d’être sale mais c’est parce qu’il tire sur le gris, couleur des ivrognes qui abusent du blanc de blanc. Le noir a tout contre lui : point, marée, caisse, jeudi, septembre, idées, magie, colère, roman, trou, bête, marché, livre, misère, mouton, ongles, œil au beurre et j’en passe. Même quand le noir a du blanc et que le blanc n’a pas de blanc, c’est encore ce dernier qui l’emporte. Ainsi lors de la conquête de l’Afrique, les Noirs furent vaincus parce qu’ils se défendaient à l’arme blanche tandis les Blancs ont triomphé parce qu’ils ne tiraient pas à blanc.

Il arrive que le blanc contienne une charge négative mais c’est chaque fois la faute au noir. Exemple : il a passé une nuit blanche à broyer du noir. Ou encore : d’une voix blanche, il avoua ses noirs desseins. C’est un fait, les Noirs font de la belle musique, mais le pourraient-ils s’ils n’avaient recours à la blanche qui vaut deux noires ? On rétorquera que la ronde veut deux blanches, mais ce n’est rien d’autre qu’une illusion d’optique car en état d’ébriété, cette note voit double. Heureusement il y a l’or noir, mais ses détenteurs sont saignés à blanc dès que chute le billet vert. Décidément le noir n’a vraiment pas de chance. Cependant gardons-nous de noircir le tableau, il n’y a pas lieu de s’alarmer, qu’on se rassure : tout n’est pas noir pour cette couleur, viendra le jour où le noir aura le dessus sur le blanc, c’est évident. La preuve ? C’est écrit noir sur blanc. I

Pop Lotfi

© Composition : Crevette in Tangier

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ren co ntre

À la Une I

M a r y a m To u z a n i

Le principal trait de votre caractère ? La franchise. Et celui dont vous n’êtes pas très fière ? Mon impulsivité. La qualité que vous préférez chez un homme ? L’écoute. Et chez une femme ? Le naturel. Le bonheur parfait selon vous ? Vivre pleinement l’instant présent. Votre plus grand regret ? Ne pas avoir une voix pour chanter. Votre plus grand rêve ? Pouvoir arrêter le temps quand je le souhaite. Quand avez-vous été la plus heureuse ? Je suis une personne foncièrement heureuse. Je me réveille le matin le sourire aux lèvres. Pourquoi écrivez-vous ? J’écris par besoin. Par besoin de laisser sortir toutes ces choses qui bouillent à l’intérieur de moi. Pour m’exprimer, pour partager. Ça me permet d’être en concordance avec moi-même ; c’est une nécessité, c’est irrépressible. Pourquoi réalisez-vous ? Je réalise parce qu’il y a certaines choses qu’on ne peut parfois traduire que par l’image. On se laisse porter autrement par ce que l’on regarde, ça nous pénètre différemment. Votre occupation préférée ? Lire. J’adore plonger dans un bon livre et m’y perdre. J’aime m’immerger dans l’univers d’un auteur en lisant plusieurs de ses ouvrages, l’un après l’autre. Si vous étiez un animal ? Sans aucun doute, un chien. Un petit chien, probablement. J’admire l’amour inconditionnel qu’ont ces animaux. Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ? J’ai réussi à aimer. À aimer la vie, à aimer les gens et à me nourrir de cet amour.

Le héros ou l’héroïne de fiction que vous préférez ? Juliette. Je suis une vraie romantique, au fond.

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Votre auteur favori ? Il y en a beaucoup trop. En ce moment, je suis en admiration absolue devant l’œuvre de Zola. Le mot de la langue française que vous préférez ? “Vous”. Je sens qu’il permet de définir et maintenir la bonne distance. Le mot tangérois que vous préférez ? Eh bien non, ce n’est pas “l’aayla” ! Je pense que c’est “mziouen” ou “mziouena”, qu’on utilise si largement pour décrire tout ce qui nous plaît. Votre couleur préférée ? Le blanc. Votre film culte ? La Ligne Rouge, de Terrence Malick. Votre héros dans la vie d'aujourd'hui ? Toutes ces personnes à travers le monde qui clament haut et fort leur droit à la dignité, qui écrivent de leur propre sang une nouvelle page de l’histoire contemporaine. Et votre héroïne ? Toutes les mères célibataires qui mènent un combat quotidien pour subvenir aux besoins de leurs enfants. L’endroit que vous préférez à Tanger ? Un endroit où je puisse sentir l’odeur des pins et contempler l’océan. Ce n’est pas ce qui manque dans cette ville. Votre pêché mignon inavouable ? Les cacahuètes grillées au sucre. Que détestez-vous par-dessus tout ? La fausseté, la mesquinerie, la lâcheté, l’artifice.

La faute pour laquelle vous avez le plus d’indulgence ? La bêtise. Comment aimeriez-vous mourir ? En savourant chaque instant de ce départ. En pleine conscience. Deux mots pour qualifier Tanger ? Envoûtante, contradictoire. Quelques dates clés dans votre vie ? Je n’aime pas les dates clés. Elles n’ont que le sens qu’on décide de leur accorder. Je ne pense pas qu’une vie puisse être jalonnée de la sorte. Et de surcroît, je déteste les chiffres ! Des moments clés, par contre, il y en a pas mal.


Photo : Š Alan Keohane, Still Images


PHOTOGRAPHIES DU DOSSIER © NOUR-EDDINE LAKHMARI


L’ H O M M E

D E L’ A N N É E

ren co ntre

Lakhmari Nour-Eddine

En couverture I

URBAIN

AVEC CASANEGRA PUIS ZÉRO, PRIMÉ DERNIÈREMENT À TANGER, LE MAROCONORVÉGIEN NOUR-EDDINE LAKHMARI S'EST IMPOSÉ COMME UN RÉALISATEUR MAJEUR AU MAROC. URBAIN LE CHOISIT COMME "HOMME DE L'ANNÉE" POUR RENDRE HOMMAGE, DERRIÈRE L'IMAGE DU CINÉASTE COMBLÉ, AU CITOYEN

ENGAGÉ QUI COMPTE BIEN UTILISER SON TALENT POUR FAIRE BOUGER LES LIGNES ET POUSSER SES COMPATRIOTES À L'AUTOCRITIQUE.

PhILIPPE ChASLoT & ChrISTINE CATTANT

CasaNegra et Zéro, les deux premiers films de cette trilogie noire que construit Nour-Eddine Lakhmari, ressemblent à des films américains. Ils en ont le goût, le rythme, la “modernité” des dialogues. Et cette façon si directe de parler des problèmes au présent. Le succès populaire au Maroc a été foudroyant et profond : il y aura, désormais, un “avant” et un “après” CasaNegra... Les jeunes Marocains se reconnaissent dans ces héros au langage cru, à la dérive et qui se débattent dans le quotidien. Populaires, les films de Nour-Eddine le sont assurément. Mais également efficaces et dérangeants, ce qui n’a pas échappé aux nombreux jurys qui ont couvert Lakhmari de prix. À Tanger, Zéro vient d’obtenir le prix du Meilleur film de l’année dans le cadre du quatorzième Festival National du Film, qui a ainsi consacré un succès populaire et un succès d’estime. Il y a là quelque chose qui dépasse même la qualité intrinsèque de ces films. C’est d’un phénomène sociétal puissant dont il faut parler. Il arrive au bon moment, le Maroc cherche sa voie dans un monde en ébullition. En dynamitant l’image convenue d’un Maroc de carte postale, en s’attaquant frontalement aux blocages traditionnels et au machisme qui étouffent la société, Lakhmari fait œuvre utile. De la politique, au sens le plus noble du terme. À l’immobilisme naturel, il oppose le remue-méninges. Prenant le contre-pied des populismes qui caressent dans le sens du poil tous les conservatismes, il tend un miroir sans concession aux Marocains et leur dit en substance : “Regardons-nous ! Remettons-nous en question ! Changeons-nous ! Reprenons le pouvoir sur nousmêmes, on en vaut la peine !” Le Marocain qui vient du froid offre à son pays d’origine la plus belle des preuves d’amour : celle de l’exigence. Pour URbain, le réalisateur de CasaNegra et de Zéro qui appelle dans nos colonnes à une véritable movida marocaine, a bien mérité d’être sacré “Marocain de l’année”. Ph. C.

zéro, film-choc sacré au Festival National du Film de Tanger.

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ren co ntre

En couverture I

Entre tien... Les films de Nour-Eddine Lakhmari sont des concentrés de Maroc tellement puissants qu’ils sont arrivés à faire réagir une société plutôt habituée à la passivité. Films générationnels, CasaNegra et zéro, avec le langage de la rue et des histoires urbaines un peu glauques, touchent au cœur une jeunesse à qui l’on parle enfin d’elle-même. Nour-Eddine est originaire de Souss. Né en 1964, il est parti dans le milieu des années 80 à oslo en Norvège, où il a commencé sa carrière de metteur en scène. Il y a moins de dix ans, il revient dans un Maroc qui change. URBAIN : Nour-Eddine, comment vous définissez-vous ? Marocain, Arabe, musulman, Norvégien ?

Nour-Eddine Lakhmari : Je suis tout ce qu’un Marocain est : de toutes races et confessions. Arabe, musulman, juif, berbère, Africain, andalou. Je suis fier de ce mélange et de ce côté pluriel. C’est ça, le Maroc ! Mon islam, c’est l’acceptation de l’Autre. Ce n’est pas un islam qui se dit meilleur que les autres.

U. : Vos trois longs métrages Le Regard, CasaNegra et aujourd’hui Zéro ont un point commun, rare au cinéma : ce sont des films populaires qui séduisent également les jurys qui vous accordent des prix. Quel est votre “truc” ? N.-E. L. : Mon cinéma est issu de ce que j’ai connu. Je travaille avec le cœur. Quand on est honnête et sincère, ça peut amener très loin. Derrière la caméra, je ne suis pas dans une attitude de compromis. Je ne veux faire plaisir ni aux producteurs, ni au public. Les seuls à qui je veux faire plaisir, c’est aux personnages de mes films.

U. : Dans la vie, vous êtes aussi joyeux et bon vivant que vos films sont noirs et désespérés. Comment expliquezvous ça ?

N.-E. L. : Je vais vous tuer pour cette question ! (il rit et applaudit) J’aime rire, je suis optimiste. Je me fous des nationalités et des religions, moi, ce que j’aime, ce sont les gens ! Et je pense que c’est toujours la marge et les marginaux qui interrogent la société. Je suis bon vivant parce que la vie est trop courte et il faut en profiter mais je sais aussi que pendant qu’on va se

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coucher dans notre lit, il y a des âmes perdues qui n’ont rien, que la rue. Mon cinéma est noir parce que ces gens me touchent. Ils subissent leur environnement et quand ils décident de survivre, de ne plus subir, ils font des choses incroyables, extraordinaires.

U. : Qu’est-ce qui vous fascine dans le personnage du flic, figure récurrente de vos films ?

N.-E. L. : Les flics m’ont toujours fasciné. Ils sont en face-à-face avec des choses horribles, des atrocités, la condition humaine au plus bas de l’humanité. Avec leur badge, ils peuvent entrer partout. Cette accessibilité me fascine aussi. Et il y a le facteur humain : le pouvoir qu’ils ont peut les pousser à en abuser. C’est vrai partout, mais dans le contexte maroco-marocain, c’est encore plus complexe. Le flic est amené à faire un travail sur lui-même parce qu’il est dans un borderline total entre le boulot, sa personne et la schyzophrénie de la société marocaine.

U. : Vous dites souvent que le cinéma peut permettre aux Marocains de se remettre en question. Pourquoi devraient-ils le faire ?

N.-E. L. : On n’a pas le choix ! On a un pays qui se réfugie derrière les traditions, derrière papa, maman et l’État. Au lieu de produire des choses pour avancer, on veut rester dans notre confort. Si on regarde en soi, on peut voir des choses pas très jolies… mais pour devenir de vrais citoyens, de bons papas, de bons voisins, de bons amis, il faut qu’on travaille sur soi. Il faut qu’on s’aime et on ne s’aime pas assez. En Norvège, tout le monde participe au développement du pays. C’est préférable que de se plaindre et que de ne rien faire pour que ça avance ! Surtout qu’on ne peut pas prendre pour excuse le contexte politique pour ne rien faire. On a accès à internet, à l’éducation et donc au monde entier. Il suffit de regarder ! Les Marocains au lieu de s’enfermer sur eux-mêmes doivent ouvrir les yeux. Le point positif, c’est que le Maroc aujourd’hui est malgré tout plus intéressant que celui de mon enfance. Quelque chose se passe…

“Qu’on arrête de nous montrer un Maroc de carte postale ! ” U. : Le cinéma est un art de masse. Est-ce que cela crée des devoirs particuliers ?

N.-E. L. : Le cinéma est un art populaire d’autant plus important que les gens ne lisent plus. Le cinéma fait


rêver. Alors, autant en profiter pour passer des messages, pour éduquer. Je pense qu’on peut changer la société par la culture et l’art. L’impact de l‘image et du dialogue peut créer des modèles, poser des questions.

U. : C’est pour ça que vous êtes revenu au Maroc, comme pour une mission ?

N.-E. L. : J’avais le désir de raconter des histoires. Et puis j’en avais marre des images folkloriques qu’on projetait en Europe. Le Maroc, ce n’est pas les chameaux, les palmiers et Jamaa El fna. Les Marocains et les Marocaines sont plus intéressants que ça. On peut parler de nos problèmes. Et on montrant nos problèmes, ça nous rend humains ! Ça peut faire naître une vraie image du Maroc. Qu’on arrête de nous montrer des posters avec des figurants !

U. : Le Maroc par rapport aux pays arabes, est-il une exception, un exemple, une expérience ?

s

N.-E. L. : Une exception, oui. Depuis toujours. Le Maroc fait partie de l’Afrique, du monde arabe et de l’Europe. C’est une position géographique exceptionnelle. Le mélange des races et des cultures a fait de nous, également, une exception. Il est nécessaire aujourd’hui de le reconnaître ! Et il y a aussi notre monarchie, une des plus anciennes du monde, vieille de douze siècles, qui nous donne une autre exception, celle de la stabilité. Nous sommes un carrefour mais pas un produit colonial. Oui, le Maroc peut être exemplaire. Beaucoup de gens sur ce sol veulent plus de liberté, plus de création. C’est une expérience aussi parce qu’il y a un long chemin à tracer…

Nour-Eddine Lakhmari dirigeant ses acteurs sur le tournage de Zéro.

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ren co ntre

En couverture I U. : Vers qui doit se tourner le Maroc pour nourrir son évolution ?

N.-E. L. : Il ne faut plus regarder seulement vers les pays arabes, on a bien vu les limites du panarabisme et les dangers des idées rétrogrades. Il faut regarder tout simplement vers les pays qui réussissent. Il faut copier le meilleur des sociétés. Vers l’Europe. Vers la Scandinavie. Ce ne sont pas des musulmans et alors ? Notre back-ground est judéo-berbère-arabo-andalou. Au Maroc, on n’a pas de pétrole mais on a des jeunes qui bougent ! Il faut que les partis politiques fassent partie de cette Movida. Et s’ils tirent un peu vers le bas, c’est la société qui doit tirer vers le haut !

U. : Que répondez-vous à ceux qui disent que la liberté et la laïcité sont des notions occidentales et non universelles ? Et donc non applicables ici ?

N.-E. L. : Je leur dis : Allez relire le Coran qui parle beaucoup de liberté et d’acceptation des autres religions. Qu’ils réapprennent leur Histoire et celle des grands artistes. C’est quand on n’a plus d’argument valable qu’on dit : « notre culture, notre religion n’acceptent pas ça ». Ce n’est pas vrai : notre religion et nos traditions acceptent tout ! Et ce n’est pas parce qu’on n’est pas musulman qu’on est un ennemi.

U. : Le conflit israélo-palestinien qui exacerbe le « sentiment identitaire arabe » n’est-il pas un obstacle à l’acceptation marocaine de son pluri-culturalisme ?

N.-E. L. : Le conflit israélo-palestinien est un fond de commerce qui profite à beaucoup de monde, notamment aux partis islamistes et à beaucoup de dictateurs des pays arabes. Malheureusement, Israël ne revient pas sur sa politique d’apartheid. Et les mouvements intégristes puisent leurs forces dans ce conflit et c’est dommage.

“ Au Maroc, on ne veut pas la liberté de l’autre, mais juste la sienne ”

U. : Que dire aux jeunes, troublés par cette situation ?

N.-E. L. : C’est très simple : qu’ils se battent pour la dignité humaine, pour le droit des Palestiniens. Mais ils ne doivent pas oublier de se battre pour leur propre liberté. Et puis, la cause Palestinienne est une cause internationale, ce n’est pas la cause des intégristes qui kidnappent cette cause pour justifier leur haine et leur colère contre les autres.

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U. : Dans les faits, les Marocains et les Marocaines vivent souvent leur sexualité comme ils l’entendent, hors du mariage, ce qui est interdit par la loi. Mais dans le même temps, ils ne se sentent pas légitimes à exiger l’abolition de cette loi qui concerne pourtant leur propre liberté, leur propre dignité humaine. Pourquoi ? N.-E. L. : C’est toujours la même chose : il faut travailler sur soi. Apprendre à s’aimer, à se respecter soimême. La liberté sexuelle existe déjà, tout le monde le sait. Il faut maintenant que les Marocains s’acceptent, c’est ça le grand travail. Qui sommes-nous ? Qu’estce qu’on veut ? La société avance à un rythme trop lent à mon goût, les gens ne sont pas assez critiques et ils ont peur de perdre ce qu’ils ont déjà acquis ; ils restent donc dans le vieux schéma papa-maman-État dont nous parlions. Au Maroc, on est éduqué dans une mentalité de macho, avec un égo démesuré, limite fasciste. On ne veut pas la liberté de l’autre mais juste la sienne !

U. : Les mères marocaines ne sont-elles pas un peu responsables de ce machisme en élevant leurs garçons comme des petits rois ? N.-E. L. : Le Maroc ne pourra pas avancer sans les femmes. Mais il faut pour cela des femmes émancipées. C’est une règle mondiale universelle. Une copine m’a dit un jour que le pire ennemi de la femme, c’est la femme !

U. : Le contexte politique est-il favorable aux réformes ?

N.-E. L. : C’est ambivalent. Le fait que les islamistes soient au pouvoir est une preuve de démocratie, mais cela n’aide pas forcément à ce qu’elle progresse. Au début, le PJD s’est attaqué à la télévision, au cinéma, aux artistes. C’est dommage qu’il n’ait pas compris que ceux qui osent ne sont pas des ennemis. J’espère qu’ils vont abandonner leurs idées archaïques. Le plus important, c’est que la société civile sache dire non à certaines lois comme celle qui permet au Maroc à un violeur d’échapper à la justice en épousant sa victime !

U. : Finalement, vous restez optimiste ?

N.-E. L. : Il y a des actes qui réchauffent le cœur. Dans les Assises du cinéma à Rabat, à l’époque où les islamistes du PJD voulaient dominer le cinéma, une lettre est venue, lue à tout le monde et signée par Sa Majesté. Elle disait « L’artiste est sacré, sa liberté est indiscutable ». Une garantie… Propos recueillis par Philippe Chaslot


Ci-dessus : Le réalisateur en compagnie des acteurs du film Zéro lors de la douzième édition du Festival International du Film de Marrakech en décembre 2012. Ci-contre : Au Festival National du Film à Tanger en 2013.

Étrangers, Critiquez-Nous ! Pour Nour-Eddine Lakhmari, c’est presque un leitmotiv, le nouveau Maroc ne peut émerger et progresser que si les Marocains apprennent les bienfaits de l’autocritique. Pour lui, ce n’est qu’en se remettant en question et en secouant la tradition que le respect de soi-même viendra et, avec lui, l’exigence d’une vraie citoyenneté. Mais pour le cinéaste, tout le monde est bienvenu dans ce combat et les étrangers vivant au Maroc « ne doivent pas s’interdire de donner leur opinion. Ils travaillent, participent au développement économique du pays. Ils ont tout à fait le droit de critiquer nos mentalités, ça ne gêne pas du tout, au contraire ».

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C’est dit... Machisme « On vit dans une société patriarcale où le

père est sacré. Il faut arrêter ! Dans une famille, tout le monde est sacré, tout le monde a quelque chose à dire ».

Tanger « Cette ville est un endroit magique pour

raconter des histoires »

Europe « En France, j’ai senti les classes moyennes et

les pauvres très touchés, plaqués dans le métro. On sent une décadence socio-économique, pas en Norvège. »

Mon film sur Tanger parlera d’amour

Après CasaNegra et Zéro, Nour-Eddine Lakhmari prépare le troisième film de sa trilogie casablancaise qui abordera cette foisci le thème des classes sociales. « Un riche, un pauvre et un chômeur se retrouvent dans un labyrinthe », ainsi commence l’histoire. Nour-Eddine nous a confié qu’il réalisera ensuite un film inspiré par Tanger et tourné ici-même. « À Tanger, je vais parler du sujet le plus important : l’amour. C’est un lieu d’intersection, une ville d’exception, à part. Trop souvent filmée de façon convenue. Je veux montrer la vraie ville et cette architecture incroyable. Ici, ce mélange réel des influences berbères, juives, andalouses, arabes, africaines est plus intéressant que le rapport Orient-Occident ».


Nour-Eddine Lakhmari dans son bureau. Au mur, on croise les regards de Robert de Niro, Sean Penn et Marlon Brando...


vi si ons de tan ger

Culture I

Un regard, une image...

CONCOURS PHOTO

FENETRE SUR...TANGER

voici le résultat de notre concours de mars. Les vues de vos fenêtres sont magnifiques et, comme en témoigne le fait que nous n’avons pu, cette fois encore, nous limiter à trois clichés, votre participation toujours plus grande. Aujourd’hui, ce sont cinq photographies que nous avons souhaité mettre en lumière. Félicitations à tous et rendez-vous le mois prochain !

LA PHOTO GAGNANTE : FENÊTRES SUR... BAB EL BAHR

On aime : Avec une telle vue sur le port et les remparts de la Kasbah à travers de si magnifiques fenêtres cintrées, Intha a provoqué l’enthousiasme de la rédaction chez URbain. Bleu, vert, blanc, lumière incroyable... Toute la magie de Tanger est là. Appareil NIKON D700.

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PAR INTHA

Intha gagne une nuit pour deux personnes dans la fabuleuse maison d’hôtes Le Dar Nour (valeur de 765 dh)


URBAIN aime aussi... Fenêtre sur... cour Delphine Mélèse nous offre la vue de ce mur avec sa petite fenêtre et ses ocres, éclatants malgré le passage des ans... Appareil Canon DIGITAL IXUS 800 IS.

Fenêtre sur... Café Baba Véronique Bonnaud nous livre sa vue toute psychédélique sur l’enseigne de l’un des cafés les plus mythiques et ténébreux de la Kasbah. Appareil Apple Ipad2.

Fenêtre sur... port Mercedes Martin Santaella a eu la bonne idée de fixer le port de Tanger par cette fenêtre ornée d’une barre de navire. Original ! Appareil BlackBerry 8520.

Fenêtre sur... la voisine Christine Keyeux-Schnöller nous a émus grâce à sa jolie vue sur cette fenêtre aux tons délavés, celle de sa voisine, à la Médina. Appareil Nikon Coolpix 5700.

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vi si ons de tan ger

Culture I

Un regard, une image...

Ta n g e r l a dou ce Concours photo URbain

Paresse, relaxation, tendresse, apaisement... Loin des klaxons de la ville, Tanger sait aussi nous envoûter par son calme et sa sérénité. Faites-nous partager la douceur de votre Tanger ! La photo gagnante rapportera à son auteur une après-midi de rêve chez notre partenaire le Serenity Day Spa à Tanger, avec un forfait Découverte : Hammam “Douce Shéhérazade”, massage “Sensation Chocolat” et brushing (valeur 645 dh). Alors, tous à vos boîtes à images !

Date limite de partipation : le 17 avril à minuit. Envoyez-nous vos prises de vue accompagnées d’un descriptif du moment où a été prise la photo et de quelques mots présentant le sujet si possible et l’auteur de la photographie.

Règlement : Envoyez vos photos sur contact@urbainmagazine.com. La taille du document doit être au minimum de 15 x 15 cm (300 dpi). Aucun document ne sera retourné.

Si votre photo est sélectionnée, nous vous ferons parvenir un formulaire d’autorisation de publication à nous retourner signé.

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Les crĂŠations savoureuses de

Avenue Mohamed VI Tanger 05 39 32 90 04 Place du Koweit - IbĂŠria Tanger 05 39 37 90 05


agen da

Culture I

Photo

VOLUBILIS ART GALLERY

DELPHINE MÉLÈSE

De toutes les couleurs !

Jusqu’au 29 avril

Un joli travail sur les couleurs, mais aussi sur le noir et blanc et le sépia, une sensibilité pour l’insolite et le détail, c’est ce que nous donne à voir Delphine Mélèze dans cette exposition de clichés pris entre 2010 et 2013 au Maroc.

LIBRAIRIE LES INSOLITES

ROLAND BEAUFRÉ

Le 27 avril à 19 h

Construire les maisons de terre : les hommes. Portraits Cet habitué de la galerie les insolites vient présenter une série photographique « Construire les maisons de terre : les hommes. Portraits » inspirée de l’ouvrage Maisons en Terre du Maroc, par Éric Cossart et Arnaud Maurières aux Éditions Chêne, paysagistes, qui dévoilent la réalisation d’une dizaine d’architectures en matériaux traditionnels Vernissage et dédicace en présence des auteurs et du photographe.

GALERIE PHOTOLOFT

KAMIL HATIMI La vie en Surex

Au croisement de la photographie et des arts numériques. La volonté de l’artiste de “traduire une ambition de peindre le monde à la manière de l'aquarelliste”. Une recherche d’espaces vierges, dans un cadrage où les profondeurs et les perspectives peuvent s'offrir comme autant de possibilités de surexposer la vie, la ralentir afin pour qu'elle puisse renaître à la lumière épurée de son implacable raison... n'en laisser que le minimum vital.

Spéciale Nocture le 4 avril (jusqu’à minuit)

Appel

Envoyez à la rédaction vos photographies de personnages avec un numéro d’URbain dans les mains. Soyez créatifs, amusez-vous... amusez-nous !

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Jusqu’au 14 avril


Conferences wCINÉMATHÈQUE DE TANGER

Le 27 avril de 14 h à 21 h

La Journée de l’Observatoire du Patrimoine Moderne (MoHO)

(Pour en savoir plus: modernheritageobservatory.org)

Colloque : de 14 h à 18h30 - entrée libre

Journée spéciale de rencontres, présentations et discussions avec des institutions qui oeuvrent pour la préservation de l’architecture, la musique, le cinéma et la photographie marocaine du XXe siècle.

Ciné-Concert : à 19h30, suivi d’un cocktail

Images d’Archives tournées au Maroc (1930-1970) des fonds amateurs conservés par la Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain.

wMUSÉE DE LA KASBAH Les 19 et 20 avril de 16 h à 18h30 Agora : "Les Jeunes pensent"

Ce séminaire de clôture du cycle "les jeunes pensent" permettra aux jeunes étudiants marocains, allemands et français ayant participé au cycle de réfléchir : « Quels sont les droits, les attentes des jeunes d’aujourd’hui ? Qu’en est-il de nos adhésions et participations aux processus de décision et de distribution dans nos trois pays ? ».

Litterature LIBRAIRIE DES COLONNES L’ISLAM AU QUOTIDIEN

Rencontre avec les trois auteurs, spécialistes dans les domaines de l’anthropologie, de la sociologie, de la politologie et de l’histoire, de leur ouvrage L’Islam au quotidien. Ils viendront présenter au public les conclusions de la grande enquête sociologique qu’ils ont menée en 2006 auprès des Marocains à propos de leurs valeurs et de leurs pratiques religieuses et expliquer les évolutions complexes. Des résultats étonnants, loin des idées reçues.

Avec les professeurs Ali Ben Makhlouf, Abdallah Ounir et Jens Rometsch et Driss Ksikes, écrivain, chercheur et homme de théâtre.

wINSTITUT CERVANTES

Le 4 avril à 19 h

La présence des missions franciscaines au Maroc

Soutenance de thèse doctorale de Simon Stachera.

wSALLE BECKETT (IFT)

Le 17 avril à 19h30

L’Ambassadeur Régnault et la génèse du Protectorat Français sur le Maroc

Conférence de Hassan Aourid, professeur à l'Université MUNDIAPOLIS de Casablanca.

wGALERIE DELACROIX (IFT)

Le 30 avril à 19 h

Le numérique va-t-il tuer le livre ?

Un an après un Salon de Tanger du Livre et des Arts consacré au "Numérique, nouvelle ère ? ", l'occasion est offerte avec cette conférence d'un éditeur qui réussit dans l’édition grâce au numérique de faire un point sur cette question cruciale.

e

up d Rencontre avec les auteurs Co IN URBA le 26 avril à 18 h

INSTITUT CERVANTES PAZ Y SABINES

Marco Antonio Campos, écrivain et professeur de littérature mexicain, parlera de ses amis Octavio Paz (1914-1998) et Jaime Sabines (19261999), deux des plus importantes figures de la littérature mexicaine

Le 10 avril à 19 h

Plus de littérature ? voyez aussi, en p.44, “Le Colloque à Tanger”

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agen da

Culture I LYDIA G ORDILLO

peinture

MAROC, LUMIÈRE ET COULEUR EN HÉRITAGE HÔTEL EL MINZAH C’est la première fois que cette artiste espagnole expose au Maroc. Elle a choisi Tanger, la ville où elle est née, pour exposer le résultat d’années de découvertes, de recherches et de “jeux avec la texture des pigments et des chromatismes”.

Jusqu’au 15 avril

F RANCK B EROARD E NTRE

DEUX

M ONDES

S ALINAS

MEDINA ART GALLERY

Artiste vedette dans l'abstraction andalouse, Manuel Salinas est considéré comme un coureur de longue distance de la peinture, un artiste solo et indépendant, et donc en dehors des diktats de la mode et même contre eux. L'artiste est l'un des principaux protagonistes de la peinture abstraite espagnole des vingt dernières années.

S OUFFLE

GALERIE CONIL

GALERIE ARTINGIS

Une quarantaine de tableaux et 50 galets pour présenter un aperçu de l’œuvre de Franck Beroard. Cette exposition est une invitation au voyage dans un monde imaginaire très particulier. La magie et la délicatesse des couleurs vous entraînent immédiatement dans des paysages improbables peuplés de personnages mystérieux qui vivent une histoire dans laquelle le surnaturel est naturel et dans lequel la pesanteur devient apesanteur. C’est un regard naïf mais aussi ironique que jette Franck Beroard sur le monde, comme sur son propre monde.

À partir du 5 avril En avril

Souffle est une exposition de deux peintres, Ali Maimoun et Aroundou. L’un est du sud du Maroc et l’autre du Mali. Tous deux travaillent la matière, l'un la poudre d'arganier et l'autre le mélange de sable. Les points communs entre eux : l'Afrique, la technique de travail, la matière...

Jusqu’au 29 avril

Et aussi : LUSko gALErIE D’ArT, organisera sa prochaine vente aux enchères le samedi 18 Mai 2013 sur le thème de l’« Art Contemporain ». Pour inclure des lots dans la vente, contacter la galerie avant le 15 avril, date de clôture du catalogue.

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a


Événement - Colloque à Tanger

B RION G YSIN

Vernissage le 4 avril à 19 h

GALERIE DELACROIX

Acteur central de la Beat Generation à l’histoire intimement liée à Tanger, Brion Gysin fut un artiste marginal et visionnaire dont l’oeuvre apparaît aujourd’hui, plus de vingt cinq ans après sa mort, non seulement déterminante dans l’histoire de l’art du XX° siècle mais dont l’influence est également considérable au sein de la production artistique contemporaine. Peintures, dessins, collages, montages photographiques... Une exposition majeure à découvrir jusqu’au 4 mai.

musique NONO GARCIA TRIO

COLLÈGE RAMON Y CAJAL

Le guitariste de Barbate (Cadix) présente son spectacle Viaje a la Breña : inspiré dans les racines profondes du flamenco, fusionné par le jazz, le rock andalou et la musique brésilienne. Nono Garcia a reçu, entre autres, le Prix National de la Critique de flamenco pour son travail “Atún y chocolate” 2002.

Concert le 18 avril - 19 h

QUARTIERS ROUGES

SALLE BECKETT

Concert de clôture du "Cycle les Jeunes pensent", entrée libre dans la limite de places disponibles. Un quartet venu d'Angers qui cultive ce que l'on pourrait nommer, faute de mieux, un « folklore imaginaire » qui passe par des routes volontiers sinueuses tracées dans un jazz teinté d'épices marocaines, de senteurs balkaniques, d'herbes bretonnes, de fragrances orientales, le tout brassé au gré des vents improvisés, au rythme des percussions, de l’accordéon, de la calimba et de la contrebasse.

et aussi ... UN, DOS, TES... POLLITO INGLES

COLLÈGE RAMON Y CAJAL

Théâtre. Par la troupe espagnole “La ChicaCharco teatro. Tout public, en espagnol.

Spectacle le 2 avril - 19 h

RAFAELA RIVERO

INSTITUT CERVANTES

Peinture. Exposition “Tanger Atemporal”. Du 15 au 25 avril.

Vernissage le 15 avril - 19 h

SOIRÉE TARAB ANDALOUSSI

PALAIS DES INSTITUTIONS ITALIENNES

Musique. Par l’association Nassim Andalous.

Concert le 26 avril - 19 h

SOIRÉE SALSA-LATINO

CASA D’ESPANA

Danse. Soirée “Tanger salsa Elysium”. Initiation aux danses latines à partir de 20h30, danse jusqu’à minuit. Entrée avec boisson 50 dh.

Concert le 20 avril - 20 h

Soirée le 15 avril - 20h30

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re ndez-vou s

Culture I

Le Colloque À Tanger Événement du 4 au 7 avril

Coup de N URBAI

Une manifestation unique et exceptionnelle, imaginée en hommage au Colloque de Tanger de 1975 et organisée par le Centre International de Poésie à Marseille dans le cadre de “Marseille, Capitale européenne de la Culture 2013”, en partenariat avec l'Institut Français de Tanger. Première séquence à Tanger avant la seconde, à Marseille, du 10 au 14 avril.

Gysin et Burroughs : Prolonger la légende... GYSIN

ET BURROUGHS... LA GRANDE ÉPOQUE DE LA BEAT GENERATION À TANGER (1957). EN ÉCHO AU COLLOQUE DE TANGER, ORGANISÉ EN 1975 À GENÈVE PAR LEMAIRE ET LAGARDE, EST NÉ LE COLLOQUE À TANGER AFIN DE FAIRE REVIVRE LE LIEN DES DEUX ÉCRIVAINS AVEC LA VILLE. CET ÉVÉNEMENT FORMIDABLE VA MOBILISER UNE DIZAINE DE LIEUX DURANT CES QUATRE JOURS : GALERIES, LIBRAIRIES, INSTITUT FRANÇAIS DE TANGER ET BIEN D’AUTRES ENCORE...

© Gérard Malanga

Le programme Des Rencontres - Tables rondes mettant en rapport artistes marocains,

américains et français venus parler de l'apport artistique/esthétique/ historique de la Beat Generation et témoigner de leurs rencontres et de leur travail avec les membres de ce courant légendaire.

Des Livres - En particulier ceux qui seront publiés exceptionnellement à l'occasion du Colloque par le cipM, par Khbar Bladna à Tanger et par les Éditions Derrière la Salle de Bains.

Le Colloque de Tanger, genève, 1975 © François Lagarde

Du Cinéma - Programmation en continu de films à la Salle Beckett pendant tout le colloque. Présentation en avant-première du film de François Lagarde sur Brion Gysin à partir d'images d'archives et d'images du Tanger moderne. Programmation de deux films en introduction au Colloque à la Cinémathèque : Sur la route, de Walter Salles, tiré du roman de Kerouac, et Howl, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman. Des Performances musicales - Patti Smith, TANGER, les Gnawa....

POUR CONSULTER LE PROGRAMME DÉTAILLÉ DES MANIFESTATIONS ET LA LISTE DES INTERVENANTS, RENDEZ-VOUS SUR LE SITE DU CENTRE INTERNATIONAL DE POÉSIE À MARSEILLE : W W W . C I P M A R S E I L L E . C O M

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Philippe Pigeard, artiste inclassable Philippe Pigeard vit à Paris mais il revient souvent poser ses valises à Tanger. Poète, compositeur et performer, il vient de publier Je m’appelle une ville, livre dans lequel il évoque le fait d’avoir porté le nom de TANgEr, groupe de rock culte qu’il a fondé en 1995. Très impliqué dans l’organisation du Colloque à Tanger, il explique sa vision de cet événement pour les lecteurs d’Urbain. URbain : En 1975 s’est tenu à Genève le "Colloque de Tanger". Quel était le principe de cet événement ? Philippe Pigeard : Il était question de subversion du langage. Gérard-Georges Lemaire et François Lagarde avaient alors pris pour thèmes les recherches de William S. Burroughs et de Brion Gysin, deux auteurs pour qui Tanger a été une ville déterminante. U. : En 2013, le cipM organise le "Colloque à Tanger". Quel est le lien avec celui de Genève ? P. P. : Pour le cipM, la poésie est le lieu de subversion du langage par excellence. La filiation est naturelle. Par ailleurs son directeur, Emmanuel Ponsart, a depuis très longtemps une relation privilégiée avec Tanger et c’est lui qui est à l’origine de la tenue de ce Colloque cette fois À Tanger, la ville où William S. Burroughs a écrit en grande partie et où se passent Le Festin nu mais aussi l'Interzone.

rondes, des programmations de films et deux grandes soirées de lectures, de performances et de concerts qui auront lieu les vendredi 5 et samedi 6 avril. U. : Dans quel cadre intervenez-vous à Tanger ? P. P. : En tant qu’auteur, avec la parution de Je m'appelle une ville ; en tant que performer et musicien avec mon groupe TANGER. Par ailleurs, au niveau de l’organisation du Colloque, je me suis principalement occupé de la direction artistique de la soirée du 6 avril au palais Moulay Hafid. Une soirée hommage à Brion Gysin qui, dans les années 50, avait ouvert dans une aile du palais Menebhi le restaurant Les 1001 nuits, pour que les maîtres musiciens de Jajouka puissent se produire. Pour l’occasion, la soirée rassemblera donc les musiciens de Jajouka emmenés par Bachir Attar, Patti Smith accompagnée de deux amis musiciens, le groupe TANGER, Dar Gnawa, Ramuntcho Matta et Jean-Marc Montera.

U. : Comment va s'organiser cette manifestation ? P. P. : Tout d'abord le Colloque a donné lieu à un important programme de publications suscitées par le cipM, parmi lesquelles une anthologie des deux volumes du Colloque de Tanger paru chez Bourgois dans les années 70, un splendide coffret consacré à Brion Gysin élaboré par les Éditions Derrière la Salle de Bains, mais aussi des livres d'auteurs venus en résidence à Tanger, plusieurs livres publiés par les Éditions Khbar bladna, etc. Lors du Colloque, il y aura des expositions d'œuvres de Brion Gysin, de photographies de François Lagarde, Photo du coffret gysin des éditions Derrière des discussions, des tablesla Salle de bains, par Philippe Pigeard.

U. : Et si l'on devait ne retenir que quelques rendez-vous, lesquels seraient-ils ? P. P. : Personnellement, je ne louperai pas l’occasion de voir des œuvres de Gysin à la Galerie Delacroix, les photos de François Lagarde aux Insolites et la projection de son film Légendes de Brion à la salle Beckett. Évidemment, la soirée de lectures et de performances au palais Menebhi le 5 avril aura une résonance toute particulière pour moi. Enfin, la soirée de concerts du 6 avril sur laquelle on travaille depuis des mois promet d'être un grand moment...

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c inéma

Culture I

En avril à la

Cinémathèque

LES FILMS

du mois Argo

De Ben Affleck - USA - 2012 En VOSTFR et qualité numérique à partir du 10 avril

Les Mécréants De Mohcine Besri - Maroc - 2011 En VOSTFR à partir du 24 mars

Soirée Inauguration “Numérique” vendredi 12 avril à 19 h Pour marquer l’arrivée du nouveau projecteur numérique Sony 4K équipant désormais la grande salle, la Cinémathèque organise une soirée spéciale de démonstration par l’équipe de Sony avec la projection exceptionnelle et en avant-première nationale du film SkyFALL, de Sam Mendes, suivie d’un cocktail offert par Sony.

Les Séances de l’Institut Français

Jusqu’à mon dernier souffle De Yash Chopra - Inde - 2012 En VOSTFR et qualité numérique à partir du 3 avril

Le Cochon de Gaza de Sylvain Estival - France 2011 En VO française

César de la Meilleure 1ère oeuvre 2012 Le 25 avril à 19h30 oup

C

En secret

Les chevaux de Dieu

de Maryam Keshavarz - Iran-USA 2011 En VOSTFR

De Nabil Ayouch - Maroc - 2012 En VOSTFR à partir du 2 avril

Prix du Public Sundance Film Festival 2011 Le 18 avril à 19h30

Malak De Abslam Kelai - Maroc - 2012 En VOSTFR à partir du 24 avril

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de N URBAI

Rengaine de Rachid Djaidani - France 2012 En VO française et qualité numérique

Prix de la critique Festival de Cannes 2012 Le 11 avril à 19h30 en présence du réalisateur (sous réserve)


Retrospective Chris Marker

En collaboration avec l’Institut Français de Tanger

La rétrospective entamée fin mars se poursuit en avril « Chris Marker, c'est un peu le plus célèbre des cinéastes inconnus », Dubois (2006) Cinéaste français prolifique et secret, Chris Marker a durant plus de soixante ans d’activité marqué l’histoire du cinéma par sa manière de filmer, ses innovations techniques et formelles, son regard engagé et ses préoccupations esthétiques sur le temps, la mémoire et la place de l’image. Il nous a quittés l’été dernier, le jour de ses 91 ans, cinquante ans après son court-métrage La jetée. Les 19 et 23 avril à 19h30 Une journée d’Andréi Arsenevitch précédé de Les Statues meurent aussi de Chris Marker et Alain Resnais Les 5, 16 et 30 avril à 19h30 Sixties de Chris Marker Les 17, 21 et 27 avril à 19h30 Le fond de l’air est rouge de Chris Marker

Cycle Cinéma d’Animation au Cervantes Du 9 au 30 avril

Une sélection de cinq films d’animation espagnols récents (en VOSTFR).

El bosque animado d’Ángel de la Cruz et Manolo Gómez (Espagne) 2001. Le 9 avril à 19 h. Tres días con la familia d’Adrián García et Víctor Maldonado (France-Espagne), 2007. Le 11 avril à 19 h. Chico y rita de Tono Errando, Javier Mariscal et Fernando Trueba (Espagne), 2010. Le 23 avril à 19 h. Maria y yo de Félix Fernández de Castro (Espagne), 2010. Le 25 avril à 19 h. Arrugas d’Ignacio Ferreras (Espagne), 2011. Le 30 avril à 19 h.

be g i n ne r s

Ciné vo : Les rendez-vous

Un été à Alger / Prends ta place !

de l’American Language Center Ciné Club

de Amina Zoubir

Webdocumentaire - Algérie 2012 38 min - En VOSTFR Coiffeurs pour hommes, cafés,terrains de football... Amina Zoubir impose sa féminité, caméra à l’épaule, dans des lieux d’ordinaire réservés aux hommes. Elle prend leur place pour voir ce qu’il se passe. Vendredi 26 avril à 18 h en présence de la réalisatrice

Les Oscars du cinéma de 1929 à nos jours Macadam cow-boy (1969) de John Schlesinger, avec Marlon Brando Dimanche 28 avril à 19h30

Sur les quais (1955) d’Elia Kazan, avec Dustin Hoffman Dimanche 14 avril à 19h30

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jeunesse

Culture I

J eunesse

Atelier d’ecriture sonore

de Coup AIN URB

avec Abdelmajid Kellou Le dimanche 7 avril de 15 h à 17h30

Après l’atelier de cinéma d’animation le mois dernier, Abdelmajid propose cette fois aux enfants de découvrir un autre thème de la création artistique cinématographique. Au programme, l’enregistrement de sons en intérieur et en extérieur, puis une initiation au bruitage. Ces ateliers sont de véritables petites perles pour faire découvrir l’envers du décor aux petits et les familiariser avec les métiers de la création. Une initiative qu’on adore chez URbain et qu’on estampille encore une fois “Coup de coeur”. Espérons que cette initiative s’installera à long terme dans le paysage des activités pour enfants à Tanger. Pour les enfants de 6 à 12 ans. 150 dh/enfant - Renseignements sur : jeunepublic@cinemathequedetanger.com

SPECTACLE MAGIE & HUMOUR

SIN, SIN, CALCETIN... DE LA

COMPAGNIE LUDUS

Par l’Institut Cervantes

Mardi 16 avril à 19 h Collège Espagnol Ramon y Cajal

Ma séance cinémathèque COULEUR DE PEAU : MIEL de Jung et Laurent Boileau

Jeudi 4 avril à 19h30

Séance de l’Institut Français de Tanger À partir de 10 ans. France-Belgique (2012) En VO Française originale

LES MONDES DE RALPH de Rich Moore

Les 14, 17, 21 et 24 avril à 16 h À partir de 3 ans. USA (2012) En VF et qualité numérique

CONTES PERSANS

Iran - 1972-2007 - Sans dialogue - À partir de 4 ans

Les 3, 6, 10 et 27 avril à 16 h Huit court-métrages d’animation comme huit poèmes...

LA LANTERNE MAGIQUE

Séance spéciale Albert Lamorisse

CRIN BLANC 1953 - 41 min

LE BALLON ROUGE 1956 - 30 min

À partir de 6 ans

Dimanche 21 avril - 10 h et 12 h

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Pour les enfants de 3 mois à 3 ans (pe te sec on) Actuellement : inscrip ons pour la rentrée 2013 203, rue Harroun Errachid - 90000 Tanger (près de l’École Américaine) Tél. : 05 39 93 64 72 - www.lemanege.ma

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les merveilles


Culture I

Cote Livres

li vres

Révisez vos classiques Les oeuvres classiques, dont la lecture nous a été le plus souvent imposée à un âge ingrat, ne nous ont pas toujours laissé le meilleur des souvenirs. Pourtant, loin d’être démodées, elles interpellent par leur modernité dans la description des caractères humains, des sentimens et des relations sociales. Petite sélection de Stéphanie Gaou, libraire des insolites...

La Femme et le Pantin Pierre Louÿs, Livre de poche Publié en 1898, adapté au cinéma en 1977 par Luis Bunuel sous le titre Cet obscur objet du désir, ce récit qui se veut également un Roman Espagnol connut un vrai succès dès sa parution. Constamment réédité, il semblerait pourtant que sa fougue amoureuse n’éveille plus grands émois de nos jours. Bien dommage… Pierre Louÿs, pourtant toujours connu pour ses salves érotiques, voire pornographiques en poésie, a tracé avec ce texte une trajectoire parfaite pour les héroïnes de haute volée, figures dignes des femmes fatales du cinéma contemporain. Concha, jeune Andalouse à la beauté sulfureuse tourne la tête des hommes, notamment celle d’André Stévenol et surtout de Don Mateo qu’elle a pris pour son esclave sexuel pendant de nombreux mois. Une douloureuse aventure qui a laissé ce dernier sur le carreau et lui a donné l’envie de prévenir son ami de ne rien engager avec cette furie sensuelle. Une véritable écriture passionnée, puissante et souveraine qui tient en haleine le lecteur du début à la fin. À redécouvrir. Et plus que vite. Prix indicatif Maroc : 70 DH

Retrouvez ces ouvrages ainsi que toute l’actualité de la Librairie les insolites sur Facebook

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Les Révoltés Sandor Marai, Livre de poche Né en 1900 en Hongrie, Sandor Marai, redécouvert récemment pour ses écrits qui le placent d’emblée aux côtés des grands auteurs européens du XXe siècle tels Stefan Zweig auquel il est souvent comparé ou Jean Cocteau, il a produit une œuvre dense et très instructive sur les bouleversements qu’a connus la MittelEuropa. Publié en 1930, ce court roman au titre déjà très révolutionnaire raconte comment une bande d’adolescents, livrés à eux-mêmes pendant que leurs pères sont au front à livrer une guerre sans merci, découvre la liberté en réinventant jeux et stratégies pour tenter de s’émanciper du monde adulte qui les attend et s’échapper des contraintes de leur famille. Théâtres, soirées, mondanités, jeux de cartes, amours. Un récit d’apprentissage écrit dans les règles de l’art, roman du microcosme hongrois qui mêle avec brio et une véritable emphase littéraire les destins croisés des amis Tibor, Abel, Ernö et Béla. Une dissection impeccable des dangers et prises de risque par des assoiffés de liberté. Un auteur à découvrir de toute urgence qui a su garder une modernité rare ; un des chouchous de la librairie les insolites. Prix indicatif Maroc : 80 DH


L’Œuvre émile zola, gF Flammarion Qui n’a pas souffert en secondaire à la lecture des ouvrages alambiqués de Zola, écrivain et journaliste français né et mort à Paris ?

Une vieille maitresse barbey d’Aurevilly, Livre de poche Jules Barbey d’Aurevilly, écrivain français du XIXe siècle surnommé le « Connétable des Lettres », fut aussi bien romancier que nouvelliste, poète, critique littéraire, polémiste et dandy.

Sur le plan littéraire, il est connu pour son pharaonique projet romanesque Les Rougon-Macquart, fresque en vingt volumes qui dépeint avec justesse la société française sous le Second Empire et qui met en scène les membres de cette fameuse famille à travers différentes générations et couches sociales. Parmi les textes les moins connus, L’œuvre publié en 1886, quatorzième de la série, entraîne le lecteur dans le monde de l’art à travers le portrait d’un artiste peintre maudit, Claude Lantier, très fortement inspiré de l’ami de l’écrivain Paul Cézanne, figure controversée de la peinture à l’époque. En plus de montrer avec sagacité l’artiste face à l’incompréhension de ses pairs et l’absence de reconnaissance du public, ce roman est un véritable plaidoyer d’amour et d’amitié et se veut d’une grande modernité. Zola, en dépeignant cet homme qui perd peu à peu l’estime même de ses proches, en fait le parangon de la création anticonformiste et traite ce sujet avec une incroyable humanité

Ses choix idéologiques et religieux - très empreints de catholicisme - nourrissent une œuvre marquée par la foi et le péché. Dans Une Vieille Maîtresse, adapté brillamment au cinéma par Catherine Breillat en 2007, c’est toute la symbolique torturée de la passion charnelle qui est démantelée par cet auteur de génie. Une passion physique érotique, certes, mais aussi spirituelle, totalement dévorante, entre Ryno de Marigny, impudent séducteur, et la Vellini, espagnole sur le tard au sang chaud, qui l’aimera jusqu’à la perdition et sabotera le mariage de ce dernier avec la prude et romanesque Hermangarde. Si le roman a quelque peu pris des rides à cause de l’écriture ampoulée de Barbey d’Aurevilly, il est animé d’un souffle sans pareil pour décrire les errances de la chair et les élans du cœur et se lit d’une seule traite. On reste époustouflé par la force de l’héroïne la Vellini, folle d’amour pour son dandy, prête à tout pour l’aimer jusqu’au bout. Superbe.

Prix indicatif Maroc : 90 DH

Prix indicatif Maroc : 100 DH

Maupassant, et le realisme fut... Seigneur de la nouvelle, Guy de Maupassant qui débute sa carrière littéraire par des récits anodins sur la campagne normande d’où il est issu, s’est orienté rapidement vers le pessimisme et la folie. Né en 1850, ses textes imprégnés d’une forte dose de réalisme laissent la part vive à l’expressivité la plus tenace. Plus de 300 nouvelles à l’actif de cet auteur connu pour son pertinent roman Bel-Ami, qui lui donnent toute la mesure de ses obsessions et fantasmes. à lire impérativement : Le Horla, conte sur la peur.

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li vres

Culture I

Sélection

La bibliothèque d’URbain

Amateurs d’émotions, suivez notre sélection d’avril. Ce mois-ci, deux auteurs à l’écriture dense et subtile, deux récits poignants, douloureux et dérangeants, qui bo uscu lent, révoltent, heurtent... Deux moments de lecture intenses. Par Sylvie Laporte

Certaines n’avaient jamais vu la mer Ombres japonaises

"Sur le bateau, nous étions presque toutes vierges… Certaines n'avaient que quatorze ans, certaines venaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, certaines venaient de la ville, certaines étaient filles de pêcheur..." Entre 1918 et 1921, des bateaux quittent le Japon avec des dizaines de jeunes filles mariées par procuration à des travailleurs japonais exilés en Californie. Toutes ont sur elles la photo de leurs maris, beaux, jeunes, fortunés. Elles quittent tout pour leur rêve américain. Après une éprouvante traversée du Pacifique, elles découvrent celui pour lequel elles ont tout laissé, un homme souvent vieux, rustre, misérable. Trahies et déçues, les voix de ces femmes s'élèvent pour

raconter leurs vies d’exilées, les nuits de noces quelquefois brutales, les travaux des champs exténuants, la vie de servante, les naissances successives, les humiliations des Blancs, les difficultés pour parler anglais, les enfants qui occultent les traditions pour mieux s’intégrer. La seconde guerre mondiale éclate et tout Japonais est considéré comme traître par l’État américain. Suivent les arrestations et les détentions dans des camps et puis... l’oubli. L’Américaine Julie Otsuka a reçu le Prix Femina en 2012 pour ce texte, véritable coup de coeur, qui nous parle de l'identité, de l'exil et de la dure condition féminine sous toutes les latitudes. Julie Otsuka, Éditions Phoebus

Anima

L’âme animale

Wahhch Debch découvre le corps de sa femme, Léonie, sauvagement assassinée. Obsédé par l’idée de voir celui qui a fait “ça”, il se lance dans une chasse à l’homme à travers le continent américain. Cette traque fait ressurgir des souvenirs d’enfance tragiques, ceux d’une époque où il n’avait pas de mots. Ce sont les animaux témoins de cette odyssée qui racontent : chats, chiens, oiseaux, insectes. Ils détiennent le langage tandis que les humains s’adonnent à la violence et la bestialité. Le lecteur

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traverse les frontières géographiques, celles des civilisations, des religions et des exils : de la guerre de Sécession au massacre de Sabra et Chatila, des réserves indiennes au Liban. Et c’est finalement à Animas, petite ville du Nouveau-Mexique, que Wahhch lèvera le voile du mystère de ses origines. Dans ce deuxième roman, Wajdi Mouawad a des phrases magnifiques. Il écrit là un texte fort, dur, cruel parfois, à lire absolument.

Wajdi Mouawad, Éditions Actes Sud


Le Salon Bleu Restaurant - Salon de thé

Horaires d’hiver 11 h - 19 h Et après 19 h, apéritifs et repas au Dar Nour (06 62 11 27 24)

Les Terrasses du Dar Nour © Juliette Parisot

Grande Place de la Kasbah Tanger - 05 39 37 16 18


o n en parle

Société I

Les brèves d’URbain

oN A vU PoUr voUS. oN A AIMé. oU DéTESTé, CE SoNT LES brèvES D’UrbAIN ET NoS PETITS bILLETS D’hUMEUr. à TANgEr, oN A ToUJoUrS DES ChoSES à rACoNTEr : ALorS ICI, çA CroUSTILLE, çA S’éMEUT ET çA râLE AUSSI UN PEU...

Ça gratte un chouïa...

En mars, c’est la fête à la grenouille ! à Tanger, en mars, seules les grenouilles se sont marrées ! Car bien que la ville soit un lieu notoirement pluvieux à cause de son climat océanique marqué, les pluies qui se sont abattues ces dernières semaines ont sacrément fait souffrir les habitants. Quand il pleut, à Tanger, on assiste en effet à un bien drôle de spectacle : caniveaux qui refluent, véhicules qui (sur)nagent, murs qui s’écroulent d’un bloc sur les maisons, oueds qui débordent... et Tangérois qui trinquent ! Peut-être serait-il bon d’envisager une politique de prévention des risques plus adaptée dans la conception des © N.S. / Urbain espaces publics et des routes, mais également de durcir les règles de contrôle des constructions afin de décourager maçons et promoteurs “bidouilleurs” ?

© N.S. / Urbain

glissements de terrain emportant les murs, oueds boueux et rues transformées en piscines... bienvenue à “Tanger by rain” !

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© N.S. / Urbain

Un Tangérois à la fête ?

Le Pr. Abdelhadi Tazi, membre de l'Académie du Royaume du Maroc, a lancé un appel pour faire du 24 février de chaque année une journée pour la commémoration de l'anniversaire du célèbre voyageur et explorateur marocain Ibn Batouta, né en ce même jour de l'an 1304 à Tanger. Bonne idée. Réfléchissonsy encore un peu, cela ne fait jamais que sept siècles que le fameux Ta n g é r o i s attend cela...

Envoyez-nous vos photos insolites ou réagissez à nos brèves sur notre page Facebook : facebook.com/ UrbainMagazine ou par mail sur : contact @urbainmagazine.com

© DR


Une pétition...

Vu a Tanger L’artiste-peintre casablancais, Assad Hassani, de passage à Tanger et séjournant à l’hôtel El Minzah, plongé dans la lecture d’URbain lors d’un dîner au restaurant.

© N.S. /URbain

Yto Barrada et “l’artiste-citoyen” © DR

Sur avaaz.org, le plus grand site de pétitions citoyennes en ligne au monde avec plus de 20 millions de membres, un Tangérois a mis en ligne une pétition pour demander à SM le roi Mohammed vI d’intervenir pour faire cesser la politique d’urbanisation anarchique de Tanger. vous pouvez la lire et la signer sur le site. Tanger : Sauvons nos monuments historiques, nos forêts et notre littoral !

Cherchez l’intrus

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© M. Noussairi

Grand retour au mois de mars de Yto Barrada, artiste et fondatrice de la Cinémathèque de Tanger. Et principalement pour ouvrir le colloque “Puisqu'on vous dit que c’est possible”* qui s’est déroulé les 23, 24 et 25 mars au “Rif”. Les intervenants, logés au Dar Nour, maison d’hôtes et de création, devaient brillamment relever le défi d’un symposium dont le thème - ô combien actuel était celui de “l’artiste-citoyen”. La réflexion était nourrie d’interventions marocaines mais aussi des utopies sociales françaises, notamment à l'occasion du 40e anniversaire de “L'Affaire Lip”, lutte historique qui a donnée lieu à un film de Chris Marker auquel a été emprunté le titre du symposium. Cette lutte et sa traduction médiatique étaient mises en regard à la Cinémathèque de Tanger avec les images des révolutions arabes et des actions des Indignés ou de Occupy wall street. Tout ce programme avec en toile de fond la ville de Tanger sur laquelle le nouveau cinéma marocain veut porter un regard, “loin des clichés et nourri des réalités sociales”, comme ce fut le cas dernièrement pour le film La planche. Que Tanger devienne un lieu de réflexion, de confrontations des expériences et d’études intellectuelles ne peut que réjouir dans le contexte africain actuel. * organisé par l’Institut Supérieur des BeauxArts de Besançon (ISBA) en partenariat avec la Cinémathèque de Tanger, l’École Nationale Supérieure des Arts visuels de la Cambe (Bruxelles) et l'Institut National des Beaux-Arts de Tétouan.

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Réponse : Regardez bien... Facile ! L’intrus, c’est l’ambulance (à droite entre les camions), qui tente de se frayer un chemin dans cette rue manifestement réservée au stationnement. On n’a pas idée !


tang er vu e par...

Société I

Ali Bey Al Abassi

ruine. Elles ont des tours rondes et des tours carrées ; du côté de terre elles sont entourées d’un grand fossé EXTRAIT DE VOYAGE AU MAROC EN 1803, également en ruine, qui est planté d’arDE ALI BEY AL ABASSI (ÉDITIONS CODA) bres et bordé de jardins potagés.

L

a ville de Tanger, du côté de la mer, présente un aspect assez régulier. Sa situation en amphithéâtre ; les maisons blanchies ; celles des consuls, d’une fabrique régulière ; les murs qui entourent la ville ; l’Alcassaba ou château, bâti sur une hauteur, et la baie, qui est assez grande et entourée de collines, forment un ensemble assez beau : mais du moment qu’on met le pied dans l’intérieur de la ville, le prestige cesse, et on se trouve entouré de tout ce qui caractérise la plus rebutante misère.

Sur la droite de la porte de la mer sont deux batteries ; l’une basse, de quinze pièces de canons, et l’autre, plus élevée, de onze. La batterie haute bat la mer en face ; elle a un petit flanc avec deux pièces qui défendent l’embarcadère et la porte de la mer ; la batterie basse bat également en front la rive de la mer. Il y a encore douze pièces placées dans une situation très élevée sur la muraille. Les canons sont de différents calibres, et des fabriques d’Europe ; mais les affûts sont du pays, et si mal-adroitement construits, que ceux des calibres 24 à 12 ne pourroient pas soutenir le feu

“Je pense qu’on pourroit y construire un bon port à peu de frais ” Excepté la rue principale, qui est un peu large, et qui de la porte de la mer traverse irrégulièrement la ville du levant au couchant, toutes les autres rues sont tellement étroites et tortueuses qu’à peine trois personnes peuvent y passer de front. Les maisons sont si basses, qu’avec la main on peut atteindre le toit de la plupart. Ces toits sont tous plats, et couverts de plâtre. Il est peu de maisons qui aient un haut étage. Les maisons des consuls ont de bonnes croisées ; mais à celles des habitants on ne voit que quelques petites fenêtres qui ont à peine un pied carré, ou des créneaux d’un pouce ou deux de large, et d’un pied de hauteur. Dans quelques endroits, la rue principale est mal pavée ; le reste est abandonné à la simple nature avec d’énormes rochers, qu’on n’a même pas pris la peine d’aplanir.

pendant un quart d’heure. Deux troncs informes avec trois ou quatre traverses, un faible essieu, et deux roues formées de grosses planches presque sans ferrures, composent la machine ; le tout est peint en noir, et je le crois de bois de chêne. Sur la partie orientale de la baie sont trois autres batteries. Les plus grands bâtiments que j’ai vus entrer dans le port, sont de 250 tonneaux : mais, quoique la baie soit un peu découverte aux vents de l’est, sa situation est belle ; et je pense qu’on pourroit y construire un bon port à peu de frais.

La place de Tanger, du côté de terre n’a d’autre défense que le mur et le fossé ruinés, mais sans batteries. Du côté du nord, l’enceinte de la ville se réunit au mur du vieux château ou Alcassaba, situé sur une hauteur et Les murailles qui entourent la ville, dans lequel se trouvent un faubourg et se trouvent dans un état absolu de une mosquée.

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© DR

Un homme aux sombres desseins Ali bey Al Abbassi, de son vrai nom Domingo badia y Leblich, est un érudit autodidacte né en 1767 à Madrid où il a appris l’arabe. Au début du xIxe siècle il explore, pour son propre compte ou celui de l’Espagne - les sources divergent sur ce point - le nord de l’Afrique. Il est le premier Européen à rapporter une description détaillée du Maroc de cette époque. Débarquant à Tanger en juin 1803, déguisé en Arabe et se prétendant musulman, il consigne avec minutie ce qu’il voit. Ces informations tendent visiblement à préparer l’occupation espagnole de Tanger. Chassé par le sultan qui le considère à juste titre comme un espion, il doit rentrer en Espagne en 1805 où il est nommé préfet de Ségovie. Ses observations, qui nous font découvrir un drôle de village à la pointe du Maroc, vous sont ici livrées dans leur traduction de l’époque, sans modification d’orthographe ni de ponctuation.


Terrassement Assainissement Voirie

Iskane du détroit Résidence Aswane B - Angle Rue de Fès & Rue Melilia 1er étage, n°18 - 90000 Tanger Tél. : 05 39 32 12 64 - Fax : 05 39 34 03 39 - email : iskanedudetroit@hotmail.fr


Mon mobile et Moi

q uand je veux, où j e veu x

Société I

Certains trouvent que j’exagère. Que je devrais reprendre ma liberté. Il faut être honnête, ça me tente, mais voici mes 10 (mauvaises) excuses pour ne pas arrêter d’utiliser mon portable n’importe où, tout le temps... tout de suite !

1. Non, je ne suis pas son esclave

© dukibu - Fotolia.com

2. On peut toujours me localiser

C’est le plus important. D’ailleurs, la première chose qu’on nous demande toujours au téléphone, c’est “Où tu es ?”. Alors j’emmène mon téléphone partout avec moi. Je dis bien “partout”...

3. Ça m’occupe dans les dîners en ville

Je mange froid, les yeux rivés sur mes textos, les doigts happés par mon Twitter, l’attention scotchée par le nom des correspondants à qui je ne réponds même pas : je suis polie tout de même, je ne suis pas seule à table. Mes trois amis sont là, enfin, je crois ? Oui enfin, tous occupés à répondre à mes posts sur Facebook.

4. Ça fait GPS

Je sais très bien où se trouve la touche “silence” pour préserver mon intimité. Il me suffit ensuite de poser l’objet bien en vue, les appels s’affichent sans me déranger. D’ailleurs, je n’ai rien eu depuis 3 min et 46 sec. Bizarre. Dis, tu pourrais m’appeller, que je vérifie si j’ai bien la ligne ? 98500, le Samsung SXXIII, la tablette mixte Ipad extramini... je suis dans coup, et endettée jusqu’au cou !

7. J’enrichis ma culture générale

En apprenant une nouvelle orthographe - ou une langue étrangère, selon certains. “Slt Koi 2 9 ? Dsl pr 2m1, G aPro avc 1 mec Knon, Tro b1, :) ! Te tél asap ! A12c4, luv”. Épatant, non ?

8. Je ne peux pas conduire sans

Comment voulez-vous vous concentrer pour être un automobiliste prudent avec tous ces klaxons qui résonnent autour de vous ? Le mobile vissé à l’oreille, j’ai une moitié de cerveau qui reste au calme.

9. Je partage les coups durs de la vie

Faut avouer, le GPS à Tanger, c’est pas très au point. Grâce à mon portable, je me fais guider par mes amis dans la jungle automobile tangéroise : “Là, je me rends à la boutique de fringues d’Ali, là, je vais chez Nike, là, je suis en route pour l’institut...”

Je raconte en temps réel la conjonctivite de mon chien, l’ongle que je me suis cassé en dévissant le pot de Nutella ou le fait que je m’ennuie “graaaaaave”. Tout le monde “like”, ça fait vraiment chaud au cœur...

5. Je suis une femme libérée

10. Je sais poser des limites

La preuve : je suis polymobile ! J’ai celui pour les amis, celui pour le travail, celui pour la famille, et aussi celui de secours au cas où les autres tombent en panne.

6. Je suis dans le coup

Pas question d’arborer l’Iphone 12 quand le 12bis est sorti. J’aurais eu une de ces hontes ! Et aussi le BB

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Le jour où la greffe d’oreillette existera enfin, je ne ferai pas partie des gogos qui se feront avoir : “trop pas pratique” de rester branchée sur le secteur pendant deux heures !

, Et le mois prochain ses ) excu mes 10 (mauvaises conduire de r pour NE PAS arrête se”... oi ér “à la tang



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week-end

Découverte I

Oualidia

Plage coquillages et crustaces

Citadins stressés, cette destination bien connue des gourmands est faite pour vous ! Un bon bol d’air frais, quelques embruns bien iodés et une cure de calme à volonté, voici le relaxant programme qui vous attend en avril à Oualidia...

Et redécouvrir le plaisir de ne rien faire...

À moins de 100 km au nord d’Essaouira, Apologie de la gourmandise ce village de pêcheurs est devenu une Repos, grand air et festin d'araignées (les meilleures du station balnéaire très prisée qui n’a Royaume), de homards et de langoustes. Ici, les gourpourtant rien perdu de son charme et mets amateurs d’iode seront comblés. Huîtres, palourdes aussi rougets, daurades, sars, turbots et bars que de son authenticité, avec son lagon en mais ramènent quelques dizaines de pêcheurs locaux et que arc de cercle niché dans la baie et ses l’on peut déguster, aux beaux jours, grillés sur la plage vaporettos pittoresques... dans les restaurants de plein air pour quelques dirhams.

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Charme suranné

Éloge de la lenteur La plage, bien sûr, magnifique et qui s’étire sur 12 km. Les longues balades à pied sur la côte rocheuse, côté océan, ou bien en vaporetto, “petits taxis” marins qui vous déposent où bon vous semble le long de la lagune pour un pique-nique, une sieste ou une rêverie sur le sable… Le plaisir d’observer les troupeaux, à marée basse, franchir à la nage la lagune, brouter la prairie d’algues vertes qui se découvre alors, puis repartir à la hâte, chassés par les vagues de la marée montante.

Au printemps, les touristes sont encore rares. C’est le petit Deauville des Casaouis qui viennent ici souffler et renouer avec la nature. Dans Poussières d’empires, l’auteur Nelcya Delanoë se souvient avec nostalgie de l’époque où le souverain venait ici avec ses deux filles : "On se serait cru à Deauville. Ce devait être dans les années 1940 ou 1950. Le roi Mohammed V descendait sur la plage, parmi nous. Il était en maillot et ses filles en deuxpièces, les cheveux lâchés dans le dos. Tous les trois plongeaient, nageaient... L’ a m b i a n c e était familiale et gaie. Et l’endroit était si beau !" On peut encore voir son ancien palais, désormais en mauvais état. Les rumeurs sur sa restauration vont et viennent. Tout comme les inquiétudes : système d’égoût à la peine, manque de poubelles et de sanitaires, pillage du sable des plages par les promoteurs locaux... Et, à la haute saison, quads dans les dunes et jets skis au milieu des baigneurs... Profitez de Oualidia au doux mois d’avril, vous dis-je. C.C.

© D.R.

PETITES ADRESSES Se loger...

... En mode “luxe” : À l’hôtel La Sultana. Cher, très cher. Un cadre et un spa magnifique. Compter au moins 3 500 dh pour une chambre et bien plus en classe supérieure. La volupté a un prix... ... En famille : À l’hôtel l’Hippo-

campe. Confort certes un peu rustique mais l’endroit est chaleureux et idéal pour un week-end en famille au beau milieu d’un jardin © D.R. luxuriant. À partir de 1 200 dh.

... Entre amis : Elmanzar, une villa superbe avec accès direct à la plage. Super économique pour loger jusqu’à 10 personnes : à partir de 1 600 dh la nuit, personnel inclu !

... En mode “éco” : Le Dar Beldi, situé à 5 mn de la plage. Chambres au confort correct, accueil souriant comme à la maison et prix doux pour le coin : à partir de 500 dh.

Bons plans Vaporetto : Karim et son bateau Langoustine vous font traverser la lagune sur simple appel téléphonique au 06 66 07 00 86.

Surfland : Pro et super pour les enfants. Souk traditionnel : Le samedi à la médina.

À nous les petites huîtres ! Mettons fin une fois pour toute à la querelle de clochers qui oppose amateurs d’huîtres de Dakla et de Oualidia. Ici, on déguste bien sûr les huîtres locales, une variété d’origine japonaise (grassostrea gigas) réputée dans le Maroc entier. Et on en profite car la fin de la meilleure saison approche à grands pas... Pour les savourer, vous n’aurez que l’embarras du choix. Les valeurs sûres : l’Ostrea, dont la réputation n’est plus à faire, ou l’Araignée Gourmande.

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© D.R.


Š Juliette Parisot


Découverte I patri moi ne

La Villa Harris,

l’autre paradis perdu... on prend les mêmes et on recommence ! à l’écriture de ce papier sur la villa harris, grande est la tentation de reprendre presque mot à mot celui que nous avions écrit concernant la demeure et le parc de Perdicaris. Même splendeur architecturale, mêmes espaces plantés d’essences rares, même état de délabrement pitoyable en 2013.... © DR

Car au fond, qu’est-ce qui fait la splendeur, le fantasme et le mythe de Tanger, si ce n’est les lieux magiques d’où émanent les souvenirs d’une époque, certes révolue, mais toujours incroyablement présente dans l’esprit du monde entier ? Qu’en restera-t-il le jour où l’âge moyen du “patrimoine” architectural ne dépassera pas trente ans ? Certes, on peut comprendre qu’une ville en plein essor économique telle que Tanger ait d’autres priorités financières que la préservation de vieux immeubles et de monuments délabrés. Pourtant, le passé et la mémoire font partie de l’identité d’un lieu comme de celui d’un être. Tourner la page, ce n’est en aucun cas oublier ce qui a fait de Tanger ce qu’elle est aujourd’hui, pas plus que de se construire en niant son héritage historique ou son potentiel environnemental. Fasse que Tanger, dans sa course effrénée en avant, se souvienne enfin de ce principe essentiel pour sa construction future...

© DR

En haut : La villa harris dans les années 1920. Ci-dessus : La villa dans les années 1980, au temps du Club Méditerranée. La fontaine centrale a cédé la place à un bosquet de plantes exotiques. Page de gauche : le site en 2012, immortalisé par la photographe Juliette Parisot.

PAR CHRISTINE CATTANT

Ci-contre : La piscine du Club Med dans le parc. À droite : Le plongeoir au-dessus d’un bassin à l’abandon dans lequel seuls éléments et feuilles mortes viennent encore batifoler...

© DR © Juliette Parisot

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La Villa Harris, l’autre paradis perdu...

patri moi ne

Découverte I

de style hispano-mauresque ornée de riches décorations faisant appel à tout le savoir-faire artisanal local. Devenu après son décès la propriété d’un entrepreneur espagnol, le site est bien plus tard, dans les années 70, transformé en club de vacances (Club Méditerranée).

Un “classement sans suite” À cette époque, le parc donne directement sur la plage. L’endroit est absolument magnifique mais le voyagiste français préfère abandonner les lieux dans un Tanger en crise et en disgrâce au cours des années 80. Puis la ville renaît. La splendeur architecturale de la demeure, la rareté et la beauté de l’espace forestier, la richesse de ce patrimoine incitent les autorités à inscrire le site en tant qu’espace “d’intérêt historique et naturel” sur la liste du patrimoine culturel national le 13 septembre 2007. Une mesure qui visait, du moins en théorie, à en assurer la conservation... Pourtant, il n’en est pas moins laissé à l’abandon, sans aucun gardiennage, et devient un endroit sale, dangereux et la cible d’actes permanents de vandalisme.

Un sacrifice sur l’autel du profit ?

© Juliette Parisot

Une splendeur née par amour Le domaine, d’une superficie de 9 ha, a été créé à la fin du XIXe siècle, à l’époque internationale, par le journaliste londonien du journal The Times Walter Burton Harris. Amoureux des lieux, il les plante d’essences rares d’arbres et de plantes et y construit une demeure

Malgré les protestations des associations de défense de l’environnement et du patrimoine, les pouvoirs publics de la ville initient soudain, dans les années 2000, une demande incroyable visant à déclasser le site et à le priver de son statut de patrimoine national. La commission interministérielle compétente refuse, dans un premier temps, la demande de déclassement. Mais depuis 2011, des négociations seraient à nouveau engagées avec le Ministère de la Culture pour le convaincre de la nécessité de réduire la zone de classement et de sacrifier un milieu environnemental de valeur écologique certaine en faveur d’un « Grand projet touristique » dans la zone de Malabata. La lutte du pot de terre contre le pot de fer, en somme...

Juliette Parisot est une jeune photographe parisienne qui a très

souvent mis Tanger “en boîte”. Son regard s’accroche en particulier sur la lumière...

Son travail sur le thème de la Villa Harris dont sont extraites les photographies de ces pages est visible sur son site : julietteparisot.com Juliette expose L'heure Bleue, du 4 avril au 2 mai 2013 dans le salon de lecture/bibliothèque TRANSACMER, 19, rue du Bac à Paris 7e.

Autoportrait, par Juliette Parisot

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BOUTIQUE MAJID ANTIQUES

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VOLUBILIS

40 ans au Petit Socco Galerie d’Art - Décoration - Habillement 15, Petit Socco - Tanger - Tél. : 05 39 93 13 62 - Fax : 05 39 33 38 75 - www.volubilisartgallery.com 61


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Pratique I

Les Bons Plans

d’un Tangérois

En panne d’inspiration pour une sortie, un déjeuner, une balade ou une virée shopping ? Pour vous donner des idées, URbain vous présente chaque mois les bons plans d’un ou d’une Tangéroise. Aujourd’hui, c’est Rachid Toumi, tangérois depuis trois ans, qui s’y colle et nous livre ses bonnes adresses. Merci à lui !

é mignon Mon pêch éroise t ure t a ng a n la s n es qui a s paysag Le V.T.T. d harme de ne et

s le c ontag mbé sou ntre la m nomJe suis to nger, partagés e avers les a tr T à t n r ri re v u u on VTT. ento déco es avec m nt l’un ue j’ai pu té q n r, e e rp m a la e j’ai i reste pistes qu ge de Dar Chaou ’il y règne breuses a qu rr a e b c n u urs d r le sile re. Les alento its préférés pou o fl la t e ndro la faune e d e de mes e s s e et la rich

Pour un bon couscous : La Romania

Ici, j’ai pu manger un bon coucous (presque aussi bon que celui de maman mais chut, il ne faut surtout pas le dire !). Rue Beethoven

Ma terrasse préférée : Chez Abdou

Un établissement sans chichi qui m’a vraiment permis de me réconcilier avec le poisson. Forêt diplomatique

Mon resto : La Fabrique

Mes papilles se souviendront longtemps de son parmentier de canard aux pommes... Rue d’Angleterre - 05 39 37 40 57

Pour les massages : Biguine Spa

Super pour la détente ! Je fais des hamam, puis je choisis : massages asiatiques ou à la pierre chaude après mon footing du dimanche. Quartier Vieille Montagne - 05 39 33 46 64

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Mon coiffeur : Capello

J’ai pris mes petites habitudes chez Capello. Il y a de très bon coiffeurs et un barbier. Place Nejma

Mon loisir tangérois : Le kite surf

J ai pu apprendre à le pratiquer ici, sur la lagune, route d'asilah.

M a S h op p in g l is t Flâner et chiner, dénicher les bonnes et belles affaires... J’aime la médina et ses trésor cachés : une veste en cuir sur mesure, c’est simple, il suffit de se rendre chez Los Angles. Un exemple ? 1 200 DH une veste qui n a rien a envier à celles des plus grands couturiers ! Il faut également aller à la boutique des Mérénides pour les meubles et les articles produits de l’artisanat marocain. Les deux boutiques sont situées dans l'ancienne médina, rue Sebou.



shop ping

Pratique I

À découvrir

Le citron beldi Déniché pour vous...

Un parfum de bergamote ? Très juteux, moins acide que son cousin « roumi » et doté d’un zeste beaucoup plus parfumé, il est reconnaissable à sa forme plus ronde, à son aspect ventru, à sa peau parfois grumeleuse et boursouflée, à sa couleur jaune d’or plus soutenue et à son mamelon unique et proéminent à l’aspect par)culier.

On l’u)lise vert ou mur, quand il devient jaune d’or, presque orangé, pour des sorbets et des confitures merveilleuses, des jus délicats auxquels il n’est nul besoin d’ajouter beaucoup de sucre.

On peut en trouver durant au moins tout l’hiver et parfois un peu au-delà (dépêchez-vous) sur les marchés environnants de toute la province. Son arôme fruité fait penser qu’il s’agit peut-être d’une muta)on, voire d’un croisement avec un bergamo)er ?

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Le citronnier beldi est implanté de longue date dans la région. Les agriculteurs en possèdent souvent quelques spécimens dans leur jardin et les femmes de la campagne vendent leurs fruits dès la fin de l’automne lorsqu’ils sont encore verts, en pe)t tas de quatre. Puis, lorsque la saison s’avance, ils sont vendus au kg et prennent une belle couleur orangée. Ce citron beldi a disparu des grands circuits d’approvisionnement, on ne le trouve plus que sur les marchés de campagne. Goûtez-le avant qu’il ne soit trop tard, car ce merveilleux citron est en train de disparaître. C’est de ce*e façon que nous inciterons les paysans à le replanter et que nous aiderons au main)en de l’agriculture locale et de la diversité des produits de terroir qui font la richesse du patrimoine alimentaire marocain.

Par geneviève Teil, chercheur à l’Institut National de recherche Agronomique (INrA) en France, où elle s’intéresse aux produits de qualité et de terroir. Elle travaille en collaboration avec le Centre régional de recherche Agronomique de l’INrA du Maroc. La préservation du patrimoine alimentaire marocain est devenue une des préoccupations centrales de l’INrA du Maroc et en particulier de son antenne régionale, le CrrA de Tanger.

Ils ont tout compris ! Si au Maroc on le le boude, d’autres en revanche ont bien compris la valeur de ce produit exceptionnel. C’est le cas du groupe français Pronatura qui, depuis son antenne de Marrakech, importe des agrumes “bio” dont ce fameux citron beldi. Que l’on retrouve donc sous le nom de “citron bergamote” dans les réseaux d’épiceries bio facturé à 2,50 € le kg (contre 8 dh environ sur les marchés locaux). mais on le trouve aussi dans les épiceries chicissimes, type “grande épicerie de Paris”, étiqueté “bergamote” et vendu... 19,90 € le kilo ! ben voyons...


Si elle n’est pas typique du Nord, la bissara est l’un des plats emblématiques du Maroc. C’est la “soupe du pauvre”, un vrai délice qui réchauffe en hiver mais on la sert aussi, dans sa version plus épaisse, en condiment sur un bon morceau de pain frais en toutes saisons.

recette

La Bissara

Pratique I

© Girlcooks World

Ingrédients ( pour 2/3 pers.) G

250 g de pois cassés G 4 gousses d’ail G 2 c. à c. de cumin moulu G 2 c. à c. de paprika moulu G 1 c. à c. de sel G 2 c. à s. d'huile d'olive G 1 l d’eau (1,5 l ou plus pour une soupe)

Préparation - Rincez les pois cassés et égouttez. - Pelez, dégermez et écrasez l’ail. - Dans une cocotte, joignez les pois, l’ail, la moitié du paprika et du cumin, le sel et l’huile d’olive. Mouillez avec l’eau, couvrez et laissez cuire environ 45 min. - Mixez et décorez avec le reste d’épices. - Servez chaud ou froid avec du pain frais.

VARIANTES On peut ajouter un petit oignon émincé que l’on fera suer dans l’huile d’olive avant d’ajouter le reste des ingrédients et l’eau, ainsi qu’un peu de piment pour relever le tout. Et augmenter la proportion d’huile d’olive pour une bissara plus onctueuse. Dans certaines régions de l’Est du Maroc, on la prépare avec des fèves sèches, en ingrédient unique ou à parts égales avec les pois.

La “Bissara Street” à Tanger Pour savourer une bissara sur le pouce à Tanger, direction la rue Ziryab qui regorge de petites échoppes qui en ont fait leur spécialité.

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depart d’un tanjaoui

Pierre Thénard

Consul Général de France © Pierre Thénard

made in tanger

Clin d’oeil I

Le 7 avril, Pierre Thénard quittera ses fonctions de Consul général de France à Tanger. Celui sur lequel tous s’accordent à dire, dans la communauté française, qu’il a été un homme et un diplomate exemplaire rejoindra la France, après seulement dix-huit mois passés dans la perle du Détroit, pour occuper le poste de Directeur des relations Internationales de la prestigieuse ENA, dont il est issu. Pour Urbain, il a accepté de dresser le bilan de ces quelques mois au Maroc.

URBAIN : Qu’est-ce que le métier de Consul Général de France ? Pierre Thénard : Consulaire avec la protection des Français et les visas. Et une "mission d'influence", ce qui est ambitieux et vague. Je suis un maire non élu et un ambassadeur sans services, il est vrai doté d'une résidence, d'une voiture et d'un chauffeur. C'est un métier noble qui exige une grande abnégation, en dépit des apparences. U. : Dans quel état d'esprit avez-vous pris vos fonctions ? P. T. : Avec appétence s'agissant d'un pays phare de la région, d'une région particulière de ce pays, d'une ville popularisée par la littérature. Avec assurance du fait de mon "métier" dans la région. Avec appréhension quant à la gestion des affaires consulaires et d'une résidence, choses mystérieuses jusqu'alors pour moi. U. : À quelques jours de votre départ, avez-vous des regrets ? P. T. : Il y a tous les jours des actions inachevées. Il y a des dossiers de Français résolus dont je suis fier. Des nouveautés comme la page Facebook du consulat. Pour l'accompagnement des entreprises françaises et la coopération décentralisée, je laisse un testament que ma successeure pourra infléchir, comme je l’avais fait moi-même. Nous avons tous notre personnalité et notre part de liberté, mais nous l'exerçons avec le sens de la continuité du service public. U. : Quitter la diplomatie, pourquoi ce choix ? P. T. : (...) je ne quitte pas la diplomatie. Je rejoins la nouvelle directrice de l’ENA qui est la seconde diplomate et la seconde femme à diriger l'Ecole, et la première à ne pas en être ancienne élève ! J'en prends la direction des relations internationales, qui consiste à assurer le recrutement et la formation d'élèves venus du monde entier, et j’y succède à deux diplomates. Mais il est vrai aussi que ce choix professionnel n'est pas conventionnel et trahit l'attirance que j'ai toujours eue pour les questions de formation. Quand j'avais vingt ans, je voulais (...) être professeur à l'université.

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U. : Quelles sont les raisons qui poussent les Français à venir à Tanger ? Vos conseils pour ceux qui pourraient être tentés ? P. T. : L’opportunité économique, et la mythologie. L'opportunité est réelle, la mythologie est ce qu'elle est. Qu'il s'agisse d'acquisitions immobilières ou de création d'entreprises, je n'ai qu'un conseil à donner : vous n'êtes pas dans une France souriante et ensoleillée où tout est plus facile ; vous êtes dans un pays souverain où il y a des procédures. Faites les choses dans les règles. U. : Comment se traduit l'impact de la présence française ici ? P. T. : Par l'augmentation des effectifs. Par une floraison culturelle dont les manifestations peinent cependant à trouver les moyens de leur pérennité. Par des restructurations stratégiques du milieu local dont les effets sont encore difficiles à évaluer. Mon souhait est qu'une plus grande implication des collectivités locales et de la société civile françaises vienne élargir la palette. Les Français ont les yeux de Chimène pour le Maroc, mais ils regardent plus au Sud. U. : Que retiendrez-vous du temps passé à Tanger ? P. T. : Je regretterai tout ce que l'on y trouve encore et qui n'existe presque plus dans nos capitales européennes. Par exemple, se faire tirer un portait photographique à l'ancienne (cf ci-dessus NDLR). Et plus encore les gens que j'y ai connus, à commencer par mes collaborateurs, qui sont chacun dans leur mission des personnes remarquables. Mon amie Rachel Muyal aussi. Et aussi cet art de vivre marocain que Tanger porte à son extrémité. Un ancien Français de Casablanca m'a dit quand je lui ai annoncé mon départ : "Vous vous êtes immédiatement glissé dans cette mosaïque avec tendresse et lucidité". Le kaléidoscope est par définition un jeu toujours changeant et sans fin que l'on ne quitte qu'en s'en arrachant, mais on y revient toujours avec plaisir. Propos recueillis pas Christine Cattant


Avenue de la RĂŠsistance - Tanger - Tel: 05 39 34 36 38


urb anosc ope

Utile I

L Horoscope de

Lalla Chams

Bon anniversaire, le Bélier ! Sentiments : Le climat se détend enfin pour le Bélier, on pourrait presque l’entendre roucouler. On a bien dit “presque”. En amitié, votre compagnie est très recherchée. Profitez-en pour faire du tri... Vie sociale : De très belles rencontres au programme ce mois-ci qui vont combler votre soif de partage. C’est aussi une période idéale pour avancer vos pions au travail et marquer des points.

Capricorne

Sentiments : En amour comme en amitié, ça coince un peu. (Ré)apprenez le sens du mot “partage”. Vie sociale : être le souffre-douleur du patron, c’est pas votre truc ! Exposez vos griefs habilement, cherchez des compromis, soyez diplomate mais ferme.

Verseau

Sentiments : Un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça n’est pas de refus. Profitez des moments de tendresse qui s’offrent à vous. Vie sociale : Investissez dans des boules Quiés, changez de matelas, mettez votre téléphone sur “off” ou déménagez de la kasbah... mais trouvez le moyen de vous re-po-ser !

Poissons

Sentiments : Vous êtes mignon tout plein et votre conjoint râle sans arrêt ? Cessez de vous sentir coupable et sortez prendre l’air avec d’agréables amis. Vie sociale : Vos prises d’initiative au boulot ne plaisent pas forcément à vos collègues ? Ignorez-les et continuez.

Taureau

Sentiments : Quel bonheur ! Vous vivez sans conteste une période-clé dans votre vie amoureuse. L’heure des grandes décisions a sonné ! Vie sociale : Trop de flatteries autour de vous pour que ce soit honnête, tout ça. Gardez la tête froide et le jugement clairvoyant.

Gémeaux

Sentiments : On poursuit sur la douce lancée du mois dernier en savourant l’instant présent. Vie sociale : Votre attitude apaisée plaît, vous passeriez presque pour un grand sage. Tout le monde vient chercher conseil auprès de vous : ne vous mouillez pas trop !

Cancer

Sentiments : Vous avez enfin compris qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Vos efforts pour être aimable paient. Vie sociale : Serviable, trop serviable ? Réservez vos efforts aux bonnes causes et aux gens qui en valent la peine.

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Lion

Sentiments : Le train-train quotidien vous va bien. Vous avez besoin de calme, de douceur et surtout pas de complications. ça tombe bien ! Vie sociale : Toujours pas de vraies vacances à l’horizon, c’est ennuyeux et surtout difficile de croire que vous allez tenir comme ça longtemps...

Vierge

Sentiments : Tout le monde y va de son conseil pour vous aider, Vierge célibataire. Rappelez-vous que les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Remerciez-les et... suivez votre instinct. Vie sociale : Quelle dépense d’énergie : au travail, pour les amis, les associations, les bonnes œuvres... On se calme et on pense un peu à soi, même si ce n’est pas dans vos habitudes, chère Vierge.

Balance

Sentiments : Ouh la ! ça papillonne drôlement, chez les Balance. Votre dulciné(e) va finir par se lasser, et il ou elle aura bien raison. Un peu de discrétion, non ? Vie sociale : Vous ne faites plus vraiment illusion : ce boulot vous fait suer, tout le monde le voit. Reprenez-vous, motivez-vous et trouvez des centres d’intérêts à l’extérieur pour décompresser.

Scorpion

Sentiments : Un peu découragé, pas envie de vous fixer, qui vous y oblige ? Restez dans la légèreté, ça vous va si bien... Vie sociale : Vous êtes une vrai bête de travail depuis quelque temps. Attention de ne pas laisser les autres récolter les lauriers de vos efforts.

Sagittaire

Sentiments : Si vous choisissez mal vos amis, vous risquez d’en payer le prix. Ne vous entêtez pas avec des gens qui ne vous méritent pas. Vie sociale : Fixez mieux vos priorités en terme de dépenses, cher Sagittaire. Certaines choses n’en valent vraiment pas la peine. Et d’autres sont de réels investissements pour votre avenir...



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Carn e t d ’ Adr e ss es retrouvez ici les coordonnées des lieux cités dans nos pages.

Culture Institut Français de Tanger

Librairie les insolites

41 rue Hassan Ibn Wazzane - Tanger T : 05 39 94 10 54 - 05 39 94 25 89 - F : 05 39 94 09 37

11, rue Khalid Ibn Oualid - Tanger - T : 05 34 59 29 83

Volubilis Art Gallery Salle Beckett

6, rue Sidi Boukouja - Kasbah - Tanger -T : 05 39 33 38 75

Rue Okba Ibn Nafie - Tanger - T : 05 39 94 25 89

Institut Cervantès de Tanger Galerie Delacroix 86 rue de la Liberté - Tanger - T : 05 39 93 21 34

99, Av. Sidi Mohamed Ben Abdellah - Tanger T : 05 39 93 20 01 - 05 39 93 23 99

Galerie Lusko

Salle d’expositions de l’Institut Cervantès

4, rue de Téhéran - Quartier Wilaya - Tanger T : 06 61 34 43 96 - 05 39 94 62 59 - 05 39 32 41 19

9, rue de Belgique - Tanger (horaires : 16 h à 21 h)

Artingis Galerie PhotoLoft (sur RDV)

11, rue Khalid Ibn Oualid - Tanger - T : 05 39 33 04 25

115, av. Med Ben Abdellah - 8e ét. - Tanger - T : 06 41 45 66 40

Medina Art Gallery Galerie Conil 7, rue du Palmier - Petit Socco - Tanger - T : 06 55 64 10 14

30, rue Abou Chouaib Doukali (Bel Air) - Tanger T : 05 39 37 26 44

Cinémathèque de Tanger - Cinéma Rif

Collège espagnol Ramon y Cajal

Grand Socco - Tanger - T : 05 39 93 46 83

82, avenue Habib Bourghiba - Tanger

Dossier “Week-end” La Sultana

Hôtel Hippocampe

Parc à Huîtres n°3 - Oualidia T : 05 24 38 80 08

Route du Palais - Oualidia T : 05 23 36 64 61

Dar Beldi maison d’hôtes

L’Ostrea II

Médina - Quartier Moulay Abdessalam - Oualidia T : 05 23 36 62 88

Parc à Huîtres et Coquillages n°7 - Oualidia T : 05 23 36 64 51

Elmanzar villa

L’Araignée Gourmande

elmanzar@gmail.com - T : 06 78 69 03 12

Oualidia Plage - T : 05 23 36 64 47

Numéros utiles Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150

Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50 Port Maritime Tanger : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de tanger : 05 39 39 36 49

Pharmacies de garde : www.menara.ma Rubrique infos pratiques

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Points de distribution URBAIN

Voici la liste - non exhaustive - d’une centaine de points de distribution dans lesquels vous pouvez vous procurer votre magazine URbain à Tanger. Vous tenez un commerce et souhaitez mettre URbain à la disposition de votre clientèle ? Contactez-nous sur contact@urbainmagazine.com. Tous les numéros de votre magazine sont également consultables à toute heure en ligne sur www.issuu.com. Et n’oubliez pas notre page Facebook : facebook.com/UrbainMagazine.

Centres culturels / Galeries La Cinémathèque Le Rif English Center Galerie Artingis Galerie Dar D’Art Galerie Lusko Galerie Conil Galerie Photo Loft Institut Français du Nord Medina Art Gallery

Librairies

Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume

Hôtels / Maisons d’hôtes

Hôtel César Hôtel El Minzah Hôtel Mövenpick Hôtel Solazur Maison d’Hôtes La Maison de Tanger Maison d’Hôtes Le Balcon de Tanger Maison d’Hôtes Le Dar Nour Maison d’Hôtes Le Nord Pinus

Divers

Aéroport de Tanger Centre Régional de l’Investissement Chambre de Commerce Française Chambre de Commerce de Tanger Consulat Général de France Médi1 TV TFZ Centre d’Affaires

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Restaurants / Salons de thé Commerces Boston Café Restaurant Anna & Paolo Restaurant Art & Gourmet Restaurant El Morocco Club Restaurant El Tangerino Restaurant L’Adresse Restaurant L’Océan Restaurant La Bodega Restaurant La Casa d’Italia Restaurant La Fabrique Restaurant La Pagode Restaurant La Table du Détroit Restaurant La Terrasse Restaurant Le Relais de Paris Restaurant Le Salon Bleu Restaurant Otori Sushi Restaurant Tom Yam Salon de thé Kandinsky Salon de thé La Fuga Glacier-salon de thé La Gelateria

Beauté / Sport

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Accès Immo Ambiance Living Animalerie Animaloo Birkenstock Boutique Majid Boutique Solutions Cabinet d’assurances Raïda Calypso Voyages Cap Property Casa Pepe Chausseur Chez Pointure CityLife Dar Blue Immobilier Galerie Volubilis Ideapolis Agency Immobilier Cap Property Jagger Joupi La Fine Bouche La Tribu des Ziri Las Chicas Opticien Alain Afflelou Passementerie Bouzid Pâtisserie Framboise Pressing 5 À Sec Promodel SMEIA Villa Art Immo ... URbain est également disponible dans la salle d’attente de nombreux professionnels de la santé.




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